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  1. existence
    Le bonheur collectif semble être la somme des bonheurs individuels. On appelle cela l'approche utilitariste. Cela suppose qu'on puisse attribuer l'équivalent d'un nombre pour définir le niveau de bonheur d'un individu, et qu'on fasse la somme pour obtenir le bonheur collectif. Il y a cependant un problème, qui est que le plaisir des uns peu alors compenser la souffrance des autres, ce qui dans certains cas pervers, peut être une tendance sacrificielle.
    Je pense que l'erreur est de faire directement la somme. Une fois que nous avons déterminé le vécu individuel, il ne faut pas l'additionner directement. D'autre part, la détermination du bonheur collectif est en fait assez subjective, il y a donc plusieurs interprétations possibles d'une même situation.
    Supposons qu'on détermine le bonheur individuel bi d'un individu i. La valeur zéro signifiant une sorte d'apathie, les valeurs positives des expériences globalement positives (éventuellement des petites douleurs mais ne remettant pas en question le bonheur global) et les valeurs négatives signifiant des expériences négatives (souffrance, tristesse, etc.). Chacun peut déterminer selon ses propres critères si son vécu est positif ou négatif. Il s'agit d'une impression subjective.
    Le bonheur collectif B est une notion différente. Nous nous en rendons compte quand nous faisons la différence entre nos envies et ce que nous devons faire. En fait, nos prises de décisions se basent plutôt sur la notion de bonheur collectif qu'individuel. Tout est dans sa détermination. Pour calculer B, on va d'abord déterminer les bonheurs individuels bi d'un groupe d'individu I. Première chose, donc, tout dépend du groupe I considéré. Ensuite, on va appliquer une fonction de transformation f du bonheur individuel en composante du bonheur collectif. Cette fonction va dépendre de l'attitude qu'on a envers cette personne. Une attitude empathique (partie négative à gauche) et morale (positive à droite) ressemble à :

    En d'autres termes, le côté positif est évalue comme positif pour le bonheur global, mais de façon régressive. De ce fait, la jubilation individuelle entre peu en ligne de compte, seulement le fait d'être content, pendant que la souffrance de son côté est prise en compte pour ce qu'elle est.
    Une autre attitude, par exemple malveillante pourrait ressembler à ceci :

    Dans ce cas-là, il y a une satisfaction du malheur d'autrui et le bonheur de l'individu est considéré comme négatif. Une attitude indifférente serait bien entendu une ligne horizontale.
    Sachant que le malheur et le bonheur individuel peuvent être considéré environ de sept façons, cela fait approximativement 49 fonctions différentes :

    Chaque individu i fait son évaluation du bonheur collectif B en prenant en compte certaines personnes et pas d'autres, éventuellement en comptant des groupes entiers d'individus à la fois comme un seul individu (les allemands, les chinois, les blancs, les noirs, etc.). Le fait est que nous avons peu d'informations sur les bonheurs individuels, donc nous simplifions et en cas de besoin, nous analysons plus en détail.
    Si le monde est dans un état 1 et que l'on envisage un autre état 2 ayant une valeur B à peu près égale, cela ne nous motivera pas à agir. Si cet état 2 a une valeur B plus importante, on sera d'autant plus motivé à agir pour promouvoir B que cette différence sera importance. Si cet état 2 a une valeur B moins importante, on cherchera à éviter la réalisation de cet état.
    La différence entre deux évaluations par deux individus différents i et j peut créer des tensions entre ces individus. En effet, selon leurs évaluations, il va leur apparaitre des actions à faire, et ils peuvent être en désaccord dans la phase de réalisation, parce qu'ils n'ont pas la même évaluation de B, ou parce qu'ils n'ont pas la même façon de réaliser un nouvel état 2.
    Ce n'est pas nécessairement une différence d'évaluation de B qui crée des tensions, cela peut être simplement la différence dans les façons de réaliser un nouvel état du monde considéré comme préférable.
    Bien entendu, pour réduire les tensions, et pour prendre des décisions collectives, il peut être nécessaire de se mettre d'accord sur une certaine évaluation de B. Quelles fonctions de transformations f choisir ?
    La fonction f(x) = x a déjà été largement critiquée par ses effets pervers. J'ai proposé plus haut la fonction empathique et morale :

    Elle a l'avantage d'être croissante : l'augmentation du bonheur individuel est une augmentation du bonheur collectif. Elle évite la perversion : un bonheur individuel élevé ne change pas grand chose au résultat final, ce qui compte surtout c'est l'absence de souffrance et un minimum de bonheur. Dans ce cas, on considère une bienveillance à l'égard de tous les individus. On peut ensuite discuter de la pente de la courbe.
  2. existence
    La croyance dans la punition de l'Enfer n'a pas toujours existé dans les religions. Et même, l'Enfer grec était au début simplement le séjour des morts, qui était plutôt ennuyeux, ce n'est que plus tard qu'apparaitront les notions de Champs Elysées et de Tartare.
    Enfer veut simplement dire "qui est en-dessous". En effet, quoi de plus naturel que de penser que les âmes des morts qu'on enterrent descendent plus profondément dans la terre, et que c'est pour cela qu'on ne les voit plus ? En d'autres termes, il s'agit avant tout d'un mot pour désigner la croyance que le souffle continue après la mort et donc que l'âme arrive quelque part.
    Peut-être le constat des éruptions volcaniques faisait craindre qu'il y ait sous terre un feu à éviter, et que l'on craignait que les morts vivent mal leur mort à cause de cela. Mais comment donner un sens à cela étant donné que les morts n'ont plus leur corps pour expérimenter la souffrance ?
    Il me semble que plus fondamentalement, les êtres humains peuvent avoir un désir de justice, de punition et de vengeance (les trois étant souvent confondus). Or ils constatent que des gens se conduisent de façon injuste, et ils attendent que justice soit faite. Mais les événements terrestres ne semblent pas en accord avec une telle comptabilité. De façon flagrante, des innocents souffrent autant que des personnes coupables, nous sommes tous à peu près égaux devant les aléas de l'existence, à ceci près que les personnes en haut de la pyramide sociale ont généralement une vie plus longue que les personnes en bas, que leurs actions soient morales ou immorales.
    Si le désir de justice n'est pas apaisé avec la mort des gens (on peut en effet se dire que bon, cela n'a plus beaucoup de sens de vouloir punir ou récompenser les morts dans un au-delà), on peut alors désirer qu'il y ait une punition après la mort.
    Cependant, et c'est là qu'est toute la subtilité à mon avis, le constat de notre impuissance à faire régner la justice sur Terre ne mène pas vraiment ou très rarement en tant que tel à la croyance qu'il y a une justice après la mort. Notre impuissance nous amène à désirer que l'on croit à cette justice surnaturelle, afin que les gens se soumettent à notre désir d'organiser le monde d'une certaine façon. Dans le fond, que cela soit vrai ou faux, si la peur de cette supposée justice suffit obtenir le comportement qu'on désir, nous ne sommes plus impuissants.
    Certaines personnes croient vraiment qu'il y a une justice après la mort, et cela n'est pas étonnant puisque des gens leur ont assuré avec une grande conviction, que cela était ainsi, afin de combler leur impuissance.
    Heureux les simples d'esprits.
  3. existence
    Les humains ne sont pas fondamentalement des moutons. Pourquoi alors deviennent-ils les otages d'une religion ?
    La peur du jugement n'est pas surprenante, nous vivons avec autrui et avec nous-mêmes, et nous ne voulons pas être punis. Cette menace est semblable à des prédateurs quand on vit dans la nature. Une menace à la base irréelle, le jugement, mais qui peut se transformer en agression réelle. Tout comme les prédateurs se cachent lorsqu'ils chassent, et ne paraissent qu'au moment de mordre.
    Les croyants pensent que le jugement est en possession d'un être surnaturel, qu'ils vont tenter d'apaiser par les génuflexions, les prières et l'auto-déprécisation pour valoriser la déité à laquelle ils croient. Ce faisant, ils ont le sentiment qu'ils sont protégés en tant que groupe social. Tout comme les antilopes se regroupent en troupeau pour diminuer les chances d'être agressées par un prédateur, les humains se regroupent pour avoir un sentiment de sécurité.
    De ce point de vue, le religion est un rassemblement mental dans le but d'échapper au jugement en tant que troupeau. D'où l'expression de Dieu le berger.
    Le piège religieux se referme sur l'individu de la façon suivante : afin de se protéger de la menace de jugement supposée, il rejoint un groupe qui est censé le protéger, et dans ce groupe, on répète que l'on va être jugé, ce qui augmente la peur du jugement, et donc le sentiment de nécessité de rejoindre le groupe religieux en question. L'individu devient alors otage de cette croyance, et la menace devient réelle, à savoir que les proches, que ce soit la famille ou bien les membres du groupe, auront peur de l'éloignement de l'individu et feront tout pour qu'il reste, autant pour le protéger lui que pour se protéger eux de l'influence maléfique qu'ils verront en lui.
    Il me semble que cela fonctionne parce que ce mécanisme est inconscient. Le monde subjectif dans lequel nous vivons est influencé par nos représentations, mais nous ne nous rendons pas compte comment ni à quel point. Souvent nous réagissons à ce monde subjectif avant même d'avoir compris qu'il nous influence, et donc l'individu qui se rapproche de la religion ne voit pas nécessairement que l'étau se resserre.
