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querida13

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Billets posté(e)s par querida13

  1. querida13
    La plupart de mes camarades et des jeunes de ma famille suivaient une formation plus diplômante ou avaient déjà un métier qui leur faisait gagner de l'argent.J'avais déjà commencé à donner des cours à une adorable jeune femme,qui avait acheté un piano mais elle ne dépassa guère le stade d'"au clair de la lune" et d'un joli morceau.Elle fut vite démotivée.on m'engagea une dizaines d'heures pour entraîner un jeune garçon à passer un concours de fin d'années.Je donnais quelques cours de soutien scolaire à des enfants en difficulté par ci,par là.Mon accès à l'âge adulte se faisait difficilement.J'ignorais que la réussite s'obtient à pas de fourmi, à force de petites victoires et de ténacité et dans la durée, dans la matérialité,comme pour le piano!Je passai une première fois le concours d'instits et échouai,puis m'inscrivis à la fac d'histoire.Je revins au conservatoire:opéras et choeurs me passionnaient.Je passai un concours de chant et entrai dans une classe de chant lyrique.Pour entrer je chantai le Pie Jesu du requiem de Fauré!
    J'avais,en chant, un vieux prof qui disait-on ,avait connu son heure de gloire,il allait partir à la retraite.Mon professeur de solfège était le chef des choeurs de l'opéra de Marseille.Il dirigeait aussi la chorale amateur du conservatoire de Marseille, je m'y inscrivis et mon père aussi dans la foulée,car le quartier du centre ville lui, était suspect, il ne voulait pas que j'y sois seule pendant la nuit car les répétitions avaient lieu tard.J'appris quelques oeuvres splendides avec ce choeur qui je l'appris plus tard suppléait ceux de l'opéra de Marseille:le requiem de Fauré,Elias de Mendelsohn,le requiem allemand de Brahms....Pendant ce temps ,deux fois par semaine ,je venais faire des vocalises,apprenais à maîtriser et poser mon souffle,à peaufiner la justesse de ma voix et à trouver les bonnes positions du palais,des voyelles dans ma bouche,pour optimiser et égaliser le son,quelle que soit sa hauteur!Je faisais quelques exercices,puis répétais des airs de concert et d'opéras.J'appris que j'avais une voix de soprano léger dit Dugazon,que je ne chanterais jamais les airs de Verdi,ou de Puccini ou même de Bizet que j'aurais adoré chanter pour la simple et bonne raison que j'avais plutôt un timbre adapté aux airs classiques ou aux opérettes!Je dois avouer que ce fut pour moi une grande déception de l'apprendre!
    En effet les compositeurs ne composent des rôles que pour des registres de voix particuliers et il faut rentrer dans le moule.Si votre voix ne correspond pas au rôle ,vous devrez aller chanter autre chose.J'appris les mélodies de Fauré.
    Le directeur du Théâtre du Merlan ,qui était un homme intelligent pensait qu'il fallait nous donner une formation professionnelle et un accès à la scène.Il se mit en contact avec les profs et nous répétâmes deux opérettes la fille de madame Angot et La fille du tambour major l'année suivante.
  2. querida13
    Aux deux tiers d'une année scolaire lourde, je suis mutée sans explication sur la commune voisine.Convoquée dans son bureau,
    l'inspecteur me fait savoir sèchement que ma présence n'est pas désirée et qu'il va me remettre au travail.
    Avec trois classes sur le précédent poste et quelque chose comme 92 élèves sur trois classes différentes en deux écoles bien distinctes je n'avais pas eu l'impression d'avoir chômé, je reste muette d'incompréhension devant tant de sotte agressivité;je sortais d'une autre opération et année- là je me trouvais très distraite ( l'anesthésie devait encore un peu imprégner mes neurones),harassée et ralentie par les séquelles.Je n'en ai pas moins préparé toutes mes classes effectué mes trois évaluations,corrigé des copies et des cahiers, rempli des bulletins par paquets de cent.
    On me fait retourner pour un mois dans une école en ZEP puis on me fait arpenter un territoire inconnu en ce qui concerne les écoles mais plutôt bien connu de moi car dans mon enfance quelques membres de ma famille habitaient dans le coin et nous venions visiter les cousins souvent.
    A moi qui n'ai pratiquement enseigné qu'en primaire et le plus souvent dans les classes de cycle III,on me redonne quelque 25 ans après être sortie de l'école normale d'institutrices (actuel IUFM)des maternelles.Il me faut refaire toutes les recherches de matériel, de coloriages, d'instructions officielles,de contes,de comptines,de chansons et en plus on me donna parfois des enfants de moins de trois ans sans qu'aucune instruction officielle n'ait été pondue sur le sujet.Je visite les locaux,me familiarise avec les gens que je vois en coup de vent,pour de nouveau aller vers d'autres cieux...
    Je bourlingue donc de classe en classe pendant trois ans sur la quarantaine d'écoles que compte la circonscription,parfois je change d'école du matin au soir,parfois on ne donne aussi les remplacements des maîtres en équipe éducative et pendant la journée j'effectue des remplacements dans toutes les classes trois quarts d'heure chacune,dans les six classes d'une école...Ca se passe bien...Je dois dire qu'à part quatre classes agitées ,j'ai rencontré des enfants bien attachants et globalement très bien élevés et des parents très sympathiques.J'ai acheté une sorte de gros cartable de maître à roulettes en promo à lidl.Le matin,je choisissais dans les classeurs qui sont dans ma voiture,abondamment fournis, ce que j'allais aborder avec les élèves dans la matinée.Car je sais à quel endroit du programme ils sont à ce moment de l'année.En cinq minutes j'élabore mon petit programme.On m'accueille comme le messie qui va sauver les maîtresses de la corvée des répartitions,je fais mes photocopies rapidement,on m'offre du thé aux récréations,à part l'inspecteur,tout le monde est charmant avec moi.
    Sur mon cartable noir que je traîne de classe en classe j'apporte mon orgue.
    Quand j'arrive dans une école les enfants m'entourent et se disent entre eux :
    "Ouaiaiais,la maîtresse au piano est là!
    Puis s'adressant à moi:Vous allez dans quelle classe, maîtresse?"
    Et quand j'ai annoncé le niveau, ceux du niveau concerné sautent en l'air de contentement et les autres repartent, déçus!"
    Je fais mon petit programme,français,maths, lecture,histoire/géo/sciences ou sport suivant les emplois du temps,mais aussi un peu de musique.
    Quand j'annonce à mes collègues de quelle commune je viens,il me regardent d'un air soit méfiant,soit goguenard et certains osent me questionner,en me disant:
    "Alors,tu viens du sérail?"
    Et je réponds tout de go:
    -"Eh bien non, sinon j'y serais encore!"
    Cette popularité agace un de mes collègues directeurs.
    Un jour alors que je cherchais une classe,je le vis carrément jouer les chauffeurs de salle et les gamins étaient remontés comm des pendules lorsque je les pris en mains.On aurait dit qu'ils sortaient du stade après avoir acclamé l'OM!
    Je leur donnai un mandala et demandai le silence pendant que je faisais l'appel,je fis le plan de classe avec tous les prénoms et les appelai nominativement un à un dès qu'ils étaient bavards,les laissai se calmer sur le coloriage une dizaine de minutes, puis enchaînai avec une leçon sur la voix passive des verbes.Ils n'avaient jamais conjugué ainsi,ils furent subjugués et attentifs à réussir un exercice inédit qu'ils n'avaient jamais fait.
    Le collègue revint au bout d'une demi-heure persuadé que je ne viendrai pas à bout des petits monstres.Ils étaient en train d'écrire la date dans leurs cahiers et écoutaient religieusement les consignes.Je leur appris une chanson à la fin de la matinée et elle était en place en un quart d'heure.
    Il y a des jours,comme ça, où tout tourne rond...
    Finalement,je m'aperçois que même en maternelle ,je connais tout le répertoire .je me propose parfois pour accompagner les chorales qui chantent le vendredi soir, en improvisant totalement.et c'est là que je m'aperçois que je possède un répertoire commun aux autres maîtresses.
    un jour d'inactivité,une collègue m'apprendra deux de ses chansons .Ca occupe.
    Quant à moi je reviens avec d'autres chansons dans mon escarcelle.
    Une autre fois je récupère un CE1 et l'on me fourre entre les pattes un CD et un lecteur,un paquet de photocopies sur lesquelles sont dupliquées les paroles d'une chanson et l'on me dit:le spectacle de fin d'année est la semaine prochaine voici une chanson (inconnue)il faut la leur apprendre en quarante minutes parce que la maîtresse que tu remplaces n'a pas eu le temps de la voir avec eux,et après il y aura répétition générale de la fête entière!
    Après l'appel,je m'attelle tout de suite à la tâche.
    Je passe une première fois la chanson et les enfants écoutent.
    Je repère l'alternance des refrains /couplets/les thèmes musicaux:la chanson est un peu alambiquée,vocalisante,rapide.
    Je vais souffrir?J'ai peur de ramer...
    Une illumination me prend:un crayon, du papier et je commence à écrire en me servant de mon oreille absolue les notes de la chanson phrase à phrase,je leur chante la douzaine de mesures d'une phrase et les fais répéter après moi,je joue chaque phrase à l'orgue, rectifie ce qui n'est pas juste en rejouant les phrases erronées au clavier plusieurs fois en déchiffrant immédiatement,le premier couplet est posé puis le refrain,puis le deuxième, le troisième....Nous répétons encore.Une fois deux fois,je sue de grosses gouttes.
    Mais ça va tenir le coup.A neuf heures trente la générale commence.Je fais sortir la classeans la cour et aide même à installe la sono.
    " Ce n'est pas grave s'il ne la connaissent pas me dit la collègue car ils chanteront avec trois autres classes."
    -C'est bon,il la savent" lui réponds-je avec assurance.
    La chorale est installée et personne ne la dirige car d'habitude c'est la collègue que je remplace qui joue les chefs de choeur.
    Qu'à cela ne tienne ,face à cent élèves, je prends le relais.
    Je les dirige, c'est presque en place et c'est moi qui regarde par en dessous la collègue décontenancée qui d'un air incrédule, constate:"non mais c'est pas vrai même les CE la savent et chantent."
    Je reprends quelques points qui manquent de clarté,de rythme, de justesse de mise en place avec les autres élèves,rectifie quelques mauvaises habitudes respiratoires, et à la deuxième répétition ,c'est magique,c'est en place...
    -regardez la reprend ma collègue,on dirait qu'elle a fait ça toute sa vie.
    A vrai dire...
    Ce n'est pas moi qui la contredirai...
  3. querida13
    Cette année-là, mon cousin se maria dans un joli village provençal.
    A ma grande surprise,il me demanda de chanter l'Ave Maria à l'église.
    J'adore les mariages,j'y ai été souvent conviée dans ma vie.C'est l'occasion ou jamais de faire toilette, de s'endimancher vraiment de "faire chic", de faire la fête de revoir la famille au grand complet.
    Cela réveille certainement en moi la petite fille qui se costumait pour ressembler à une princesse et qui rêvait des tenues que portaient Barbie dans les magasins de jouets en déplorant que tant de tissu soit consacré à l'habillement ravissant d'un morceau de plastique quand moi ,on me vêtait de ces jeans si atroces mais si pratiques pour aller crapahuter sur les chemins.Je choisis pour l'occasion une élégante robe mauve assortie d'un chapeau qui me donnait un petit air d'époque "restauration".
    Je préparai mon intervention avec grand soin.
    je trouvai les paroles sur internet,achetai un CD pour répéter,je m'entraînai consciencieusement tous les jours précédant l'événement, enregistrai la bande son.Pendant la cérémonie,
    le moment venu,le magnétophone,pourtant lesté de piles neuves ,ne se déclencha pas.
    Je fus brièvement,légèrement décontenancée mais ne me dégonflai pas.
    J'entonnai devant les yeux ébahis de ma famille un Ave Maria a capella.Tous se turent de surprise.
    Puis fus chaleureusement applaudie.Le curé me regarda, visiblement enchanté...
    Mon parrain, incommodé par la chaleur et l'attente que nous imposa le travail du photographe en plein cagnard d'été,me dit que ce fut un instant de grâce dans ce mariage.
    Pour ma part ,je trouvai que tout était soigné et exquis, l'assemblée était sur son trente et un.
    Pendant le repas mon parrain m'annonça qu'il avait pendant l'année souffert d'une maladie grave qui avait failli avoir raison de lui et l'emporter.En conversant avec lui ,je ratai
    le bal. Mais en définitive, l'animateur/chanteur ouvrit une autre séance et proposa à la famille de participer et demanda qui était volontaire pour pousser la chansonnette.
