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  1. Tequila Moor

    Tequila Moor

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  3. konvicted

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Contenu populaire

Affichage du contenu avec la meilleure réputation depuis le 15/04/2011 dans Billets

  1. Elle est belle, elle est brillante, elle est drôle, elle sait ce qu'elle veut et surtout ce qu'elle ne veut pas, elle est d'une gentillesse inouïe, mais elle est surtout une très jolie plume du forum. Accueillons tout de suite January. Bonjour January et merci d'avoir accepté cette interview ! Bonjour Titenath, bonjour tout le monde. Tout d'abord peux-tu te présenter en quelques mots ? Warf c’est difficile et puis t’as tout dit plus haut. Quand j’étais môme j’ai eu une tortue qui s’appelait Sophie. J’ai colorié chacun des carrés de sa carapace d’une couleur différente pour pouvoir la retrouver facilement. Comment ça c’est pas ça qu’il faut raconter ? Bon d’accord. Sophie est morte si vous voulez tout savoir, elle s’est faite bouffer par le chien. Bah oui c’est triste c’est comme ça j’avais quatre ans faut bien apprendre la vie ! Ah non c’est toujours pas ça ? Bon d’accord… Le temps a passé depuis. Je suis grande maintenant (et j’ai plus de tortue). Mais quand on perd sa tortue à quatre ans, je peux vous dire qu’on devient bougrement combative, déterminée, ambitieuse. Je pense avoir réussi ma vie, et je crois pouvoir faire encore de chouettes trucs. Je suis animée par la curiosité, l’apprentissage, le partage, le challenge. Je milite contre la maltraitance infantile depuis des années (perdre sa tortue laisse des traces). Je fais difficilement confiance, et si vous vous aventurez à me trahir vous mourrez dans d’atroces souffrances (la tortue… bah oui, traumatisme majeur). Comment tu as atterri sur le forum et pour quelles raisons es-tu restée ? Par hasard, en faisant une recherche sur Google, je suis tombée sur un sujet dans FFR. Je me suis baladée, j’ai trouvé des interventions intéressantes, alors je suis restée, par curiosité. Ensuite est venu l’apprentissage, le partage, puis le challenge (comment ça je me répète ? Bah je suis cohérente voilà tout). Pourquoi January et pas February ou September ? Parce que je suis née en Janvier. Peux-tu nous dévoiler tes coups de coeur forumiens ? Je ne donnerai aucun nom parce que je risque d’oublier beaucoup de monde et que je ne veux blesser personne. Mais tu n’ignores quand même pas que j’ai un mari ici ? Un ex-mari virtuel plutôt, on a fini par divorcer mais visiblement on ne peut pas se passer l’un de l’autre. On a deux enfants, virtuels eux aussi, des espèces de sangsues dont l’aîné qui est entré à polytechnique cette année. Allez, tout le monde sait qui c’est. Et ton coup de colère ? Le seul qui ait réussi à se faire carrément blacklister (et c’est la seule fois où j’ai "ignoré" quelqu’un) c’est Chapati. Qu'est-ce qui t'agace sur le forum sans pour autant te faire partir ? Quand je suis mal virée beaucoup de choses m’agacent, mais il n’y a rien qui m’énerve au point de me faire partir pour l’instant. Depuis quelques années je te vois comme une animatrice dévouée, impliquée, affirmée, dévoreuse de livres, à la pointe de l'actualité. Entre ton travail, ta vie perso, le forum, tes associations, est-ce qu'il te reste un peu de temps pour dormir ? Je prends mes engagements (tous mes engagements) très au sérieux, c’est sujet à plaisanterie parfois dans mon entourage d’ailleurs. J’ai très peu de contraintes (je suis une princesse qui ne s’occupe pas de l’intendance de la maison). Je dors peu, je bosse à moins de dix minutes de chez moi. J’effectue énormément de tâches à partir du net (voilà pourquoi j’ai souvent un œil sur FFR ou ailleurs). Depuis très jeune (mais quand même bien après la perte de Sophie la tortue), je cherche à choisir strictement mes contraintes. Pour avoir le temps de s’instruire, pour les loisirs, pour le partage, pour s’enrichir. Ton avatar est très sage et très studieux. Est-il à l'image de ce que tu es dans la vie ? Je suis bien plus facétieuse que mes avatars. Francine Van Hove a ce talent de l’image nonchalante, paresse, langueur… Pour le côté studieux c’est plutôt vrai, je suis sans cesse à la recherche de nouvelles connaissances. Qui aimerais-tu rencontrer IRL et pour quelles raisons ? Pour rencontrer quelqu’un IRL il faut que j’ai une confiance solide en la personne et comme on l’a vu plus tôt, pas simple pour moi d’accorder ma confiance (la tortue… oh mon dieu faut qu’j’arrête d’en parler je vais pleurer !). Il y a quelques personnes que je pourrais rencontrer oui, mais pas de noms, je ne veux blesser personne (et puis on ne se connaît que depuis cinq ans bon sang ! C’est pas comme si on se connaissait depuis quinze ans, faut être patient dans la vie quoi !). Quelle image penses-tu que les autres ont de toi ? Je pense qu’on me voit bienveillante en général. Quelle question aurais-tu aimé que je te pose ? Ton premier souvenir ? Et qu'y aurais-tu répondu ? Quand j’étais môme j’ai eu une tortue qui s’appelait Sophie… Avant le mot de la fin, je te propose de te prêter à l'interview "Si j'étais Présidente". Prête ? Quelle serait la première loi que tu ferais voter ? Un soutien systématique à tous les nouveaux parents et sans aucune limitation de fréquence ou durée aux parents considérés à risques, et des visites à domicile étendues et renforcées. Le Dalaï Lama est à Paris ; si tu le reçois la Chine annule une commande de 80 Airbus : que fais-tu ? Je reçois le Dalaï Lama et je me débrouille pour que les américains qui vont récupérer la commande grâce à moi n’oublient pas ma commission au passage. On te remet une cassette vidéo qui décrédibilise un adversaire, qu’en fais-tu ? Je la visionne et je la détruis. Je devrais ensuite pouvoir le décrédibiliser sans brandir des images, sinon je suis nulle. Kim Jong-Un meurt, tu es conviée aux obsèques et tu auras le droit de visiter pendant 5 jours la Corée du Nord ; y vas-tu ? J’ai fait quelque chose de mal ? Quel journaliste serait choisi pour l’entretien du 14 juillet ? Gilles Bouleau. Merci January de t'être prêtée à cet exercice. Le mot de la fin ? Longue vie au forum.
    17 points
  2. Bonjour Marpletree et merci d'avoir accepté cette interview. Bonjour Titenath ! Et bien... merci à toi d'avoir pensé à moi, quelle surprise ! (zut, comment résister à tes yeux de chien battu de biche ) Tu es originaire du pays de Lucy, tu es une cousine Canadienne, est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots Québécois ? Crime de câline ! D'habitude on me demande de parler avec l'accent, pour l'écriture c'est une première. J'avoue humblement que ces 30 années passées en France ont quelque peu émoussé mon vocabulaire, alors je ne ferai point affront à mes chers compatriotes. Toutefois, pour ne pas "trop" m'éloigner de la Belle Province, je traîne dans l'Ouest de la France. Pour me résumer je dirais que j'ai gardé les pieds sur terre mais la tête dans les nuages (et parfois dans les étoiles !). Est-ce que tu pourrais nous refaire ta présentation mais avec l'accent cette fois-ci ? Ayoye ! T'es tu donc tannante avec ton mosus d'accent québécois ! Cela fait quelques mois que tu arpentes le forum avec ta bonne humeur ! Tu as vu de la lumière et tu es entrée ou tu cherchais quelque chose de particulier en venant ici ? Je cherchais un forum de discussion généraliste (marre de discuter bébé/bobo/psycho) afin d'assouvir ma grande curiosité et d'exprimer justement cet humour – respectueux – qui m'est très cher. ForumFr est arrivé en haut de la page Google (merci le référencement). Je suis venue, j'ai vu et me suis inscrite. La suite est connue (ou pas, je ne fréquente pas toutes les sections !). En tout cas merci pour l'accueil qui m'a été fait. Tu travailles, tu as 3 enfants, tu fais de très jolies photos pour le Temple, tu postes régulièrement sur le forum et tu as une vie privée. Ta mère est une pieuvre et en vrai tu as 8 bras ou tu es du genre "super organisée" ? Ah, je pensais taire cette tentaculaire ascendance, mais soit... Je suis plutôt (hyper)active et organisée. Toutefois l'idée est tout de même de ne pas se laisser déborder car le forum peut vite devenir chronophage (mais pourquoi j'ai accepté cette interview ! ). C'est plutôt une bulle d'évasion dans une vie bien remplie ! On te croise souvent dans le sujet "vous en avez rien à foutre, mais je vous le dis quand même", au quotidien ça t'arrive souvent de parler pour ne rien dire ? Pardon, tu disais ?! Mouarf, écrire pour ne rien dire, oui ! (je vois les rires moqueurs !). Je taquine beaucoup mes proches, certes. Mais j'ai plutôt l'oreille attentive, plus que la langue facile. Un coup de coeur forumien ? Là en l'occurrence il s'agirait du Temple et de la possibilité d'y poster des photos. Manière pour moi de vaincre quelques complexes et de m'accepter. Pas du tout dans une optique d'hameçonnage (passez votre chemin...), je le fais pour moi et les photos exposées sont toujours temporaires (mon choix). Je dois dire que les commentaires sont toujours respectueux et que l'on y croise beaucoup de diversité. Tes photos font beaucoup d'heureux et de jalouses. Mais maintenant que les hommes apprennent qu'ils peuvent passer leur chemin quant à la possibilité d'apprendre à te connaître (au sens biblique du terme), tu vas faire des malheureux. Tu me fais rougir (je précise en couple depuis 20 ans ). Et un coup de gueule ? Pas spécialement dans le sens où je viens sur le forum par plaisir. Les esprits s'échauffent parfois sur les sujets d'actualité, libre à moi d'y participer ou pas. On peut lire sur ton avatar "kiss me". Est-ce ta manière de marquer ton soutien à Philippe Poutou ? No comment ! Voilà maintenant, je ne peux plus remettre mes feuilles d'érable avant un bon moment. (Sinon personnage croqué lors d'un voyage. La p'tite demoiselle... pas Poutou ) J'avais envisagé de te faire une interview "si j'étais Présidente", mais vu que personne n'a encore posté de sujets récemment sur les élections, je ne voudrais pas faire jurisprudence. Yin ou Yang ça te tente ? Tout me tente ! ... Oui... enfin... allons-y quoi ! Mer ou montagne ? J'habite près de la mer, j'adore m'y promener. Mais coup de cœur pour la montagne. Jupe ou pantalon ? Jupe, robe, j'aime beaucoup. Je suis plus souvent en pantalon, question de praticité. Le "magasinage", ma petite faiblesse. Hémisphère sud ou hémisphère nord ? Plutôt hémisphère droit, esprit de synthèse. Chien ou chat ? Les deux. Actuellement un chat, son petit surnom : "deux de tension". Sucré ou salé ? Sucré sans conteste ! Films ou livres ? J'alterne. Les livres, c'est plutôt roman policier ou thriller. Les films, mes goûts sont plus iconoclastes et j'aime bien me faire surprendre. Zen ou stressée ? J'hésite.... une fausse zen : calme à l'extérieur, speedée à l'intérieur. Rire ou pleurs ? Rires ! Soft ou alcool ? Sam est mon deuxième nom. (NDLR : Je ne balancerai pas, mais récemment tu as fait une sortie filles, et de mémoire tu avais laissé Sam au placard ) Sport d'extérieur, sport en chambre ou sport devant la télé ? Sport en salle, mon exutoire. Quelle question aurais-tu aimé que je te pose et qu'y aurais-tu répondu ? Quels étaient mes honoraires ? Je t'aurais répondu : mais Titenath, c'était avec plaisir ! (oui fayotte la Marpletree, mais j'ai tout de même obtenu 6 mois d'abonnement gratuit à FFr Mag ! ) Le mot de la fin ? Quoi c'est déjà fini !? Puisque tu insistes (et comme j'adore avoir le dernier mot), peux-tu répondre en un mot à chaque proposition ci-dessous : Ton pêché mignon ? Une religieuse au chocolat. Ton principal défaut ? Colérique, parfois. Ta plus grande qualité (c'est le moment de te jeter des fleurs, fais toi plaisir ) ? L'empathie. Merci Marpletree, ce fut un plaisir. Merci à toi pour cet exercice ! Bizzzzzzzz.
    15 points
  3. Il passe, il repasse et parfois ça trépasse. Cette semaine pour l'interview j'ai le plaisir d'accueillir Nephalion, le modérateur qui doit compter le plus de topics à son sujet de la part de membres pas toujours très contents. Mais en attendant il fait parler de lui, c'est peut être sa méthode pour être populaire. Bonjour Nephalion et merci d'avoir accepté cette interview. Bonjour Titenath. Merci à toi pour me l'avoir proposée si spontanément. Pourrais-tu te présenter en quelques mots (ou en photos ) ? J'avais déjà trouvé la présentation sur le forum compliquée quand je m'y suis inscrit il y a quelques années déjà. En résumé, Père, Mari, Automaticien, Gourmand, Idéaliste, Rêveur, ... En fait, je crois qu'il faudrait que ce soient les autres qui me présentent et je ferai le tri. Pour les photos, il y en a dans le Temple, je dois être aussi dans le trombi des bébés forumeurs, et dans certains topics de rencontres IRL pour lesquelles des photos avaient été faites et publiées sur le forum. Naphalion, Nephtalion, Nefalion, Nepalion, et j'en oublie beaucoup... De toutes les fois où on a écorché ton pseudo, tu as un préféré ? Je crois que je préfère Nephalion. Pis d'ailleurs, Nephalion, ça sort d'où ? Dans une autre vie, sur un autre forum, j'avais choisi un pseudo pour lequel Google ne renvoyait aucune réponse. J'en étais assez content. Quand je me suis inscrit ici, j'ai choisi un pseudo qui lui ressemblait, une variation qui cette fois renvoyait à quelque chose sur Google. Le nephalion est un papillon. A cette époque là, j'avais l'impression d'être un papillon qui sortait enfin de sa chrysalide. J'ai donc choisi Nephalion. ('tain, si après ça ma réputation de modérateur sérieux en prend pas un coup ... ) Quand on te voit débarquer sur un sujet, les forumeurs serrent les fesses (sauf sur le Temple évidemment ), es-tu si méchant qu'on le pense ? Certains forumeurs modérés (surtout sanctionnés) pensent que je suis bien pire même. Mais la très grande majorité des membres n'ont jamais affaire à la modération. Tu modères sur le forum depuis de nombreuses années, est-ce que par déformation forumesque tu modères aussi dans la sphère privée ? Ca marche pas en réel. C'est pas faute d'avoir essayé. C'est dommage, ça pourrait rendre service parfois. Qu'a à craindre ton fils quand son niveau d'avertissement est atteint ? Il est banni lui aussi ? Il essaye de jouer avec les règles, comme n'importe quel enfant. Parfois ça passe, d'autres fois non. Mais il sait que je tiens toujours mes promesses. Impossible de le bannir, il est bien trop extraordinaire. C'est mon bébé, même s'il est désormais bien grand pour un bébé. Dans quelle(s) section(s) peut on te croiser le plus souvent en tant que membre ? En tant que membre, je ne sais même pas trop. Je passe régulièrement en bricolage, informatique, sexualité, et tant d'autres ... Tu connais la règle maintenant, c'est l'heure de l'interview dans l'interview, et comme je trouve que tu es payé à ne rien faire ici, tu auras droit à l'interview "question/réponse". Tu as le champ libre pour t'auto interviewer sur ce que tu veux. Tu fais tes questions et tes réponses, moi je vais faire une sieste pendant ce temps là. C'est à toi !! Je connais quoi ??? Payé à rien faire ? (ça me fait penser qu'il faudrait que je demande à Caez si c'est possible d'être payé tiens !) Quelle est ta douceur préférée ? Le chocolat !!!!! C'est quoi ton métier exactement ? Je travaille dans l'automatisme industriel. Il faudrait que j'en fasse un topic un jour. Certains membres de ma famille ne savent toujours pas exactement à quoi ça correspond. Quel est ton style musical préféré ? J'écoute un peu de tout, du classique à la techno, en passant par de la pop ou du rock. Tu as un Chuck Norris Fact préféré ? Dieu dit : "Tu ne tueras point". Et Chuck Norris répondit : "on parie ?" Quel est le film dont tu attends la sortie avec impatience? Sans hésiter Blade Runner 2049. Quelle sera ta prochaine question ? Quelle sera ta prochaine question ? Quelle sera ta prochaine question ? Quelle sera ta prochaine question ? Quelle sera ta prochaine question ? Quelle sera ta prochaine question ? (fichtre j'ai buggué ! Je me suis perdu dans une boucle récursive !) Bon en fait on s’en fout. Je pense que les forumeurs seront bien plus intéressés par ton côté féminin que par ta vie, c’est donc moi qui vais te faire l’interview « si j’étais une femme » String, shorty ou culottes ? String pour provoquer un peu. Dentelle ou coton ? Dentelle, tant qu'à faire. Faut souffrir pour être belle ou le mieux c'est le naturel ? Le naturel est toujours mieux. (Mais ça c'est mon côté masculin qui parle. Pas sûr que si j'étais une femme je verrais les choses de la même manière. Je laisse aux femmes le soin de confirmer ou infirmer. ) Romantique ou mangeuse d'hommes ? Romantique sans hésiter. Cheveux courts ou cheveux longs ? Cheveux courts, c'est hyper sexy. (En tout cas j'adore moi ) Ce que tu regardes en premier chez les hommes ? Le regard (c'est un truc dingue, ce qui peut se dévoiler dans un regard) puis les fesses. Ce que tu préfères dans ton physique ? Mes seins ? (comment ça c'est une réponse d'homme qui rêve d'être une femme ? ) Dominante ou dominée ? Ni l'un ni l'autre, jamais. J'ai toujours préféré les rapports d'égalité, et que je sois un homme ou une femme n'y changerait rien. Quitte à avoir 24 ans d'écart avec ton mari, tu serais plutôt Brigitte Macron ou Mélania Trump ? Clairement et sans hésiter Brigitte, parce que si la différence d'âge est secondaire pour moi, être marié à un déglingo comme Donald Trump, très peu pour moi. Question subsidiaire : et après avoir réfléchi à ta condition féminine, tu regrettes d'être un mec ? J'aurai bien aimé être une femme, pour bien des côtés. (et même pas que pour avoir des seins d'abord ! ) Avant de terminer cet entretien, quelle question aurais-tu aimé que je te pose ? Celle à laquelle je n'aurai pas pensé. Merci Nephalion ce fût un plaisir Le plaisir était partagé, sois en sûre.
    9 points
  4. J' aime le silence et la campagne des matins de septembre. les moissons sont loin et la rentrée des classes sent les fournitures. C'est une nef où se perdent les pensées. Un pic rompt le silence..
    8 points
  5. La vie est curieuse, c'est parfois ce petit fil agaçant qui dépasse de la pelote que tu tires et qui n' en finit pas. La nuit est presque là en ce soir de janvier, je n' aime pas cette période entre chien et loup la nuit tombe vite, sur la route les bas cotés sont instables, dangereux, la visibilité réduite. Et puis m' extirpant de mes songes une ombre surgit sur le coté, un femme habillée en foncée, peu visible sur la route dangereuse. Je me gare sur l' entrée d'un chemin de ferme et baisse ma vitre. - ma voiture est enlisée, dit- elle j' ai voulu faire demi- tour sur l'herbe et je suis carrément bloquée. Je descends pour constater , en effet elle est bloquée, mais pas trop profond, je la dévisage un peu , elle aussi, elle a un accent léger qui me fait penser à ma vétérinaire qui est Belge. Je vois qu'elle a tenté de sortir de ce pétrin, des planches, des branches sous les roues, mais sans succès apparent.Après une brève discussion et la nuit étant quasiment là, on décide, moi je recule sur le champ laissant les roues avant de ma camionnette sur le bitume du chemin, et avec des sangles trouvées dans ma voiture on accroche sa voiture sur la boule de mon kangoo.Pour communiquer on baisse nos vitres, je tends la sangle en avançant un peu et lui crie d'avancer doucement comme moi pour ne pas faire patiner les roues, et c'est parti.La voiture suit et rapidement les roues avant se retrouvent sur le goudron du chemin, je l' entends crier sa joie, je mets sur l' angoisse de rester bloquée en rase campagne sans téléphone cette exubérance. Je descends pour la rejoindre et récupérer mon matériel : - merci pour le coup de main me lance- t- elle et moi je sors une banalité finament très protocolaire. - c'est mieux qu' un coup de pied c'est sûr, bon tout finit bien. On se salue et chacun reprend son chemin, enfin pas tout à fait, elle grifonne sur un papier son numero , son nom et prénom. La nuit est tombée, la pleine lune redessine les arbres .Et le petit bout de fil agaçant qui sort de la pelote est toujours là Il dépasse, presque arrogant, et même quand tu ne veux pas le tirer il s' accroche à un ongle et déroule sa pelote.C'est ainsi que quelques jours plus tard j' ai retrouvé mon enlisée. Enfin sa voiture, là j' étais sûr, au milieu d' un parking, le dessin sur le coté ne laissant aucun doute.J' ai attendu un peu mais personne que je reconnaisse ne fit son apparition. Je regrimpais dans ma camionnette et allais partir, mais baissant mon pare soleil je retrouvais le fil arrogant sous forme de papier, avec un nom, un prénom et un numéro de téléphone. Je composais les chiffres et mon léger accent belge me répondit : - Allo ? - c'est le coup de pied aux fesses, je suis sur le parking, j' ai reconnu la voiture. - un, j' arrive, sortant du coeur me perçait le tympan. Un jean's moulant lui allant bien, un ciré jaune, des bottes comme pour aller aux crabes, la tête sous la capuche , courbée sous le vent elle faisait un coucou à ma vitre en agitant sa main aux doigts écartés. - montez lui dis - je ! - oui. Le vent s' engouffra dans ma voiture sous forme de tornade jaune et bleue, pour les bottes là c'est une paire de manches, j' ai du mal à définir, un vieux rose, mais très vieux alors. - ceinture. - où va- t- on? - boire quelque chose de chaud, et en souriant, une objection? - non dit - t- elle en me fixant. Je garais la voiture devant le bar, - un grand café pour moi, prenez ce que vous voulez, je passe à la boulangerie et je suis là. Il restait deux pains aux raisins que la boulangère mis dans un sac en papier.Au café, mon enlisée attendait sagement, lui tendant le sac en papier: - servez vous. - merci j' adore , en ouvrant le sac. Puis elle se mis à parler en mangeant elle me racontait ce soir où elle était restée scotchée avec sa voiture, moi je décrochais un peu en fait je connaissais puisque j' étais là. Je regardais, ses lèvres, jolies, un grain de raisin au coin, tremblant un peu comme par peur de tomber. - là, lui dis je en portant mon doigt sur le coin de ma bouche et de l' autre lui tendant la serviette. Mais elle balayait d' un revers de main et repris de plus belle. Je regardais son cou fin, une petite chaine en or et un petit coeur pendant au milieu de ses clavicules visibles. Au moment où elle fit une pause pour reprendre sa respiration je criais presque. - améthyste, ayant retrouvé le mot que je cherchais. - what? - le petit coeur, c'est une améthyste polie. - vous connaissez les pierres? - oui, par obligation. -par obligation vous travaillez dans ce milieu? - non pas du tout, en fait c'est ma petite voisine qui connait bien, quand elle vient à la maison, elle prend ma tablette , m' explique les pierres, moi je lui fais ses devoirs on s' instruit mutuellement. - elle a qu' elle âge ? - huit ans et demi mais elle est grande, toujours selon elle évidemment. - sinon vous faites de la peinture? - oui, comment vous savez ça ? - vos doigts , il y a un peu de bleu et de jaune sur deux d' entre eux, je suppose que vous avez dépassé l' âge du coloriage et des feutres n' est ce pas? - en effet, je suis peintre et elle rit , vous êtes observateur ou alors je suis négligée. - non, pas du tout négligée puis le bleu et le jaune ne choquent pas avec votre jeans et le ciré , c'est bien assorti je trouve , au fait l' améthyste c' est la sérénité et la sagesse si j' ai bien suivi le cours, je pourrais vous décrire ainsi? Elle allait me répondre mais mon téléphone sonna : - désolé lui dis- je en raccrochant, mon vétérinaire sera là dans trente minutes, je dois vous laisser, désolé. - je comprends. - je vous dépose à la voiture et je file encore désolé de partir comme un voleur. Le magasin était fermé, le parking vide comme un quai de gare , désert. D' ailleurs ça ressemblait à ça, cette gêne de se séparer sans avoir jamais été vraiment proches. Je la vis encore un peu dans mon rétroviseur puis au premier rond- point elle disparue. La vétérinaire était là pour le vaccin de mon âne et de mon chien, j' enfilais mes bottes et la suivais dans un champ détrempé par les pluies terribles des derniers jours. Ce ne fut pas très long avec ce temps froid et pluvieux, et je me retrouvais devant la cheminée un café à la main, mon chien allongé sur le dos les quatre pattes en l' air me regardait en remuant sa queue, balayant le sol façon essuie-glace .Le reste de la journée me parue sombre et ma foi assez triste. Le temps avait changé subitement, je payais le pain et un café, j' adore ce lieu, café, épicerie, boulangerie. J' aime regarder les gens, leurs conversations, les plaisanteries aussi je m' assoie et pose ma tasse sur la table près de la fenêtre, une table plus loin le vieil homme, toujours là, même place, même jounal, comme un repère dans la vie routinière. Alors je lance la conversation : - bonjour, les nouvelles sont bonnes? - pas vraiment je regarde les décès. - ah! Je vois bon déjà si vous ne voyez pas le vôtre, c'est positif. Et là son visage change je crois qu' il va se fâcher et non, il rit et plaisante, mais la cloche de la porte de l' épicerie retentit , d' où je suis je ne vois pas qui entre, j' entends juste deux voix de femmes qui parlent en riant, je devine aux bruits qu' elle prennent des articles, demandent du pain puis l' une d' entre elle : - tu veux un café ? - ah! oui tiens , et là je sais qu' elles vont venir coté bar, le vieil hommes lève la tête , lui peut les voir d'où il est ,son visage au dessus de son journal , ses yeux au dessus des lunettes. ○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○ Puis les deux jeunes femmes nous saluent avec un sourire et s' assoient . Je devine à leur façon de parler qu' elles sont amies, elles sont jolies, cheveux courts et cheveux longs, c'est cheveux courts qui parle , de la pluie et du beau temps, mais surtout de la pluie. Moi, j' ai fini mon café, ramasse mes clés , mon téléphone , vais partir quand cheveux longs dit baissant un peu la voix et d' un ton grave: - tu sais que semaine passée Juju est restée enlisée ? Et là je repose mes fesses, mon téléphone , mes clés, commande un autre café. - nooon! Réponds cheveux longs, raconte. - et bien, elle voulait faire demi- tour mais sur l' herbe gorgée d' eau avec ce temps" de m..de," elle est restée embourbée et la nuit qui tombait, heureusement un type est venue la sortir de là. - la chaannnce! enfin je veux dire que le type se soit arrêté pour sauver la princesse et elle rient , me jetant des petits regards en coin, moi je fais celui qui n' écoute pas , Alors elles continuent -tu connais Julia! depuis elle me parle de lui, elle aurait voulu le remercier dans les règles, mais ils se sont juste croisés et pas eu le temps de le faire comme elle aurait souhaité. En fait elle a son tel, mais peur de l' appeler, tu la connais. - oui, dommage et lui il n' appelle pas? - non, il est sûrement marié avec une harpie hyper jalouse et elles rient. Cette fois je prends mes clés, mon Samsung laisse la monnaie sur la table salue le vieil homme , les deux amies et quitte les lieux, la clochette retentit quand je pousse la porte, dehors un chien traîne. Je traverse la rue déserte , regagne la voiture, mais au moment de démarrer j' ai toujours à l' esprit la conversation des copines, Julia. Alors je regarde sous mon pare- soleil, pour vérifier le prenom, mais le papier n' y est plus, je retourne la cabine, mais rien je pense que sur le parking avec les portières ouvertes, le vent, il a du s' envoler. Et je me rends compte que je n' ai jamais prononcé son prénom et là je m' enlise de honte. Alors je reprends mon téléphone et dans mes appels sortants, je recherche le numéro et y inscris Julia et rajoute la princesse en souriant à mon rétro .
