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konvicted

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Billets posté(e)s par konvicted

  1. konvicted
    Pour paraphraser Grand Corps pas très Forestier, né dans le béton 1, je suis un enfant de la ville 2. Non, non, pas de Philippe. Je n’ai rien d’un rat des champs, et ce n’est pas faute d’être pingre. Mon père s’appelle bien Philippe mais il ne tape pas sur des bambous ; il n’est pas même musicien. Je m’accommode très bien du bruit des sirènes et de l’odeur des pots d’échappement. Il joue bien de la flûte de temps à autre — et c’est pas du pipeau ! —, mais ça n’en fait pas un musicien pour autant. J’aime pouvoir passer d’un bout à l’autre de la ville sans voir la lumière du jour et d’un jour à l’autre sans voir une peau de vache autre que le cuir de mes chaussures, la grognasse du troisième ou la jolie fleur qui me mène par le bout du cœur. Cette métaphore n’est pas de moi, c’est une image superbe inventée par M. Brassens 3 qui n’eut toute sa vie que des bonnes idées, sauf celle d’être mort avant Julio Iglesias. Ce compliment n’est pas de moi, c’est un magnifique éloge formulé par M. Desproges 4 qui toute sa vie n’eut que des bonnes idées, sauf celle d’être mort d’un cancer. Cette mise en abyme est bien de moi, en revanche ; prends ça, Inception ! Parce que si on va par-là — pardon, je reprends le fil de ma pensée —, on pourrait m’honorer du titre de violeur sous prétexte que je viole sporadiquement, sans aucun talent et sans être rémunéré, sur la simple base du volontariat, mon volontariat, et pour mon seul plaisir ; c’est absurde !
    J’aime les interrogations quotidiennes de la vie francilienne, les énigmes du train-train en métro-c’est-trop. Mieux me vaut-il marcher dans l’escalator ou courir dans l’escalier pour attendre quelques secondes de plus sur le quai avant l’arrivée du RER qui passe toutes les cinq minutes ? Qu’y a-t-il au bout de la queue interminable — à l’instar d’un bouquin de Zola mais avec plus d’action — devant le Burger King de la gare Saint-Lazare ? Ne vient-il jamais à l’idée des badauds qui passent leurs trajets monotones dans les transports en commun à fixer le paysage — pittoresque, j’en conviens, surtout quand il est souterrain — ou, pire, un journal gratuit — et dans « journal gratuit », il y a au moins un mot mensonger — d’investir dans un passe-temps plus enrichissant — comme lire un bouquin, même un Balzac, un shōnen à rallonge (manquant cruellement d’imagination comme un poivrot désespérant de ne pas gagner au loto manque sa vie, Loana, sa mort et un politicon présidentiel, ses promesses électorales), ou le manuel d’instructions d’un mixeur ?
    Par contre, j’aime autant la foule — sentimentale, mon cul ! — que les discussions stériles et insipides des bougres entravant leur esprit avec les chaînes rouillées « d’information » de l’écran qui n’est pas plus petit par sa taille que par sa bassesse. Si les histoires d’amour sont un peu comme les voyages en train, assurément, les Transilien m’ont dégoûté à jamais des partouzes. Non contents de mettre mes nerfs à rude épreuve, ils sont avant tout un véritable défi pour mes antiperspirants et je m’estime heureux quand j’ai tout juste l’espace suffisant pour tourner les pages de mon roman sans avoir les bras parallèles et les pieds joints — inutile de préciser que je suis plus enthousiaste quand j’arrive à poser les fesses sur un misérable strapontin qu’un Manuel Valls s’asseyant sur son trône ou sur la liberté d’expression.
    Que la vie serait belle en toutes circonstances si le mépris inconséquent pour la contraception n’avait tiré du néant ces jobards qui, une fois sortis de ces rames bondées, vont déferler sur les trottoirs moroses comme la misère sur le pauvre monde, les tsunamis sur le Japon, les cailloux sur la femme iranienne adultère et les coups de cuiller sur ma part de tarte au citron meringuée. Fichtre que j’ai horreur d’arpenter des boulevards populeux dont les masses d’abrutis, à l’instar de ma pensée, affichent un cheminement tellement erratique qu’il est légitime de penser qu’ils sont très loin de savoir où je vais. D’ailleurs, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais populeux est l’anagramme de poulpeux. Et alors ? me direz-vous. Eh bien, ce mot est aussi inapproprié qu’inexistant, c’est dire si vous auriez tort de ne pas trouver tout cela insensé.
    1 « Je suis né dans le béton, / Coincé entre deux maisons, / Sans abri, sans domicile, / Comme un arbre dans la ville », Maxime le Forestier, Comme un arbre dans la ville.
    2 « Je suis un enfant de la ville, je suis un enfant du bruit », Grand Corps Malade, Enfant de la ville.
    3 « Un’ jolie fleur dans une peau de vache, / Un’ jolie vach’ déguisée en fleur, / Qui fait la belle et qui vous attache, / Puis qui vous mène par le bout du cœur. », Georges Brassens, Une jolie fleur.
    4 « Rien au monde ne pourra jamais libérer mon esprit prisonnier de vos charmes inouïs, madame : vos yeux étranges et malicieux, où je m’enfonce comme dans un bain de champagne incroyablement pétillant, votre poitrine amplement arrogante, véritable insulte à l’usage du lait en poudre, et « votre dos qui perd son nom avec si bonne grâce qu’on ne peut s’empêcher de lui donner raison » — ce n’est pas de moi, c’est une image superbe inventée par M. Brassens qui n’eut toute sa vie que des bonnes idées, sauf celle d’être mort avant Julio Iglesias. », Desproges, Vivons heureux en attendant la mort.
  2. konvicted
    Sur le quai




    À bord de TER, TGV ou Corail,


    Toute la France en fait, des voyages en train,


    Toute ? non ! Corentin résiste encore au rail.




    Bordel ! qui m'a collé cette branque de voix off ? C'est pas du tout ça le texte. Bon, je vais me démerder tout seul.




    À bord de TER, TGV ou Corail,


    Toute la France en fait, des voyages en train 1,


    Toute ? non ! car le rail résiste à Corentin (c'est moi).




    C'est pas l'homme qui prend le train,


    C'est le train qui prend l'homme,


    Moi, le train m'a pas pris


    Comme on prend pas un taxi 2,


    Et c'est bien là mon drame.




    Mais bon, faut dire aussi que j'en fous pas un' rame,


    J'ai jamais de ticket, les guichets m'intimident,


    Je cède la place aux usagers intrépides,


    De toute façon, je ne sais pas où est Caen.




    Jusqu'à ce qu'il ait plus un seul siège vacant,


    Ils montent dans le train et rejoignent leur place ;


    La mienne, c'est un banc sur le quai de la gare


    D'où je regarde hagard ce monde sans égard


    Pour les aspirants voyageurs trop à la masse.


    1 Il est évidemment question des Voyages en train de Grand Corps Malade.
    2 S'il est nécessaire de préciser que c'est une référence à Renaud, je vais me fâcher tout rouge.
  3. konvicted
    La poésie est le refuge du lâche




    Je ? tu ? il ? les pronoms, à peu près, sont les mêmes,


    Je ne peut être moi, car moi je me tutoie,


    C'est un autre, il est moi, pourvu qu'on ne le voie


    Pas même entre les vers lâches de mes poèmes.




    Je tue il pour un temps pour qu'il se prête au jeu,


    Quand il se prétend je, c'est bien mon jeu qu'il cache


    Quand celui-ci n'est pas assez avantageux,


    Car la poésie est le refuge du lâche.




    Les figures de style, à peu près, sont les mêmes,


    Métaphore, antiphrase, hyperbole, litote,


    C'est pas pour faire beau, pourvu qu'on ne dégote


    Jamais la vérité dans mes vers les plus blêmes


    Quand j'enterre un secret espérant qu'on ne sache


    Que la poésie est le refuge du lâche.


