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À propos de ce blog

là où le regard porte sur l'âme.

Billets dans ce blog

Sous-sol XII

Nous arrivâmes à Tchernobyl autour de 7 h 00. Une sombre végétation avait complètement recouvert la ville. Tout semblait si abandonné, si apocalyptique mais tellement paisible. Je devinais le fleuve Pripiat sous cette épaisse brume qui masquait aussi un sol gluant. Mes bottes s’empêtraient dans une boue épaisse et le froid mordait tendrement mes os. Petrov avait l’habitude, il soupira une longue condensation tout en se montrant résistant au froid. Il était comme taillé pour ça. Ses hommes l’imit

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L'humaine condition.

Une porte s'ouvre. Un monde glauque, empli de moribonds qui vagabondent, D'où les âmes vacillent, le coeur ralentit et les yeux blancs qui tourbillonnent. La couleur des morts suinte sur la chair comme une visqueuse fondue. Des cris ahuris s'élèvent d'entre les viscères, tréfonds du bonheur perdu.   Il y a là des hommes et des femmes au sang mêlé que rien ne distingue, Parce que les torsions de douleur les ont façonnés androgynes et dingues. Agités, ils courent

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Caligula

J'ai trimé au boulot toute la journée à faire et à refaire ce que je faisais hier. J'en ai la tête lourde. L'ennui m'a tellement gagné que j'en ai aujourd'hui encore les paupières tombantes et les cernes aussi grasses qu'un sac de suif. Certains pensent que je travaille dur. Disons que je suis assez consciencieuse dans mon travail, mais d'aucuns ne s'est jamais dit qu'elle a une vie trop basique pour être épanouie. Et ca, je pense que ce serait déjà un début de vérité. J'avoue. Surtout lorsqu'en

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Le temps d'un rêve.

J'ai encore rêvé de lui et pourtant je suis sûre de ne plus l'aimer. Je l'ai bien jeté depuis la falaise de l'oubli. Je l'ai vu tomber en pluie, dévoré par des requins. Mais il y a des souvenirs qui plissent, qui froissent, qui déchirent les entrailles de votre mémoire comme un violent coup de poignard. Et pour être blessée si durement, il ne m'a fallu que d'une seule nuit, longue, tendre et tiède. Je sonde mon cœur. Il prétend qu'il est sec et hermétique à toutes les prochaines promesses que pe

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Une vie moderne

J'avais prévu de me lever tôt ce matin-là, déterminée à aller courir aux aurores, cependant, la veille, je m'étais attardée au téléphone avec une amie pour ne parler qu'avec hypocrisie de rien si ce n'est de tout. Nous avions discuté deux heures et demi. Avant ca, j'avais erré sur le net, en quête d'une vidéo drôle ou de quelque chose dans le genre qui aurait pu me mettre hors de ma coutumière banalité, hors des carcans de ma monotonie, hors de ma tristesse. Ce soir là, il y avait du vent, je m'

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La conjuration.

Minuit passé, je ne savais où j’allais mais je marchais en laissant derrière moi une ville illuminée par les artifices de la lumière ocre. Je continuais de m’enfoncer dans l’obscurité, seule dans le silence, sous une lune ronde et immaculée. Le ciel semblait poncé, lissé, épuré par la froideur d’un vent d’altitude, presque imperceptible. Entre quelques bourrasques, mes pas crépitaient sur ces rocailles et brindilles de la garrigue qui glissaient et craquelaient à mesure que j’avançais avec malad

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Sous-sol XI

Au lever, le réveil fut difficile. Dans une blanchâtre obscurité, je contemplais depuis je ne sais quand le plafond, avec par endroits, des tâches capillaires d’infiltration que je devinais être d’un jaune paille. Là elles étaient sombres, ténébreuses et dessinaient des formes évoquant toutes la mort. Ou alors c’était ma tête qui interprétait mal ce que l’eau avait laissé dans son sillage passé. Ma pensée fut interrompue lorsque Sarah avait très délicatement posé sa main chaude sur mon épaule

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Sous-sol X

L’enquête menait nulle part, les vidéos étaient inexploitables, la moisissure en était pour quelque chose et le matériel limité dont disposait la section de police sur la base ne pouvait en soutirer une once d’éléments intéressants. Je me sentais véritablement coincée. L’unique piste sérieuse dont nous disposions, c’était le carnet de Romain. Sa dernière prise de notes mentionne Pripiat qu’il aurait visitée. Il raconte de manière assez intime et confuse ce qu’il y a vécu. Il évoque un Alexander

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La soif en noir et blanc.