    8 points
  6. C’est le moment espéré où l’esprit se désolidarise du corps qui souffre. L’autre continue à frapper, n’importe où, les jambes, le dos, le ventre, protéger la tête.. Ou pas. Il sent que son corps tressaute sous les coups, il est traîné plus loin, il a entendu le craquement dans son bras, mais ça n’a pas fait mal. Il sourit, il ne sent plus rien, comme s’il avait un super pouvoir, alors ça va. Il respire l’odeur du plancher, rassurante, ça va. Ne ressent plus rien A force d’années de contrôle, d’évasion de soi ou de repli, l’esprit s’emprisonne. Il le sait, mais ne peut rien améliorer, ne plus ressentir, c’est la clé pour ne plus jamais seulement risquer d’avoir mal et de faire mal. Ce n’est même pas lui qui décide, les moyens de la raison se sont modifiés au fil du temps, des coups, de l’enfermement, des humiliations. Il est seul, solitaire, tout le temps. Mais il reste l’odeur du plancher, alors ça va.
    7 points
  7. Dans le noir, descendre, ne pas faire craquer l’escalier. S’accroupir puis s’assoir et commencer à glisser sur les fesses, une marche, une autre, le cœur qui tape dans les oreilles. Gagné, le couloir, facile, pas de bruit, pointe des pieds nus, bout des doigts contre le mur pour garder l’équilibre, passer devant La chambre. Le plancher, attention, respiration coupée, ventre creux. Au bout le but, la cuisine. Voler n’importe quoi, vite, les battements de cœur qui déchirent les oreilles, le souffle court, repartir trop vite, fermer la porte du frigo trop fort, et… échouer. Elle est déjà là, dans le couloir. Prendre son compte, et remonter. Rase toujours les murs La nuit, descendre pieds nus, faire le moins de bruit possible, ne pas allumer la lumière, marcher sur la pointe des pieds arriver en bas, guetter les bruits, les ombres, ne rien avoir à faire là, être encore emprisonné, le constater, remonter.
    7 points
  8. Doté d’un esprit que plus d’un forumeur lui jalouse, sa plume est à son image : exigeante, pertinente et parfois chiante. ^^ Ce mois-ci Konvicted a gentiment accepté de répondre à mes questions (même si le chèque que je lui ai promis doit y être pour quelque chose). Bonjour Konvicted et merci d'avoir accepté cette interview. Bonjour Titenath, bonjour vous qui lisez les premières lignes de cette interview avant de réaliser que vous n'en avez rien à foutre, et bonjour à toi qui me lis parce que tu t'y sens obligée bien que tu saches déjà tout de ce qui suit. Tout le plaisir n'est pas pour moi, je t'en laisse un morceau, mais quand même, je ne crache jamais sur une occasion de raconter ma vie. Comment vas-tu ? Le plus souvent sur mes deux jambes, parfois à cloche-pied. Mais c'est quand qu'on va où ? Cela fait quelques années maintenant que nous avons le plaisir de voir un Simpson arpenter les rubriques du forum, mais qui se cache derrière cet illustre personnage ? Un skateboard et un lance-pierre, mais si tu veux en savoir plus, je te suggère de demander directement à Bart_Sylvain. Attends, tu parlais de moi ? Moi qui n'ai plus d'avatar à l'effigie du dernier homme parfait sur terre, ce tire-au-flanc gras du bide dégarni exécrable et éminemment stupide, depuis la dernière version du forum. Erreur de débutante ! Me poser une question ouverte sur ma personne, c'est s'exposer à une réponse longue comme un jour sans pain. Je vais vous faire regretter Sophie la tortue, croyez-moi ! J'ai un quart de siècle, je suis apprenti en développement logiciel ; je développe une application de gestion pour la PME qui a eu la lucidité de m'embaucher. Quand je ne code pas, je m'affaire volontiers à bouffer de la tartiflette à m'en faire péter la panse, marcher sur les quais de la Seine et sous la pluie, écouter du Brassens en caressant un chat, remettre les gens à leur place et hier à demain. J'aime les esprits de velours dans des plumes de fer et les cœurs gros dans des poitrines décolletées. J'aime beaucoup moins les pannes de signalisation en gare du Nord, le cocktail nauséeux des effluves de parfums des passagers trop nombreux du métro qui n'arrange pas la réputation des Français relativement à l'hygiène corporelle, l'odeur du RER B même vide, les connards qui ne comprendront jamais que tout le monde gagne à laisser les gens sortir avant d'entrer, les touristes imprudents et les fumistes impudents qui affichent leur nonchalance provençale en campant sur la file de gauche de l'escalator, j'aimerais ne pas passer ma journée dans les transports, moi, bordel ! Parce que, oui, comme cette énumération peine à le cacher, je passe beaucoup trop de temps de train en train et de bus en tram. J'ai bien d'autres aversions, cependant. J'ai horreur des superstitions, des contradictions et des vendredi 13. Cette dernière est évidemment une pure fiction servant l'intérêt de la blagounette, mais je suis véritablement pétri de contradictions. Je pense que toute vérité est bonne à entendre mais je pratique le mensonge par commodité. Je méprise l'humanité dans sa globalité mais j'ai grand mal à détester mon prochain dans son individualité. Je suis épicurien en esprit, torturé en fait. Je suis un grand pessimiste mais je trie mes déchets et je suis fan de Grand Corps Malade. Je suis un modèle de bon goût et pourtant il m'arrive d'écouter du Calogero. On constate que ton avatar s'arrache les cheveux, est-ce que tu essayes par ce biais de faire passer un message à Caez aux forumeurs ? Si oui lequel ? Non mais tu t'es lu quand j'ai bu ? Si on te cherche, où est-ce que l'on te trouve ? Tu peux m'trouver sur un téton comme un poupon trentenaire. Si tu pouvais supprimer toutes les rubriques du forum pour n'en garder qu'une, ça serait laquelle et pourquoi ? « Amour et Séduction » parce qu'on peut y lire autant d'énormités que dans les débats mais avec l'animosité en moins – quoique ! – et la tension sexuelle en plus. Tu es obligé d'organiser une rencontre IRL, à qui proposes-tu ? Je ne propose pas. Je suis formé pour déléguer le sale boulot à des petites mains, alors j'impose à January de l'organiser à ma place, elle m'a l'air d'être une fille aussi sérieuse que la raison de son pseudo est à mourir d'ennui. Sitôt qu'on est plus de quatre on est une bande de cons, alors je n'invite que trois personnes. Je me suis récemment fait la réflexion que l'animosité accrue qu'on peut constater dans les échanges sur les réseaux sociaux et autres forums relativement à la « vraie vie » n'est pas tant encouragée par l'anonymat que par la conséquence de la réduction de la personne humaine à du texte, l'abstraction ultime qui nous fait intellectualiser l'autre plutôt que de le ressentir, privés de cette fenêtre sur l'empathie qu'est le croisement de regards. Je me dis que même les personnages les plus improbables et déconcertants, parfois méprisables, du forum pourraient bien nous sembler aussi humains que nous si on les voyait en face à face. Du coup, j'invite Dr Love, Monsieur montre-moi-ton-âme-je-te-dirai-si-on-va-passer-l'éternité-ensemble et n'importe quel fanatique religieux pour un débat sur la fellation. Quelle question aurais-tu aimé que je te pose et qu'y aurais-tu répondu ? Que serais-je sans toi que cette heure arrêtée au cadran de la montre ? Que veux-tu que j'y réponde ? C'est une question rhétorique. Fort bien formulée, certes, même qu'on la croirait empruntée à Aragon, mais rhétorique tout de même. N'y vois là aucun message subliminal mais je me suis dit qu'une petite interview « nulle » serait la bienvenue. Prêt ? Merde, mais c'est à quoi que j'ai répondu jusqu'à présent ? Tu préfères ton père ou ta mère ? La question ne se pose pas. C'est mon père qui fait la tartiflette. Comment ma mère pourrait-elle rivaliser ? Le mot le plus con en amour : merci, alors, oui-oui ? Si. Enfin, c'est le seul que je connaisse. Tu croises un extra-terrestre, il te dit : « t’es qui ? » ; tu réponds quoi ? Celui qui a mal tourné, mais toi, qui t'es pour me tutoyer ? On n'a pas élevé les buggalos ensemble. Si tu étais en vente dans un sex-shop, tu serais … ? Un petit compagnon de bain. Je suis en effet, à l'instar du canard, laquais des désirs de la dame pour laquelle je vibre. Sais-tu pourquoi les abri-bus n’abritent pas les bus ? Parce que pour faciliter leur transport, on préfère mettre les cars en sac. Si tu avais un perroquet, tu lui apprendrais : « t’as fermé le gaz », « t’as pensé à la capote », « coco arrête la coco » ? Il serait dissimulé derrière la porte d'entrée et cueillerait les invités avec un : Tu accordes plus de circonstances atténuantes à un vieux qui se tape une jeune ou un jeune qui tape sur une vieille ? J'aime les percussions alors je serais sans doute plus indulgent envers le jeune mélomane un peu naïf qui croyait pouvoir obtenir un son décent en frappant une peau fripée. Pis si la vieille a du mal à s'en remettre, on pourra toujours la retaper. Tu préfères passer la nuit avec Anne Sinclair, Laure Sainclair ou Bret Sinclair ? Ouh là là, que le choix est difficile ! Anne Sinclair n'est plus de première fraîcheur, faut dire qu'épouser Dodo la Saumure n'était pas la plus sage décision et, question de génération, sans vouloir t'offenser, je n'ai jamais vu ce monsieur Sinclair à l'écran. Ne reste plus que Laure, tu m'en vois bien emmerdé. Aimes-tu les chiens ? Pas comme Metal Guru les aime, si c'est la question. Je n'aime pas le côté servile et dépendant des chiens et je trouve bien des races de clébards disgracieuses. Ton fan club me harcèle pour que je te demande ton 06... Peux-tu les satisfaire ? Ah bon, j'ai des fans ? Mais quelqu'un leur a dit ? Le mot de la fin ? Salut les trouducs ! Merci Konvicted, ce fut un plaisir. C'est ce qu'elles disent toutes. Avant d'ajouter : « que tu n'étais pas tenu de garder pour toi ».
    7 points
  9. Les cloches sonnent dans la campagne silencieuse : il est tôt. Vous entrez maintenant que le gardien a ouvert les lourds vantaux. Le gravier crisse. Les arbres bruissent. Parfums des vieux bouquets qui s'unissent ; Quelques pas de côté pour s'éloigner de l'homme et ses éventuels services : Vous décidâtes que solitaires seraient l'échappée, le pèlerinage Parmi les allées, les buissons, les tombes embroussaillées et hors d'âge. Vous cherchez lentement, déchiffrez — épigraphes, épitaphes, Caveaux de famille, photos fanées, fosses récentes et mousseux cénotaphes. Où est-elle ? Où est l'amie ? Vous en aviez rêvé une nuit — Au même jour loin d'ici, Ce fut elle qui s'enfuît. Le vent trop doux vous accompagne, le soleil trop chaud vous regarde. Et chez les tombes des enfants certaines inscriptions vous retardent. Avec les modernes — brusquement — le long des murs marbrés et enfeus : C'est ici. Le nom connu vous adresse. — Est-ce un cri ? Est-ce un vœu ? La pierre est neuve et stérile ; aucune verdure ; trop lisse et brûlante. Est-ce donc où l'on souhaite que même la Mort n'y pût être vivante ? Vous vous éloignez jusqu'à l'ombre d'un arbre, d'où l'on voit encore Cet étrange damier de muraille, dont chaque case cèle un corps. Où est-elle ? Plus ici ; Le vaisseau seul y gît — Son odyssée a fini, L'étincelle de sortie. La cloche sonne fort dans les ruelles entourant la grand-place. Vous savez qu'un parent habite au fond de telle impasse. Le père vous reconnaît avant que vous n'ayez pu vous souvenir, Tant ses traits dolents lui refusent de longs avenirs. Maintenant, il élabore des théories diverses, des stratagèmes ; Une explication rationnelle pour qu'on lui ôte sa fille-gemme. À qui la faute ? Tantôt au pape, à l'ami, au maire, ou à la mère, Laquelle s'est échappée il y a longtemps du triste repaire. Chez elle — à l'autre bout du pays — la chambre et les bibelots : Tout rappelle la petite fille ; mais les objets ont perdu son halo. Le compagnon habite en ville ; vous lui rendez visite. Sur le palier vous sentez bien qu'il hésite. À l'orée du salon : la nouvelle compagne, nouvelle amie ; Elle compatit, prévenante, préférant cette vie-ci. — Finalement, c'est au jardin des plantes Que vous retrouvez ses traces : Là, à côté du vieux banc Qui vous écoutait Une fleur.
    6 points
  10. C’est un beau garçon, il est assis bien droit, sérieux, son regard clair enveloppe la pièce entière. Il n’y a pas d’anxiété dans ses yeux, il est calme. Il n’est pas ici. Il n’entend pas, ne prononce plus une parole depuis des semaines. Le ballet exécuté autour de lui ne le concerne pas, il est en dedans, loin en lui, il s’est mis au secret. Il le sait, parler est une question de survie, ou il redeviendra l’enfant chétif peureux de tout. Il secoue la tête à chaque mot perçu en dehors de lui. C’est impossible. Ecrit Il n’a pas pu parler, dire, c’est trop difficile. On lui a offert un stylo, avec le silence pour tout langage, et il a commencé à écrire. Ecrire le temps, la peur, la peine, les heures, la colère, le cœur qui se vide. Ca lui prend des semaines, des mois, il remplit les pages de sa petite écriture serrée, régulière, ses mots pesés, lus et relus encore et encore. C’est fini, il a écrit. Il envoie tous ses cahiers au regard vert et silencieux qui lui a donné un stylo et un cahier il y a longtemps. C’est fini. Il ne parle pas, il n’écrit plus. Il est parti.
    6 points
  11. Difficile de ne pas savoir ce qu’est aujourd’hui un jeu vidéo, quand bien même nous n’y avons pas joué personnellement. Difficile aussi de ne pas savoir que ces jeux sont devenus tant des divertissements parfois très chronophages pour certains d’entre nous qu’une industrie qui, aujourd’hui, génère des revenus bien plus importants que la cinématographie à laquelle elle est souvent comparée. Que dire, en effet, d’un jeu tel que Grand Theft Auto V dont le coût du développement se chiffre en centaine de millions de dollars ? Il est un fait qu’actuellement l’industrie du jeu vidéo met dans ses « blockbusters » autant de moyens que l’industrie du cinéma pour atteindre des résultats toujours plus époustouflants pour ses joueurs, résultats qui grandiront sans doute encore avec l’arrivée de la réalité virtuelle et de ladite immersion totale. Mais avez-vous déjà entendu parler des « jeux sérieux » ? Bien que ce ne soit pas nouveau, le jeu sérieux ne représente aujourd’hui qu’une branche assez marginale de l’industrie du jeu vidéo (2,6 milliards de dollars en 2016). Pour mettre cela en perspective, le jeu le plus rentable de 2016, League of Legends, a rapporté à lui seul 1,7 milliards de dollars. Cette marginalité ne doit cependant pas masquer la croissance importante prévue d’ici 2020 puisque ses revenus devraient doubler. Qu’entend-on donc par jeu sérieux ? Très banalement, cela signifie que le jeu, outre son aspect distrayant, apporte quelque chose considéré comme « utile », que ce soit par exemple une formation, une simulation ou des informations sur des sujets utiles dans l’enseignement ou la santé. Autrement dit, c’est un jeu dont le contenu peut être considéré comme pédagogique. De nombreux exemples pourraient être donnés, y compris parmi ceux qui déjà utilisés pour former des personnes. Si l’histoire du simulateur de vol est en quelque sorte inverse (le simulateur de vol étant devenu un type de jeu après avoir été une application permettant de former des pilotes), nous pouvons citer plusieurs exemples que vous pouvez trouver sur le site suivant : http://myseriousgame.com/ Vous y trouverez autant un jeu vous permettant de vous préparer à l’entretien d’embauche face à un recruteur qu’un jeu qui s’adresse aux patients atteints de pathologies particulières comme l’Alzheimer ou l’adaptation d’un jeu (Farmerama) par l’ONU pour « sensibiliser à la problématique de l’eau ». Si cela ne vous paraît pas nécessairement sérieux, cela me permet de rebondir sur les acteurs qui s’intéressent aujourd’hui beaucoup à ce sujet : l’Éducation nationale, le monde de la santé et toutes les instances pouvant être amenées à sensibiliser les personnes sur des sujets très divers, en particulier la santé et l’environnement. Comme France Info peut le dire à propos d’un jeu censé aider à prévenir le diabète de type 2, la première étape consiste bien souvent à acquérir des connaissances, ces connaissances pouvant éventuellement amener à une adaptation du comportement de la personne. Mais tout comme la frénésie des objets connectés en médecine, démonstration reste toujours à faire de la fiabilité et de l’efficacité de ces nouveaux outils dans l’éducation des personnes. Le monde éducatif n’est cependant pas en reste puisqu’aujourd’hui la question de savoir s’ils peuvent apporter quelque chose à l’école et, si oui, quoi et comment, se pose. En effet, le numérique est en train de modifier la façon de mener la pédagogie, et les Formation en Ligne Ouverte à Tous (FLOT, ou MOOC en anglais) en sont un bon exemple. Si le FLOT a pour objectif de rendre accessible du contenu partout, à tout le monde et par des supports divers, le jeu sérieux pourrait représenter tant un type de support utilisé dans ce contexte qu’un moyen de rendre du contenu plus attrayant. La réalité virtuelle apportera sans doute un moyen supplémentaire de rendre ce type de formation plus efficient puisqu’il sera dès lors possible de simuler véritablement des actions ou situations concrètes. Ainsi, le personnel soignant pourra répéter des gestes qu’il devra faire en réalité, le pompier pourra simuler son rôle dans une intervention, etc., tout comme un pilote peut déjà aujourd’hui simuler son vol dans un cockpit de simulation. Mais ce type de support ne pourra pas remplacer la formation en situation réelle ou le savoir, la cohérence d’une pédagogie, qu’un enseignant peut apporter. Si le jeu sérieux représente un nouvel outil, il n’est intéressant qu’à la condition d’être pertinent et véritablement vecteur de connaissances. Il semble particulièrement intéressant pour s’exercer et donc apprendre de ses erreurs si la situation est systématique et bien cadrée (apprendre, par exemple, les bases de l’informatique, apprendre des gestes de base tenant de la procédure), il semble déjà moins intéressant pour ce qui tient du particulier et de l’abstrait. Ainsi, tout comme la formation hybride entre le cours du professeur et le FLOT, il sera nécessaire de trouver un équilibre entre les apports d’un professeur et d’un jeu sérieux qui représente aujourd’hui un moyen de diversifier les formes d’apprentissage. Si le sujet vous intéresse particulièrement, un dossier sur les jeux sérieux est disponible sur le lien suivant, celui-ci renvoyant à de nombreuses références selon les aspects qui vous intéressent le plus : http://eduscol.education.fr/numerique/dossier/apprendre/jeuxserieux Bibliographie : http://www.serious-game.fr/ http://myseriousgame.com/ http://ja.games.free.fr/ludoscience/PDF/EtudeIDATE08_VF.pdf
    6 points
  12. Tu découvres, le coeur meurtri que celui en qui tu avais confiance, a sali ce qu'il y avait de + précieux à tes yeux : votre fille. Cette petite battante, d'à peine âgée de 3 ans te dévoile innocemment ce qu'elle a subi ...des attouchements sexuels ..qui ont perduré... Elle ne prend pas réellement conscience des choses , de la gravité de la situation : après tout c'est son papa... Alors tout s'emballe : justice, services sociaux, juge pour enfants... Pour au final, laisser un prédateur dehors, vivre sa vie. En lui permettant même de ne pas déclarer ses adresses ni d'être joignable.( car la dernière enquête qui remonte au début d'année 2023 a pris parti pour le bourreau et le qualifie de victime en post trauma.....le choc ). L'affaire est classée sans suite . Comme dans beaucoup d'affaires pour inceste , me souffle à l'oreille mon avocate...dans ce couloir austère. Tu ressors de ce tribunal avec cette incompréhension, cette colère...cette injustice... Mais il faut continuer à avancer. Tenter de réparer au mieux ton petit bijou, cette beauté innocente ..ce petit rayon de soleil... Tu y mets toute ton énergie, toute ta force . Et quelques mois + tard, une autre de tes filles , qui va au plus mal, qui parle de suicide et se scarifie ,se décide elle aussi à parler .... Elle aussi a subi.... longtemps...des choses terribles.... La seule idée qui me traverse l'esprit est d'aller l'abattre comme un chien. comme il le mérite. La vie n'est pas un éternel recommencement....mais des être innocents ont leur vie bousillée par des prédateurs. Et toi tu restes là, assise sur ce putain de trottoir avec ta culpabilité, tes doutes et ta colère . tu prends une grande inspiration et tu retournes au combat. Encore... En gardant espoir que cette fois ci il y aura condamnation.
