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Tout ce qui a été posté par Criterium
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Hello Tequila, merci de ton commentaire :) Personne ne sait ce que signifie AZJAZ, je ne pense pas que ce mystère se réfère à PNL... mais tout est toujours possible, les enquêteurs n'écartent aucune hypothèse pour l'instant. Pour ma préférence allant aux préliminaires, c'est surtout l'objet d'un choix dû à ce type de plateforme — blog sur forumfr — qui ne favorise pas les longs textes; peu de monde a envie de lire quelque chose qui fait plus que quelques paragraphes. Ceci-dit, c'est vrai qu'il serait possible de découper quelque chose de long en beaucoup de parties de taille raisonnable. Et c'est également vrai que cela ne coûterait rien d'au contraire poster plus long une fois. — À suivre!
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Une forteresse de la Nature! — C'étaient les mots qui s'imprimèrent dans mon esprit dès que j'aperçus le village. Il avait fallu conduire des heures, bordé d'un côté et de l'autre par des forêts de conifères; la route traversant les collines, le paysage alternait continuellement entre vue sur l'horizon et vue sur les arbres du bas-côté - comme une danse de perspective. Le chemin me rappelait mon paysage natal de Pennsylvanie. J'étais arrivé au sommet de la dernière colline: d'ici, le regard portait loin. L'on voyait en contre-bas un village bordant un petit lac. Les maisons aux toits rouges étaient agencées de manière irrégulière, comme il arrive souvent à ces endroits riches en histoire. Vers le centre, une épine s'élevait beaucoup plus haut dans le ciel; l'église. — Tout autour de l'endroit, collines et montagnes se dressaient, et c'était cette couronne qui donnait l'impression d'une forteresse. Les habitants devaient avoir une distinction plus subtile entre "dedans" et "dehors"; car même "dehors", l'on était dans cette cour, et il fallait s'aventurer par-delà les montagnes pour véritablement sortir. Maintenant ma voiture dévalait la dernière pente et je voyais grandir les maisons au fur et à mesure de ma descente. Un instant, j'eus la sensation d'atterrir plutôt que de conduire - sans doute un effet de la fatigue du trajet ainsi que de cette perspective particulière. Rapidement j'arrivai dans le village, et me garai à proximité de la grand-place. Il faisait beau ce milieu d'après-midi, mais pourtant je n'avais pu apercevoir que peu d'habitants, à chaque fois des silhouettes élusives qui semblaient faites de la même roche que les murs des maisons. Sans doute étaient-ils tous sortis; il y avait quelques champs aux alentours, et bien que je n'y aie pu voir quiconque, peut-être y travaillaient-ils encore à cette heure. — En attendant je me promenais d'un pas lent le long des rues. Elles étaient tout en zigzag, étrangement disposées; je trouvais cela fascinant. Quelles péripéties avaient dicté ces combinaisons? La brise était maintenant de plus en plus fraîche, et, las de mes flâneries, je revins sur la grand-place, passai l'église et entrai dans la petite maison qui tenait lieu d'hôtel de ville. Le plancher en bois, récemment verni, immaculé, contrastait avec l'atmosphère ancienne du dehors. Il n'y avait personne. J'examinai alors les quelques meubles de la pièce, agencée comme une salle d'attente, avec table basse, une quantité de chaises en bois, quelques vieux magazines géographiques. — "Monsieur...?" Je me retournai, étonné: dans un coin de la pièce, un homme court et trapu se tenait, que je n'avais pas vu. Il devait venir d'une salle attenante, derrière lui la porte ouverte montrait un bureau sobre. L'esprit encore un peu ébahi, je marquais une pause, tentant de remettre un peu d'ordre dans mes pensées. Il me fixait, et ne semblait pas gêné de ce silence. Sans doute était-il habitué aux discrétions des vieux villageois; les pauses faisaient partie intégrante des conversations. Je répondis enfin: — "Je suis là pour l'affaire dont nous avions parlé au téléphone. Vous devez être M. Griboux." Un sourire franc se dessina sur son visage. Il me tendit la main, et serra la mienne d'une poigne vive, honnête. — "Nous sommes très contents que vous soyez là. Excusez; les hommes sont sortis, mais ils devraient revenir d'un instant à l'autre. Nous allons les attendre ici, car il y a quelques documents que j'aimerais vous montrer, et qui concernent les faits présents. Puis nous pourrons aller dans les bois... Dites; vous devez être fatigué de la route; voulez-vous boire quelque chose?". - J'acceptai un grand verre d'eau.