    Je chantai l'hymne à l'amourde Piaf et ma très vieille grand tante fut aux anges.Ma famille proche (frère,père et belle soeur,)s'y colla je rechantai deux autres chansons;mais si cet intermède soulageait la voix de l'animateur ,il stoppait le bal et laissait les parents assis sauf à la dernière chanson disco que j'avais choisie qui en faisait lever beaucoup pour danser.Je fus acclamée, cela piqua mon père,poliment applaudi, au vif.Il me dit que j'en avais fait assez et me dit qu'il fallait laisser l'animateur continuer à faire son travail.
    L'animateur ,qui appréciait notre intervention lui jeta un oeil décontenancé.
    Que je fasse l'artiste de salon pour épater la galerie,il a toujours aimé,mais l'éventualité que j'aie du succès,ça l'a toujours rebuté.
    Ce doute des parents,c'est le lot de nombre d'artistes;
    certains luttent contre vents et marées,même s'ils peinent (comme Cézanne par exemple et Claude François à ses débuts) à faire percer leur talent.D'autres devant tant d'oppositions familiales renoncent.
    L'artiste montre la limite,il joue avec les limites, il la décrie, il s'en moque,la magnifie,la tourneboule,la chahute,la conteste,la fait parfois reculer, il nous interpelle et nous interroge sur son bien fondé et sur sa place.
    Un autre critère qui fait douter les parents est le succès avec ce corollaire: est ce que celui qui exerce son talent pour vivre pourra toujours survivre grâce à son métier?
    Car hélas,les chansons vieillissent,les modes passent,un jeune artiste à succès devient vite un vieux ringard,un jeune premier adulé vire vite au vieux beau,un tube devient vite une vieille scie , une rengaine démodée et dépassée,et la danse de l'année est vite remplacée par une autre danse des canards.
    De plus et que celui qui a vu l'Ange bleu me jette la première pierre:
    l'artiste-femme joue sur scène beaucoup avec des vêtements pas toujours décents et ce jeu la rapproche aux yeux des gens de la bourgeoisie pour lesquels souvent l'habit fait le moine,des femmes de mauvaise vie...Donc elle est socialement dévalorisée.(Pour peu qu'elle ait la cuisse légère).
    Quel métier!Et pourtant que tout serait bien triste sans eux!un monde sans danse, sans chant, sans musique, ni poésie, sans littérature, sans télé, sans clown ni cirque,sans fantaisistes, sans jongleurs, sans prestidigitateurs, sans acteurs,tragédiens et comédiens, sans danseuses de french cancan,sans orchestre ni opéra ,ni peintre,ni dessinateurs et humoristes...
  4. querida13
    Je suis allée faire les courses au supermarché de Ventabren, une adorable commune très boisée des Bouches du Rhône.En sortant,j'avise les sept lettres magiques:Karaoké;Mon radar perso se met à biper.
    Je note le jour et je réserve mon vendredi soir à cette occupation.Mon mari en a marre de ce genre de sorties et donc il ne m'accompagne pas;
    C'est le début d'une belle histoire qui commence assez bizarrement:
    Avec l'apparition des réseaux sociaux,un site s'est mis à proposer des sorties à des gens qui ne se connaissaient pas forcément mais qui désiraient rencontrer du monde, c'est OVS.(On Va Sortir).A l'époque je n'avais pas d'internet; En fait, je me suis occupée de replanter mon jardin et je dépensais à l'époque mon argent davantage dans les jardineries que chez SFR!
    En m'installant sur la banquette du restaurant une belle et plantureuse jeune femme m'interpelle et me dit,tu fais partie du groupe OVS? Viens t'installer avec nous.Je me fais expliquer ce que veut dire OVS et lui avoue que ,non,je suis venue de mon plein gré,pour chanter, et que je ne connais personne ici et elle me dit en riant que de toutes façons personne dans le groupe qu'elle aura à sa table ne connaît quiconque et que si je me mets avec eux je ne dînerai pas toute seule;je tente le coup...Et j'ai passé une très agréable soirée.De plus elle chantait magnifiquement bien, ce qui ne gâtait rien.
    Au fil des veillées passées dans ce petit restaurant routier,je connaîtrai beaucoup de monde et comme j'y pris quelques habitudes,tout le monde est venu me faire la bise,me saluer.
    le DJ T...a un porte tarifs hyper fourni c'est peut être le plus beau catalogue de titres de la région,comme je connais pas mal de chansons dans son répertoire,je me mis à chanter trois nouvelles chansons chaque soir passé là-bas.Les chanteurs chantent presque tous juste.C'est un des rares endroits où on ne se fait pas casser les oreilles.
    Il y a les soirées fastes où je chanterai jusqu'à six chansons et les soirées où il y a trop de monde où je n'en chanterai que deux.Il y a les soirées de vaches maigres où je mangerai un morceau de tarte et boirai quelques canettes de soda et celles de vaches grasses où je dînerai avec les autres.
    Durant les dix années où j'ai fréquenté cet endroit,il y régnait une ambiance tranquille et bon enfant avec une ambiance festive très agréable car à part y chanter ,on y dansait aussi.Entourée dans ma vie professionnelle d'enfants et d'enseignants, ce fut le seul endroit où je rencontrai enfin des adultes ouverts venus d'horizons divers,et cela me faisait un bien fou.
    On y côtoyait des gens de toutes les générations car les gens y amenaient parfois leurs enfants et leurs ados,il y avait une frange de jeunes,d'adultes, de gens matures et de vieux et j'y vis souvent le maire du village venir y pousser la chansonnette ,ce qu'il faisait très bien.
    Les gens s'y comportaient raisonnablement et je n'y vis que très rarement des gens saoûls.
    Le resto fermait à minuit, ce qui était très bien pour moi cet horaire convenait à la couche-tôt que je suis.
    J'y amenai parfois ma copine de promo qui fut très applaudie.Elle vient me rendre visite du Var et du coup ,je fais "bed and breakfast" pour deux jours.
    On s'est constitué une petite bande de chanteurs bien sympathique;OVS ,d'accord,mais pour chanter,d'abord.
  5. querida13
    Avant l'apparition de l'ordinateur avec you tube, il y a eu des machinespour diffuser de la musique en commençant par les ancêtres:
    le phonographe
    le magnétophone lecteur enregistreur à bande magnétique
    le tourne-disque à disques vinyle 45,33 ou 78 tours
    Le magnétophone lecteur enregistreur à cassette
    l'autoradio
    La chaine hifi stéréo
    le CD
    Le vidéodisque
    sur la VHS et ses cassettes vidéo on pouvait enregistrer des concerts
    il y eut le walkman,le baladeur CD puis l'I-pod.
    Quand j'étais gamine parfois on pouvait se faire accompagner par la version instrumentale de la chanson de la face B ,orchestration de la chanson de la face A d'un disque de 45 tours en vinyle qu'on passait sur un tourne-disque mais c'était rare.Il fallait se faire accompagner d'un guitariste complaisant pour chanter un peu.Quand je parle de ça à un gamin rompu au maniement de l'outil informatique ,je dois apparaître comme quelqu'un ayant vécu pendant l'antiquité.
    Dans les années 90 un concept japonais débarqua en Europe :le karaoké;Mon mari m'offrit un appareil et je me mis à acheter des VHS instrumentaux ;puis des DVD instrumentaux.Et je m'entraînais;
    en fait la culture populaire de ces deux siècles a été très riche et de plus elle s'est très bien conservée,relayée par les radios,les enseignants,les animateurs,la télévision.
    Nous n'avons culturellement jamais été aussi riches que maintenant.Non seulement riches des créations de notre présent mais aussi les récepteurs d'une culture passée.
    Ainsi lorsque j'appris à douze ans comme d'habitude de Claude François(mon présent) j'appris aussi la foule d'Edith Piaf (chanteuse de la génération précédente et même contemporaine de ma grand mère)mais aussi des chansons traditionnelles du XVIIIeme siècle...Et des chansons d'un autre continent.
    Nos générations ont vécu de expériences tout de même étonnantes:
    elles ont digéré le passé ou son image,ont dû assumer leur présent,ont dû inventer l'avenir dans un monde totalement inédit où il n'eut jamais autant d'humains que maintenant.la culture s'est également mondialisée.
    Hormis le phonographe,j'ai appris à me servir de tous ces appareils et je râle quand je dois intégrer le fonctionnement d'un énième appareil qui sera lui-même obsolète d'ici cinq ans.
    Mon vieux piano traditionnel fait figure de dinosaure à côté des pianos numériques et informatisés dernier cris que j'ai récemment vus à la foire de Marseille,capables de vous produire orchestrations,rythmes,écriture d'une partition et pléthore de sonorités diverses autres que le piano.
    Mozart quand il apprit à jouer du piano a joué après tout avec le même type d'instrument toute sa vie durant;Moi,pas.
    Dès lors qu'il y eut un cadeau à me faire on était sûr de me faire plaisir en m'offrant un DVD de karaoké,j'en reçus beaucoup. Je chantais beaucoup et de tout.
    un jour,je tombai sur les chansons de Mylène Farmer:je chantai donc "je suis libertine" et sans "contrefaçon",puis" pourvu qu'elles soient douces".c'était l'été mes fenêtres étaient ouvertes.
    Que je chante des chansons un brin sulfureuses ne fut pas du goût de tout le monde.
    Ma voiture était poussiéreuse et crade,parce que le simoun vent chaud,avait ramené jusqu'en Provence du sable d'Afrique du nord par delà les mers,et un orage rapide avait encroûté mon capot.
    Je découvris ces mots:"grosse pute,salope".
    gravés dans le résidu du désert.
    Non,les chansons un brin grivoises de la divine vilaine fermière ne sont pas du goût de tout le monde! Que voulez- vous tout est chaos,et je fais partie d'une génération désenchantée!
    Après ce fabuleux bond en avant sur le point de vue de l'apprentissage,je n'eus qu'à piocher dans un répertoire qui s'agrandissait de plus en plus.
    Un jour j'allai faire ms courses dans le petit village de Ventabren.
    Je vis qu'il y avait un petit bar resto qui organisait des karaokés.Une nouvelle page se tournait.
  6. querida13
    Cette année là je me rendis dans un camping à Vias.Je ne l'invente pas c'était le camping des flots bleus (comme celui de Frank Dubosc),bien sûr, je participai au karaoké.Je garde le souvenir de beaux moments de poésie...Parfois quand la fatigue me prend ,je me projette en pensée sur cette semaine de calme où mes yeux se gorgèrent des merveilles de la région.
    Avec ma petite famille je louai une embarcation légère mon mari s'improvisa capitaine et je fis une virée d'une heure sur le canal du midi.Ce fut une douce après midi bucolique, calme et sereine,le cadre et le temps étaient magnifiques,un grand moment d'harmonie et de détente ...
    Le surlendemain nous décidâmes de monter une expédition jusqu'à la ferme des papillons et nous regardâmes de magnifiques fleurs colorées voler au dessus des lotus et des trésors botaniques plantés pour l'occasion...après avoir fait un petit parcours pédagogique sur l'élevage et la nomenclature des espèces des plus enrichissants.Un jour passa...
    Puis nous décidâmes d'aller voir la grotte des demoiselles;après une heure et demie de route,nous y parvînmes enfin.
    Achat des billets,puis nous prenons place à l'intérieur d'un funiculaire qui nous fait grimper dans un tunnel creusé dans la roche.Puis la visite commença;j'ai toujours adoré visiter des grottes.Mais pour cela il faut que je surmonte une claustrophobie modérée, certes mais assez présente,comme une angoisse diffuse. Avec un peu de marche ,ce fut chose faite et ce fut une cascade de merveilles qui m'attendirent:draperies, stalactites ,stalagmites,colonnes de pierre sculptées au fil des siècles au fil de l'eau.Notre petite balade souterraine nous amena au clou du spectacle avec la descente d'une importante volée de marches:
    une salle de cent vingt mètres de longueur,de quatre vingts mètres de largeur,de cinquante mètres de hauteur,ornée de colonnes appelées demoiselles ce qui veut dire fées en languedocien.
