La peur d'écrire

J'ai peur d'écrire. Voilà, je crois avoir enfin réussi à le dire et à l'admettre. Mon directeur a raison quand il dit ça, et je suis obligé d'admettre qu'il a raison. Hélas, j'ai souvent essayé de prendre en défaut cet homme, mais il est difficile à tromper le vieil ours. J'ai toujours été économe de mots, pensant que cela venait de mon amour du minimalisme. Mais il est de bon ton d'admettre que si j'aime autant me faire avare de phrase, c'est plus par peur que par appétence innée. Alors pourquoi ai-je peur d'écrire? Vaste programme. Commençons par un truisme : écrire, c'est aussi avoir un lecteur.

Écrire, c'est avoir la société en face de soi et l'humanité entière. Nous sommes 7 milliards sur terre, l'humanité existe depuis plus de 2000 ans. Beaucoup de gens ont vécu. Beaucoup de gens ont écrit. Beaucoup de gens ont réussi à partager des idées originales entourées d'un amas d'idées périmées ou rabâchées, et se sont vu souffrir de la concurrence de ces dernières. De quel droit puis-je prétendre écrire quelque chose d'original? Aucunement. Je ne suis pas un génie. Mon cerveau est lent. Et je me contente d'exprimer des idées anciennes en leur donnant l'apparence d'idées neuves. Mais en vérité, elles ne le sont pas. Autrement dit, je ne suis légitime en rien pour inonder la sphère publique de ma médiocrité, et je ne trouve aucun réconfort en me disant que beaucoup de choses bien plus stupides que les mienne sont publiées.

Écrire, c'est prêter le flan à la critique de tout le monde, et donc de personne au final. Plus jeune, j'avais la naïveté de penser que je n'étais pas compris. Non, en fait, il ne s'agit pas de compréhension. La compréhension est toujours présente chez l'autre; et donc la candeur qui consiste à se penser incompris n'est qu'un miroir déformant pour cacher une vérité plus profonde : ce n'est pas de l'incompréhension qui se retrouve en face, juste du rejet. A quoi bon écrire pour se sentir rejeté? Pour sentir que l'on n'appartient pas au monde d'en face?

Me voila donc dans la position très peu enviable qui consiste à devoir écrire en plein confinement, alors que j'abhorre, redoute et ait peur de cette activité que je trouve au fond "meaningless" comme dirait si bien nos amis anglois.

euh le confinement est fini ...

sinon écrire c'est aussi clarifier sa pensée ... écrire n'est pas forcement pour un autre ...c'est aussi jouer sur les mots trouver des punchlines un souvenir d'un instant et bien d'autres choses

la peur empêche pas l'erreur elle empêche juste de vivre .... et c'est comme tout au début on se plante et au bout d'un moment a force de se planter on apprends est on devient meilleur comme dans le sport ... c'est en forgeant qu'on devient forgeron

Bonjour 

La crainte du jugement de l'autre , de l'éventuelle critique , de ne pas être assez bon , aussi bon que....

Sortir de la rivalité éventuelle et ne se mesurer qu'à soi , me semble être une solution . Faire fi de tout le reste et tenter de se faire du bien , franchir le Rubicon et sauter dans le vide .. cela ne peut pas être pire que la peur elle même  

il y a 59 minutes, Virtuose_en_carnage a dit :

Commençons par un truisme : écrire, c'est aussi avoir un lecteur.

Pas seulement, il faut aussi avoir quelque chose à dire ou raconter, c'est primordial ! 

il y a 8 minutes, Enchantant a dit :

Pas seulement, il faut aussi avoir quelque chose à dire ou raconter, c'est primordial ! 

on peut être vide, n'avoir rien à raconter, mais avoir du style. 

il y a une heure, fidel castor a dit :

euh le confinement est fini ...

 

sinon écrire c'est aussi clarifier sa pensée ... écrire n'est pas forcement pour un autre ...c'est aussi jouer sur les mots trouver des punchlines un souvenir d'un instant et bien d'autres choses

la peur empêche pas l'erreur elle empêche juste de vivre .... et c'est comme tout au début on se plante et au bout d'un moment a force de se planter on apprends est on devient meilleur comme dans le sport ... c'est en forgeant qu'on devient forgeron

 

Le confinement a permit aussi de se libérer , de s'évader paradoxalement pour beaucoup de gens  

il y a 7 minutes, eriu a dit :

Le confinement a permit aussi de se libérer , de s'évader paradoxalement pour beaucoup de gens  

oui moi j'ai appris le japonais avec cette vidéo

il y a 1 minute, fidel castor a dit :

oui moi j'ai appris le japonais avec cette vidéo

 

Le temps est le plus grand trésor !

