Aller au contenu

Quentin13

Membre
  • Compteur de contenus

    90
  • Inscription

  • Dernière visite

  • Points

    6 [ Donate ]

Billets posté(e)s par Quentin13

  1. Quentin13
    Je tournais les pages du livre, d'un geste indécis, comme si j'avais peur de savoir ce que j'allais découvrir. Je ne voulais pas savoir. Je ne voulais plus savoir. Vivement, sans réfléchir, sans penser aux conséquences, je fermai le livre, claqua les deux parties distinctes et égales, et le jeta dans les flammes. Le crépitement du bois incandescent, la fumée blanche se dégageant des voies d'aération, l'odeur naturelle du pin brûlé... La parfaite scène de l'incompréhension, de la solitude, de la mélancolie, de la peur...
    Assis sur mon nouveau canapé, au bord de la cheminée, contemplant l'horizon à la fois invisible, et éternel, j'admirais intérieurement la valse nostalgique de mes démons. Majestueuse, je me mis à fermer les yeux, pour ne focaliser mon regard que sur cette fabuleuse hallucination. Aucun faux pas, aucune fausse note, mais une musique, et des sons que je n'avais encore jamais entendu. Ce rêve me transportait peu à peu vers une autre dimension, une autre réalité de ce monde vide, sale, sans espoir d'un avenir meilleur, et hypocrite.
    Depuis toujours, j'aspirais à un monde plus juste, plus idyllique... Un monde qui était le reflet de mon âme. Un monde rêveur. Ce jour là, les créatures nées des fantasmes de mon esprits se réveillèrent, pour me plonger dans un profond sommeil. La passerelle entre la réalité et mon imaginaire me permis de traverser ce voile à la fois impénétrable, et opaque. J'ai enfin pu découvrir le bonheur. Ce bonheur qui ne porte aujourd'hui qu'un seul nom : le tien. Le jour où mon rêve sera éternel, je pourrai tout te raconter, et alors tu comprendras pourquoi les cicatrices de mon âme ne se sont jamais effacées, et pourquoi elles ne s'effaceront probablement jamais. Quand ce jour arrivera, nous serons Tout les deux près : toi, tu auras la capacité d'écouter, et de comprendre, et moi, j'aurai la capacité de parler, et d'expliquer
  2. Quentin13
    Connaissez-vous cette fachêuse impression, cette terrible impression, celle d'être emprisonné ? C'est une impression comme nulle autre pareille. C'est une impression blessante, douloureuse, insupportable. C'est une impression que j'ai vécu à une vieille et sombre époque ; une époque où je pensais que tout était possible ; une époque où j'étais à l'acmé de ma naïveté. Cette sombre époque, où j'ai basculé, douceument, lentement, sûrement, a permit à cet être immatériel, invisible, réel, de s'immiscer dans mon corps, dans ma tête, dans mon esprit, et ce, jusqu'au plus profond inconscient de ma chair.
    Cette possession restera gravée dans ma tête, telle une trace sur le corps marquée au fer rouge. Elle restera en moi, comme si une partie de l'esprit de la bête n'avait pas disparu. La nuit, il m'arrive de me balader dans mes rêves, et de rencontrer un homme - ou une femme - encapuchoné. Je ne voyais pas son visage, mais je pouvais sentir le vice, la dépravation, la luxure, la honte... A travers son accoutrement, je ressentais son aura ténébreuse, et je pouvais entendre ses pensées perverses. A travers ces rêves, je vois la souillure de mon âme ; à travers ces rêves, je vois les dégâts que, inconsciemment, involontairement, j'ai causé.
    La Colère qui me submergeait, qui continu encore de me persécuter par moment, me hante à chaque instant. Ces pensées me torturent, m'abattent, me déchire l'âme. La Colère m'a prit ma pureté. Je suis désormais un être sans pitié, sans amour à donner, sans chaleur à recevoir. Je suis tombé bien bas, sans avoir encore rencontré la demeure de mon hôte. Mon âme est dévorée, mes sentiments, envolés ; mon humanité, morte.
  3. Quentin13
    Le début de son histoire est celle d'une jeune lycéenne débarquant fraîchement dans sa nouvelle école. Elle a laissé tombé ses amis de Topeka, dans le Kansas, son petit ami de Denver, dans le Colorado, ses parents, qui eux, sont de Montgommery, dans l'Alabama. Elle a tout laissé tomber pour faire ses études dans l'ancienne et ensorcelante ville de Salem, dans le Massachusetts. Elle a rapidement tourné la page. Sauf pour l'un d'entre-eux, Pierre, son meilleur ami.
    Il l'avait suivi jusqu'à l'autre bout des Etats-Unis pour ne pas être séparé d'elle. Les deux âmes s'aimaient beaucoup, mais Pierre ne lui portait pas le même amour. Cette ambiguïté, elle la ressentait, mais ne disait rien, car dans sa tête, ses sentiments se bousculaient à son contact.
    Plus tard, elle rencontra un autre garçon, un garçon au regard vif, mais sombre ; à la peau pâle, mais brûlante ; à l'aura chaleureuse, mais laissant transparaître un mal refoulé. Il était un garçon qui l'attirait, au-delà de toutes les lois de la physique.
    Deux garçons, une fille, un choix... Un amour partagé n'était pas possible... Un amour digne des plus grands films de romance, mais dont la déchirure est plus semblable à la déchiqueture à vif de l'âme par la lame d'un couteau tenu par un tortionnaire sans pitié.