    6 points
  13. Mes petites histoires J'en profite. Je suis en vacances avec mes parents. J'ai enfin une excellente connexion immédiate. Nous sommes chez mon tonton et ma tata. Je suis souvent obligé de materner ma cousine. Nous nous voyons tous les ans. En été. Cette fois, je me rends compte à quel point cette fille de 20 ans devient de plus plus ennuyeuse. Gourde parfois. Aussi, je n'ai plus qu'un impérieux besoin, m'en isoler à chaque fois que c'est possible. Je reste souriante et affable. Je ne suis pas du genre à montrer mes ressentis ni mes sentiments. Même ennuyée. Jamais frontale. Nous sommes le 11 aout 2019. Encore un mois avant de rentrer avec l'avion. J'attends avec impatience le moment du départ. Ici, chaque déplacement dure des heures sur des autoroutes à huit voies dans une ville qui n'en finie plus d'étaler ses 80 km de banlieues alternants avec de faux centres ville. Tout est à une échelle différente. Gigantesque. Il fait beau. La température extérieure ne dépasse que rarement les 28°, toute l'année. Il n'y a pas de réelles saisons. La nuit il fait 22°. C'est donc un climat des plus agréables. Très supportable. Les gens sont assez superficiels. Je me demande s'il est possible de nouer de véritables relations d'amitiés avec quelqu'un. Tout est tellement surfait, obséquieux, plein de fatuité et de suffisance. Vivement mon groupe d'amis, mon université et la rentrée du lundi 16 septembre. C'est la toute première année où ce sentiment d'ennui est aussi récurrent. Nous partons trop longtemps. Chaque été c'est au moins deux mois. Et toujours dans cet Etat, dans ce pays immense. Je crois que maman partage ce même sentiment. Elle n'en parle pas. Aussi, j'écris beaucoup. Ces petits récits que j'aime à poster sur mon Blog lorsque la connexion le permet. Je les garde dans mes archives, sur Word. Il y a déjà là de quoi amuser mes lecteurs pour de futures publications. J'y relate mes petites expéditions coquines. Mes expériences ludiques. Mes aventures exhibitionnistes. Je suis pressée de me retrouver chez nous. Dans notre région. Retrouver mes petits endroits secrets. Renouer avec mes mises en scènes et les situations dont je raffole. Ici, ce n'est pas possible. Pas judicieux. Tout le monde est "fermé". Ici, les féministes ont fait tellement de mal à tout l'environnement social que dès qu'un homme croise une fille seule, il prend peur et s'enfuit en courant. J'exagère à peine. Les ravages causées par ces frustrées de leur condition de femme sont devenus un drame dans le rapport entre hommes et femmes. Les types ont tellement la trouille de se voir coller un procès pour harcèlement parce qu'ils ont demandé l'heure à une fille, qu'ils portent deux montres. Au cas ou une cessait de fonctionner. J'exagère à peine. C'est tellement pitoyable. Minable. Aussi, moi, si souriante, entrant facilement en contact, je risque de me faire taxer de "racoleuse" par toutes ces redoutables salopes qui s'obstinent à pourrir la vie sociale "normale". Ici, elles sont carrément organisées en "milices", créant des pièges pour pouvoir déclencher des procédures judiciaires afin de récupérer de l'argent. Un regard appuyé de la part d'un homme est perçu comme une agression sexuelle. C'est devenu délirant. Heureusement il y a des mecs qui commencent à s'organiser. Les faits divers en deviennent d'ailleurs inquiétants. Représailles. Voilà. Je viens de m'épancher un peu sur ce Blog bien sage ou je peux me confier en toute impunité. Merci Forum.fr... Bisou
    6 points
  14. L'attirance vers la tristesse et la souffrance S'aimer, se plaire, se considérer, se faire du bien... ce n'est pas une évidence pour tous. Il y a des personnes qui préfèrent se détruire, se nuire, se rabaisser. Des personnes qui passent du temps à rechercher des sensations dites « négatives », comme la tristesse ou la douleur. Je faisais partie de ces personnes. J'emploie le passé, malgré tout j'y suis encore sensible. J'avais des idées noires, et j'étais attirée par elles. Me mutiler, détruire ce qui comptait le plus à mes yeux, me rabaisser étaient des activités régulières. J'essayais d'écarter toute source d'affection ou de plaisir qui pouvait m'atteindre. J'évitais la nourriture, j'écartais mes peluches préférées, je cassais mes bracelets pourtant achetés si chers. Je n'arrêtais pas de me dire : « C'est bien fait pour toi, c'est tout ce que tu mérites. Ton existence est une erreur, tu es une erreur. Toute erreur devrait finir par être "corrigée". ». J'étais mal dans ma peau et dans mon esprit. Une ancienne amie me racontait ses histoires horribles, son vécu troublant et je prenais ses récits sur moi, elle transférait ses pensées noires dans mon esprit. Elle m'empoisonnait. Un poison quotidien, une source continue de souffrances. J'ai fini par me convaincre que la vie vaut quand même la peine d'être vécue parce qu'on en a une et une seule. Je ne crois pas au paradis et à l'enfer. Je dois profiter de mon existence, ici et maintenant si je veux éviter les regrets futurs. Aujourd'hui, je suis contente de ne pas être tombée trop loin. Je rêvais de me crever les yeux. Pourtant, la beauté est parfois plus simple qu'on ne le pense. Un coucher de soleil, une fleur, une peluche. Des gens qui rentrent sans difficultés chez eux le soir. Des milliers de vies paisibles. Pour ne pas replonger dans mes idées noires, je pense à ce qui se passe de bien dans le monde, je me force. Et là, je me rends compte que pour chaque accident, pour chaque crime, il y a des centaines de personnes qui rentrent saines et saufs, des centaines de médecins pour soigner les personnes. Seulement, on ne parle pas assez d'eux aux médias, leurs actes sont banalisés et les crimes sont mis en évidences par les médias. Je regarde très rarement les informations. Je préfère m'arrêter un instant et profiter de ce qu'il y a de bon dans ma vie, regarder un coucher de soleil, des papillons... La vie est cruelle, tout autant qu'elle peut être belle.
    6 points
  15. Il me semble que nous avons quelques Bretons, de naissance ou d’affection, sur forumfr. Afin que les choses soient aussi claires que l'eau de nos merveilleuses plages Bretonnes, j'estime qu'il est grand temps de mettre un terme aux sempiternels clichés, sur les Bretons ! Il est dit que le breton est fier et orgueilleux ! Diantre ! Fier ya mais orgueilleux nann ! Il faut dire qu’il descend du Celte qui lui aussi était fier. Mais on ne sait pas vraiment de qui descend le Celte et comme tout le monde s’en fout, on dit qu'il était orgueilleux ! Facile hein ... On dit aussi que le breton a la tête dure comme le granit et qu’il se protège avec un chapeau rond. C'est vrai, mais les bretonnes elles, portent des coiffes. Enfin disons qu'elles en portaient, car depuis l'invention de la voiture capotée, ce n'était pas des plus pratique ... quant il pleut ! Depuis des siècles le breton est un adepte de l’érection. Il a élevé des menhirs, des dolmens, des cochons, des calvaires et comme le calvaire ne pouvait pas s’arrêter là, j'ai connu un gendarme breton qui dressait des contraventions à tour de bras. Si un majorité de Français n'aiment pas leurs belles mères, ce n'est pas le cas des bretons qui vouent un amour sans borne à leurs mères, leurs belles mères et leurs mers, qui ne se démontent pas pour un rien. C’est certainement cet amour ancestral qui lui a fait préférer la pêche au thon plutôt que la chasse au grizzly. En Bretagne, on ne chasse la grande ourse qu’à la belle étoile. Mais par-dessus tout, le breton est convivial. Il n’hésitera pas à vous servir un verre de chouchen, liquide universel qui lui est très utile par ailleurs pour enlever les tâches de goudron persistantes sur les coques des bateaux ou pour vous aider à faire passer le kouign-amann, au vrai beurre salé ! Et si, pour ces messieurs, votre femme ne se prénomme pas Suzette, prénom ô combien désuet et beaucoup moins répandu que l’anisette, le breton lui proposera avec un grand sourire de lui servir des crêpes pour éviter qu’elle ne pique un phare. On dit aussi qu'en Bretagne, il pleut tout le temps ... Ma doue beniget ! Il faut être à moitié droch pour dire des trucs comme ça ... Pour conclure, le breton d’apparence rugueuse et taillé à coups de serpe hier comme aujourd’hui, ne vous laissera jamais en rade à Brest ou à Lorient et franchement, entre nous, le détour par la Bretagne vaut à coup sûr mieux qu’un coup de cidre. Hetiñ a ran dit kalz a vloavezhioù all !
    6 points
  16. La lune est d'astreinte et il pleut des cordes, Personne ne bat le pavé pluvieux Sinon des joggeurs qui courent en hordes Et des clébards qui promènent des vieux. Sous le reflet dansant des réverbères La rivière donne l'air de pétiller, Un couple de cygnes pour tous cerbères, Qui le veut y entre sans s'habiller. Un quignon de pain sème la discorde Chez des palmipèdes plus belliqueux, Des corbeaux en ayant scruté l'exorde Entendent bien ne l'être pas moins qu'eux. Un vieux manque finir le cul par terre Comme en cette saison les peupliers Jettent sur l'allée où le passant erre Feuille après feuille leurs calendriers. Le vent menace d'un ton monocorde Les troncs à l'équilibre périlleux Et pour que le cours d'eau bientôt déborde Comptez sur un Jupiter sourcilleux. Tous alors, coureurs, cabots, grabataires, Pressent le pas pour s'en faire oublier, Sauf un jeune galvaudeux solitaire, Trouve-t-on meilleur temps pour se noyer ?
    6 points
  17. Il y a ce type qui vit près de chez moi. C'est un ancien pandillero qui est revenu vivre dans son village. Il cultive la terre, s'occupe d'un terrain de son père où pâturent des vaches. Quelquefois il passe dans un vieux pick-up vert cabossé, quelquefois il est à pied. On se croise de temps en temps. Parfois on est l'un en face de l'autre dans le minibus qui nous conduit à la ville la plus proche. Il a des tatouages partout, jusque dans le cou, jusque sous les yeux. Il a à peu près mon âge. Nous ne sommes pas du même monde. Je ne sais pas où il est allé. Il ne sait pas non plus où je suis allée, moi. Pourtant, quand on échange quelques mots de politesse sur le temps qu'il fait, je lis dans son regard comme si je regardais des poissons nager sous la surface d'un lac. Et lui aussi me lit comme un livre ouvert, un livre écrit dans une langue qu'il n'est pas sûr de comprendre mais qui lui parle quand même clairement. Je ne peux pas deviner ce qu'on lui a fait exactement, ni ce qu'il a dû faire pour oublier un peu ce qu'on lui avait fait, mais je sais qu'il est le fantôme d'un vivant qui n'a pas eu sa chance. Je ne peux pas être sûre, mais j'ai l'impression qu'il sait cela de moi, lui aussi. Ce n'est pas triste. C'est juste une évidence un peu étrange avec laquelle on vit. Nous avons cela en commun, cet indicible, qui ne fait pas pour autant de nous des gens capables de devenir amis ou quoi que ce soit. On apprend à vivre en sachant que ce monde sera toujours là, au détour du chemin. Triste Tigre - Neige Sinno
    5 points
  18. Dans le cellier, il fait froid, ça sent mauvais, c’est humide et noir. Il y a juste la place pour son petit corps, entre les parasols, les fauteuils pliants, les vieux cartons, les seaux, les petits meubles entassés. Surtout ne rien toucher, rester bien droite, raide, immobile. Elle écoute, et croit entendre. Elle croit entendre des insectes ramper jusqu’à ses pieds nus dans les sandales, alors elle lève un pied, puis l’autre, perd l’équilibre, recule, se cogne, avance d’un pas, reprend son souffle, écoute. Son ventre se tord de peur, il ne faut pas qu’elle les imagine. C’est trop tard. Elle sait qu’au-dessus de sa tête, il y a de grandes toiles denses, de celles qui abritent les plus grosses araignées. Elles vont lui tomber sur les épaules, dans le cou. Elle est glacée, elle serre ses bras autour d’elle, ferme les yeux et commence à réciter : 200, 199, 198, 197, 196… ses larmes coulent, en silence. A toujours peur des araignées Elle en est sûre. Elle est entrée dans cette pièce et il y en a une, c’est sûr. La même angoisse, elle regarde sur les murs, rien. Elle revient en arrière… Elle est là. Au-dessus de la porte. Elle est passée juste en dessous. Frissons, tremblements. Elle essaie de réagir, de raisonner, mais c’est foutu, c’est la paralysie. Elle appelle, l’araignée se contracte, elle se demande, une fois de plus, comment fera-t-elle quand elle sera seule pour de bon. Comment elle fera…
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  19. Pas moyen, elle ne lâchera rien. Il ne se passe rien. Ces bleus ? Chute à vélo. La fatigue ? Normal, la croissance. Ils sont marrants ces adultes, ils parlent d’elle, entre eux, et du coup ils lui donnent toutes les bonnes réponses à donner. La croissance ? Elle prend la balle au bond : oui, j’ai mal aux jambes la nuit. Voir sa mère et son père ? Ils sont en voyage. Mais qui la garde alors ? La tante. Très bien, voyons la tante. C’est pas possible elle travaille. Elle ne travaille pas toute la journée tous les jours. Si. Même la nuit. Et ça continue comme ça pendant de longues minutes où elle se sent comme un pauvre animal piégé dans un labyrinthe. Elle sait qu’à la fin ça va les agacer, on la renvoie, avec son compte d’humiliation. Elle s’en fout, elle a gagné. Ne protège plus ses parents C’est fini, elle ne ment plus, dans ce foyer lugubre, elle a fini par tout raconter. On l’a écoutée, vite fait hein, on n’a pas le temps, et puis aller faut avancer. Elle en a encore des choses à dire pourtant, mais il n’y a plus personne pour écouter. Quand ils voulaient savoir elle ne voulait rien dire, et quand elle a voulu dire ils n’ont rien voulu savoir. Ils sont bizarres, ces adultes…
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  20. Dix-neuf heures trente, vingt heures, dispersion ! C’est l’heure où disparaître. L’heure des « grands », qui regardent la télé en fumant, en buvant. Elle fait ce qu’elle veut, jouer, lire, étudier, pas d’obligation d’extinction des feux. Mais quand elle va se coucher, elle éteint tout de suite la lumière, elle se concentre fort pour s’endormir, s’endormir tout de suite, tout de suite. Elle se réveille en panique, le réveil marque 1h03, tard, trop tard ! Elle a eu de la chance cette fois. Elle remonte les couvertures sur son nez, et met tous ses sens en éveil. Elle entend des craquements, des bruits à l’extérieur, du vent, une voiture, un volet qui claque… Ne pas s’endormir, surtout pas, veiller jusqu’au matin. Ne pas s’endormir, ne pas s’endormir. Echouer. Se couche toujours tôt Ramper, jusqu’à vingt et une heure, vingt et une heure trente, essayer, encore, échouer. C’est trop lourd, trop lourd, elle s’endort. Elle se réveille écrasée, il est minuit, 1h00, 2h00, 3h00 quand ça va bien. Se rendormir surtout, se rendormir à tout prix. Echouer encore. Alors les nuits claires sortir, lire jusqu’à ce que le soleil se lève, appeler dans le noir, ne trouver personne. Essayer de se rendormir, échouer encore.
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  21. Ce matin-là, la douleur avait été trop forte. Impossible de l'ignorer plus longtemps ; les espérances qu'elle s'estompe durant la nuit s'étaient dissipées. Au moins, j'avais réussi à dormir quelques heures — mais si elle devait continuer, s'intensifier, alors cela deviendrait impossible de répéter cela la prochaine nuit. Je n'arrivais pas à comprendre ce qui accablait mon corps. Par moments, c'était comme un poids diffus, depuis le ventre jusqu'à la poitrine ; à d'autres, des pointes de douleurs, comme si des ongles grattaient contre moi depuis l'intérieur de mon corps. Comme si en moi m'agrippait une main étrangère, qui me haïssait. Ça n'était pas toujours au même endroit, donc je pensais que ça ne pouvait pas être une crise d'appendicite. Je me remémorai un par un tous les ingrédients des trois derniers repas, sans en trouver un qui aurait pu être la cause de tout cela. S'allonger sur le sofa, un gant mouillé posé sur le front ; une tasse de thé brûlant, avec un peu de citron ; rester immobile des heures, les mains posées sur l'abdomen — tout n'apportait que des répits momentanés. Il aurait fallu attendre que tout passe — mais je ne pouvais plus attendre, craignant surtout que ce fût là le premier symptôme d'un mal plus inquiétant. Ça ne pouvait pas être une simple indigestion. Je n'allais pas chercher sur Internet : là-bas, toute sensation trahit un nouveau cancer. Finalement, je pris sur moi et, réalisant que je pouvais marcher sans trop souffrir — peut-être était-ce un bref moment de répit avant que la douleur ne reprenne et que les ongles à nouveau râpent mes entrailles — j'appelai le médecin. Un peu plus tard, je me trouvai dans le bureau boisé du Dr. Lewy. Elle me posa les questions habituelles — les aliments, les moments des premières douleurs ; si je prenais d'autres médicaments. Pression sanguine normale. Je sentis le froid du stéthoscope se poser sur mon dos, sur mon thorax, sur mes côtes. Ce fut à ce moment que je perçus quelque chose de différent chez le docteur. Elle avait pris un air soucieux, ses sourcils s'étaient froncés, comme si un nouveau problème venait de lui apparaître. — "Vous sentez des gargouillis ?", demanda-t-elle. — "Non." Je précisai : "Ce sont plutôt des pointes de douleur. Des griffes." - et elle gardait un air perplexe, étrange. — "Vous avez voyagé récemment ?" Non plus. Le dernier voyage datait d'il y a plusieurs mois ; et, lui apprenant que ç'avait été en Europe, elle hocha de la tête, mettant cette hypothèse de côté. Elle avait dû soupçonner une sorte d'infection tropicale. J'avais l'impression que mes organes changeaient de place, et je lui en fis part. Elle s'arrêta un instant, et réfléchit, essayant de se remémorer nos précédentes rencontres. — "Vous avez un situs inversus ? Je ne le vois pas sur votre dossier médical..." — "..." — "Vos organes ne sont pas disposés du côté habituel. J'aurais dû m'en rappeler..." — "Mais... il me semble que je vous aurais entendu le dire la première fois..." — "Vous avez dû l'oublier." J'allais protester, mais je vis bien que son ton sec était sans appel. Une fois encore, c'était le médecin qui avait décidé, tranché. C'était la seule hypothèse qui fasse sens dans son esprit, et maintenant elle ne voulait plus en entendre d'autres ; pourtant je l'aurais bien su si j'avais possédé une disposition originale de mes organes... On me l'aurait dit, le souvenir serait évidemment resté — ça ne s'oublie pas, une découverte de ce type. Et puis — portant la main par réflexe à mon cou, puis sur la poitrine — je pouvais bien sentir mon cœur un peu plus à gauche. Je ne comprenais pas pourquoi elle disait cela. — "Vous devriez voir un spécialiste, faire une radio. Au cas où il y ait quelque chose." — J'imaginais donc que le verdict devait être une possible tumeur, apparue soudainement, et détectée seulement du fait de la naissance d'une gêne douloureuse. Mais que la transition soit aussi rapide et contrastée ? Là encore je ne comprenais pas tout à fait. Je sortis du cabinet sans réel diagnostic, ni aide, à part un conseil vague de prendre du Doliprane... Je m'aperçus finalement que je ressortais de chez le médecin sans aucune réponse et presque avec plus de questions qu'avant d'y rentrer. La douleur s'était assourdie sur le trajet du retour. Tant que je marchais à pas réguliers, elle s'absorbait dans le mouvement ; c'était un balancement inconfortable, mais bien plus plaisant que l'immobilisme. Plus je m'en apercevais, plus j'ajustai mon trajet en y ajoutant quelques détours — par le parc, par la grande avenue — pour m'accorder un plus long répit avant de me retrouver à nouveau sur le sofa à souffrir. Là encore, j'avais de plus en plus l'impression que mon intérieur était en vrac, pêle-mêle. Ce fut dans les derniers mètres du parc que se produit un événement étrange. La grande allée qui menait jusqu'au portail était toujours fréquentée ; sous l'ombre des ormes qui la bordaient, quelques bancs de pierre abritaient des passants venus se reposer assis quelques instants, ou encore des couples profitant du cadre romantique avec vue sur les parterres de fleurs. Mais l'homme qui se mit à me crier dessus n'avait ni l'air d'un passant, ni celui d'un amoureux ; il ressemblait plutôt à un sans-abri africain, l'air sale et menaçant à la fois. Je ne compris que quelques-unes de ses invectives — car il semblait avoir consommé des psychotropes qui lui affectaient la diction. — "Vous faites de la sorcellerie, vous avez un evur !" Je pressai le pas sans répondre, espérant qu'il ne se mette pas à me suivre ou à devenir plus agressif. Ce ne fut heureusement pas le cas. Une fois de retour dans mon appartement, les douleurs reprirent à nouveau. Je réussis à me dévêtir, à prendre une douche froide, puis à m'allonger à nouveau sur le sofa en tee-shirt, espérant que cela passerait après quelques heures. Tant que je ne bougeais pas, la position n'était pas trop inconfortable ; cette pause et la longue marche eurent tôt fait de m'entraîner dans un état ensommeillé, et je m'aperçus que comme je ne pouvais pas vraiment faire autre chose, je pourrais malgré l'heure récupérer un peu de sommeil avec une sieste. Pourtant, malgré la fatigue, c'était le visage aux traits durs de l'homme qui criait qui me revenait incessamment à l'esprit. La mâchoire dure, la joue creusée et sèche. Je ré-entendais ce mot inconnu : evur. — Je m'emparai de mon smartphone, cherchai tant bien que mal — essayant différentes orthographes — ce qu'il avait voulu dire par là. Sans doute quelque chose de lié au mauvais œil ? J'imaginais une sorte de superstition liée à un habit, une couleur, ou encore à ma démarche qui devait avoir été affectée par la douleur intermittente. Finalement, je trouvai une piste... : Ewu, evur, mango, ngwel, inyamba... beaucoup de termes différents semblaient correspondre à un concept proche, plus ou moins celui-ci : certaines personnes étaient nées avec un organe supplémentaire, lequel était l'"organe-sorcier", et celui-ci pouvait avoir un effet magique à distance — s'envolait durant la nuit pour gâter une récolte, affliger un corps... Le pouvoir pouvait être utilisé en négatif ou en positif — en sorcier ou en médecin-guérisseur, dans une procédure proche du shamanisme — mais tout le monde gardait néanmoins ses distances, voyant d'un œil très méfiant les porteurs de l'organe. Qu'avait donc vu en moi le vagabond menaçant ? J'imaginai un instant qu'il avait pu, lui aussi, posséder cette sorte d'émetteur-récepteur et que celui-ci lui avait montré mes maux intérieurs... D'ailleurs, était-ce peut-être pour cette raison qu'il s'était exilé ? Me revinrent en mémoire tant d'histoires sur le traitement réservé aux personnes accusées de sorcellerie ou de mauvais œil dans les pays africains ; et puis les histoires sur ce que l'on imaginait dans les corps... comme cette croyance en Zambézie dans laquelle même les hommes chauves étaient parfois chassés — car on croyait que ce crâne trop lisse abritait de l'or sous la peau, à la place de l'os. Mais non, ça n'était que des vagues rêveries (bien qu'aux conséquences tragiques là-bas) — déjà, si l'organe existait, il aurait été découvert par nos anatomistes qui avaient déjà décrits des déformations internes autrement plus rares. Ensuite, il ne serait pas apparu soudainement, comme ça, après vingt-cinq ans : on naissait avec... Ou alors, était-ce une sorte d'atavisme très rare ? — De toute manière, son mode d'action le plaçait forcément dans le domaine du paranormal. Du moins, c'est ce que je pensais. Je réussis à m'endormir, d'un sommeil étrange — malgré la douleur qui revenait tantôt par à-coups. Comme si petit à petit, je l'avais acceptée, et amortissait ses pulsations en les divertissant petit à petit vers le reste du corps — jusqu'à ce que la fatigue absorbât tout. J'eus à nouveau ce moment où je sentais mon esprit être resté conscient, mais où le corps avait disparu. Et puis, alors, le rêve. — Je volais dans les airs. Étrangement, on ne voyait ni la lune ni le soleil dans les cieux ; juste un profond bleu marine, sombre, statique — le temps comme figé au moment où le crépuscule vacille. À l'ombre que je projetais sur les arbres et sur les immeubles, je me devinais immense oiseau solitaire. Un oiseau de proie. Je fondais vers l'allée aux grands ormes. Ils étaient là : les promeneurs du jour, les artistes perdus de la nuit... et puis cet homme étrange, le même que tout à l'heure. Le seul qui, soudain, regarda le ciel — et sembla m'y percevoir... le visage alors horrifié, les muscles du front si serrés que le contour des veines et artères semblaient être sur le point d'éclater... immobilisé par la peur... car il savait que je revenais pour lui. — Le son d'une sirène d'ambulance au loin me réveilla d'un coup. Les images du rêve encore clairement à l'esprit. Je vis par la fenêtre ouverte que l'après-midi touchait à sa fin ; le soleil se coucherait dans moins d'une heure. La douleur n'était plus là ; elle avait laissé place à une sorte de sensation diffuse — ce n'était plus une main qui me griffait les entrailles, mais une sensation encore légèrement inconfortable : la même main qui maintenant y ajustait la disposition des organes, les uns avec les autres, comme pour y essayer différents rangements et diverses combinaisons... Non, ça ne pouvait pas être une simple indigestion. Il y avait quelque chose en moi.