Il y a 2 heures, Virtuose_en_carnage a dit :

J'ai peur d'écrire. Voilà, je crois avoir enfin réussi à le dire et à l'admettre. Mon directeur a raison quand il dit ça, et je suis obligé d'admettre qu'il a raison. Hélas, j'ai souvent essayé de prendre en défaut cet homme, mais il est difficile à tromper le vieil ours. J'ai toujours été économe de mots, pensant que cela venait de mon amour du minimalisme. Mais il est de bon ton d'admettre que si j'aime autant me faire avare de phrase, c'est plus par peur que par appétence innée. Alors pourquoi ai-je peur d'écrire? Vaste programme. Commençons par un truisme : écrire, c'est aussi avoir un lecteur.

Écrire, c'est avoir la société en face de soi et l'humanité entière. Nous sommes 7 milliards sur terre, l'humanité existe depuis plus de 2000 ans. Beaucoup de gens ont vécu. Beaucoup de gens ont écrit. Beaucoup de gens ont réussi à partager des idées originales entourées d'un amas d'idées périmées ou rabâchées, et se sont vu souffrir de la concurrence de ces dernières. De quel droit puis-je prétendre écrire quelque chose d'original? Aucunement. Je ne suis pas un génie. Mon cerveau est lent. Et je me contente d'exprimer des idées anciennes en leur donnant l'apparence d'idées neuves. Mais en vérité, elles ne le sont pas. Autrement dit, je ne suis légitime en rien pour inonder la sphère publique de ma médiocrité, et je ne trouve aucun réconfort en me disant que beaucoup de choses bien plus stupides que les mienne sont publiées.

Écrire, c'est prêter le flan à la critique de tout le monde, et donc de personne au final. Plus jeune, j'avais la naïveté de penser que je n'étais pas compris. Non, en fait, il ne s'agit pas de compréhension. La compréhension est toujours présente chez l'autre; et donc la candeur qui consiste à se penser incompris n'est qu'un miroir déformant pour cacher une vérité plus profonde : ce n'est pas de l'incompréhension qui se retrouve en face, juste du rejet. A quoi bon écrire pour se sentir rejeté? Pour sentir que l'on n'appartient pas au monde d'en face?

Me voila donc dans la position très peu enviable qui consiste à devoir écrire en plein confinement, alors que j'abhorre, redoute et ait peur de cette activité que je trouve au fond "meaningless" comme dirait si bien nos amis anglois.

 

Tu as peur d'écrire. Mais si ton métier n'est pas lié à l'écriture, ou si tu n'as rien de spécial à raconter, pourquoi écrire? Autre chose que des cartes postales ou des mails, j'entends. Se sentir une vocation d'écrivain ou de journaliste et ne pas savoir comment écrire, ça c'est un problème. Sinon - la belle affaire!

Sinon, l'écriture c'est comme beaucoup de choses, ça vient à l'usage. C'est en forgeant qu'on devient forgeron! Et ce qu'on raconte n'a au fond pas tellement d'importance, c'est le voyage qui compte, pas la destination.

Il y a 2 heures, Virtuose_en_carnage a dit :

J'ai peur d'écrire. Voilà, je crois avoir enfin réussi à le dire et à l'admettre. Mon directeur a raison quand il dit ça, et je suis obligé d'admettre qu'il a raison. Hélas, j'ai souvent essayé de prendre en défaut cet homme, mais il est difficile à tromper le vieil ours. J'ai toujours été économe de mots, pensant que cela venait de mon amour du minimalisme. Mais il est de bon ton d'admettre que si j'aime autant me faire avare de phrase, c'est plus par peur que par appétence innée. Alors pourquoi ai-je peur d'écrire? Vaste programme. Commençons par un truisme : écrire, c'est aussi avoir un lecteur.

Écrire, c'est avoir la société en face de soi et l'humanité entière. Nous sommes 7 milliards sur terre, l'humanité existe depuis plus de 2000 ans. Beaucoup de gens ont vécu. Beaucoup de gens ont écrit. Beaucoup de gens ont réussi à partager des idées originales entourées d'un amas d'idées périmées ou rabâchées, et se sont vu souffrir de la concurrence de ces dernières. De quel droit puis-je prétendre écrire quelque chose d'original? Aucunement. Je ne suis pas un génie. Mon cerveau est lent. Et je me contente d'exprimer des idées anciennes en leur donnant l'apparence d'idées neuves. Mais en vérité, elles ne le sont pas. Autrement dit, je ne suis légitime en rien pour inonder la sphère publique de ma médiocrité, et je ne trouve aucun réconfort en me disant que beaucoup de choses bien plus stupides que les mienne sont publiées.