    Pour ne pas choisir, elle décida de joindre le lieu où son père, décédé depuis quinze ans, à trouver sa mort. Étroitement liée à son esprit errant dans le monde invisible - s'il existe - Marion se donna la mort, en se taillant les veines, rompant les tendons de chacune d'elles, afin que, dans le cas où elle survivrait, ses mains ne seraient destinées à aucune autres.
    Elle a préféré mourrir, car son amour qu'elle portait pour les deux garçons était tel, qu'elle n'aurait pas pu choisir ; et c'est par amour qu'elle pris la décision de couper les ponts avec eux, jusqu'au jour où tout trois se retrouveront, dans l'espoir de vivre un amour sans tabous, sans secrets, sans choix à faire...
  4. Quentin13
    C'est en se baladant dans les rues pleines de monde que j'ai remarqué des faits étranges. Les gens venus de tous les horizons, la musique amenant toutes les cultures dans cet endroit, les attractions distrayant les petits et les grands, avaient un son sourd, un goût âpre. Le tableau était terne. J'ai ressenti la peur refoulée, permanente, qui envahissait les coeurs. Cette peur, c'est celle qui avait un sourd, un goût âpre, et qui ternissait la scène sur base joyeuse, festive, et ouverte à tous.
    Le son lourd des tambours, le son sourd des pas des festivaliers, la terreur que chacun se trimballe, est un poids sur chacune de nos tête. Cet ami a eu la malchance de croiser cette " Verbum Terrore" (parole de la terreur). Croisant son chemin, il a été martelé devant toute la foule, humilié devant toute les générations. Cet ami, il est mort aujourd'hui. Sa dignité, envolé. Son espoir de voir un jour un rayon de lumière dans cet enfer sans fin, disparu à jamais...
  5. Quentin13
    Le ciel bleu, le piaillement des oiseaux, le grincement de la balançoire, les insultes quotidiennes entre frère et soeur... Cette pensée éternelle de l'ancienne vie de Diane a perdu, au cours des années, sa splendeur, son rayonnement. Elle pleurait toutes les larmes de son corps, affalée sur son canapé, écoutant ses enregistrements au piano. Elle avait composé des airs mélancoliques pour ce genre de situation. Ne pouvant plus rien faire, ni pour elle, ni pour les autres, elle se contentait de s'automutiler.
    Cette pensée d'une vie heureuse et sans histoires devint une blessure, non plus dans l'âme, mais dans la chair. La douleur devenait, chaque année qui la séparait de cet instant, plus insupportable. Elle voulait souffrir. En tant qu'ange déchu, elle n'avait plus aucun but. Son éternelle étincelle de vie était devenu un fardeau, un supplice. Elle était condamnée à vivre son propre enfer sur la Terre.
    Son sommeil, ce coma perpétuel, cet appel à la délivrance lancé dans le vide, dans le néant, illustraient sa détresse. Le cauchemar qu'elle vivait, accompagnée par sa fidèle épaule, Eléonore - sa faucheuse sarcastique - la rendait chaque seconde un peu plus folle. Sa névrose grandissait, la rendait inhumaine, et invivable. Dans les allées sombres de la ville, à peine éclairées par des lampadaires défectueux, elle marchait... Car elle n'avait rien d'autre à faire... Sous le regard écarlate, et profond, de celle qui ne pourra jamais lui venir en aide.
  6. Quentin13
    Il m'arrive parfois de marcher pendant des heures sur les longs chemins de campagnes sans avoir de destination précise. L'odeur de l'herbe coupée, le bruissement des arbres, la brise sur mon visage sont des éléments qui comblent mon coeur, le fortifient.
    Le long du ruisseau qui longe ma maison, j'écoute leur mouvement onduleux. Ce mouvement illustre la détresse que je cache, et la colère que je refoule. Tant de sentiments m'envahissent par moments. La plupart sont un cancer pour moi. Cette majorité m'emmènera, comme la maladie emmena mon père, et ma mère.
    Il m'est aujourd'hui impossible d'aimer une personne. Il m'est également impossible d'être avec quelqu'un. La solitude est ma seule amie, mon seul rempart face à l'adversité, à la concurrence. La solitude me permet d'être encore en vie aujourd'hui. C'est la protectrice de mon âme, et de mon corps. Contre ses services, je vends mon âme, et avec elle les sentiments qu'elle peut ressentir.
    Je suis un corps sans âme, avec un coeur de pierre. Je renais des cendres d'un ancien corps faible, d'un esprit naïf. Ce nouvel être que je suis n'a plus rien d'humain. Il est vide d'humanité, et d'humanisme. La compassion, la pitié, la passion... La lumière de mon âme s'est éteinte au moment où j'ai invité ce démon à habiter mon corps. Il est le seul à voir mes sentiments inconnus, à entrevoir mes peurs les plus noires, à revoir avec sarcasme chacun des mauvais choix que j'ai fait.
    Aujourd'hui, dans ce chaos sans fin, sans lumière, sans espoir, sans richesse, je suis devenu une ombre parmi les ombres. Les dernières âmes pures longeant encore la rive ressentent mon aura sombre. Sans le vouloir, je les souille, les salis, les corromps. Dans ma chutte, j'emmène et transforme ces Vives lumières en semblables.
    Doux mal qui me ronge depuis des années maintenant, quand te décideras-tu à me poignarder ? Quand te lasseras-tu de ma torture ? Quand me libèreras-tu de mes chaînes ? Quand vais-je enfin pouvoir être libre ? Quand me laisseras-tu les rejoindre ? Cela fait depuis trop longtemps que je souffre de ta présence. La tumeur me ronge les os, les organes. La tumeur me ronge les muscles et la peau. La tumeur sape mes facultés physiques, morales et mentales.
