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Toulouse sombre


Quentin13

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Toulouse. Ma ville, ma maison, mon repère. J'ai vécu dans cette ville, j'ai aimé dans cette ville, j'ai mûris dans cette ville. Le métro, principal moyen de transport pour aller d'abord au lycée, puis à la fac, perdait de son charme. La sueur et les pensées perverses de ceux qui regardaient avec insistance les jambes des jeunes filles en jupe m'étouffaient. Le charme des grandes villes françaises n'est aujourd'hui que l'ombre d'un ancien souvenir joué sur un air d'accordéon. Les couleurs vives exprimées par les histoires de nos grands-parents à propos de cette ville se ternissent. Les images de la Toulouse de nos aïeux sont aussi sont aujourd'hui aussi vidées d'émotions, et de sensations... Elles sont vidées de leur âme, comme les premiers acteurs sont sans leur voix. Elles n'expriment plus rien.

Toulouse. Les longues et étroites rues de Malepere ne désemplissent pas, mais les activités s'y déroulant, différentes, salissent l'image de la ville rose, devenant pâle, chaque jour un peu plus. Sa cataracte grossit, ses violettes se meurent, son esprit, vif autrefois, se fige, et perd de sa beauté. Les nuages noires s'élevant haut dans le ciel commençaient à se percer. Les gouttes s'agrippaient à mon manteau, mon jean, mes chaussures... Mes habits me pesaient, bon pour un essorage et un repassage. Puis j'y repensais, comme chaque jours depuis que je vis dans cette ville. Je repensais à cette femme qui m'avait effleuré dans le métro quand j'étais gosse. Sa main glacée, son voile dentelé, noir, faisait transparaître sa noblesse. Son geste, lui, était simple, gratuit, chaleureux.

Ma mère, qui était là, lui demanda de partir, avec un ton ferme, violent. Elle semblait la connaître, et ne voulait vraisemblablement pas qu'elle fasse ma connaissance. Aujourd'hui encore, et sans que ma mère le sache, je détiens ce bracelet qu'elle m'a offert, discrètement, à l'abri des regards indiscrets. Je le porte tous les jours, avec la peur permanente de le perdre, de l'égaler, de ne plus jamais le retrouver. Ce bracelet, un peu comme Toulouse, est devenu ma prison, un objet sur lequel je dois toujours avoir un œil. Il est l'enfant que je n'aurai jamais. Quelle folie me permet de confondre un enfant et une banalité pareille...

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