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  22. Loin des blockbusters Hollywoodiens ou du cinéma dit plus "respectable" comme les films d'auteurs, ou des essais pseudo-intellos, il existe une branche sombre, moins "branchée", boudée par les festivals et même par les critiques et les personnes sérieuses : le nanar. Et alors que de plus en plus de cinéphiles se passionnent pour cette branche ignorée du cinéma, elle reste pour le grand public une énigme, voire un passe-temps inutile pour des incultes manquants de goût. Dans cet article je vais donc m'attacher à rendre au nanar ses lettres de noblesse... Mais avant, un nanar, c'est quoi au juste ? Et bien la difficulté à définir ce qu'est le nanar est la frontière floue et ténue entre le nanar et le navet. Le premier est un film si mal réalisé, si raté, si mal exécuté qu'on le regarde non pour ses qualité mais pour ses défauts. Un film si raté qu'il en devient amusant... Il va sans dire que la pratique du nanar demande une sacrée dose de second degré. Un navet au contraire est un film mal réalisé, mais en plus chiant. L’intérêt du nanar vient donc de son accumulation de défauts. Cependant, la tentation est grande de qualifier un mauvais film de nanar, mais ce serait là une grave erreur. Prenez par exemple un bon vieux film bien de chez nous, « Le Jour et La Nuit » (film de Bernard "regardez-comme-je-suis-intello" Henri Lévy). La réalisation est grotesque, les acteurs mauvais malgré la présence d'Alain Delon et de Lauren Bacall, une intrigue ridicule : bref le film est raté. Tous les ingrédients d'un nanar, non ? Pourtant, non. Pourquoi ? Tout simplement qu'il est aussi ennuyant qu'un dimanche pluvieux à regarder Michel Drucker. Prenons maintenant un monument du nanar : « Birdemic ». OVNI réalisé par le génialement mauvais James Nguyen, Birdemic se veut à la fois comme un hommage aux « Oiseaux » d'Alfred Hitchcock et comme une fable écologique, avec en sus des effets (très) spéciaux, dignes de 2008. Le film commence par nous présenter Rod, au sommet de sa carrière, qui vient de signer le contrat de sa vie. Ne me demandez pas plus de précisions, le scénario ne le sait même pas. Aussi beau gosse que BHL, aussi expressif qu'une tranche de foie de veau, Rod est un winner. Fort de sa vente à 1 million de dollars il fait la rencontre d'une jolie jeune femme, mannequin internationale (bon, on se fout de savoir comment elle s’appelle, vu qu'elle n'est là que pour faire joli). Après l'avoir harcelée et suivie dans la rue un bon moment, il obtient son numéro et ne va pas tarder à la séduire armé de son regard ténébreux. Mais rien ne saurait être parfait dans ce monde, et les deux amoureux se font attaquer par des oiseaux qui n’hésitent pas à égorger les humains à coup d'ailes-lames de rasoir et à leur envoyer aux visages des fientes acides. Ensemble ils se battront contre les terribles volatiles à coup d'armes aussi dangereuses que des cintres, recueilleront des enfants ayant vu leurs parents "massacrés" par les piafs démoniaques (rassurez-vous, les mômes eux-mêmes n'en ont rien à fiche)... Présenté comme un film écologique (roulons électriques, installons des panneaux solaires, luttons contre le réchauffement climatique), Birdemic atteint un niveau d’incompétence jamais vu auparavant. Les acteurs sont mauvais, mais MAUVAIS à un point où cela en devient un art. La prise de son est dégueulasse, les effets spéciaux horribles : Birdemic cumule les clichés et les défauts, rien n'est à sauver dans ce naufrage, chaque scène étant plus bâclée que les autres, et c'est ce qui le rend si bon. Et voilà ce qui fait la différence entre nanar et navet.
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  23. Adieu l’espace et ses confins, Je squatte le canap’ et ses couffins. Si je reste couché c’est, qu’in fine, Dans mon appart, je suis confiné. J’ai pas de copine, je suis infidèle, je trompe l’ennuie. Toujours en pyj’, même en journée je vis la nuit. Le bout du rouleau, moi je m’en tape j’ai du PQ pour toute l’année. Mais je suis sympa, si t’as du shit j’ai peut-être des feuilles à te dépanner. Mais si t’as rien, t’es dans la merde et je m’en lave les mains. Garde tes distances, la visioconférence c’est plus humain. Je suis isolé et sans amour, mais j’ai Youporn, je m’en bat les couilles. Geste barrière, c’est quand on peut pas se voir qu’on se serre les coudes. Je paie sans contact, j’ai pas d’écran tactile, je suis pas câlin. Mais j’ai changé depuis qu’on mange du pangolin. Je rêve de bises, de poignées de mains, de faire l’amour sans porter de masques. Je veux revoir des prises de catch, des prises de tête, pas de prises de casques. Je traine sur twitter et sur tik tok, en quête d’amis. Je suis tellement seul, je parle aux voisins, j’appelle mamie. Sur l’alcool je lève le pied, y a que sur le net que je lève mon verre. Me laissez pas seul pour l’apéro, venez on s’accorde un plaisir solidaire. Être seul ça saoule, c’est pas facile, je regrette mon ex. Et si ça se trouve c’est elle qui me manque, pas juste son sexe. C’est vrai qu’elle en branlait pas une, où en tout cas jamais la mienne, Mais si elle me laisse tremper la plume, promis j’en fais ma cheffe indienne. A part moi-même dans ma chambre, plus rien ne tourne rond. Je voulais glander quand je bossais, maintenant je rêve de réunion ! Depuis mes premiers pas, j’ai plus jamais marché Mais je vais courir tous les jours pour une bouffée d’air pollué. Nique le canap’ et ses couffins, Je pars vers l’espace et ses confins. Si jamais je reste confiné Je serai sportif, sociable, travailleur et romantique ! Je préfère rester un con fini.
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  24. Je m'appelle Jean-Louis, je suis SDF. Enfin, je l'étais; pendant le confinement — l'année où le monde est devenu fou — des amis m'ont confié une de leurs chambres. Je ré-apprends à vivre; il est incroyable de s'apercevoir en temps réel de l'effet d'une douche quotidienne et de pouvoir manger chaud, chaque soir sous un toit. La rue ne me manquera pas. Elle, par contre... je n'arriverai peut-être jamais à l'enlever de moi. Elle y colle encore, comme une vieille brûlure, une cicatrice, une ombre de tatouage. Alors en attendant de trouver un autre travail, je survis avec celui qui fait partie du deal: logement et nourriture en échange du fait de tenir la caméra pour les colocataires, et parfois de les aider pour les projets un peu spéciaux ou dingues. Ah çà, ils en ont toujours. Ils sont tous les trois streamers — ils vivent connectés à Internet du matin jusqu'au soir... Pour eux, le confinement ressembla plutôt à un grand rassemblement virtuel. F.X. : (il ne répondait plus qu'à ses initiales...) - le grand blond qui joue obsessionnellement à tout ce qui demande du talent. Pas de hasard — il veut sur-développer chacune de ses facultés. Cultiver le skill. On l'entend tard dans la nuit hurler sur des adolescents jouant à Minecraft, lancer des piques pour narguer l'adversaire d'échecs qui a laissé permettre une fourchette ou une enfilade, puis on ne l'entend plus lorsqu'il répète avec compulsion le même niveau du même jeu une centaine de fois pour y gagner un point d'expérience. Mourad: trapu, les longs cheveux bruns en queue-de-cheval, lui se spécialise dans le domaine de la "réaction". On lui envoie de tout et n'importe quoi, et il le regardera — en public, à cœur ouvert, il est si habitué aux découvertes qu'il n'a même plus besoin de forcer pour s'exprimer à grands cris, ou éclater de rire de manière très contagieuse. C'était lui que je connaissais le mieux, nous nous étions rencontrés lorsque tout allait encore mal. À mon avis, c'est aussi lui qui permet que personne ici ne devienne fou ou asocial. Stéphanie — mais qui préfère qu'on l'appelle Luciole — pour qui l'aventure tenait un peu des deux. Jeux d'adresse, réactions, karaoké maison...; parfois elle se contentait juste de parler pendant des heures avec la communauté qui s'était formée autour d'elle. Au moins, celle-ci semble plus intéressante que toxique. Là, c'est facile de savoir si la caméra tourne ou pas: son visage n'est plus du tout le même avec ou sans maquillage. S'il y a un smoky eye ou un motif géométrique multicolore, parfois fluo: la caméra est on. S'il n'y a rien: off. Je n'ai jamais vraiment "vu" sa chambre: un bref coup d'œil avait suffit pour voir qu'à côté de la chaise ergonomique et du casque aux oreilles de chat, tout ce qui n'était pas dans l'angle direct de la caméra était un désordre monstrueux. Habits pêle-mêle sur le sol, emballages des paquets que des inconnus lui envoyaient, vieux sacs, trousses, chaussures, bouteilles vides... — je n'aurais jamais cru que la pire pièce de la maison serait celle de la fille. Encore heureux que je ne sois pas là pour faire le ménage. À vrai-dire, la chambre de F.X. n'était pas tellement mieux. Non — j'étais bien content d'aider surtout Mourad. Il sortait encore souvent, parfois pour trouver du contenu original, parfois pour ses autres jobs. Faut dire qu'il en cumulait trois! À côté du streaming, il réalisait des clips de musique, en free-lance; je lui donnais souvent un coup de main. Et encore à côté de cela, il avait produit quelques documentaires, dont un qui était même passé à la télévision à une heure de grande écoute. Quelque chose sur les go-fast belges, je crois. — C'était une passion qui lui restait de ses études. Il avait commencé une thèse en média, quelque chose sur l'influence qu'avait la représentation des documentaires à propos de la police anti-drogue sur les trafics eux-mêmes: le cercle vicieux d'une réalité qui se fictionnalise de plus en plus. Il ne l'avait jamais finie — mais parfois on l'appelait quand même "Docteur Mourad"... Il riait avec nous. — On s'était rencontrés sur le tournage d'un clip de rap. Un de ses amis-artistes; un esthète de la langue française, dont la figure de style favorite était l'épiphore — lorsqu'il finissait chaque rime avec "pute". Maintenant encore, je lui faisais découvrir de nouvelles ruelles dans la ville. Il faut dire que j'avais eu le temps de me familiariser avec les lieux. Là-dehors, pour survivre, on a deux choix: soit il faut se "payer" sa place (gare à celui qui en change ou qui oublie le "loyer") - soit il faut faire le nomade et toujours bouger. Je ne voulais pas finir dépressif et drogué au même endroit: j'avais opté pour la deuxième. Avec le mobilier urbain et le poids du corps, l'homme qui n'a plus rien à perdre devient fort et furieux. Au moins je n'étais pas tombé dans la délinquance. Bon, j'ai peut-être fait peur à quelques jeunes étudiants bourgeois, j'ai peut-être taxé un téléphone ou deux, quelques billets, mais ne m'en voulez pas — ils le voulaient, c'était écrit sur leur tête. Aujourd'hui, nouvelle aventure: nous allons explorer une porte en ferraille sous un pont, juste au bord de la ville. Je crois que le visionnage d'un documentaire sur les tunnels secrets du métro de New York a gravé dans son esprit l'envie d'en découvrir de nouveaux, ici, en Bouches-du-Rhône. À tous les coups, il veut y tourner un clip de rap façon Catacombes. — F.X. et Luciole ont des sessions, donc nous n'y allons qu'à deux. — "Miskine, arrête de récupérer tous les mégots." — "J'ai encore mes réflexes" - et je pensai: "et ma répartie facile". Il faut traverser toute la ville pour retrouver l'endroit. Certaines lignes de bus ne circulent même plus. Mais ça ne nous gêne pas; c'est bon pour la santé. Quasiment une heure plus tard, nous voilà enfin au bord de l'autoroute; il faut passer derrière un grillage, revenir un peu en arrière, on retrouve le pont, passe dessous: voilà, c'est là. La porte est comme la dernière fois, de la tôle hâtivement peinte, gris-acier. Seuls certains côtés ont des traces de rouille — on ne doit pas souvent y passer. La vieille station EDF est plus loin dans l'axe; et des ruines dans l'autre; c'était de là qu'il avait déduit qu'il devait s'y trouver des passages, surtout lorsque je lui avais parlé de l'écho. Si un bruit fort résonne dans l'espace entre la porte et les gonds, comme un cri — c'était comme ça que je l'avais découvert — celui-ci revenait plusieurs fois, après une longue pause, et de plus en plus déformé, métallique. Premier obstacle: une chaîne de métal encercle la serrure. Ce doit être pour pallier le verrou: la barre pendait, il ne marche plus. — Regard à gauche, regard à droite... Personne: tout le monde est resté chez soi. Mourad a emporté une sorte de cisaille industrielle. Clic, clac: en deux coups la chaîne rouillée tombe au sol avec un bruit métallique sourd. Deuxième obstacle: les gonds sont coincés. Ça doit faire longtemps que quelqu'un est passé par cet accès. Il faut forcer un peu, donner un grand coup d'épaule, et avec un grincement énervant, la porte cède enfin. — "Perfect", fait-il. Derrière le seuil: un grand tunnel dont on ne voit pas le bout. À l'un des murs, de nombreux tuyaux sont affixés, ils doivent parcourir le souterrain jusqu'à l'usine. Certains doivent être des câbles; ceux-là se connectent à deux grandes armoires en métal, abritant sans doute des transformateurs ou quelque chose du même genre. À intervalles réguliers, de petites lueurs jaunâtres indiquent la présence d'ampoules tout le long du tunnel. — "On explore pour voir comment c'est plus loin." Malgré les ampoules, impossible de voir où l'on met les pieds; je me demande bien à quoi elles servent — juste à prétendre qu'il n'y fasse pas nuit noire. Nous allumons les lampes-torches et nous avançons. Heureusement, puisqu'un peu plus loin, plusieurs grands trous circulaires dans le sol n'ont pas été bouchés. Ceux-là sont pourvus d'échelles rudimentaires en métal pour aller dans les égouts. Ça doit rejoindre le Rhône quelque part. Un peu plus loin encore, le tunnel devient une grande pièce peu illuminée. Une table, quelques chaises, l'endroit a l'air d'un bureau abandonné et poussiéreux. À bien y regarder de plus près, pas si poussiéreux que ça; certaines chaises sont même assez propres. Il flotte dans l'air une odeur de renfermé et de bière séchée. — "Ok on continue mais fais gaffe", me souffle Mourad maintenant préférant parler à voix basse. La pièce devait être une sorte d'ancien poste de contrôle, sans doute remplacée par quelque autre structure en surface et donc abandonnée maintenant. Mais c'est sûr: il doit y avoir d'autres accès — comme la porte en ferraille n'a clairement pas été utilisée depuis longtemps — et quelqu'un vient là de temps en temps. À l'autre bout de la pièce, deux nouveaux corridors; ce devait être une sorte de dédale. "Ça va faire un super endroit pour filmer... et puis tu sais à quoi je pense aussi? - Une vidéo d'urbex, ça va bien marcher ça aussi." — Nous explorons le premier tournant; plus de tuyaux, plus de câbles, et toujours ces ampoules blafardes. Je pose la main sur un tuyau... c'est chaud. Donc il y a des lignes d'eau qui passent par là? L'organisation est bizarre — j'ai un mauvais pressentiment. Et c'est juste après que mon collègue me réponde "Mais non y'a rien" que comme pour lui donner aussitôt tort, nous entendons alors un cri. Des hurlements... festifs? La résonance donne un ton métallique aux voix. Je réalise horrifié que toutes ces fois où j'avais cru entendre un écho, ç'avait peut-être été non-naturel... — Terrifiant. Mourad s'aperçoit que la lumière de ma lampe-torche tremble d'un côté à un autre... maintenant c'est en chuchotant qu'il me dit "Arrête de trembler, c'est pas un jinn, c'est un drogué tout au fond." - Je me dis que ce n'est pas franchement rassurant. Juste les nerfs. Et pourtant, nous continuons à suivre le tunnel... quelques tournants, puis l'on débouche sur une autre pièce, assez grande, remplie d'armoires métalliques dont certaines sont entourées de grillages. On doit se trouver sous l'usine, je pense. L'un des câbles rejoint un petit boîtier juste à côté de l'entrée, avec un interrupteur. Pour avoir une meilleure vue d'ensemble — la pièce est trop grande pour en voir le fond ou les recoins — on décide de l'activer... *clic* Mourad laisse échapper un juron. Un flot de lumière artificielle, blanchâtre, inonde la pièce entière. Il y a là une grande installation électrique, on distingue la forme de plusieurs générateurs au fond à gauche. Silencieux donc à l'arrêt. De l'autre côté de la pièce, plusieurs grandes tables en ferraille, avec des tabourets, dont l'un placé devant une sorte de meuble amovible rempli de boutons et d'interrupteurs. Le sol est couvert de mégots et de capsules de bière. Dans le fond, un grand objet qui dénote, relié par un câble électrique au meuble sur roulettes: une énorme enceinte — comme celles placées en concert — avec de petites lettres blanches et pointues: "Peavey". — Mais surtout: quatre personnes à moitié endormies, avachies sur le sol, seulement certaines sur des sacs de couchage de fortune. À côté de l'un, une grande flaque du dernier dîner. Et ils ont tous un autre point commun, à part d'avoir certainement fait une grosse fête la veille — ils ont tous le crâne rasé, parfaitement lisse, des blousons en cuir noir, des jeans très bleus, et des chaussures militaires dont les lacets sont très blancs. La lumière trop forte est en train de tous les faire grogner... ils gigotent. Mais déjà l'un était plus éveillé que les autres. Ça a dû être lui que l'on avait entendu... Il nous repère immédiatement. Ses yeux sont bizarres, semblent toujours fixer un point situé au-delà, derrière nous... Et alors — il montre les crocs comme un chien; et aussitôt se met à hurler. Même pas un mot; c'est une sorte de long monosyllabe qui se distord pendant que l'homme lui-même se tord dans tous les sens pour se remettre debout. Et il a un tournevis rouillé en main. — Nous nous sommes retrouvé dans une très mauvaise position... — "On taille!" hurle à son tour Mourad. Ça fait un moment que je ne tremble plus: la vision m'avait complètement réveillé comme une claque au visage. Nous prenons les jambes à notre cou, et détalons le plus vite possible. Il faut faire attention à ne pas tomber dans l'accès aux égouts... Puis, très vite: la lumière du dehors. Sauvés. Derrière nous, des cris de bêtes; mais nous n'entendons pas les bottes, soit qu'ils aient été encore trop médicamentés pour nous poursuivre, soit que l'on les ait semés. En tout cas: croix sur le clip — ce sera pour plus tard, et ailleurs. — — Le lendemain soir, j'entends Stéphanie crier sur Mourad dans la cuisine. — "C'est quoi cette histoire de tunnel avec l'autre!" — Je colle l'oreille à la porte de ma chambre pour suivre la dispute, ayant eu l'instinct que cela se rapportait à moi. Au début, juste des noms d'oiseaux — pour une fille, elle a le vocabulaire particulièrement fleuri... pensai-je. Et soudain une phrase qui faisait distinctement référence à quelque chose qu'elle n'aurait pas dû savoir: — "Et maintenant j'ai des skins toxiques sur mon tchat qui postent des photos privées et qui me disent que c'est Jean-Louis qui les a invités! Tu m'expliques, HEIN?"
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  25. Un soir que je rentrais un peu plus tard qu'à l'habitude, je m'asseyais fourbu dans un fauteuil trop usé pour réparer ce corps trop difficile à supporter. Mais il était pour moi ce moment donné de tranquillité et de quiétude dans une journée trop longue et trop stressante. J'aimais à m'asseoir ainsi pour contempler ce qu'il y a de plus beau à contempler dans une vie : elle était assoupie sur le canapé, allongée de tout son long, ses mains jointes et sa joue gauche posée délicatement sur elles. Elle avait ses paupières délicatement fermées sur ses grands yeux marrons qui pétillaient d'ordinaire mais qui avaient aussi besoin de se plonger en fin d'après midi sur elle-même, en elle-même. Sa respiration était douce et d'une fréquence cadencée comme un métronome bat la mesure d'une vie. Sans rien dévoilée de ce dont elle rêvait paisiblement : elle disait qu'elle ne rêvait jamais, plusieurs fois je lui ai dit qu'elle devait rêver mais que l'esprit est une maison bien ingrate qui n'ouvre pas toujours ses portes à la mémoire de nos nuits. Sa bouche entrouverte laissait passer la vie qui s'échappait de son antre et sa poitrine marquait ce tempo que nous avons tous et toutes. Je la regardais ce soir là comme on prend le temps de regarder une toile de maître, une oeuvre expressionniste qui a cette capacité à exalter nos sens : elle était une toile aux couleurs de l'amour, une peinture aussi précieuse que rare. Trop souvent, on la garde jalousement pour l'avoir sous ses yeux mais contrairement aux oeuvres des musées, elle était libre et c'est en cela qu'elle me plaisait. Je la regardais parce que je savais qu'un jour ou l'autre elle reprendrait sa liberté et que je souhaitais en garder une impression à jamais gravée en moi. Je savais qu'elle ne serait plus un jour où l'autre sur ce canapé... Alors j'étais assis...et puis mon téléphone vibra dans ma poche...et je fus sorti de mon état comme on vous extrait d'un lieu commun. Mon corps fut pris d'un tremblement de toute part et mes yeux s'ouvrir sur ce canapé...vide. Elle n'était pas plus là maintenant qu'hier ou avant hier : elle n'était plus là depuis longtemps. Cet instant qui se voulait reposant devint angoissant : elle avait gravé ma mémoire effectivement à un point que je n'imaginais pas. Elle n'est plus qu'un souvenir, un souvenir d'elle dans lequel mon esprit se noie quand il est fatigué, elle a traversé ma vie mais revient comme pour me rappeler les temps heureux et apaisant.
