Cinq non-sens
À part Brassens 1, Chopin, Bach et un passereau,
Je ne pensais trouver quoi me mettre à l'oreille ;
Mais maintenant bercé par ta voix sans pareille,
J'ai laissé les lilas 2 faner dans leur terreau.
Moi le drôle d'oiseau charmé par ton appeau
Ne compte qu'une plume et elle t'est donnée ;
Cupidon n'a pas dû ménager ma cornée,
C'est sur le bout des doigts que je connais ta peau,
Ou sur le bout du nez que j'ai tant promené
Sur tes côtes où l'air au parfum raffiné
Est si riche de sens que c'est lui qui m'inspire,
Ou sur le bord fiévreux de ma lèvre gardant
Deux poires pour la soif 3 d'acmé grisant pendant
Que j'œuvre ardemment à ce que l'ange soupire 4.
1 "À part Brassens et les oiseaux, quoi écouter ?", Renaud dans Les Cinq sens.
2 "Quand je vais chez la fleuriste, je n'achète que des lilas", Brassens dans Les Lilas.
3 De l'expression une poire pour la soif qui, d'après mon dico, désigne un petit capital ou des réserves permettant de faire face à d'éventuels déboires, détournée par Brassens dans Le Vin : "Quand on est un sage et qu'on a du savoir boire, / On se garde à vue en cas de soif une poire, / Une poire ou deux, mais en forme de bonbonne / Au ventre replet rempli du bon lait d'automne".
4 "Et si vous entendez sourdre à travers les plinthes / Du boudoir de ces dames des râles et des plaintes, / Ne dites pas : "C'est tonton Georges qui expire", / Ce sont tout simplement les anges qui soupirent", Brassens dans Le Bulletin de santé.
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