    Doux mal qui me ronge, a faim de ton repas, ne me jette pas en pâture à tes bêtes féroces. Pardonne-moi mon manque de sagesse.
    Papa... Maman... C... A bientôt. Je vous aime, vous admire. J'ai honte de la façon dont vous me voyez maintenant. Je sombre dans l'alcool et la drogue. Mon esprit brisé par cette mélancolie me fait honte. J'ai honte que vous me voyez ainsi.
  7. Quentin13
    On me reproche souvent de ne pa penser suffisamment à moi. Je ne comprends pas cette phrase, ou ce reproche. Le fait d'être généreux et bienveillant n'est-il pas une preuve de bon sens aujourd'hui ? Ou bien la seule raison de vivre réside dans sa satisfaction personnelle ? Certains - voire même beaucoup - ne sauraient pas avoir un début de réponses à ces questions des plus réthoriques. Mais je ne suis pas comme les autres, et je pense avoir une réponse commune à celles-ci.
    Je ne suis pas fou quand je fait passer mes proches avant moi. Je ne suis pas non plus inconscient quand mon bonheur personnel passé près celui de mes proches. Je ne suis pas un déficient mental, comme beaucoup peuvent le penser. Sachez que ce qui fait de moi ce que je suis aujourd'hui - une personne unique - réside non seulement dans le bonheur que je peux procurer aux autres - et non seulement à mes proches - mais c'est par ce don que je fais que je trouve ma propre satisfaction. Je ne cherche pas à simplifier ma réponse, car seules les personnes saines - et simples - d'esprit comprendront.
    C'est d'ailleurs cette réponse qui me permets de démêler le vrai du faux, le fantasme et la réalité. Elle est ma seule arme face à cette foule qui m'entoure. Elle est l'objet de mes angoisses les plus refoulées, car c'est cette réponse qui m'envoie vers certaines personnes, matures, et qui, par conséquent, m'arrache à ceux que je considérais comme des amis. Cette réponse peut faire mon malheur, ou mon mal être, mais elle fait incontestablement mon bonheur.
    Je conclurai en disant que le bonheur n'est pas synonyme de bien-être. Au contraire, pour connaître le bonheur, il faut souffrir, c'est indiscutable.
  8. Quentin13
    Il ne s'agissait pas d'un rêve. Mais il ne s'agissait pas non plus de la réalité. Peut-être était-ce le voile qui nous sépare de ceux qui nous sont chers. Diane était heureuse, ou du moins, ses blessures ne hurlaient plus. Elle pleurait. Encore. Depuis des années, elle était plongée dans une profonde et agonisante dépression. Elle ne voyait plus ses amis, ni même ses enfants. Elle ne se voyait plus elle-même. Ses cheveux ternes, autrefois si scintillants, dévoilaient son déséquilibre.
    Son regard était jeté dans le vide. Elle ne se rendait plus compte que la télé ne fonctionnait plus. La neige sur l'écran était l'illustration parfaite de son trouble. Des centaines de pensées se bousculant dans son âme. Des centaines de regrets fracturants son esprit. Des centaines de pertes coupant son appétit, sa soif, son envie de vivre. Elle se laissait mourrir, car la vie, sa vie, autrefois jallonée de rires, et de sourires, fut persécutée par tous les maux de la Terre.
    Leur entente, son accord, a signé le début de sa perpétuelle douleur. Condamnée à voir ses proches mourrir, les uns après les autres, mais aussi ses voisins, et les passants, elle n'arrivait plus à obstruer leur voix. Elle n'arrivait pas à comprendre leur convoitise commune : l'aspiration à une seconde chance.
    Seule aujourd'hui, elle reçoit par ce fade jour d'automne la visite d'une vieille amie. Toujours vêtue de noir, sans oublier son sanglant rouge à lèvres, et son voile à dentelles de défunte reine, la Mort rangea ses ailes, et, incapable de subvenir à l'unique vœu de Diane, elle se contenta, autour d'une tasse de thé, et des innombrables remords, de jeter un rictus discret à cette enfant...
  9. Quentin13
    Ceci est un extrait d'un projet. Vos avis et vos impressions m'aideront à corriger certaines erreurs. Merci.
    Quand j'ouvris les yeux, j'aperçus des plaines qui s'étendaient à perte de vue. Le ciel était noir, recouvert de sombres nuages, dévorant chacun les dernières parcelles de lumière. L'horizon était plat, les eaux calmes, le tonnerre était doux. Vint ensuite la pluie. Les torrents d'eau noyaient mes chaussures, chaque goutte créant un chemin à travers le sable. Un petit ruisseau naquit et sembla montrer le chemin à prendre.
    Ainsi je m'entreprenais à suivre le courant d'eau. Pendant mon voyage à travers ce désert, un détail percuta mon esprit : le silence. Il était à la fois apaisant et assourdissant. Ce silence me rappelait la relation que j'entretenais avec ma mère de son vivant. Elle était douce comme une brise, mais parfois cette douceur était brisée par une tempête, laissant place à une tornade de violence et de rancoeur. Elle agissait comme les vagues de la mer que je longeais. La colère s'élevait dans notre âme, avant de se briser contre le sol sableux, et de déferler sa puissance. Nous avions une relation tumultueuse, car passionnelle.
    Des heures durant, je marchais, espérant trouver une issue à cet effort superstitieux qui animait mon être. Chaque pas devint plus fatiguant que le précédent, mais la mécanique me retint debout. Une force surnaturelle me fit avancer, et une voix me motivait à continuer. Peut-être était-ce la folie qui envahissait mon corps, ou bien était-ce ma fierté démesurée. Quoi qu'il en était, j'avançais, encore et encore, sans ne jamais m'arrêter.