  4. konvicted
    Compte pas sur moi pour sécher tes larmes




    Ouais, une de perdue et tout est dépeuplé,


    On n'a pas de remède, ou bien le temps qui trace,


    Mais si tu n'es pas trop regardant sur la race,


    La chienne du voisin est prête à s'accoupler.




    T'en fais pas, ton chagrin va couler sous les ponts


    Trop violemment coupés par la claque sévère,


    Et si ça suffit pas, t'iras verre après verre


    Le noyer dans l'alcool ou le pendre au plafond.




    Mate la chose en face, ô dindon de la farce,


    Elle se fout de toi comme c'est pas permis,


    Elle t'a fait cocu par ton meilleur ami,


    T'es aussi bien tout seul, pleure pas cette garce.




    Mais si tu l'aime' encore autant que tu le crois,


    Réjouis-toi d'la savoir plus heureuse avec moi.


  5. konvicted
    Soyons égoïstes à deux




    Faire un enfant, c'est on n' peut plus égocentrique


    Quand tu t' dis qu'il est probable qu'il soit malheureux,


    D'autant plus avec mon patrimoine génétique ;


    Mais de toute façon, moi, je suis déjà narcissique,


    Et toi, tu peux t' permettre de l' dev'nir si tu veux,


    Allez, soyons fous, soyons égoïstes à deux !




    Y'a pas plus égocentrique que d' faire un morveux


    Quand tu sais qu'il port'ra sûrement une sacrée croix


    Encore plus si l' petit m' ressemble un tant soit peu ;


    Mais on cédera tôt ou tard, autant pas l' faire vieux,


    Pis, après tout, on en a encore l' droit, je crois,


    Alors, soyons fous, soyons égoïstes pour trois !




    Pour faire un rej'ton, faut vraiment penser qu'à soi


    Quand tu vois toute la misère qu'il y-a sur cette Terre,


    Surtout s'il a la moitié d' mes gênes, tu l' conçois ;


    Mais s'il s'en tire avec rien qu'un pourcent de toi,


    P't-êt' qu'il s' plaindra quand même pas trop d' l'héréditaire,


    Donc bon, soyons égoïstes, dev'nons père et mère !




    "Pas si vite, t'es trop jeune et trop célibataire


    Et un peu trop schizo pour ça, mon p'tit comique,


    J' te rappelle que j' vis qu' dans ton esprit grabataire ;


    Rends-toi compte qu'au-d'là d' ton bagage chromosomique,


    Même si tu t' sens chaud comme une résistance ohmique,


    T'as pas encore assez vécu pour dev'nir père."


  6. konvicted
    Cinq non-sens




    À part Brassens 1, Chopin, Bach et un passereau,


    Je ne pensais trouver quoi me mettre à l'oreille ;


    Mais maintenant bercé par ta voix sans pareille,


    J'ai laissé les lilas 2 faner dans leur terreau.




    Moi le drôle d'oiseau charmé par ton appeau


    Ne compte qu'une plume et elle t'est donnée ;


    Cupidon n'a pas dû ménager ma cornée,


    C'est sur le bout des doigts que je connais ta peau,




    Ou sur le bout du nez que j'ai tant promené


    Sur tes côtes où l'air au parfum raffiné


    Est si riche de sens que c'est lui qui m'inspire,




    Ou sur le bord fiévreux de ma lèvre gardant


    Deux poires pour la soif 3 d'acmé grisant pendant


    Que j'œuvre ardemment à ce que l'ange soupire 4.