J'ai toujours souhaité avoir une robe bleu porcelaine avec de sublimes motifs floraux, Évasée, dont la forme creuse des stries réguliers évoque pudiquement certaines rondeurs. Reluire son corps d'un charme parfumé n'est pas un caprice féminin c'est une condition d'être. Encore faut-il qu'être soit l'art du savoir vivre. Car une robe est le chant du silence que les contours entonnent, Voyez-vous ce froissé, ce pli ou cet élan qui agite les parcelles de soie, de coton, ou de li

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Une vie presque vraie.

Ce qui s’est passé cette nuit m’a forcé à écrire. Je ne sais pas comment pouvoir l’aborder ni encore l’interpréter, mais j’ai bien vu cette chose. Il devait être autour de dix heures, et comme à mon habitude, j’étais encore au bureau à passer mon temps seule dans une pièce que j’avais moi-même aménagé comme une chambre. Ainsi, deux fois par semaine je m’arrangeais pour rester dans ce petit cocon chaleureusement calme, doux, embaumé de parfums floraux. À cette époque j’étais célibataire, je n’av

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La seringue.

Les yeux clos, le cœur agité, le sang bouilli, l’esprit s’essouffle, enchevêtré dans un sommeil obscur et sinueux. Ronde, la chambre qui tournoie, comme un manège affreusement blanc, semble dresser une spirale de janthine. L’âme s’y enfièvre dans le silence. Un grabat jauni et mal cousu sur lequel un livre de Shakespeare est ouvert à une page que je ne parviens pas à déchiffrer, attire mon attention. De là, j’y observe un verre laiteux, embrumé par le temps, posé sur une table de bois ronde dont

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Sous-sol IX

Ce matin-là, la brume était épaisse et les nuages bas. J’avais une très mauvaise mine, ce que me fit remarquer Sarah. Je ne bus qu’un café. Durant le trajet, je n’eus de cesse de penser au cauchemar de la veille. Je n’étais pas superstitieuse mais ma mère m’avait élevée avec certaines croyances, et notamment le fait qu’il est bien plus de choses imperceptibles que de choses visibles. Une sorte d’iceberg métaphysique. Tellement convaincue de cela, que Saint-Exupéry me susurra que l’essentiel est

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Sous-sol VIII

Je vis Petrov au bout d’un couloir qui discutait avec deux hommes en civil, le teint très sérieux. La scène avait quelque chose de très lugubre. La lumière artificielle s’exerçait au-dessus du triangle qu’ils formaient. L’un était adossé au mur se caressant le menton, très à l’écoute de ce qui se disait, les deux autres parlaient au centre du couloir. Ils usaient de leur main à mesure qu’ils s’exprimaient à tour de rôle. Le fond du couloir était plongé dans une profonde noirceur. La pluie lumine

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Sous-sol VII

Petrov ordonna d’appeler une ambulance. Je parlais en même temps que lui pour dire d’éviter de marcher tout près du corps afin de relever d’éventuelles empreintes. Personne ne tint compte de ma suggestion ou presque. Les soldats commençaient à regarder divers éléments dans et autour du véhicule. Sarah était partie avec deux hommes vers la forêt d’où nous étions venus. Ils ne remarquèrent aucunes traces autres que celles que nous avions faites en venant. À leur retour, un violent éclair projeta f

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Sous-sol VI

Nous nous enfonçâmes avec précaution dans la forêt où la bruine nous surprit. Nous nous arrêtâmes tous les dix pas pour scruter l’environ à l’aide de nos torches mais la visibilité était très mauvaise et le sol glissant. Il m’arrivait de finir sur la cuisse en foulant une mousse trop humidifiée. Malgré les conditions, nous continuâmes à avancer. Je découvris alors une sorte de fosse naturelle qui serpentait sur plusieurs mètres et jusqu’à disparaître dans le brouillard. Je me disais qu’autrefois

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Sous-sol V

Sarah dormait encore quand le réveil se mit à vibrer nerveusement. D’un coup imprécis et brusque, j’y mis fin. La lune avait disparu. Il gisait dans la chambre un silence bleuté et une vapeur de souvenirs étranges. J’étais restée quasiment éveillée toute la nuit en regardant le plafond, songeant aux soupirs rêveurs de Sarah ou en m’attardant les yeux fermés sur un bruit extérieur de provenance inconnue, parfois les pas lents et crépitants d’une sentinelle sur un gravier voué à signaler la présen