  10. Quentin13
    Comment vivre avec de telles blessures dans l'âme ? Comment vivre une telle noirceur dans le coeur ? Comment vivre sans lui, et sans elle ? Que vais-je devenir ?
    Mon défunt père m'a transmit sa rage de vaincre. Mais son départ a fait naître en moi les graines de l'autodestruction. Ma mère, tant qu'à elle, m'a transmit son positivisme, et sa fachêuse manie de voir le verre à moitié plein. Tout deux m'ont laissés deux extrêmes opposés, qui permettent de maintenir dans ce chaos l'équilibre mental.
    Aujourd'hui, je suis seul, face à ma famille, qui depuis longtemps m'a renié. Se renfermant dans leur deuil perpétuel, je les ai abandonné, car j'ai la rage de vaincre la solitude. Je les ai abandonné car j'ai cette facheûse manie de voir le verre à moitié plein.
    La mort nous sépare des êtres autrefois vivant. La mort nous permet de comprendre que rien, ni personne n'est indispensable, et que, si nous en avons réellement la volonté, nous pouvons nous envoler de nos propres ailes sans que personne nous y aide.
    J'ai eu cette volonté, ce qui m'a permit de ne pas sombrer dans l'aliénation mental, ce qui m'a permit de comprendre que ce qui m'a quitté, ce n'est pas mon père, ou ma mère, c'est leur corps, et leur âme. Peut-être un jour les retrouverai-je...
    Les vivants encore présents, je ne peux plus voir ma famille, par peur qu'elle me mène dans sa chutte sans fin. En refusant de voir ma famille, je prends la décision de plus voir ma soeur. Je prends le pari risqué qu'un jour, elle comprenne mes choix, sans doute égoïstes, mais nécessaires...
  11. Quentin13
    Il ne suffisait que d'un message, un appel, un mot, une lettre... Un signe de vie. Pendant trois ans, je t'ai envoyé des messages ; pendant trois ans, tu ne m'as pas répondu... Mais pendant trois ans, rien n'a changé. Tu es encrée en moi au stylo indélébile, ou à l'encre de Chine. Rien ne s'est effacé. Nos voyages vers l'inconnu, nos conneries, nos larmes, nos amours... Rien n'est parti, tout est resté. Tu es restée là, dans mon cœur.
    Te rappelles-tu du socle de notre amitié ? Souvient-toi de cette rivalité, presque addictives, presque cruelle, mais tellement amusante. Les chamailleries incessantes de notre enfance ont fait de cette période un souvenir magique, étincelant, rayonnant. Et toi, tu es la protagoniste de ce souvenir. Tu es celle qui as fabriqué le plus beau de mes souvenirs. Tu as fabriqué un système, un soleil, un monde, sans ténèbres, sans peur, sans problèmes. Tu as photographié un moment de ma vie sans chagrin, ni larmes.
    Mais quand je repense à ce souvenir, à ce monde - notre monde - je te revois. Ce souvenir me permet de te garder auprès de moi. Bientôt nous nous reverrons, après toutes ces années, à Paris, où nous pourrons déguster un fabuleux repas, nous raconter ces années de séparation, tout en contemplant le feu d'artifices de cette fin d'année... V.
  12. Quentin13
    Les souvenirs, ce sont ces bribes de notre vie sur Terre, ce sont les pièces du puzzle de notre existence en tant qu'être. Les souvenirs sont la source de nos émotions, de nos sentiments, de notre humanité. Ils peuvent, tout comme les mots, nous donner le sourire, nous faire pleurer, nous faire rêver, parfois... Les souvenirs nous ramènent à l'instant présent de ce passé révolu.
    Je me remémore souvent mes souvenirs d'enfance, synonymes d'union, de famille, de complicité, de sourire, de rêve... Ils sont mes plus beaux souvenirs. Ceux que je retiens le plus sont ceux avec mes parents, amoureux et ensemble à cette époque. Je me rappelle quand mon père venait me chercher à l'école, après les huit heures de boulot quotidiens ; je me rappelle de ma mère qui préparait le repas du soir, et de la bonne odeur provenant des fours ; je me rappelle des chamailleries permanentes de mes deux grands frères... Je me rappelle de cette enfance idyllique, somptueuse, sans faux-semblants.
    Chaque odeur, chaque date, chaque film et série me rappellent cette période de ma vie. Dans chaque action que j'entreprends, je reconnais la détermination de mon père, et la réflexion de ma mère. Mais avec ces souvenirs d'enfance, je ne peux m'empêcher de penser à la division familiale qui s'en est suivi... J'avais dix-huit ans, quand mon père est mort, emporté par la maladie... Par le cancer. La maison est devenue silencieuse, les fleurs se sont fanées, les rires se sont tus, et l'horizon que l'on voyait par-dessus le balcon, est devenu impassible, sans émotions, sans panache, sans vie.
    L'année suivante, ma mère, laissée seule par ses trois enfants, alors étudiants, ou travailleurs, a laissé le temps faire les choses. Sa manie de tout prévoir un mois à l'avance s'en est aller avec l'âme de mon père. Elle fut emportée par le chagrin, sans que personne ne s'en aperçoive. Plus jeune que mes frères, la nouvelle a eu le goût de la belladone... J'ai eu l'impression d'avaler des clous...
    Le temps est le plus grand criminel que l'humanité est jamais connu. Il nous est soumis, et nous ne pouvons rien y faire. Il arrache avec notre jeunesses, nos rêves. Il nous affaiblit, nous rend malade, vieux. Le temps nous tue, tous, lentement, sûrement, délicatement...