    Cela me fait penser à l'expérience sur les singes où l'on met un fruit dans une jarre, tout juste assez grande pour mettre le fruit mais trop petite pour qu'on puisse l'extraire en le tenant dans la main. Comme le singe ne comprend pas que tant qu'il tient le fruit, il ne peut pas sortir sa main, et qu'il souhaite avoir ce fruit, il ne relâche pas et reste coincé. Bien entendu, nous sommes plus intelligents que des singes, mais quand les mécanismes sont inconscients et autorenforçateurs, nous pouvons en devenir prisonniers de façon analogue.
  4. existence
    Le mot âme (espagnol et portugais alma, italien anima) est issu d'une racine indo-européenne exprimant l'idée du souffle. En dérivent le verbe allemand atmen (respirer) et le sanskrit âtman (le soi, l'âme individuelle). L'âme est assimilée à l'air nécessaire à la vie qui se maintient jusqu'au dernier souffle de l'homme. L'origine de l'âme est donc plus physique que métaphysique et ne postule pas forcément la croyance en une vie après la mort.
    Le grec a d'ailleurs utilisé cette racine pour former des mots au sens purement physique comme anémos (le vent, cf anémomètre) et, probablement, anémonè (l'anémone est une fleur s'ouvrant au souffle du vent).
    En latin, cette racine est employée dans un sens tantôt spirituel, tantôt matériel. Animus est le principe pensant de l'homme, anima l'âme opposée au corps mais aussi l'air que la respiration amène dans les poumons. Jung s'est servi de cette opposition animus-anima pour désigner la masculinité de l'esprit et la féminité de l'âme, présentes en chaque être des deux sexes un peu comme le yang et le yin chinois.
    L'animal est ainsi nommé parce qu'il est animé, vivant, actif comme l'homme qui fait partie de son règne. Dans les langues indo-européennes, avant la distinction du féminin et du masculin, il y avait deux genres : l'animé s'appliquait aux humains, aux animaux, aux végétaux (qui ont une vie et la mort) et aux astres (qui sont ou semblent en mouvement) tandis que l'inanimé (ancêtre de notre neutre) était réservé aux minéraux inertes. La frontière entre les deux genres n'a jamais été étanche et l'on trouve un écho de cette porosité dans les célèbres vers de Lamartine ("Milly") :
    "Objets inanimés, avez-vous donc une âme
    Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?"
    L'ambiguïté des sentiments de l'âme se manifeste dans des composés tels que animosité (ardeur négative), pusillanimité (ardeur faible), longanimité (ardeur durable, patience), équanimité (égalité d'âme), magnanimité (grandeur d'âme) et unanimité (âmes en accord).
    Ce dernier terme pose le problème de l'âme collective (ou de l'inconscient collectif selon l'expression de Jung). A la grande époque du nationalisme, on parlait volontiers "d'âme française" ou "d'âme allemande" pour désigner des traits de caractère supposés communs à tous les membres d'un même peuple et propres à celui-ci. Freud, à qui la notion d'âme (Seele en allemand) n'était pas étrangère, ne l'appliquait qu'à l'individu et se méfiait de tout psychisme de groupe, lequel supposerait des communications invisibles et une transmission de pensée relevant de la parapsychologie.
    Reste la question controversée de l'âme après la mort, et donc hors du corps.L'animisme est, précisément, la croyance en des âmes agissant en dehors des humains vivants et se logeant dans les animaux, les astres, les rivières ou les volcans, tous animés par des forces invisibles et, donc mystérieuses, auxquelles la réincarnation, dans les religions indiennes, est un ultime hommage.
    Le terme "animisme" a été sinon inventé du moins théorisé par un médecin allemand, Georg Ernst Stahl (1660-1734), qui faisait de l'âme le siège des forces vitales. Cet animisme effaçait les frontières entre psychologie et physiologie par une doctrine vitaliste qui donnait à l'âme une force extracorporelle.
    Chimiquement, cette force est un gaz, l'oxygène nécessaire à la vie. Le spirituel retrouve ici son sens aérien, celui du latin spiritus qui désigne à la fois la respiration du corps et l'inspiration de l'âme.
    Le couple latin anima/spiritus a son correspondant en grec avec pneuma/psychè. Pneuma possède un sens biologique aussi bien que théologique : la pneumologie s'intéresse aux poumons et la pneuomatologie au Saint-Esprit. Psychè a aussi cette double signification relative à l'âme et au souffle et a même fini par désigner le papillon, animal à la légèreté pneumatique.
    En hébreux, ruah désigne l'air en mouvement et le souffle de vie, nèphech la gorge (organe de l'alimentation et de la respiration) et l'âme. En chinois, qi représente l'air de l'atmosphère et le souffle vital de la médecine taoïste.
    Une telle ambivalence des mots dans des langues aussi différentes montre à quel point les religions ont cherché à perpétuer la vie pour vaincre la mort, symbolisée par le dernier souffle. La médecine a le même objectif grâce à la réanimation que le jargon médical appelle parfois ressuscitation.
    Odon Vallet, Petit lexique des mots essentiels, 2001
  5. existence
    D'un point de vue athée, il n'y a pas de norme divine sur la condamnation du suicide. Que peut-on alors en dire ? On n'a pas d'autre choix que de se placer d'un point de vue des conséquences. On constate même si le suicide n'est pas condamnable, il est négatif pour soi-même parce qu'il nous prive de la possibilité de profiter de la vie, peut faire souffrir les proches, et est une perte pour la société.
  6. existence
    Les mathématiques sont associées aux nombres, et les nombres à la comparaison, au positif et au négatif.
    Il me semble que c'est à partir de cela qu'apparait la peur/ la haine des mathématiques.
    La comparaison fait penser à la hiérarchie. Le numéro 1 est le boss, le numéro 2 son subalterne, etc. Ou bien à la comparaison dans la compétition : A a eu 15/20, B a eu 13/20, C a eu 11/20, etc. donc A > B > C donc A doit être mis sur un piédestal et C doit être hué. Il est donc facile d'associer les mathématiques à des rapports sociaux violents, de domination et d'exclusion.
    Pourtant, les gens ont des capacités diverses, et ne sont pas nécessairement constant. On ne peut pas classer les gens selon un ordre. Par exemple, si A a eu 10 en maths, 15 en histoire, 18 en français, et si B eu 15 en maths, 10 en histoire et 18 en français, et si C a eu 15 en maths, 18 en histoire et 10 en français, il y a trois dimensions, et donc on aussi bien A > B que B > A, ou plutôt aucune relation de comparaison possible quand on parle des individus. En encore, l'exemple ici est très simpliste et scolaire.
    Concernant la hiérarchie, les mathématiques n'y sont pour rien, ce sont les individus qui choisissent d'être hiérarchique dans leur représentations sociales ou qui choisissent de ne pas se représenter les choses en ces termes. C'est plutôt une question de personnalité, de société de compétition, ou de société de coopération.
    Les mathématiques, c'est aussi le positif et le négatif. Or on associe le positif à la présence, et le négatif à l'absence, le positif au bonnes actions et le négatif à la culpabilité, le positif au bien et le négatif au mal. Il est donc facile d'associer les mathématiques au jugement. Pourtant les mathématiques ne disent pas ce qu'il faut compter, mais qu'à partir du moment où on compte, on peut faire des calculs. Nous avons peut-être une habitude à compter ce que nous recevons et ce que nous donnons, peut-être même que nous sommes génétiquement programmés pour avoir cette capacité. Et bien entendu, les mathématiques entrent en résonance avec cela, tout comme le fait la religion ou l'économie, qui d'ailleurs est souvent représentée avec des nombres trop simplifiés.
    Or il faut bien faire la différence entre ces évaluations et ce que nous sommes. Sinon on aboutit à des conclusions comme : je suis un zéro, je suis le meilleur, je suis le diable, je suis dieu, on me doit tout, je dois tout aux autres, etc.
  7. existence
    L'effet placebo n'est aimé de personne. Les scientifiques ont tendance à voir un mensonge, une entrave à la logique et à la rationalité, parce que les mécanismes ne semblent pas évident et parce que cela semble démontrer l'existence en nous d'une part irrationnelle. Les croyants aux placebos (par exemple homéopathie, acuponcture), y voient une remise en cause de leur croyance qui leur permet justement de guérir. Le placebo se trouve au milieu, entre les scientifiques et les croyants, les scientifiques le comprenant mais ne voulant pas l'utiliser et les croyants l'utilisant mais ne voulant pas le comprendre.
    Pourtant, les croyants ont-ils raison d'avoir peur de cette analyse scientifique ? Je ne pense pas. C'est au contraire la reconnaissance par la science que l'esprit peut guérir une certaine gamme de maladies. C'est plutôt une bonne nouvelle, parce que cela revient à reconnaitre l'utilité de la spiritualité, tout simplement.
    Et les scientifiques ont-ils raison d'avoir peur de ces placebos ? Et de quoi s'agit-il au juste ? En fait, ce sont des pratiques, des rituels, sans effet pharmacologique, mais ayant un effet de guérison. Souvent, ils véhiculent des notions irrationnelles, contraires aux vérités scientifiques. Mais en allant un peu plus loin dans le raisonnement, il s'agit en fait de reconnaitre notre composante psychologique : certaines actions et certaines circonstances nous donnent de la santé naturellement. Pas besoin d'aller voir le médecin, pas besoin d'acheter des médicaments. Le seul problème, c'est si on s'emballe un peu trop et qu'on ne va pas voir un docteur quand on a la jambe cassée ou une grippe. Les scientifiques n'ont pas à avoir peur de l'effet placebo parce que s'ils s'y intéressent, ils pourront donner sa pleine dimension aux placebos, et on pourra créer des placebos ayant un maximum d'effet positif sans avoir recours à des théories irrationnelles.