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18 octobre 2017. Depuis quelques mois, un spectre hante la ville de T** – une sourde peur, qui s'accroche et ne repart pas; et cela depuis qu'une série de meurtres a eu lieu dans différents quartiers de la ville. Suspect: inconnu. Les faits: Le matin du 25 juin 2017, un homme d'affaires est retrouvé mort dans une chambre d'hôtel. Quelques grammes de produits stupéfiants se trouvent sur place. La victime étant menottée et vêtue d'une combinaison en latex, suggère qu'il s'agisse d'un jeu sexuel ayant mal tourné. On ignore si l'homme se trouvait en compagnie d'une ou de plusieurs personnes lorsque les faits se sont déroulés. L'enquête est menée de manière discrète, et seules ces informations filtrent dans les journaux. – Toutefois, ce sont d'autres détails gardés secrets qui donnent du fil à retordre aux enquêteurs: (1) Les bandes de surveillance de l'hôtel n'indiquent aucune visite entre le moment où la victime rentre dans sa chambre, vers 22:30, et le moment où le corps est découvert par le personnel d'entretien, un peu avant midi le lendemain. (2) La majorité des cas de décès lors d'un jeu SM se font par asphyxie, le plus souvent provoquée par un étranglement à caractère érotique; cela avec ou sans partenaire. Or nulle trace de strangulation sur le corps, même si l'on retrouve bien des pétéchies sur les cornées. Dans le cas présent, la mort a été provoquée par section de l'artère axillaire – et pourtant, aucune trace de sang dans la chambre. C'est comme si le cadavre avait été transporté jusqu'ici, ce qui est impossible. (3) Sur la table basse sur laquelle a été retrouvée la cocaïne, un petit bout de papier est griffonné étrangement d'une suite de chiffres, suivie du mot "AZJAZ". 24 juillet 2017: Outrage à la mosquée de Al-A**, dans le sud de la ville de T**. Des têtes de cochon ont été déposées à l'entrée de la maison, pourtant discrète. C'est l'imam qui a fait la choquante découverte. Les journaux s'emparent de l'affaire — et comme aucune caméra de surveillance ne se trouve à proximité de l'endroit, l'on soupçonne un groupe de jeunes nationalistes. Des débats éclatent dans la presse; et soudainement l'affaire prend une autre tournure, lorsque le 26 juillet, l'on découvre au sous-sol de la bâtisse, dans un local technique, un cadavre rapidement identifié comme étant celui d'un fidèle porté disparu depuis deux jours. La cause du décès apparaît comme étant une section à l'artère fémorale, mais là encore aucune trace de sang n'a été retrouvée. De simple dégradation à caractère islamophobe, l'on passe désormais à une affaire de meurtre. — Pour un pan de la presse conservatrice, il s'agirait d'un règlement de compte sans doute lié aux nombreuses affaires de stupéfiants agitant les quartiers sud de la ville depuis une dizaine d'années. — De leur côté, certains fidèles, ayant vu le corps, murmurent qu'il s'agit de l'œuvre maléfique d'un jnoun, et s'empressent alors d'accomplir de nombreuses roqya. — Les enquêteurs, eux, sont particulièrement confus. Leur seul indice: à côté du numéro de série de la chaudière du local, sont clairement dessinés au marqueur une suite de quelques chiffres, puis les lettres "AZJAZ". Ce détail n'est pas rendu public. Lundi 24 août 2017, dans un beau quartier résidentiel de l'est de la ville, des riverains entendent tard dans la nuit des hurlements effrayants. Pensant qu'il s'agissait de quelques