Bonjour, forumeurs & forumeuses,
Installez vous confortablement, l'artisterview fait son "come back"! En novembre, je vous présentais Adras, notre virtuose du coin! Si vous l'avez loupé, il est encore temps de remédier à cela en cliquant ICI.
Ce mois-ci, c'est d'un artiste bien différent que je tiens à vous présenter! Je suis persuadée que vous l'avez déjà lu mais déroulons le tapis vert (le rouge, c'est tellement classique..) pour notre Luigi, notre Homer J Simpson forumesque, ....... Faites du bruit (mais pas trop) pour...
Bonjour Kon!
Bien le bonsoir.
Voui, "bonjour", "bonsoir", c'est du pareil au même! Entrons dans le vif du sujet.. Toi! Qui es-tu, que fais tu?
J'ai 21 ans, soit autant à regretter de ne pas en avoir zéro, et je suis élève ingénieur chimiste à Lille. Je suis fainéant, adepte de la procrastination, narcissique, timide, un rien asocial, parano, mégalo et lâche. Bon, je suis humain, j'ai aussi des défauts, mais je vous laisse les deviner.
Voilà, c'est à peu près l'esprit qu'on retrouve dans mes textes, je pense.
Imagine que les forumeurs qui te lisent à cet instant n'aient aucune idée de ce que tu écris, quels passages selon toi représentent le mieux ton style?
Je dirais que cet extrait de Reste avec moi est assez représentatif de mon style, étant donné que ce poème réunit mes deux thèmes fétiches que sont l'amour vicié et la mort, et qu'il est imbibé de l'auto dérision que j'aime à verser dans mes textes :
Te barre pas, je veux me casser le premier,
Je te permettrai pas de me laisser tout seul,
J'ai trop besoin de toi ;
Explique-moi voir ce que tu veux qu'un fumier
Comme je l'ai été fasse de sa pov' gueule,
Une gueule de bois ?
Car les perles poussent rarement aux pommiers,
Comment, p'tite idiote, veux-tu que j'en dégote
Une telle que toi ?
Qui plus est, tu peux pas faire ça au sommier,
'T'a aussi épousée, s'il faut je t'y ligote,
Merde, reste avec moi !
Je citerais également le passage ci-dessous du poème Le non de la rose, qui est symptomatique de mon petit côté romantique. Vous n'avez rien entendu.
Je sais n'avoir jamais tant aimé
Le goût du sang que lorsque j'ai mis
Le doigt sur l'aiguillon promis
Au piètre jardinier qui se met
En tête d'essayer de cueillir
La plus exceptionnelle des fleurs
De la roseraie comme d'ailleurs,
Parce que je peux m'enorgueillir
D'avoir alors deviné que sous
Les pétales rouge hémoglobine
Je trouverais mieux que la bibine
Et bien plus sain pour me rendre soûl.
Quelles ont été/sont les personnes qui t'ont inspiré?
Mes deux idoles de la chanson française, Brassens et Renaud, au-delà de m'inspirer, ont probablement eu une influence sur mon style, du moins plus que quiconque. Aragon m'aura inspiré quelques textes, mais parce que Brassens et surtout Jean Ferrat ont mis certains de ses poèmes en chanson.
Sinon, Green Day et Linkin Park m'ont inspiré respectivement Quand tu seras prête et Saint-Valentin d'enfer.
Je citerais également Orelsan. Je viens juste de le découvrir mais j'ai immédiatement adhéré. J'adore son style et je me reconnais énormément dans des textes comme Peur de l'échec ou La terre est ronde. Je pense qu'il va grandement influencer mes prochains poèmes ; c'est déjà le cas pour quelques-uns que je suis en train d'écrire.
Tu parlais de l’auto-dérision il y a de cela quelques lignes, c'est une de tes "marques de fabrique". Quelles sont les autres?
Ça va dans le même sens mais je citerais l'ironie. Le plus souvent, j'essaie de donner un ton relativement léger à mes poèmes comme "je m'empresse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer" et pour éviter le pathétique dont j'ai horreur. Cela dit, je me sers du second degré aussi bien dans des textes graves que dans des poèmes d'amour pas spécialement tristes mais ça, c'est parce que j'ai peur d'être niais.