    Maintenant, si on y réfléchit, la religion est justement un ensemble de croyances ayant un effet positif, ne serait-ce que sur le moral. C'est donc un placebo, puisqu'il n'y a pas de substances pharmacologiques dans les hosties ou dans le mouton de l'Aïd. Ces constructions rituelles placebo ont été construites à tâtons par les générations précédentes, et de ce fait ont abouti à des choses qui fonctionnent, mais qui entrent en pleine contradiction avec les connaissances actuelles sur la réalité matérielle. Pour ceux que cela ne gêne pas, on peut vivre avec deux visions du monde en même temps, mais pour ceux qui cherchent une vision globale, intégrant à la fois la psychologie du placebo et la science, il est nécessaire de réfléchir à la question pour aboutir à des placebos compatibles avec la science. Autrement dit, une spiritualité conforme à la science. Et la science rejoint la spiritualité, que cela plaise ou non aux croyants.
    Finalement, la base de la spiritualité ne serait-elle pas cet effet placebo ? Les croyances diverses et variées ne sont-elles pas simplement des moyens de l'atteindre ? Si la conclusion est satisfaisante quand on admet la notion de subjectivité, elle aura de la difficulté à être admise autant par les scientifiques collés à la réalité que par les croyants collés à leurs croyances.
  8. existence
    Souvent le débat est celui de savoir si on doit être athée ou croyant pour bien vivre. Or il me semble qu'il y a beaucoup d'athées et beaucoup de croyants. Personnellement, je suis athée, mais je n'aurais pas la prétention d'affirmer qu'il faut être athée pour être heureux.
    Je me demande plus fondamentalement quelles sont les motivations fondamentales dont on parle implicitement quand on aborde le sujet de la religion, de la croyance, de la spiritualité.
    Il me semble qu'il y a deux phénomènes fondamentaux : le tribalisme et l'inconscient.
    Le tribalisme correspond au besoin d'avoir la bienveillance d'autrui, de ne pas être rejeté, d'avoir une reconnaissance sociale, le besoin "d'exister". Ce besoin est très fort, et fait que l'on recherche d'autres personnes avec qui partager nos opinions, nos visions de l'organisation des choses, etc. Qu'on soit croyant et qu'on cherche un groupe religieux chrétien, musulman, etc. ou qu'on soit athée et qu'on cherche un groupe humaniste, pro-gay, écologiste, freudien, etc. le même phénomène est à l’œuvre.
    Ce besoin tribal est à l'origine d'une pression sociale. Si les autres ne sont pas d'accord avec nous, on se sent exclu ou dissident. Ainsi, on a tendance à abandonner notre intelligence pour nous conformer mentalement au groupe. Ainsi, dans les groupes bouddhistes, les gens croient à la réincarnation, dans les groupes freudiens, les gens croient au complexe d’Œdipe, dans les groupes chrétiens, les gens croient en la présence de Jésus, etc. Il est très difficile pour quelqu'un qui est dans une famille de dévots de dire qu'il ne croit pas en Dieu. Le rejet est parfois tout à fait explicite voire verbalement violent. Le désir de rester parmi les autres peut alors être plus fort que notre réflexion.
    Le deuxième phénomène fondamental est celui de l'inconscient. Nous avons l'impression de faire des choix conscients et d'observer les choses sans a priori, mais le monde que nous observons est une construction de notre inconscient, et quand on décide de faire une action, notre conscience ne fait que valider ce que notre inconscient a préparé. Nous vivons donc dans un monde onirique créé par notre inconscient. La façon dont on va voir le monde est donc très personnelle, et il est possible de croire que des êtres imaginaires nous envoie des messages, que le monde est froid et constitué de matière, que nous parlons à Dieu, que des extraterrestres sont là mais se cachent, qu'il y a un sens logique aux choses qui nous entoure...
    Ainsi, nous pensons être athée, chrétien, freudien, ufologue, musulman, écologiste, etc. parce que nous avons choisi de l'être, parce que cela est logique et objectif, alors que nous sommes comme de la pâte à modeler, que nous nous déformons pour coller aux autres, à un groupe social, et que notre vision du monde est construite hors de notre conscience et que l'on perçoit à peine comment notre désir d'être parmi les autres nous pousse à interpréter les événements qui nous entourent.
    Note : c'est une copie d'un sujet que j'avais lancé sur le forum, mais je pense que cela fait un billet sympa.
  9. existence
    On peut dire qu'un axiome de base de la religion est que la réalité est le bien, que la réalité est positive. En partant de ce présupposé, on arrive rapidement aux conclusions qu'on connait.
    Par exemple, au top ten des choses terribles qui peuvent arriver, il y a "perdre un être cher". Comment interpréter cela positivement ? Il n'y a pas 36 solutions, c'est que cette personne n'est pas morte, mais est à un autre endroit. Comme ce qui nous intéresse, c'est d'être avec les gens qu'on aime, on suppose alors qu'on les rejoindra. Et voilà, on arrive à la conclusion d'un au-delà.
    D'autre part, il nous arrive des choses désagréables, des problèmes, etc. Comme interpréter cela positivement ? Eh bien, c'est que c'est un entrainement, ce sont des épreuves pour être encore plus fort. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Cela dit, malgré cela, il y a une accumulation de choses injustes, tout ne peut pas être simplement des épreuves. Alors il y aura la justice plus tard. Au-delà de ce qu'on peut voir.
    Si la réalité est le bien, alors il y a nécessairement une justice, au moins dans le sens positif, c'est-à-dire que ceux qui ont souffert seront réconfortés. On arrive alors à l'idée de martyr. Si on souffre sur Terre, c'est parce qu'on gros cadeau nous attend après notre mort.
    La question du lieu de l'au-delà est un peu moins évidente. On peut conclure que l'au-delà contient des endroits agréables et des endroits moins agréables. Pas forcément désagréable, si on y réfléchit. D'ailleurs, toutes les religions ne contiennent pas un enfer de souffrance. C'est surtout une spécialité chrétienne et musulmane. Cela dit, même sans enfer de souffrance, on peut en conclure des récompenses diverses.
    Il existe une alternative à la croyance à une vie après la mort, il y a la dissolution après la mort dans le grand tout, avec l'esprit de la forêt par exemple. C'est l'approche plus globale, comme le panthéisme. Dans ce cas, on considère que le négatif qui nous arrive est insignifiant, comparé à la globalité. Ce qui compte alors, c'est que l'espèce, la civilisation continue, que les traditions continuent. On comprend alors l'envie de perpétuer les traditions. On rétablit la justice en niant l'importance de soi.
    L'athéisme apporte une réponse différente, puisqu'alors, si la perte d'un être cher est douloureuse pour ceux qui restent, pour ceux qui sont partie, la mort n'est rien. Ils ne soufrent plus. Nous n'avons donc pas à pleurer leur sort. On peut souhaiter continuer leur œuvre par compassion, mais pour l'essentiel, notre douleur est surtout un manque. Il n'y a pas un comportement particulier à avoir pour plaire à tel dieu pour rejoindre ceux qu'on aime après la mort. Nous pouvons cependant nous préparer, en étant conscient que les gens que nous aimons vont peut être partir avant nous.
    Alors que dans le panthéisme et dans la spiritualité de la globalité, on considère que tout l'être se retrouve avec le grand esprit, dans l'athéisme, même si on peut considérer que les actions des personnes continuent après leur mort, et qu'ils restent un temps dans le cœur des gens qui les connaissaient, il y a la reconnaissance réelle de la perte, et avec la reconnaissance que la réalité n'est pas toute positive selon notre sens.
    De même, la justice n'est pas une réalité, elle est une idée qui vit en nous, et que nous pouvons favoriser dans une certaine mesure. Si l'on désire réellement la justice et qu'on est athée, notre spiritualité est plus exigeante encore que celle de ceux qui croient en une vie après la mort avec une rétribution juste. En effet, nous pouvons faire ce que nous pouvons, à notre échelle, pour faire le bien et aidez ceux qui sont opprimés, mais pour ceux qui sont déjà mort, il est trop tard. Et dans le même temps, puisqu'ils sont morts, il n'y a plus rien à faire. Là encore, il y a une perte réelle reconnue par l'athéisme.
    L'athéisme n'est pas une facilité, ce n'est pas une façon de jouir sans se soucier de la réalité. Au contraire, c'est mettre le principe de réalité en avant quand il s'agit de déterminer ce qui est vrai et ce qui est faux. Bien entendu, beaucoup de choses sont subjectives, et le principe de réalité ne répond pas à toutes les questions. Simplement, si nous pouvons négocier un peu avec la réalité, avec la mort et avec notre désir de justice, la lucidité nous amène à renoncer au jugement et à un monde complètement positif, non pas parce qu'un dieu s'occupera de cela après notre mort, mais parce qu'il n'y a pas d'au-delà.
    Il y a une positivité ultime dans l'athéisme, c'est celle de la subjectivité et de l'expérience consciente. Sans nous mentir sur la nature de la réalité matérielle, nous pouvons en grande partie choisir notre vie subjective et réaliser que l'expérience consciente cesse avec la mort du corps, et donc que la mort n'est pas à craindre. Pour toute problématique, s'il y a un remède, nous pouvons l'appliquer et alors à quoi bon le mécontentement ? Et s'il n'y a pas de remède, à quoi bon le mécontentement ? Plutôt que de ressasser les malheurs pour lesquels nous ne pouvons plus rien, nous pouvons choisir à la place d'entretenir le bonheur.