    1 "À part Brassens et les oiseaux, quoi écouter ?", Renaud dans Les Cinq sens.
    2 "Quand je vais chez la fleuriste, je n'achète que des lilas", Brassens dans Les Lilas.
    3 De l'expression une poire pour la soif qui, d'après mon dico, désigne un petit capital ou des réserves permettant de faire face à d'éventuels déboires, détournée par Brassens dans Le Vin : "Quand on est un sage et qu'on a du savoir boire, / On se garde à vue en cas de soif une poire, / Une poire ou deux, mais en forme de bonbonne / Au ventre replet rempli du bon lait d'automne".
    4 "Et si vous entendez sourdre à travers les plinthes / Du boudoir de ces dames des râles et des plaintes, / Ne dites pas : "C'est tonton Georges qui expire", / Ce sont tout simplement les anges qui soupirent", Brassens dans Le Bulletin de santé.
  7. konvicted
    Et une nouvelle pour changer un peu ! Pour des raisons pratiques, je la poste en PDF. Enjoy! Ou pas, d'ailleurs, c'est vous qui voyez. Mais si vous lisez, je vous conseille d'apprécier, sans quoi ça risque d'être chiant.
    La cuite de trop.pdf
  8. konvicted
    Avant tout, je tiens à manifester mon mécontentement envers le titre qui constitue un piètre choix tant il est ambigu. Je sais très bien qu’avec une annonce pareille, je vais en décevoir plus d’un en précisant qu’il ne sera pas question de juger de l’esthétique d’un décès. Je ne déballerai pas le ridicule des morts les plus grotesques, alors laissez Claude François tranquille et repaissez-vous plutôt des Darwin Awards, bande de vampires ! En outre, loin de moi l’idée de voir l’exercice d’un talent artistique dans les coups de faux patauds de l’anorexique morbide qui, bien que tout ne soit pas bon chez elle, n’a littéralement rien à jeter tant elle tient à ses os sur lesquels elle n’a même plus un lambeau de peau. Ce serait tellement absurde d’y voir autre chose qu’une sentence aveugle frappant au hasard.
    « Les nominés dans la catégorie de la mort la plus cruellement ironique sont… Pierre Desproges pour son irrespect perpétuel envers le cancer qui l’a finalement emporté, Tupac Shakur pour la supposée prédiction de sa mort à quelques mois près, Georges Brassens pour son trompe-la-mort qui ne s’est pas exhumé du caveau sitôt la farce jouée et Michael Jackson pour le projet This is it au titre prémonitoire. » Non, vraiment, ça n’a pas de sens. Toutefois, je vote pour Michael Jackson.
    Je ne parlerai pas non plus des malheureux qui ont trébuché en franchissant la marche vers l’autre côté. Bien que certains mettent un point d’honneur à réussir leur mort — il n’y qu’à voir combien d’essais il a fallu à Loana 1 pour trouver le décès à la hauteur de son talent —, je considère qu’il n’y a pas plus de mérite à calancher comme soldat sur le champ d’horreur que comme tueur en série à la retraite sur la chaise électrique. Certes, les militaires luttent plus efficacement contre la surpopulation, mais n’encourageons pas la culture du chiffre. N’importe quelle crevure décérébrée dotée de pouces opposables et d’une mitraillette peut réaliser un véritable carnage, pourvu qu’elle soit bien dressée, sans quoi on ne peut pas même lui demander d’aller chercher le bâton. En revanche, ce n’est pas donné à tout le monde d’être un tueur en série. Ça demande un esprit particulièrement original et artistique, une grande intelligence émotionnelle et une modestie sans égale — contrairement à un casanova, on entend rarement un tel tueur se vanter de son tableau de chasse. À moins que ce ne soit une grande discrétion. N’oublions pas que ces intermittents du spectacle doivent être extrêmement prudents pour échapper à la police car, vous l’ignorez peut-être, l’assassinat ne fait pas encore l’unanimité, sauf bien sûr si c’est au nom de l’ONU.
    Il est encore moins question de tenter de duper la Faucheuse pour qu’elle nous ramène ceux qu’elle nous prit trop tôt. Ce serait peine perdue, j’ai déjà tout essayé. Sans doute un peu naïf, supposant qu’elle n’avait pas la télévision, qu’elle n’allait pas voir les concerts, qu’elle était tout bonnement inculte, je m’imaginais qu’elle n’y verrait que du feu si je faisais passer du premier prix pour un produit de luxe. Alors, je lui proposai de m’échanger Freddie Mercury contre Lady Gaga 2, Jacques Villeret contre Samy Naceri 3, Pierre Desproges contre Manuel Valls 4 ou Dieudonné 5 — je ne sais plus bien lequel des deux est humoriste. En la voyant froncer les sourcils — ce qui est d’autant plus impressionnant de la part d’un crâne dépourvu du moindre poil —, je réalisai qu’elle n’était peut-être pas si ignorante que ça, alors je tentai le tout pour le tout en y allant au bluff : « Je t’échange David Guetta, sa femme, son chihuahua et Fergie des Black Eyed Peas en prime contre Brassens. » Tu parles ! la fumée d’un roseau ou un grand chêne en bois brut, elle me fit vite comprendre de quoi elle chauffait ses vieux os.
    Ce que je voulais évoquer depuis le début avant d’être grossièrement interrompu par moi-même, c’est l’aplomb de la Camarde qui ose toucher jusqu’à nos souvenirs pour réussir l’illusion cruelle de faire passer les trépassés pour des braves types sitôt qu’ils ont cassé leur pipe, sans doute pour que leur disparition n’en soit que plus douloureuse. Tenez, mon grand-père, avant de retourner à la terre, il fut curé, collabo, pédé, par moment les trois à la fois ; autant vous dire que ce n’est pas le sujet de fierté de la famille. D’ailleurs, c’est tout naturel, je lui en voulais beaucoup d’avoir pérennisé le gène gay dans la famille, d’autant que c’est le genre de saloperie qui saute une génération. Malgré tout, quand on m’a appris qu’il venait de clamser, renversé par une poussette en excès de vitesse, oubliant tout ressentiment, je me suis effondré et laissé aller aux larmes ; j’avais le sentiment de n’avoir plus que les genoux de ma concubine pour pleurer.
    Au-delà de mon connard de grand-père, la Faucheuse a assuré à elle seule la postérité de bien des artistes. Amy Winehouse 6 serait-elle devenue autre chose qu’une banale junky si elle n’avait eu la bonne idée de lui tenir la faux à 27 ans ? Connaitrait-on le nom de Van Gogh 7 s’il avait été immortel ? Honorerait-on la mémoire d’Hitler 8 s’il ne s’était pas suicidé jeune ?
    Je crie honte à vous, mélomanes nécrophiles qui avez attendu la mort de l’ex-toxicomane susnommée pour télécharger illégalement ses albums ! Aussi vrai que les résidents des cimetières n’entendent ni les louanges ni les reproches, ils n’ont que peu faire de votre enthousiasme posthume. Fustigeons donc la médiocrité indépendamment de l’avancement du travail des asticots et encensons les morts talentueux, mais de leur vivant !
    1 Feue nageuse olympique spécialisée dans le dos courbé, puis reconvertie dans le plongeon.
    2 Mannequin de charme représentant la marque Charal.
    3 Acteur à ses heures perdues, mieux connu pour son activité de peintre. Pardon, j’avais mal lu, il est renommé pour ses frasques, pas ses fresques.
    4 Représentant blancos de l’UMP, défonceur de la liberté d’expression.
    5 Chef cuisto militant pour la démocratisation de la quenelle et de l’andouille.
    6 Si, vous savez, c’est elle qui a chanté… euh, qui a chanté… qui a chanté bourrée.
    7 Barbouilleur monolobite.
    8 Piètre pianiste de l’entre-deux-guerres.
    P.-S. : Six références à des chansons de Brassens se sont glissées dans ce texte. Saurez-vous les trouver ?
  9. konvicted
    Vous êtes-vous déjà demandé ce que ça faisait de plonger quelqu’un dans un sommeil éternel tout juste mouvementé par des vers saprophages, d'expérimenter ce sentiment de puissance absolue alors que vous regardez la vie quitter ses yeux entre vos mains moites enserrant son cou avec une force que vous ne vous soupçonniez même pas, cette jouissance orgasmique pendant que vous pénétrez sa chair, ses muscles, ses entrailles d’une lame en acier inoxydable qui s’y connaît toutefois en occido-réduction au silence et que vous retirez ensuite avec une patience infinie pour profiter pleinement de la chaleur des fluides vitaux qui ruissellent alors sur vos mains pour l’un et dans votre caleçon pour l’autre ? Non ! vraiment ? Moi non plus ! En revanche, les psychopathes ne se privent pas de donner corps à mes pensées morbides. Pardon, à leurs pensées morbides.
    Naturellement, j'admire beaucoup l'idéalisme de ces jeunes humanistes, le côté « je lutte contre la surpopulation et la crise du logement comme je peux, avec mes petits moyens ». Seulement, je ne pourrais pas devenir psychopathe pour la bonne raison que j'aime trop les chats. Parce que, oui, tout bon psychopathe qui a l’ambition de devenir un tueur en série se doit de faire ses armes sur les chats, ou d'autres espèces d’animaux domestiques comme les matous, les minets, les minous, les mistigris ou encore les greffiers. Or, je suis incapable de faire souffrir ces petits moustachus qui ont leur place contre le sein de Margot, chez Jeanne, ou à la rigueur sur le toit, mais certainement pas dans un mixeur. Pour tout dire, je n’ose pas même enculer une mouche sans son consentement.
    Je tiens à rassurer les psychopathes qui me lisent en précisant que je ne porte pas un jugement moral sur le fait d’éventrer, de tronçonner, de noyer ou d’étrangler des chats. Ou encore de leur fracasser le crâne à coup de marteau, de les plaquer contre un mur, de les électrocuter ou de les donner à manger à un python. Il ne s’agit bien que de mon sentiment propre.
    Blâmer des psychopathes — qui violent et tuent des êtres humains, pas nécessairement dans cet ordre — sous prétexte qu’ils ont préalablement fait un peu de mal à quelques vulgaires animaux, c’est n’avoir rien compris au problème. En effet, pendant ce temps-là, des gougnafiers en blouse blanche torturent pléthore de rongeurs, lapins, chiens et autres primates pour mieux lutter activement contre la hausse inquiétante de notre espérance de vie. Bizarrement, ceux-là, on ne les appelle pas des tueurs en série, mais des scientifiques, allez savoir pourquoi. Je pense que la différence de vocabulaire tient dans les subventions que ces êtres infâmes reçoivent pour effectuer leurs expérimentations qui, est-il nécessaire de le rappeler ?, sont de loin moins justifiées que celles des psychopathes. Il est légitime de penser que si un poignard enfoncé dans l’abdomen d’un chat peut conduire à sa mort, alors on peut tuer un homme de la même façon. C’est-à-dire en lui ouvrant le bide d’un coup de couteau, et non en éventrant son chat. Même s’il est très attaché à son animal de compagnie, je doute que le bonhomme meure littéralement de chagrin. En revanche, il est tout à fait ridicule d’imaginer que des données toxicologiques de divers mammifères non-humains puissent être extrapolées à l’homme. Si vous pensez avoir le même métabolisme que les animaux de laboratoire, pourquoi ne récompensez-vous pas la fidélité de votre chien par une petite tablette de chocolat ?
    En résumé, il serait hypocrite de ma part de reprocher à des tueurs en puissance de laisser libre cours à leur imagination sur les félins de leur voisinage. Mes gels douche et autres anxiolytiques ont vainement torturé à mort considérablement plus de mammifères que des générations de Luka Magnotta. Alors, aussi longtemps que des charlatans déshumanisés seront payés à sacrifier des vies animales sur l’autel d’une pseudoscience absurde au péril de la santé humaine, en toute légalité et avec la bénédiction des autorités incompétentes, je me montrerai indulgent envers l’engeance d’assassins qui ne prétendent pas hypocritement œuvrer à sauver des vies.
  10. konvicted
    Bonnet phrygien, phrygien bonnet




    I




    Personne ne saurait nous prendre en main,


    C'est à celui qui nous laisse tomber


    Sans voir la faute alors lui incomber


    Et hier n'est pas pire que demain.




