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Kégéruniku 8

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Tout ce qui a été posté par Kégéruniku 8

  1. Voyez, l'esprit c'est un point d'eau. Alors, on ne pense jamais trop. Qu'importe l'ampleur de la chute ou le débit, Tant qu'il y a flux, il n'y a pas de dommages pour l'esprit. Ils peuvent tourner tous les moulins de ton ombre, Quand danse la pluie qui nous inonde, Même dans les nuits les plus sombres, Rien n'entrave la grâce de l'onde. Qu'importe la puissance de la cru Ou la terreur du tsunami, Aussi furieusement qu'elle soit apparue, La rivière s'en retourne toujours dans son lit. Qu'importe l'ampleur de la chute ou le débit, Tant qu'il y a flux, il n'y a pas de dommages pour l'esprit. Alors bien sûr, parfois l'on voudrait se vider la tête. Mais en vérité, ça n'arrive que lorsque le courant s'arrête. Quand c'est de plaisir que l'on s'abreuve, On accepterait volontiers que le ruisseau devienne fleuve. Ce sont les flaques inertes et rances Qui sont la source de nos souffrances. Les regrets et remords revêches Qui nous font boire la tasse. C'est la matière grise qui s'assèche Et devient matière grasse. Parce qu'une eau qui s'écoule C'est la vie qui décolle Les impureté qui collent Ce qui souvent nous coule. Qu'importe l'ampleur de la chute ou le débit, Tant qu'il y a flux, il n'y a pas de dommages pour l'esprit. Le problème, ce sont les eaux stagnantes. Quand le courant s'arrête et que les mêmes idées deviennent lancinantes. Quand l'eau croupit à force de sédentarité, Que s'embourbe l'esprit dans un monde sans altérité. Quand c'est à force de solitude que se forge l'inertie, Quand l'absence de mouvement noie toute possibilité d'éclaircie. Quand le silence prend notre eau et la change en boue, Quand on ne trouve plus la force de se tenir debout. Au point que l'absence totale de fluctuation, On lui donne même le nom de dépression. Qu'importe la force et le courage, Tout s'arrête de façon abrupte. Délesté de son flux, l'esprit n'est plus que dommages Et le débit cède la place à la chute. Le courant de nos pensées Se laisse peu à peu syphonner Par des relents au goût amer Et le vague à l'âme devient mal de mer. Plus rien n'est agréable, Plus rien n'est nécessaire. Même les plaisirs deviennent détestables Quand tous les verres se prennent en solitaire. isolé, apathique, le mouvement laisse la place au vide. L'étang que l'on pensait placide s'en devient marais putride. A ce stade, cela fait longtemps qu'il n'y a plus de remède Car l'enlisement est trop fort pour s'en sortir sans aide. Les idées noires, que le flux chassait autrefois, Changent l'esprit en mer morte. Et si d'alcool, il arrive que l'on se noie, C'est dans l'espoir que son onde puisse nous prêter main forte. Quand plus aucun flux ne nous parvient On s'en remet même aux débits de boisson, Pour assurer son simple maintient On doit se saisir de toutes les putains de diversions. Et on prie, on implore le ciel de bien vouloir nous donner sa pluie Pour enfin se délester du fiel qui dans notre tête à fait son lit. Tous les affluents sont les bienvenus Pourvu que les idées semblent nouvelles. Et loin de la craindre, on implore la cru Qui pourra enfin nous laver la cervelle. Finalement, toutes les eaux sont bonnes à prendre, des plus troubles aux plus louches Tant qu'elles peuvent chasser le goût métallique que laisse un flingue dans une bouche. Qu'importe l'ampleur de la chute ou le débit, Tant qu'il y a flux, c'est qu'il y a de la vie.