    Une colonne particulièrement haute rappelle la vierge à l'enfant Jésus,la fait ressembler à une cathédrale de pierre. Eblouis,nous sommes silencieux,saisis d'une admiration respectueuse.Le guide nous dit que la salle en raison de son acoustique particulière est utilisée parfois comme salle de concert.Et il poursuit: si quelqu'un veut chanter et essayer...sans trop de conviction car je suppose que peu de personnes se risquent à le faire;
    C'est bien mal me connaître. Après m'être portée volontaire sous les yeux surpris de notre petit groupe
    J'entonne le libera me du requiem de Fauré.(puisque c'est une cathédrale,autant verser dans le chant religieux ) et en latin j'exorcise un peu mon angoisse claustrophobe de la mort en chantant:(je traduis) libère-moi seigneur de la mort éternelle....En effet ma voix claire monte sous la voûte de pierre enfle et résonne,majestueusement répercutée par les murs et les colonnes millénaires.On s'écarte et on commence à me considérer différemment presqu'avec déférence.Moment de grâce, moment remarquable...un peu de gêne aussi...Mais j'aime apporter un peu d'harmonie au monde.
  7. querida13
    Pendant les vacances suivantes ,je me suis beaucoup reposée.Dans le village, les maisons avaient pris de la valeur et les propriétaires se sont pratiquement tous mis à les vendre en faisant une plus value conséquente au passage.Ce qui eut pour conséquence de me faire perdre les quelques amis que je m'y étais faits.
    D'ailleurs le village ne cessait de s'agrandir ,de croître et d'embellir.Enfin,les bâtiments du moins car la nature elle,se réduisait comme peau de chagrin,la forêt avait été incendiée les animaux qui traversaient la route avaient été écrasés par les voitures,les oiseaux reculaient,on commençait à entendre les moteurs des voitures le grondement des tirs de mines qui creusaient des fondations.Des magasins s'ouvrirent ,le pharmacien installa son officine,le dentiste le laborantin et le médecin ouvrirent des cabinets.
    Un jour,une famille de mes amis marseillais me rendirent visite.je les invitai à boire un café ou un thé et à partager le biscuit qu j'avais préparé.Mon amie me demanda de jouer au piano,c'était ce que j'étais en train de faire juste avant qu'ils ne sonnent à la porte.Je m'exécutai de bonne grâce.
    Le téléphone se iet à sonner.Ma mère me téléphonait pour m'annoncer la mort de ma grand-mère .Cela fit fuir mon amie et sa famille qui refluèrent rapidement vers la porte sans s'attarder outre mesure.Ils prirent donc tous hâtivement congé.
    L'année scolaire suivante fut morose.j'ai lutté pied à pied contre le chagrin.j'en avais atrocement,mais je l'ai refoulé en me raisonnant constamment:la vieille dame s'était battue jusque tard dans la vie,elle avait tenu bon tant qu'elle pouvait ,mais elle était devenue gâteuse et dépendante et il fallait bien devoir la laisser partir à un moment donné et mon père serait délivré de la présence de sa mère qui ne le reconnaissait même plus.La rentrée fut au lendemain des obsèques.J'enseignai mais je n'eus pas la grâce cette année là.je pataugeais dans un coton brumeux, mes émotions étaient amorties,avancer était un calvaire.
    La mort m'avait durement touché elle avait emporté les gens par dizaines dans ma vie et là c'était le summum!
    je considérai ma vie sans complaisance:
    Je végétais dans une vie provinciale sans intérêt,j'étais dans un coin paumé,la vie m'arrachait les miens (amis, profs,connaissances,coreligionnaires,parents...),la musique,à qui j'avais tant donné, ne m'apportait rien.
    Je fermai mon piano.Je n'y touchai plus pendant plus d'un an.lorsque je m'avisai que je n'avais pas déchiffré de partition en les triant, je pris conscience que j'avais associé le piano au chagrin de la nouvelle de la mort de ma grand -mère.
    Le noel suivant,mon mari eut la bonne idée de m'offrir un appareil de karaoké.Il fit un montage extraordinaire avec sa télé et son home cinéma;dès lors chaque fois que quelqu'un me faisait un cadeau c'était un DVD de karaoké,mon frère m'offrit un micro.la musique reprit ses droits et si je ne jouais plus, je chantais.je révisais même activement dans mon coin toutes les chansons que j'avais mémorisées et j'en connaissais tout un stock.
    Mais cependant après trois traitements hormonaux et trois changements de gynécologue mon problème ne se réglait pas.Je passai quatre années scolaires aux limites de ma résistance.Je perdis un tiers de mes globules rouges.Je suivis le conseil de mon amie marseillaise et changeai une quatrième fois de gynécologue.On pratiqua sur moi une endométrectomie.Je me fis arrêter pour dépression tant j'étais fatiguée.je regardais mon jardin au printemps et je pensais que ce serait le dernier printemps que je verrais.Je me sentais faible,faible, vidée...
  8. querida13
    Le patron du karaoké de Salon de Provence me fit prendre rendez-vous avec son frère qui gérait une association d'artistes amateurs il m'avait promis de participer à un spectacle où je serais (enfin) rémunérée.Il me fit chanter cinq chansons les enregistra .Il me sortit les textes des chansons sur internet.M'offrit les feuillets.
    Il m'expliqua ce qu'il attendait d moi et me donna une sorte de contrat.
    A la lecture de ce contrat je m'aperçus surtout qu'il était le rabatteur de quelques professeurs de chant et de mise en scène et que j'allais encore devoir payer des cours et une inscription.
    Il exigea en outre que je cesse de chanter aux karaokés et que je fasse faire une attestation par un médecin ORL signalant la parfaite santé de mes cordes vocales,or,si elles étaient en parfait état l'une d' elles avait une paralysie et donc ma voix avait un défaut.
    De plus en me penchant sur son ordinateur pour voir un texte,je surpris le mail d'une de ses chanteuses qui réclamait son cachet depuis plus d'un mois.
    C'était pendant les années de grande canicule qui virent périr des milliers de vieillards cette année passée debout dans des classes chauffées à blanc m'avaient épuisée,j'avais le pieds gonflés en permanence,de plus il aurait encore fallu me déplacer à mes frais,ce qui aurait réduit le bénéfice de ce que j'aurais éventuellement gagné.Il aurait fallu donner des weekends de répétitions des soirées de gala à droite et à gauche.Peut être pour rien?
    Mes parents m'avaient payé des cours de piano ,de solfège,durant huit années,j'avais payé les inscriptions aux cours de solfège et de chant trois années de suite dans des conservatoires de région et j'avais payé un prof de chant particulier toute une année pour ne gagner en tout et pour tout que 700 euros en exploitant ce talent en vingt ans.
    Je me dis que décidément ce n'était encore en définitive qu'une grande fumisterie,et je déclinai poliment l'offre et repartis chez moi en me disant que j'en avais marre d'être prise pour une vache à lait et une tirelire et qu'on avait suffisamment exploité le schpountz en moi.
    Le déclin hormonal de la quarantaine s'annonçait mal pour moi.Fatigue immense,traitements hormonaux usants,ne vinrent pas à bout de ma pré-ménopause ragoûgnante. J'eus à ce moment là de grands problèmes professionnels car on m'avait donné une classe surchargée de cas, dont un qu'il aurait fallu placer mais que j'ai dû garder la majeure partie de l'année...L'élève était violent,insolent.Je passai une année aux limites de ma résistance.L'année suivante fut mieux;Mai son me promettait une année scolaire suivante avec des cas,un cours double plus une élève perturbée et je partis.L'année suivante j'eus quand même un cours double et
    je fus prise pour l'étrangère à abattre dans le village suivant.Fus matraquée d'inspections.J'étais épuisée et saignais sans cesse du nez.On m'arrêta.
  9. querida13
    J'ai donc emménagé dans un village en construction aau début du XXIeme siècle.J'ai quitté Marseille et ses embouteillages,Marseille et son béton,Marseille et ses bagnoles,mais aussi un petit monde où j'avais mes habitudes,mes médecins,mes boutiques,mes amis,mes lieux de divertissement pour un endroit quasi désert et je vécus là dans un splendide isolement.
    Ce n'était pas pour me déplaire:j'avais vécu une vie un peu mondaine,assez trépidante au demeurant,très bosseuse et bien remplie.J'avais besoin de paix,de calme,de revenir à la terre ausi car les quinze années où j'avais trimé d'arrache pied n'avaient réussi qu'à payer un petit appartement dans un quartier un peu vieillot et à élever deux marmots.L'appartement vendu j'ai eu suffisamment pour l'apport peronnel d'un crédit et le frais de notaire pour acheter une maison.
    Le début du siècle fut le moment de l'explosion des nouveaux médias;le portable et internet,les consoles de jeux vidéos.Alors que tout le monde se précipitait sur les objets technologiques,je ne pensais qu'à me documenter pour savoir planter et tailler un verger,des rosiers,des arbustes, des plantes..;et j'achetai un motoculteur.
    Lorsque les snobs exhibaient avec fierté un nouvel ordi moi je disais ,"eh bien moi ,j'ai acheté un motoculteur" et ils restaient estomaqués.Pendant qu'ils conquerraient le monde virtuel,moi j'investissais le monde réel.Pendant qu'ils gagnaient des empires dans des jeux vidéos qui leur coûtaient de l'argent,moi je plantais de cerisiers qui allaient bientôt me faire économiser les six euros du kilo de cerises et quand le cerisier donnera vingt kilos de cerises les confitures et les jus.Pareil pour le raisin,pour les prunes ,les pommes et les amandes.Je pleurais quand je voyais les voisins de me parents bétonner leur jardin ou le stériliser avec du gravier.
    -Les cons,mais les cons pestais -je intérieurement!Stériliser ce qui pourrait les nourrir!Ne pas prendre soin de la terre ,pire jouer contre elle ,la dédaigner!Quelle sottise!
    Je fis le tour du quartier puis élargis mon cercle.je trouvai un dentiste au village voisin,un laborantin à vingt kilomètres un dermato un gynéco à quinze km,
    les médecins ne se déplaçaient pas à domicile,certains bossaient même à mi temps et pour les urgences il fallait faire dix kilomètres pour atteindre l'hôpital...
    Je retrouvai une amie d'enfance,un copain de promo...Je vécus une vie tranquille de bisounours,très occupée quand même.Papa,maman,bébés.Voiture,boulot,boulot sur la maison ,dodo.Erudition,lecture,télé,parfois un ciné,parfois un resto, parfois du shopping,unkaraoké de plus en plu rarement une semaine de vacances par ci par là et pas de grandes folies parce que le remboursement du crédit immobilier dévorait l'essentiel d'un salaire.
    Dans le quartier à l'époque,pas de lignes de bus,il était nécessaire que la voiture soit dans un état impeccable, c'était le cordon ombilical qui nous reliait à la civilisation,au ravitaillement,aux boulots,aux secours,aux écoles...
    Je recherchais activement des endroits où chanter et j'élargis mon périmètre.Un jour ,j'explorai Salon de Provence,la ville de Nostradamus.Et je découvris un restaurant pizeria karaoké le nostra mamma.comme il y avait relativement peu de monde,l'organisateur me fit chanter beaucoup.Je lui amenai du monde;comme sa carte était trè fournie ,je changeai de titres à chaque fois et il vit que je connaissais plus de vingt titres.Un soir ,il me fit une proposition alléchante.
  10. querida13
    Le Var n'est pas très loin des Bouches du Rhône.
    Mon amie de promo y vit,nous nous rendons souvent visite.
    Elle me fait tourner dans la région.Je passe toujours d'excellents soirées avec elle,elle est drôle,aime les bonnes tables et comme elle chante aussi elle effectue une pré-sélection et m'épargne les endroits où l'on se fait casser les oreilles par de mauvais chanteurs.
    Elle a une maison de campagne vers Moustiers sainte Marie.A chaque fois aller la voir est un délice visuel parce que j'adore les petites poteries délicates décorées à la main produites par les artisans du coin et que je ne manque jamais de ramener de mes incursions une gracieuse babiole.De plus,les gorges du Verdon sont un endroit vertigineusement splendide,et le lac bleuté de Sainte Croix une merveille dont mes yeux ne se lassent pas.Cependant quand j'y vais mes roues frôlent les précipices ou les éboulis et je serre les fesses.A vrai dire ,je me jure ,à chaque fois que je les descends,que ce sera la dernière fois que je passe par là,mais l'été suivant,j'y retourne!
    Un soir elle m'amène à une fête de village.C'est en effet à Trigance qu'une scène,des bancs des chaises sont installés sur une place charmante où se sont établis des commerçants.nous arrivons à l'ouverture de la fête,nous nous attablons au bar je profite du débutde l'événement pour aller chercher les livrets des titres et je suis étonnée car il y a un très bel éventail de choix. Mais lorsque je demande le stylo à l'organisateur il prend un air catastrophé et me dit qu'il va être bien embêté car il n'en a pas rapporté de la maison.Un stylo rouge traîne au fond de mon sac."Eh bien ,pas de problème,en voici un"
    je le lui donne mais lui dis en plaisantant qu'en échange de sa location il faudra nous faire chanter beaucoup avec ma copine parce qu'on adore ça,nous ,chanter.