    Deux mains maladroites pour chef d'orchestre,


    Gauches, parkinsoniennes, arthritiques,


    Dans des gants de cuisine siliconiques,


    Le système entier est ambisenestre.




    Sinistre jeu de chaises musicales


    Auquel le peuple perd à chaque fois


    Sans jamais vouloir arrêter : "Pourquoi ?


    Ces pontes-là sont vraiment amicales !"




    Des potes despotes et branquignols,


    Un peu d'recul et la vue est sublime,


    Admirez un peu la mise en abyme,


    Des pantins contrôlés par des guignols.




    II




    Chuis pas de ces connards qui vont aux urnes *,


    J'aurais le sentiment d'aller aux putes,


    Et en plus sans accréditer mes burnes,


    Mais des incapables qui se disputent


    Comme des gamins ou comme des chiens


    Le droit de cuissage sur Marianne,


    Doutant de leurs intentions, je m'abstiens,


    Y a un nœud coulant à leur fil d'Ariane.




    Je ne suis ni disciple ni apôtre


    Pour suivre un gourou comme un benêt ;


    Une bande de cons ou bien une autre,


    C'est bonnet phrygien et phrygien bonnet.


    * Renaud, dans Où c'est qu' j'ai mis mon flingue ? :
    "C'est pas demain qu'on m' verra marcher
    Avec les connards qui vont aux urnes
    Choisir qui les f'ra crever,
    Moi, ces jours-là, j' reste dans ma turne,
    Rien à foutre de la lutte de crasse,
    Tous les systèmes sont dégueulasses."
  11. konvicted
    Avant que Jedino m'accuse de plagiat, sous prétexte qu'il parle de monstre dans
    Vaut mieux un que deux (ne me remercie pas pour la pub), je précise que le poème truc qui va suivre est inspiré de The Monster d'Eminem et Rihanna, chanson à laquelle les deux misérables notes en bas de page se réfèrent et dont voici le clip en spoiler :








    The Monster




    Estomac en vrac, envie de vomir,


    Tête penchée au-dessus de la corbeille.




    Chambre dans le noir.




    Front brûlant, besoin de dormir,


    Peux pas trouver le sommeil.




    Fille à moitié nue.




    Oreiller trempé de sueur.




    Bouche bâillonnée.




    Un méchoui, deux méchouis 1.




    Pieds et mains ligotés.




    Peux pas pioncer, trop peur.




    Ses yeux me regardent.




    Monstre sur mon lit 2.




    Ses yeux me transpercent.




    Flashs dans ma tête.




    Mes pouces sur ses yeux.




    Sang sur mes mains.




    Appuie sur les globes.




    Couteau dans la droite.




    Appuie plus fort.




    Sang séché sur la lame.




    Là, peut plus me regarder.




    Trois méchouis, quatre méchouis.




    Petite culotte sur les genoux.




    Flashs dans ma tête.




    La barre dans le caleçon.




    Flacon de chloroforme.




    Couteau dans ma main.




    Compresse sur sa bouche.




    Lame promenée sur sa peau.




    Traînée jusqu'à la chambre.




    Enfoncée dans sa chair.




    Cinq méchouis, six méchouis.




    1 "I'm beginning to lose sleep, / One sheep, two sheep", traduction pour les gens fâchés avec l'anglais : "Je commence à perdre le sommeil, Un mouton, deux mouton".


    2 "I'm friends with the monster that's under my bed, / Get along with the voices inside of my head", traduction : "Je suis ami avec le monstre qui est sous mon lit, M'entends bien avec les voix à l'intérieur de ma tête".


  12. konvicted
    Est-ce que comme moi vous avez l’habitude de jeter un œil à travers le judas avant d’ouvrir ? Tout en sachant que vous allez ouvrir de toute façon, même si c’est votre pire ennemi, votre voisin trop collant ou, pire encore, le calendrier des pompiers sur le palier, tout simplement parce que, une fois de plus, vous avez oublié de ne pas faire le moindre bruit en courant de votre chambre à l’entrée et que vous ne voulez pas qu’on sache que vous n’êtes qu’un connard. Ou une connasse, c’est vous qui voyez.
    Quand je dis « à travers le judas », je ne parle pas du plus grand collabo de l’histoire, ça n’aurait pas de sens. À moins que son père fût vitrier, mais je ne pense pas que ce soit précisé dans le bouquin. Une autre possibilité, c’est qu’il ait expérimenté la sodomie avec MC Circulaire… 1 Si vous me parlez d’anachronisme, je vous dirais que le bibelot n’est pas à une incohérence près.
    Non, je parlais de l’œil-de-bœuf, la petite ouverture qui permet de voir sans être vu — comme la fenêtre de la sentinelle du cinquième 2 —, d’épier les va-et-vient des voisins, de compter le nombre d’hommes qui entrent et sortent de chez la petite jeune d’en face. Notez que « chez » est en option. Ah, la salope !
    Je vous arrête tout de suite. Vous devez être en train de vous dire que je suis machiste parce que je la traite de salope sous prétexte qu’elle se tape un régiment par mois. Pas en nombre de pions, mais en QI cumulés, ce qui fait quand même pas loin d’un Bobby Fischer annuel. Alors, sachez que je ne suis absolument pas machiste. Un machiste, ça pense que le rôle des femmes doit se cantonner aux tâches ménagères. Moi, au contraire, j’encourage les femmes à avoir un emploi à temps plein en sus de leurs hobbys casaniers.
    Toujours est-il que je ne parlais pas de Judas Iscariote, sans quoi j’aurais dit : « à travers Judas », et non « à travers le judas », parce que je ne le connais pas et, pourtant, je le respecte. J’ai beaucoup de sympathie pour ce personnage qui eut le malheur de se voir attribuer un rôle de pas gentil à une époque où on était très tourné bien contre mal, 1 contre 0, empire contre attaque. En outre, c’est le seul, parmi toutes les groupies de Jésus, qui eut l’intelligence de prendre un peu de recul et de se dire que le fils de Dieu était peut-être un peu en train de se foutre de leur gueule. Malheureusement, sa sagesse est toujours restée dans l’ombre des élucubrations du bâtard aquagrade. Franc jeu et ignoré, on peut dire que Judas était doublement transparent, d’où il a laissé son nom au double vitrage.
    En outre, s’il n’avait pas révélé au monde la vraie nature de l’alpiniste avant l’heure 3 qui mettrait bien des boulangers et des poissonniers au chômage, près de deux mille ans après la mort de J.-I. — ou devrais-je dire ses morts, puisque le brûlot le tue de plusieurs façons —, notre monde serait encore soumis à des principes rétrogrades de courants de non-pensée où l’on pourrait compter les moutons sans pour autant chercher le sommeil. Oui, un peu comme dans la manif pour tous, vous avez raison.
    Cependant, veuillez cesser de changer de sujet. La question en jeu est bien de juger de la légitimité du judas. D’ailleurs, ça me rappelle que vous avez fait erreur : c’est l’œil-de-bœuf qui a été baptisé en hommage à Judas, pas le double vitrage. Pourquoi affubler nos portes de ces trouble-fête qui… En effet, je n’ai jamais entendu qui que ce soit dire : « Ouvre le judas, on étouffe ici ! ». Oui donc, je disais : pourquoi affubler nos… Ou alors, si on change un peu la ponctuation : « Ouvre-le, Judas, on étouffe ici ! », effectivement, on a le droit de penser que ce Judas n’était pas un enfant désiré, sans quoi ses parents lui auraient sans doute donné un prénom plus passe-partout, comme André. Pourquoi donc affubler… Attendez, on dirait : « Ouvre-la, Judas, on étouffe ici ! » dans ce cas, ce qui confirme bien que la distinction est flagrante. Bref, peu importe ! Concentrons-nous plutôt sur la vraie question : pourquoi affubler nos… À moins qu’on parle du réfrigérateur, qui, laissé ouvert, est une excellente alternative à la climatisation.
    Pardon d’insister, mais c’est important de bien faire la différence entre un œil-de-bœuf et une fenêtre, si subtile soit-elle. Si Grand Corps Malade nous slammait : « Vu d’mon judas, y a qu’des bâtiments » 4, on saurait qu’il ment sans même qu’il nous parle de verdure, les deux premiers vers seraient donc gâchés, ou balancés par les fenêtres. D’ailleurs, petit moyen mnémotechnique, qui s’adresse surtout aux employés d’Orange : on ne peut pas se jeter d’un judas.
    J’en reviens à ma question : pourquoi affubler nos portes de ces trouble-fête qui gâchent toute spontanéité et favorisent l’hypocrisie ? Quand une bande d’opportunistes inopportuns vient frapper à votre porte à l’improviste sous prétexte de profiter d’être de passage dans les parages pour s’arrêter dire bonjour, comme par hasard à l’heure de l’apéritif alors qu’il n’y a plus rien dans vos placards — si ce n’est un fond de bouteille de pastis et les miettes d’un paquet de bretzels —, pour peu que vous soyez perspicace, vous pouvez vous dire qu’il y a assez de P dans cette phrase trop longue pour déshydrater un postillonneur aussi baveux que je suis bavard.
    Alors, si vous avez le malheur de jeter un œil par le judas, non content de vous gâcher la surprise, vous allez priver vos convives fortuits de votre mine déconfite que vous allez vous faire un devoir de gommer avant de leur ouvrir, politesse oblige. Le comble, c’est qu’en réaction à votre accueil chaleureux bien qu’artificiel, les bougres auront la bonne idée de recommencer leur méfait, et en toute bonne foi ; comme le dit le proverbe : « chassez le naturel, ils reviennent au galop, les saligauds ».
    Maintenant, imaginez la même situation sans judas. Vous ouvrez la porte sur les indésirables et ne pouvez pas vous empêcher d’afficher une certaine déception, bien que vous ne vous attendissiez à rien, ou plutôt parce que vous ne vous attendiez à personne. Là, le plus rusé de la bande émet l’hypothèse qu’ils vous dérangent, vous confirmez poliment qu’ils tombent au mauvais moment et ils rebroussent chemin, victoire !
    Conclusion : le judas est un horrible créateur de liens sociaux.
    1 "J'vais tellement t'enculer / Que quand tu bâilleras, on verra le jour", MC Circulaire, Sodomie.
    2 "Je suis un voisin du dessus, / Une sentinelle, un gardien de phare", Bénabar, Voir sans être vu.
    3 "Bien sûr, il est normal que la foule révère / Ce héros qui jadis partit pour aller faire / L'alpiniste avant l'heure en haut du Golgotha", Brassens, L'Antéchrist.
    4 "Vu de ma fenêtre, y a que des bâtiments / Si je disais que je vois de la verdure, tu saurais que je mens", Grand Corps Malade, Vu de ma fenêtre.
  13. konvicted
    Toi ou un cyprès