  2. Kégéruniku 8

    Vacant

    J'ai pas d'hésitation, je veux oublier le vide, Y a pas de destination dans ma nouvelle vie. Me fui de vacacion' pour faire ami ami, En cada cancion, je crie "Ahi ahi". Je t'entendais dire que le ciel est bleu Et moi je voyais juste un ciel gris. Plus tu me conseillais de lever les yeux Et plus je devenais aigri. J'avais l'impression que le quotidien C'est juste des problèmes qui s’enchaînent. J'ai beau essayer de faire les choses bien Y a toujours une merde qui m'entraîne. Quand il s'agissait de me demander des pièces, Je faisais toujours partie du puzzle. Mais dans les moments d'allégresse Je me retrouvais toujours un peu seul. J'avais l'impression d'étouffer, Si je restais là, je devenais barge. Pour nous sauver, j'ai pas tout fait. J'ai pris la porte, mes affaires et le large. Et je suis parti prendre l'air, J'ai mis mon cœur en vacances. J'ai embarqué le soleil et la mer, Parce que je veux le paradis en avance. Je veux être une plage, pas un désert. Quelles qu'en soient les conséquences, Je fais une coupure avec l'enfer Et je tourne ma vie en plan séquence. J'étais perdu dans le bayou, Je savais plus quoi faire de moi. Maintenant, je soulève un caillou Et je découvre une nouvelle joie. Je me laisse bercer par l'existence Comme sur un fleuve au cours tranquille. Au milieu des crocos qui dansent, Sur moi tout glisse comme une flaque d'huile. C'est fini, je tourne plus en rond, J'oublierai plus de penser à moi. Certains jours sont tellement bons Que j'en oublie même de penser à toi. Même les rêves ont meilleur goût Avec de la passion et de la mangue. J'ai l'impression que je redécouvre tout Quand je pratique de nouvelles langues. Trop léger, j'ai plus les pieds sur terre, Et à côté de ça, je suis trop lourd pour les nuages. Tous les jours, s'envoyer en l'air, Je crois bien que c'est plus de mon âge. Alors je suis parti prendre l'air, J'ai mis mon cœur en vacances. J'ai embarqué le soleil et la mer, Je veux le paradis en avance. Je veux être une plage, pas un désert Et quelles qu'en soient les conséquences, Je fais une coupure avec l'enfer Et je tourne ma vie en plan séquence. Avec de la musique et des potes, Je guéris même les plaies béantes. Je m'enfile des sushis et des shots Et je redécouvre la farniente. Je prends mon temps, jamais je le perds, Même si j'en donne, il m'en reste plein. Je crois que j'ai mis pause sur l'univers Parce qu'il n'y a plus de lundi matin. Je souris tout le temps, la bouche en coeur Et les doigts de pieds en éventail. J'ai découvert ce qu'est le bonheur Quand j'ai oublié ce qu'est le travail. Je me sens libre, comme mes journées, Je sais pas ce que veut dire emploi du temps. Je produits du vide, par pleines fournées, Quand je me pause près de l'étang. Si mon esprit épouse le ciel C'est qu'il a trop connu la prison. Ici la joie est perpétuelle, Y a pas de limite à l'horizon.
