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Une vie moderne


Circeenne

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J'avais prévu de me lever tôt ce matin-là, déterminée à aller courir aux aurores, cependant, la veille, je m'étais attardée au téléphone avec une amie pour ne parler qu'avec hypocrisie de rien si ce n'est de tout. Nous avions discuté deux heures et demi. Avant ca, j'avais erré sur le net, en quête d'une vidéo drôle ou de quelque chose dans le genre qui aurait pu me mettre hors de ma coutumière banalité, hors des carcans de ma monotonie, hors de ma tristesse. Ce soir là, il y avait du vent, je m'en souviens parce que le volet claquait sans que j'eus voulu agir pour y mettre un terme. Et je ne saurais vous dire pourquoi la flemme nous pousse tant à être idiot. Un philosophe a peut-être de quoi nous éclairer sur la question. Nous sommes si abrutis par nos habitudes après tout... Avant cela, je venais de rentrer du boulot, je m'étais affalée sur le divan. Il devait être 20 heures, je n'ai pas vérifié. J'étais si fatiguée que je n'ai avalé qu'un verre d'eau, un yaourt et quelques fruits secs; des abricots moelleux. Dans la cuisine, j'avais encore mon imper, et pourtant, j'avais abandonné mon sac et mes talons à l'entrée, comme pressée de me délester du poids de mes chaines, je ne m'en suis rendue compte que lorsque, la bouche pleine, mon téléphone se mit à vibrer, les doigts collants encore sur mes lèvres d'affamées, je cherchais à y répondre précipitamment tout en ne voulant pas empéguer mes vêtements d'un sucre mielleux. Mettre la main dans la poche, me répugnait. Il vibrait une seconde fois lorsque j'avais les mains sous l'eau et que je cherchais frénétiquement à me sécher, en jetant au sol quelques ustensiles de cuisines, dangereusement près de mes pieds emballés dans des collants noirs épais. C'était un parent qui avait cherché à me joindre depuis déjà quelques jours et que j'évitais pour une certaine raison. Furtivement, je me déplaçais de la cuisine au salon qui était plongé dans l'obscurité. Intuitivement, j'allais m'asseoir à l'endroit le plus tendre, sans bruits, si ce n'est mes soupirs et le froissé de ma veste qui bruissait après avoir perdu sa consistance. J'étais restée recroqueviller une bonne demi heure à ressasser ma journée toute seule, avant de me décider d'allumer l'ordinateur où je m'étais mise à errer affreusement sur le net dans une lueur bleuté. Après un temps, j'ai revêtu ma cape de justicière en contestant, dans les commentaires d'une vidéo, la violence et l'injustice d'une torture mise en scène au nom d'une légitime punition que deux racketteurs auraient mérité suite à une tentative de vol. Les auteurs de la vidéo demandait des centaines de milliers de "poces blos" Mais je fus critiquée violemment et me suis alors convaincue qu'internet était un tribunal sans justice, sorte de far west où la populace a droit de vie ou de mort de manière arbitraire. Qu'est-ce que j'espérais ? Qu'ils allaient m'écouter et dire "oui, c'est vrai, nous nous sommes leurrés, l'argent et la renommé nous ont aveuglé..." Bref. J'ai donc écouté une musique que j'ai fini par partager, en écrivant : " Alalala que de souvenirs, je me sens nostalgique ! " J'ai obtenu dans l'heure deux likes sur mes 150 amis. Entre temps je suis tombée sur une page de pub m'expliquant comment avoir une poitrine de rêve. J'ai cliqué par curiosité. Et j'ai complexé devant tant de poitrines fermes et jolies. Mes seins sont petits...D'un clique, je suis revenu à Google et j'ai voulu faire un tour sur Netflix, en me réjouissant sur la soirée que je me suis imaginée avec des bougies parfumées, un thé et du chocolat noir devant un bon film. J'ai perdu quarante minutes à chercher un film. Et lorsque je me suis décidée à en regarder un. Mon téléphone se mit à vibrer...Quelle vie de merde.

 

 

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