Écrire, c'est prêter le flan à la critique de tout le monde, et donc de personne au final. Plus jeune, j'avais la naïveté de penser que je n'étais pas compris. Non, en fait, il ne s'agit pas de compréhension. La compréhension est toujours présente chez l'autre; et donc la candeur qui consiste à se penser incompris n'est qu'un miroir déformant pour cacher une vérité plus profonde : ce n'est pas de l'incompréhension qui se retrouve en face, juste du rejet. A quoi bon écrire pour se sentir rejeté? Pour sentir que l'on n'appartient pas au monde d'en face?

Me voila donc dans la position très peu enviable qui consiste à devoir écrire en plein confinement, alors que j'abhorre, redoute et ait peur de cette activité que je trouve au fond "meaningless" comme dirait si bien nos amis anglois.

 

Oui @Gouderien a raison : tu devrais préciser pourquoi tu dois écrire en plein confinement et quel métier fait que ton directeur ait pu te dire que tu as peur d'écrire.

Personnellement j'aurais aimé écrire mais ma lucidité m'a obligé à abandonner cette merveilleuse activité. Il ne s'agissait pas d'une peur du jugement d'autrui mais d'une incapacité évidente.

Mais pourquoi écrivez-vous ici ?

être lu, c'est accepter une intrusion d'une autre personne, on s'expose, dirait Catherine Dufour. écrire et être lu est le métier le plus impudique du monde, dirait Amélie Nothomb.

Je crois que déjà il faut bien cibler !

 Poète ? Essayiste ? Journaliste ? Critique ? philosophe ?

BOF !

Romancier ?

WAOUH !

il y a 8 minutes, Crève a dit :

être lu, c'est accepter une intrusion d'une autre personne, on s'expose, dirait Catherine Dufour. écrire et être lu est le métier le plus impudique du monde, dirait Amélie Nothomb.

Oui, mais en même temps la littérature c'est l'art de mentir de façon intéressante.

il y a 1 minute, Gouderien a dit :

Oui, mais en même temps la littérature c'est l'art de mentir de façon intéressante.

"on peut mentir, mais on ne peut pas tricher". _Yasmina Kahdra.

Il y a 4 heures, fidel castor a dit :

euh le confinement est fini ...

 

sinon écrire c'est aussi clarifier sa pensée ... écrire n'est pas forcement pour un autre ...c'est aussi jouer sur les mots trouver des punchlines un souvenir d'un instant et bien d'autres choses

la peur empêche pas l'erreur elle empêche juste de vivre .... et c'est comme tout au début on se plante et au bout d'un moment a force de se planter on apprends est on devient meilleur comme dans le sport ... c'est en forgeant qu'on devient forgeron

 

Euh. Non. Le confinement n'est pas fini. Mon institut ne déconfine pas et je pense que c'est juste un terme politique pompant qui n'a aucune réalité pratique. En clair on est déconfiné mais il n'y a presque rien qui change.

Je suis d'accord la peur n'empêche pas l'erreur, mais au moins elle permet d'en faire moins. Il est sur que si ça en arrive à un point où l'on ne fait plus rien, ce n'est plus de la peur mais de la terreur. Clarifier sa pensée? Je ne serais jamais d'accord avec les personnes comme Boileau "Ce que l'on conçoit bien, s'énonce clairement.". L'énoncé clair permet juste de rendre clair ce qui l'était déjà dans notre tête. En outre, c'est souvent clair dans notre tête mais très pénible et fatiguant à énoncer clairement et précisément.

Le sport est un assez mauvais exemple. On y atteint très rapidement ses limites naturelles et on finit par verser dans le dopage tout en continuant à prendre les gens pour des idiots

Il y a 4 heures, eriu a dit :

Bonjour 

La crainte du jugement de l'autre , de l'éventuelle critique , de ne pas être assez bon , aussi bon que....

Sortir de la rivalité éventuelle et ne se mesurer qu'à soi , me semble être une solution . Faire fi de tout le reste et tenter de se faire du bien , franchir le Rubicon et sauter dans le vide .. cela ne peut pas être pire que la peur elle même  

La mesure de soi-même ne se mesure qu'au regard de la mesure du regard des autres. Ce sont les seuls indicateurs qui nous permettent de nous évaluer. Je veux dire, vivre en société, travailler, tout ça, c'est nous forcer à jouer le jeu de la comparaison avec les autres. On ne peut juste pas y couper ou alors je ne vois pas comment.

Il y a 3 heures, Enchantant a dit :

Pas seulement, il faut aussi avoir quelque chose à dire ou raconter, c'est primordial ! 