  3. Po ptakach. C'est ce que tu disais quand il était malheureusement trop tard. Et voyez comme c'est beau, Ça signifie "après les oiseaux". Ça désigne donc ce moment Où l'on s'aperçoit Que l'on n'entendra plus les pépiements Qui nous berçaient autrefois. C'est un regret emprunt de peine Qui vient rappeler que le cours du temps N'a de volonté que la sienne Et se moque bien des sentiments Qui ne s'expriment pas assez tôt. Qu'importe les odyssées Que nos idées, sur leurs vaisseaux, Ont bien pu traverser. Ce qu'il fallait, c'est être là. Pas plus loin, pas ailleurs. Po ptakach c'est le constat Que l'intention ne fait pas le meilleur. Elle s'efface même devant les actes Les plus simples, ceux du quotidien. Toutes les promesses et les pactes Ne vaudront jamais rien Face à la présence de ceux Qui t'accompagnent chaque jour Et qui font de leur mieux Pour que, sans trompette et sans tambour, Les chagrins puissent se dessiner dans le sable Et les joies soient sculptées dans la pierre. Ceux qui te soutiennes quand l'humeur est affable, Ceux qui te supportent quand tu voudrais les rendre fiers. Alors je vois bien que tu reviens, Je ne suis pas aveugle à tes efforts. Mais j'ai moi même avancé sur un chemin Qui m'empêche de t'accueillir encore. Po Ptakach! Mes sentiments s'en sont allés à tire d'ailes Et même pour un adieu ou un au revoir, Ce n'est plus la peine que tu les appelles. En d'autres temps, tu n'as pas saisi les occasions Que je semais frénétiquement Dans l'espoir d'obtenir cette attention Que je croyais, innocemment, N'être que la moindre des choses De la part d'un père pour sa fille. Puis je sais très bien que mon genre était la cause De ton désintérêt pour la famille. Tu aurais voulu un petit garçon. Pour lui apprendre tout ce que tu sais, Pour lui transmettre les traditions Comme ton père, avec toi, l'avait fait. On avait beau me dire garçon manqué, A tes yeux, ce n'était pas pareil. J'avais beau tout faire pour te ressembler, On ne mélange pas les corbeaux et les corneilles. Tu ne m'as pas donné l'amour Que j'étais en droit d'espérer. Alors maintenant que vient ton tour, Et même si je dois un jour le regretter, Ne t'étonnes pas de n'obtenir de moi Que mon silence le plus profond. Car sur ce point, je suis comme toi. Après tout, ce ne sont pas des chats que les oiseaux font. J'attendrai que tu sois mis en terre Pour venir te dire au revoir. Et je dirai, comme disait mon père, Po ptakach.
  4. Depuis toujours le temps s'écoule Mais ça fait pas longtemps que la vie c'est cool. Personne ne viendra te porter secours, Pour le bonheur, y a pas de cours. T'es en détresse, je m'en secoue. J'attaque jamais, je rends les coups. Tu me verras pas montrer les crocs, Mais dans le doute, protège ton cou. Tu me voudrais dans ta déco Mais je ne sais qu'en découdre. T'es sur mes côtes, tu voudrais quer-cro, Comme j'ai pitié, je te lâche des croûtes. Et tu me dis que j'ai trop d'égo, Je te réponds que j'ai trop de goût. Mais t'as raison, je suis trop gros, Je m'épaissis comme un gourou. Tout comme Jésus, je suis dans les clous, Arrête de braire, t'es dans l'enclos. Je peux pas craindre ton courroux, Faudrait déjà que t'aies des cojones. Bas les masques! Je sais l'alphabet des cœurs en vrac. J'ai l'âme en feu, j'écoute Aretha. Je manie le verbe, pas le Beretta. J'achève mes rêves comme en corrida. J'ai pas de plan, ça la dépita. Je veux pas de tombe et pas d'épitaphe. Dans mon linceul comme un fajita. Je monte vers le ciel comme Garuda. Je laisse des plumes pour seul héritage. Jamais je freine même dans l'impasse. Si c'est une reine, je serai carré d'as. Ça te chatouille quand je la masse, Sa teu-cha mouille quand je l'embrasse. Entre ses cuisses, je bois la tasse, Je regrette la pluie quand elle se casse. Je retiens la nuit quand elle s'efface. Le vague à l'âme même à marée basse.