fêtards alcoolisés venant du centre-ville proche, excédés, les habitants appellent la police. Chacun regarde par la fenêtre, discrètement derrière les rideaux, ou grande ouverte, pour déterminer d'où viennent ces cris qui reprennent de temps en temps; mais personne ne voit de promeneurs. Une fois sur place, les agents de la force publique sont confus; chaque voisin interrogé leur indique une direction différente, d'autres n'ont rien entendu, et personne ne se trouve dans les rues à cette heure. Malgré l'insistance des riverains pour les faire rester plus longtemps, au cas où le vacarme reprenne, les policiers doivent rapidement se rendre à l'évidence: il n'y a aucun élément. Quelqu'un mentionne un phénomène s'étant produit de temps en temps dans d'autres villes, où des sons étranges se firent entendre en pleine nuit, parfois plusieurs jours d'affilée. – Ils repartent. Et alors que leur véhicule passe par une avenue fêtarde du centre-ville pour retourner au poste, ils aperçoivent quelque chose d'étrange: un attroupement de jeunes gens ayant l'air particulièrement nerveux — quelque chose d'électrique reste dans l'air. Ils s'arrêtent. Impossible d'entendre un témoignage cohérent; certains auraient vu une sorte de brouillard noir, d'autres des OVNIs; chacun est confus, et tout ce qui en ressort c'est que quelque chose est passé et semble les avoir surexcité. – Petit à petit, l'effet se disperse. Une fois au poste, ils découvrent un message étrange laissé sur un répondeur: une voix électronique épelle quelques lettres sans sens, une douzaine; ...et finit par cinq lettres bien connues.
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S U C R E PUR L U C R E
Criterium a commenté un(e) billet du blog de Circeenne dans Dans l'embrasure du trumeau,
Ocre. -
Le réveil sonne. L'homme se jette hors de son lit, happé par l'alarme: l'habitude d'une discipline de fer. Cette chambre ressemble plutôt à une cellule; dans la station, toutes ne possèdent qu'un petit lit - un banc avec couvertures serait plus juste - et un bureau rudimentaire. Les murs sont en acier, et les rivets sont apparents. Il sort. Le long des corridors, la tuyauterie suit le plan de la base. À intervalles réguliers des régulateurs électriques marmonnent, formant un bruit de fond monotone; sans cela, le silence serait profond, total. L'homme s'est déjà habitué à entendre distinctement les battements de son cœur et le flux de son sang dans les vaisseaux derrière ses oreilles; régulièrement il se parle à lui-même, s'encourageant quant aux actions à mener. — L'hiver est long! En tant que seul personnel de garde, chaque jour il doit vérifier le bon fonctionnement des systèmes de la station. Cela permet d'éviter le moindre problème, les conditions climatiques menaçant constamment de geler et d'endommager irréversiblement plomberie et électronique. Ainsi, une routine diligente et une quantité de check-list structurent le quotidien. Chaque jour il faut également faire le tour de la base; pour cela, plus d'une demi-heure est requise pour enfiler combinaison, mitaines, lunettes de protection... dans le sas, la température chute et fait déjà frissonner — dès le premier pas dehors, le froid brûle et semble pénétrer par tous les minuscules interstices des vêtements; chaque expir forme un épais petit nuage, une fumée tangible. C'est comme un second réveil d'abord, puis, dès la moitié du chemin, déjà un étourdissement