    " Le temps est assassin, et emporte avec lui, les rires des enfants..."
  13. Quentin13
    Ton départ, ton voyage vers l'inconnu, vers les autres, les anonymes, sans nom, sans visage, sans identité... Un tissu de mensonges. Cette relation, cette amitié, cette lumière qui me subjuguait... Que représentait-elle pour toi ?
    Mais je te comprends. Tu as due comprendre mes pensées, tu as su décrypter cette ambiguïté. Tu as aperçu mon cœur, et mes sentiments. Malgré cela, je gardais cette distance entre toi et mes sentiments, car je ne voulais pas te perdre... Ta seule présence voilait déjà ma solitude. Ton aura réchauffait mon âme. À ton contact, je ressentais le bonheur.
    Cette relation, cette amitié, je n'ai pas su y mettre fin... Je n'ai pas pu y mettre fin, bien qu'il eut été nécessaire. Aujourd'hui encore, je n'arrive pas à t'oublier. J'aimerais tant avoir ta facilité à tourner la page. Je les tourne, moi aussi, mais pas dans le bon sens. Je relis chaque détail, chaque couleur, chaque moment... Je relis notre histoire, sans aller plus loin que cette page, de peur d'y découvrir de mauvaises choses... De tristes choses.
    Depuis ma venue dans cette ville, j'ai l'habitude d'aller dans ce genre de bars vieillots des années soixante-dix que tu aimes. L'ambiance terne, les regards fixés sur les nouveaux arrivants - dévisageants - et la musique rappelant les bonnes vieilles bastons de bistrots entre deux trois alcooliques... C'est de ce genre de bars, dont je parle.
    Un jour - s'il est écrit - tu me pardonneras, et te remémoreras cette relation, cette amitié, cette lumière qui nous subjuguait... A moins qu'elle n'eut été elle aussi un mensonge, une illusion, un songe, une désillusion.
  14. Quentin13
    Je n'arrivais pas à dormir. Cette insomnie... Elle me rendait dingue. Elle me rendait violent. Ce n'était pas une violence physique, mais bien une violence mentale. Je me scarifiais mentalement, et ces mutilations m'arrachaient à la raison, et au peu de bon sens qu'il me restait. Les diverses remémorations, les différentes pensées perverses de mon passé, et les indescriptibles fantasmes de mon esprit dérangé m'écorchaient. J'étais à vif, nu, honteux.
    Mes démons et mes peurs m'enfermèrent dans une cellule capitonnée. Loin, à l'abri de tous, je commençais à entreprendre ma descente. Je savais que je n'allais pas entrer par la grande porte, et que mon accueil n'aurait rien de chaleureux, mais je n'avais pas le choix... Je n'avais plus le choix.
    Dans cette chambre, le temps s'écoulait différemment... Une seconde semblait être une minute ; une minute, une heure ; une heure, un jour ; un jour, un mois... Je n'avais plus d'heures, je n'avais plus la notion du temps. Son fil se mêlait à la confusion de mon être, l'affolant.
    Puis je commençais à les entendre. Au début, elles agissaient comme des hallucinations de l'esprit, lorsqu'il est privé de conscience, et de raison. Elles n'étaient pas des hallucinations. Elles étaient réelles. Les voix de l'Enfer, un chant infernal qui nous entraînent dans une danse démoniaque, nous enfonçant dans les tréfonds de la folie, de la discorde personnelle, de la confusion... Elles ont été les dernières voix que j'ai entendu... Désormais, mon âme est à l'agonie, suffoquant dans ce corps de chaire, et de sang, criant, hurlant à travers ces muscles inertes. Conscient à l'intérieur, les voix de l'Enfer m'ont submergées. Je suis paralysé par la peur, l'angoisse, la honte...
  15. Quentin13
    Une ville près de la cité des papes, un mouroir, une chambre... Des jours comptés, une liberté limitée, une vie sauvée... Peut-être pas. Cette femme, une grande femme, une femme vivante, et vivant chaque jour avec autant d'optimisme, était rattrapée chaque jour un peu plus par le temps, et ses ravages. Il lui volait sa vitalité, sa force, son esprit vif, et clair... Il lui volait son âme. En échange, l'horloge lui offrait rides, vieillesse, faiblesse.
    Si faible, si ridée, si vieille, elle lui était méconnaissable. Si méconnaissable qu'il l'a confondit avec une autre patiente. Cela faisait cinq ans qu'il ne l'avait pas vu. Cinq ans, cela peut paraître peu pour une personne de dix-neuf ans, mais cela peut représenter des dégradations physiques, psychiques, et mentales pour une personne de son âge. Elle ne pouvait plus marcher ; elle ne pouvait plus parler ; elle n'entendait presque plus.
    Ce qu'il l'avait le plus choquée en rentrant dans la chambre de sa grand-mère maternelle, c'était son corps. Un corps maigre, presque squelettique. Sa peau pendait, retenue par ses seules maigres os. Ses orifices oculaires s'étaient creusés, ses dents étaient tombées, son sourire était scellé. Son regard était plongé dans le vide. Ils semblaient être voilés, comme si elle voyait quelque chose... Quelque chose qui ne lui appartenait qu'à elle de voir.
    Mais lui, il savait ce qu'elle voyait. Il le savait car lui aussi l'avait vu quelques années plus tôt... Elle voyait la mer étoilée de l'espace, étincelante, chaude, chaleureuse, magnifique. Elle voyait sa vraie forme, celle d'un être hautement supérieure, et pure. Elle se voyait délivrée de sa tourmente humaine, de ses péchés sans cesse répétés, de sa peur de l'avenir. Elle voyait l'éternité sous la forme d'un cristal bleu, scintillant, avenant. Ce qu'elle voyait, à travers toutes ces couleurs, tout ces mouvements, toutes ces lueurs, c'était son mari, sa sœur, ses parents... Elle voyait ceux qu'elle avait eu le malheur de perdre par le passé.