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  26. Bonjour, Vous croyez tout savoir du doute ? Et si on jouait à un jeu ? C’est un jeu de plasticité mentale qui va vous plonger dans une cosmologie surréaliste. I) Dans la série "on ne nous dit pas tout", voici ce que vous ne pourrez jamais percevoir, ce qu'on ne pourra jamais vous dire, et qui pourtant vous conditionne dans une précarité totale. Je vais vous énoncer des propositions apparemment absurdes et vous allez les modéliser, envisager leur vérité, concevoir leur déterminisme global. 1_ Vous êtes dans une bibliothèque, vous fixez un livre, vous faites un tour sur vous-même, et tous les livres ont changé d’apparence, à l’exception de celui que vous avez mémorisé. Seulement, il vous est, par définition, impossible de le savoir. Vous comprenez le principe ? Allons plus loin. 2_ Un hypnotiseur vous a convaincu que vous vous appeliez Claude. Ensuite, de retour chez vous, tout votre entourage s’est mis à vous appeler Claude spontanément. Seulement, au moment où on vous appelle Claude, vous êtes persuadé de vous appeler ainsi. 3_ Votre mère a appris la langue française en même temps que vous. Elle n’avait qu’une seule leçon d’avance : celle dont vous aviez besoin pour devenir. Le reste de son discours, celui qui vous était incompréhensible alors, était constitué d'onomatopées. Seulement, vous ne pouviez évidemment pas le déduire. 4_ Lorsque vous faites la vaisselle, que votre esprit est concentré ailleurs, la télévision, restée en bruit de fond, prononce des phrases incohérentes. La télévision émet dans votre spectre mental, elle est toujours là où vous l’attendez, elle peut difficilement vous empêcher de dormir ou saturer vos conduits, puisque vous l'avalisez. Là où vous n’avez rien vu, il n’y a rien, et là où vous avez vu du flou, il n’y a que du flou. Rien ne s’explique en amont, tout se justifie en aval. Seulement, votre manque de vigilance ne vous permet tautologiquement pas de le percevoir. 5_ Lorsque vous étiez enfant et que vous lanciez un ballon en l’air, sa trajectoire décrivait un triangle. Puis votre conscience scientifique a mûri, et le ballon a fini par décrire une parabole. Vos médias ont également mûri avec vous, avec votre capacité de reconnaître. Seulement, vous n’auriez pas pu filmer ce phénomène, car votre rétroaction l’aurait censuré. 6_ Avec votre femme, la guerre est ouverte, c'est l'enfer des nerfs. Elle s’est assise à côté de vous alors qu’elle était enrhumée, puis elle a éternué dans votre direction. Un peu parano, vous en avez interprété qu’elle l’a fait exprès pour vous contaminer. C’est faux, elle n’est pas suffisamment perverse. En revanche, si vous n’aviez pas dû interpréter cela, elle ne se serait jamais assise à côté de vous ! C’est le tort majeur et la raison mineure du schizophrène incompris. 7_ Votre ami a vu un film au cinéma, il vous en a fait la description. Mais, au moment d’aller voir le film, vous avez oublié ce résumé. Le résultat est sans appel : la description n’a rien à voir avec le film. "Ce que tu me dis ne peux pas être vrai puisque je vais l'oublier." Vous commencez à cerner : vous êtes la seule référence de vos environnements. Vous, vos mémoires et vos sens critiques. 8_ Vous êtes assis sur une chaise. Mais la chaise que vous touchez et celle que vous voyez sont différentes. C’est votre système interprétatif qui les synchronise en aval, rétroactivement. Un peu comme le cinéaste synchronise le son et l’image initialement dissociés. Ainsi, l’interprétation a posteriori précède votre perception si docile. Et puisque votre interprétation moule votre perception, elle est définitivement piégée par l’illusion de cette matrice objectivante. 9_ Vous êtes critique ? Vous croyez ce que vous voyez ? Mais sachez que l’inverse est vrai aussi : vous voyez ce que vous croyez. Et voilà ! Le circuit est bouclé. Ce processus circulaire est extrapolatif. C’est-à-dire que votre environnement est, dans une large mesure, une extrapolation de vos croyances (mais pas que). Vous identifiez une réalité, vous la conscientisez, vous la formalisez, et le moteur inconscient l’extrapole et vous la représente encore plus aboutie. La réalité reconnaissable est devenue encore plus réelle et mature qu’avant votre conscientisation. Vos environnements sont des microcosmes culturels intrinsèquement cohérents, mais sans réelle cohésion globale. Seulement, vous ne pouvez pas en douter sans devenir paradoxal. 10_ Si vous tombez accidentellement sur le journal intime de votre femme, alors le vice de la curiosité intrusive vous prendra peut-être les tripes. Intuitivement, vous vous direz que le contenu de ce journal est déjà déterminé, et qu'il ne vous reste plus qu'à l'observer, le lire objectivement. C'est une grave erreur : dans le temps propre de votre femme, ce journal est effectivement déterminé, mais pas dans le vôtre. Aussi, ce que vous y trouverez se déterminera au fur et à mesure de votre lecture, et peut-être y trouverez-vous vos propres ténèbres, alors que votre abstinence les en aurait exclus. Voilà une extrapolation quantique contre-intuitive bien difficile, voire impossible, à prouver expérimentalement. 11_ Si vous mettez votre professeur de mathématiques en échec, il utilisera l’argument d’autorité, ou une posture condescendante pour ne pas perdre la face. Jusque-là, on reste dans une humanité cohérente. Lorsque vous contredites vos supérieurs, un scénario transcendantal vous fera perdre votre répartie : votre mémoire, votre vigilance, votre posture, vos nerfs, parce que si vos transcendantaux perdent la face à vos yeux, alors vos environnements deviendront chaotiques, voire un peu gogols. Seulement, en dépit de votre violence ressentie envers les institutions, les transcendantaux, vous avez comme signé un contrat inconscient de reconnaissance envers eux, qui vous protège davantage qu’il ne vous contraint. 12_ Lorsque vous regardez une lumière rouge un certain temps, puis que vous fixez un mur blanc, vous pouvez apercevoir une couleur cyan sur ce mur : c’est son opposée. Les scientifiques vous expliqueront qu’il s’agit de l’activité normale de vos cônes photorécepteurs. Mais cette propriété est réductible en coût subjectif : c’est votre sensibilité, négative, qui vous inflige un coût, le cyan étant le coût subjectif du rouge. Et c’est l’ensemble de votre épreuve consciente qui fonctionne ainsi, ainsi le coût de la démence est la dépression, comme les lendemains de fêtes arrosées. Les lois, les prix et les causalités de vos environnements ne sont que des régulateurs géniaux et formels de ce principe premier. C'est un peu comme si vous jouiez au flipper, en mode action-réaction, ou que vous écoutiez un jukebox qui serait branché sur vos ondes. 13_ Maintenant que vous avez visualisé votre exclusivité référentielle, je vais vous demander un effort d’abstraction et d’extra-temporalité. Ce que vous ont appris vos professeurs à l’école étaient les évidences de votre expérience perceptive à venir. En gros, ils ont rempli les cases interrogatives de votre perception finale du monde. Mais, reconnaissez-le rétrospectivement, vos professeurs étaient alors incapables de conceptualiser leur discipline. On ne vous a pas appris les mathématiques ni les sciences, mais leurs éléments de langage et leurs tautologies directement reconnaissables. On vous a appris, par exemple, les équations différentielles comme un signifiant, un langage, tout en ignorant leur signifié et leur champ d’application. L’école ne vous a rien appris d’autre que du langage, dont vous avez le quasi-monopole grammatical et l’exclusivité conceptuelle, parce que seule votre conscience est capable d’organiser cette grammaire inductive et transcendantale. Et plus vous mûrissez, plus le langage environnemental élémentaire se complexifie. Le Soleil ne peut pas voir son ombre, et votre éveil ne peut pas voir l’incohérence de votre environnement, comme lorsque vous rêvez et que votre rêve s’adapte à votre vigilance, à votre discernement mental, votre spectre. Réalité / Rêve = Vigilance mentale !!! Malheureusement, dans une vie gratuite, il ne faut pas vous attendre à tomber sur des agrégés de philosophie. Le maître des clés du roman de votre vie ne possède pas la clé de la bibliothèque dans laquelle vous êtes enfermé. Moi-même je ne peux vous offrir qu’une brève émancipation d’observateur, qui, si vous m’assimilez, absorbera votre acteur en immersion. En outre, rien de ce que votre esprit a exprimé ou invoqué ne peut vous tuer, et ça va même plus loin : vos médias et vos environnements ne peuvent pas vous faire régresser, entendez par là que c'est seulement en leur qualité de complément d'objet endogène qu'ils peuvent le faire localement. II) Obsolescence du repère _ Comment avez-vous pu croire que la matière organique qui vous compose aie pu bâtir spontanément la cathédrale qu’est votre organisme ? L’ADN, ce n’est jamais que 100 000 gènes sans aucune coordination autre qu’une chimie chaotique, ni aucune motricité autre que la chaleur. _ Comment avez-vous pu croire qu’avec seulement 100 milliards de neurones, vous auriez pu modéliser l’ensemble de votre être et de vos objets mentaux ? Essayez de visualiser le nombre incommensurable de caractères de vos mémoires, sans parler de leur structure ultra-plastique. _ Comment avez-vous pu croire que les milliards d’objets autour de vous ont été conçus par des humains ? Imaginez le nombre de machines qu’il faut, ne serait-ce que pour construire votre réveil matin, et de surcroît le nombre de machines constructrices de machines, … Avouez-le, vous y avez cru parce que, dans votre environnement, vous avez rencontré des gens d’une grande qualité intellectuelle, et qui y croient aussi. Vous leur avez délégué votre esprit critique. Mais maintenant que vous savez que ce sont des génies, dont le relief n’est qu’illusion, qui croient ce que leur scénario leur dit de croire, vous vous retrouvez bien seul face à votre faculté de juger. Si vous avez compris ce que j’ai dit, si vous avez réussi à le justifier, il est déjà trop tard : vous êtes contaminé. Vous êtes soit trop idiot soit trop intelligent pour ce monde. Vous disposez maintenant d’un moteur à représentations en singularité formelle, c’est-à-dire que toutes les représentations, tous les concepts, vous sont devenus possibles. III) Rupture dualiste Ce qui est autour de vous n’est qu’une interface, et ce n’est pas un « quoi », mais un « pour qui ». Vous allez comprendre. Les scientifiques qui vous environnent ont su minorer une vérité criante : les couleurs n’existent pas. Ni l’onde électromagnétique (la lumière), ni vos cônes photorécepteurs (votre rétine), ni vos flux nerveux ne contiennent une quelconque couleur en-soi. La couleur n’est pas un « quoi » mais un « pour qui ». Or, si votre environnement a su vous cacher la vraie nature de l’énergie visuelle, pourquoi pas l'ensemble de votre expérience, qui est du même acabit ? Mon discours n'est donc pas nihiliste mais anthropocentrique, et il abolit la peur de tout que le matérialisme nous a suggéré. Mais il n’y a pas de conspiration, pas de complot environnemental, pas de Dieu trompeur, pas d’esprit démoniaque, le couple neurone-média évolue dans une parfaite autogestion. Il a cristallisé dans le scientisme, il a absolutisé la vérité de l’interface, parce qu’elle est intuitivement suffisante et d’une simplicité enfantine. IV) Déterminisme dimensionnel Il manque un cadre à tout cela, et je vais vous le simplifier. Ce cadre, c’est le dimensionnement de votre conscience. Je vous en offre une énumération avec une autorité que je vais justifier. Il vous est techniquement impossible de douter de votre véracité, c’est-à-dire de votre sens du vrai, car ce serait paradoxal. De la même manière, il vous est impossible de décider contre votre volonté, par définition. De la même manière, il vous est impossible de dénier votre réalisme, ça tombe sous le sens. Voici les trois dimensions paradoxales qui animent votre éveil depuis toujours, c’est la matrice de votre existence, c'est la grammaire de votre expérience. Et ces trois dimensions proviennent d’une seule : votre bien propre. Parce que, synthétiquement, il vous est impossible de vous administrer votre mal propre, celui que vous conscientisez. Votre bien propre, c’est votre « qui », et votre environnement c’est votre « pour qui ». Votre « pour qui » navigue dans les sillons de votre « qui » final. Votre « qui » répond à une formule simple : la conscience d’avoir conscience. Cette formule est circulaire, récursive, gratuite, explosive et sans limite de plasticité. C'est ce que j'appelle le moteur paradoxal, mon livre, que je vous invite à lire. Ça y est, maintenant vous pouvez dire que vous en savez sur le doute, mais je vous ai gardé le meilleur pour la fin. S'il existait la moindre réalité, un Tout, alors cette réalité aurait une infinité de sœurs jumelles, parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Or l'infini n'est qu'une notion, et l'ineptie d'un tel ensemble de clones peut nous interroger sur la notion même de réalité, qui ne saurait qu'être d'une incarnation prototypique et idéelle, et en aucun cas charnelle. La Vérité est un absolu, alors que nous, nous ne sommes que des réels. Il va donc sans dire que nous sommes tous des imposteurs. Mais nos dimensions, projetées dans notre plasticité, peuvent faire de nous des hôtes circonstanciels de la Vérité. Cordialement, Fraction
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  27. Tiong kiang regardait par la fenêtre cette foule disparate éclaircie qui déambulait à deux pas de la place Tian'anmen. En ouvrant son téléphone xiomi redmi de dernière génération, il se connecta sur son traceur temps réel munie d'une reconnaissance instantanée des facies, d'une prise de température temps réel et d'un bilan sanguin complet. Cette foule est 100% saine pensa t'il et il ne pût que se féliciter des pas de géant de l'empire chinois en matière de bio technologie. Devant lui, le milliardaire excentrique Jack Ma qui fit fortune avec son célèbre site ali baba et qui jouait depuis une star du rock ici et là... - Jack....avez vous distribué vos masques contre le coronavirus ? Jack était un poète et un business man.... Son envoi de millions de masques d'abord en Italie puis aux États-Unis et enfin en Europe avait fait de lui un homme prisé par le maître du parti communiste chinois, avait forgé son image de genereux donateur et avait nourri son ego. Jack savait que le pouvoir impérial lui rendrait au centuple ce petit service... Son regard se derida et il ria jaune, son sens des affaires l'avait quasiment occidentalisé et ses aises comme ses frasques devenaient insupportables et suffisants... "- je veux mon neveu !" Répondit il au maître de la Chine d'un air ironique et victorieux... Il reprit "- expliquez moi un peu...à quoi vous sert ma large générosité et surtout...comment vous escomptez me rendre la pareille..." Cet air suffisant degoutait Tiong Kiang...mais il lui répondit... "- Mon cher ami..., la Chine est le berceau des civilisations, la reine de l'intelligence humaine mais trop longtemps nous avons été raillés par le monde... Voyez vous, le coronavirus sort tout droit de nos ateliers de biochimie moléculaire, nous en avions l'antidote au moment où nous l'avons propagée depuis Wuhan" Jack faillit s'effondrer, pris d'un soudain malaise.... "Vous voulez dire que ces masques que nous portons vous et moi, que portent nos citoyens, que porte le monde entier a présent...sont une vaste machination de notre part ?" Tiong Kiang sourit... "Jack...jack...à quoi songiez vous quand nous avons introduit depuis vos usines cette petite puce nanotechnologique que nous vous avons demandé d'intégrer ?" - Je ne sais pas moi, que sais je des machinations du gouvernement ? Tout cela me debecte ! - quel gouvernement Jack ? Qui est ici dans ce bureau le meilleur biochimiste du monde ? - que voulez-vous dire ? Le parti n'est pas au courant ? Tiong reprit a pleine poigne son téléphone et cibla sur son application un certain Jack ma. - laissez moi vous montrer mon ami, regarder ce petit ... bouton rouge sur mon écran...bien...appuyez maintenant je vous prie... Jack ne sut pas bien quelle force le poussa à appuyer, la curiosité pensa t'il... Puis il s'effondra sur le plancher, mort... - "oh Jack...je n'ai pas eu ce temps de vous faire part que le coronavirus n'etait qu'une amorce...et que cette amorce peut être activée pour une réaction létale depuis vos petits masques qui ont inondé les visages de la planète...comme c'est dommage"... Tiong eut un rictus Heideggerien, il avait trouvé le moyen de rapprocher les étants du néant... Il reprit son téléphone et selectionna la liste de diffusion "parti communiste chinois" puis, appuya sur le bouton rouge.... Enfin, il prit sa tasse de thé noir et regarda longtemps la coche Europe et États-Unis d'Amérique. Il rit... Une pièce fut lancée en l'air...face j'appuie sur le bouton rouge, pile je vais me coucher... Longtemps la pièce tournoya sur elle même sur la tranche Mais elle aussi finit par s'effondrer sur le plancher FIN
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  28. Il pleut. Il n'y a rien de plus con comme décors que la pluie… C’est con, c’est cliché et c’est humide. J’ai passé 10 minutes à allumer chacune des clopes que j’ai fumées. Franchement, ça ne devait pas être simple pour Cro-Magnon de s’allumer le barbecue avec deux pauvres silex quand il faisait ce temps-là. C’est encore pire de se dire qu’on est capable d’envoyer des trucs en orbite autour d’autres truc en orbite, mais qu’on n’est pas foutu de trouver un moyen pour allumer sa clope sous la pluie. Peut-être devrais-je rentrer au foyer avant le couvre-feu. J’ai déjà fini mon paquet. J’ai la nausée. Je ne suis pas certaine que c’est d’avoir trop fumé. Je tremble. Je ne suis pas certaine que c’est à cause du froid. Au fond de ma poche, ma main droite joue machinalement avec ton petit cadeau. Comment réagiras-tu ? Est- ce que je te reconnaitrais ? Oh ça oui… Je n’ai pas oublié ton parfum, ta démarche, ton allure. Je vais attendre. L’envie de vomir ne passe pas. Ce n’est pas franchement sexy comme état. Les draps de ma portent encore une profonde trace de ton passage. Ce fut certes bref, avant qu’on ne nous éloigne, mais intense. Je n’avais pas bien compris alors, mais le temps a passé et j’ai mûri. Je me demande ce que tu diras. Te souviens-tu vraiment ? As-tu des regrets ? Moi oui. J’aurais voulu te retrouver plus tôt. M’as-tu aussi cherchée ? Quand je t’ai appelé, tu m’as semblé ailleurs. Comme si tes souvenirs peinaient à remonter. Pourtant tu m’as assurée que tu viendrais. Je ne devrais pas attendre… On m’a dit de ne pas le faire, que rien de bien n’en sortirait. On m’a prévenue que tu as changé, mais je suis convaincue qu’au fond, tu es toujours le même, que tu me verras et te souviendras de tout. Quand nous courions dans les parcs, quand tu me rejoignais au lit, quand tu me disais de ne pas m’en faire, que tu seras toujours là et que tu veillais sur moi…Je ne dois pas me laisser submerger. Et si j’étais déçue ? Je veux savoir. Je devrais faire demi-tour. Trop tard, te voilà. Je serre mon cadeau, avance d’un pas. Non, non. Celui-ci est trop grand et trop pressé. Mais l’autre derrière, lui, semble chercher quelque chose. Est-ce toi cette fois ? Peut-être. Le pas semble plus hésitant, plus laborieux que le tien. L’âge peut être. Il n’arrange rien, pour moi non plus. C’est toi, j’en suis sûre. Tu ne m’as pas vue. Ou alors ne m’as-tu pas reconnue ? J’avance. Ma main se crispe dans ma poche. Je ne sais pas si je vais te parler d’abord, ou te l’offrir. J’avance. Je suis certaine que tu comprendras sans un mot, d’un seul regard. Ce regard que tu portes sur moi à l’instant. Oui, c’est toi. Tes yeux interrogent ta mémoire, ils se demandent si c’est bien moi. J’avance. Ce regard. Tu avais le même quand nous courions dans le parc. J’avance. Quand j’essayais de fuir tes coups. J’avance. Quand tu me rejoignais au lit. J’avance. J’avais peur. Je m’arrête. J’ai encore peur. Tu me disais que tu serais toujours là, je voulais que tu te trompes… J’avais mal, j’ai mal, je sors la main de ma poche. Tu tends les mains, entre surprise et panique. Je vois maintenant dans ton regard le miroir de mes angoisses. Alors c’était cela qui te faisait bander ? Je ne tremble plus, presse la détente, le coup part. Tu t’écroules. Un cri a retenti derrière moi. Depuis que je rêvais de ce moment je pensais que ma colère s’évanouirait en pressant la gâchette. Il n’en n’est rien, alors j’essaie encore et encore. J’ai entendu ton hurlement se fondre dans l’écho des coups de feu. Je sens l’agitation autour de moi. Ça pue la poudre, la folie et la panique autour. Ma main vibre encore, mon poignet me fait mal, mes oreilles sifflent, je n’entends plus rien. Sous la pression de mon index, l’arme ne fait maintenant qu’un cliquetis inoffensif. C’était si simple. Je m’approche. Je veux être certaine. Sur le trottoir, le sang se mêle à la pluie qui file dans le caniveau. Les goutes sur ton manteau font vibrer ta silhouette. Tu parais presque encore en vie. Tu sembles jeune. Tu es trop jeune. Ce n’est pas toi. Une sirène retentie. Elle est toute proche. C’est trop tard. J’ai échoué. Comme toujours Papa, tu auras tout gâché, ma vie comme ta mort… --- Il pleut. Je ne sais pas pourquoi Maman m’a amenée ici. J’ai froid et je suis mouillée. Moi j’avais envie de faire du vélo ce matin, mais Maman m’a donnée une fleur et m’a dit d’aller la poser sur le trottoir. Alors je me suis approchée et j’ai fait ce que Maman m’a demandé. Les grands demandent parfois des choses bizarres, et il faut faire comme si c’était normal, parce que sinon ils sont tristes ou fâchés. Papa n’est pas là. Maman m’a dit qu’il était parti au ciel, mais je ne l’ai pas vu quand j’ai regardé par la fenêtre. Maman était triste alors j’ai fait comme si c’était normal. J’ai fait un dessin avec Papa et Maman et Mamy et la Maison, mais Maman était encore triste. Je me demande si c’est normal. Moi aussi je suis triste, un peu. Mamy est rentrée avec nous à la maison. Quand on est à la maison, Papa est toujours là après le Dodo et on joue tous les deux. Quand il pleut on fait des légos ou des puzzles, même si j’ai envie de du vélo. Mais ça fait plein de Dodo maintenant, et Papa n’est toujours pas là. J’ai peur. Peut-être qu’on peut prendre la voiture et aller au Ciel ? Je suis sûre que Maman dira oui. Je vais préparer mes affaires. Je prends Doudou. C’est obligé. Puis je vais prendre aussi un pyjama, des livres pour lire des histoires. Les légos. Pas tous, seulement lui, là, et le jaune, là-bas. J’irai demander à Maman de mettre le vélo dans le coffre. Il va être content Papa quand je vais lui dire que j’ai préparé mes affaires toute seule ! ---- La pluie s’est arrêtée. Tant qu’elle tombait, j’avais une bonne excuse, mais maintenant, je n’ai plus le choix, je dois monter sur ce vélo ou laisser filer Paul avec la grognasse qui essaye de le brancher - genre je n’existe pas - et je ne lui ferais pas ce plaisir, à la grognasse. On m’a dit que j’avais su faire du vélo quand j’étais petite. Il parait que j’en faisais avec mon père dans la rue. Je ne m’en souviens pas. Tout ce que je sais, c’est que mon père a été tué par une folle dans la rue un jour. Elle est sortie de son truc pour tarés et bien que Maman a tout fait pour qu’elle aille en prison, elle s’est évanouie dans la Nature. Maman ne s’en est jamais remise. Moi je ne sais pas trop. J’ai vu un type pendant longtemps et je devais lui raconter comment j’allais, ce que je faisais à l’école et tout. Maman insistait beaucoup pour que j’y aille, mais depuis que j’ai 15ans, elle m’a lâché la grappe. Alors je n’y suis plus allée. J’ai pas mal pensé à mon père ces derniers temps parce que mamy-folle-dingue n’arrête pas d’en parler. Tout le monde me dit qu’il était chanmé le daron. Moi je ne sais pas. J’aurais bien aimé savoir, au fond, mais je fais comme si c’était cool. En plus les mecs ça les fait graves kiffer mon histoire. Ils se la jouent genre protecteur, grands chevaliers, et tout… Je crois que ça leur plait. J’en profite. Sauf quand ça tourne en pitié. C’est pourri la pitié. Je ne sais pas pourquoi j’ai dit oui à une ballade en vélo. Je sais juste que Paul est beau-gosse, qu’il joue de la gratte et qu’il écrit des textes de slam super sensibles. Il m’en a même écrit un à moi. Ca ne parlait pas de mon père. Et ça valait bien que je sorte avec lui au moins 2 semaines. Ça fait 3 mois. Putain on est un vieux couple. On n’a pas encore couché, mais genre on se tient la main dans la rue et tout. Sauf qu’il y a la grognasse. Sa pote. Je suis obligée faire la niaise avec elle parce qu’il l’aime bien. J’ai peur qu’il l’aime un peu trop. Je suis sûre qu’elle aussi l’aime un peu trop. Hors de question de laisser ces deux-là ensembles. Paul c’est mon mec, et la grognasse n’y touche pas. Point barre. Ca y est… Elle fait sa belle sur son vélo. Putain de fille à papa pourrie gâtée. Nous on est en vélib, alors qu’elle se pavane sur sa bécane toute neuve. C’est bon grognasse arrête de faire ta bombasse là… J’enfourche la bête. Merde, c’est haut quand même, je touche à peine les pédales… C’est sensé tenir debout ce machin ? Faut faire quoi ? Ca ne tient pas ! … Et voila… je suis tombée comme une loque. La grognasse se fout de ma gueule. J’ai eu un flash. Je crois que je me suis rappelée mon père. En tout cas, je me souviens qu’une fois j’étais tombée. J’ai eu mal. Mais après Papa m’a fait un câlin et un bisou. Paul cours vers moi. Il me prend dans ses bras. …je me sens bien…. J’en profite un peu. Je le serre fort contre moi. Il m’embrasse, l’air de rien. Je le laisse faire. La grognasse ne sourit plus. Bien fait. --- Alors c’est ici. Je vais laisser le vélo contre le mur. Les gens vont me prendre pour une folle à rester là sur le trottoir, en plein cagnard. Tant pis, je ne suis plus à ça près. Depuis que Paul a insisté pour que je retourne chez le psy, après la mort de mamy-folle-dingue – si t’es là-haut aussi, mamy, le prend pas mal, mais t’étais quand même mal câblée - j’ai eu pleins de flash. Je me suis même rappelée de la voix de mon père et je crois que ça m’a fait remonter plein de sentiments en vrac, en même temps. C’est encore un peu confus. Je suis devenue ingérables, je n’arrête pas de rire et de pleurer pour rien. Le pauvre Paul est perdu. Faut dire que la grossesse n’aide pas. C’est le psy qui m’a conseillée de venir ici. Il m’a dit c’était un peu comme le dernier endroit que j’avais en commun avec mon père. Il m’a dit qu’il était tant que j’ai une discussion avec moi-même à cet endroit et que si je voulais, je pourrais peut être même avoir une petite conversation avec toi. Je ne crois pas trop à ces trucs, mais je suis allé voir maman à la maison de vieux et la fille qui s’occupe d’elle – Christine je crois - m’a dit qu’elle se laissait dépérir depuis qu’elle ne pouvait plus aller au cimetière. Pas certain qu’elle a compris que j’étais enceinte. Hors de question que je finisse comme ça. Tout va bien avec Paul, on a des bons taffs et je suis sûre que la petite sera heureuse. Le gynéco n’est pas encore sûr, mais moi je le sens, c’est une fille… A chaque fois que je bouffe du chocolat, c’est soirée disco dans mon utérus. Tu penses que tu lui aurais appris à faire du vélo ? … Tu penses que je n’ai pas l’air d’une conne à tailler la bavette avec un trottoir ?... Après tout pourquoi pas. Si tu veux savoir, Paul est un type bien. On est avocat tous les deux. Son truc à lui, c’est les petites frappes. Il aime bien défendre les jeunes de quartiers qui se sont fait choppés en train de dealer 3 pauv’ barettes de shit derrière la tour de leur cité. Il dit qu’il se sent utile, je n’ai pas encore vraiment compris à quoi. Il voudrait l’appeler Bérénice. Du coup au passage, je sais pas trop si ça se fait, mais si tu croises le grand manitou là-haut, ça m’arrangerai s’il pouvait envoyer une sorte de révélation à Paul pour le faire changer d’avis. Genre je ne sais pas, lui faire voire la vierge… Marie ça me va mieux comme prénom. Moi, mon truc, c’est les affaires familiales. Les divorces, tout ça. J’ai appris à pardonner. A l’évidence je ne tiens pas ça de Maman… J’ai aussi retrouvé la fille qui t’avait vidé un chargeur dessus. Enfin, retrouvée… J’ai juste retrouvé sa trace. Je ne sais pas trop pourquoi j’ai fait ça. Peut-être parce que je cherchais des réponses. J’y ai trouvé beaucoup de tristesse et pas que la mienne. J’aurais peut-être due venir te voir ici, c’est plus apaisant. En plus il fait bon. Quand j’ai quitté la maison, Maman n’est pas restée longtemps. Elle ne voulait pas être toute seule. Alors on a vidé la maison et elle a déménagé dans un petit appartement d’étudiant pas loin de chez moi. Elle est en maison de retraite maintenant. C’est ironique la vie, tu finis comme tu commences : tu quittes ta grande maison pour aller dans un appart en loc’, puis tu finis chez des sortes de nouveaux parents. Tout l’inverse du début… Finalement tu vois, t’as pas raté grand-chose du film... Une part de mon innocence s’est certainement envolée avec toi, mais pas complètement je crois. En rangeant les affaires de Maman, j’ai retrouvé une petite pochette plastique pleine de gribouillages. Je me suis souvenu de ces dessins, je les avais fait pour toi et je disais que je voulais te les apporter au ciel – tu m’étonnes que Maman voulait que j’aille voir un psy… Maman me répondait alors de les laisser au père noël, c’est drôle, je m’en souviens bien, tous les ans ce petit rituel. Elle me disait qu’il se chargerait de te les apporter. Au début il y avait beaucoup de dessin, puis de moins en moins. Finalement, vers 7-8 ans je pense, je n’en n’ai plus fait 1 par an. Bon, à 25ans, j’étais passé au-dessus de la déception d’apprendre que le père noël ne l’avait pas fait, mais je me suis dit qu’après tout, je pouvais bien te les donner moi-même. Alors je te les laisse, juste là. T’es pas obligé de les encadrer rassures toi. Le dernier, je l’ai fait hier. Je ne dessine pas beaucoup mieux tu verras, mais c’est quand même moins brouillon. Au sujet du vélo, je ne pourrais bientôt plus en faire pendant un bout de temps… Les joies de la grossesse et pire peut être, celles de l’accouchement. Mais j’y remontrais, promis. Quand ta petite fille apprendra, qu’elle tombera, j’essaierai de faire comme dans mes souvenirs. Tu vois, quelque part, il y a toujours un petit quelque chose de toi dans tout ça. … Voilà Papa. Je ne pensais pas que ce serait si dur… c’est le moment de te dire adieu. Je ne repasserai plus par ici de sitôt. Tu n’es plus là, tu ne l’as pas été. Je ne t’en veux pas. J’ai trouvé d’autres bras, d’autres mains tendues, et aujourd’hui, je vais bien. Il avait raison le psy. Je ferais bien de l’écouter plus souvent. Peut être que je te repasserai un petit coup de fil un de ces 4 si je tombe. J’espère que toi aussi, tu as un vélo au-dessus des nuages.
