V - La découverte scientifique : manuel d’utilisateur
La découverte se présente sous la forme d’une avancée quelconque des connaissances qui peut être théorique, expérimentale, ou les deux à la fois. Il n’est pas possible de faire un schéma exhaustif du procédé menant à la découverte car le chercheur se doit d’être innovant, et chaque découverte a son histoire. Il ne sert à rien de faire ce qui a déjà été fait, il faut faire ce qui n’a jamais été fait.
En revanche, et par soucis de rigueur scientifique, il y a une démarche globale relativement appliquée à la recherche (en physique). Le chercheur développe une idée sur le plan théorique, sur papier et dans sa tête, en l’appuyant sur des connaissances déjà acquises (bibliographie). Puis, il la modélise, c’est à dire qu’il simule sur ordinateur une expérience qui permet de montrer de façon significative que sa théorie est exacte. Enfin, il passe à la phase pratique où il obtient les résultats expérimentaux.
Que ce soit dans l’apprentissage des connaissances, dans leur restitution, ou dans la communication de nouvelles connaissances, la démarche est longue, difficile, fastidieuse et en aucun cas soumise au hasard.
VI - La communication scientifique
Quand on parle de communication scientifique, on ne parle pas de vulgarisation. On entend plutôt la communication des scientifiques aux autres scientifiques. Les frères Bogdanov et E=m6 ne font pas à proprement parler de la communication scientifique, il font de la vulgarisation. Il existe deux principaux moyens de communiquer ses résultats : la communication orale (congrès, conférence, groupe de travail, ... ) et la communication écrite (publication scientifique). Même dans le cas de la communication orale, le participant doit écrire un article, qui sera ensuite rangé avec les autres dans ce qu’on appelle les «proceedings » des congrès. Ces articles écrits sont toutefois soumis à moins de vérifications que les publications dans des revues, qui restent le meilleur moyen de communiquer ses résultats, avec l’assurance pour l’auteur d’être lu, et l’assurance pour le lecteur que ces résultats sont fiables.
La publication consiste à soumettre à une revue un article rédigé par le chercheur (comme je le fais par exemple avec le mag). Il existe une grande quantité de revues, certaines spécialisées dans un domaine (Ultrasonics, ...) d’autres générales (Applied Physic Letters,...). Les deux revues les plus réputées et les plus connues sont « Science » et « Nature », mais elles ont un fonctionnement particulier. Le chercheur doit bien choisir le journal a qui il soumet : si le journal estime que les travaux n’intéresseront pas la communauté de chercheur qu’il regroupe ou qu’il n’est pas d’un niveau suffisant (niveau technique, niveau de langue, incomplet, mise en page incorrecte, ...) il refuse la publication (par exemple, Cali pourrait dire : non, je ne prends pas ton article, trop nul, trop de fautes, ...). Si le journal estime que l’article soumis est digne d’intérêt, alors, contrairement au FFRmag, il ne l’accepte pas encore.
L’article est soumis à des chercheurs choisis par le journal (reviewers), idéalement des spécialistes dans le domaine et qui ont déjà publié. Ce sont eux qui autorisent la publication (sous réserve parfois de révisions par l’auteur) ou la rejettent. Une publication n’a qu’une seule chance. Impossible de soumettre au même journal une seconde fois si l’article est refusé.
Une publication fait grosso modo une dizaine de page. Elle doit contenir absolument :
1 – Une justification de l’intérêt des travaux pour la communauté scientifique (toute avancée ayant un intérêt).
2 – Un résumé fiable de l’ensemble des travaux disponibles sur le sujet (une publi contient en général entre 15 et 30 références).
3 – Une description précise, claire et argumentée des travaux réalisés et des résultats obtenus.
4 – Les conclusions auxquelles mènent ces résultats et des perspectives pour les travaux futurs.
Tout cela, auquel s’ajoute le niveau langue (anglais souvent), la mise en forme et la lisibilité des graphiques et schéma, est passé au crible par les reviewers. C’est un processus long qui prend souvent plus d’un an entre la fin de la rédaction de l’article et sa publication.
Publier un article scientifique dans une revue en vaut la peine. Il s’agit de la notoriété du chercheur et, finalement, de son but ultime : un chercheur qui ne publie pas pourra faire les plus grandes découvertes, elles ne seront jamais connues, et ce serait dommage. Faire avancer les connaissances, c’est aussi, à un moment, les poser de manière rigoureuse et de sorte que dans 150 ans on puisse encore les comprendre, les écrire et les archiver de manière organisée et claire et accessible. Voila le but de la publication.
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