    Certains aiment avoir, je ne sais de quel droit,


    Ce qui ne se possède en aucune manière ;


    Moi, je ne voudrais pas t'orner d'une bannière,


    Je ne cernerai pas ton annulaire droit.




    Ça me ferait horreur de demander ta main,


    Sinon pour la baiser et de suite la rendre ;


    C'est toi ou un cyprès, mais ça tu peux l'apprendre


    Dans mes vers ou mes yeux, pas sur un torche-main.




    À bas les cadenas, chaînes et antivols,


    Laissons donc les pinsons exécuter leurs vols


    Sans autre obligation que leur instinct primaire.




    Nous avons déjà fait plus bel engagement,


    Promettant corps et âme au futur garnement


    Qui sans gêne fait déjà trimer ton corps mammaire.


    Poème inspiré de La non demande en mariage de Brassens :
  14. konvicted
    Si vous ne savez pas ce qu'est un rap battle, voici quelques exemples en vidéo :








    Cachaça Pin : "Il eût connu des jours filés d'or et de soie" 1


    Mais il a fallu que le grand chêne me rencontre,


    T'es en panique, tu t'demandes c'que tu peux faire contre


    Moi, c'est fini, j'suis pire que les pires gens qui soient.


    Tu balances tes couplets, tout le monde s'en fout et reste de bois,


    On s'fait chier ici, on m'envoie pour meubler, Jacques Dubois 2,


    Mes paroles de fou coulent de source, la foule les boit,


    J'suis venu rendre le sourire au peuple, appelle-moi Muriel Robin des bois.




    Kool Chêne : J'ai cent ans et j'suis bien content,


    J'suis solide et ancien, j'suis bien 3,


    Et j'serai encore debout quand on sentira ta fin,


    Alors baisse d'un ton, gamin !


    Tu viens de débuter, tu débites, pardon, tu balbuties, des débilités,


    J'en ai affronté des plus durs que toi, j'les ai dépités,


    Pour leur montrer de quel bois j'me chauffais, j'les ai débités,


    Naïf, tu crois que ce battle est un jeu ? c'est une embûche,


    Comme les autres avant toi, je vais te scier, appelle-moi MC à bûches 4.




    Cachaça Pin : Hey, vieille branche ! je voudrais pas t'paraître


    Insolent en te priant d'aller te faire mettre,


    J'ai du respect pour les ancêtres,


    Mais l'élève a dépassé le maître,


    Chuis la réponse à la question "hêtre ou pas hêtre" ?


    Et l'excellence peut tout s'permettre


    Alors retourne tenir la jambe à tes parc-mètres


    En bonne petite espèce servile,


    Tu fais la déco comme un arbre dans la ville,


    Moi, je suis vraiment forestier 5 !


    Tous mes p'tits re-frès me suivent de près,


    J'suis l'arbre qui cache la forêt,


    Pendant qu'l'agora hoche la branche et


    Opine de la cime sur les tempêtes que j'viens cracher,


    T'es l'arbre qui fâches l'accord et gâches la choré.


    Mes punchlines commencent à t'submerger


    Tu sais plus où donner d' la te-tê, tu t'mets à gamberger,


    Mais c'est trop tard, t'es noyé sous mon flow,


    Je t'envoie six pieds sous l'eau,


    Appelle-moi coule-chêne.




    Kool Chêne : Ça y est ? t'as fini ta logorrhée ?


    J'suis pas là pour m'trémousser, tu peux garder ta choré,


    Si j'suis venu, c'est pour t'enguirlander,


    C'est Noël avant l'heure, mais j'vois qu't'as déjà les boules,


    T'aurais dû gratter du papier au lieu d'glander,


    Tes phrases sont tellement débiles, on les croirait écrites par Boule,


    "Euh non, elles sont ni à moi ni habiles !"


    Tes rimes, tes rameaux, chez toi tout est monotone,


    Même ton printemps est plus triste que mon automne,


    J'suis l'feu tricolore pour les oiseaux migrateurs,


    Mes feuilles trico...


    Mes feuilles colo...


    Attends...


    Mes feuilles bariolées chatouillent les cieux,


    J'suis haut en couleurs.


    Ah ! tu m'croyais en train d'choker 6 ?


    J'faisais semblant pour mieux t'choquer,


    T'aurais jamais dû me quitter des yeux 7.