    Il se prend au jeu,me pique au vif:oui mais il faudra savoir si vous savez chanter juste et si vous n'allez pas faire tomber la pluie et nous gâcher la soirée;
    Il me prend au mot et commence à me faire chanter à l'ouverture;Il est surpris.Il est littéralement enchanté ,oui!
    Puis quand il entend aussi ma copine il est carrément conquis.
    Comme les spectateurs attirés par la qualité du chant commencent à affluer ,je lui donne la mesure de mon talent après la bossanova,je lui chante un rock,un morceau comique, un slow, du funk,une chanson pop anglaise et à chaque fois il me regarde ébahi .Ce soir là je chanterai six chansons,j'ai été acclamée chaleureusement par le public qui s'est mise à scander mon nom,ma copine en chantera cinq elle est aux anges,l'organisateur interprêtera cinq chansons de Sardou et tous les participants ont chanté juste,à nous trois on leur a fait le show.le public s'est levé pour danser et chacun a passé une super soirée à commencer par moi.
    Mais en fin de soirée le portable de ma copine retentit;Elle se dispute avec son amoureux.Elle est tellement en colère qu'elle me descend les gorges du Verdon à très vive allure.Je suis verte...Cette fois- ci, c'est sûr ma dernière heure est venue.
    Je me jure qu c'est VRAIMENT la dernière fois que j'emprunte cette route.Je somme mon amie de se calmer.C'est blanche comme un linge que je regagne Moustiers.Cette fois ci c'est clair,je ne reviendrai plus ici....
    Mais l'été suivant...Et d'autres étés encore...
    J'y étais derechef!
  11. querida13
    j'ai quitté les lumières de la ville,son agitation,sa trépidance,sa charroi constant:besoin de me mettre au vert avec mes enfants.Et surtout envie de changer d'horizon, de cesser de payer des frais de déplacement faramineux pour que mon mari aille travailler à la ville voisine en rentrant tard le soir.Finis les affres:Le téléphone portable commence tout juste à apparaître, dès que mon conjoint avait du retard je craignais les accidents,fréquents sur l'autoroute nord de Marseille.
    A mon très grand désappointement, la brasserie aixoise karaoké du cours Mirabeau a fermé ses portes pour vendre son enseigne à une grande chaîne de restaurants.De plus,mon mari se lasse de m'accompagner aux soirées chant .Le village qui se forme près d'Aix est enclos d'un splendide isolement.Nous sommes l'un des premiers couples à acheter il y a des gens du sud ouest ,des allemands,des grenoblois,des gens de la région.Chacun vit derrière ses murs et est très discret.A l'époque les commerces n'ont pas ouvert,la place n'est pas construite il n'y a aucun lieu où nous réunir.Les seuls points forts de l'année de ce village en formation ont été le téléthon mais il a été supprimé au bout de cinq ans,le loto, et la foire "terres de Provence"qui ont suivi le même chemin.De plus les villas ont vu leurs prix grimper les personnes désireuses de conclure une bonne affaire ont très vite revendu leur bien ce qui a eu pour conséquence de me faire couper les ponts avec les quelques voisins qui m'étaient sympathiques.
    J'ai,comme amie parmi eux une dame allemande comme moi amatrice de piano et de peinture.Elle me prêtera quelques partitions de piano et comme les possibilités de chanter s'amenuisent je me remets à déchiffrer des classiques et un peu de jazz.Je me reconstitue un petit répertoire de trente morceaux.Nous nous invitons l'une l'autre à boire le thé,sortir,aller à la plage,nos enfants jouent ensemble,je l'adore mais elle est parfois d'une très grande inégalité de caractère,un peu sans raison,bref il y a des fois où se voir n'est pas le moment.Remarquant cette attitude ,je composerai un petit poème intitulé le rosier qui lui est tout spécialement dédié.L'art me trotte dans la tête depuis trop longtemps,décidément....
    Ah, ces poèmes...certains écrits durant mon adolescence d'autres arrivant après une introspection critique du déroulement d'une journée...
    Au but d'une vie d'introspections je m'apercus que j'en avais composé de quoi faire un petit recueil:je me mis donc en tête de trouver un éditeur.J'envoyai mes manuscrits je fus acceptée par un éditeur nantais mais quand je vis le prix qu'il me fallait verser pour la publication de mon ouvrage et le peu de gain que j'allais retirer de la vente de mes vers,je renonçai à les lui faire publier et me mis en quête d'un imprimeur pour exécuter le travail à compte d'auteur.Et je les vendis moi-même.je m'aperçus très vite que la poésie était le genre littéraire le plus difficile à écouler.Les ailes du temps mon premier opus et les objurgations mon second,furent suivis des haikus.
    Depuis la fin du vingtième siècle j'avais découvert comment se composaient les haikus japonais.Ca tombait bien,Tout m'inspirait.
    Notamment cette magnifique sainte Victoire aixoise qui m'appelait depuis que j'étais toute petite fille qui a appelé bien des artistes avant moi et en inspirera bien d'autres.
  12. querida13
    Un couple d'amis me fait connaître un karaoké restaurant tex mex à Marseille.On y mange des mets originaux:pavé de kangourou, steak de requin ou
    filet d'autruche,fajitas et tacos.A neuf heures on chante,vers onze heures les serveuses sortent une barrique de tequila et préparent la tequila rapido avec du sel.(Pour moi non merci ,l'alcool nuit aux cordes vocales et si c'est pour chanter avec une voix de rogomme,très peu pour moi!)l
    Techniquement parlant,le vidéo disque vient de sortir donc dans cette salle, le DJ est hyper efficace ,le premier soir je chante quatre chansons,danse et rechante dans la foulée deux autres chansons à partir de une heure trente du matin car après la tequila on danse deux heures durant!
    Un succès: on me félicite les deux copains restent scotchés.J'adore l'endroit un bar à cow boys où sont exposées des photos de vieux chefs indiens,et des bestioles empaillées.L'endroit aura énormément de succès, il attirera même les hells angels du coin à un moment donné.Les patrons sont adorables!Je viens souvent ,je repère les jours où il n'y a pas grand monde et je m'entraîne,chante et chante.
    A l'école,
    une de mes jeunes collègues est la cible d'autres collègues.Je pensais qu'avec le temps ils se heurteraient à son bec comme ils se sont heurtés au mien quand je suis arrivée et que les mouches changeraient d'âne mais cela n'a pas été le cas;le bizutage tournait au vinaigre et une école nous séparait.Elle sortait d'une dépression après rupture sentimentale et les "collègues" de l'école d'à côté lui ont rajouté une cabale et des ennuis professionnels.Moi je l'aimais bien,elle était jolie,sexy,pleine d'humour et elle chantait.Pour la dérider un peu,je l'emmenais en soirée.Avant le tex mex nous en avions trouvé un autre à Aix en Provence sur le cours Mirabeau.En revenant d'un de ces soirées j'ai compris qu'elle allait quand même très mal malgré les médicaments et j'ai entrevu la possibilité d'un suicide. Mais j'ai douté...
    Elle m'a fait connaître le répertoire de Liane Foly et de Pauline Ester.
    Un soir nous avions dîné chez moi, elle avait refusé l'apéritif ,le vin,parce qu'elle était sous anti dépresseurs.
    On est montées sur Aix.Un policier nous arrête.Elle conduisait!Elle angoisse comme c'est pas possible alors qu'elle n'a rien fait de mal:limitation de vitesse respectée et ceinture attachée.Il lui dit:
    Soufflez dans le ballon!
    je suis prise d 'un fou rire irrépressible;elle me dit tout bas: mais arrête,arrête!
    Et ses injonctions me font rire de plus belle et je lance au policier:
    -Contrôlez-la ,contrôle la bien ,elle n'a pas arrêté de boire toute la soirée!Il va être drôlement positif votre contrôle!
    -Mais chut,tais toi me dit elle
    et je hennis de rire;
    Le policier sent bien que je me moque de lui et cela le contrarie,il se veut tellement autoritaire et il perd contenance devant ces deux jolies jeunes femmes qui se marrent franchement!Pendant qu'elle insuffle l'objet , il me jette un oeil furibond et en oublie de dire à ma copine de cesser de souffler du coup ,le ballon est trop gonflé et je vois encore ma collègue s'époumoner ne gonflant ses jolies joues jusqu'à devenir trop rouge pour un ballon qui n'a pas viré d'un iota.
    Le cerbère en est très désappointé on sent bien qu'il est mécontent de n'avoir aucun prétexte pour nous donner une bonne leçon ce qui redouble et aggrave mon hilarité.Il nous laisse partir avec un regret visible.
    Dans la voiture elle me morigène: mais tu es folle !
    Et je repars d'un rire clair:mais que veux tu qu'il t'arrive tu n'avais bu aucune goutte d'alcool et lui veut absolument vérifier imperturbablement si tu es ivre!
    Ce soir là, il y a concours de chant .Je manque le gagner d'une place mais nous ne sommes venues qu'à deux .Tandis que la gagnante a amené dix personnes à sa table qui vont fêter l'événement ...en buvant un coup!Donc je suppose ,certainement à juste titre que le commerçant a jugé l'affaire en fonction de ses intérêts!
    Ta voix est métallique, elle est soufflée ,elle est différente mais c'est une voix ,c'est ta voix désormais me dit un jour une copine d'enfance que je connais depuis vingt ans.Tu chantes, donc ce n'et pas grave.
    Ce soir là je chantais à plan de Campagne .Les gens écoutent,baissent d'un ton ,font silence.La même magie...
  13. querida13
    Un couple d'amis me fait connaître un karaoké restaurant tex mex à Marseille.On y mange des mets originaux:pavé de kangourou, steak de requin ou
    filet d'autruche,fajitas et tacos.A neuf heures on chante,vers onze heures les serveuses sortent une barrique de tequila et préparent la tequila rapido avec du sel.(Pour moi non merci ,l'alcool nuit aux cordes vocales et si c'est pour chanter avec une voix de rogomme,très peu pour moi!)l
    Techniquement parlant,le vidéo disque vient de sortir donc dans cette salle, le DJ est hyper efficace ,le premier soir je chante quatre chansons,danse et rechante dans la foulée deux autres chansons à partir de une heure trente du matin car après la tequila on danse deux heures durant!
    Un succès: on me félicite les deux copains restent scotchés.J'adore l'endroit un bar à cow boys où sont exposées des photos de vieux chefs indiens,et des bestioles empaillées.L'endroit aura énormément de succès, il attirera même les hells angels du coin à un moment donné.Les patrons sont adorables!Je viens souvent ,je repère les jours où il n'y a pas grand monde et je m'entraîne,chante et chante.
    A l'école,
    une de mes jeunes collègues est la cible d'autres collègues.Je pensais qu'avec le temps ils se heurteraient à son bec comme ils se sont heurtés au mien quand je suis arrivée et que les mouches changeraient d'âne mais cela n'a pas été le cas;le bizutage tournait au vinaigre et une école nous séparait.Elle sortait d'une dépression après rupture sentimentale et les "collègues" de l'école d'à côté lui ont rajouté une cabale et des ennuis professionnels.Moi je l'aimais bien,elle était jolie,sexy,pleine d'humour et elle chantait.Pour la dérider un peu,je l'emmenais en soirée.Avant le tex mex nous en avions trouvé un autre à Aix en Provence sur le cours Mirabeau.En revenant d'un de ces soirées j'ai compris qu'elle allait quand même très mal malgré les médicaments et j'ai entrevu la possibilité d'un suicide. Mais j'ai douté...
    Elle m'a fait connaître le répertoire de Liane Foly et de Pauline Ester.
    Un soir nous avions dîné chez moi, elle avait refusé l'apéritif ,le vin,parce qu'elle était sous anti dépresseurs.
    On est montées sur Aix.Un policier nous arrête.Elle conduisait!Elle angoisse comme c'est pas possible alors qu'elle n'a rien fait de mal:limitation de vitesse respectée et ceinture attachée sur route déserte.Il lui dit:
    Soufflez dans le ballon!
    je suis prise d 'un fou rire irrépressible;elle me dit tout bas: mais arrête,arrête!
    Et ses injonctions me font rire de plus belle et je lance au policier qui fait sa crise d'autorité:
    -Contrôlez-la ,contrôle la bien ,elle n'a pas arrêté de boire toute la soirée!Il va être drôlement positif votre contrôle!