J'aime aussi le surréalisme de faire parler les morts et la contradiction d'exprimer ce que j'ai sous-entendu taire comme dans Je te dirai pas que t'es belle ou Quand tu seras prête. Six pieds sous taire illustre également ces deux derniers points ainsi que mon goût pour l'implicite qui passe le plus souvent par des images, des métaphores filées mais exceptionnellement en dissimulant des mots ; dans ce poème écrit comme une carte au trésor, le prétendu secret à déterrer est disséminé dans le texte lui-même. J'ai peut-être poussé l'implicite un peu loin sur ce coup-là, cela dit.
Une autre chose, c'est que je considère qu'un poème ne peut pas mieux se conclure que sur une surprise et la cerise sur le gâteau, c'est quand ses derniers vers donnent une compréhension différente du poème entier. C'est ce que j'ai essayé dans des poèmes comme Saint-Valentin d'enfer, Adieu mon pote ou Narcisse.
Depuis quand écris-tu? As-tu tout de suite décidé de publier?
J'ai commencé à écrire des histoires vers 13 ans puis des poèmes vers 14-15 ans. À l'époque, je n'ai pas même pensé à les publier, déjà parce qu'ils étaient très personnels et que j'étais très pudique et tout bêtement parce que je n'avais ni blog ni forum où les poster.
J'ai arrêté d'écrire après quelques mois, sûrement parce que j'avais fait le tour de ma vie, puis j'ai repris à 17 ans, je ne sais pas pourquoi. Là, je les ai publiés tout de suite. Et j'ai encore arrêté et je m'y suis encore remis en mars 2012 mais je n'envisage plus de m'arrêter.
Qu'est ce qui t'a convaincu de le faire?
Simplement l'envie d'avoir un retour sur ce que j'écrivais dans le but de m'améliorer. Et je n'avais pas de raison de ne pas les publier de toute façon.
Veux-tu faire passer un message particulier quand tu te couches sur le papier ou te laisses tu "porter" par tes idées?
Dans tous les cas, une fois que j'ai amorcé un poème, je me laisse porter. Mais le point de départ, tantôt c'est un jeu de mots ou une métaphore autour desquels je construis le poème pour les caser (exemples : Érato faite humaine, Me taper dans l'œil, Six pieds sous taire), auquel cas si j'en profite pour glisser un message, il est secondaire ; tantôt c'est l'envie d'aborder spécifiquement un thème et là le message est important (exemples : Adieu mon pote, Le bleu de tes yeux, Je te dirai pas que t'es belle). Plus rarement, c'est les deux à la fois, j'ai une envie de raconter ma vie qui traîne pendant des jours sans se concrétiser, puis j'ai une idée de poème qui me vient et qui peut coller, et bingo !, c'est le cas de Premier pas sur la Lune.
Que représente la poésie pour toi? Si je devais te demander 3 mots pour la décrire, tu choisirais lesquels?
Honnêtement, je ne sais pas. Je ne sais pas à quoi sert la poésie en général, je ne sais même pas pourquoi j'écris. Ce que je sais, c'est que j'ai commencé à écrire dans un but de catharsis, pour raconter au papier ce que j'étais incapable de dire. Aujourd'hui, je n'ai plus vraiment ce besoin, non pas que j'exprime oralement ce que je ressens davantage qu'avant, mais je ressens juste moins ; d'ailleurs, mes poèmes autobiographiques sont devenus rares.
C'est plus pour moi qu'un simple passe-temps mais je ne saurais pas dire ce qui me pousse encore à écrire. Peut-être l'amour de la langue ou à terme le rêve mégalomane de connaître la postérité.
Je me permets de faire une observation inutile et sans rapport avec la question - de toute façon, ce n'est pas comme si j'y avais vraiment répondu avant. J'ai remarqué que mes poèmes autobiographiques sont le plus souvent dans l'image et dans l'implicite, ce qui n'est cependant pas réciproque : tous mes poèmes où l'image règne ne sont pas autobiographiques.
Bon.. Ce n'est pas grave .. Les artistes, I-N-T-E-N-A-B-L-E-S. :p :D
Si je devais te demander de choisir deux poèmes et les expliquer, sous quelle "impulsion", s'il a un sens caché ou non, ce que tu en penses et ce qu'en ont pensé tes lecteurs?