    5 points
  29. Le monde est vaste. L'univers plus encore. Et pourtant, dans ma vie, j'ai toujours manqué d'espace. Il y a eu de belles périodes pourtant, je m'en rappelle très bien. Des phases d'expansions où tout semble possible, où les limites s'effacent. Ces moments magiques où vous êtes en harmonie avec vous même, avec l'univers tout entier. Enfant, je me rappelle de ces champs où les haies et barrières étaient plus des accessoires de jeux que des frontières à ne pas dépasser. Le temps n'avait pas de prise. De belles rencontres plus tard, où l'alchimie était telle que que le mot symbiose semblait de circonstance. Le temps passe, on grandit. Le quotidien impose son rythme, la vie impose ses règles. Doucement, les habitudes se prennent. On fait avec, et on essaye de le faire bien. Mais la vie, c'est pas une histoire pour enfants. Il y a aussi toutes ces choses qu'on ne voudrait pas connaitre, auxquelles on évite de penser en imaginant ainsi éviter l'inéluctable. Au fond de soit, la crainte est toujours là, tapie dans l'ombre, parce que l'on sait. On sait que le monstre du placard existe bien. On l'a déjà vu à plusieurs reprises. On en repousse le souvenir, on retarde l'échéance. Et un jour, sans que l'on ne s'y attende, en tout cas pas plus ce jour là qu'un autre, ça arrive. Et le monde se contracte à nouveau. Les murs se rapprochent. Et cette sensation d'étouffement réapparait. Le cœur s'emballe, les émotions se déversent dans un flot incontrôlable. Cette boule au ventre que l'on avait cherché à oublier est de nouveau là. Est-ce la même ? Celle ci semble bien plus terrible, bien plus douloureuse que la précédente. Ce flot d'émotions renverse tout sur son passage. C'est l'esprit qui est chamboulé, et pourtant le corps lui aussi accuse le coup. Tout vacille. A chaque réponse de nouvelles questions, et la problématique exponentielle qui se développe alors ne laisse aucune chance. Introspection malheureuse, le problème n'a pas de solution. En fermant les yeux et en respirant profondément, peut être que ça ira mieux ? Les heures passent, les journées interminables se suivent et se ressemblent. La douleur est là, insupportable. S'atténuera-t-elle avec le temps ou s'y habituera-t-on simplement ? Cette plaie ne se refermera jamais complètement, comment le pourrait-elle alors que les précédentes ne l'ont jamais été. Et cette fois ci sera d'autant plus difficile que le rêve était sublime. Foutue claustrophobie existentielle.
    5 points
  30. Douze juillet. L'année a été perdue. Un petit homme, mais pas piqué des hannetons, se promène. Un papillon ? Il s'en émerveille. Une brebis ? Il la remercie. Il n'en reste pas moins affamé. De son air simplet, il laisse entendre qu'il est en quête de quelque chose. S'il pouvait croiser qui que ce soit, sûrement, ils l'éviteraient par crainte d'une conversation gênante. De sa marche assurée, son intellect se persuade qu'il est davantage Narcisse que Goldmund. Il a pourtant tout : un toit sur son dos, déployable, une arme et une tête pour se nourrir, quelques substances rassurantes et la certitude que son devenir est dans le creux de ses mains. Ne croyez néanmoins pas que notre explorateur émérite divague naïvement au gré des sentiers. Je peux vous l'assurer, il cherche. Il cherche de ces sentiers qu'aucune carte n'a la sagesse d'indiquer ni la force de porter. En bon philosophe, son auto-persuasion est des plus efficaces et, grâce à cela, il sait qu'il est sur le bon chemin, qu'au bout de celui-ci se trouve l'or de tous ses espoirs. Mais ne serait-ce pas là une biche ? Son ventre n'en gargouille que plus fort. Le voilà presque en un instant à l'arrière d'une broussaille, fusil à l'épaule, en train d'ajuster sa cible. Le coup part, la proie aussi. Seul résonne le bruit d'un arbre écorché par la balle et l'audible déception d'un estomac vide. Cette situation, il la connaîtra encore maints et maints fois dans la journée. Tant d'échecs reste incompréhensible, lui qui était l'un des meilleurs tireurs de son régiment. Peut-être que sa quête n'aboutira pas, finalement. Peut-être que tout désir de dignité est aujourd'hui vain.
    4 points
  31. Pourtant immobile, dans sa robe bleue, Le sourire docile, le regard fougueux ‒ La chaleur du fournil et la grâce des dieux ‒ Dans un souffle, puis dans mille, j'ai vu danser les cieux. Châtelaine chatoyante qui virevolte sans heurt, Par le jour enhardie, comme ignorante des peurs. Du dédain se défie quand défilent les heures Mais jamais ne dédit l'invariable pudeur. De la couleur éclatante qui s'échappe du ciel Aux solitudes volontaires d'une retraite spirituelle, J'ai perçu des plaisirs qu'on voudrait éternels. D'une silhouette gracile à la profondeur de la nuit Aux circonvolutions fébriles qui viennent chasser l'ennui, J'ai gravé ton souvenir dans le lapis-lazuli.
    4 points
  32. Le soleil se lève et avec lui ses rayons dardant Déchirent la couche de rêve lovée derrière mes paupières. Adieu la nuit, les étoiles, la lune et ses rayons d’argent. Bonjour la lumière qui s’infiltre comme à travers une meurtrière. En accord avec l’heure, j’ai l’humeur maussade De qui se lève moins pour l’aurore que pour éviter le déclin d’une vie. A mes côtés, la présence que j’ai adoré le temps d’une passade Devient mon abhorrée pour ne pas être disparue avec la nuit. Et soudain, j’ai l’impression d’être dévoré par un trou béant. Comme si j’avais un estomac à la place du cœur. Habité par Kronos et sa faim de titan, Je me sens disparaître, englouti par un vide intérieur. Délesté de toute pensée, j’œuvre de façon mécanique A l’entretien des rouages insensés qui articulent le matin Et je m’enfonce plus avant dans la suite arithmétique Qui me promet que chaque pas de plus me rapproche forcément de la fin. Et tandis que le temps passe, tandis que les heures meurent, Je me blottis au cœur de l’impasse comme l’architecte en sa demeure. Brûlant les minutes et les secondes dans mon infernal labeur En priant pour que demain puisse survenir avant l’heure. Ainsi la journée, triste goutte de poix, s’étire sans rien changer A l’engourdissement de mon esprit fébrile. Quel effroyable démon, avide de se venger, A pu bien rendre le temps si stérile ? Heureusement, il n’y a pas que les bonnes choses qui aient une fin. Heureusement, les mauvaises compagnies se quittent aussi. Et peu m’importe si plus jamais il n’y aura de demain, J’embrasse avec bonheur le crépuscule d’une ancienne vie. Comme si j’abritais en mon sein les confins du cosmos, Tout a coup confronté aux errements du temps. Telle l’étoile qui se recroqueville juste avant qu’elle n’implose, Enfin, je vois tressaillir la lumière à la faveur du néant.
    4 points
  33. L'estime de soi, savoir ce que l'on est, ce que l'on vaut. Se regarder dans une glace le matin et voir ce corps sans relief, trop ceci ou pas assez cela. Ce visage aux joues rondes et rouges qui ne dégage aucun charme, aucune sensualité, aux traits si fades et si insipides qu'il rendrait beau le visage le plus mutilé que l'on ait vu. Se dire que l'âge a fait des ravages, les excès de la vie aussi, le peu d'estime qu'on lui a apporté se voit dans chaque parcelle de ce corpus turpi. Voir les autres corps et se dire qu'on ne le supporte plus, que cette carcasse finirait bien à l'équarrissage comme la carcasse d'un bétail dont on ne veut plus. L'estime de soi, savoir ce que l'on est, ce que l'on vaut quand on a entendu maintes et maintes fois son géniteur répéter que l'on ne vaut rien, que l'on est qu'un pauvre garçon sans intérêt. On a beau avoir un métier diplômé, des qualifications dans ses passions mais ne plus avoir confiance en ses qualités personnelles. Toujours se comparer pour tenter d'aller plus loin, vers la perfection, être exigeant avec soi même pour se dire qu'on ne vaut rien parce qu'on n'arrive pas aux objectifs fixés, comme pour donner raison à celui qui dit que vous ne valez rien. Se trouver nul et se recroqueviller sur soi et renoncer, encore et toujours renoncer. L'estime de soi, savoir ce que l'on est dans les yeux des autres. L'altérité est une chienne qui ne vous laisse aucun droit à l'erreur. Vous avez construit une carapace pour ne pas montrer votre sensibilité, vos faiblesses dans votre estime personnelle. Et puis vient le temps du partage charnelle et se comparer encore et toujours, pas assez efficace même si votre partenaire vous dit que vous pourriez satisfaire n'importe quelle femme, mais vous doutez, vous pensez qu'elle le dit pour ne pas vous blesser...alors la séparation amène les rencontres d'un soir, d'une pulsion partagée mais qui n'aura pas de lendemain...car en fait votre "performance" n'est pas à la hauteur de la libido de votre nouvelle partenaire...alors vous vous rabougrissez encore plus sur vous même. Au final, on se déteste, on se hait, pas besoin de quelqu'un en face pour vous rabaisser, vous êtes conscient de votre médiocrité...alors il y a bien l'amitié...oui l'amitié...on vous trouve toujours un "mec bien", mais un mec bien qui dort seul, qui ne sait plus ce qu'il vaut, mais l'a-t-il déjà su une fois dans sa vie ? A-t-il entendu une fois de la part de celles partageaient sa vie qu'il était quelqu'un d'important, essentiel pour elles ? Non jamais...a-t-il entendu une fois son père, ce référent essentiel de la construction, dire qu'il était fier de ce que vous avez fait ? Non jamais...a-t-il entendu ses amis lui dire qu'ils étaient heureux de l'avoir à ses côtés parce qu'il comptait beaucoup ? Non jamais... Comment avoir de l'estime de soi quand vous ne savez pas ce que vous valez ? Comme s'aimer quand personne ne vous aime et vous le dit ? L'estime est un concept destructeur quand elle n'existe pas...quand ce que vous faites au quotidien n'a plus rien d'exceptionnel et vous rend invisible... L'estime de soi devrait être estime par soi mais elle est avant tout estime par les autres dans une société qui ne vous estime pas, mais qui vous utilise.
    4 points
  34. Je suis léger comme l'air qui me porte, je parcours les ciels comme un bolide....je me sens libre et détaché de tout...sentir l'air sur soi c'est ressentir les bienfaits du monde. Je regarde sous moi et je vois la Terre, ce monde vaste m'apparaît aussi petit et frêle que large et infini...sentiment partagé et étrange de pouvoir enserrer le vaste monde sans jamais le faire véritablement, tellement il est vaste...je passe entre deux rochers et je ressens la fraîcheur minérale qui me rappelle que nous tous sommes des autochtones. Je suis léger comme l'air qui me porte et je suis au dessus des océans...je descends jusqu'à frôler les crêtes des vagues qui me rappellent que nous sommes aussi liquides. Mes pattes jouent avec les gouttelettes des écumes mousseuses et blanches. La mer est iodée, délicatement et parfois puissamment. Je suis léger comme l'air qui me porte mais je sens que mon corps lutte avec la pesanteur...je fais l'effort de battre mes grandes ailes puissantes pour me relancer et prendre l'ascendant sur cette physique des corps qui nous empêche presque de nous ressentir vivant. Je vais m'extraire une fois de plus dans un courant chaud pour mieux me suspendre à l'éther. Mais le poids des ans me tire vers le bas, je me souviens alors de ma jeunesse fougueuse passée, cet âge qui vous fait prendre des risques insensés mais tellement vivifiant. Cet âge où le mot danger rime avec défi et vous fait dire que le monde vous appartient. Je sens le poids des ans passés passer. Je vais vers le centre de la terre sans aucun tunnel pour y accéder, je sens en moi la fatigue d'une vie de tumultes, bien remplies mais qui laisse le goût amer des mers inexplorées. Je suis minéral, liquide et iode, je suis dans l'éther et dans la terre, je suis ce que la métamorphose de mes rêves passés veut bien me rappeler. Je suis en décrépitude et incertitude.
    4 points
  35. — "Mais enfin, c'est ridicule". L'homme qui venait de porter le jugement était le détective McAron, un collègue de longue date. Son expérience dans le milieu n'était plus à prouver. Sûrement était-elle à l'origine de cette propension à se déclarer avec hâte en faveur de telle ou telle hypothèse, souvent sans hésitation; par mots incisifs, il tuait une théorie, proposait un autre angle, toujours affirmatif. Ç'aurait été irritant si je ne savais pas que ce n'était qu'une façade cavalière, et qu'avec ces déclames il cherchait surtout à se convaincre lui-même. De plus, il l'avouait sans problème: c'était juste sa manière de réfléchir. Lutter contre ses premières impressions était un exercice. Patient, je repris: — "Considérez ça juste un instant. Que savons-nous? Nous savons que F. H. a passé le plus clair de son temps, l'an dernier, chez le fameux notaire. Nous savons que le notaire a été impliqué — par de multiples occasions! — dans des affaires dont toutes impliquaient, d'une manière ou d'une autre, une personne aux R.G. . Lundi dernier, au cours de la même nuit, un vol par effraction est commis chez F. H., l'un de ses tableaux; et une même "visite" est menée chez le notaire, sans que là rien cependant ne soit subtilisé. Vrai ou faux — toujours est-il que c'est ce que celui-ci affirme. Une frégate que nous savons utilisée par les services part la même nuit du port de Marseille. L'aconier fait état de grandes boîtes — approximativement de la même taille qu'une toile, c'est lui-même qui nous a donné cette précision." Le détective hoche la tête, bougon. Notre marche s'était quelque peu ralentie, et par grands gestes je ponctuais les faits pour en souligner l'importance. — "Certes, certes! Mais le reste de votre "théorie"? " — "Le tableau était récent, F. H. n'en a donné que la plus vague description; je suis d'avis qu'il avait quelque chose à cacher." — "Pourquoi pas — mais des vols de toile, cela arrive tout le temps. Au marché noir, moins l'œuvre est connue, plus elle a des chances de se vendre sans que le bénéfice ne s'en ressente. Il n'y a pas de lien prouvé entre le vol et le navire. Entre Avignon et Marseille, il faut quoi? Une heure à peu près? Le timing est trop juste: l'invité-mystère ne serait resté dans la demeure qu'à peine une minute. Combien de cambriolages dans toutes les bourgades à proximité dans la même nuit? Nous ne le savons même pas. Et puis: admettons que les deux événements sont liés; le reste de votre théorie?" — "C'est justement la rapidité de la subtilisation qui m'a mis sur la piste. Même la porte brisée ne fait pas sens: qui aurait immédiatement trouvé la véranda, pourtant bien abritée des regards, fracturé le carreau pour en tourner la serrure, s'aventurer dans un dédale de pièces et d'antichambres sans se perdre et comme en ligne droite vers le bureau, pour en prendre juste une toile bien précise — sans, je vous le rappelle, vérifier les tiroirs, fouiller les papiers, prendre l'une des statuettes de sa collection, ni même explorer les bijoux de madame. Pourtant, des choses de valeur, ça n'était pas difficile à trouver là-bas, nous l'avons bien vu. Bref: le voleur savait exactement ce qu'il devait prendre, où, quand et comment. À mon avis, la porte n'était même pas fermée. Peut-être même que c'est F. H. lui-même qui lui a confié le paquet, et que l'inconnu a eu tout le temps pour filer vers Marseille pendant que F. H. brisait le carreau lui-même." — "Et pourquoi cet objet précis?" — "C'était bien qu'il ne s'agissait pas d'un tableau, mais tout simplement d'un message. Je pense qu'il y a des documents cachés dans le cadre, ou qui sait, peut-être même des microfilms imprimés sous la couche de peinture. Toujours est-il: l'information est ramenée jusqu'au port, le destinataire averti sait immédiatement de quoi il s'agit et a dû recevoir l'instruction de larguer les amarres, ce qu'il fait derechef. Tout cela a du sens si l'on admet que F. H. n'est pas à la retraite, mais au contraire a gardé un rôle-phare dans tel ou tel groupe affilié aux services." — "Je persiste à croire — et s'il vous plaît, ne le prenez pas mal — que vous vous êtes plutôt façonné une nouvelle théorie du complot." Nous nous arrêtâmes machinalement une fois arrivés à la place qui bordait la vieille ville. Comment ne pas comprendre son point de vue? Il est vrai que les liens entre chaque élément du puzzle ne consistaient en rien des preuves. Chaque événement aurait pu être indépendant. L'intuition, toutefois, refusait de s'incliner pour l'instant. Je ne pouvais pas imaginer qu'une même trame ne connecte l'ensemble, et le simple fait que la chronologie soit possible s'invitait à penser qu'elle fût donc nécessaire. Avec un silence et un sourire, j'invitai McAron à partager un café à quelque terrasse de la place. L'après-midi était ensoleillée et agréable, et nous avions bien le temps de boire quelque chose de chaud après toute cette marche. Nous nous dirigeâmes vers l' "Échoppe". La place était fort fréquentée à ces heures, et quelque passant observateur aurait pu remarquer certaines de nos habitudes qui trahissaient le métier: le choix d'une table en terrasse, dos au mur et face à l'entièreté de la place; l'un de nous étant resté dehors le temps que l'autre fasse signe au garçon; le regard qui vérifiait avec régularité chaque rue et ruelle attenante. Lorsque quelque conversation prenait du volume, le fait de ne pas forcément regarder ceux qui y prenaient part, mais ceux-là, autres, qui s'étaient tournés vers le groupe, et trahissaient ainsi en avoir compris des bribes. Un jeune homme nous amena deux cafés, serrés, et la note. McAron allait boire le sien encore brûlant. Pourquoi voulait-il tant se faire mal au palais? De mon côté, j'avais développé l'habitude de maintenir la coupelle d'une main, la tasse de l'autre et, comme s'ils étaient liés par une chaîne invisible, de les mouvoir ensemble, l'une au-dessus de l'autre, de la table jusqu'aux lèvres. Les tables proches de la nôtre accueillaient touristes et étudiants; parmi les conversations en français et en anglais, des tranches de vie se dessinaient. Nous étions plutôt silencieux. Il fallait savoir profiter d'un répit, les quelques mots laconiques n'étaient donc pas pesants. Au contraire, parfois nous communiquions d'un sourire, ayant entendu quelque mot d'esprit à côté. — "Tiens, justement", fit-il. Il pointa une fenêtre à l'autre bout de la place. L'immeuble du toit à la porte reflétait le ton sévère de ces anciens hôtels transformés en collections de cabinets d'avocat. Comme aucune fenêtre ne semblait se démarquer de cet air grave, je lui demandai ce qu'il voulait dire. Troisième étage, deuxième à droite — si point d'erreur. Il s'agissait là du cabinet de X., l'un des anciens avocats de F. H. . Amusante coïncidence, mais qui ne nous apportait aucun nouvel élément sur l'affaire. En promenant le regard le long de l'immeuble, je la remarquai enfin. — "Regardez", lui indiquant à mon tour le détail qui dénote. — "Trop éloignée de la terrasse pour être avec les touristes". J'acquiesce. — "Étrange, ça n'a pas l'air de la maison, non plus". À proximité de la porte, la forme sombre d'un carton, manifestement abandonné. Certains touristes oubliaient leurs bagages, mais aucun avocat ne laissait traîner un carton à demi-ouvert à deux pas de son lieu de travail. J'eus un mauvais pressentiment. En un regard, il me comprit. Nous décidâmes de faire signe au garçon, et lui montrâmes le colis oublié. Il allait s'apprêter à traverser la place pour y jeter un œil, mais je l'en empêchai de justesse. Je comprenais qu'il ne s'agît là peut-être que d'une fausse alarme et d'un carton vide, mais je n'allais pas le laisser le prendre à pleines mains au cas où mon mauvais présage se confirmât. Appeler la police, créer un périmètre, certes un casse-tête pour un restaurateur de la place. Ça allait faire fuir la clientèle et attirer les curieux. — Et, de fait, nous n'eûmes même pas le temps de terminer notre signalement: un cri strident résonne de là-bas. Un cri qui me rappelait des choses que j'avais voulu oublier. McAron, lui aussi, immédiatement comprit de quoi il s'agissait. Un ordre pour le garçon d'appeler immédiatement les autorités, et nous nous ruâmes vers l'immeuble. Mon collègue brandit un badge et en quelques mots brefs empêcha quelques curieux de trop s'approcher. Un étudiant costaud nous aida à signaler à la foule de garder une certaine distance; quelques autres s'occupaient de la touriste en pleurs, anéantie par sa découverte. Car nous le voyions bien désormais: un seul regard sur la boîte ouverte avait confirmé le problème. Mes théories n'étaient peut-être que des collections de coïncidences, mais je sentais bien que la présence de trop de pièces de puzzle confirmait l'existence du puzzle — et mon collègue semblait déjà plus enclin à y re-réfléchir. — — Car ce que contenait le colis, c'était la tête de X.