dangereux. Alors il presse le pas et espère que les structures extérieures sont R.A.S. — Une demi-heure plus tard, il sera à nouveau à l'intérieur, les mains violettes, les sourcils dégivrant lentement, devant une immense coupe de café très chaud. Malgré cela - l'hiver est long, et il reste de longues heures à occuper; l'homme alors reste penché sur d'épais livres d'échecs, analysant des positions complexes et étudiant les jeux de grand-maîtres sur un bel échiquier en bois. Ou alors, il se parle à lui-même, et imagine comme un acteur de fortune exprimer ainsi telle ou telle partie de sa personnalité dans des scénarios imaginaires. De temps en temps, il lui semble presque que l'un de ces personnages prenne corps, et se trouve bien en face de lui lorsqu'il lui donne la réplique. Récemment quelque chose d'autre est venu; est-ce l'une de ces illusions qui a germé, ou est-ce une Présence ayant voyagé jusqu'ici par-delà les plaines glacées? — C'est souvent tard le soir — la Nuit est déjà tombée depuis des mois — comme une forme sombre, une fumée noire entre-aperçue du coin de l'œil, là où aucune image ne se fixe. Sans doute n'est-ce que l'effet du gel sur son cerveau provoquant quelques hallucinations, mais il s'est habitué à cette étrange invitée, cette Entité noire l'observant dans le silence le plus total lorsqu'il s'endort...
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Une chambre, grande, où partout dans l'air flotte une odeur de poussière. Le peu de lumière qui traverse les vitres sales des fenêtres donne à la pièce une allure spectrale. L'on devine les contours de quelques meubles sous de grands draps blancs; au sol, des tapis d'un teint gris. Et çà et là, quelques piles de livres et de vieux papiers. — Est-ce donc là la chambre secrète de la maison? Il avait fallu sonder, un par un, tous les murs du rez-de-chaussée et de l'étage; donner de petits coups secs sur chaque brique de la cave; fouiller sous la poussière à la recherche d'ouvertures scellées ou de mécanismes improbables. Il avait fallu scruter, du haut d'une échelle, les éventuelles irrégularités de la couche de peinture du plafond - qui trahiraient une trappe. Pourtant, cela n'avait rien donné. Pouvait-on au moins deviner la location probable d'une pièce cachée en ré-examinant les plans de la construction? - De longues heures penchées sur un plan, revérifié dans ses proportions avec divers mètres, n'avaient pas donné beaucoup d'indications: il n'y avait pas assez d'espace non accompté qui justifiât un soupçon. - À moins évidemment que la pièce ne se trouve en-dehors du périmètre de la maison, dans un souterrain attenant à la cave; mais les recherches avaient été infructueuses de ce côté-là. Il n'avait pas été possible, non plus, en cherchant dans l'histoire de la bâtisse et des constructions voisines, de trouver des informations historiques intéressantes susceptibles de laisser transparaître un indice. — Comment donc encore croire en cette thèse folle, qu'il se cacherait une chambre secrète dans la maison? — — C'était lors d'un après-midi ensoleillé; tombant de sommeil après quelques travaux d'aménagement, je m'allongeai sur le sofa et m'endormis aussitôt, mais peu profondément. De temps en temps je revenais à la veille et regardais les arbres au-dehors, sans bouger. Puis je réalisai que je ne pouvais pas bouger; impossible d'imprimer à mon corps le moindre mouvement - ma volonté était comme