Soyons originaux, mes amis. Soyons originaux en niant toute originalité, en excluant toute saveur et tout style plaisant. Prenons l'histoire la plus originale possible : un homme banal dans une vie ordinaire. Comment ne pourrait-il pas se détacher au milieu de ces aventuriers, experts, savants et gens d'actions? N'est-ce pas inquiétant que de vivre dans un monde où le commun devient le plus étonnant? Et il est vrai que A. se faisait beaucoup de souci. Oh, pas pour ces questions très inutiles et
J'me suis dit : "et si tu écrivais une histoire, ces trucs un peu chiant". Mais pour raconter quoi? Ma vie? Je sais bien que la mode consiste à tout dire sur soi et à s'imaginer, en plus, intéressant. "J'avais treize ans, j'ai eu une mauvaise note, j'ai été traumatisé." Merci, vraiment. Voilà ma vie changée. Une histoire? Tout a déjà été chanté. Il suffirait de se souvenir un peu. Et quand l'un parvient à trouver l'infime qui n'a pas été abordé, il est hué, mis en cage, et expédié assez l
Mon navire chavire
Dans les vagues du désert
Et la mort m'y attire
Quand durement il me sert
Où? C'est bien sur la terre
Que mon avenir se mire
Sur ce ciel qui est serre,
Qui toujours me vise et tire
Car de ce gai enfer
Je n'en retiens que la lyre,
De la sueur en fer
Qui, trop, plombe mon martyre
Vogue, ô marin de cire
Vogue jusque chez Ether
Loin, si loin, du moindre pire
Où brûle un espoir d'hiver
Etrangement, son univers ne ressemblait pas à ce que j'imaginais. Tout n'y était pas que de blanc, de pureté, d'aveuglement au point de ne pouvoir lever le regard droit en face. Pas non plus trace des anges, des hommes du passé. Rien qu'un ordinaire apparent, comme si j'allais rencontrer un homme isolé dans les bois qui faisait sa petite vie au bord du monde, c'est-à-dire en dehors. Mais peut-être que je m'étais trompé. Comment croire que le Créateur, celui qui avait tout fait, tout ordonné, tou
Mort, serre-moi à toi ; --------------------- Que Vie soit donnée
Pour que je garde foi ---------------------- A l’erreur passionnée :
Mène-moi en l’endroit ---------------------- Où l’or est trop sacré
Que tu prendras pour toit ---------------------- Un vain espoir damné
Par l’ode de tes lois. ---------------------- Ne pourrait y rester,
J'm'étais levé, c'était en début d'année. Un beau jour de fin d'été, à la fois clair et frais. Pas de quoi se plaindre. Une mauvaise journée, en somme. Cela commençait plutôt mal. Heureusement, je ne me laissais pas abattre si facilement : mon salut fût trouvé par un hasardeux événement. L'écoute de la chanson ne me traversa comme habituellement. Elle me transperça, de haut en bas, de bas en haut, et de toutes les sortes que vous voulez. Une vraie assassine de certitude. Le potentiel diab
Vite. Il faut faire vite. Tracer ton chemin, ne jamais faire un écart. Tout droit, toujours dans la même direction. Elle ne peut qu'être la meilleure.
C'est ça, que je ne saisis pas : pourquoi voulons-nous toujours aller de l'avant alors que l'expérience nous apprend tout le contraire? Lorsque je suis sur la route, je fais de nombreux virages. Parfois aussi, je ralentis. Ailleurs, j'accélère ou continue. Pire, il m'arrive de faire un détour, de me tromper. Qu'importe? Cela se corrige, i
Les cloches retentissent
Comme un vaste interstice
Et les anges se glissent
A travers cette lice
Diable où te terres-tu
Quand pointe la battue
De mon esprit perdu
Qu'abattu elle tue
Je monte vers le ciel
Elle se montre si belle
Bien affable irréel
Qui doucement m'appelle
Mes ailes sont des feux
Qui éclaire les cieux
Mon visage est hideux
D'être trop riche et vieux
O idolâtre vie
Le là est tant ici
Que ma seule survie
Vient de son dément cri
Car mon âme se ferme
Je me souviens, j'étais heureux. C'était un soir d'été, un soir plutôt frais. Il fallait que j'aille chercher du pain, j'en avais manqué mon train. Et il est vrai qu'à force de vouloir toujours en avoir davantage, le risque de dérailler grandit. Pourtant, je ne cherchais qu'un petit morceau, un rien du tout éphémère que je portais dans l'achat d'un plaisir. J'allais le trouver, mais je l'ignorais encore, ce moment qui bouleverserait ma carcasse mouvante.