  5. Je m'en viens dans la nuit, A l'abri de la honte, Te dire mon envie D'une histoire digne d'un conte. J'espère que tu vas bien, Que je ne te dérange pas. Même si je ne suis pas serein, Aucune chance que tu ne le vois. J'ai l'obscurité pour alliée Et disparaître au besoin. J'ai tes yeux pour briller Et m'indiquer le chemin Qui pourrait me conduire Jusqu'aux Champs-Élysées. Là où chante la lyre D'un Orphée amusé Par nos ballades lunaires. Quand je t'emmène avec moi sur les traces des autres Pour que l'on voit ensemble comme leurs feux s'allumèrent Et que nous repartons entre l'éclat des astres Qui caressent l'horizon de leurs mains spectrales Comme j'aimerai le faire pour ta chevelure constellée. Dieux comme tu es belle dans cette atmosphère vespérale. Diable comme je dois être sot pour te laisser ainsi consternée. J'ai la patience du lâche et la sagesse du couard. Toi, tu serais ces raisins que le renard à toisé. Mais comme il ne sera pas dit que j'ai cédé à l'espoir, Je m'en viens ce soir pour tenter de t'apprivoiser. Sache, en préambule, que je suis amoureux Du moindre éclat de rire qu'il t'arrive de proférer. Et s'ils trouvent grâce à mes yeux C'est qu'ils trahissent la présence de mes vertus préférées. Et toutes tes élégantes postures n'y peuvent rien, Je décèle aisément les éléments que tu voudrais taire. Il faut dire que je t'observe avec l'attention et le soin Que l'on réserve d'ordinaire aux trésors et aux vipères. De celles dont tu tires sûrement le poison qui brûle tes veines A force de maudire des amours infectées et infécondes. Et si je n'ai probablement pas l'antidote qui pourrait panser toutes tes peines J'ai pour toi mille plaisirs qui te feront chérir chaque minute et chaque seconde. Je le dis en toute modestie, sans orgueil. J'ai pour toi des croisières, Délestées de tout écueil, Qui ferait pâlir d'envie jusqu'à l'écume des mers. J'ai pour toi des tendresses Qui feraient perdre leur couleur aux roses. J'ai prévu de t'offrir l'allégresse Qui se cache en toutes choses. Des offrandes les plus raffinées Aux rires les plus goguenards, J'irai pour toi, ma dulcinée, Déployer la maîtrise de tous les arts. En attendant, mon rayon de lune, Je n'ai pour toi qu'une seule demande. Pardonne la misère et l'infortune Qui dans les bras d'une autre, ce soir, m'ont fait t'attendre.
  6. Depuis la mort de la reine mère, je me dis que j'ai toutes mes chances.
  7. Quand j'étais petit, quand j'étais mioche, Ma mère me disait souvent que j'étais moche. Et plus tard, en grandissant, On peut pas dire que ce soit allé en s'améliorant. La peau écarlate, les dents tordues, J'ai toujours été difforme. Avant trop maigre, maintenant énorme, Mes yeux disent merde aux cheveux que j'ai plus. A tel point que quand on me demandait la partie que je préfère sur mon corps J'ai toujours répondu les coudes. Ils se démarquent en rien, je suis d'accord, C'est pas avec ça que je vais soulever les foules. Mais ils ont le mérite de pas me faire honte. Sûrement pour ça que je me suis relevé les manches Pour conquérir toutes ces hanches Au point d'en perdre le compte. Je sais très bien que je suis pas beau Mais si le physique me fait défaut, J'ai cultivé mes qualités Au point de pouvoir les exporter. Je suis enthousiaste et cultivé, Je sais faire rire et faire rêver, Et comme pour moi, j'ai peu d'amour, Je donne tout pour celle dont c'est le tour. Et c'est comme ça que j'ai traversé toute la France, Guidé moins par désir que par souffrance, Pour visiter les villes et les demoiselles Comme si j'étais un putain de touriste sexuel. Alors je sais que j'en ai blessé, forcément j'en ai déçu. Mais je pouvais pas me rassasier, je savais pas être repu. Je suis désolé, je voulais pas être aimé, je voulais juste plaire. C'est même moins que ça en vérité, je voulais juste taire Cette voix qui m'a suivi depuis que je suis mioche. La voix de ma mère qui tous les jours me disaient comme je suis moche. Et même si elle me le dit encore à tort et à travers, Désormais je m'en cogne. Tu peux penser tout ce que tu veux au sujet de ma trogne, J'ai pour objectif d'être la personne la plus équilibrée de l'univers.