inopérante, coupée du corps. Ma conscience observait, appréhensive. Le bruit des feuilles des arbres me parvenait très distinctement - il n'y avait pas de vent. Et alors, une voix, qui venait de derrière mon épaule gauche, me parlai et me révélai l'existence de la chambre. — Un instant plus tard, je réalisai que la voix s'était tue depuis de longues minutes; et, esquissant un mouvement, que la paralysie s'était dissipée. L'expérience avait été si réelle, si étrange, qu'il m'était dès lors impossible de renoncer à l'idée qu'effectivement il s'était agi d'une révélation plutôt que d'un rêve. Et pourtant, chaque jour de recherches vaines m'avait indiqué que sans doute, malgré tout, il n'avait dû s'agir que de cela. Était-ce cela, le début de la folie? Une psychose? Je n'osais pas demander l'avis de quelques amis proches - y compris ceux-là qui avaient des dispositions à préférer les explications irrationnelles aux phénomènes paradoxaux. C'était à la fois une certaine appréhension de leur jugement - mais aussi quelque sensation indéfinissable que le partage de ce secret le neutraliserait d'une certaine manière, et rendrait l'entrée introuvable. Quant à mon amie médecin, lui en parler était une perspective terrifiante. Alors je restais là, avec mon rêve, comme un objet précieux que l'on cache aux regards. - C'était le rêve qui m'avait fourni la clef pour résoudre cette énigme. En rentrant d'une nuit de fête, le sang alcoolisé plus que de coutume, j'avais titubé jusqu'au lit, envoyé tous mes habits en l'air dans la pièce pour immédiatement m'effondrer sur les draps dans une position improbable. Des rêves qui vinrent dans cet état, je ne me souvins surtout que de roues de couleurs qui tournaient, tournaient dans plusieurs directions à la fois; et d'épisodes de micro-sommeils qui perturbaient ma nuit. Je me réveillai au beau milieu de la nuit avec la nausée; il me fallait me traîner jusqu'à la salle de bain... je me levai et tentai d'effectuer le moins de mouvements possibles pour ne pas brusquer mon corps. En sortant de la chambre, l'esprit brumeux, et en arrivant en face de la porte de la salle de bain, je pris soudain conscience d'une étrangeté inexplicable. Le corridor n'était-il pas un peu plus grand que d'habitude? Et qu'était-ce que cette porte à côté de la porte de la salle de bain? Je savais bien qu'il ne devait s'y trouver ici qu'une seule! - Le choc de cette réalisation me brouillait l'esprit et — je me réveillai au beau milieu de la nuit avec la nausée; dans le lit avec les draps défaits. Alors j'avais secrètement depuis ce jour entraîné mon corps et mon esprit à des exercices qui en permettait la dissociation; car désormais je savais. — Je savais que la chambre secrète n'était accessible que par une sortie du corps, belle et bien dans la maison, mais sur un autre plan... Et après de longs mois d'efforts qui à nouveau me frayèrent à la folie, je découvrais maintenant l'intérieur de la pièce...
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E V E R Y N I G H T
Criterium a commenté un(e) billet du blog de Circeenne dans Dans l'embrasure du trumeau,
Un cauchemar qui colle à l'esprit comme une tumeur au cerveau. C'est à nous donner le vertige, depuis l'hauteur de ces maux. -
C'est là notre lot tragique... triste comme si l'on devait discuter avec l'homme qui était en train de couper le dernier arbre de l'Île de Pâques: que lui disait-on? Que devrions-nous lui dire?