Pour Premier pas sur la Lune, j'étais parti sur l'idée d'illustrer l'expression "faire le premier pas" mais de manière à la prendre au pied de la lettre (chose qu'on retrouve souvent chez Brassens et auquel que je m'essaie de temps à autre, notamment dans Me taper dans l'œil avec les expressions "taper dans l'œil" et "faire une belle jambe"). Puis, j'ai préféré plus ou moins laisser tomber ce procédé quand j'ai pensé à combiner "faire le premier pas" et "viser la Lune" pour donner à la séduction des airs de conquête spatiale.
Du coup, j'ai construit ce poème à partir de l'idée de détourner la fameuse phrase : "Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité", mais aussi sur une métaphore filée où la Lune joue le rôle d'objectif et où la lumière du Soleil incarné par Hélios est la représentation de l'accomplissement de cet objectif, ainsi que sur des calembours, dans lesquels notamment on retrouve phonétiquement une fusée et une soucoupe comme des moyens de faire le chemin de la Terre à la Lune. D'ailleurs, la forme un peu particulière de ce poème dont chaque strophe se termine par une moitié d'alexandrin est là pour mettre en exergue ces calembours - parce que je revendique avec fierté mes jeux de mots à la con.
Une chose qui tient à la fois de la forme et du fond est que j'ai inclus dans ces calembours le prénom de celle qui m'a inspiré ce poème, d'où on retombe sur ce que je disais un peu plus haut, à savoir que ce poème est autobiographique, même si finalement, je n'y dis pas grand-chose. Qui plus est, je ne suis pas certain qu'on y comprenne le peu qu'il y a à comprendre ; tout est implicite et probablement un peu confus mais je n'ai pas besoin d'être plus clair pour m'épancher et j'écris avant tout pour moi.
Adieu mon pote, je l'ai écrit parce que j'avais envie d'aborder le suicide. Je suis assez sinistre alors j'ai l'habitude de traiter de la mort dans mes poèmes mais souvent de manière loufoque et / ou impersonnelle. Là, je me suis dit qu'au contraire, j'allais faire quelque chose de réaliste et à la première personne. Finalement, c'est plutôt à la deuxième personne car au lieu d'écrire une lettre d'adieu classique, j'ai préféré tenter d'être original en imaginant une sorte de compromis entre lettre d'adieu et testament.
Dans ce poème, celui qui s'apprête à se suicider s'adresse à lui-même au nom d'un de ses amis pour leur suggérer ce qu'il voudrait que ceux-ci fassent de lui après sa mort (don d'organes et crémation). J'ai mis les deux derniers vers en espérant qu'ils suffisent à ce qu'on comprenne que justement, l'auteur de la lettre et le suicidé ne font qu'un.
Comme je le disais tout à l'heure, ce poème ne peut évidemment pas qu'être de la fiction. Cela dit, tous mes textes contiennent des éléments autobiographiques, aucun n'est purement imaginaire, tout comme c'est rare que mes poèmes soient purement vrais, étant donné que j'exagère souvent la réalité, ma vie étant assez inintéressante, même pour moi.
Bon, je rassure les quelques fous ou égoïstes qui ne rêveraient pas de me savoir mort, je n'imagine pas écrire une véritable lettre d'adieu un jour. Je partirai sans prévenir.
As-tu d'autres passions? Liées ou non à tes écrits.
C'est bateau mais j'adore écouter de la musique : chanson française (Brassens, Renaud, Bénabar, ...), rock anglophone (Linkin Park, Green Day, Coldplay), rap francophone comme anglophone (Orelsan, Youssoupha, B.o.B, ...) ou encore musique classique (Chopin).
Je passe aussi une bonne partie de mon temps devant des jeux vidéo.
Sinon, plus original, je suis mordu de modélisation numérique, c'est-à-dire que je prends plaisir, là où la plupart des gens voudraient se tirer une balle, à manipuler le langage de programmation Scilab pour me servir de la puissance de calcul d'un ordinateur pour obtenir rapidement des résultats à des problèmes scientifiques très longs à obtenir "à la main". Ou disons plutôt que je me sers de ces problèmes comme d'un prétexte pour faire de la programmation parce que j'aime par-dessus tout, c'est la réflexion créative qu'elle requiert.
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(:p))
Je suis (presque!) honorée que tu aies accepté de répondre à ces quelques questions, j'espère que les forumeurs pousseront le vice et assouviront leur curiosité en te posant LEURS questions! :p
Et tu sais ce que j'en pense, je ne crois pas qu'il soit intéressant de le répéter ici (sauf pour te faire mousser ).
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