  8. Kégéruniku 8

    Mont et Merveille

    La vérité scientifique c'est l'expérience qui peut-être reconduite afin de pouvoir constater la régularité des résultats. Et diable comme je suis un scientifique rigoureux et fiable.
  9. Kégéruniku 8

    Mont et Merveille

    Ah oui? Je me suis pourtant limité à ce que je suis sûr et certain de pouvoir réaliser.
  10. Kégéruniku 8

    Mont et Merveille

    Tu trouves? J'avais peur d'être trop humble justement.
  11. Sur un tronçon d’éternité, Entre assurance et volupté, J’ai pris le temps de t’écouter Toi et tes désirs gémissants, Et leurs motifs impuissants, Faisant le deuil d’amours naissant. Tu t’es emparée de mon attention, Je t’ai offert mon affection, Et nous avons dérivé vers la passion. Entre les arbres et sur la route, Sans un regard et sans un doute, Je me suis saisi de la voute Qui mène aux cieux et à tes reins ; Mutine sylphide, guerrier d’airain Qui s’entremêlent avec entrain. Entre la tempête et la brise, Ondulant sous ta chemise, Tu te donnes sans remise. Moi, j’ai des présents pour l’avenir Et des étoiles en devenir, Mais je dois te prévenir Que l’amour est un défi ! Et si la chute te pétrifie Je ne suis pas homme à qui l’on se fie. Parce que nos statuts sont fragiles, La base des songes est faite d’argile, Il te faudra être agile. Alors accroche-toi, lacère mon dos, Élève toi, toujours plus haut Et s’il le faut, saisi mes os ! Escalade mes falaises Ou disparais dans la glaise. Je n’ai pas de place pour les fadaises. Mais si de la gravité tu te défais, Si tu gravis tous mes sommets, C’est la jouissance que je promets.
  12. Kégéruniku 8

    RAL 5002

    Pourtant immobile, dans sa robe bleue, Le sourire docile, le regard fougueux ‒ La chaleur du fournil et la grâce des dieux ‒ Dans un souffle, puis dans mille, j'ai vu danser les cieux. Châtelaine chatoyante qui virevolte sans heurt, Par le jour enhardie, comme ignorante des peurs. Du dédain se défie quand défilent les heures Mais jamais ne dédit l'invariable pudeur. De la couleur éclatante qui s'échappe du ciel Aux solitudes volontaires d'une retraite spirituelle, J'ai perçu des plaisirs qu'on voudrait éternels. D'une silhouette gracile à la profondeur de la nuit Aux circonvolutions fébriles qui viennent chasser l'ennui, J'ai gravé ton souvenir dans le lapis-lazuli.
  13. Kégéruniku 8

    La pudeur

    Il est possible que des doubles sens que l'on pourrait qualifier d'audacieux aient étés glissés intentionnellement dans le texte. Le passage que tu cites n'en fait pas parti, c'est accidentel. Merci bien. ^^ Et même si ce n'est pas franchement dans les habitudes, j'en profite pour te souhaiter une bonne année.