Ayant loupé la dernière ligne qui
- Oh miséricorde! André, viens voir ça!
- J'arrive, j'arrive, Gertrude! Qu'est-ce qu'il y a?
- Regarde! Cette chose est sortie de mon ventre!
Il s'approcha, observa un instant et attentivement la créature, commença à s'inquiéter.
- Tu es bien sûre qu'il est sorti de ton ventre?
- Certaine! Tu crois que ça m'amuse, de me faire une frayeur pareille?
- Mais...
- Oui, je sais! C'est impossible! Va me chercher tu sais qui, abruti, au lieu de dire n'importe quoi!
Et il s'en alla quérir l'Homme
J'étais né homme, je suis mort con. Et c'est vrai qu'au fond, je n'avais pas si mal commencé : une petite enfance tranquille, une adolescence à se taire et une vie à décrire le martyr d'un mal que je ne connais pas. Vraiment, dans le genre, il existe pire. Mais, comme vous le savez, tôt ou tard, cette innocente pensée s'incruste pour ne plus se laisser extraire. "Merde", que je me suis dit, à son arrivée. Comment qu'elle était clinquante, celle-là! Il me fallait l'adopter, ce que j'ai bien
J'ignorais comment j'étais véritablement arrivé ici, mais je sais que nous étions tous là, enfermés, attendant qu'Ils viennent nous chercher. Personne ne savait vraiment ce qui se passait une fois qu'Ils nous emmenaient. Nous savions seulement que personne n'en revenait jamais. Bien qu'enfermés, notre situation n'était pas tant à plaindre : nous avions de quoi manger, de quoi se mouvoir, de quoi discuter. Mais cet espace était restreint, une cage qui nous étreint avec oppression avec le temps.
Vers liberté, libre esprit
Tu meurs de ton non-dit,
De ton mensonge ineffable
Que ton coeur conte en fable,
Longe, longe, l'infini,
Avec qui rime ton cri,
Perdu dans l'au-delà,
Dans l'obscur du là
Et l'indécis du si,
Loin, tellement loin,
De l'ion et du besoin,
Brillant de noirceur
Et mourant d'heur,
Dans l'heure des cieux
Où ne reste que les dieux
Pour faire d'un incendie
L'histoire d'une vie,
Torche humaine, lève les yeux :
Ange des soirs, ange des feux.
Elle me dit un bonjour très gentil comme elles savent le faire. Mais à l'écoute de ce qui doit être mon prénom, tout est devenu très trouble dans ma tête. Elle a beau me désigner par ce qui me désigne depuis toujours, je me sens comme étranger à ce mot, à ce nom greffé à mon visage et à mon corps. Ma réponse ne tarde cependant pas par mécanique, car les lèvres prononcent plus vite les choses que les choses ne sont pensées. C'est là la force de l'habitude. Je m'entends à peine, je me sens
Il marchait, las, en marge de sa vie oubliée,
Comme une ombre d'un temps aujourd'hui dépassé.
L'heur ne lui avait pas forcément manqué,
Bien que son âme s'était envolée.
Il est vrai, dès alors, bien qu'en corps,
Que ses mains faisaient du tort
Lorsqu'il prenait l'avant-corps.
S'il agit quand s'endort
Ce n'est que pour dire,
Dessous la Lyre :
O délire,
Martyre,
Mort.
L'heur. C'est l'heure. J'en discutais avec un ami, l'autre jour. Il m'expliquait que l'essentiel n'était pas de l'être, mais de l'avoir. Je ne comprenais pas trop.
Faire de la vie une poésie n'est pas donné à tout le monde : il faut à la fois le sens du verbe et le sens du coeur. Parfois aussi, il est possible de faire rimer la joie avec les rencontres, de créer une sorte d'osmose. Mais, comment faire si je n'en ai pas les mots? Car, si j'en ai bien les maux, tout cela sonne faux. Je son
Boum. Ma tête a explosé. Non, ce n'est que ma passivité, un mélange de langueur et d'animosité. Hier encore, je me tenais debout, la corde au cou. Hier encore, je cherchais les raisons qui me feraient tanguer du haut de mes réussites. Je ne les ai toujours pas trouvés. Peut-être devrais-je jouer ma vie au dé? Car il est plus facile de mourir par impartialité que par fidélité à une idée : la première ne fait pas dans les sentiments. Et je réessaie, je réessaie désespérément, incapable de justifie
J'ai oublié de dormir. D'écrire. De vivre.
