Les méandres de la pensée
Il ne s'agissait pas d'un rêve. Mais il ne s'agissait pas non plus de la réalité. Peut-être était-ce le voile qui nous sépare de ceux qui nous sont chers. Diane était heureuse, ou du moins, ses blessures ne hurlaient plus. Elle pleurait. Encore. Depuis des années, elle était plongée dans une profonde et agonisante dépression. Elle ne voyait plus ses amis, ni même ses enfants. Elle ne se voyait plus elle-même. Ses cheveux ternes, autrefois si scintillants, dévoilaient son déséquilibre.
Son regard était jeté dans le vide. Elle ne se rendait plus compte que la télé ne fonctionnait plus. La neige sur l'écran était l'illustration parfaite de son trouble. Des centaines de pensées se bousculant dans son âme. Des centaines de regrets fracturants son esprit. Des centaines de pertes coupant son appétit, sa soif, son envie de vivre. Elle se laissait mourrir, car la vie, sa vie, autrefois jallonée de rires, et de sourires, fut persécutée par tous les maux de la Terre.
Leur entente, son accord, a signé le début de sa perpétuelle douleur. Condamnée à voir ses proches mourrir, les uns après les autres, mais aussi ses voisins, et les passants, elle n'arrivait plus à obstruer leur voix. Elle n'arrivait pas à comprendre leur convoitise commune : l'aspiration à une seconde chance.
Seule aujourd'hui, elle reçoit par ce fade jour d'automne la visite d'une vieille amie. Toujours vêtue de noir, sans oublier son sanglant rouge à lèvres, et son voile à dentelles de défunte reine, la Mort rangea ses ailes, et, incapable de subvenir à l'unique vœu de Diane, elle se contenta, autour d'une tasse de thé, et des innombrables remords, de jeter un rictus discret à cette enfant...
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