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Il marche dans la nuit, l'air égaré, le pied hésitant; passant parfois d'un trottoir à l'autre. La journée, le soir, ces avenues seraient bruyantes et peuplées — à cette heure-ci cependant, personne; et le silence. Seuls ses pas résonnaient contre les façades, comme ils le font dans un grand appartement encore vide. Hébété, un voile médicamenteux sur les yeux, il va et vient, s'arrêtant parfois, repartant de sa démarche triste après un instant. Ce n'était pas le pas mal assuré d'un homme ivre; c'était celui d'un trouble plus profond, de la sorte dont la vue met mal à l'aise - sans que l'on puisse définir précisément ce qui cause cette étrange intensité. Je ne sais pas de qui il s'agit. — Je le suis en silence, à pas de chatte. Seules ses foulées donnent un écho, la mélopée de cette solitude. Il ne sait pas que je suis là, le regardant descendre la longue avenue. Les lumières blafardes et diffuses de la ville donnent à toute la scène une aura vaporeuse, irréelle; est-ce finalement l'un de ces rêves lucides qui se poursuit, est-il un personnage onirique? Mais non: c'est juste une longue nuit brumeuse de printemps. Et un bout de papier est tombé de sa poche, et quelques minutes plus tard je tiens l'objet bien réel entre mes mains. Pendant ce temps-là, l'étrange désespéré s'éloigne à pas irréguliers. Ce n'est qu'une note, peut-être un poème; ou une habile stéganographie? "À l'aube liliale le dictame remainait sa pénance adonques nos mots perdus et abyssaux se sont dérobés où donc pénétrer sapience et courage brutal?? Où iceux réflètent la charrue vermoulue de l'alkahest perdu jadis où donc messied la séance d'alors?? Celée la direction sibylline, close la vision alésée et contrite la chambre infixée. Où DONC?" Incompréhensible; si c'étaient donc là les mots obscurs qui reflétaient ses pensées autant que ses déplacements erratiques, sans doute était-il fou. — Pourtant ce "où" si présent çà et là, et le fait que petit à petit il suivait une direction bien déterminée, témoignait qu'il y avait un sens à cette folie. - Vers quel lieu celle-là le mènerait-il, je ne le saurais jamais: le temps s'était comme écoulé d'une autre manière dès lors que je m'étais penchée vers l'objet; et sa lecture si étrange, sans soupir, m'avait embrouillé l'esprit. Était-ce vers la petite rue adjacente, était-ce au bout de l'avenue, était-ce dans l'une des portes cochères ou était-ce dans les labyrinthiques traboules? Vers où allait le fou?
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Midi. — Je presse le pas. Les avenues sont peuplées, le temps agréable d'un printemps qui revient; le brouhaha indistinct venant de la place, vers laquelle je me dirige, n'étouffe pas les pépiements des oiseaux. Ses façades sont si distinctes du reste de la ville que l'on a l'impression d'être ailleurs une fois parvenu ici - c'est presque comme le centre d'un village. Aux terrasses discutent quelques flâneurs; un minuscule marché propose une variété de fruits et légumes le long de quelques étals; l'on perçoit sans entendre d'autres silhouettes à l'intérieur des deux brasseries de la place. Je me dirige vers la première — "La Médiévale". La lumière est moins intense à l'intérieur, mais ce sont surtout les odeurs épicées qui, dès le seuil pénétré, contribuent le plus à changer la scène. C'est une variété de thés, de cannelle, de camomille, qui colorent les fragrances de l'endroit et adhèrent aux boiseries. Je m'arrête et ralentis ma respiration pour me remémorer ce que je suis venu faire ici. La serveuse me sourit. Au fond de la salle, je reconnais parmi un petit groupe de personnes la forme imposante de mon ami Erwain, le druide. Il est grand et massif; sa barbe brune descend jusqu'à la poitrine, et ses cheveux presque autant. Il porte une chemise lacée — tout en lui fait penser à un druide des temps modernes; et je savais qu'il ne s'agissait pas seulement d'une apparence, car dans différentes poches étaient arrangées selon un ordre occulte quelques pierres et cabochons: ambre, malachite, pierre de lune et œil de tigre. Alors que je l'observais ainsi un bref instant, en aimant le voir interagir avec les autres, car il restait tellement entier et fidèle à lui-même, il remarqua ma présence et fit une pause, m'invitant à les rejoindre. Il m'appelait par un nom secret, qu'il