  14. Enjôlée par les arabesques du combat d'épées, Appesantie par la torpeur de l'homme-enclume, Mandragore endormie se rêvait canopée, Désireuse du ciel comme serpent à plumes. Abîmée, mise en terre comme les titans anciens, Prisonnière des enfers et de leur triste gardien, Elle avait mis en bière tous les songes lumineux Qui auraient pu la tirer du séjour ignominieux. Blessée, délaissée, comme laissée en jachère Dans un monde où toute vie n'était que rampante. Elle se dit qu'immobile valait mieux que destin en pente. Et ainsi s'endormit pour mieux passer l'hiver. Approche le renouveau et qu'enfin sonne l'heure Du trépas annoncé de ta placide pudeur. Que n'en reste que lambeaux, que flétrisse son cœur ; Je la veux terrassée par les armes de l'oiseau moqueur. Digne héritier de Teumesse, Retraité des cinq roues, vadrouilleur insaisissable, Qui dessine ses peines et sculpte ses liesses Comme le ferait philosophe avec la pierre et le sable. Éternel badineur, dont la voix ne s'aggrave Que pour contraster la légèreté d'une humeur toujours suave, S'est approché, curieux, de la racine frileuse Se donnant pour mission de la rendre amoureuse. Déterre la dormeuse et lui montre ses tours. Se confronte au refus, se risque au rejet, Se consacre à la réalisation de son unique projet, Trébuche en chemin et tombe fou d'amour. Approche le renouveau et qu'enfin sonne l'heure Du trépas annoncé de ta placide pudeur. Que n'en reste que lambeaux, que flétrisse son cœur ; Je la veux terrassée par les armes de l'oiseau moqueur. Facétieux et rieur, l'âme toujours légère, Enhardi par sa belle, se découvre des ailes. Lui propose alors de prendre le chemin des airs Pour graver dans sa chair, les délices du ciel. Éblouie, ébahie et maintenant libérée des supplices Celle qui fut Pénélope se changeait en Ulysse. Désireuse d'un voyage par delà les nues Se laisse charmer à l'idée de ces mondes inconnus. Se jette dans la gueule du doucereux prédateur. Abandonne sa pudeur et se donne toute entière En priant pour des lendemains plus doux que l'hier. Puisque plus jamais on ne les vit, chacun y va de son interprétation du bonheur.
  15. Ici en tous cas, j'aime bien parcourir de temps en temps. Mais si on ne fouille pas, il y a assez peu de nouveautés. Et quand on fouille, il y a trop de choses sur lesquelles s'attarder.
  16. "J'ai pas encore touché mon verre Mais j'ai déjà trop bu ce soir. Je deviens sensible à la lumière Depuis que je nous voudrais dans le noir. Je me suis perdue sur les contours De tes yeux doux et pétillants. Et j'ai le ventre plein d'amour Pour tes rires insouciants. Alors je parle avec les mains, Pourvu qu'elles effleurent les tiennes! Je voudrais qu'on oublie demain! Que pour la nuit, tu me retiennes. Le désir me monte à la tête, J'ai l'ivresse à fleur de peau. J'ai si peur que tu me trouves bête, Si dans ta bouche, je cherche mes mots. Je sais pas quoi dire, je veux plus qu'on parle, J'ai le corps qui te réclame! Je sens mon envie qui déferle Jusqu'aux tréfonds de mon âme. Je sais qu'il faut pas, mais je prends le droit, Même si j'en aime un autre que toi." "Je sais que t'en aime un autre que moi, Je sais que sur toi j'ai aucun droit. J'y peux rien, j'ai le sang qui crame Et même si j'essaie de faire le Con, ma retenue se pèse centigrammes Tandis que ma raison enfile des perles Qu'on s'offrirait pas en cadeau! Y a pas d'innocence dans ma requête. Je veux que tes ongles lacèrent mon dos, Que tu me fasses payer ta conquête. Parce que la vie est une chienne Je m'en fous si le monde s'éteint. Je veux que pour la nuit tu sois mienne. Mais je veux quand même faire les choses bien. Tu pars demain, c'est terrifiant, J'aurai pas le temps de te faire la cour. Alors je me perds en jeux d'enfants En espérant te revoir un jour. D'ici là, je me ferai bavard Pour étouffer mes désirs adultères. Désolé si je t'empêche de boire Mais ce soir, l'abstinence est salutaire."