  10. existence
    Le christianisme est la croyance qu'un zombie cosmique juif, qui était son propre père, peut vous faire vivre éternellement si vous mangez symboliquement sa chair et que vous lui dites télépathiquement que vous l'acceptez comme votre maitre, pour qu'il puisse retirer une force maléfique de votre âme qui est présent dans l'humanité parce qu'une femme-côte a été convaincue par un serpent qui parle de manger le fruit d'un arbre magique.
    Incroyable, et pourtant, c'est cela. Nous sommes tellement habitué que nous ne réalisons même plus de quoi il s'agit.
  11. existence
    A partir du moment où l'on considère qu'il y a une punition à appliquer, mais que le destinataire n'est pas défini, il se passe en ensemble de phénomènes qui mènent au sacrifice. La peur d'être la cible de la punition entraine le rejet de cette punition vers d'autres personnes, d'autres cibles, si possible qui ne peuvent pas nous renvoyer la punition. Les interactions sociales entrainent facilement une convergence vers un individu ou un groupe d'individu. C'est le phénomène de bouc émissaire. Comme la peur réduit la capacité à penser, rend stupide, on a vite fait de conclure que le bouc émissaire désigné est effectivement responsable de tous les maux, même si les arguments ou preuves avancés ne sont pas convaincants du tout. On confond alors le soulagement à ne pas être la cible avec la satisfaction d'avoir trouvé l'explication des problèmes. Ma foi pour l'humanité s'arrête là où la peur commence.
    L'utilisation de différentes cibles de substitution apparait comme des phénomènes différents :
    - redirection vers un individu : il s'agit de faire d'un individu le responsable de tout
    - redirection vers un groupe d'individu : il s'agit par exemple de racisme
    - redirection vers un objet : le désir de destruction
    - redirection vers un animal : le sacrifice animal (par exemple l'Aïd-el-Kebir chez les musulmans) ou bien le désir de manger de la viande
    - redirection vers un être imaginaire : par exemple la croyance en Jésus-Christ, ce qui est explicite (la messe est appelée le Saint-Sacrifice, Jésus est censé expier pour les péchés de l'humanité, etc.)
    Notez que si le sacrifice animal est beaucoup utilisé, c'est qu'on considère que d'une certaine façon, les animaux souffrent comme nous, alors que cela peut paraitre être de l'insensibilité.
    Remarquer la ressemblance entre l'Islam, où la fête la plus importante est l'Aïd el-Kebir, où l'on sacrifie un mouton, et le christianisme, qui célèbre le sacrifice de Jésus, appelé aussi l'agneau de Dieu. Ce sont des références aux sacrifices d'animaux dans la religion juive, notamment à l'épisode où Dieu demande à un père de sacrifier son propre enfant, et le substitue au dernier moment par un mouton.
    Tout ceci est basé sur la notion de punition, d'où l'importance dans la religion de considérer que nous sommes tous des pécheurs, puisque c'est à partir de cette punition généralisée qu'on arrive au sacrifice imaginaire de Jésus ou bien à la fête du sacrifice musulmane. Il apparait clairement que ce principe punitif ne suit pas des lois bien précises quant au destinataire, puisqu'on peut visiblement substituer la cible. Chaque tradition religieuse affirmant une substitution différente.
    Le seul vrai remède à cette pathologie du sacrifice est de remettre en question la notion de punition et de faute fondamentale.
    Le principe de péché originel n'est pas un point métaphysique anodin mais bien la source d'un ensemble de comportement religieux : la crainte et la soumission, les actions obligatoires pour obtenir la rédemption, c'est-à-dire de ne pas être puni. Les règles et coutumes religieuses se basent très précisément sur la peur du sacrifice humain, menace explicitée par la notion d'Enfer (et de Paradis pour ceux qui ont été épargnés). C'est-à-dire que le pardon religieux est en fait la substitution de la cible de la punition. Ce n'est donc pas un véritable pardon. Le christianisme dit : soit vous acceptez Jésus comme votre sauveur, et c'est lui qui prendra pour vous, ou bien vous prendrez sur vous, c'est-à-dire que vous irez en Enfer. C'est le principe du poison et du remède en même temps : on vous fait comprendre que vous êtes irrémédiablement punissable, et on vous dit qu'il n'y a qu'un seul bouclier pour ne pas être puni qui est l'obéissance à des normes religieuses (normes de comportement et/ou normes de pensée).
    Un des pire péché selon le christianisme est la remise en question du Saint-Esprit. En d'autres termes, si un croyant vient vers vous, vous pouvez lui dire que vous ne croyez pas en Dieu, que vous ne croyez pas en Jésus, mais vous ne pouvez pas lui dire que vous ne croyez pas au Saint-Esprit, parce qu'alors le croyant pensera que vous avez pris votre billet pour l'Enfer. Notez que si vous pouvez lui dire, au prix d'être considéré dans ses yeux comme une future victime de la punition divine. Plus précisément, le Saint-Esprit est la motivation religieuse des croyants. Pour un croyant, cette interdiction de questionner cette motivation est une façon de l'empêcher de se demander : "Mais au fait, ce que je suis en train de faire et de penser du fait de mon conditionnement religieux, est-ce que cela ne serait pas complètement absurde ?"
    Le rempart qui protège la pathologie du sacrifice, c'est l'interdiction de penser, l'interdiction de questionner ce principe de faute universelle et irrémédiable.
  12. existence
    D'un point de vue matérialiste, l'esprit produit de la subjectivité, qui contient un monde virtuel avec des besoins, des croyances, de la matière (représentée), Jésus-Christ, Allah, Ganesh etc.
    Ainsi la substance spirituelle est d'une certaine façon le résultat de l'activité neuronale. La chaine causale est alors la suivante : le monde physique produit les êtres vivants qui produisent des neurones qui produisent la subjectivité qui produit un monde virtuel avec de la matière et des âmes.

    Le point de vue spiritualiste revient à tordre cette chaine causale, en disant que l'âme crée l'esprit qui crée la subjectivité qui crée un monde virtuel qui crées le monde physique avec de la matière.
    Il me semble qu'il est face de tester cette hypothèse spiritualiste, en s'appliquant à penser quelque chose qui n'existe pas. Les croyants le font depuis des milliers d'années, et on n'a pas constaté l'apparition des choses auxquelles ils croient dans le monde physique. La religion a donc effectué la démonstration de la fausseté de l'hypothèse spiritualiste.
    Par honnêteté intellectuelle, on constate que la thèse spiritualiste a été prouvée comme fausse, et que la thèse matérialiste n'a pas été prouvée comme fausse. Ce qui bien entendu, ne prouve pas la thèse matérialiste, mais au minimum fait disparaitre son principal adversaire.
    Je pense que si l'on veut préciser que l'on parle d'un matérialisme qui ne nie pas le spirituel mais le replace en bout de chaine causale, alors on peut utiliser une expression comme "le matérialisme spirituel".
    Le fait que le spirituel soit en bout de chaine causale ne veut pas dire qu'il ne peut pas être une cause à son tour dans la réalité, puisque la spiritualité influencent les neurones qui sont à la base des actions qui sont des actions sur le monde physique. Et les églises constituent une preuve de ce phénomène de retour de la spiritualité sur le monde réel.
  13. existence
    Les croyances religieuses sont un ensemble d'idées qui ont besoin d'un hôte pour se propager et pour se répliquer. On peut faire l'analogie avec un virus informatique où l'esprit serait l'ordinateur contaminé, ou bien un virus biologique. Le principe propagateur des croyances, notamment du christianisme et de l'islam, est exprimé explicitement dans les textes religieux, où l'on demande aux croyants de témoigner et de propager la foi. Certaines religions sont moins explicites à ce sujet, mais je pense que fondamentalement, il y a une nécessité de réplication, parce que sinon une religion disparaitrait rapidement. D'autre part, le virus religieux peut en fait contaminer les athées, qui peuvent se victimiser sans être pour autant des croyants. C'est dans cette perspective plus large, où il peut y avoir des porteurs plus ou moins malades, et des porteurs sain, que j'envisage ce virus religieux.
    Le virus à l'extérieur de l'hôte
    Un virus peut se trouver à l'extérieur ou à l'intérieur de l'hôte. Dans le cas du virus religieux, l'hôte c'est l'être humain, et à l'extérieur il se trouve sous la forme de livres, de textes, de messages, protégés par une enveloppe (la couverture du livre, les fichiers, etc.) Pour un virus biologique, il s'agit de séquences d'ARN qui sont protégés par une couche de protéines. Étant donné la transmission rapide d'informations par la production de parole entre les humains, les messages codant le virus religieux peuvent être générés directement par un hôte. Dans ce cas, l'intermédiaire est la parole, et l'information est transmise par une onde sonore.
    La pénétration du virus dans l'hôte
    L'esprit humain, même s'il est assez perméable, a des mécanismes de sélection des informations. Il est donc nécessaire de passer cette barrière. De même un virus biologique a besoin de leurrer la cellule pour lui faire croire qu'il fait partie de l'organisme dans lequel il se trouve. Il a pour cela des récepteurs adaptés aux cellules, des clés. Dans le cas du virus religieux avec son hôte humain, les clés peuvent être par exemple la flatterie, la chaleur humaine ou la synchronisation. La flatterie permet d'entrer dans l'esprit d'autrui, mais aussi elle permet d'initier l'étape de réplication ultérieure par amplification de l'ego.
