Vous êtes-vous déjà demandé ce que ça faisait de plonger quelqu’un dans un sommeil éternel tout juste mouvementé par des vers saprophages, d'expérimenter ce sentiment de puissance absolue alors que vous regardez la vie quitter ses yeux entre vos mains moites enserrant son cou avec une force que vous ne vous soupçonniez même pas, cette jouissance orgasmique pendant que vous pénétrez sa chair, ses muscles, ses entrailles d’une lame en acier inoxydable qui s’y connaît toutefois en occido-réduction au silence et que vous retirez ensuite avec une patience infinie pour profiter pleinement de la chaleur des fluides vitaux qui ruissellent alors sur vos mains pour l’un et dans votre caleçon pour l’autre ? Non ! vraiment ? Moi non plus ! En revanche, les psychopathes ne se privent pas de donner corps à mes pensées morbides. Pardon, à leurs pensées morbides.
Naturellement, j'admire beaucoup l'idéalisme de ces jeunes humanistes, le côté « je lutte contre la surpopulation et la crise du logement comme je peux, avec mes petits moyens ». Seulement, je ne pourrais pas devenir psychopathe pour la bonne raison que j'aime trop les chats. Parce que, oui, tout bon psychopathe qui a l’ambition de devenir un tueur en série se doit de faire ses armes sur les chats, ou d'autres espèces d’animaux domestiques comme les matous, les minets, les minous, les mistigris ou encore les greffiers. Or, je suis incapable de faire souffrir ces petits moustachus qui ont leur place contre le sein de Margot, chez Jeanne, ou à la rigueur sur le toit, mais certainement pas dans un mixeur. Pour tout dire, je n’ose pas même enculer une mouche sans son consentement.
Je tiens à rassurer les psychopathes qui me lisent en précisant que je ne porte pas un jugement moral sur le fait d’éventrer, de tronçonner, de noyer ou d’étrangler des chats. Ou encore de leur fracasser le crâne à coup de marteau, de les plaquer contre un mur, de les électrocuter ou de les donner à manger à un python. Il ne s’agit bien que de mon sentiment propre.
Blâmer des psychopathes — qui violent et tuent des êtres humains, pas nécessairement dans cet ordre — sous prétexte qu’ils ont préalablement fait un peu de mal à quelques vulgaires animaux, c’est n’avoir rien compris au problème. En effet, pendant ce temps-là, des gougnafiers en blouse blanche torturent pléthore de rongeurs, lapins, chiens et autres primates pour mieux lutter activement contre la hausse inquiétante de notre espérance de vie. Bizarrement, ceux-là, on ne les appelle pas des tueurs en série, mais des scientifiques, allez savoir pourquoi. Je pense que la différence de vocabulaire tient dans les subventions que ces êtres infâmes reçoivent pour effectuer leurs expérimentations qui, est-il nécessaire de le rappeler ?, sont de loin moins justifiées que celles des psychopathes. Il est légitime de penser que si un poignard enfoncé dans l’abdomen d’un chat peut conduire à sa mort, alors on peut tuer un homme de la même façon. C’est-à-dire en lui ouvrant le bide d’un coup de couteau, et non en éventrant son chat. Même s’il est très attaché à son animal de compagnie, je doute que le bonhomme meure littéralement de chagrin. En revanche, il est tout à fait ridicule d’imaginer que des données toxicologiques de divers mammifères non-humains puissent être extrapolées à l’homme. Si vous pensez avoir le même métabolisme que les animaux de laboratoire, pourquoi ne récompensez-vous pas la fidélité de votre chien par une petite tablette de chocolat ?
En résumé, il serait hypocrite de ma part de reprocher à des tueurs en puissance de laisser libre cours à leur imagination sur les félins de leur voisinage. Mes gels douche et autres anxiolytiques ont vainement torturé à mort considérablement plus de mammifères que des générations de Luka Magnotta. Alors, aussi longtemps que des charlatans déshumanisés seront payés à sacrifier des vies animales sur l’autel d’une pseudoscience absurde au péril de la santé humaine, en toute légalité et avec la bénédiction des autorités incompétentes, je me montrerai indulgent envers l’engeance d’assassins qui ne prétendent pas hypocritement œuvrer à sauver des vies.
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