06:05
Le réveil sonne aigre. Il est 06:00. Ça résonne lourdement. La pièce est semi-éclairée, un soleil est renaissant. Un soupir, en émanation élastique, s'échappe de mes poumons, s'évaporant dans les méandres du matelas capitonné. Il faut se lever marmonne la conscience insomniaque, alors que mon poing, lui, s'était déjà fortement agrippé à une touffe de drap, la tête, elle, dans un mouvement félin, s'avachit sous la gravité du coussin, comme pour dire, non, nonchalamment.
Les paupières alourdies, une vision sous-marine, un reste onirique épars, pour lequel seul me vient un goût constellé d'éclats inconséquents. La sensation est embrumée d'un trouble laiteux, matérialisée en un "je ne sais dire ce que j'entrevois, mais la chose est là". A ce moment précis, je ne sais si je vis ou si je meurs, car tous les membres de mon corps restent dilatés, appesantis, par une tiédeur diffuse et onctueuse où la mollesse fermente comme de la levure. J'ai une sensation de fraicheur.
Je n'ai pas envie du monde. Je me couvre et, fœtus, je me laisse emporter par la morphine. Mais le réveil sonne encore. Il faut sortir un bras pour le taire. Il faut défaire sa couette, rompre avec l'apesanteur, agir d'une tape, brusque légèreté, faire face à la lumière solaire, ouvrir l’œil, perdre son ivresse, sortir du liquide amniotique et naitre à la vie d'un jour éphémère. Même le soupir s'y résout, il devient plus haletant, le corps se raidit, l'esprit se vivifie et la nuit s'est éteinte.
La main s'arrache du lit pour étouffer les cris stridents du coq machinal. La fin est le début. Les rayons achèvent la tâche et d'une colère, vous perdez le rêve et la lourdeur des draps qui s'affalent sur le sol d'un bruissement feuillé. Vous êtes nu sur le lit, prêt à rompre avec la liberté de vos chaines pour l'esclavage sans fouet, sans acier, sans contrainte autre que quitter son lit. Mon désespoir est un désarroi. Mon rêve était une liberté. Et ma tristesse est réalité.
Lève toi et cours, lève toi...
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