    La réplication du virus
    Une fois entré dans la cellule, un virus libère ses ARN, qui sont interprétés par complémentarité pour produire des protéines. Dans le cas du virus religieux, il me semble que c'est la victimisation qui a ce rôle. Elle produit un mouvement automatique, soit de rejet soit de défense. Le fait d'avoir préparer l'hôte pour passer sa barrière de protection fait qu'il ne peut pas rejeter la victimisation et donc qu'il prend la défense de ce qu'il croit être une victime. Dans le cas de la flatterie, l'ego est enflé, et alors tout ce qui est dit est assimilé à cet ego. L'individu se sent alors lui-même victime. Dans une première étape, la victimisation peut concerner divers objets, des plus habituels aux plus insolites. Elle entraine automatiquement la production du désir de protection et du désir de punir. Ce désir ambivalent est semblable aux protéines construites automatiquement à partir de l'ARN. Tout comme les protéines vont servir à construire des répliques du virus, le désir de protection/punition va servir à construire une répliques du virus religieux.
    Le "but" du virus religieux, est de se faire passer pour une victime à défendre. En réalité, un virus n'a pas de but, n'a pas d'intention, pas de volonté. Il est simplement construit par sélection naturelle, et cela est valable pour les virus de l'esprit également. Le virus religieux donc, se fait passer pour victime, en se plaçant au niveau de l'ego. Ainsi on amène les croyants, mais aussi de athées, à défendre la religion comme si c'était eux-mêmes. Le virus aboutit au processus de réplication à partir du moment où l'hôte va produire des paroles et des écrits qui contiennent le virus religieux. Notez que comme tout virus avec les variantes dans les séquences d'ARN, il y a de nombreuses variantes dans le contenu des messages, qui peuvent avoir une apparence franchement religieuse ou bien athée.
    Le désir de punition crée une peur d'être puni soi-même, ce qui crée une soumission. Le résultat est la soumission à la religion, et le respect des croyances religieuses. Le respect est une mutation de la soumission dans un milieu contenant des anticorps à la domination totale d'une religion. Il n'en est pas moins une version active du virus, qui demande l'acceptation voir la dissémination (par exemple l'obligation de connaitre sa culture, qui se rapproche pour l'occasion d'une culture microbienne). Cela crée une difficulté pour analyser, discuter, parler de la religion de façon détachée pour la démonter comme tout concept philosophique. Cet interdit de distance est un interdit d'analyse et d'une certaine façon une association à l'ego, ce qui nous ramène au processus de réplication.
    Le virus religieux favorise la vie dans la mesure où c'est son avantage, ce qui peut se comprendre puisqu'il dépend des hôtes pour se répandre. Par contre, quand le virus est remis en question, il peut tout à fait favoriser la mort : les martyrs, les attentats-suicide ou la destruction psychologique des non croyants. La mort d'un non croyant n'est pas un problème pour le virus religieux. Cependant, dans un milieu contenant des anticorps à la mort des individus quelle que soit leur appartenance ethnique, l'image de la religion associée à la destruction des infidèles est une pénalité pour le virus, qui tend alors à s'adapter, pour au moins garder une façade humaniste.
  14. existence
    Comme vous le savez, un croyant affirme que ce qu'il ressent est vrai, que dieu existe vraiment. Il y a de nombreuses religions, et tous les croyants, qu'ils soient monothéiste, polythéiste ou autre chose, affirment qu'ils ressentent une présence.
    Certains appellent cette présence Jésus, d'autres Yahweh, Allah, d'autres Ganesh, à l'époque de la Grèce antique, Zeus ou Vénus, etc. Or ces noms sont des sons, des syllabes, qui sont très diverses. Donc, si la présence dont il parle existe vraiment, on en déduit qu'elle n'a pas de nom précis. Et puis, les mots sont conventionnels pour désigner les choses, dépendent de la langue, etc. Il n'y a donc pas de nom particulier qui soit adéquat. On entend simplement ce mot dans une certaine culture et on finit par l'associer à l'expérience religieuse.
    De même, les images utilisée pour représenter les dieux sont très diverses, un éléphant, un homme crucifié, une tortue, une lumière, un homme sur un nuage qui lance des éclairs, une femme qui sort de la cuisse d'un autre dieu, etc. Clairement ces images sont contradictoires les unes avec les autres, et donc ne peuvent pas représenter la chose supposée. Elles sont culturelles, on est habitué à les voir parce qu'elles sont dessinées, représentées par des statues, décrites avec des mots, etc.
    D'autre part, certains pensent qu'il y a plusieurs dieux et d'autres pensent qu'il y en a un seul, et d'autres ne croient pas en des dieux mais en des esprits de la nature ou des esprits des ancêtres. S'il n'y avait qu'une seule présence chaque fois, on pourrait lui donner le temps de cette analyse le nom "dieu", c'est ce que font les déistes. Mais cette unicité n'est pas évidente. Le terme de dieu contient aussi une idée hiérarchique, les dieux sont au-dessus des anges, etc. alors que le terme esprit ne précise pas cela. Tous sont d'accord en revanche pour parler de spiritualité, d'un rapport entre notre esprit et d'autres esprits, avec une sensation de présence. La sensation de présence est semblable à celle qu'on a en présence d'un autre être humain, à part qu'elle peut être démultipliée, transformée, etc.
    Il y aurait un ou plusieurs esprits d'après les croyants. Si on y réfléchit, soit différents croyants perçoivent différentes parties d'une même chose, soit cette chose peut prendre plusieurs forme selon le contexte culturel, soit cette chose est diffuse et se modèle en fonction des influences culturelles sans être ces formes culturelles. Si c'était une seule entité, il y a tout de même peu de chance qu'elle soit perçue en plusieurs parties par d'autres. Si la multiplicité/unicité dépend du contexte culturel, c'est que cette chose n'existe pas en elle-même. On en déduit que, si chose il y a, elle peut prendre différentes formes et apparences sans être ces formes et apparences, tout comme la pâte à modeler. Si on fait une forme en pâte à modeler, la pâte à modeler n'est pas la forme.
    En d'autres termes, on en déduit que si cette chose existe, elle n'a pas de forme particulière, elle est semblable à une substance, et cette substance interagirait avec l'esprit des gens. On en déduit déjà que toutes les religions révélées, et toutes les religions qui affirment que les choses spirituelles ont une forme particulière, c'est-à-dire la très grande majorité des religions du monde, sont erronées, se bornent à proposer des formes possibles pour cette pâte à modeler, et en restant à ces formes qui ne sont pas la substance en question. La sensation de vérité de voir Jésus, de parler à Dieu, d'être en communion avec Ganesh, d'écouter les esprits de la nature, etc. cette sensation de vérité est une illusion, parce que ces formes sont conventionnelles. Aller prêcher cette vérité n'a donc pas de sens.
    Il reste donc une substance supposée, ressentie comme une présence, dont on ne dit pas grand chose au bout du compte.
  15. existence
    De toute évidence, croire qu'on peut aller en enfer selon nos actions banalise la punition. Pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas punir puisque Dieu, le représentant du Bien, le fait ? Oui, mais si on punit quelqu'un alors que Dieu ne le punit pas, on va à l'encontre de la volonté divine. C'est un dilemme. Parfois, on est sûr que quelqu'un fait du mal selon nos critères, et on l'imagine alors brûler en enfer. Dans ce cas-là, si on lui fait une crasse, ce ne sera pas grand chose à côté du fait que de toutes façons il va aller en enfer. On peut donc y aller, faire des reproches qui font mal, mettre des bâtons dans les roues, éventuellement frapper, et pour les plus extrémistes, tuer.
    Inversement, si on croit au paradis, on sera tenté de récompenser quelqu'un qui fait le bien, comme pour lui donner un avant-goût du paradis. On se projette en tant que dieu, ce qui flatte l'ego. Comme dieu est ambivalent puisqu'il menace autant de l'enfer qu'il promet le paradis, on peut aussi être ambivalent. Par exemple, faire croire à autrui qu'on va lui faire du mal, et l'épargner, pour le récompenser d'agir conformément à ce qu'on juge être le bien.
    En fait, je parle de croyance au paradis et à l'enfer, mais l'athéisme ne prémunit pas de ce genre d'identifications, parce qu'on peut aussi avoir ces comportements parce que même si on y croit pas, ces notions sont présentes à notre esprit de part la culture. Elles sont aussi souvent inculquées par l'éducation. Si on est gentil, on a une récompense, si on est méchant, on est grondé ou puni. La terminologie simpliste de gentil/méchant est semblable à l'issue simpliste paradis/enfer.
    Même si le paradis et l'enfer ne sont pas dans le monde réel, le fait qu'il soit dans l'esprit des gens déteint sur la perception de la causalité. Le conditionnement parental et les réactions d'autrui en général nous conditionne à penser qu'on est punit ou récompensé selon nos actions, indépendamment des actions humaines volontaires. Ainsi, si on agit mal, on craindra qu'il nous arrive malheur, que l'on ait un accident par notre maladresse ou par la maladresse d'autrui, que l'on ait pas de chance, que des gens deviennent méchants avec nous.
    On s'attendra confusément à être puni si on considère qu'on agit mal, et à être récompensé si on agit bien. Cela peut avoir un effet auto-confirmatoire. Par exemple, si on s'en veut et qu'on se fait du mal inconsciemment, on finit effectivement par être puni. Ou si autrui nous juge et nous fait du mal, volontairement ou involontairement, on est effectivement puni. On peut aussi avoir tendance à interpréter des événements négatifs comme étant des punitions. On aura alors aussi l'impression subjective d'être puni.
    A l'inverse, si on s'attend à être récompensé, on peut avoir tendance à faire en sorte d'être récompensé. Et si cela n'arrive pas, on peut en être frustré, "ne pas comprendre" pourquoi autrui n'est pas généreux avec nous. Ainsi le sentiment d'être lésé parce qu'on a donné ou fait des choses pour autrui et qu'il ne nous les rend pas. L'idée du paradis et de l'enfer fait de la récompense et de la punition une réalité, une normalité, et avec cela tous les phénomènes psychologiques et sociaux, les effets d'auto-suggestion et d'influence.