Dans la société moderne, et les moyens de communication de masse, au contraire : il faut parler pour parler. J'ai envie de dire, il faut parler pour exister. Si tu ne le fais pas, tu es mort. D'ailleurs ce que l'on dit n'est au fond pas très important et si on se contredit, ce n'est pas bien grave. Il n'y a qu'à voir nos politiques ou notre ami Donald.

Il y a 1 heure, Gouderien a dit :

Tu as peur d'écrire. Mais si ton métier n'est pas lié à l'écriture, ou si tu n'as rien de spécial à raconter, pourquoi écrire? Autre chose que des cartes postales ou des mails, j'entends. Se sentir une vocation d'écrivain ou de journaliste et ne pas savoir comment écrire, ça c'est un problème. Sinon - la belle affaire!

Sinon, l'écriture c'est comme beaucoup de choses, ça vient à l'usage. C'est en forgeant qu'on devient forgeron! Et ce qu'on raconte n'a au fond pas tellement d'importance, c'est le voyage qui compte, pas la destination.

Hélas, c'est la partie déplaisante de mes études. A la fin, il faut produire. Une thèse et des articles. Sauf que je suis désabusé en effet car au travers de mes études, je me suis aperçu que peu de monde lisait les articles et les thèses avec application, et qu'ils se contentaient juste de les survoler, et ceci est encore plus vrai avec les articles ardus à déchiffrer et qui présentent de vraies idées. Alors quel intérêt à s'emmerder à bien écrire si ce n'est pas exigence envers soi-même? Et je ne suis pas d'accord, la destination est tout aussi importante que le chemin.

Il y a 1 heure, pila a dit :

Mais pourquoi écrivez-vous ici ?

Je suis déçu que cette question ne soit présentée qu'au 6ième message.  

Il y a 1 heure, Crève a dit :

être lu, c'est accepter une intrusion d'une autre personne, on s'expose, dirait Catherine Dufour. écrire et être lu est le métier le plus impudique du monde, dirait Amélie Nothomb.

Oui, c'est exactement ça. L'auteur qui en plus sait qu'on va lui tirer à boulet rouge dessus, c'est juste du sadomasochisme!

Il y a 1 heure, Blaquière a dit :

Je crois que déjà il faut bien cibler !

 Poète ? Essayiste ? Journaliste ? Critique ? philosophe ?

BOF !

Romancier ?

WAOUH !

La cible, au fond, importe peu. J'ai de toute façon des problèmes pour m'exprimer dans tous les domaines. Que ça soit philosophiquement, scientifiquement ou personnellement parlant.

Il y a 1 heure, Virtuose_en_carnage a dit :

 

La cible, au fond, importe peu. J'ai de toute façon des problèmes pour m'exprimer dans tous les domaines. Que ça soit philosophiquement, scientifiquement ou personnellement parlant.

Je trouve que tu écris très bien. Tu devrais consacrer plus d'énergie à agir, et moins à te trouver de bonnes excuses pour ne rien faire.

Écrire est un plaisir qui porte en lui-même sa propre satisfaction. Après, les réactions des autres, on s'en fout un peu.

Il y a 5 heures, Crève a dit :

on peut être vide, n'avoir rien à raconter, mais avoir du style. 

Non je ne crois pas. 

Il y a 7 heures, Virtuose_en_carnage a dit :

La mesure de soi-même ne se mesure qu'au regard de la mesure du regard des autres.

Pour mieux s'en départir aussi . C'est important  

Il y a 10 heures, Virtuose_en_carnage a dit :

La cible, au fond, importe peu. J'ai de toute façon des problèmes pour m'exprimer dans tous les domaines. Que ça soit philosophiquement, scientifiquement ou personnellement parlant.

C'est pour ça que je l'ai dit ! Tant qu'à faire des efforts (qu'à investir gros) Autant le faire où ça rapporte !

Je crois  que tu n'es pas persuadé d'être exceptionnel.

Personne ne l'est, objectivement, mais on peut tout aussi bien dire tout autant objectivement et à la lettre que tout le monde l'est.

En dépit d'une humanité de plusieurs milliards d'individus, chacun de nous est une pièce unique.

Mais bizarrement, c'est surtout les sujets à la mode qui auront du succès.  Il s'agit donc (si l'on cherche le succès pour le succès) d'être le meilleur imposteur possible. Faire accroire qu'on est original tout en ne l'étant pas du tout... Là le style a son importance... Il faut jouer sur les paradoxes et l'on criera au génie !...

Bien sûr, sur le moment : dans 10 ans on n'en parlera plus.

"Trompettes de la renommées

Vous êtes bien mal embouchées !...."

Et il n'est même pas sûr que le temps fasse le juste tri...