A trop manger arrive l'opulente satiété. Les bons mets amènent bien souvent à l'excès : la panse se remplit d'une faim de bonheur, sans jamais cesser. Comment ne pas se sentir mal, après?
J'aurais aimé avoir les dés en main, pouvoir les jeter comme je jette dans ma vie le doute.
Placer des phrases ne diffère pas tant de nos existences : il nous faut placer, placer, placer encore, afin d'être en position de force, avoir nos pions prêts à écraser ceu
Chacun le mît sur la table, bien en face. Nous tenions tous deux un poignard dans la main droite, brandis en l'attente du duel. Tout l'art consistait à être vif et précis. Ne pas rater sa cible. Nous allions en découdre. L'instant tardait. Comment en étions-nous arrivés là, je ne le savais plus. Sans doute avions-nous sauté quelques étapes essentielles. Il n'y avait que ça pour expliquer qu'un amour devienne haine. D'ailleurs, ton regard m'avait déjà tué. Je le voyais en toi. Ta rage, sourde, cr
Je regarde le mort, hagard :
Il était sûrement trop tard,
Son coeur en oubliait de battre.
Que dois-je donc faire, maintenant?
Puis-je fuir, là, en cet instant?
Non, je ne devais pas m'abattre.
Tout devient à présent si noir :
Nous tombions, lentement, au soir,
L'horreur devenait lancinante.
Une colère m'envahit ;
L'espoir s'érode, se finit.
Sa sagesse, elle, était prenante.
Inconnu, je ne sais que dire ;
Désarmé en face du pire,
Je me sentais presque trop bien.
Je n'ai c
Ô temps ! Toi l’insaisissable. Toi le monstre. Pourquoi rôdes-tu ici? Autour de moi? Pourquoi es-tu fini? Pourquoi comme ça? Tu es l'art et la manière des événements. Celui qui orchestre les amours et les sangs. Cette tension, que trop subtile, entre l'avant et l'après. Mais, de l'instant, qu'en fais-tu? Qu'en laisses-tu? Pas une miette, pas une once d'espoir. Tu abandonnes les malheureux. Tu m'abandonnes. Où vas-tu donc ainsi? Où cours-tu inlassablement? Est-ce vraiment cet avenir qui, chaque s
Trois heures du matin. Ils étaient quatre. Quatre amis installés autour d'une table, à jouer. Un verre chacun. Il le fallait bien. Nul ne parlait. L'ambiance n'était pas au rire, mais au sérieux, à la maitrise de soi. Chacun voulait gagner, c'est-à-dire ne pas perdre. Aucun, pourtant, ne pouvait contrôler son destin. Il était et serait.
L'un des hommes saisit le revolver et y inséra la balle dans l'une des chambres. Ensuite, il fit tourner le barillet, donnant au seul hasard le droit de
Eclaire le monde
D'un phare illuminé.
Lance cette ronde
D'un fou endiablé.
La lumière est sombre :
Je me sens renaître ;
Mon coeur fait de l'ombre
A mon seul connaître.
Si, de sens, il manque,
Ce n'est que le chantre
D'une âme qui flanque
La mort de son antre.
Le Soleil, en vain,
Crie de n'être, enfin,
L'oubli du malsain
Et le chant en fin.
O noirceur divine
Prends-moi en témoin
Dès lors que, si loin,
Je meurs fort indigne.
Vendu comme chien,
Frappé par les ans,
Il fait du
Charogne, lève-toi ! Ouvre bien grand tes bras ! Accepte ainsi la foi, le bonheur d'être las. Regarde ce magnifique! N'est-il donc pas charmant, si proche du magique, qu'il en devient l'aimant? Oui, regarde son rire, l'âme de son soupir. Il y a là un empire prêt à faire souffrir. Son coeur est une bombe. Son malheur, une croix. S'il ne finit en tombe, il sera face au choix.
Doit-il vivre perdu ou finir éperdu?
Il ne comprend rien car rien n'est à comprendre, sinon que l'or est sien e
L'homme sans visage se regardait dans le miroir. Il n'y voyait rien. Rien,sinon sa propre laideur qui le dégoûtait. Il se demandait comment il parvenait encore à s'imposer un tel supplice alors qu'il se voyait continuellement, déjà, dans les pupilles des passants qu'il rencontrait dans ses journées. Il avait pourtant essayé des centaines de fois de s'inventer, de se réinventer. Mais, à chaque essai, la vérité finissait par lui retomber dessus. Ce même poids qui, tantôt, l'avait mené en en