    Comme le paradis et l'enfer deviennent intégrés aux relations sociales, on a prise sur ces notions. Chacun d'entre nous devient l'artisan du paradis et de l'enfer sur terre comme un avant-goût du jugement dernier. Chacun aura sa méthode, plus ou moins explicite, par la violence physique ou la violence morale, directement ou indirectement en passant par autrui, etc. Inversement, le paradis et l'enfer devient une justification des vengeances et du flicage mutuel en bonne société.
    Les concepts de paradis et d'enfer existent simplement parce qu'on veut que les gens soient punis et récompensés, et parce qu'on veut pouvoir justifier nos comportements, nos sentiment de colère, notre agressivité alors même qu'on se dit bon, ou bien les privilèges qu'on accorde alors même qu'on se dit impartial. En d'autres termes, la croyance au paradis et à l'enfer n'est pas une hypothèse métaphysique mais un choix, une stratégie psychologique et sociale. Et comme personne ne peut nous démentir, on peut l'utiliser. Alors ces notions deviennent vraies, parce qu'elles sont réalisées socialement.
  16. existence
    Entretenir l'idée d'un monde spirituel revient à se représenter ce monde dans notre esprit. On peut se représenter différentes histoires, mais la particularité du monde spirituel est qu'il est considéré comme réel et que l'on est pas autorisé à le définir soi-même. Il faut en effet être un prophète pour avoir le droit de dire ce qu'il y a dans le monde spirituel. En d'autres termes, considérer qu'il y a "monde spirituel" revient à l'allocation d'une partie de notre esprit, sachant que nous n'avons pas les droits d'accès pour modifier ce que cette partie contient.
    Le monde spirituel finit donc bien par exister au sens où une représentation de la même chose se retrouve dans différents esprits, sans que les gens puisse la modifier, puisque l'accès en écriture est restreint. Cela ne dépend pas de l'existence au préalable d'un monde spirituel. Imaginez par exemple qu'à la place des statues de Jésus sur sa croix, il y ait des statues de Harry Potter. Les Eglises seraient à la gloire de Harry Potter, et l'on raconterait partout l'histoire de Harry Potter. Bien entendu, on ne pourrait pas modifier l'histoire vu que l'auteure est Mme Rowling. Cela serait au-delà du phénomène de mode qui a eu lieu, cela deviendrait un objet social central. Dans ce cas-là, Harry Potter commencerait vraiment à exister, son histoire et ses personnages. Ce ne serait plus un simple trip personnel quand on lit le livre ou quand on regarde le film, mais comme si tout le monde se retrouvait dans la même salle de cinéma.
    Dans ce sens, les religions sont des ancêtres du cinéma avec des histoires à rebondissements, comme les dieux grecs qui se tuent, se font naitre et se jouent des tours. Ou bien Jésus qui nait, puis des milliers d'enfants meurent sauf lui, puis il est crucifié, donc il meurt, puis il revient à la vie et il s'envole au ciel. Ou encore les histoires de Mahomet et les guerres contre les infidèles non musulmans, qui vaut bien un Riddick chargé de sauver la nouvelle Mecque.
    Un monde spirituel, du fait qu'il est la présence d'un monde imaginaire, a un effet sur les gens, et même pourrait-on dire une fonction sociale dans la mesure où il est promu pour ses effets. Dans le monothéisme, on distingue les dieux et les anges, qui entretient l'idée que la position hiérarchique est liée à la nature de l'être. Un ange est en-dessous de dieu et de nature différente. Les deux vont ensemble. Comme on sait, on est influencé par les histoires parce qu'on s'identifie aux personnages. Dans ce cas, on s'identifiera soit à dieu, on se sentira au-dessus de tout, parfait, etc. soit on s'identifiera à un ange et on sera subordonné, obéissant à des missions. La flatterie ici est importante, autant quand on se pense dieu que quand on se pense ange.
    Ensuite, selon les monothéismes, ce ne sont pas les mêmes personnages qui sont mis en avant. Dans le christianisme, de façon évidente est mis en avant Jésus, en même temps victime et en même temps sauveur. D'où souvent les gens se mettent en avant comme trimant, comme souffrant afin d'obtenir le respect, c'est-à-dire en fait une forme de pouvoir et d'admiration irrationnelle. Ou inversement, quand nous faisons quelque chose pour autrui, il peut nous mettre sur un piédestal comme si nous avions sauvé l'humanité. Les laïcs, qui ne croient pas en dieu ou ne vont plus à l'église, sont souvent influencés malgré tout. Le masochisme peut venir de là. On trouve d'ailleurs une psychopathologie différente selon les cultures. Les maladies mentales apparaissent ou disparaissent au cours des siècles, en fonction des influences psychologiques.
    La croyance dans un monde spirituel n'est donc pas anodine. L'influence sur les comportements, sur la psychologie des gens est importante, et imposer un monde spirituel, c'est imposer une pression psychologique, dont les effets peuvent être divers et variés. Tout comme la consommation répétée d'une substance ou l'exposition répétée à un stimulus, la religion entraine une déformation du psychisme des individus, et avec cela une déformation de la société toute entière, et donc de la culture, des livres et des œuvres diverses. Ajouter à cela les subventions des travaux pour le compte des institutions religieuses, et vous comprenez pourquoi la religion est tellement présente dans l'art, qui est pour beaucoup l'expression de la subjectivité.
  17. existence
    Les croyants et les religieux affirment qu'il y a un monde spirituel, qui serait en dehors de notre monde. Mais de plus, ils affirment connaitre les gens qui s'y trouvent et leurs relations hiérarchiques. En effet, un dieu est censé être le chef des ses anges. Et même leur nom, à savoir Yahvé ou Allah en tant que dieu, et Gabriel en tant qu'ange messager.
    De deux choses l'une, ou bien nous n'avons pas accès à ce monde spirituel, et alors nous n'en savons rien, ou bien nous avons accès et alors tout un chacun, ou en tout cas la plupart des gens devrait pouvoir y accéder. Hors, il n'y aurait que quelques personnes qui pourraient faire cela, ce serait les prophètes, qui reçoivent des révélations. Les autres qui feraient des affirmations semblables seraient des fous et bon pour l'asile. Dieu, dans un fonctionnement terriblement élitiste, choisirait quelques personnes, nous laissant dans l'embarras pour déterminer quel est le bon prophète. Sachant que qu'il est fréquent que des humains conservent des informations pour avoir un pouvoir sur autrui, et que dieu étant omnipotent, il pourrait communiquer avec tout le monde, c'est un choix absurde et même pervers. Sans parler du fait que les humains sont créatifs, ils inventent des histoires parfois sans s'en rendre compte. Les témoignages font partie des preuves les moins fiables, et pourtant c'est sur les témoignages que la religion base la foi.
    Les prophètes seraient illettrés ce qui rendrait la chose plus démocratique. Mais pas du tout. Cela donne plutôt l'impression d'être dans une entreprise où l'on a un supérieur, le prophète, à qui il faut obéir, parce qu'il a un message de son supérieur, l'ange Gabriel, qui transmet un message de son supérieur, dieu. En quoi obéir à un supérieur stupide rend la chose démocratique ?
    Pourtant, ces récits sur la hiérarchie du monde spirituel sont de nature à impressionner. Mais je pense que c'est en partie parce que c'est inconscient, parce qu'on ne parle pas trop explicitement de la hiérarchie. On dit que Dieu est l'unique dieu. S'il est tout seul, pas de hiérarchie, n'est-ce pas ? Mais c'est nier qu'il y a les anges, qui sont aussi des dieux puisque ce sont des êtres surnaturels. Il ne suffit pas de changer de mot, ce sont toujours des supposés êtres surnaturels. En fait, les anges sont inférieurs hiérarchiquement aux dieux. Ce sont des dieux à qui on accorde pas le nom de dieux parce qu'ils sont subordonnés. Si un dieu est un roi, un ange est un valet.
    Déjà, à partir du moment où l'on aime pas la hiérarchie, on n'a pas spécialement envie de se soumettre aux dires d'un prophète que ne serait que la pointe visible d'un iceberg de hiérarchie spirituelle. Encore moins si cela va avec une menace de mort en cas de désobéissance (cf le paradis et l'enfer). Quand on remarque en plus que différentes religions affirment qu'il y a différentes hiérarchies mutuellement incompatibles, on a de quoi être encore plus dubitatif. Ce ne sont pas seulement les noms qui change, mais la structure même de ce monde spirituel (un ou plusieurs dieux, existence d'un paradis de récompense ou non, existence d'un enfer de punition ou non, dans le cas d'un enfer de punition, une punition éternelle ou pas, etc.)
    En conclusion, les affirmations sur le monde spirituel sont arbitraires, reliées à des mythologies diverses et variées, et servent à imposer une hiérarchie.
  18. existence
    Cela peut sembler absurde de désirer être une victime. Pourtant, on peut être tenté par cela. En effet, la glorification de Jésus-Christ valorise la victimisation comme positive pour tout le monde. On peut s'identifier à Jésus et ainsi en se victimisant, fusionner mentalement et fantasmer d'être montré par tous les crucifix. Par notre souffrance, on deviendrait une star internationale et sauveur du monde.
    Il se passe l'inversion de valeur entre faire le bien et faire le mal : notre mal deviendrait le bien d'autrui. J'aborde cette question dans le billet précédent Jésus Christ : l'association entre douceur et scarification. Être victime est alors considéré comme positif au lieu de négatif.
