Comme les croyants affirment avoir la bonne pensée et que l'on risque la punition ou un malheur si on a pas cette pensée, on peut être tenté de se réfugier dans la similitude avec les croyants. On peut bien entendu craindre que des personnes nous punissent parce qu'on ne pense pas "comme il faut", et donc qu'en se conformant, on ne serait pas "en faute" et donc pas puni. Mais aussi, en cas de conflit avec autrui, en prenant ses expression et en le mimant, on fusionne avec lui ce qui réduit sa capacité à nous attaquer, parce qu'alors il attaquerait soi-même. Dans ce cas, ressembler à autrui est une stratégie sociale. En utilisant des mots du champ lexical de la religion, mais selon un sens qui nous permet d'exprimer ce qu'on veut exprimer, on se pare d'un bouclier psychologique. Il en est ainsi des phrases :
- cette façon de voir est fautive (pour dire qu'elle est fausse)
- vous sacrifiez à cette habitude (vous faites cela alors qu'il y a des raisons de ne pas le faire)
- si vous pouviez apporter votre lumière (votre connaissance)
- chacun porte sa croix (chacun a ses difficultés)
- etc.
Il est possible alors de faire comme le jonc, se déformer pour ne pas plier. Pour cela, bien entendu, il ne faut pas être allergique aux termes à connotation religieuse. En tout cas, cela est moins embêtant que de changer sa pensée et de devenir croyant pour ne pas être puni.
Mais au-delà de ces questions sociales, il y a un instinct primitif, selon lequel plus on est nombreux dans un groupe, moins on risque quelque chose individuellement. A la manière d'un troupeau de gazelle se rassemblant pour être moins vulnérable individuellement face à un lion, les croyants se rassemblent autour d'une croyance pour avoir le sentiment de risquer moins. Et l'on peut être tenté en tant qu'athée de se fondre dans la masse pour avoir le même avantage imaginaire. En effet, il n'y a pas de fauve pour nous dévorer. Les apôtres représentés comme des animaux sauvages sur les églises ne sont que des représentations en pierre.
Il y a un autre phénomène, qui est un peu un mélange de tout ce qui a déjà été dit, qui est que par identification, on ne fait qu'un, on devient solidaire comme si on était une seule personne. En effet, si plusieurs personnes pensent la même chose, c'est un peu comme s'il n'y avait qu'une seule personne qui pensait cela. Il y a l'illusion de la protection du rassemblement dont on vient de parler qui fait que les gens ont moins peur de s'affirmer, il y a la protection par rapport à autrui parce qu'on lui ressemble, donc moins de chance qu'il nous attaque, et à cela s'ajoute un sentiment de dilution de la responsabilité, comme si la responsabilité individuelle était divisé par le nombre de personnes, alors même que les autres n'ont pas participé à l'action.
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