    -Mais chut,tais toi me dit elle
    et je hennis de rire;
    Le policier sent bien que je me moque de lui et cela le contrarie,il se veut tellement autoritaire et il perd contenance devant ces deux jolies jeunes femmes qui se marrent franchement!Pendant qu'elle insuffle l'objet , il me jette un oeil furibond et en oublie de dire à ma copine de cesser de souffler du coup ,le ballon est trop gonflé et je vois encore ma collègue s'époumoner ne gonflant ses jolies joues jusqu'à devenir trop rouge pour un ballon qui n'a pas viré d'un iota.
    Le cerbère en est très désappointé on sent bien qu'il est mécontent de n'avoir aucun prétexte pour nous donner une bonne leçon ce qui redouble et aggrave mon hilarité.Il nous laisse partir avec un regret visible, vert de rage!
    Dans la voiture elle me morigène: mais tu es folle !
    Et je repars d'un rire clair:mais que veux tu qu'il t'arrive tu n'avais bu aucune goutte d'alcool et lui veut absolument vérifier imperturbablement si tu es ivre!c'était trop rôle décidément!
    Ce soir là, il y a concours de chant .Je manque le gagner d'une place mais nous ne sommes venues qu'à deux .Tandis que la gagnante a amené dix personnes à sa table qui vont fêter l'événement ...en buvant un coup!Donc je suppose ,certainement à juste titre que le commerçant a jugé l'affaire en fonction de ses intérêts!
    "Ta voix est métallique, elle est soufflée ,elle est différente mais c'est une voix ,c'est ta voix désormais me dit un jour une copine d'enfance que je connais depuis vingt ans.Tu chantes, donc ce n'et pas grave."
    Ce soir là je chantais à plan de Campagne .Les gens écoutent,baissent d'un ton ,font silence.La même magie...
    Mais affirmer cela c'est vite dit!et nul n'imagine les souffrances que j'ai endurées tout en faisant comme si de rien n'était.
    J'avais repris ma routine,un peu plus amochée, un peu plus fatiguée mais j'avais un gamin à élever ,un foyer à tenir,un crédit à rembourser et l'on comptait sur moi.J'ai mis mon mouchoir par dessus mes chagrins et j'ai avancé, pas moyen de faire autrement: c'était marche ou crève!
  14. querida13
    Je commence,en formation professionnelle d'instits à aller enseigner dans les quartiers Nord.Ca fait deux ans que je fais trois fois par semaine Aix Marseille puis retour Aix.Le diplôme ne suit pas.Je chante des airs qui ne me plaisent décidément pas,avec une nouvelle prof car le vieux prof et parti à la retraite.Une de mes amies rentre ouvertement en conflit sur des questions de technique de souffle avec la prof du conservatoire et abandonne!
    A part ces quelques spectacles, je vois bien que l'on ne me proposera pas de chanter ailleurs,d'apprendre des rôles pour monter sur scène,de faire un récital ou de faire un solo avec un orchestre.Il manque de débouchés,on me propose de faire des concours primés :soit mais si ça ne débouche sur aucun engagement ,à quoi bon?Ou alors d'aller chanter dans des formations de choeurs où il faut passe des concours:opéras de Marseille, de Paris Garnier,de Nice ,de Toulon. Ca défile vite en supérieur il ne reste que deux chanteuses à la fin du cursus.Les allers retours me fatiguent.En fin de deuxième année je jette l'éponge à Marseille et l'année suivante je suis prise sur liste complémentaire du conservatoire d' Aix .Mais là bas aussi ,ce n'est que du cours ,ce qu'on me propose c'est encore un petit spectacle dans une opérette,en tant que choriste.
    Mais j'ai rencontré un garçon ,ma tête n'est plus à l'art.Je laisse tomber.Mon père après les deux représentations me signifie que ces "plaisanteries "ont assez duré,qu'il faudrait que je revienne à des choses plus sérieuses".Travailler à l'opéra de Marseille environnées de rues louches et mal famées me rebute,une basse de mon cours s'y est fait engager.
    Marseille est peuplée de petites gens dont la plupart peine à se payer simplement à manger alors l'opéra!!!Moi même n'ai je donc pas été que le faire valoir de tous ces profs de tous ces jurys qui ont statué sur mon sort depuis des années?je suis à l'âge où un jeune femme doit gagner sa vie et se placer et le métier ne paie pas:mon bilan:des efforts en pure perte,des déplacements bénévoles.Pour des gains dérisoires et des critiques constantes.Des encouragements avares.c'est étonnant au sortir des écoles il devrait y avoir pléthore de recruteurs ,c'est le vivier par excellence ,or ,il n'y avait rien et surtout personne pour te dire où aller!le saut dans le vide absolu!
    En fin d'année ,je rencontre un pianiste à l'école Normale et nous montons avec quelques musiciens,la chorale de l'école annexe un spectacle d'une vingtaine de morceaux.la salle est comble des gens sont même debout au fond de la salle.J'entonne un récital de dix airs.Succès ovations.Ce seront les dernières avant longtemps.Eclipse.J'en ai assez d'être payée d'applaudissements.Monnaie de singe!
    J'aime,Je me marie.J'achète et je décore mon appartement,Je tombe enceinte,j'apprends être mère:pas de formation professionnelle pour ça .je fais mes armes dans mon métier,et surtout je me mets en tête d'accompagner les enfants au piano car partout où je me rends il est rare de trouver des enseignants musiciens.Parmi tous ceux que j'ai pu rencontrer ,une dizaine à peine!
    Les enfants chantent faux et mal, leurs goûts artistiques se cantonnent au hit parade de la TV à trois chaînes et à la diffusion des radios..En même temps il n'y a qu'une heure de musique au programme dans la semaine.J'achète un premier orgue à crédit.Les voitures et l'appartement ainsi que la crèche nous coûtent cher...Je continue quelques colonies pour financer les travaux de l'appartement,un peu vétuste mais sain ,que nous redécorons de fond en comble.
    Mais les enfants développent leur voix.Quand je regarde le film"les choristes" je me dis que c'est gentillet à côté de ce que j'ai vécu!
    J'ai traversé l'épisode de Tchernobyl en faisant la danse de la fête du stade en plein air:un mouvement d'ensemble réalisé ensemble par cent écoles de Marseille à la fois!
    Une année ,je me mets en tête de faire jouer deux airs de flûte à des CM2.pour un spectacle de fin d'année:une classe de trente lascars aux noms mystérieux et inconnus Ce fut épique,mais j'y parvins!Quelle école!Terrains de sport caillassés et taggés,des seringues qui traînaient dans les coins!Salle des maîtres vandalisée et photocopieur volé,emporté avec les trois robots de cuisine!
    Le directeur en avait tellement marre des petits sauvages de cette école qu'il tentait de se cacher parfois dessous son bureau pour ne plus être dérangé.Il devait faire acte d'autorité toute la journée.Il n'en pouvait plu ,il n'était qu'à quelques années de la retraite.
  15. querida13
    Je remonte la pente et surmonte le traumatisme du déménagement.Ma vie est faite de rencontres très nombreuses, rapides, peu approfondies,les gens y défilent,n' y stationnent guère.Seule la famille -et elle est nombreuse-est le pôle de fixité de mon existence, du moins pendant la première quinzaine d'années.
    Je changerai,l'an prochain, de classe pour aller vers une section plus avancée en attendant je rattrape mes retards en comblant mes lacunes en travaillant pendant les vacances.Pour mes parents ce furent des vacances sans engagement en colo,et surtout un été mouvementé à décorer la maison.
    Pour moi ,ce fut un morne et chaud été,ennuyeux à périr.Je révisais mes gammes,lançais des balles au chien,prenais mon vélo pour faire le tour du quartier désert,j'étais en début de crise d'adolescence ,vaguement boutonneuse,rondelette,échevelée par mes courses,un peu sauvageonne au milieu de mes collines,les jambes griffées par les chênes kermès,je m'ennuyais comme un rat mort.De temps en temps je piquais une tête dans le petit bassin de rétention d'eau pour me rafraîchir.
    Je comprenais que mon corps ne grandirait plus guère.Cela ne me convenait pas!Je voulais être grande :je ne le serai jamais.Je n'aimais pas mon physique,je ne ressemblais pas absolument pas aux brunettes efflanquées du coin.
    Les deux premières années au collège furent agréables,j'aimais bien mes petits camarades.
    Mon prof de piano était arménien.Il était plutôt exigeant,parfois mal embouché.Je continuais à apprendre les classiques favoris,il me fit faire d'affreux exercices techniques dissonants:une torture pour les doigts,une torture pour l'appareil auditif.Mon père qui regardait son journal télévisé,me chassait du salon en me disant que je lui cassais les oreilles et que je ne progressais plus!
    On me donna du Bach à jouer,je n'aimais pas,du Beethoven,ô délice,du Schumann...
    A chaque fois que j'avais une bonne note on m'offrait un disque et j'eus bientôt une énorme discothèque classique.Au lycée, j'avais un bon prof qui m'enseigna honnêtement l'histoire de la musique,ô bonheur ,je l'eus quatre ans .
    Après tout passé quatre cents ans ,il ne nous reste pas grands vestiges des compositions du passé et je pensais que connaître les éléments de notre culture européenne n'était pas au dessus de mes forces.Je fis des recherches,en questionnant les amateurs de musique autour de moi et mon prof continua à faire son honnête travail en nous faisant auditionner des morceaux choisis de sa discothèque, car ô miracle, la salle de cours était équipée d'un électrophone décent assorti d'une sono stéréo sur lequel il nous faisait passer des merveilles:Gluck,Carpentier,Albinoni,Mozart,Tchaikowsky,Brahm,Liszt
    ,Ravel,Debussy,Wagner...mais un peu trop chichement à mon goût tandis que les béotiens branchouilles du quartier râlaient qu'on leur fasse entendre de telles vieilleries!
    J'achetais ce qui me plaisait ,ce qu'on me conseillait,ce que je parvenais à écouter quand les disquaires faisaient démonstration dans les magasins de disques,ce qui accrochait mon attention sur France Musique.
    Tandis qu'en classe,Nous apprîmes quelques chants médiévaux.
    Le prof tenta de nous apprendre quelques morceaux de flûte ,nous étions trente en classe mais le pauvre résolut de nous apprendre la note LA et nous la fit jouer il jugea que cela sonnait comme la sonnerie du métro marseillais;il sua sang et eau pour nous apprendre les cinq notes de la main gauche et nous réussîmes à interpréter en un unisson variable, un petit morceau qui répétait le plus souvent possible, trois notes: un exploit.
    C'était louable:c'est peut être la seule situation d'apprentissage d'un instrument que certains ont expérimentée.J'appris à jouer de la flûte à bec pratiquement seule.J'ai toujours dans un coin de la tête le vieux morceau d'autrefois.Je le sais toujours.Mais désormais,je soufflote une vingtaine d'air,en l' honneur de mon vieux mentor!
    Au centre artistique ,il y a de l'orage dans l'air ,le prof a décidé de nous faire passer une audition ,sur la plus jolie avenue de Marseille :le Prado,dans l'église arménienne!Stressé par l'échéance de l'épreuve de la scène,Il est d'une humeur massacrante,il houspille les gamins,entre dans des colères noires,il est déshonoré,nous ne serons jamais prêts pour le spectacle,nous serons la risée du quartier.Pour complaire à ce fou furieux nous mettons les bouchées doubles;nous nous battons ardemment contre les doubles croches,les passages du pouce,nous plaçons les nuances,et nous jouons en mesure,oui en mesure,sous les martèlement hystériques du gnome gesticulant.Enfin le grand jour arrive,ma mère m'a fait une jupe de satin bleu je suis jolie comme un coeur.
    Décidément Kulhau me réussit,je joue avec plaisir ,sans me tromper,au terme d'une soirée laborieuse dans une salle impersonnelle,un brillant rondo vivace.Les parents demandent au prof de clore la soirée.Las,le malheureux prof épuisé par ses répétitions forcenées et intensives n'a pas prévu le coup!il dit qu'il n'a pas beaucoup travaillé lui- même alors qu'il a consacré tant d'énergie à ses élèves et massacre la danse du feu d'Aram Katchkaturian.Mais tout le monde est content.A la fin de l'année, Je finis par obtenir un autre concours et je passe en moyen I.
  16. querida13
    Le piano essuya les plâtres de cette maison "en voie de finition".Il fut transporté à dos de déménageurs contre un pourboire supplémentaire car ces costauds-là avaient besoin d'encouragements pour faire traverser un terrain en pente et un escalier à l'engin.