    De plus, on le sait, quand on est victime, on ne peut rien nous refuser. Le cri strident de la victime, qu'il soit implicite et silencieux, ou bien explicite, est un peu le cri strident de la personne autoritaire. Même si on passe pour faible, autrui a bien du mal à refuser quelque chose à une prétendue victime. On ne culpabilise pas nécessairement qu'autrui soit victime, mais on culpabilise de ne pas lui porter assistance. Le désir de pouvoir peut donc nous amener à faire la victime.
    Tout cela n'est pas très moral, bien entendu, mais comme Jésus-Christ est un personnage sur lequel on n'a pas le droit de dire quoi que ce soit, on se protège par la fusion avec lui. J'évoque cela dans Le refuge de la similitude. Il est bien difficile de reprocher à quelqu'un de faire la victime quand c'est un principe culturellement valorisé. D'un point de vue chrétien comme déjà évoqué, mais également d'un point de vue juif avec la Shoah, encore que dans ce cas, c'est plus une victimisation de groupe qu'une victimisation individuelle. La victime a toujours raison.
    Cette caractéristique inattaquable de la victimisation mène à la compétition victimaire. L'enjeu est de taille, puisqu'il s'agit d'exister comme victime universelle et d'avoir le pouvoir sur autrui. Dans ce processus, chacun accumule tout ce dont il peut se plaindre, afin d'avoir le plus gros dossier. Au final, celui qui a le plus de point a gagné, et l'on doit se soumettre à sa volonté.
  19. existence
    Comme les croyants affirment avoir la bonne pensée et que l'on risque la punition ou un malheur si on a pas cette pensée, on peut être tenté de se réfugier dans la similitude avec les croyants. On peut bien entendu craindre que des personnes nous punissent parce qu'on ne pense pas "comme il faut", et donc qu'en se conformant, on ne serait pas "en faute" et donc pas puni. Mais aussi, en cas de conflit avec autrui, en prenant ses expression et en le mimant, on fusionne avec lui ce qui réduit sa capacité à nous attaquer, parce qu'alors il attaquerait soi-même. Dans ce cas, ressembler à autrui est une stratégie sociale. En utilisant des mots du champ lexical de la religion, mais selon un sens qui nous permet d'exprimer ce qu'on veut exprimer, on se pare d'un bouclier psychologique. Il en est ainsi des phrases :
    - cette façon de voir est fautive (pour dire qu'elle est fausse)
    - vous sacrifiez à cette habitude (vous faites cela alors qu'il y a des raisons de ne pas le faire)
    - si vous pouviez apporter votre lumière (votre connaissance)
    - chacun porte sa croix (chacun a ses difficultés)
    - etc.
    Il est possible alors de faire comme le jonc, se déformer pour ne pas plier. Pour cela, bien entendu, il ne faut pas être allergique aux termes à connotation religieuse. En tout cas, cela est moins embêtant que de changer sa pensée et de devenir croyant pour ne pas être puni.
    Mais au-delà de ces questions sociales, il y a un instinct primitif, selon lequel plus on est nombreux dans un groupe, moins on risque quelque chose individuellement. A la manière d'un troupeau de gazelle se rassemblant pour être moins vulnérable individuellement face à un lion, les croyants se rassemblent autour d'une croyance pour avoir le sentiment de risquer moins. Et l'on peut être tenté en tant qu'athée de se fondre dans la masse pour avoir le même avantage imaginaire. En effet, il n'y a pas de fauve pour nous dévorer. Les apôtres représentés comme des animaux sauvages sur les églises ne sont que des représentations en pierre.
    Il y a un autre phénomène, qui est un peu un mélange de tout ce qui a déjà été dit, qui est que par identification, on ne fait qu'un, on devient solidaire comme si on était une seule personne. En effet, si plusieurs personnes pensent la même chose, c'est un peu comme s'il n'y avait qu'une seule personne qui pensait cela. Il y a l'illusion de la protection du rassemblement dont on vient de parler qui fait que les gens ont moins peur de s'affirmer, il y a la protection par rapport à autrui parce qu'on lui ressemble, donc moins de chance qu'il nous attaque, et à cela s'ajoute un sentiment de dilution de la responsabilité, comme si la responsabilité individuelle était divisé par le nombre de personnes, alors même que les autres n'ont pas participé à l'action.
  20. existence
    Petite exception de ma part, je vais commencer par une citation de la Bible.
    Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit, mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Jean 3-8
    On peut noter que le vent est personnifié puisque il "veut" aller où il va. Mis à part cela, cette phrase exprime que les informations que nous avons sur la réalité sont limitées. En effet, quand nous sommes à un endroit et que nous observons, nous obtenons des informations sur une portion limitée de l'espace. Concernant la vision, à un instant donné il s'agit d'un cône dont les bords sont flous, et si l'on regarde autour de soi, on peut regarder dans toutes les directions d'une sphère. Concernant l'ouïe, cela est semblable à une sphère sans qu'on ait besoin de se tourner.
    Nous construisons une représentation de la réalité en fonction des informations que nous avons, ainsi on peut avoir une idée de ce qui se passe dans la portion d'espace sur laquelle nous avons des informations. Mais concernant les parties que nous ne pouvons pas observer, nous ne pouvons être complètement sûr. Quand il fait beau ou quand il pleut, on peut en déduire que le temps est semblable jusqu'à une certaine distance puis nous sommes de moins en moins sûr, cela devient des probabilités, et ces probabilités deviennent de moins en moins spécifiques. Quand il y a du vent, nous pouvons interpoler le mouvement du vent et déterminer d'où il vient et où il va jusqu'à une certaine distance, puis cela devient moins certain, des probabilités qui finissent par être "le vent va dans une direction" sans qu'on sache laquelle.
    Notre représentation subjective du monde est donc certaine sur une petite portion et pour l'essentiel, le monde n'est qu'un ensemble de probabilités. Quand nous nous déplaçons, nous transformons une partie de ce monde de probabilité en certitude, le temps que nous restons à un endroit particulier. Pendant ce temps, l'endroit d'où nous venons redevient un ensemble de probabilité.
    Concernant les personnes, rapidement, on ne sait pas où elles sont ou bien ce qu'elles font pour peu qu'elles aient plusieurs activités possibles. On a alors un ensemble de possibilités et tout un continuum d'espace où elles peuvent se trouver. Selon ce dont on parle, on aura tout de même plus ou moins de certitude. On sera toujours sûr que la gravité va vers le sol, et on a des cartes en mémoire de différents lieux. On a tendance à considérer que ces cartes sont la réalité jusqu'à preuve du contraire, par exemple s'il y a des travaux, qu'une rue est ajoutée ou transformée, qu'un maison est construite ou détruite, qu'une pièce est réarrangée ou que des objets sont déplacés. Comme il est facile de déplacer un objet, on sera moins surpris dans ce cas. Nous mettons à jour nos cartes en fonction de nos nouvelles observations.
    Comme nous avons un accès réduit au monde par notre perception, nous tentons d'en apprendre davantage grâce à autrui, en l'écoutant, en lisant, en regardant la télévision, etc. Cela pose la question de la confiance qu'on peut accorder à une source d'information. Selon le crédit qu'on accorde à quelqu'un, ce qu'il nous raconte sera considéré comme plus ou moins probable.
    Pourquoi y a-t-il cette phrase au sujet du vent dans la Bible ? Eh bien quelques lignes plus loin, on peut lire :
    En vérité, en vérité, je te le dis, nous disons ce que nous savons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu ; et vous ne recevez pas notre témoignage. Jean 3-11
    En d'autres termes, Jésus demande à ce qu'on le croit sur parole, parce qu'il témoignerait de ce qu'il a vu. Cette belle phrase sur le vent sert à impressionner pour convaincre. Et les gens qui se laissent impressionner et convaincre sont considérés comme étant born-again, né de l'Esprit. Ce qui donne au complet :
    Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit, mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit. Jean 3-8
    Le vent en question est donc la croyance en dieu, qui est propagée par les croyants, sur la base du témoignages, mais sans avoir aucune source. La croyance se base donc sur un pur phénomène subjectif et social, et l'on s'en voit glorifié comme "né de l'Esprit" et comme égal à ce vent qu'on propage. Pourtant, il est tout à fait banal qu'on ne sache pas d'où quelqu'un vient ni où il va. Nous sommes pour autrui un sujet d'observation et comme tout sujet d'observation, nous ne sommes visible à autrui que lorsque nous sommes à côté de lui, et nous disparaissons dans les probabilités quand nous nous en éloignons.
    Mettre un E majuscule à esprit, c'est un peu comme mettre un S majuscule à subjectivité, de considérer que la subjectivité est maitre de ce qui est, et donc que toute activité de notre esprit est en soit la preuve de l'existence de quelque chose d'autre que l'activité de l'esprit.
  21. existence
    D'un côté un personnage aimant et partageur, de l'autre un personnage sur une croix en train d'agoniser. Le christianisme promeut l'association entre la douceur, l'amour, le partage, et la douleur, la scarification, la punition. Le sauveur vient à désirer qu'il y ait des victimes, car sinon comment pourrait-il être sauveur ?
    Or on peut mettre en avant le partage, l'empathie, sans pour autant tomber dans le sacrifice. Sous prétexte que le christianisme aurait mis ces valeurs en avant, on devrait prendre ce qui est dans le même sac chrétien, à savoir la croix et les instruments de torture divers. La dette sert alors à justifier l'injustifiable, le refus du bonheur, le refus de l'épanouissement de soi. Le terme égoïste rassemble cette idée absurde que le bien de soi serait un mal alors que le bien d'autrui serait un bien.