    1 "Il eût connu des jours filés d'or et de soie / Sans ses proches voisins, des pires gens qui soient : / Des roseaux mal-pensants, pas même des bambous, / S'amusant à le mettre à bout", Brassens dans Le Grand chêne.
    2 Jacques Dubois, maître ébéniste du XVIIIe siècle.
    3 "J'ai cent ans et j'suis bien content, / J'suis assis sur un banc. (...) / Mais j'suis comme le platane, / Comme ma canne, j'suis solide et ancien, / J'suis bien", Renaud dans Cent ans.
    4 Clin d'œil à
    .5 Contrairement à Maxime Le Forestier qui est né dans le béton, Comme un arbre dans la ville.
    6 De l'anglais choke, qui veut dire "s'étouffer" et, dans le milieu du rap, "oublier son texte".
    7 "J'aurais jamais dû le quitter des yeux", Brassens à propos de son chêne dans Auprès de mon arbre.
  15. konvicted
    L'amour du râble




    D'aucuns parlent d'amour pouvant défier Chronos


    Dans sa longévité en oubliant qu'Éros


    N'y voit guère plus loin que le bout de sa verge ;


    Les vulgaires amants retournent sur leurs pas


    Dès que leur égoïsme insatiable diverge,


    Est-il au moins des jours où Éros s'en fout pas 1 ?




    C'est très vite épuisant, de vivre au cœur à cœur,


    Ça revient à courir un sprint, mais sans vainqueur,


    L'asynchronisme est un cancer irréparable ;


    Quand la passion brûlante a fini de cracher


    Sa flamme 2, et tout le sang répandu, de sécher,


    Que reste-t-il alors, sinon l'amour du râble ?





    1 "Il est des jours où Cupidon s'en fout", chantait Brassens.



    2 "Désormais le petit bout de cœur qui me reste / Ne traversera plus l'équinoxe funeste / En battant la breloque en souvenir de vous... / Il a craché sa flamme et ses cendres s'éteignent, / À peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes", Brassens dans Le vingt-deux septembre.


  16. konvicted
    Fait-on pire muselière que le bonheur ? Ce sentiment de bien-être dégoulinant de mièvreries est à l’inspiration ce que le fascisme est à la liberté ; il vous passe les menottes dans le dos dès lors que vous tentez d’écrire autre chose qu’une carte de vœux. Regardez ! j’ai à peine commencé ce texte que je bâille déjà comme à l’enterrement de mon grand-père. Déjà qu’il n’était pas très passionnant de son vivant, toujours à se vanter de ses exploits pourtant modestes de la guerre de l’an 40. « Tu sais combien de juifs j’ai fait arrêter ? Et des communistes aussi ! Sans oublier les pédés. » Ah, ce bon vieux papy Hans ! Rest in pieces. Où en étais-je avant que ce rustre m’interrompe d’outre-tombe ? Ah oui, je suis convaincu que l’homme fait son propre malheur, et éventuellement celui de son prochain quand le temps le lui permet, donc j’ai évidemment cherché à combattre le bonheur qui me rongeait.
    Je voulus d’abord me dépouiller de mes biens matériels. Pour cela, je quittai mon appartement à l’aube en prenant soin de laisser les volets ouverts sur mes objets de valeur — une boîte de Prozac devenue caduque, un pyjama Superman et une baguette de pain —, un coq décédé sans jamais avoir été cuit patientant dans le four tout aussi éteint, et la porte entrouverte. Je revins au soir et alors que j’étais au pied de mon immeuble, j’aperçus de la lumière émanant de la fenêtre de mon salon. « Un cambrioleur a dû oublier d’éteindre les lumières après s’être allègrement servi. Enfin, j’espère que je ne vais pas l’interrompre », pensai-je. En actionnant délicatement la clenche, j’eus la surprise de découvrir que la porte de mon appartement était verrouillée. J’avais pourtant emporté mon seul jeu de clés avec moi ! En entrant, comble de la stupéfaction, je sentis une odeur de coq au vin. J’étais dans l’incompréhension la plus totale. Là, une voix familière cria depuis la cuisine : « Où t’étais passé ? C’est l’heure de manger. Tu prends un verre de rouge ? ».
    J’avais oublié que mon appartement était également peuplé d’un pot de géraniums, d’un chat, de ses puces et d’une concubine — la mienne, pas celle de mon matou. Or, il arrive quotidiennement que cette dernière se mette aux fourneaux, d’où la lumière du salon était allumée. Cela dit, mon chat n’a pas de concubine. Toujours est-il qu’en posant les yeux sur elle — ma concubine, pas celle du greffier, puisque je vous répète qu’il n’en a pas —, je réalisai qu’une rupture serait un excellent moyen de me niquer le moral. Mon mistigri a des vues sur la minette des voisins mais il n’est pas encore prêt à s’engager avec elle. Je lui dis donc — non pas à la minette des voisins, mais à mon minet — : « Il serait temps que tu te décides. Tu ne peux pas sortir et avec la chatte de gouttière que tu m’as présentée la dernière fois et avec une moustache pareille, ça fait vraiment négligé.», mais mon félin de canapé est têtu. Bon, où en étais-je avant qu’on me harcèle de questions superflues sur la sexualité de mon chat ? Ah oui ! ma prise de conscience quant à la félicigénicité de ma concubine. Pour mettre fin à la tyrannie qu’elle exerçait sur ma plume, je lui déclamai avec mon air le plus sérieux : « J’ai bien réfléchi, je suis trop heureux avec toi, ça ne peut plus durer. Je te quitte ». Vous savez ce que la malheureuse m’a répondu ? Rien, elle était trop occupée à se tenir les côtes.
    Puisque des années de blagues continuelles et autres farces intempestives avaient ôté toute crédibilité à ma menace, je renonçai à me faire briser le cœur et je me rabattus sur l’idée de me faire casser la gueule, the next best thing. Je me postai donc à la sortie d’une école primaire avec le regard lubrique et un T-shirt estampillé « j’aime vos enfants, ils ne portent pas plainte », mais personne ne prit la peine de toucher à mon intégrité physique. Dans l’étourderie qui me caractérise, j’avais laissé mon pull par-dessus. Je passai alors au plan B et contentai de me balader dans des ruelles sombres d’un quartier craignos d’une ville rongée par l’insécurité en arborant un sourire niais, une coupe de cheveux au bol et une montre en or. Vous pensez que je me suis fait refaire le portrait version Picasso ? Que nenni !
    Aujourd’hui les rues du cinquième arrondissement sont devenues tellement sûres que les Arabes osent de nouveau sortir seuls le soir. Pour preuve, notre ministre de l’intérieur — dont je tairai le nom pour ne pas lui faire de la publicité — est tellement désœuvré qu’il en est réduit à faire la promotion d’un humoriste — que je ne citerai pas non plus pour ne pas faire davantage de publicité pour Manuel Valls — pour justifier de son salaire. N’est-il pas attristant de penser que sans cette tâche ingrate et futile consistant à, pour le dire élégamment, lustrer les couilles en or de ce comique — qui vendait déjà suffisamment de places au demeurant et de grain à moudre aux demeurés pour remplir ses salles tout seul — ce valeureux républicain n’aurait pas d’emploi et se verrait obligé de puiser dans ses comptes en Suisse ?
    Soit dit en passant, si notre ministre de l’intérieur ne sait pas quoi faire de nos impôts, je lui présenterais volontiers mon intérieur qui mériterait un bon coup de balai. En effet, je peine davantage à prendre son manche en main que mon destin. Pourtant, après plus de neuf cents mots, je suis toujours aussi heureux qu’au début de ce texte. Le bonheur est-il donc irrémédiable ?
  17. konvicted
    Rien qui vaille la peine d'en parler




    Quoi de neuf depuis la dernière fois ?