    Ils y mirent une demi -heure en soufflant ,criant,jurant et ahanant;Le piano,soulevé et manipulé en tous sens, poussait des soupirs,vibrait de toutes ses cordes et de tout son bois, gémissait à chaque choc et jouait seul des mélodies inédites.Les fiers à bras bataillaient ferme,les muscles noueux et tendus,les yeux exorbités,les dents serrés,ils devenaient écarlates.La raideur de l'escalier aurait pu avoir raison de leur courage.Le piano cabré à quarante cinq degrés résistait et les forces diminuaient.mon père vint à point nommé arroser les gosiers,pus après une pause,le piano trôna dans un coin du salon et fut opérationnel.Les enfants de la voisine qui était venue nous aiderà déménager, se mirent à poser leurs mains dessus et l' arrivée du monument fut fêtée par un joyeux charivari.Ce furent dégoulinants de sueur sous le fier soleil de mars que nos vaillants déménageurs revinrent chercher leur récompense,épuisés.
    On me trouva une autre profeseure à la rentrée.Mais j'avais d'autres chats à fouetter.je m'aperçus des désagréments de la vie en maison individuelle:chacun était enfermé derrières SES murs et SON portail,il y avait peu de gamins et pour cause ,ce genre d"habitation n'était destinée qu'à des gens arrivés c'est à dire ayant travaillé longtemps,ou ayant hérité.Il y eut donc des animauxfamilers,mon frère et pas grand monde autour.A l'école mon accent prononcé faisait rire.J'avais du retard,quoique étant dans les premières.L cours que l'on me trouva était à sept kilomètres de chez moi et j' y attendais mon tour de passage beaucoup de temps.la littérature vint à mon secours. Les cours avaient lieu dans une espèce de bibliothèque et l'endroit où j'avais coutume de m'asseoir était celui du rayonnage de la littérature féministe!Je commençais par les plus petits ,puis les plus gros ,continuai avec ceux du rayonnage entier.eainées me donnaient du courage,elles me disaient :va cours ,vole et nous venge!
    A onze ans,Mademoiselle C.;décide de nous faire passer une audition.Elle aura lieu dans une salle à Marseilleveyre ) Noêl.Maman me fabrique une robe,je porte des chaussures grossières polies et ciées .Je me suis préparée avec une jeune fille qui avait besoin de quelque argent.Je ne suis pas très sûre de moi,je me sens ridicule et vaguement fagotée.Après les pestations laborieuses des débutants,je trouve parfois jués par des autres enfants des morceaux que j'aurais aimé interprêter .ais c'st mon tour.je me sens tirée par la main ,poussée dans le dos et exposée à la lumière du projecteur.La main sur le piano ,je salue.Soudain ,je me dis" on y est ,pas moyen de reculer" j prends mon souffle ,je me sens étrangement calme.Et j'éxécute mon morceau la sonatine de Kulhau.Deux doigts qui se télescopent un peu ,rien de grave,petite erreur passée inaperçue.De toutes façons même si tu te trompes m'avais dit l'exigeante maîtresse tu continues...C'était déjà :show must go on!Acclamations,visages qui se penchent les uns vers les autres avec un hochement approbatif vers le compagnon ,ovations.Je suis moi-même étonnée d'être au centre de tant d'attentions.En fait j passe avec les meilleurs de la fin et il n'y a guère d'enfants de niveau plus élevé!
    A la fin de l'année on apprend que Mademoiselle va se marier,qu'elle se consacrera à son foyer et qu'elle ne donnera plus guère de cours.On me dirie vers un autre professeur.
  17. querida13
    Un matin ,je vais réviser dans la petite salle du théâtre qu'on se met à réaffecter.Ma prof est en train de donner un cours de solfège à u groupe de sept adultes,je suis en train de rêvasser en me chauffant au rayon de soleil qui passe par la croisé.Malgré leur âge,ils ont du mal à reconnaître des rythmes pas trop simples et des notes sur l'étendue d' une ou deux octaves;une des élèves plaisante sur le thème de l'oreille absolue,en disant qu'il est bien difficile de l'avoir.
    La prof s'avise que je suis là, elle me regarde d'un air malicieux et me demande si je suis d'accord pour faire une expérience devant les adultes.
    Elle me fait faire, au tableau, la dictée qu'ils avaient tant de mal à transcrire.Même les altérations y sont.
    Elle retourne le tableau sur lequel elle avait inscrit la correction:ma version et la sienne concordent parfaitement.Les adultes sont cloués sur place et, remplis d'admiration, m'applaudissent.Et j'entends le sempiternel leitmotiv sourdre des lèvres:"ah,elle est douée!"
    "c'est une enfant qui a l'oreille juste,proche de l'oreille absolue,c'est ma meilleure élève!"
    Un compliment de ma prof ,ça surprend ,cela ne fait pas de mal ,surtout que directement, elle ne m'en avait pas prodigués beaucoup:je ne tenais pas les cordons de la bourse!
    Pour le concours des préparatoires,j'ai appris ce magnifique morceau intitulé
    le coucou de Daquin.
    A la fin de l'année,avant d'aller récupérer les diplômes que j'avais obtenus à force de travail je jouai l'intégralité ds quatre pages de cette partition devant un premier public qui m'applaudit à tout rompre.
    Nul don du ciel hélas mais des heures et des heures de répétition,mesure à mesure,déchiffrant ligne à ligne,mains droites et gauches séparées, puis mains réunies,encore malhabiles et maladroites à coordonner les deux lignes mélodiques ensemble ensemble,gagnant à force de persévérance et d'acharnement l'intégralité du morceau, des larmes,de l'impatience à surmonter ,des doigts lourds et mal dégourdis à faire danser ,virevolter sur un clavier,des couacs ,des fausses notes qui me font recommencer dans un état de rage indescriptible.
    Une petite cérémonie a lieu:on me remet une médaille dorée plaquée sur un stupide porte clef ,on me prend en photo à ce moment là ,et j'ai l'air sidéré par le peu de valeur de ce colifichet dérisoire censé couronner tant d'efforts .Ainsi mes parents avaient dépensé tant d'argent ,et moi tant de temps pour ce....Bidule,ce machin que j'aurais vingt fois pu me payer avec l'argent de ma tirelire,Ah, il était loin Mozart,qui faisait gagner en partie sa vie à sa famille!Le rêve d'être concertiste qu se déplacerait en avion de pays en pays pour se produire ,que caressait pour moi mon père se diluait dans un avenir incertain et inaccessible.
    Cela faisait un bon bout de temps qu'il avait trouvé un terrain de l'autre côté de la Ville.Cette dernière année,il avait fait construire sa maison.J'allais aller ailleurs.
  18. querida13
    A ma première colo en montagne on me fait prendre pour la première fois un télésiège en été.Pour m'éviter l'appréhension du vide et aussi pour m'éviter de bouger la jeune monitrice me canalise sur l'apprentissage d'une chanson:sur les monts...
    Elle me fait répéter les paroles phrase à phrase,puis comme j'ai appris très vite la mélodie et les paroles elle me regarde étonnée et me dit c'est bien tu apprends vite,tu as une jolie voix et tu chantes juste,c'est rare,bien des enfants et même des adultes n'arrivent pas à chanter juste.
    -et pourquoi?
    -C'est comme ça,il faudra que tu continues à chanter.
    Cette chanson m'a plu,et quand une chanson me plaît elle joue indéfiniment dans ma tête pendant quelques jours ,jusqu'à l'écoeurement...J'ai appris depuis peu sur ce forum qu'on appelle ça un ver d 'oreille cette sorte de petite musique obsédante.
    Quand je revois la série Kaamelott et que dans un épisode je vois le roi Arthur disjoncter sur la musique intitulée "à la volette",je me revois à quatre ans avoir exactement le même ver d'oreille que lui,et la même envie de la chanter à n'importe quel moment de la journée comme lui ,c'est ainsi que parfois en classe pendant les jeux qui marquaient la fin des activités à la maternelle j'entraînais les petits à la révision des chants parce qu'ils me montaient aux lèvres tout seuls!
    Cette année là j'appris deux chansons qui me font larmoyer de nostalgie et de pitié à chaque fois que je les entends:le petit âne gris et Stewball.Il est des chansons qui vous prennent à la gorge et qui vous attristent quel que soit le contexte dans lequel vous les entendrez.Entre le pauvre âne qui meurt de vieillesse et de chagrin une fois sa ferme vendue et le cheval qu'on abat parce qu'il s'est cassé les pattes,J'ai versé quelques larmes sur le sort de l'espèce équine!Il y a comme ça des chansons que je chante difficilement,la gorge nouée par l'émotion,car je retiens mes larmes :Louise de Berliner,comme toi de Goldman,la vocalise de Rachmaninov...passent très très difficilement.Elles m'émeuvent.
    Mais je dois dire aussi que je suis bon public:je pleure aux fins tragiques au cinéma:il ne faut pas que je mette de mascara parce que sinon ,j'ai l'air d'un panda à la sortie!Je pleure la fin tragique à l'opéra et quand les lumières s'allument hop ,je chausse sur mon nez rouge comme un lampion,des lunettes de soleil noires...pour sortir en pleine nuit!
    Je pleure à la petite maison dans la prairie!La honte!
    Un jour ,cette chansons m'st revenue et à mon tour ,je l'ai transmise à des enfants...la bouclée était bouclée,une chanson devient immortelle quand on se la transmet de génération en génération,indéfiniment!
  19. querida13
    C'est à ce moment que je me mis à passer des concours ,un de solfège un de piano au conservatoire de Marseille,dans le centre ville avec le trac qui vous prend au ventre devant quatre adultes qui vous scrutent et jugent les aptitudes d'une petite gamine de sept ans..
    Lorsque j'eus obtenu le premier concours,la professeure me dit :"fini de jouer à l'unisson.Maintenant on va faire travailler aux deux mains , deux choses différentes qu'on va jouer ensemble".j'ouvris de grands yeux horrifiés:
    -Vous croyez que je vais y arriver?
    -Je vais te montrer comment on fait ,d'autres y arrivent je ne vois pas pourquoi tu n'y arriverais pas toi non plus!
    Reprenons l'exemple de la route:Vous conduisez deux véhicules à la fois(=vos mains) sur deux routes différentes,avec des reliefs différents sur chacune des routes (=rythmes et notes).Il faut être capable de dissocier le travail des deux mains,de les commander ensemble à faire deux choses différentes.
    A ce niveau ,il y eut une fuite d'élèves impressionnante.Beaucoup renoncèrent ou apprirent un autre instrument.lorsque je faisais part de mon envie de renoncer à ma mère son argument était imparable:après tout ce que tu as fait ,tu ne vas pas renoncer maintenant!
    J'avais commencé sur la méthode Rose et vint un jour où je sus jouer au clair de la lune avec accompagnement!Ravissement des copines!Ca y était ,je "savais jouer du piano".
    Mais mon père m'acheta quelques disques contenant des classiques joués par des virtuoses et me dit :eux savent jouer et ils ne jouent pas au clair de la lune..Je regardai la pochette du microsillon:Mozart,Chopin, Brahms,Bach,Beethoven ,c'était divin ...Les grands maîtres m'appelèrent, je continuai,finis ma méthode rose.On commençait à dire que j'étais douée!J'étais plutôt opiniâtre et têtue ,quand je voulais une chose ,je n'en démordais pas,le travail une demi heure tous les jours finit par se sentir à défaut de payer...
    Après la classe des débutants niveau un et deux vint celle du préparatoire niveau un puis deux ,puis celle des élémentaires 1 et 2,puis celles des moyens niveau 1 et 2 ensuite vous entrez dans la classe supérieure.A chaque fois pour changer de classe ,il faut passer un concours.Je passai donc quatre concoursde piano et quatre concours de solfège avant dix ans.
  20. querida13
    J'ai choisi le piano parce que sa sonorité me rappelait le son de l'eau;en jetant mon dévolu sur cet instrument,je ne savais pas toutes les difficultés que je devais affronter pour pouvoir un jour le maîtriser et qu'il me faudrait plusieurs années d'exercices intensifs pour jouer véritablement .
    Si l'on compare les jeux de deux instruments à une route,et l' on va prendre ceux de la flûte et du piano,Lorsqu'on vous a inculqué les notions de solfège,l'emplacement des notes sur l'instrument,l'art de maîtriser votre souffle et le doigté,les nuances...On arrive à jouer une seule note à la fois et la mélodie peut être comparée à une seule route à une voie que l'on parcourt avec plus ou moins de vitesse et de virtuosité avec une flûte.
    Au piano,cet apprentissage n'est qu'un début.D'abord on vous apprend à jouer la mélodie main droite et main gauche à part séparément,doigts bien arrondis et la frappe des notes doit être égale quelle que soit la force du doigt car généralement auriculaire et annulaire sont moins puissants que les autres doigts.Des heures et des heures de répétition,de maîtrise de soi,d'impatience ,de dressage en somme!