    4 points
  36. L'érotisme Une mise au point nécessaire. C'est mon sujet de prédilection. Après mes chères études, l'équitation, les arts martiaux et la nature, l'érotisme est une passion. Depuis le début de l'adolescence, j'ai toujours été attirée par l'érotisme. Peut-être même avant déjà. C'est apparu comme ça, d'une façon assez nébuleuse. Doucement. Insidieusement. Dans la solitude de ma chambre j'aime toujours encore me livrer à l'exploration de l'érotisme. Je m'auto érotise avec bonheur. A cet effet, le miroir de mon armoire reste mon plus fidèle ami. Tel Narcisse j'aime à m'y contempler. Lorsque j'avais 15 ans, j'ai commencé à me vêtir de manière suggestive. D'abord pour faire plaisir à mon miroir. Puis très rapidement pour me faire plaisir à moi-même. Je suis une de ces filles dont l'image renvoyée par le miroir flatte terriblement l'égo. J'aime y étudier mes vêtures, mes poses. J'aime me provoquer par des attitudes. J'adore l'image que je renvoie. Dans les positions que je prends en jupe, en robe, j'aime savoir jusqu'où je peux jouer. Je sais par cœur les limites que je dépasse lorsque je veux m'amuser. A l'adolescence j'ai fait une merveilleuse découverte. Je suis de nature exhibitionniste. Au début, je culpabilisais un peu. Cette vieille culpabilité judéo chrétienne alors que mes parents ont toujours pris le plus grand soin de m'éviter toutes éducations tendancieuses. M'évitant toutes les prisons mentales de la religion. Mais, dans un pays latin, il est impossible d'y échapper. Ne serait-ce que par les amis du lycée. Cette nature exhibitionniste m'a apporté tant de plaisirs, de satisfactions et il faut bien le préciser, de jouissances, que j'en nourrie chaque déclinaison avec amour. Je suis aussi voyeuse qu'exhibitionniste. Dans ce domaine j'ai le privilège d'avoir tous les vices. Je peux aller de l'un à l'autre avec un égal bonheur. Je l'assume totalement. J'en éprouve fierté et contentement. Dissimulée derrière l'anonymat d'un pseudo, sur les forums où j'enchante un lectorat fidèle, j'apprécie de publier régulièrement quelques récits tirés en "copié/collé" de mon Blog personnel. Ce sont toujours d'amusantes anecdotes où je relate d'authentiques petites histoires vécues. Ce n'est jamais pornographique. Je déteste la grossièreté et j'évite soigneusement toutes formes de vulgarités. J'aime l'excellence dans l'expression écrite. Dans la sémantique. Je me mets en scène aussi bien par l'écrit, dans l'univers virtuel que dans la réalité. Par contre il est tout à fait exclu de publier des photographies personnelles. Il y a une abondance de demandes dans ce sens sur la messagerie privée de mon Blog. C'est totalement exclu. Je le précise encore une fois sur cet espace. Mes récits seront autant d'exhibitions textuelles. De quoi alimenter n'importe quelle libido désireuse de s'encanailler un peu. Femmes ou hommes. Celles et ceux que le sujet n'intéressent pas s'abstiennent de poster des commentaires inutiles auxquels je ne réponds jamais. Leurs avis et leurs opinions m'indiffèrent. Je ne viens pas débattre mais publier. L'érotisme étant à mes yeux un sujet bien trop "sacré" pour qu'il soit abordé par des individus n'ayant aucun sens du "sacré". J'invite donc les amateurs du genre, véritables voyeurs épistoliers à découvrir ici les histoires "croustillantes" que je me propose d'offrir de manière régulière. Jamais sur ce Blog mais sur ce superbe forum, dans la rubrique "sexualité". Allez-y, vous n'en reviendrez pas ! Je souhaite à toutes et à tous de bonnes découvertes. Dans la joie. Dans le respect. Dans l'humour. Sans vulgarité. Avec "doigté"... Bisou
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  37. J'aime écrire C'est un de mes plus grands plaisirs. Pas seulement parce que j'aime partager mais parce que le simple fait d'écrire me projette dans un indicible bien être. C'est à la fois revigorant, gratifiant et satisfaisant. Ce qui explique ma propension à publier du texte. Je le fais évidemment de préférence sur mon Blog. Mais je le fais également sur les forums où j'interviens. J'ai mon panel de lecteurs fidèles. Sur mon Blog, à ce jour, (dimanche 18 janvier 2020), il y a 2878 visites. Et 2207 lectures. La différence s'explique par un phénomène très simple. L'album photos. C'est un blog érotique. Ce qui explique que 671 visiteurs sont allés directement dans l'album photos. Dans l'espoir d'y découvrir quelques grivoiseries. Hors, dans l'album photos de mon Blog, ce ne sont que les paysages que je mets en vignettes sous mes récits. Ces 671 visiteurs ont tout simplement zappé les textes. 671 visiteurs sans doute confrontés à des difficultés de lecture, d'un niveau d'instruction trop bas ou alors exclusivement animés de la pulsion imbécile de découvrir d'éventuels clichés cochons. Que nenni. Le voyeur en est pour ses frais. Cela m'amuse beaucoup. C'est d'ailleurs un piège que je tends aux curieux, aux voyeurs et aux incultes. Pourtant, celles et ceux qui suivent mes récits, ici ou ailleurs, savent à quel point ces derniers sont attrayants, attractifs et "torrides". Si pas "croustillants". Je les laisse imaginer les écrits sulfureux de mon Blog. Un Blog que je ne désire pas référencer. Un Blog qui n'apparaît donc sur aucun moteur de recherche. Un Blog pourtant visité plusieurs fois par jour depuis sa création, en mai 2019. Une moyenne de 319 visites mensuelles. Un succès. J'en suis assez fière. C'est une joie. Lorsque je publie un nouveau récit sur mon Blog, j'en compose un résumé succin. Je peux ainsi le partager avec mon lectorat. C'est un exercice que j'aime pratiquer. Cela oblige à se limiter. J'excelle dans cette discipline. Au lycée, mes professeurs m'encourageaient à l'écriture. Ils étaient ravis de découvrir mes proses. Je me souviens qu'un de mes textes avait été affiché durant un mois sur le tableau central en salle de documentation. De façon anonyme. Il était demandé aux élèves qui le lisaient de laisser une appréciation. C'était souvent dithyrambique. Ces simulations d'auteurs connus mais volontairement gardés anonymes, me flattaient. J'en remerciais mon professeur de français. Cela m'encourageait bien évidemment à continuer. J'exigeais toutefois un total anonymat. Dans une classe de lycée, c'est comme sur un forum, il y a les jaloux et leurs commentaires acerbes. Déjà au lycée, les plus stupides prétendaient, plein de suffisance et de fatuité : << C'est un garçon qui écrit ça ! Pas une fille ! >>. Evidemment, pour les sots, les filles ne sont pas capables de telles choses. Chacun comprendra. Et nous sommes en 2020 ! Mon fantasme de publier un jour me taraude. Lorsque je m'attellerai à ce projet, je n'aurai qu'à puiser dans mon Blog pour aller chercher l'inspiration. Mon Blog restera comme une archive infaillible. J'ai d'ailleurs en projet de tirer tous mes récits, (plus de 40), sur papier. Il faut simplement que je trouve l'endroit idoine, (et secret), où je pourrai conserver mes documents "papier". Il est évidemment hors de question qu'ils tombent entre d'autres mains. Surtout celles de mes parents. Même si maman me connaît bien, elle ne sait pas tout. Heureusement. J'aime aller sur mon Blog comme j'aime à aller sur les forums où je publie. Même si le temps d'écrire, à cause de mes études, me manque cruellement... Bisou
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  38. La condition humaineJ'entends souvent des garçons prétendre que c'est plus difficile pour eux que pour nous les filles. Ils font évidemment allusion à la sexualité. Il me faut ici les rassurer et peut-être les dissuader d'avoir de telles croyances. Car ce sont autant de légendes urbaines qui se propagent comme autant de fakes news. Ce n'est tout simplement pas vrai. C'est même tout simplement impossible. Sinon grotesque. Je vais tâcher de bien leurs expliquer. Accrochez-vous les garçons.Nous autres les filles, nous sommes beaucoup plus sélectives. Beaucoup plus exigeantes. Il nous est souvent impossible de pouvoir nous abandonner au premier crétin qui nous drague. Que ce soit le crétin obséquieux. Le crétin "boulet" ou encore le crétin lourdingue. Il y a aussi le crétin sans scrupule. Le crétin facétieux. Le crétin prétentieux. Le crétin qui se comporte comme un barbare. Le crétin hussard. Le crétin inconscient. Le crétin mythomane. Le crétin jaloux. Le crétin sans scrupule.Comme on peut le découvrir dans mon exposé, le crétin se décline à l'infini. Nous pourrions également analyser l'imbécile qui se prend pour un incontournable. L'imbécile heureux. L'imbécile qui fréquente les discothèques pour tenter l'impossible. L'imbécile pathétique. L'imbécile qui se trouve irrésistible. L'imbécile qui se prétend diplômé des hautes sciences de la sexualité. L'imbécile qui roule des mécaniques. L'imbécile impétueux. L'imbécile qui allume une cigarette pour se donner de grands airs.Comme nous pouvons le voir, l'imbécile, tout comme le crétin, se décline en variétés infinies. Pour tous ces individus, nous comprenons bien que "conclure un plan cul", c'est très loin d'être gagné. Surtout si l'on prend en considération que parmi les crétins il y la les idiots. Que parmi les imbéciles il y a les cons. Sans évoquer les connards qui deviennent agressifs, insultants et injurieux quant toutes leurs manœuvres d'approches ont échoué. Et ceux-là sont surtout nombreux sur les forums.La différence entre un con et un connard n'est pas immédiatement perceptible chez la jeune fille "innocente" et naïve". J'évoque ici une expérience personnelle. Le con, c'est dans sa nature. Il est naturellement con. Il ne le fait pas exprès. Il est parfois tellement con qu'il pourrait en devenir sympathique. On a envie de lui venir en aide. Alors que le connard est une sorte de pervers. Il imite le con mais dans un but cynique. Avec le désir de faire du mal. Le connard ne se détecte pas toujours si vite.On détecte le connard à son comportement. Le plus simple est de l'observer au volant d'une voiture. De l'observer vautré dans son canapé devant un match de football. De l'observer devant un débat politique à la télévision. De lire ses interventions sur des forums. De l'écouter parler "femmes" avec ses potes au bistrot. De le voir faire son numéro dans son jogging Adidas tout neuf, chaussé de ses Nike toutes neuves et surtout coiffé de sa casquette d'abruti. En parodiant un con. Alors prétendre que pour les filles ce serait plus facile que pour les garçons reste un concept ridicule, stupide, voire inepte. Comment pourrait-on avoir le moindre désir pour cette immense majorité de garçons ? Non ! Pour les filles c'est encore plus difficile. Il nous faut tout de même un minimum de classe, d'intelligence, de raffinement et d'élégance pour être séduites. Sans évoquer l'émotion qui prédomine sur la bestialité et le premier degré dont font preuve les "primates". Ce n'est pas simple.Comme on peut le constater, et enfin le comprendre, l'égalité entre les garçons et les filles, c'est encore très loin d'être acquis. Sans doute même une chimère…Bisou
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  39. Quand Rat vit Souris, ravi, il lui sourit, Rêvant de partager avec elle un gruyère En son trou — haras futur si Souris s'y erre. Ce n'est pas ainsi qu'on attire amie Souris Donc elle, plus fromage à tiramisu, rit. Mascarpone elle veut, mascarpone elle aura, Alors Rat, gaillard, dit à la belle chafouine, Mais d'une voix suraiguë car Rat qui dragu'couine : « Tu manqueras de rien avec ton lascar Rat », Sur ce, Souris sans sourciller démasqua Rat. Car enfin Souris a l'nez fin et Rat vit sans Le sou mais Souris, sans le souci d'être aisée, Pour peu d'être estimée, bien aimée et baisée, Eût aimé un rat bougre, irascible, indigent, Mais pas un bas rat inheureux concupiscent. Merci à @Ines Presso pour l'invitation au calembour : voir le topic Les rats.
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  40. Une fois n’est pas coutume, c’est pour moi cette fois, que j’ai décidé d’écrire. Sans masque, sans fiction, sans paraboles ni interface si ce n’est celle de ce cher Loopy. Ces temps-ci je suis fatigué. Peu de choses me réjouissent et les sujets de conversation d’ici-bas ne m’inspirent guère plus que la feuille blanche devant moi. Les mots ne me viennent pas, ou alors dans le désordre. Quand je range, c’est trop rangé, quand je les laisse, c’est incompréhensible. Tout me semble lointain. Tant pis, je jette. Nous verrons si du sens en ressort. J’ai le sentiment d’être hors de mon corps, de flotter au-dessus de mon esprit sans ressentir la moindre empathie. Chronique d’un jeune cadre perdu dans la forêt urbaine où il ne fait pas bon bouder les « afterwork » et autres « teambuilding » consensuels pour lesquels on s’acharne à trouver des noms plus ridicules les uns que les autres. On monte chez moi par un de ces escaliers qui vous font penser que le Syndic vous coute trop cher, mais j’ai un faible pour le charme de cette insalubrité qui me renvoie une image de rustique. Je dois calmer les ardeurs de mes conquêtes, à peine la porte poussée, faute de quoi je suis assuré de trouver au matin un mot dans ma boite aux lettres. Sur la porte de l’appartement, pas de signe, pas de nom sur la sonnette. Je n’ai pas souvenir de l’avoir entendue sonner d’ailleurs, on préfère frapper ou appeler au téléphone. La porte sans poignée ouvre sur une petite entrée ou pendent les manteaux et écharpes en hivers, aux pieds desquels quelques paires de chaussures. Passée cette entrée, ce n’est pas bien grand. Le minimum pour quelqu’un de ma condition. Une chambre, un salon et un bureau en enfilade. Les toilettes et la salle de bain, bien sûr séparés, bien sûr une baignoire. Je ne m’en sers jamais, et n’ai encore jamais réussi à me laver tout en chiant… Au sol quelques tomettes, et du faux parquet. Les murs sont blancs, maculés. Je n’y ai accroché que quelques imageries diverses et bon marchés, je ne suis pas amateur d’art, je n’y connais rien. Le salon est sur la gauche. Une pièce rectangulaire de bonne taille pour un homme seul quoiqu’un peu petit pour recevoir. Deux fenêtres dont une porte fenêtre donnant sur un petit balcon. Il y a peu de meubles. Rien ne me fait plus horreur que de manquer d’espace quand il fait noir ou que je suis bourré. Une table chinée, un buffet en bois massif que j’ai pris le temps de retaper, ça m’a occupé mais a brisé le dos de quelques amis. Les suspensions de mon ancienne voiture doivent également s’en souvenir. J’y range un bazar incroyable. Dessus, il y a mon ampli. Toujours en marche. J’ai une trouille bleue du vide acoustique et bien que n’étant ni un fin mélomane si un musicologue averti, je me laisse porter par tout type de sons sans en connaitre ni l’origine ni le nom. J’ai installé la télé directement au mur, un canapé-lit plus destiné à mes paresses nocturnes qu’à des invités lui fait face séparée d’elle par une table basse, classique, je manque décidément d’imagination dans mon intérieur. En hivers, j’y mets un tapis au sol. Dans un coin, il y a mon Piano. Le salon donne sur un petit balcon. Petite chaise, petite table, grand cendar, toujours plein. De chez moi, je ne vois ni la mer ni la montagne. Seulement la rue et l’immeuble d’en face. Ses habitants sont discrets, ce n’est pas un quartier très vivant. Il convient finalement plutôt bien à mon état intérieur. Je n’ai aucun gout des couleurs, tout est noir, ou blanc, ou gris, ou ne s’accorde pas du tout avec le reste. Bref, Marseille dehors, Marseille dedans. Je sens bien que ça ne va pas, mais à quoi bon changer, ça ne sera guère mieux. Je n’ai pas bibliothèque au salon. Peu de livres me divertissent, les ouvrages qui m’occupent trouvent leur place au bureau, ils me servent à travailler. Quoique de moins en moins, internet aura eu raison d’eux à la fin. Je n’en conserve que quelques-uns qui ont une valeur sentimentale ou bien réelle. J’ai 3 PC. Un fixe, 2 portables, dont un ancien qui ne me sert plus guère que de dessous de plat pour la seule plante que j’ai. Je l’avais acheté pour faire joli il y a 2 semaines car je savais que la fille qui venait ce soir-là aimait plantes. Manque de peau, celle-ci ne lui a pas fait plus d’effet que moi, je finissais la soirée seul. Tout parait en ordre de prime abord, mais je ne suis pas un maniaque du rangement. Je suis même assez bordélique. Toutefois mon bordel est localisé et contenu. Aucun de mes vêtements n’est plié, sauf mes chemises et mes vestes, tout est en boule dans l’armoire de la chambre. Mon bureau est un véritable écosystème à lui tout seul, je ne trouve que rarement le courage de tout ranger, tout trier. C’est souvent la destination finale des papiers qui trainent et des gadgets en tout genre dont je ne sais pas ou plus quoi faire. Mon immeuble est tranquille. Je sais que mes voisins me dépanneront sans hésiter et ma porte leur sera également ouverte. Tout le monde va bien, personne ne manquant de rien, on connait seulement nos prénoms, nous nous saluons, sans plus et cela convient à tout le monde. Je suis quelqu’un de très lunatique, j’en ai conscience. Je fonctionne par phase. J’ai la chance de gagner suffisamment bien ma vie pour me priver de peu de choses et ai les moyens de me faire des amis dans les bars (ou plutôt les grottes) où je traine quand je sors. Quand je sors, ce sont mes phases sociables. Souvent, je prends rendez-vous avec un groupe d’amis. On fait la tournée des bars, ou un concert, ou on va dans ces « boites » qui hurlent des sons distordus. Je m’amuse et quand je rentre, je suis heureux, parfois je ne suis pas seul. Je me laisse bousculer volontiers par les autres sans moyens efficace de les congédier. Ces quelques amis sont rarement de vieux amis, ils vont et viennent dans ma vie, comme les femmes que je rencontre au grès de ces sorties ou sur des sites dédiés. Je n’aime pas trop ces filles des sites de rencontre. Ca fait l’affaire de temps en temps, il faut bien que le corps se défoule un peu, il faut bien se croire encore beau mais je n’aime pas trop le sexe. Je ne suis tactile ni physiquement, ni psychologiquement. Je savais depuis longtemps que les caresses du corps me faisaient qu’un effet trop éphémère, mais j’ai mis du temps à le comprendre, encore plus à l’admettre... Je pensais trouver dans l’esprit des plaisirs plus durables et la séduction par les mots, sur ces sites me plaisait dans le principe. Il n’en fut rien. Tout nous ramène à la chair et au besoin naturel de deux humains qui se croisent. En réalité, ce que j’aime, c’est la tension, la sensible, la frustration qui précède le moment où tout est déjà joué. Ces moments où on prend le risque d’un baiser volé, d’un mot plus intime, d’un geste, d’une phrase, d’un message. L’angoisse dans l’attente de la réaction, du retour. Ce moment où on se lance dans l’inconnu. C’est ce désir entretenu qui me fait vibrer. La suite, n’est que son assouvissement et s’évanoui si vite qu’il faut tout refaire. Alors on parle, clope au bec, nu dans un lit, avant de s’endormir à deux, exalté et en apparence satisfaits. Mais le lendemain, ne reste que les ruines d’un monde à peine construit, à peine détruit, dans les vapeurs d’alcool bon marché et de tabac froid à quelques cheveux sombres que j’ai aimé une seconde et que j’oublie quand il me faut faire l’effort de changer les draps. On tente d’entretenir une flamme. On se revoit, parfois, j’écris de temps en temps. Elles trouvent ça ringard, mais me disent que c’est mignon. C’est étrange une fille. Les garçons aussi. Je m’y suis essayé une fois, sans plus de succès et me suis convaincu que ce n’était pas pour moi. J’ai bien eu une relation plus longue il y a quelque temps maintenant. Je ne saurai lui en vouloir d’avoir finalement conclu cette page, elle à qui revient tous le mérite des moments qui l’ont remplie. Je ne suis pas certain de l’avoir vraiment aimée. Je serai toutefois malhonnête si je disais que cela ne me rend pas malheureux. J’ai essayé de la récupérer. Mes efforts furent vains, il est trop tard, la page est tournée. Pourtant j’ai aimé et j’aime encore, impossiblement, mais d’une force incroyable. Le temps a dilué ce souvenir encore plus ancien mais reste la trace, encore, comme reste la trace de l’océan dans le désert. Un souvenir qui me viole dès que le silence s’impose, entre deux morceaux, entre deux mots, entre deux jours, entre deux nuits. Ces démons sont coriaces et j’ai renoncé à les combattre. Je leur ai offert un bail illimité qui me coute moins que les murs qu’il aurait fallu construire pour m’en protéger. J’ai tout de même bâti des murs, mais pour les garder au-dedans, sans les laisser sortir. Mon cœur n’a pourtant rien d’un désert. J’aime encore me mettre au balcon, voir passer les gens. Imaginer leur vie, leur histoire, ce qu’ils font, où ils vont, quand ils reviendront, s’ils reviennent. J’aime regarder les jolies filles qui passent, me dire que si elles ne voient guère, c’est parce qu’elles sont timides, et rêver un instant quand nos regards se croisent. J’aime aller au hasard des rues voler des images qui ne me serviront à rien d’autre qu’à les décrire dans ma tête, comme faire l’amour à la beauté du monde. Puis il y a les phases plus sombres où rien ne dérange la monotonie des heures qui passent. Tous ceux qui m’entourent sont silencieux. Coutumiers de mes humeurs et de ma nonchalance devant l’effort, ils ne m’approchent plus guère que quand aucun autre choix ne leur est offert. Je serai mal avisé de m’en plaindre, moi qui ai mis tant d’ardeur à ce que ce fut le cas. Je reste seul, comme un enfant qui boude. Je mets de la musique, un porno, un piano, une guitare, une réflexion, une idée, tout et n’importe quoi tant que sa présence n’occupe guère plus qu’une portion de moi-même que je peux congédier à l’envie, à l’humeur. Je pourrais encore raconter tant de choses. Ce métier qui ne me plait plus trop, le monde affligeant dans lequel nous vivons, ces combats que j’aime porter, le féminisme, la solidarité, la tolérance, la diversité, le respect, l’écoute, la créativité, la générosité… Mais ça fait un moment que j’écris maintenant, depuis le milieu de la nuit, et la paresse est venue me rendre visite. Pour le reste, dans ces moments, je ne sors plus. Je préfère la compagnie électronique des pseudonymes facile à ignorer. Je passe par ici, pose une prose, m’exprime sur des sujets qui me sortent un peu de l’ordinaire quotidien et lis un peu les mots de celles et ceux qui me touchent, à mon rythme, à ma manière. J’écris beaucoup et jette ici quelques morceaux en pâture à qui veut les dévorer, des lambeaux de moi tout nu. L_
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  41. Bonjour à tous, et bienvenue sur ce 44ème magazine... Oups pardon... Premier Mag' de la nouvelle formule ! Ce numéro est un redémarrage du Magazine FFr après un arrêt de quelques années, avec nouvelle équipe et nouvelle version de forum mais, nous l'espérons, la même saveur. ^_^ Pour ce mois de février 2017, mois du renouveau selon les anciens, les rédacteurs ont concocté un numéro sur le thème du voyage (sans même s'être concertés, c'est dire s'ils sont forts) alors laissons ces guides intrépides nous emmener par monts et par vaux. Trève de parlote, lisons plutôt : 1) nous démarrons en douceur avec Titenath, qui nous invite à découvrir une figure du paysage connu de ForumFr, l'ineffable January, sous forme d'un Entretien espiègle et exempt de fables, où ça cause tortues ou bien dessous de table. Rubrique "Interview du mois" : 2) nous basculons dans l'aventure et le suspens avec Jedino, qui commence par nous présenter la carte du Système solaire, avant de nous y catapulter sans garde-fous en exposant les projets actuels d'Exploration spatiale. Rubrique Science : 3) retour sur Terre mais voyage dans le passé, car Noisettes nous envoie vers Le temps des cerises, via une description du Paris de 1936, une peinture des troubles de l'époque, entre déchirements politiques et drames personnels. Rubrique Fiction : 4) de nouveau au XXI° siècle, de nouveau sur le plancher des vaches, ne soyons pas pour autant tranquillisés : Nathaniel nous conduit au coeur de la nanardophilie, cet amour immodéré pour Le nanar, bazar du bizarre du cinoche. Rubrique Cinéma : 5) pour finir, et parce qu'il ne peut y avoir de voyages sans acquisition de connaissances, Melie- nous enseigne les secrets de La lessive faite maison, ce qui réjouira les baroudeurs en herbe et les enchanteurs du quotidien. Rubrique "J'ai testé" : Merci à l'équipe de ForumFr qui nous permet d'utiliser cet espace. Et merci aux lecteurs, pour leur lecture mais aussi, osons l'espérer, pour leurs commentaires ! Un exemplaire PDF de ce numéro du Magazine est également disponible, à télécharger ici : Mag' N°1 / février 2017 / version PDF A vous les studios...