    Elle était à la croisée des chemins. Elle était au bord du précipice, prête à passer le pas, mais sans cesse retenue par l'incompétence des médecins, qui par leur obsession de vouloir bien faire, la fit remonter à la surface. Elle était condamnée à voir le bonheur de près, sans ne jamais pouvoir le toucher...
  16. Quentin13
    Des questions, encore des questions. Des questions sans réponse, toujours sans réponse. Un semblant de réponse qui s'évanouit dans la mer tumultueuse de ce questionnement. Ces questions me font peur. Leur réponse m'angoisse. Ce questionnement m'effraie. Il perturbe mes sens, ma faculté de penser, mon habitude de vie. Depuis que cette première question est remontée à la surface de mon inconscient, l'enfer s'abbatit sur moi. Non, pas l'enfer, une chaotique spirale de culpabilité.
    Je le vois désormais, quand je cherche au plus profond de moi une réponse. Je vois cette flamme de vie qui bouillonne dans mon coeur disparaître peu à peu. Elle n'est aujourd'hui qu'une multitude d'étincelles qui s'évanouissent chacune dans cet océan déchainé. Désormais, je ne sais plus qui je suis ; je ne sais plus non plusoù je vais. Je suis totalement désorienté, abattu sous le poids de là culpabilité, de la honte, et du dégoût.
    Le seul moment où je me sens chez moi, c'est le soir, dans mon lit, quand je dors. Je vogue sur les flots obscurs de ma propre déchéance. Ma défaite, elle, me plongera sous eux.
  17. Quentin13
    Toulouse. Ma ville, ma maison, mon repère. J'ai vécu dans cette ville, j'ai aimé dans cette ville, j'ai mûris dans cette ville. Le métro, principal moyen de transport pour aller d'abord au lycée, puis à la fac, perdait de son charme. La sueur et les pensées perverses de ceux qui regardaient avec insistance les jambes des jeunes filles en jupe m'étouffaient. Le charme des grandes villes françaises n'est aujourd'hui que l'ombre d'un ancien souvenir joué sur un air d'accordéon. Les couleurs vives exprimées par les histoires de nos grands-parents à propos de cette ville se ternissent. Les images de la Toulouse de nos aïeux sont aussi sont aujourd'hui aussi vidées d'émotions, et de sensations... Elles sont vidées de leur âme, comme les premiers acteurs sont sans leur voix. Elles n'expriment plus rien.
    Toulouse. Les longues et étroites rues de Malepere ne désemplissent pas, mais les activités s'y déroulant, différentes, salissent l'image de la ville rose, devenant pâle, chaque jour un peu plus. Sa cataracte grossit, ses violettes se meurent, son esprit, vif autrefois, se fige, et perd de sa beauté. Les nuages noires s'élevant haut dans le ciel commençaient à se percer. Les gouttes s'agrippaient à mon manteau, mon jean, mes chaussures... Mes habits me pesaient, bon pour un essorage et un repassage. Puis j'y repensais, comme chaque jours depuis que je vis dans cette ville. Je repensais à cette femme qui m'avait effleuré dans le métro quand j'étais gosse. Sa main glacée, son voile dentelé, noir, faisait transparaître sa noblesse. Son geste, lui, était simple, gratuit, chaleureux.
    Ma mère, qui était là, lui demanda de partir, avec un ton ferme, violent. Elle semblait la connaître, et ne voulait vraisemblablement pas qu'elle fasse ma connaissance. Aujourd'hui encore, et sans que ma mère le sache, je détiens ce bracelet qu'elle m'a offert, discrètement, à l'abri des regards indiscrets. Je le porte tous les jours, avec la peur permanente de le perdre, de l'égaler, de ne plus jamais le retrouver. Ce bracelet, un peu comme Toulouse, est devenu ma prison, un objet sur lequel je dois toujours avoir un œil. Il est l'enfant que je n'aurai jamais. Quelle folie me permet de confondre un enfant et une banalité pareille...
  18. Quentin13
    Dans un lointain passé, où les hommes, la Terre et les pensées n'existaient pas,
    Deux entités s'affrontèrent au nom du destin de l'humanité,
    Ce dieu, sans nom, sans visage, sans caractère, arracha les noires ailes de son plus beau fils.
    Cette déchéance, cette honte, ce rabaissement caractéristique de sa faute, l'attira dans une chute sans fin.

    La chutte. L'attraction dans cette faille étroite, sinueuse, et profonde, devenait insupportable. Dans cet éternel saut de l'ange, il se remémora les pires moments de sa vie, car il ne se souvenait pas de ce qu'il a pu lui arriver de beau. Son coeur immortel noircissait, son âme divine s'effritait, sa conscience supérieure se mourrait. Il affrontait ses pires cauchemars, ses rêves brisés, son espoir envolé, son statut défait, et son amour qu'il n'a pas porté à la bonne personne.
    Cette dégringolade à travers la roche, Le feu, et l'eau, dessinait sur sa peau les marques indélébiles de la haine, de la colère, et de l'injustice. Dans la plus ténébreuse obscurité, il tentait de survivre à ses blessures insoutenables, et à ses désillusions. L'air toxique comprimait ses poumons devenus mortels. Pour la toute première fois, et avant le tout premier homme de la création, il ressentait des émotions humaines, des sensations humaines, des sentiments humains.