    A un moment donné comme vous parcourrez souvent des octaves c'est à dire des groupes de huit notes et que vous n'avez que cinq doigts on vous apprendra une technique qu'on appelle le passage du pouce qui consiste pour la main droite à passer, dès que trois notes se jouxtant dans la gamme sont jouées, le pouce PAR DESSOUS le majeur,et pour la main gauche, à passer le majeur PAR DESSUS le pouce.
    Ensuite on complique les choses les deux mains vont jour la même mélodie mais ensemble , c'est à dire à l'unisson et c'est comme si vous aviez soudain deux véhicules(=vos mains )à conduire sur deux routes parallèles mais à des hauteurs différentes!la difficulté s'accroissant parce que les mains sont inversées l'une par rapport à l'autre:quand vous jouez avec le pouce à la main droite,vous jouez avec l'auriculaire de la main gauche,quand vous jouez avec l'index à la main droite vous jouez avec l'annulaire d la main gauche et ainsi de suite....Un grand nombre d'enfant abandonna à ce niveau jugé trop difficile à maîtriser.moi ,je restais:j'vais sappris à lire et avais compris que cela avait pris pas mal de temps et je supposais que e serait la même chose pour la musique ,un jour je jouerai plus aisément quand le connexions neuronale se eraient mises en place!
  21. querida13
    Un jour d'avril nous partons en camping avec les pré-ados du centre de vacances dans lequel j'étais ,à la Londe les Maures.
    On déploie les tentes: d'un côté dormiront les filles de l'autre les garçons,les garçons ont monté leur tente plus rapidement et viennent taquiner les filles en venant déterrer les sardines accrochées à la toile si péniblement tendue!
    Une des gamines s'énerve et s'emparant d'un galet ,elle se jette aux trousses d'un farceur en hurlant des insultes;Le coquin disparait dans la pénombre .La jeune file balance son galet au jugé:il atteint cependant la tête du galopin!Hurlements,le sang coule,le moniteur accourt et gronde copieusement la lanceuse.L'entaille est profonde,il s'en est fallu de peu que la pierre atteigne l'oeil et en peine cambrousse,il aurait été difficile d'aller chercher des secours.Les esprits échauffés se calment ,avec des regrets ,des excuses,un pansement et... un bon repas.
    il fait une nuit féérique de pleine lune.Les étoiles luisent magnifiquement et les grillons se mettent à nous gratifier d'un concert sublime.le moniteur sort sa guitare,il va s'installer sur une grande pierre haute et plate,la lune et la nuit derrière lui en décor de fond,nos silhouettes se découpant sur ce décor improvisé!
    Il accorde son instrument fait quelques arpèges joue jeux interdits et l'inévitable question fuse:
    Qui veut nous chanter quelque chose?
    On se regarde tous gênés et timides:personne ne se porte volontaire!
    Ne soyez pas timides il y a bien quelqu'un qui connaît une chanson?
    Il y a une semaine,j'ai chanté la foule de Piaf apprise il y a six mois, avec un vieux disque et l 'électrophone paternel à ma copine Catherine une copine venant de Besançon!
    -Elle ,elle sait bien chanter!
    je rougis violemment.Tous les yeux se braquent sur moi!Je prends mon courage à deux mains et réponds:
    -Oui je connais quelques chansons dis-je, modeste (je devais déjà en connaître quarante) est- ce que tu connais la foule?
    -Non
    -et l'éducation sentimentale de Maxime le Forestier?
    -ah ,celle ci oui!Je la connais bien!
    -Alors allons-y!
    Il la connait sur le bout des doigts!ca tombe bien ,moi aussi!J'avais une voix claire ,avec de jolis aigus.Les grillons se se tus et ma voix s'est élevée pure et juste sous la lune et les étoiles de cette nuit somptueuseEt ce fut magique:.C'était un moment parfait de beauté et d'harmonie ;la lune fut mon projecteur:je me sentais en accord avec l'univers entier;les ados étaient captivés.Et m'ont applaudie à tout rompre,j'étais devenue la chanteuse attitrée de ce petit groupe éphémère.Puis nous revinmes sur les grands classiquesenfantins chantés en groupe et passâmes une bonne soirée.
    De retour à la colo ,je dus recommencer pour le petit spectacle de fin de séjour avec autant de succès ,mais le décor n'était plus le même!
  22. querida13
    J'ai dix ans .Chanter en meute,ça,je sais,chanter en solo,accompagnée de ma prof ,en battant la mesure ,ça va,donner le ton en classe
    servir d'exemple,je sais faire,chanter pour les copines aussi!Je connais les trois magasins qui vendent les partitions à Marseille,au centre ville!
    Accorder les guitares,faire un petit solo,c'est bon!
    J'apporte mes disques à la maîtresse pour que la classe entière apprenne à reconnaître les instruments.Le tourne disque est lourd,lourd!
    Puis un jour j'estime que les mélodies de Bartok et de Ferté me déplaisent souverainement et je dis à ma prof que j'aimerais jouer ce que jouent les petits collègues et surtout pour l'avoir entendu à france culture que je veux jouer la truite de Schubert!La prof me rit au nez ,je ne suis pas assez avancée pour jouer cela.Un jour d'achat de partitions je demande au vendeur de me montrer la partition de la truite,l'originale est difficile mais il a le génie de me vendre une partition simplifiée.Je l'apprends toute seule.Un jour où l'on attend la prof ,pour pas que nous prenions froid dehors on nous a fait rentrer dans la salle.En attendant les élèves ont fait tour à tour démonstration de leur savoir et improvisé un joli concert.Je me suis vantée d'avoir travaillé la truite,on me la demande ,je m'exécute globalement bien mais avec deux fausses notes,la prof arrive ,elle est surprise..
    -C'est toi qui joues ça...?
    -Oui!
    A la fin du cours elle me prend à part:
    Puisque tu sais jouer ça ,on va déchiffrer ça et elle me donne la partition d'un air de concert bourré de doubles croches...Cela me donne le tournis...C'et le coucou de Daquin.Un air que j'ai entendu interpréter par le gamin le plus avancé du groupe et que j'ai adoré!
    je ne recule pas.J'en bave pour l'apprendre.je finis par le jouer devant un jury au concours de fin d'année au conservatoire.
    Puis en audition sur la scène du petit théâtre désaffecté qui a été requalifié.
    Un dimanche ,je suis convoquée pour récupérer mon diplôme de préparatoire mention très bien et une médaille.En fait de médaille il s'agit d'un porte-clés vaguement doré.
    Tant d 'efforts ,d'argent dépensé,pour un bout de papier et une médaille qui n'en est pas une! Je joue,je déchiffre,mais cela ne me ferait pas vivre!Je mesure les efforts qu'il m'a fallu faire en quatre ans pour parvenir à ce maigre résultat,à cette dérisoire et ridicule médaille!
    Dans le bloc l'attitude des voisins a changé:au début,ils disaient aigrement:
    -on entend le piano!
    je répondais:
    -Il vous dérange?
    -Non, c'est supportable,à l'heure où tu joues et ils soupiraient!
    Cela devint:
    -tu fais des progrès!
    Et on vint me dire :
    -Tu es douée!
    Douée?J'ai donc un don,un cadeau du ciel?tu parles!
    Et les heures passées au travail (et accessoirement à te casser les oreilles au travers des murs fins comme du papier à cigarettes) tu en fais quoi?
    Certains dimanches on ouvre le clavier pour que je puisse régaler la famille de mon jeune talent.
    Surtout me conseille ma prof ,ne joue que ce que tu as déjà beaucoup travaillé,que tu sais sur le bout des doigts,et qui te sort même par les yeux tellement de fois tu l's interprêté,parce que si tu leur joues ce que tu travailles en ce moment ils jugeraient que tu joues mal et en profiteraient pour se moquer de toi.
    j'ai toujours suivi ce conseil,après bien sûr avoir esuyé quelques moqueries sur les morceaux en cours comme elle le prévoyait.
    Je pris même un malin plaisir à commencer par faire l'ignorante,à hésiter pour faire parler les bavards et à fermer la partition peu connue et à clouer sur place les médisants avec un brillant coucou de daquin ou une truite bien alerte et joyeuse!Décidément...
    On se distrait comme on peut!
  23. querida13
    Replaçons -nous dans le contexte:les dernières trente années du XXeme siècle,pas d'internet ,ni de youtube.Quelques personnes possédaient une antiquité nommée phonographe avec des microsillons,la radio ,que les vieux baptisaient encore TSF était assez démocratisée.Les intellos écoutaient France Culture!
    Je n'osais trop dire que j'aimais la musique classique,gamine ,j'en ai écouté bien plus que bien des adultes incultes (et il y en avait pas mal à l'époque!)et j'aurais été étiquetée dans ma cité comme une ringarde qui avait des goûts de vieux!
    De plus avec mon solfège des solfèges ,on donnait le nom ds compositeurs des mélodies qu je déchiffrais:c'étaient des virtuoses anciens,je m'imprégnais des lignes mélodiques classiques sans être critiquée et ce bouquin me guidait dans mes écoutes en façonnant mes goûts.
    Mon père, amateur de nouveautés avait un tourne- disque et un magnétophone à bandes.j'eus des disques de comptines mais aussi j' en profitais pou explorer les quelques morceaux de musique classique qu'il possédait et quels maîtres :Bach,Mozart ?Tchaikowsky,Liszt,Brahms...).
    A cette époque la musique des yéyés ( surnommés de la sorte parce que comme les américains ils ne cessaient de dire yeah,yeah sur des rythmes rock!)était à la mode.les artistes en vogue étaient Johnny,Sylvie,Sheila et Ringo,Stone et charden,Bécaud,Joe Dassin,Hugues Aufray,Dalida,Annie Cordy,Mike Brant ,Claude François,Henri Salvador... France Gall,Lama ,Delpech aussi,débutaient...Pour s'occuper un peu on descendait le mange disque et on écoutait les 45 tours qui nous plaisaient!Parfois des filles s'amusaient à copier les claudettes!
    La radio répétait leurs tubes inlassablement et nous faisait aussi digérer la culture du demi- siècle précédent:Piaf,Montand,les chansonniers...je suppose que cette répétition inlassable a fini par imprégner ma mémoire.
    Les voitures d'autrefois étaient vendues sans autoradio pour la simple et bonne raison que cela n'avait pas été encore inventé!Le week- end nous étions souvent en visite dans la famille,dispersée dans la région provençale et nous étions toujours,plus ou moins par monts et par vaux alors nous chantions ,dans la bagnole:le petit âne gris,les feuilles mortes,les comptines de l'école,le répertoire était large...
    Mes parents avaient trouvé d'autres engagements en centre de loisirs,cuisine ou animation ,puis sous-direction ,gestion,tout était bon pour améliorer l'ordinaire!De cinq à dix ans je visitai pas moins de neuf centres de loisirs et dus être au contact de plus de 1000 personnes,enfants ,adolescents,moniteurs.Il y avait toujours des disques à écouter!Il y avait toujours quelqu'un pour nous enseigner quelques chants -j'étais perpétuellement en demande!-et surtout un moniteur guitariste avec lequel j'étais toujours fourrée car j'avais découvert le plaisir d'être accompagnée!
    Je découvris le répertoire plus intello de Brel et de Brassens au contact d'un directeur de centre qui les aimait et qui m'en fit écouter,je découvris le Forestier avec Bernard,un mono qui m'apprit l'éducation sentimentale et San Francisco .Ce moniteur utilisait mon oreille absolue pour accorder sa guitare.Un après-midi de grand ennui dans une colo d'été ,une fille de service,Claude, m'apprit trois chansons de Reggiani!
    En parcourant la France, les enfants entonnaient des chants que je finissais par apprendre,randonnée après randonnée,dans les cars qui nous menaient aux centres, aux activités, rebelote: nous chantions toujours et encore.Un peu de tout:chants scouts,variétés,tubes du jours,chansons anciennes...Un moniteur m'enseigna le maniement d'un nouvel objet :le magnétophone à cassettes.O délice,j'avais à disposition un outil répétiteur inlassable,qui allait m'enseigner les chansons et les paroles!J'allais pouvoir désormais me passer de faire appel à la patience des autres et à leurs remarques pas toujours gentilles lorsque le texte avait du mal à rentrer;je pouvais collectionner les chants qui me plairaient:j'eus beaucoup de mal à choisir ,je connaissais tout par coeur!Mais je finis par trouver bien des trésors!
    Parfois en secret ,quelqu'un osait un chant grivois et nous chuchotions Jeanneton ou le curé de Camaret ,l'oeil au aguets afin de ne pas être surpris par les adultes.