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  42. C'est fini. 18 ans après , ils sont de nouveau ensemble. Quelques poignées de cendres ... Un morceau de terrain au milieu de la campagne Bourguignonne ... Des rosiers comme seules marques de la particularité du lieu, ses fleurs préférées à elle. J'ai beau ne pas croire en l'au delà, je ne peux m'empêcher de trouver l'idée qu'ils soient réunis pour toujours plaisante. Je leur ai dis au revoir, sans prononcer le moindre mot, comme je le faisais déjà pour elle jusqu'à présent à chaque fois que je passais là bas. Ils ne me quitterons jamais. Ils me manquent quand même, terriblement. Eux, c'était un peu moi aussi.
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  43. - Bonjour, Monsieur. Vos papiers, je vous prie. - Mes papiers ? - C'est cela. - Mais où je suis ? - Au bureau des ressuscités, Monsieur. Il me faudrait cependant vos papiers, si vous le voulez bien. Il tapote ses poches. - Mais... Je... Il me semble les avoir perdu avant de mourir. - Cela ne fait rien. Donnez-moi votre nom. Il réfléchit. - Je ne suis pas certain... - Détendez-vous. Vous faites une crise post mortem. Allez vous asseoir sur le côté, juste là, et respirez tranquillement. Cela vous passera. - D'accord. Il va s'asseoir. Regarde autour de lui. Regarde fixement le bureau où le curieux personnage l'attend, impassible. S'étonne de ne voir personne d'autre. Ne s'en étonne plus. Puis, s'en étonne à nouveau : pourquoi lui ? Il retourne voir le Monsieur. - Dites-moi, je peux vous poser une question ? - Ce fût rapide, vous me surprenez beaucoup. Je vous écoute. - Pourquoi suis-je tout seul ? Je veux dire, je n'ai rien fait de particulier dans ma vie, et des gens sont probablement morts en même temps que moi. Que je me retrouve là, sans personne pour m'accompagner, je ne me l'explique pas. - Le bureau des ressuscités n'a pas vocation à répondre à vos interrogations existentielles. En revanche, le règlement m'autorise à vous répondre ceci : si vous êtes là, c'est que vous devez l'être. Si vous ignorez la raison de votre présence en ce lieu, c'est que vous vous ignorez vous-mêmes, car la réponse est en vous. - Et en clair ? - Réfléchissez. Il n'y a que ça. Avez-vous retrouvé votre nom, depuis ? - J'y songeais justement. Si j'en crois ce qu'on m'a raconté, je n'ai rien à faire ici. Mais peut-être que je ne fais que l'imaginer, ce qui expliquerait pourquoi je ne vois personne mis à part vous, et ça justifierait d'autant plus ce bureau ridicule et banal que j'ai dû voir dix mille fois lorsque j'étais en vie. - Réduction budgétaire, ce n'est pas de mon fait. La crise veut qu'il n'est pas nécessaire d'investir énormément dans un bureau où les clients sont pour le moins rares. Vous êtes le premier depuis mille ans, je dois l'admettre. - Vous êtes en train de m'expliquer que vous êtes là à attendre statiquement depuis un millénaire que quelqu'un finisse par passer ? - Précisément. - Je ne sais pas si c'est vous ou moi, mais il y a quelqu'un qui est taré ou le devient, là. Il retourne s'asseoir. Réfléchit. Se demande si ce n'est pas une blague ou une malencontreuse erreur. Ce ne serait pas la première fois, il en est convaincu. Une idée lui vient. Il va lui parler une nouvelle fois. - Si vous ne pouvez pas m'expliquer pourquoi je suis ici, vous pouvez sans doute m'informer sur ce qui m'arrivera après vous avoir vu vous. - Je le peux, en effet, bien que je ne sache pas grand chose à ce sujet. Je sais que je dois réceptionner les personnes qui viennent par ce chemin, et je sais aussi que je dois les inscrire sur ce registre. Vous devrez ensuite continuer par le chemin qui se trouve derrière moi. Là, vous trouverez une porte et vous aurez à la franchir. - Et c'est tout? Juste une porte à franchir ? Et il va m'arriver quoi ? Je vais devoir suivre un autre chemin pour tomber sur un autre bureau bizarre avec quelqu'un à l'air sérieux qui ne sait foutrement rien ? - Vous le saurez si je vous inscris et que vous y allez. - Bon. Ils ne bougent plus, chacun observant une direction différente. Il songe évasivement. - Je crois que je l'ai retrouvé. Vous pouvez le noter ? - Je vous écoute. - Attendez. Une autre question, avant cela. Qui est noté sur votre liste, jusque là ? - Veuillez m'en excuser, mais je ne peux pas vous répondre. - Je m'en doutais. Solal. C'était ainsi que je m'appelais. - Il me semblait bien. Hm. Vous pouvez y aller. C'est tout droit. - Merci. Il contourne le bureau, marche vers le chemin. Il jette un oeil sur le registre où le Monsieur vient de noter son nom, remarque que rien n'y est écrit. Une fois parti, le Monsieur prend le registre, se lève, et va le déposer sur le côté, au-dessus du petit et unique rocher visible. Apparait alors le texte qui suit, avant que le registre ne disparaisse : Solal. Signification : "celui qui fraie un chemin". Comme prévu, arrivé strictement mille ans après sa dernière venue. N'est toujours pas conscient de qui il est. Des progrès toutefois par rapport à son acceptation de l'immortalité. Est reparti sans entrave par la porte. Devrait revenir bientôt. PS : il faudrait commander un nouveau bureau, celui-ci n'étant plus en état.
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  44. Saint putain de Valentin Au diable le radin qui se découvre Anti société de consommation Tous les ans le jour où Cupidon couvre Sa gueuse de roses rouge-passion. Bonjour bouquets, bijoux et ballotins, On fait fi des comptes d’apothicaire, Fume simplement la carte bancaire Et se ruine pour la Saint-Valentin. Exit l’adepte aigri de la branlette Fustigeant cet étalage indécent, Qui, sitôt sa solitude obsolète, Suivra le comportement qu’il descend. Nom d’une pipe on n’est pas calotins, On s’embrasse en public toute l’année Sans que cette engeance en soit chiffonnée, Pourquoi râler à la Saint-Valentin ? J’emmerde le snobinard romantique Qui ayant tant pensé plus que vécu Baise deux étages plus haut qu’son cul Pour obtenir un frisson authentique. Merde, on n’est pas des trous de balle hautains, On se prend le cul plutôt que la tête, On sait saisir l’occasion d’une fête Pour jouir à fond de la Saint-Valentin.
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  45. Abstrait. Ils disaient que ce n'était que trop hermétique, que derrière ces simagrées se terrait en fait une réalité chaotique. Difficile, toujours, de dire si le pire tenait dans l'erreur ou la fausse agitation que cela provoquait. Erreur, car personne ne serait allé croire que le malheur se répandrait. Mais fausse agitation, également, puisque de toute façon nul n'y échapperait. Essence universelle, donc. Cela tient finalement d'une incandescente vérité : les chemins sont faits pour être cabossés. L'uniformité n'est que la singularité d'un ensemble brûlant d'innombrables irrégularités. Les pierres qui font chuter ne sont qu'un ordre que nous cherchons vainement à gommer, pensant effacer ce qui blesse nos pieds et ralentit notre pas. - Condamné, levez-vous. La peine encourue pour une ignorance consciente de l'évidence est la capitale : une dose létale d'existence. Quoi de plus terrible que d'être interdit de mourir ? Sinon ce besoin vital de penser avoir prise sur notre vie ? Rien. - Avez-vous quelque chose à ajouter ? J'aimerais dire que nous le sommes tous. Des chiens battus par l'espoir et égarés par les illusions avec lesquelles elle nous titille. Gouzi gouzi ! Allez rigole. Zou ! Quelques années encore. Te voilà bien arrangé. Tu finiras par crever vivant, bien mal installé dans ta chambrette à te saouler de tes habitudes. Ivre de bêtises, ivre de temps. Si mon corps se traîne encore, le feu de mon âme s'est éteint depuis longtemps, ne laissant plus que cendres à l'arrière de cette chair. - Je tiens à m'excuser auprès de la famille que j'ai brisé. Je ne souhaitais pas tout cela. A l'époque, j'étais idiot. Je n'avais pas cherché à connaître la suite, à comprendre que mon avenir ne méritait en rien ma passivité d'aujourd'hui. Que finalement, gagner du temps demain en le sacrifiant dès à présent était un mauvais calcul. Tu sais, j'ai passé mes années à rêver de devenir quelqu'un. Je veux dire, à être l'un de ceux qui aura le droit d'être un souvenir pour tout le monde, et pour toujours. Une espèce de résurrection bien après ma disparition. Puis j'ai pigé que ça n'était qu'un songe. Alors je me suis tourné vers autre chose. D'abord des amusements humains, ensuite leurs démons les plus malsains. Les premiers virevoltent entre l'ennui et l'anéantissement. Les deuxièmes, entre le pathétique et l'accomplissement. Et, une fois que toutes les possibilités sont épuisées, que tout ce qui peut rallumer l'intérêt est consumé, il ne reste qu'une dernière option : pourrir de l'intérieur avant d'aller pourrir sous terre. Rejoindre la saleté d'un monde sous-terrain. Un monde sur lequel s'en construit un nouveau, hypocritement blanc. Aussi blanc que le visage d'un mort enterré.
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  46. - Bordel, où est-ce que je l'ai foutu? Chérie ! Mon nom, vous vous en foutez. Mon âge, de même. Ma situation, également. Bref, vous ne saurez rien, et de toute façon, vous n'y tenez pas. Mais si cela vous intéresse... - Qu'est-ce qu'il y a encore? - J'ai perdu ma tête, et je ne vois pas où j'ai pu la mettre, du coup. - Encore?! Déjà hier ! Heureusement, j'ai trouvé dans ma vie quelqu'un qui a réussi à accepter mon petit défaut, cette tendance à faire toutes les choses comme il ne faut pas les faire. Les gens comme moi comprendront de quoi je veux parler, ici. Par exemple, l'autre jour, alors que nous mangions gaiment, mon oeil était tombé, et personne n'avait vu où. Nous avions passé l'heure suivante à tenter de le retrouver. Et, finalement, quand nous avions rouvert le pot d'olives le lendemain, il y baignait. J'ai donc pu le récupérer, mais je n'ai plus jamais revu d'olives de ma vie. D'ailleurs, elle non plus. Bien pour ça que je dialogue avec moi-même, plus haut. - Petit petit petit ! Où te caches-tu? Pas dans la chambre. Ni la cuisine. Ni autre part. Ce n'est pas possible. Je raisonne probablement mal. Allons, où étais-je la dernière fois que je l'ai vu? Dans mon lit, bien sûr. Peut-être que quelqu'un est venu discrètement me voler ma cervelle en boîte? Ce serait vraiment vicieux de la part de cette personne, difficile à croire. Bon. Continuons. - Idiote de cervelle ! Arrête de te cacher, ça ne m'amuse plus. Un bruit. Quelque chose qui semble rouler. Je me précipite, me prends le mur à côté de la porte. - Espèce d'écervelé ! Pas foutu de suivre une trace sans te rater. Silence. Je me sens comme la victime d'un sociopathe sadique m'épiant discrètement, songeant déjà à l'idée de me prendre comme sauce tomate. Pour ma part, je marche furtivement, attentif à tout, même quand ce n'est rien. - Je vais te trouver, où que tu sois, et tu le sais. Cesse ce jeu débile et tu auras peut-être droit à ma clémence. Paf ! Quelqu'un saute par là-bas, non loin du canapé ! Tiens, la fenêtre est ouverte. Je ne me souviens pas l'avoir jamais ouverte. Je me gratte le bout du cou, sceptique. - Bon. - Je suis là, mon gros. - Ah ! Je me précipite, manque de chuter, et finis malgré tout par glisser, pied vers l'avant, mimant le tir d'un footballeur aguerri se retrouvant au sol comme un môme apprenant à lever son postérieur. Mon pied frappe dans quelque chose. - Et buuuuuuuut ! La voilà à l'extérieur, prête à s'enfuir. Merde. Je sors, la poursuis. Les gens me regardent d'un drôle d'air. Je crois que je peux en conclure que j'ai définitivement perdu ma tête. Ah, et si vous vous demandez comment je peux voir, entendre et parler sans elle, je vous dirai que pour des hommes entêtés, vous manquez d'une cervelle.
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  47. Elle me dit un bonjour très gentil comme elles savent le faire. Mais à l'écoute de ce qui doit être mon prénom, tout est devenu très trouble dans ma tête. Elle a beau me désigner par ce qui me désigne depuis toujours, je me sens comme étranger à ce mot, à ce nom greffé à mon visage et à mon corps. Ma réponse ne tarde cependant pas par mécanique, car les lèvres prononcent plus vite les choses que les choses ne sont pensées. C'est là la force de l'habitude. Je m'entends à peine, je me sens étranger à moi-même. Les lettres s'estompent, mon identité est oubliée, temporairement dû moins. Je m'oublie. Rien ne parvient à réconcilier la fracture qui traverse mon être. Rien sinon la nécessité, le besoin de se déplacer, toujours machinalement, afin d'être attentif, d'absorber, de fondre dans ma chaire ce que ma chaire ignore encore. Les absences se multiplient pourtant : l'ailleurs m'appelle à travers la fenêtre, vers l'infini du ciel, et aussi l'au-delà, l'abime de ma noirceur, de cette fatigue qui abat mes mouvements et emmêle mes idées. En cet instant, je sais que j'ai un corps, un esprit, parce que je l'apprends depuis toujours, parce que tout le monde me l'annonce ainsi depuis petit. Et cependant, à mesure que je m'écarte du monde, que je note sans y réfléchir chaque parole, je comprends doucement que ce "je" que je pense, que je suis, n'est ni ce que je pense, ni ce que je crois. Comment, sinon, se ressentir comme quittant ce qui me caractérise aux yeux de ceux que je croise tous les jours, dans la rue, dans la classe, dans les rencontres sans importance qui comptent si peu pour les autres et tant pour moi? Il paraît que nous sommes des êtres sociaux, que nos personnalités se construisent avec tous les éléments, même les plus improbables, dans ce qui constitue notre société. Je n'arrive plus, depuis ce jour, à me demander si, en effet, je n'ai pas été, "moi", éclipsé par un monstre social, et que ce monstre cherche à me convaincre que je suis lui. Je me demande, oui, si nous sommes ce que nous disons être, dans nos théories et nos savoirs. Car d'un esprit, nulle trace. D'une identité, pas davantage. Je ne connais et perçois que deux choses : la douleur de mes membres et la souffrance de mes émotions. La souffrance de mon esprit, elle, ne me dit rien, ne me parle pas : si je souffre d'une idée, je la souffre physiquement. Si je souffre d'une pensée, elle me tue intérieurement. Pour le reste, je ne ressens qu'une distance, une séparation qui parfois me guette et remonte en moi en une sensation étrange d'être ce que je suis sans être ce que je dois être.
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  48. Bien connu des tchatteurs et tchatteuses mais discrète sur le forum, elle est parmi nous depuis quelques années maintenant. C'est Lastel que vous découvrirez, et qui se dévoile pour vous dans l'interview du mois ! Son profil Bonjour. Merci d'avoir accepté cette interview. Peux-tu te présenter un peu? Qui es-tu, que fais tu dans la vie ? Alors je suis lastel, une jeune fille actuellement étudiante en LLCE... Etudiante en LLCE ? Peux tu nous en dire plus sur tes études ? Eh merde...J'étais bien contente de pouvoir me la péter avec mes initiales qui sont pas forcement explicites pour tous et toi tu m'obliges à expliquer!... LLCE c'est Langue Littérature et Civilisation Etrangère (Anglo-Americaines pour ma part)... Après, pour ceux qui veulent encore plus de détails, je leur envoie le lien de la brochure détaillée de mes cours :D Quels sont tes passions, tes goûts musicaux… ? Oulalah, la réponse risque d'en endormir plus d'un! Mes passions... Je dirais en priorité l'Anglais (c'est ce qui m'a poussée à prendre la voie de la LLCE) Le théâtre et la musique. Pour ce qui est de mes goûts musicaux, je vais répondre l'éternel « j'écoute de tout » ponctué d'un « mais en ce moment je suis plutôt rap US (Oui, je sais, je fais chier avec Eminem blablabla...) et hip-hop « Qu'est-ce qui t'as donné envie de t'y inscrire ? Ouh... Mon inscription date d'il y a 4 ou 5 ans (j'ai recrée un compte depuis du coup je suis pas sûre de la date) alors euh...Aucune idée. L'envie de communiquer, de donner mon avis sur certaines choses, la curiosité... A quelle fréquence te connectes-tu sur le forum ? Sur le forum même, c'est très rare puisque j'ai arrêté d'y poster (pour diverses raisons). Sur le t'chat, à peu près une fois par jour en ce moment, mais ça se calme avec la reprise des cours. Que signifie ton pseudo ? Rien. C'est juste le prénom d'un des personnages de Miyazaki dans Nausicaä de la vallée du vent. (Par ailleurs elle a un rôle totalement inutile puisqu'elle meurt dans les secondes qui suivent son apparition :D) Mais on s'en fout; c'est une princesse, alors c'est la classe. Quelle image penses-tu que les autres membres ont de toi ? C'est l'évidence même (l'évidence m'aime); celle de la femme parfaite. Et modeste en plus de ça. Il y a t-il des personnes que tu connais réellement sur Forumfr ? Si oui quels sont tes relations avec ces personnes? 3615 My-Life: Il y a un membre que je connaissais avant mon inscription sur le Forum; notre relation est absolument unique et fusionnelle et...Nan je déconne :p c'est quelqu'un dont j'ai été très proche par le passé, un peu moins ces derniers temps, mais je pense que je ne m'avance pas trop en disant qu'on s'entend toujours plutôt bien (?) Sinon j'ai en effet eu la chance (enfin, quoique, je sais pas si on peut qualifier ça de « chance » ) de voir IRL plusieurs membres (lors de rencontres, entre autres). Je suis restée vraiment proche de l'un d'entre eux, que je considère désormais comme l'un de mes meilleurs amis et j'ai eu l'occasion de me lier d'amitié très récemment avec un autre membre. Sinon, pour l'aspect autre que « amical » j'ai également rencontré un jeune homme ici, après 2 ans et demi de relation amoureuse on a fini par se séparer. (Hé oui, Forumfr; c'est mieux que Meetic. ) Aujourd'hui, qui voudrais-tu rencontrer et pour quelles raisons ? A l'heure actuelle du jour d'aujourd'hui de maintenant, les membres que je voudrais rencontrer sont ceux avec qui je m'entends le mieux et que je n'ai jamais eu l'occasion de voir, la liste n'est pas très longue en réalité; Kinwena et Zalazalee. (Les autres, je m'en fous ) (Oh, ça va les bichons, un peu d'humour!) Comment imagines-tu FFR dans 10 ans ? Seras-tu encore là ? Wesh, t'as cru j'étais devin ou bien ? … Non, plus serieusement j'en ai aucune idée; j'imagine que Ffr existera encore... Et puis pour ce qui est de ma présence..Même réponse, je peux pas prédire l'avenir. Peut-être, peut-être pas. (Oui, je sais, ma réponse est très constructive et argumentée) Tu as l'air d'avoir de l'humour, est ce que cela t'a déjà fait défaut sur le forum ? ...Eeeeeeeeeeeeeuuuuuuuuuuuhhhhhh... <<<<<<< Réflexion profonde. Surement... Mais comme pour beaucoup de membres je pense. "On peut rire de tout mais pas avec n'importe qui" Et je suis parfois moi même la personne avec laquelle on ne peut pas rire sur certains sujets, genre la culture et la reproduction des escargots en Papouasie. C'est un sujet franchement délicat pour moi. Quelle est la question que je ne t'ai pas posé et que tu aurais aimé que je te pose ? Quelle est la question que je t'ai posé et que tu n'aurais pas aimé que je te pose? Le mot de la fin ? Troublions! C'est tout pour ce mois-ci, je vous retrouve dans le prochain numéro pour une nouvelle interview ! tic-tac
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  49. Bonjour à toutes et à tous ! Ce mois ci dans FfrMag je vous propose non pas un article... mais une vidéo ! Sorte de petite web-émission qui je l'espère vous plaira. Dites nous ce que vous en pensez en commentaire :)
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  50. En ce mois d'avril, retrouvez l'interview de l'agitateur de bonne humeur du t'chat et du forum... Il s'agit donc de Stéph_ou !! Stéph_ou Bonjour. Merci d'avoir accepté cette interview. De rien ! C'est un plaisir ! Peux-tu te présenter un peu? Qui es-tu, que fais tu dans la vie ? Je suis Stéph_ou ! J'habite en Normandie (Basse) et dans la vie je suis étudiant en BTS Transport et Prestations Logistiques ! Quelles sont tes passions? Tes goûts musicaux… ? Ma passion, c'est tout ce qui est culture Geek, PC, manga, jeu vidéo, nouvelles technologies tout ça... En musique, j'écoute du pop/rock essentiellement ! De Sum 41 à Blink 182 en passant par Fall out Boy et Linkin park... Sinon je suis également ouvert à pas mal de styles musicaux (électro, variété française...)... Bien que j'aurais du mal à écouter un album complet de Rap ! À quelle fréquence te connectes-tu sur le forum ? Et ben tous les jours en fait. Même si je n'y vais pas, j'ai toujours un onglet sur Firefox qui s'ouvre dessus ! Qu'est-ce qui t'a donné envie de t'y inscrire ? À la base, c'était un sujet de discussion dans l'adozone. J'avais envie d'y encourager une personne à approcher une fille sur laquelle il avait flashé ! Que signifie ton pseudo ? Stéph de Stéphane et _ou de... bah, pour pas laisser le Stéph tout seul... Et puis ca sonnait bien ! De nos jours, on aurait tendance à penser que Stéph_ou = t'es fou ! Ce qui est un peu vraisdans un sens, mais pas dans celui du pseudo ! :) Quelle image penses-tu que les autres membres ont de toi ? Ben... Je pense que... Je ne sais pas ! Chacun me voit comme il veut :) Mais je pense qu'on me trouve comme quelqu'un de drôle... Un p'tit rigolo quoi... Non ? Je suis lourd avec mes vannes et tout ca ? J'sais pas, pas impossible :D Comme vous voulez ! Ça m'empêchera pas d'être moi-même ! Il y a t-il des personnes que tu connais réellement sur ForumFr ? Si oui quelles sont tes relations avec ces personnes ? Et bien oui, depuis cette première rencontre que j'ai faite le 3 mars, je connais des membre en réel (au nombre total de 11). Après pour les relations que j'ai avec ces membres, j'en ai depuis revu :blush: , mais pour la plupart, les relations restent essentiellement par le t'chat de ForumFr, même si c'est pas improbable qu'ont finisse par se revoir les uns, les autres. Tu as donc fait ta première rencontre FFr le mois dernier, quelles sont tes impressions ? Et bien, c'était une belle rencontre très sympathique, sous le soleil nantais ! On devait faire un bowling, mais on n'a pas pu, parce qu'il n'y en avait plus... Alors on s'est plutôt baladés dans Nantes, avec un beau soleil... (faut bien savoir qu'en arrivant il faisait moche, il pleuvait et tout !!). Enfin bref, j'ai rencontré des gens tous plus sympas les uns que les autres, malgré le fait que je n'ai pas pu réellement parler avec tout le monde.. Et puis, y'avait un bon guide et une organisatrice de choc aussi ! Donc en somme c'était une très belle journée où j'ai pu renforcer des liens avec quelques membres de ce forum :) Aujourd'hui, qui voudrais-tu rencontrer et pour quelles raisons ? Ben je voudrais bien rencontrer Libys et Supairnova parce qu'ils n'étaient pas là lors de la première rencontre FFr que j'ai faite ! Et puis les 2 québécois qui trainent sur le chat aussi :) Et sinon plein de monde ! Pour la raison principale que y'a des gens que j'ai envie de rencontrer en vrai, tout simplement (surtout Zala en fait steuh folle de Belge) Quel est le type de membre que tu hais sur le forum ? Pourquoi ? Le type que je hais sur le forum... Les boulets, les gens qui ne savent pas de quoi il parlent, ceux qui se permettent des réflexions sans aucun rapport avec le sujet, ceux qui prennent vos avis pour des attaques/critiques "personnelles"... Enfin s'il faut de tout pour faire un monde, j'imagine que pour faire un forum aussi !! :) Comment imagines-tu FFR dans 10 ans ? Seras-tu encore là ? Euh là... Dans 10 ans... Je sais pas, un beau forum tout neuf encore très certainement (si FFr est encore là dans 10 ans)... Et moi... Bah j'sais pas... Je te dirai dans 10 ans ! Quelle est la question que je ne t'ai pas posée et que tu aimerais que je te pose ? Mmmh... Je ne vois pas trop... Et toi? Tu pense ne pas m'avoir posé une question que tu aurais voulu me poser ? Le mot de la fin ? C'est la fin ? Ah zut ! Pour le mot de la fin, j'ai envie d'en dire plusieurs : Merci à toi de m'avoir proposé de répondre à cette interview, et merci à vous lecteurs, de l'avoir lue ! :) Des bisous à tout le monde ! :p Merci d'avoir participé et joué le jeu. Un plaisir ! tic-tac
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