Doux mal qui me ronge
Il m'arrive parfois de marcher pendant des heures sur les longs chemins de campagnes sans avoir de destination précise. L'odeur de l'herbe coupée, le bruissement des arbres, la brise sur mon visage sont des éléments qui comblent mon coeur, le fortifient.
Le long du ruisseau qui longe ma maison, j'écoute leur mouvement onduleux. Ce mouvement illustre la détresse que je cache, et la colère que je refoule. Tant de sentiments m'envahissent par moments. La plupart sont un cancer pour moi. Cette majorité m'emmènera, comme la maladie emmena mon père, et ma mère.
Il m'est aujourd'hui impossible d'aimer une personne. Il m'est également impossible d'être avec quelqu'un. La solitude est ma seule amie, mon seul rempart face à l'adversité, à la concurrence. La solitude me permet d'être encore en vie aujourd'hui. C'est la protectrice de mon âme, et de mon corps. Contre ses services, je vends mon âme, et avec elle les sentiments qu'elle peut ressentir.
Je suis un corps sans âme, avec un coeur de pierre. Je renais des cendres d'un ancien corps faible, d'un esprit naïf. Ce nouvel être que je suis n'a plus rien d'humain. Il est vide d'humanité, et d'humanisme. La compassion, la pitié, la passion... La lumière de mon âme s'est éteinte au moment où j'ai invité ce démon à habiter mon corps. Il est le seul à voir mes sentiments inconnus, à entrevoir mes peurs les plus noires, à revoir avec sarcasme chacun des mauvais choix que j'ai fait.
Aujourd'hui, dans ce chaos sans fin, sans lumière, sans espoir, sans richesse, je suis devenu une ombre parmi les ombres. Les dernières âmes pures longeant encore la rive ressentent mon aura sombre. Sans le vouloir, je les souille, les salis, les corromps. Dans ma chutte, j'emmène et transforme ces Vives lumières en semblables.
Doux mal qui me ronge depuis des années maintenant, quand te décideras-tu à me poignarder ? Quand te lasseras-tu de ma torture ? Quand me libèreras-tu de mes chaînes ? Quand vais-je enfin pouvoir être libre ? Quand me laisseras-tu les rejoindre ? Cela fait depuis trop longtemps que je souffre de ta présence. La tumeur me ronge les os, les organes. La tumeur me ronge les muscles et la peau. La tumeur sape mes facultés physiques, morales et mentales.
Doux mal qui me ronge, a faim de ton repas, ne me jette pas en pâture à tes bêtes féroces. Pardonne-moi mon manque de sagesse.
Papa... Maman... C... A bientôt. Je vous aime, vous admire. J'ai honte de la façon dont vous me voyez maintenant. Je sombre dans l'alcool et la drogue. Mon esprit brisé par cette mélancolie me fait honte. J'ai honte que vous me voyez ainsi.
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