  17. Ma tante s'appelait Ceu. Ce qui signifie donc ciel, en portugais. ^^ La nuit c'est une myriade de lumières qui s'invitent dans un océan d'obscurité. On peut retenir la noirceur ou la lumière, c'est comme on veut. ^^ Après, le nom du blog, c'est en référence à un manga de tranche de vie que j'adore qui s'intitule Oyasumi Punpun. Ce qui signifie Bonne nuit Punpun.
  18. C'était chaque fois la même rengaine. Quand on me regardait, l'air désolé, surpris et contrit, j'avais l'impression que je venais d'annoncer que j'avais un cancer du sein. On me disait à quel point c'était dommage, à quel point notre couple semblait parfait, à quel point elle semblait si gentille, à quel point ils compatissaient. Alors, ils me demandaient invariablement pourquoi ? Il devait y a voir une raison forte comme une infidélité d'une part ou de l'autre, un mensonge outrecuidant ou alors une dispute qui finirait par s'arranger. C'est vrai quoi, on ne met pas fin à une histoire de 10 ans sans qu'il n'y ait une raison particulière. D'autant que je n'ai pas l'âge de faire une crise de prise de conscience, pas même si j'avais dû être particulièrement précoce. Aux mêmes questions on peut donner les mêmes réponses ; alors, invariablement, je répondais que je n'arrivais plus à savoir si je la détestais plus ou moins que moi-même. Et seulement après avoir pu savourer la gêne occasionnée, je me perdais dans un laïus de rigueur en abordant, dans le désordre, des points tels que la blessure mortelle du quotidien, le manque de la passion des débuts ou encore une incompatibilité de projets concernant la possibilité de laisser en héritage pour ce monde un mélange plus ou moins réussi de nos patrimoines génétiques respectifs. Forcément, en 10 années, elle en avait rencontré du monde, alors il m'avait fallu répéter bien trop souvent cette même blague et cette même oraison. Non pas que l'envie de donner les véritables raisons m'étouffait, elle-même ne les a jamais entendues. Mais j'aurais apprécié ne pas avoir à jouer la même représentation insipide par tant et tant de fois. D’autant que, enfin, l’éternelle et interminable nuit s’était achevée. Enfin la lumière, l’aube et le soleil me revenaient pour réchauffer mon corps endolori et non plus pour cuire la charogne d’une vie décomposée. Au milieu de cet océan de vie qui balayait dans sa rage luxurieuse chaque particule desséchée de mon être, je n’avais pas l’envie de me perdre en jongleries imbéciles. Plus tard, à d’autres, en d’autres circonstances, j’ai pu m’expliquer d’avantage et plus sincèrement sur cette passade d’une décennie. Mais à l’époque, personne ne voulait l’entendre. Pour tous, il fallait que j’endosse l’inconfortable habit de larmes. Pour tous, mais pas pour toutes. Et diable comme cela était bon. Pour une, l’une des premières à l’avoir rencontrée, l’une des dernières à qui j’ai dû en parler, il n’y eu ni rictus de pitié ni complaignante sollicitude. Et ma tante, lorsqu’elle apprit que j’étais désormais célibataire après 10 ans de vie de couple me dit simplement : « Je suis contente pour toi. » Si l’on traduit en français, ma tante s’appelle Ciel. Et elle en portait et l’espérance et la légèreté. Divine friponne aux frivoles mutineries qui avait survolé un monde trop étroit pour la vastitude de ses amours. Elle avait fini par fuir son village natal parce que l’air, aussi pur qu’il put être, ne pouvait masquer l’odeur rance des fumiers qui l’habitaient. Sans études et sans le sou, elle avait traversé l’Europe polyglotte pour finir par s’étendre durablement au-dessus du château d’eau du vieux continent. Et seulement là, enfin, elle avait pu s’épanouir, malgré les difficultés, comme elle l’entendait et non pas comme on le lui demandait. Aussi rare que ça pouvait être, j’aimais la voir. Peu importe ce qu’elle avait à raconter ou ce que j’avais à raconter, elle était toujours rieuse, espiègle et rayonnante. Tout était toujours si facile, même si de trop nombreuses fois le contexte voulait imposer le contraire. Même quand ses reins étaient dysfonctionnels et ses poumons tuméfiés, ça ne l’empêchait pas de se foutre de moi et de mes amours pluriels tout en me corrigeant au billard. En tout cas, quand la douleur fut si vive que la mort lui sembla préférable, quand tous venaient lui servir la même soupe parce que la rengaine était plus simple et accessible, quand tout l’espoir du monde se changeait en souffrance plus qu’en réconfort, quand l’euthanasie lui fut accordée, je n’ai su que lui dire, dans un sourire, « Je suis content pour toi. »
  19. Effectivement, même sans n'y rien connaître, et sans casque, la différence est frappante. C'est assez dingue comme ça semble plus vivant.
