De l'art abstrait d'être simple d'esprit
Douze juillet. L'année a été perdue. Un petit homme, mais pas piqué des hannetons, se promène. Un papillon ? Il s'en émerveille. Une brebis ? Il la remercie. Il n'en reste pas moins affamé.
De son air simplet, il laisse entendre qu'il est en quête de quelque chose. S'il pouvait croiser qui que ce soit, sûrement, ils l'éviteraient par crainte d'une conversation gênante. De sa marche assurée, son intellect se persuade qu'il est davantage Narcisse que Goldmund.
Il a pourtant tout : un toit sur son dos, déployable, une arme et une tête pour se nourrir, quelques substances rassurantes et la certitude que son devenir est dans le creux de ses mains. Ne croyez néanmoins pas que notre explorateur émérite divague naïvement au gré des sentiers. Je peux vous l'assurer, il cherche. Il cherche de ces sentiers qu'aucune carte n'a la sagesse d'indiquer ni la force de porter.
En bon philosophe, son auto-persuasion est des plus efficaces et, grâce à cela, il sait qu'il est sur le bon chemin, qu'au bout de celui-ci se trouve l'or de tous ses espoirs.
Mais ne serait-ce pas là une biche ? Son ventre n'en gargouille que plus fort. Le voilà presque en un instant à l'arrière d'une broussaille, fusil à l'épaule, en train d'ajuster sa cible. Le coup part, la proie aussi. Seul résonne le bruit d'un arbre écorché par la balle et l'audible déception d'un estomac vide. Cette situation, il la connaîtra encore maints et maints fois dans la journée. Tant d'échecs reste incompréhensible, lui qui était l'un des meilleurs tireurs de son régiment.
Peut-être que sa quête n'aboutira pas, finalement. Peut-être que tout désir de dignité est aujourd'hui vain.
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