    Il ne s'est pas passé grand-chose, ma foi,


    J'ai passé le balai, la serpillière


    Et mes nerfs sur le pot de géraniums,


    J'ai posé un nouveau linoléum


    Puis le pied, levé mon verre de bière ;


    Rien qui vaille la peine d'en parler.




    Accessoirement, j'ai passé le bac,


    Le permis, puis les portes de la fac,


    Un tas de jours sombres et de nuits blanches,


    J'ai pris mon temps, mon courage à deux mains,


    Mes précautions et la sœur de Romain,


    J'suis monté au filet et sur les planches ;


    Rien qui vaille la peine d'en parler.




    Rien qui vaille la peine de t'en parler,


    T'arrives comme une fleur après vingt ans


    Mais à mes yeux tu n'es qu'un fruit moisi ;


    Si c'est l'égoïsme que t'as choisi,


    On a un point commun, alors, content ?


    J'imagine pas à quoi tu rêvais


    En venant mais tu peux toujours crever,


    Ta famille se démerde toute seule,


    Sur ce, prends la porte ou mon poing dans la gueule.


  18. konvicted
    La quête d'Érato




    Quelques questions me tarabustent,


    Moi qui suis droit comme un arbuste


    Dois pourtant me pencher dessus :


    Quelle est parmi la tripotée


    De l'unique déculottée


    Que mon cœur perdu a reçue,


    L'estocade ayant fait des miettes


    Des espoirs de cette mauviette


    Craignant toujours d'être déçue ?




    Comment s'embarquer pour Cythère


    Tout en gardant les pieds sur terre


    Et en se défiant des bateaux ?


    Quelle est donc cette peur qui m'use,


    M'empêchant de chercher ma muse,


    Me privant des mots d'Érato ?


    Est-ce celle de la défaite,


    De tomber en visant le faîte,


    De risquer les maux des râteaux ?




    Ou celle de la réussite,


    Le refus net quoique tacite


    De rendre l'idéal banal ?


    Saurais-je dans mon arrogance


    Renoncer à l'extravagance


    D'un train-train voulu marginal,


    Morne, pénible, qui m'irrite,


    Me frustre et dont le seul mérite


    Est de me rendre original ?


  19. konvicted
    ♪ Est-il en notre temps rien de plus odieux,
    De plus désespérant que d'vendre du beurre aqueux ? 1 ♪
    En acheter, sans doute. Quel est le raisonnement dément qui peut mener des êtres doués de conscience à succomber à l’oxymore, que dis-je ?, à l’antilogie du beurre allégé ? Qui sont ces gens qui, à défaut d’en rire, se moquent de l’absurde de ce produit infâme ? Ont-ils sacrifié leur cortex préfrontal dans le seul but de perdre du poids et la raison dans la foulée ? Se sont-ils définitivement niqué les papilles gustatives en se brûlant la langue sur la béquille du diable ? Voilà autant de questions auxquelles je ne répondrai pas, n’ayant pas les capacités d’abstraction nécessaires pour rentrer dans l’esprit insondable de ces consommateurs — et oui, dans consommateurs, il y a treize lettres.
    Est-il besoin de souligner que le beurre allégé n’est grossièrement qu’une dilution des matières grasses — autrement dit de l’intérêt-même du beurre — dans de l’eau ? Vous n’avez peut-être pas encore entendu parler de l’eau, c’est un liquide incolore et sans saveur extrêmement rare et donc très cher. Cependant, altruistes à faire passer l’abbé Pierre pour le squelette d’un connard et aussi soucieux de la santé publique que de leurs profits, les producteurs de beurre allégé la facturent à un coût tout juste supérieur à celui du gras, si bien que vous pouvez acheter cette merveille diététique sensiblement au même prix que l’ignoble beurre doux à 500 % de matières grasses qui obstrue instantanément vos artères, remettant en cause jusqu’à votre droit de vivre !
    Bon, je parle d’argent parce que je devine que vous courez après chaque centime, bande de rats ! Mais bordel, ce qu’il y a de plus ignominieux dans le beurre allégé, c’est évidemment l’irrespect le plus total pour les plaisirs de la table qui veulent que l’on réclame et le beurre et le goût du beurre. On pourrait me reprocher de n’avoir jamais essayé de beurre allégé, en dépit de la légitimité établie de la logique expérimentale instinctive qui veut que tout un chacun ait disposé au moins une fois dans sa vie l’un de ses étrons dans son assiette pour connaître le goût de la merde et pouvoir en toute bonne foi affirmer que c’est dégueulasse, mais pas autant que celle de son chien. Mais que voulez-vous ? ma religion me l’interdit. J’ai en effet décidé de dédier ma vie à la quête du saint gras, embrassant la doctrine : « Le gras, c’est la vie » 2. Au nom du père, du fils et de l’esprit saindoux, amen.
    Bref, j’éprouve un dégoût viscéral pour le beurre allégé que je propose d’ailleurs de rebaptiser dans un souci de transparence « beurre allégeant utilement les portefeuilles que vous vous tuez à remplir, espèces de vaches à lait qui affamez vos quatre estomacs dans la quête aussi ridicule que désolante d’une période de vaches maigres » ou, pour que ça rentre sur le packaging, simplement « beurre allégeant », formule ambiguë qui a toutefois le mérite de mettre en exergue la consternation qui me pousse régulièrement à maugréer un « Ah, les gens ! » presque onomatopéique.
    Je tiens cependant à féliciter pour leur génie les escrocs qui polluent les rayons de nos supermarchés avec des barquettes, plaquettes et autres rackets de ce beurre estampillé allégé. S’il est presque criminel d’apposer une étiquette « 20 % de matières grasses » sur du beurre — avec une fierté non dissimulée, un sourire en coin des plus sournois et un bras symboliquement enfoncé jusque là —, prouvant que ces capitalistes sans aveu n’ont aucune éthique, ou alors très petite, une éthiquette, il serait de très mauvaise foi de nier qu’ils sont brillants. Moi-même qui ne suis pas l’ombre d’un con, étant donné que c’est elle qui me suit, je me fais tout petit devant ce visionnaire qui osa avancer cette idée révolutionnaire à une réunion des grandes pompes de sa boîte : « Bon, les mecs, le gras, c’est très bien, c’est comme ça qu’on a fait notre beurre jusqu’à présent. Mais en vérité je vous le dis, le beurre de demain sera de la flotte ». Personne avant lui n’aurait soupçonné qu’il puisse exister des gogos pour acheter du beurre à 60 % d’eau et plus si affinité, et pourtant !
    Et depuis, c’est à l’enseigne qui se foutra le plus de la gueule des lipophobes primaires qui lui servent de clients.60% de M.G., 40 % de M.G., 30 % de M.G., 20% de M.G. ; j’attends avec impatience le 0%. Il n’y a pas à dire, c’est impressionnant les efforts qu’ils font pour une cause aussi noble… Parce que vous pensiez peut-être que pour faire ces purges à peau de balle en matières grasses, il suffit de plonger du beurre dans l’eau ? Que vous êtes mignons ! Noyer du gras, ça demande tout un tas d’additifs tels que des épaississants, des conservateurs et des émulsifiants. C’est simple, regardons la composition du beurre doux : « beurre à 82% de M.G. ». Et maintenant celle d’un beurre allégeant à 20% de M.G. :« eau, matière grasse de lait, amidon modifié, lactose, maltodextrine, émulsifiants : E471, E472c, E476, sel, conservateur : sorbate de potassium, colorant : béta-carotène, vitamine E, vitamine A » 3. Ils nous entubent, oui, mais ils y mettent les formes !
    Malgré toutes les charges qui pèsent contre lui, le beurre allégeant, si abject soit-il, n'est qu'un symptôme de la vision fallacieuse et perverse d’un équilibre dans la privation, ouvrant la voie à toutes les dérives. Aujourd'hui, c'est le beurre, qui nous dit que d'ici quelques décennies, quand la technologie le permettra, on ne trouvera pas de la bière sans alcool, du soda sans sucre, du café sans caféine ou du jambon sans couenne? Qui voudrait vivre dans un monde pareil ?
    1 « Est-il en notre temps rien de plus odieux, De plus désespérant que de n’pas croire en Dieu ? » Brassens, Le Mécréant
    2 Réplique culte de Caradoc dans la série Kaamelott d’Alexandre Astier.
    3 Voir ici.
  20. konvicted
    Supplique polie mais ferme pour que le temps s'arrête d'ici peu et pour toujours, sans quoi je me verrai dans l'obligation de recourir à des moyens extrêmes pour parvenir à mes fins, allant jusqu'à la réitération de cette demande




    Mais tu crois qu'il existe, ou c'est qu'une imposture ?