    Lorsque sa tête claqua contre le sol en fusion de la Terre, il se releva, usant de ses dernières forces célestes, avant de s'évanouir dans un voile de lave, et de remords. Les années passèrent, et cet être déchu, presqu'humain, car éternel, était torturé par les souvenirs de sa vie d'antan. Du royaume qu'il a forgé pendant des siècles, personne ne l'entendait, ni lui, ni les innombrables âmes humaines, et pécheresses.

    Les années passèrent, les techniques humaines évoluèrent, et l'Enfer grandit, toujours plus vite.
    A la fin des temps, lorsque l'équilibre n'était plus qu'une futile pensée éphémère, le chaos prit forme.
    Des failles naissantes de la fragile couche terrestre émergèrent les souffrances du bas-monde,
    Des déchirures des cieux infiniement au-dessus des hommes, la justice vint rétablir l'ordre.
    Au milieu de cette guerre sans merci, les hommes s'éteignirent lentement, dans l'agonie et le désespoir.


  19. Quentin13
    Je me réveillais, doucement ,lentement, le temps d'étirer mes membres. Apaisé, je regardais les étoiles qui culminaient dans le ciel. J'étais conscient de mon retard visuel sur ces astres inconnus, et incompréhensibles. Leur lumière me parvenait à ce moment précis, où j'étais affalé sur le sol sablonneux de la dune, mais je savais pertinemment - grâce aux cours de physique - que cette lumière a depuis longtemps disparu, et que ces étoiles sont depuis longtemps mortes. Les jambes croisées, je m'imaginais voyager à travers cette mer de lumière baignant dans un océan de ténèbres. Seul, à l'abri de tout soupçons, de tout doutes, de toutes incertitudes, j'errais dans les abysses de la Voie Lactée, de la galaxie... Plus largement, de l'univers.
    Je n'acceptais pas les conséquences de ce choix. Mes proches n'étaient pas, n'étaient plus, à mes côtés. Peu à peu, au fil des jours, des mois, des années à me noyer dans cette immensité, je les oubliais. Je m'oubliais. Mon âme, elle, se désagrégeait. Sur le chemin du retour sur Terre, je fais une halte sur la Lune, jumelle glacée, et glaçante, du Soleil. Son teint pâle, le caractère solide de sa surface, la beauté de ses fractures, me rappelait vaguement cette personne, sans visage, sans nom, sans but, qui continuait à se battre, malgré sa solitude. Quand je la quittais, une larme s'envola dans l'éternelle extension de l'espace. C'était une larme de honte, et d'anxiété, car j'avais peur de retrouver mes proches après tant de temps d'absence.
    En rentrant à la maison, il n'y avait plus personne, et la demeure familiale semblait désespérément agonisante. Une passante, une vieille dame dépassant la centaine, mais débordante de générosité, de tendresse et de bonté, me demanda ce que je venais faire dans cette maison, depuis longtemps abandonnée. Je lui ai répondu que c'était ma maison, que je l'avais quitté un soir d'été, en même temps que je prenais la décision de quitter l'ensemble de ma famille, et de mes proches. Je lui ai dit mon nom. Et j'ai compris. Les larmes qu'elle avait, cette aura chaleureuse et réconfortante qu'elle dégageait, ce regard qu'elle me jetait... C'était ma mère.
    Le temps s'écoule différemment dans l'infinité de l'immensité. M'éloignant de la Terre, j'accélérais le temps. Arrivé à l'orée de la galaxie, ce temps n'avait plus de limites de vitesse. Un rêve bien étrange...
  20. Quentin13
    Cet endroit, ce manoir, cette illusion définitive qui obsédait mon esprit, qui détournait mes yeux de la réalité, et qui revêtait ma chair de honte, de peur, voire même d'angoisse, était devenu mon foyer, ma prison, ma cellule perpétuelle. Chaque jour, je vivais la routine éternelle, en parcourant les couloirs longs et sans fin, putrides, et débordant de chagrin. Les portes condamnées et les échos déchirés me rappelaient ma solitude, ma folie, ma peine... Cet endroit me rappelait mes erreurs.
    Les résidents de cet asile étaient seul, toujours seul, sans que jamais quelqu'un ne les regarde, pour se soucier de leur sort. Nous étions tous fou. Notre folie était la clé de cet endroit condamné. Dans nos moments de faiblesse, nous nous retrouvions ici, tous, pour que dans notre regard, chacun de nous puisse voir nos péchés, nos crimes abominables...
    Mais quels étaient les crimes que j'avais commis ? Je n'ai commis aucun meurtre. Je n'ai en aucun cas exercé un des sept péchés capitaux. Peut-être mon seul crime aura été celui de ma naissance. Engendre d'un père alcoolique et d'une mère toxicomane, je suis l'incarnation des sept péchés : j'ai en moi l'orgueil de mon père ; l'avarice de ma mère ; l'envie de les voir disparaître de mon chemin ; la colère naissante dans mon coeur par la seule pensée d'avoir des parents illégitimes, injustes ; la luxure dans laquelle j'ai été éduqué ; la paresse par le seul songe qui consiste à dire que mon argent me donne la possibilité de faire, ou de ne pas faire. Enfin, je suis l'incarnation de la gourmandise à cause de ma curiosité de goûter à tous les mets de la Terre. Je suis le Diable, ou l'une de ses ombres. Insaisissable, impassible, indomptable, je suis une créature sans la moindre humanité. Par ce manque, je suis un être incompris, condamné à vivre perpétuellement entre les quatre murs de ma cellule ; condamné à vivre dans le tourment...