    Puis quand nous nous séparions, nous exprimions notre chagrin en vagissant de profundis "ce n'est qu'un au revoir".mais pour la plupart des gens, ces au revoir, furent souvent des adieux!
    Parfois définitifs:ainsi j'appris,quinze ans plus tard, que ma jolie Claude a été décapitée (décapitée!!! arghh!)au cours d'un accident de voiture , et qu'un copain de colo fut noyé dans les calanques de Marseille!Requiem éternam!
    Je devins donc un mini chef des choeurs!Je parvins à un niveau péparatoire à l'orée de mon adolescence en solfège et piano!
  24. querida13
    Les autres s'arrêtaient mais je continuais,il devint clair que je progressais vraiment.Mes parents m'amenèrent chez un facteur au centre ville et on me choisit au milieu d'une quarantaine d'instruments (que je testai abondamment à force de cacophonies innommables dont les gamins ont le secret), un honnête piano d'occasion de style Louis XV au cadre de bronze qui avait la bonne idée de fermer à clef.
    Il fut négocié un contrat de location vente,mes parents voulant se débarrasser de l'engin s'il m'avait pris l'idée d"abandonner en cheminassuraient leurs arrières!
    Je sentis le vendeur agacé par le vacarme mais je passais un moment délicieux,après tout à l'école l'intervenante ne m'avait permis de toucher son instrument que trente secondes!Inquisiteur ,il se pencha vers moiet
    Voulant étaler sa science et certainement doucher mon enthousiasme,le vendeur me demanda :
    -Sais tu en quoi sont faites les touches?
    -Non,en quoi?
    -Avec des défenses d'éléphant.
    -Comment fait on ,on les lui coupe?
    -Non il faut le tuer pour lui arracher ses défenses comme on arrache les dents!
    -Alors ,j'en veux pas!
    Je fus bouleversée par cette révélation ,le larmes me montèrent aux yeux et cela faillit me gâcher mon plaisir d'apprendre,je m'enfuis dans un coin les larmes aux yeux .
    Je calculais combien d'éléphants il avait fallu abattre pour fabriquer ces quarante pianos et cela me révoltait.C'était énorme!Ca discutaillait ferme devant l'appareil qui était un mélange de cordes ,de bois ,de bronze,et d'ivoire,de petits mécanismes précis faits de feutre formant des petits marteaux tapant sur les cordes tendues sur le cadre. -et de meurtre, de souffrance animale donc!-
    Le vendeur avait trop bien réussi son coup,en voulant doucher mon excitation ,il perdait son contrat!Je le voyais ramer pour rattraper son coup, récapituler laborieusement les avantages de la location vente!
    Ma mère revint me chercher !
    Eh bien qu'est ce que tu as tu ne veux plus jouer du piano?
    Pas s'il faut tuer un éléphant!On peut pas les faire en plastique,les touches?
    -Peut être un jour.De toutes façons,un animal ça doit bien mourir un jour ,on l'a tué juste avant sa mort,et puis il y en a d'autres des éléphants!Et puis c'est dommage de laisser tomber maintenant,tu vas perdre tout le bénéfice de tes efforts pour apprendre le solfège,c'est bête,d'arrêter maintenant!
    Je me suis laissée embobiner,le monstre arriva un jour chez moi!
    Les déménageurs suèrent de grosses gouttes en gravissant les sept étages,j'allais chercher les petites voisines,et nous fîmes un beau tapage à six mains,peut être huit car je me souviens des petites mains de mon petit frère qui tapotait entre les pattes des filles...Le voisin du dessous,attiré par les mélodies dodécaphoniques vint jeter un oeil curieux et partit en marmonnant(à Marseille on dit en marronnant)très grossièrement:
    -Eh ,bien,ça promet! Ils ont pas fini de nous faire chier avec leur bordel!
    Mon père jugea qu'on lui avait suffisamment cassé les oreilles,ma mère fort à propos décida de nous faire goûter et quand nous revinrent refaire du bazar le couvercle était baissé et mon père prétendit que les livreurs étaient partis en fermant le clavier et qu'ils avaient oublié de laisser la clef!
    Je croisai les bras de dépit ,les voisines partirent...
    Au club, pompeusement rebaptisé conservatoire annexe de quartier,je débutai avec une délicieuse vieille dame très patiente qui me donna un petit carnet pour noter mes exercices et je continuai le solfège avec Mme R...qui venait d'être veuve et qui devait subvenir à ses besoins en donnant des cours
    Elle était sérieuse et patiente,elle jouait merveilleusement du piano.Je chantais avec délices mon solfège ds solfèges le chant après la dictée était mon activité préférée;je détestais le déchiffrage au métronome,je ne comprenais rien aux mesures,aux notes,zut comment expliquer à une gamine de sept ans ce que sont les subdivisions du temps, ce qui est hyper mathématique quand on y songe!et cette relativité de la durée des notes quand une mesure différente est inscrite dans la partition!
    Ce fut un authentique dressage,maîtrise du geste ,arrondir les doigts,maîtrise des humeur,maîtrise de la lecture ,maîtrise du temps ,maîtrise de l'intensité,(toucher n'est pas frapper),apprentissage par l'exemple,par l'intimidation ,par la mobilisation de ma bonne volonté,dépassement des caprices ,de la mauvaise humeur de ne pas réussir mes exercices.je pouvais être têtue, j'étais susceptible ,mais je m'accrochais!
    Tous les soirs après mes devoirs j'exécutais ma demi heure d'exercices.j'ai débuté avec la méthode Rose!Je révisais mon solfège!Quand je m'ennuyais un peu à l'école une petite musique sourdait dans ma tête,et je tapotais sur mon bureau occupant un mètre carré mes exercices doigts bien arrondis ,je répétais, musicienne silncieuse,ce que j'allais jouer devant ma prof!
    Le calvaire du déchiffrage se poursuivit:désormais après la première année,il fallait apprendre la clé de fa Toc toc toc faisait le méronome de plus en plus vite et j'annônais inlassablement:ré,sol ,si la d'un ton monocorde et stressée à l'idée de me tromper.Je recopiais la théorie musicale.jusqu'à avoir un cal sur le majeur.
    Dans la méthode rose ,on arriva à un joli morceau à quatremains,puis à au clair de la lune:la moitié des enfants abandonnèrent là:savoir jouer au clair de la lune c'était suffisant pour eux.
    Je questionnai mon père sur leur abandon,puis les enfants.S'il était ef- fectivement admi que jouer ce moreau était suffisant pour la moitié des enfants qui partaient pour l'autre moitié,il s'avérait que l'achat d'un instrument était un investissement trop lourd!
    mon père me dit que ne savoir jouer qu'un seul air n'était pas suffisant ,il m'acheta un disque sur le microsillon duquel était gravé le rêve d'amour de Liszt,Jésus que ma joie demeure,la marche turque,une vase de Chopin,une valse de Strauss et d'autres grands lassiques et me dit :les interprêtes ui ot ont enregistré cela savent joue ,eux!
    Ils jouaient bien mieux que maprof et moi-même j'étais dépitée de ne amais pouvoir parvenir à un tel degré de perfection dans l'interprêtation et de virtuosité.
    devant ma mine déconfite ,il me dit doucement:
    -S'ils y sont parvenus ,c'est grâce au travail,ne te décuorage pas et va répéter!
  25. querida13
    Deux heures,par semaines j'eus des initiations,j'entendis les autres chanter ,on me fit taper des rythmes,on me fit scander de la musique on appela cela scander le tempo ,on me fit faire des jeux ,la plupart chantés,j'appris les mots d'intervalles,de vocalises,ce que sont un crescendo ,puis un decrescendo,je chantais des gammes.J'appris à déchiffrer la clé de sol ,à écrire sur une portée en clé de sol, j'appris la valeur du silence:je revois mes notes maladroitement griffonnées au crayon gris,la tête désolée de ma mère quand elle visionnait mes "productions".Autour de moi,dès que le travail écrit débuta nombre de petits abandonnèrent car c'était "travailler comme à l'école",ce furent les plus turbulents qui décrochèrent, car ils ne tenaient pas en place:la musique est une école de rigueur et de discipline,c'est dur ,il faut apprivoiser son corps ,ses membres,ses doigts,sa voix,sa posture , ses attitudes!C'est un langage codé à part entière qu'il faut savoir lire pour pouvoir jouer de la musique , et la transmettre cela a pris des siècles:je me souviens des interminables leçons de déchiffrage avec le métronome qui mesurait invariablement le temps ,régulier et implacable et moi qui devais savoir dire le nom des notes écrites en clé de sol à chaque battement.Ah, de lento à presto quelle évolution! D'heures passées en apprentissages fastidieux, d'où je sortais épuisée émotionnellement et nerveusement!De cours dont je sortais libérée et complètement déchaînée:le toboggan,le tourniquet en faisaient les frais et ma mère regardait avec désolement ma robe ensablée,mes chaussures éculées qu'il allait falloir cirer!Que tu es brouillon me disait- elle!
    Les professeures discutaient âprement avec les mères des apprenties musiciennes,c'était là que se jouaient les salaires versés au nombre d'heures de cours.Alors ,on m'a fait croire et à ma mère aussi que j'étais douée.Mais je savais que mes dictées étaient fausses et que je n'étais pas très bonne.Cela ne me désolait pas trop :plutôt venir en cours que de moisir dans l'appartement au septième étage où i n'y avait pas grand chose à faire qu'à moisir dans ses pensées.
    Puis un jour,ce fut l'illumination,la connection neuronale salvatrice ,je compris qu'il n'y avait que douze tons à reconnaître sur des hauteurs différentes et quand je compris à quel endroit il fallait les écrire je me mis à les noter convenablement et à ce petit jeu là je devins imbattable.
    Toute petite, je passai au conservatoire de Marseille mes premiers concours,niveau débutant!Je l'eus mention très bien!Les plus vieux du cours commencèrent à me regarder en coin en serrant les dents!
    En été, mes parents partirent faire des animations de plage en Corse, au club Mickey,pour mettre un peu de beurre dans les épinards tout en voyageant un peu.Au cours des deux mois,un jour,
    il pleut: une cinquantaine de petits est réunie sous une tente.Les animateurs tentent tant bien que mal d'occuper les mômes déchaînés comme ils ont toujours le secretet la bonne idée de l'être au cours d'une journée pluvieuse Le brouhaha ,assourdissant règne.Un moniteur décide d'organiser un mini radio-crochet ,il fait asseoir les gamins en cercle et annonce que ceux qui le voudront,pourront se mettre au centre du cercle pour chanter une chanson.les yeux s'écarquillent ,les enfants se consultent du regard,ils sont effrayés ,réticents ,certains se poussent du coude:vas- y,toi ,vas- y.Qui est volontaire?reprend l'animateur? Quelques doigts se lèvent peut être trois /Quatre,j'observe,j'irais bien mais ils sont plus vieux que moi,qui ai cinq ans et demie,je vais être ridicule par rapport à eux.
    Un gamin de huit ans s'enhardit et pousse la chansonnette,au clair de la lune :c'est pas très juste,il y a encore un peu de bruit mais bon public les enfants acclament le chanteur.Je me dis que si des gamins applaudissent un chanteur médiocre,je vais passer aussi !Je lève le doigt à mon tour,l'animateur me choisit!
    Je me place au centre du cercle:je sens un drôle de petit mal me tordre le ventre ,comme une anxiété,un petit malaise,je rougis violemment mais je ne recule pas!
    L'animateur avertit les autres gamins:Ne vous moquez pas d'elle ,elle est toute petite ,peut -être elle ne saura pas chanter devant tout le monde écoutez la bien "quand-même" .Pas chanter? On va voir ça!Pour le coup je suis vexée!Je le toise du haut de mes cinq ans, j'ancre mes pieds dans le sable corse et entonne "coucou hibou" ,d'une voix claire et juste ,timbrée qui fait taire tout le groupe ,médusé!Dame,mes petits spectateurs me fixent tous comme s'ils allaient me manger: mon mal de ventre s'accentue,-plus tard, je saurai qu'on appelle ça le trac-mais...c'est qu'ils apprécient ma parole!Et à la fin ,ils reprennent en choeur avec moi :coucou hibou ,coucou hibou ,coucou hibou coucou en tapant des mains!Et m'applaudissent à tout rompre, certains en redemandent même une autre!Mais l'animateur un peu sonné dit qu'il faut aussi laisser passer les autres!De retour à ma place ,je suis chaudement félicitée par de bonnes tapes dans le dos qui vont me laisser des marques rouges sur la peau jusqu'au soir!
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