
J'avais l'impression dans mon travail d'être une véritable femme orchestre. On m'a tellement exploitée, tellement fait déplacer, en me faisant retourner sur des écoles en zones sensibles de Marseille Nord que j'ai fini par faire des hémorragies et un polype. J'ai eu droit à trois opérations ,la dernière me diminua fortement.
Je n'étais qu'un paquet de douleurs. Ces douleurs durèrent trois mois d'affilée.On me donna les médicaments calmants antalgiques qui ont tué Michaël Jackson.Je les pris avec parcimonie. Certaines douleurs ne sont pas parties et je me les traîne, je vis avec, je suis devenue très fatigable. Aller chanter avec mon petit clan était la seul chose qui me distrayait.
Dans mon petit clan, formé d'un expatrié, d'une femme en rupture de bans, et de deux femmes, et parmi elles il y avait une fille qui chantait plutôt bien et qui était très acclamée.Elle était gaie, elle était pétillante, faisait des numéros très drôles et un jour, je la vis coiffée différemment et comme je la complimentais de sa nouvelle coupe elle me dit qu'en réalité, elle était chauve car elle était en chimiothérapie car elle avait le cancer. J'ai dû faire une tête très contrariée car elle me dit: ne fais pas cette tête, après tout on ne meurt qu'une fois.
Avant mon opération du polype on a jugé bon de me reposer et on m'a collée loin des élèves, dans deux bibliothèques à reclasser. J'eus quelques élèves en soutien; Comme l'année précédente on m'en avait donné près d'une centaine, cela me fit tout drôle!
Quand j'étais petite, il y avait un livre sur les princesses dans la BCD de la maternelle. L'auteur en avait décrit et dessiné une qui était bibliothécaire, elle figurait parmi les princesses oubliées.
Dans ce rôle de princesse oubliée je nettoyai, étiquetai, classai, rangeai, répertoriai les livres de deux bibliothèques et l'année suivante je classai une autre bibliothèque: il y avait six mille livres. je requalifiai une salle d'arts plastiques en musée d'école, et la remis en état, pour que l'année suivante les ateliers puissent s'y dérouler.
Du coup ces trois bibliothèques purent être rouvertes au prêt car je les avais organisées selon la méthode internationale Dewey.
Réellement fatigués mes pieds, ma voix et ma vue fléchirent tous ensemble. Je passai devant un médecin du travail très inquiet pour moi. Il m'arrêta. J'avais fait un dossier à la MDPH car après vingt quatre ans de travail avec un handicap vocal, un directeur d'école digne de ce nom m'avait dit quelle marche à suivre pour que mon handicap soit reconnu.
Je revins voir l'oto rhino laryngologiste qui m'avait opérée autrefois et on me dirigea sur l'hôpital de la conception à Marseille et je pris rendez-vous avec un médecin spécialiste des cancers de la gorge qui me proposa de regonfler avec des injections de cartilage d'abord puis de silicone ensuite, ma corde vocale lésée.
Après l'opération j'eus très mal. J'avais une sorte d'angine très forte et l'impression d'avoir une agrafe coincée dans la gorge. On m'a fait faire un enregistrement avant/après.Ma voix était méconnaissable.On m'en a fait faire deux autres après silence d'un mois et rééducation.Mon timbre a changé quatre fois en deux ans.
Après le mois de silence, j m suis remise à chanter et ce fut la stupeur générale ...Le DJ, à qui je n'avais pas parlé de mes histoires, vint me dire que ....j'avais beaucoup progressé.
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