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Sous-sol IV

Prêtes, nous nous rendîmes pour le dîner au mess, d’un pas lassé et lourd. Nous traversâmes un couloir vitré qui permettait à la lumière naturelle d’éclairer le passage. Ensuite, nous descendîmes avec fracas des escaliers métalliques où l’obscurité s’abritait. Il fallait encore ouvrir une porte qui débouchait sur une cour et c’est là que nous vîmes la lune dont le rayonnement était quasi solaire, avant d’arriver devant le réfectoire qui était vidé de son tumulte quotidien. Nous étions les premiè

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Sous-sol III

Sarah me réveillait délicatement en secouant légèrement mon épaule tout en me murmurant que nous étions arrivés. Groggy, je décollais alors ma joue pâteuse de la vitre d’où je voyais mal mon reflet. On ne voyait rien au loin, si ce n’est une intrigante masse noire accentuée par l’intensité des rayons de lumière que diffusaient les projecteurs depuis le mirador. J’ai pu remarquer cependant l’inscription cyrillique doublée de sa traduction en anglais, sur un panneau blanc rouillé posé devant le po

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Sous-sol II

L’imposante végétation ravivait notre regard et ralentissait notre pas. Elle avait repris possession des lieux en son bon droit, là où jadis tout devait être aseptisé. Les murs jusqu’au plafond étaient recouverts de lierres où s’enchevêtraient de grandes clématites et du sarment aux feuilles noircies et jaunies par endroits. Tout le couloir avait un air de désolation pesante, les vitres étaient brisées et les carreaux qui avaient tenu n’étaient plus transparents, ils avaient une teinte laiteuse

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Sous-sol.

Agence nationale du renseignement extérieur – 24 mars 1988 *** 0046021 *** SNIE * 11/37 * 88 NI * 0010 * 88 DDI REGISTRE /// 785690. DDI ***** & NIE DISSEMINATION. HQS - CONFIDENTIEL. PROCHAIN RETRAIT SOVIETIQUE DE L’AFGHANISTAN. Le prochain retrait des forces soviétiques, comme annoncé par Gorbatchev lui-même lors de la rencontre non officielle avec Ahmed Massoud, aura de nombreu

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Derrière une vitre.

La fin de la journée annonce le départ machinal du personnel éreinté, fatigué moralement par le passé et le futur d’où ils vacille sans aucune attache dans le présent. Comme enclavé dans la perdition il se résigne à n’être plus. Ces personnes ont le visage ombragé d’une pesanteur épaisse et d’un vide profondément inqualifiable, qui s’expriment dans le mécanisme de la démarche prompte, régulière, groupée. C’est une masse de fonctionnaires qui oscille avec rythme, le regard baissé, vers la sortie

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S U C R E PUR L U C R E

Ce billet est destiné à ceux qui voudront craquer le code. Objectif : Dépasser l'apparence textuel pour rendre l'image cachée. Critères: 1. Montrer le cheminement vers le résultat en détail. 2. Expliquer l'interprétation qui y a conduit. 3. Conserver l'allitération. Outil: l'agencement des lettres du mot résultat, dépend fortement de la sémantique qu'il faut déduire, non pas de ces mots mais de la poésie où ils couchent et lèvent la lumière des alexandrins. Indice : Distant(e), ép

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La fièvre contemplative.

S’il est bien des vagues dans l’âme auxquelles on ne peut résister, c’est l’amour du beau. Celles-ci n’ont point de masse, ne sont en rien des trompes d’eau qui s’abattraient sur un rocher dénudé avec férocité, non. Celles dont je parle ici, ne sont que des fragrances de douceur qui vous affaissent aussi promptement que ne le fait le soleil avec la glace. De votre force, il n’en reste qu’une sueur perlée à mesure que monte l’ivresse, vos membres se lient au charme de l’image et progressivement l

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06:05

Le réveil sonne aigre. Il est 06:00. Ça résonne lourdement. La pièce est semi-éclairée, un soleil est renaissant. Un soupir, en émanation élastique, s'échappe de mes poumons, s'évaporant dans les méandres du matelas capitonné. Il faut se lever marmonne la conscience insomniaque, alors que mon poing, lui, s'était déjà fortement agrippé à une touffe de drap, la tête, elle, dans un mouvement félin, s'avachit sous la gravité du coussin, comme pour dire, non, nonchalamment. Les paupières alourdies,

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