    - Mes dabs ont un ami qui l'aurait rencontré,


    Mais l'gus est un poivrot, fermenteur concentré,


    Et vaut mieux pas se fier aux rumeurs d'un' biture.


    - Y a des rumeurs qu'j'suis prêt à avaler d'travers,


    J'ai entendu des trucs de fou, parait qu'le mieux


    Dans le bonheur, je cit' : "c'est qu't'es pas malheureux" !


    - Eh, pourquoi on s'est mis à discuter en vers ?




    Vos gueules ! le bonheur c'est rien que de l'éther,


    Pour te faire planer, il faut qu'il s'évapore


    Et dès que ton air est de nouveau inodore,


    Tu peux être certain que la liesse prend cher.




    À l'heure où j'écris ça, tout ce dont j'ai rêvé


    Avant d'être un peu plus que l'ombre d'une loque,


    Putains de job, bagnole, appart et femme en cloque,


    Risque bien de glisser de mon poing entravé


    Par la peur lancinante au murmure perçant


    Clamant que la proba que la drôle de bulle


    N'éclate pas bientôt est pratiquement nulle,


    Captive de mes doigts la serrant, l'enlaçant


    Toujours, sans un arrêt pour la laisser souffler


    Car après une vie aigre, triste, oisive


    Comme un con à attendre abattu qu'elle arrive,


    Ça me déglinguerait de la voir s'envoler.




    Chronos, je t'en conjure, trompe ton sablier,


    Fige à jamais l'instant parfait mais éphémère,


    Lui qui encore hier n'était qu'une chimère


    Et qui risque demain de se faire oublier.




    Pour répondre au comment, je te laisse le choix,


    Mais si tu es sujet à la fainéantise,


    Mon conseil pour rester dans ton champ d'expertise :


    Troque ton sable fin pour des gouttes de poix.




    Mon sort entre tes mains, vieux, je compte sur toi,


    Je n'veux pas même voir défiler les secondes,


    J'ai déjà fracassé mes montre et micro-ondes


    Par anticipation pour te prouver ma foi.


  21. konvicted
    Mauvaise grippe




    T'as des frissons, de la fièvre à fair' fondre


    C'qu'il reste du Groenland sur ton torse,


    Mais surtout pas question de faire entorse


    Au principe de ne pas te morfondre


    Dans un vain combat contre l'infection


    Sachant que ton système immunitaire,


    Que tu sois fringant ou bien grabataire,


    N'pourrait jamais te faire défection.




    Dans quelques jours tu remettras ton nez


    Irrité hors de tes Kleenex poisseux


    Et tu te sentiras presque chanceux


    De reprendre le cours un tantinet


    Ennuyant de ta misérable vie,


    Jusqu'à ce que tu comprennes, patatras !


    Que tu n'étais pas si mal sous tes draps,


    Alors, tu repens'ras avec envie


    À ce rien de temps qui t'a pris aux tripes,


    À cet amour passé comme une grippe.


  22. konvicted
    Le bout du tunnel




    Y a cette nana que tu voudrais rencarder,


    Tu la vois tous les jours sans jamais l'aborder,


    Poltron, c'est à pein' si t'oses la regarder,


    Ton plan d'action est clair, c'est de te saborder.




    Discret, énigmatique, un mystère chiadé


    Mais invisible, encor' loin d'être décodé,


    Personne s'intéresse à un barricadé,


    Du coup ton amour propre est flétri, corrodé.




    Mais t'inquiète ! tu vas voir le bout du tunnel.




    Tu traînes à la fac au max pour retarder


    La recherche d'un job parce qu'appréhender


    Le futur est un art où tu peux cafarder


    En laissant libre cours à ta passion, glander.




    Niais, t'as rêvé ta vie avant de décider


    Qu'il était plus sérieux de te voir décéder,


    Maintenant que tu sais comment te trucider,


    T'es pas plus avancé, t'oses pas procéder.




    Mais t'inquiète ! tu vas voir le bout du tunnel


    Et bientôt retrouver la lumière du jour,


    Comme pendant longtemps tu n'as que poireauté,


    L'entrée a pas bougé, elle est juste à côté,


    Il ne te reste plus qu'à faire demi-tour.


  23. konvicted
    Les arbres de séduction massive




    Un beau jour Marguerite assise sur un banc


    Lisait du Jean Racine à l'ombre d'un chêne


    Quand un apollon comme on en fait à la chaîne


    Lui fit une démo de son bagout barbant.




    Mais au lieu de servir un "Fichez l'camp" cinglant


    Au mâle inopportun, la voilà sous le charme,


    Paradoxe insensé car derrièr' son vacarme,


    L'abruti beau parleur n'était autre qu'un gland.




    Cela dit, les atouts de la bêt' primitive,


    Ces charmes ancestraux de séduction massive,


    Ne demeureront pas l'apanag' des trouducs !


    Sentant fort le sapin maintenant je m'active,


    Cherche au gré des trottoirs un' bell' plante lascive


    Vendant à qui en veut de ces arbres caducs.


  24. konvicted
    Pur-sang croisé bourricot




    Chassez-le, il reviendra au galop,


    Comme le prolo las va au boulot,


    Au bord du suicide, au bout du rouleau,


    Comme le pochtron retourne au goulot,


    Chez lui, dans les bars, dans le caniveau ;


    Putain de pur-sang croisé bourricot !


    Pour t'coller au cul, il est au niveau,


    Champion du 100 mètres sur haricot.




    Chassez-le, il reviendra au galop,


    On n'transforme pas un fieffé salaud


    En princ' charmant d'un baiser, c'est ballot,


    Les sombres poltrons manquant de culot


    Ne risquent pas de briller de sitôt ;


    Putain de pur-sang croisé bourricot !


    Que quelqu'un aille chercher un véto,


    Faut piquer le naturel illico.


  25. konvicted
    La vie est un navet dont on connait la fin




    Pas d'aventure, pas d'action


    Dans la triste réalité,


    Ce simulacre de fiction


    Incapable de l'imiter,


    Contrainte de se limiter


    À de telles aberrations


    Que la loi de la gravité


    Et la fatale imperfection.




    L'existence est un cinéma,


    Tant de bassesse que d'auteur,


    Et, derrière la caméra


    En tant que réalisateur,


    Comme dans le rôle d'acteur,


    Chacun avec ses petits bras


    Essaye d'être à la hauteur


    De ce navet qui le tuera.




    Dans celui qui aura ma peau,


    Qui a tout au plus l'intérêt


    D'être d'un genre tout nouveau,


    Tragico-comico-navet,


    Moi le benêt invétéré


    Ne me fais pas jouer le héros,


    Accroch'-toi pour me repérer,


    Mon rôle est juste un caméo.




    Je n'en peux plus de ce bouzin,


    L'est si ennuyant et stupide !


    Le scénariste est un crétin,


    Si je le vois, je le lapide ;


    Les navets me sont insipides,


    Et c'est pas faute d'avoir faim,


    Je veux faire avance rapide


    Jusqu'au générique de fin.


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