    L'existence d'autres traditions, comme le bouddhisme, permet de relativiser cette dette. En effet, ces belles valeurs sont en fait spontanée chez les êtres humains. La seule question étant de savoir à qui ont les étend. L'amour infini a souvent un effet pervers, car sous prétexte d'aimer des personnes qu'on ne connait pas, on néglige notre bonheur. Imposer l'altruisme comme une norme revient justement à crucifier les gens, transformant leur capacité naturelle au bien en trip sadomasochiste.
    Derrière l'image douce et humble de Jésus, il y a celle du sacrifice, qui n'est rien d'autre qu'un représentant de la pulsion de mort, c'est-à-dire la souffrance désirable et la destruction désirable. L'erreur fondamentale ici est de considérer qu'un bien vaut un mal. En effet, s'il est vrai que le bien d'autrui vaut le bien de soi, il est faux que le mal de soi vaut le bien d'autrui. Or c'est précisément l'idée du sacrifice. Avec Jésus, ce non sens est érigé en principe directeur de l'univers. Rien que ça.
    Et l'on amène les gens à aimer un dieu qui serait à l'initiative d'une vie en guise de punition. La vie terrestre comme une punition, voilà l'inversion fondamentale de toute valeur.
    Jésus nous invite avec douceur... à manger son corps et à boire son sang. Autrement dit du cannibalisme altruiste. Le bien de l'individu sacrifié sur l'autel de la générosité. Il ne faut pas se laisser tromper par la culpabilisation de la mort de Jésus par les méchants juifs. La mort de Jésus sur sa croix, ce n'est pas censé être une erreur, mais précisément le plan d'un supposé créateur de l'univers, sacrifiant le fruit de ses entrailles.
  22. existence
    Appelons "obéissance compulsive" le phénomène par lequel on se soumet de façon compulsive à une autorité. Et si on ne trouve pas d'autorité, on en recherchera une. Cela va donc avec un besoin d'autorité.
    Il en résulte qu'au lieu de nous demander ce qui nous semble juste et de nous tenir à cela, souvent nous allons chercher des autorités qui nous plaisent pour les suivre. Ou bien nous allons nous demander ce qui nous semble juste, et chercher des autorités qui peuvent confirmer nos dires, afin d'avoir une validation de notre pensée. Ainsi on cherchera à citer un philosophe, un écrivain, suffisamment connu pour générer l'approbation.
    Cette compulsion nous amène à associer la notion de bien avec la notion d'autorité. Comme elle est répandue, il y a une valorisation sociale de cette soumission. Ainsi, le croyant soumis à sa religion sera un "bon croyant". L'enfant soumis à ses parents sera un "bon fils" ou une "gentille fille".
    Il s'agit d'un phénomène en grande partie inconscient. Nous avons emmagasiné au cours de notre enfance des expériences, associées à des sentiments positifs ou négatifs. C'est notamment le cas avec les récompenses et les punitions. Quand nous étions enfants, nos parents, puis nos éducateurs ont cherché mille façons de nous faire agir d'une certaine façon. Il est donc très répandu d'avoir associé dans son esprit la notion d'autorité avec la récompense en cas d'obéissance et la punition en cas de désobéissance. Plus tard, à l'âge adulte, les autorités cherchent à avoir l'image du bien pour obtenir le consentement des gens qu'elles veulent diriger. Nous sommes donc conditionnés à cette association entre autorité et bien. La Bible érige cela en principe métaphysique avec Dieu qui est censé être l'Autorité et le Bien par essence.
    On comprend aisément pourquoi les parents ont cherché notre obéissance. Et même, quand on est tout petit, on n'a pas de volonté, on est comme une éponge et on obéit sans se poser de question. Quand apparait notre volonté et notre capacité à nous déplacer par nos propres moyens, nos parents peuvent avoir peur pour nous. En effet, nous ne sommes pas conscients de la plupart des dangers. Les parents ont donc une raison de chercher à cadrer notre comportement. Et ils peuvent s'habituer à cela, il peut y avoir un certain confort au contrôle d'autrui (qui va aussi avec un inconfort puisque l'on doit être là pour dire ce qu'il faut faire). Les parents peuvent donc s'attacher au contrôle de leur enfant, et ne jamais sortir d'une vision du monde où ils ont tous les pouvoirs "sous leur toit". Et même pour les parents qui prennent soin d'expliquer à leur enfant que leur avis n'est que leur avis, il reste de toutes façons une ensemble de conditionnements. Il faut aussi tenir compte du fait que souvent les gens extérieurs à notre famille vont aussi valoriser l'obéissance aux parents, ou au moins la respecter pour ne pas avoir de problèmes avec les parents en question. Voilà pourquoi le principal facteur déterminant notre religion est celle de nos parents. Quelque soit l'ouverture d'esprit de nos parents, nous sommes formatés par notre enfance, et nous commençons dans la vie avec un certain point de vue au sujet du bien et du mal, et de l'autorité.
    Il y a donc différents facteurs qui concourent à la formation de l'obéissance compulsive, l'éducation par les parents et les professeurs, les expériences emmagasinées de façon inconscientes, globalement la valorisation par autrui de l'obéissance aux parents, puis aux supérieurs hiérarchiques et la menace de licenciement.
    De plus, la flatterie de notre ego et de notre sentiment de toute puissance peut nous amener à désirer le principe de la soumission, et nous faire participer activement à cette obéissance compulsive. En effet, à partir du moment où l'on affirme qu'autrui doit être soumis, il est difficile de s'opposer à notre propre soumission du fait du principe de cohérence.
  23. existence
    J'entends par morale personnelle et autoritaire l'idée que l'on doive à titre personnel affirmer une morale et la faire respecter autoritairement. Quelqu'un qui ne le fait pas serait mou, voire immoral. On devrait être un justicier, punisseur des méchants (dont la définition est très subjective), et pétri de normes morales.
    On a l'impression qu'on devrait s'excuser de ne pas s'offusquer de certaines choses. Cela peut être le racisme ou au contraire la présence des étrangers, l'homophobie ou au contraire la gay pride, l'athéisme ou au contraire la croyance religieuse, etc. Ce dont il faudrait s'offusquer dépend de la situation sociale, des gens présents et de leurs valeurs, etc.
    Certaines personnes recherchent cette affirmation personnelle et autoritaire, l'attendent de nous. On serait faible, voire méprisable, de ne pas être comme cela.
    - Des gens sont racistes
    - Ce sont simplement des pensées
    - Comment ça, tu ne trouves pas ça grave ? Mais ça se trouve tu es raciste toi aussi !
    - Des gens défilent à la gaypride
    - Oh ben c'est juste une fête
    - Comme ça, cela ne te choques pas ? Ces gens qui nous éclaboussent avec leur sexualité ! C'est intolérable ! Comment peux-tu rester passif ?
    - Des gens sont athées
    - C'est une vision possible des choses
    - Comment ça ? Tu te rends compte, ce sont des gens immoraux ! Ils n'ont aucun principe ! Tu es du côté de Satan ou quoi ?
    - Des gens sont musulmans
    - C'est une croyance religieuse possible
    - Comment ça ? Tu te rends compte qu'ils veulent que le Coran fasse la loi ! Ils soutiennent les criminels terroristes ? Tu n'en as donc rien à faire de la sécurité publique et des lois républicaines ?
    Etc.
  24. existence
    Je suppose que nous avons tous rencontré ce phénomène. Que nous en soyons la victime ou que nous en soyons le culpabilisateur, éventuellement sans nous en rendre compte. Culpabiliser plutôt que résoudre revient à réagir en prenant la pente du reproche plutôt qu'en prenant la pente de la résolution d'une solution à un problème. Par exemple, si on mentionne un problème, on nous reproche d'en parler. Ou bien si autrui mentionne un problème, on lui reproche d'en parler. Ou encore, si autrui mentionne un problème, on se culpabilise au lieu de se demander comment le résoudre. Inversement, si on mentionne un problème à autrui, celui-ci se culpabilise plutôt que de rechercher une solution.
    Cela rend la discussion difficile. Tout problème semble devenir insoluble, et on en vient à considérer que c'est un problème d'avoir des problèmes. Or un problème, cela se résout. Culpabiliser plutôt que résoudre transforme les problèmes en montagne de culpabilité alors que simplement la vie est un peu complexe et nous pouvons quotidiennement résoudre nos problèmes. Cela peut même être motivant.
    Pour la religion, c'est une aubaine. Si les gens se noient dans la culpabilité, ils ont besoin d'un sauveur pour résoudre leurs problèmes. On insiste donc sur le péché, et si l'on ne trouve pas de raison de se sentir coupable, de toutes façons, la vie est une punition divine pour le péché originel. Mais notre inconscient cherche des solutions de toutes façons. On aboutit à une sorte de dédoublement, où les solutions apparaissent comme révélées, alors que nous ne semblons pas les chercher. Notre aptitude à chercher des solutions se retrouve projetée dans le personnage imaginaire divin. On se retrouve dans un sentiment de nullité, puisque toutes les qualités semblent être à l'extérieur de nous-mêmes.
    Ayant l'habitude de la culpabilisation, on finit par rejeter autrui et le culpabiliser de nous parler de ses problèmes. La situation est délicate. Si on aide autrui, on devient son sauveur, alors que l'on ne fait pas grand chose. Si on n'aide pas autrui, on devient un lâcheur. Le fond du problème est simple, c'est qu'on se culpabilise plutôt que de faire confiance à son inconscient pour trouver des solutions.
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