  20. Borderlands 2 quand je joue avec ma soeur et Unravel 2 quand je joue avec mon frère. Sinon, je joue à ForeTales, un petit jeu français plutôt mignon et ingénieux. Une jolie découverte.
  21. J'ai 16 ans et toute la pluie devant moi. Cette année se sont succédé les saisons de mon cœur sans que l'été ne vienne percer les nuages de poussière que tu me laisses ; sans que l'hiver ne puisse contenir ses rivières trop salées pour geler ; sans que l'eau ne tonne son enivrante colère sur la peau en fleur d'un horizon sans prétexte. Sibyllin, si bilieux, j'ai l'humeur aqueuse et des torrents cristallins qui s'échouent en cataractes pour n'avoir pas su poser un regard plus docile sur les postures malhabiles que tu arborais, fragile, comme autant d'alertes graciles. Sous un ciel gris comme la joie que tu toussais en volutes épaisses, j’observe le temps absorber les couleurs de l’assemblée pour les mieux diffuser dans son propre manteau étoilé. Vorace, il assombrit les tissus de mensonges proférés pieusement pour qu’ainsi ils laissent place aux songes coruscants d’une chaleur irréelle, et si tendre, lors desquels j’entends crépiter ton sourire. J’ai le feu à l’âme et toute la pluie devant moi. Et j’ai peur que ne s’éteigne un jour le tison qui me remue les entrailles chaque fois que le vent porte ton souvenir à mon oreille. Parjure aux fumerolles, j’en appelle aux scories, que s’embrase le monde pourvu que ne s’estompe jamais la fureur du volcan endormi. Parce que je ne tolère pas l’idée qu’un quelconque calendrier s’en vienne faire des cendres de ce que je porte aux nues, il me faut tuer ce temps parricide comme le titan à la faux, comme le dieu à l’égide. J’ai une plaie à combler et toute la pluie devant moi. Et les cinquante Danaïdes toutes ensembles ne peuvent assouvir la soif qui m’étreint quand mon cœur desséché s’en remet à l’ivraie plutôt qu’aux céréales d’ivresse. Je me perds dans la fabrication de souvenirs insipides sur ma peau ainsi pôle. Magnétisant les diversions addictives dans l’espoir lobotomique que se fasse sentir l’électrochoc. Mais nul orage ne gronde dans l’œil du cyclone puisqu’en son cœur, la tempête ne bat pas. C’est donc une morte-vie qui déchaîne sa rage quand le destin m’impose le contexte de ton trépas. J'ai 33 ans et toute la pluie devant moi. Des jardins ont été érigés sur les cratères d'autres fois, sur les tranchées cicatricielles. Les myosotis se sont emparés de cette terre laissée en héritage. Désormais moins vert, j'ai compris comment mourir l'âme avertie, comment nourrir la reverdie. Je sais désormais qu'il n'est de mer sans pluie, qu'on ne défait pas le désert sans puits. J'ai même fini par accepter un monde sans lui. J'ai appris, j'ai acquis, j'ai grandi. Et pourtant cette question lancinante qui me taraude l'esprit: Puisqu'il ne le verra jamais, alors, pour qui?
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