Aller au contenu
  • billets
    110
  • commentaires
    754
  • vues
    445 171

Tchou tchou moderne


Jedino

822 vues

J'm'étais levé, c'était en début d'année. Un beau jour de fin d'été, à la fois clair et frais. Pas de quoi se plaindre. Une mauvaise journée, en somme. Cela commençait plutôt mal. Heureusement, je ne me laissais pas abattre si facilement : mon salut fût trouvé par un hasardeux événement. L'écoute de la chanson ne me traversa comme habituellement. Elle me transperça, de haut en bas, de bas en haut, et de toutes les sortes que vous voulez. Une vraie assassine de certitude. Le potentiel diabolique du bonheur m'étonnera toujours. Car, oui, je fus pris d'ennui. Un ennui profond, très vrai, qui ne ressemblait en rien à l'habituel que je nourrissais avec tant de mal pour le maintenir au mieux. Il paraît que le travail révulse pas mal de monde. Il doit venir après l'inactivité, la non action pure et parfaite. Même le plus idiot des hommes court s'acheter la toute dernière télévision ou un nouveau régiment de bières. Même le sage, le quêteur d'ataraxie, ne peut s'empêcher de penser ou prier. La peur du néant, voilà le lot commun. Et là, je me suis dit : et l'art, dans tout ce bordel? Celui-là même qui a longtemps été en tête d'affiche, qui oscille aujourd'hui entre la première et la deuxième place. Est-ce que je vivrais franchement mieux si je préférais m'agenouiller devant un Picasso pendant des heures plutôt que de m'effondrer heure après heure un peu plus dans le canapé défoncé à regarder des émissions vides de sens? La seule justification que j'y vois est celle de la prétention de l'art pour ce qui n'en serait pas. Mais, au bout du compte, que tu remplisses un vase de jonquilles ou de roses, elles crèveront toutes et ne seront pas appréciées de la même façon par tous. Conclusion? Nous sommes des abrutis. Pire, nous pensons, tout innocemment, que nous menons nos vies comme nous tenons un cheval, et nous oublions que ce cheval est fou. Chaque homme n'étant pas Alexandre, rares sont ceux qui parviennent à le monter. Et voilà l'erreur : nous créons deux catégories, celle des cavaliers, et celle des hommes à terre, idolâtrant par la même ceux qui ont réussi à les chevaucher. Nous croyons au mérite autant qu'aux différences inébranlables, faisant d'un monde une pluralité d'entités. Moi-même j'ai des difficultés à penser qu'un ouvrier a droit à autant d'estime et de chance qu'un type qui sait organiser un groupe de cent personnes ou en rassembler des milliers. Toujours regarder vers l'avant, c'est-à-dire avec notre regard pour notre direction et notre chemin, sans jamais songer à celui qui avance à nos côtés, ou derrière. Que serait un monde de donneurs d'ordre? Que serait un monde d'exécuteurs? Quand pousserons-nous le regard au-delà de l'action, vers l'interaction? Quand comprendrons-nous que, pour ne plus être les esclaves de la vie, il faut déjà ne plus être l'esclave de soi? Je ne parle pas de liberté. La liberté est une condition, non une finalité. Je parle d'humanité. D'intelligence, en son sens le plus noble. Je parle de ce qui nous définirait mais ne nous meut jamais. Le social.

2 Commentaires


Commentaires recommandés

À mon goût, c'est dommage que tu ne délayes pas plus, et n'explicites pas les passages de témoin lors de tes différentes associations d'idées : ce genre de texte n'est pas mauvais, au contraire de ce que tu disais sous "Tractor", il est touffu.

Lien vers le commentaire

Tractor m'a pris un temps fou, j'aurais pas pu. Et, si je l'avais repris, ça aurait été trop différent. De toute façon, je ne l'aurais jamais repris, en fait.

Mais, je suis très synthétique, en général. J'ai pas l'art du développement, ce qui me porte préjudice, effectivement.

Lien vers le commentaire
Invité
Ajouter un commentaire…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

Chargement
×