    Je suis condamné à vivre chaque jour, et jusqu'au jour de ma mort, à me remémorer les bons souvenirs de la vie d'antan, à ressasser mes erreurs, à me recouvrir de la folie qui me submerge.
  21. Quentin13
    La douce rêverie que j'entreprenais sur le retour me confrontais à mes pires peurs, mes plus grandes angoisses, comme si j'ouvrais le talisman de Black. Devant moi se dressait le voile insaisissable de l'invisible. Transparent, presque ectoplasmique, ce qu'il cachait était déformé par ses mouvements, causés par un courant d'air inexistant.
    Devant moi, je sentais la honte, la peur, l'angoisse. J'avais l'impression d'avoir la boîte de Pandore. J'avais la possibilité de découvrir ce qu'elle renfermait, mais une chose inexplicable, une force supérieure, retint mon geste. J'essayais d'entrevoir son contenu à travers la boîte opaque. Je restais assis, près de cet immense et majestueux voile mystérieux.
    Je n'étais pas humain. Aucun homme n'aurait ce contrôle. Je ne cédais pas à la tentation de passer derrière. Pendant un long instant j'admirais les ondes, quand soudain une lumière transperça la cape. Une voix interpella mon esprit. C'était celle d'une femme... Une jeune femme. Elle citait mon nom, avec lenteur, avec douceur, avec tendresse... Avec amour.
    La chaleur de cette lumière percuta mon corps, avant de s'évanouir dans les ténèbres de la nuit. Ainsi, je me leva, et traversa le voile. Une vague m'arracha à mon sommeil. Suant de chaleur, je me dirigeais dans la salle de bain, afin de me rafraîchir. Par-dessus la fenêtre, le soleil était déchiré ; la lune était morcelée ; la ville était enflamée ; et moi, j'étais une âme vagabonde, voguant sur l'infinité de la Terre, pour l'éternité.
  22. Quentin13
    On en change pas sa personne. On ne cache pas sa personnalité. On ne devient pas la copie conforme de la popularité. On ne cherche même pas à le devenir. On se contente de ce que l'on a, sans essayer d'avoir plus que les autres. Chacun de nous est unique, et a sa pierre à apporter à l'édifice. Pourquoi faire comme les plus entourés, quand on peut devenir le chef d'une meute. Ces personnes superficielles se délectent de notre soumission, tel un diable qui savoure notre faiblesse, et notre penchant pour la facilité.
    Pourquoi ferais-je comme eux ? Je préfère m'éloigner, m'asseoir sur le sable, et regarder l'horizon lointain, infini. Je préfère fermer les yeux, et écouter le son grave des vagues. Je suis intéressant, tout en étant distant. Mon groupe d'amis me suffit. Entre nous, une bouteille, un joint et on est tranquille.
    Je ne suis pas pour autant un type superficiel. Je suis ouvert à tous, les blonds, les bruns, les homos, les hippies... C'est comme ça que je vois ma génération. C'est d'ailleurs comme ça que je suis. Les gens disent que je suis raciste parce que je traîne pas avec des arabes, des noirs, des Chinois, juste avec des français blancs, avec des racines françaises. Pour mettre les choses au clair, je ne réponds qu'une seule chose : " Si je ne traîne pas avec ces gens là, c'est parce qu'ils ont pas un esprit assez ouvert pour que je m'intéresse à eux. ".
    Bon d'accord, j'avoue que je n'aime pas les arabes, les noirs, les Chinois, etc. Mais je ne fais pas une généralité sur ces ethnies. Les anciennes générations de maghrébins, je les apprécies, je peux avoir des conversations avec eux. Mais les jeunes générations, je sais pas, ça ne passe pas. Si je me permets de dire ça, c'est parce que j'ai un vécu, et y en a pas un pour rattraper l'autre. C'est la débandade. Maintenant, si vous jugez que c'est raciste de ne pas traîner avec des gens inintéressant, fermés d'esprit, c'est votre avis.
    Du coup, je reste assis sur le sable, à regarder l'horizon azurée, à écouter de la musique, à discuter, à fumer avec mon groupe, parce que le plus important dans la vie, sachez-le, c'est d'en profiter un maximum.
    On ne change pas une équipe qui gagne.
  23. Quentin13
    Je pense que je ne vais balancer que des extraits de mes créations pour savoir si vous appréciez ou non (n'hésitez pas à me dire que vous n'aimez pas, ça ne me dérange pas, à partir du moment où c'est argumenté :-)
    Je ne me rappelle pas vraiment de leur visage, ou de leur voix, mais je me rappelle de leurs mots, de leur sagesse commune, de l'amour qu'ils se portaient l'un pour l'autre. Je me rappelle de leur sourire lorsque ma petite soeur est venue au monde. Cette petite fille qui me combla de bonheur pendant sept années, malheureusement trop courtes. Je me rappelle de nos moments, trop rapidement envolés. Je me rappelle de l'amour que je lui portais, et que je continus de lui porter, bien que loin, très loin de moi désormais. J'aurais tant aimé lui transmettre tout ce qui fait de moi le garçon que je suis aujourd'hui. Je regrette un peu cette décision que j'ai prise, il y a un an. Je la regrette car si elle m'a permis d'avancer, d'énormes sacrifices ont dû être fait. En faisant mon choix, j'ai décidé de sacrifier ma famille, comprenant mon père, ma mère, et ma petite soeur. Aujourd'hui, il est trop tard pour revenir en arrière. Mais il n'est pas trop tard pour continuer à aller de l'avant, tout en jetant un coup d'œil derrière soi. Il n'est pas trop tard pour penser à cette famille depuis longtemps disparue. Il n'est pas trop tard pour penser à eux, et leur dire une dernière fois " Je vous aime ".
×