m'avait donné précédemment: "Flavia". Quel étrange groupe de personnes autour de cette table! Après quelques salutations et quelques bises, leur conversation avait repris, fluide. Ils parlaient de magie. Je gardais à la fois le silence et un visage expressif. Mes mains étaient pressées autour d'une tasse de thé; la sensation était agréable, chaude. En quelques minutes j'avais pu apprendre un peu de chaque personne du groupe: — Eléna. C'était une étudiante, portant des couleurs chaudes, qui, malgré une timidité décelable, posait beaucoup de questions et semblait animée à la fois par une extraordinaire naïveté et par une énergie étonnante. Elle était le principal élément alimentateur de la conversation. — Saikat, "Sai". Sa veste semblait chère et ses manières étaient calculées; il prenait des notes de temps en temps, et parlait peu, abordant avec choix les sujets d'une façon particulière: il commençait une phrase, y citait quelques mots évocateurs puis ne la terminait pas - mais arrivait ainsi à changer la direction d'une conversation. Je n'arrivais pas à savoir s'il voulait arriver ainsi à un sujet en particulier, ou s'il s'agissait d'une sorte de test, remarquant qui comprenait le sens de certains mots qu'il usait et qu'il fallait connaître (alkahest, kabbale...). — Aliénor. C'était une guérisseuse, clairement expérimentée, et pourtant jeune. Sa stature était grande et fine, ses mots étaient doux et posés. Souvent silencieuse, mais toujours écoutée; elle dégageait un respect naturel et à la fois quelque chose de très tendre. Instantanément je l'aimais beaucoup. Le terme "une âme ancienne" me venait spontanément à l'esprit. — X. Il n'avait que murmuré son prénom, je ne l'ai pas compris. Lui aussi était dur à lire — plutôt parce qu'il semblait double: parfois ses mots ne faisaient pas sens et il paraissait autiste et égaré, parfois au contraire il devenait brillant et exposait alors à la fois érudition et poésie. Autant cette seconde facette, toute pourpre, me fascinait, autant la première facette était comme morte, et inspirait alors pitié plutôt qu'admiration - comme un étang mort. — Gwenaëlle. Elle était belle et coquette, il apparaissait facilement que chaque aspect de son apparence avait été le fait d'un choix. Manifestement c'était un esprit créatif; elle nous montrait des bijoux ésotériques qu'elle avait elle-même confectionnés, un jeu de Tarot; - et à un certain moment, toute une ligne de vêtements d'inspiration médiévale et néo-païenne dont elle avait des centaines de photos sur son téléphone. C'était avec Elena la personne qui alimentait le plus le flux de la conversation; leurs voix étaient agréables, le thé était délicieux, je savourais donc l'instant tout en gardant mon silence communicatif. De temps en temps Erwain me parlait du regard et je me rappelais alors d'autres instants, d'autres envies; d'autres moments de la journée posés sous d'autres signes. J'avais l'impression que la conversation se déroulait en même temps à trois niveaux: Il y avait d'abord le niveau superficiel qui correspondait aux mots échangés par tous et aux émotions qu'ils appelaient. Eléna et Gwenaëlle en tissaient la trame maîtresse, et chacun y participait. Nous parlions de magie et d'ésotérisme. Il y avait ensuite le niveau profond, celui auquel, par des mots choisis et des références pas toujours explicites, un vocabulaire construit, certains échangeaient ainsi des points de repères sur leur recherche - ainsi que les voyageurs d'antan, en de nombreux lieux et époques, communiquaient par signes secrets. Ici aussi, nous avions des mages en quête - et ainsi, par leurs propres signes et leurs propres codes, échangeaient Saikat, Aliénor et Erwain, avec de brèves et étranges interventions d'X. Il y avait finalement le niveau secret, celui dans lequel moi et Erwain parfois flottions, au-delà de la conversation; comme s'imaginant âmes momentanément sorties de nos corps — comme des vaisseaux empruntés —, nous nous reconnaissions en-dehors, et analysions ce qui se disait et ce qui se laissait sous-entendre tout en étant nous-mêmes des participants à cette étrange assemblée. Tout cela se passait dans un regard.
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Une lumière dans la nuit!
Criterium a commenté un(e) billet du blog de querida13 dans querida13 Blog
Tu racontes de manière agréable, j'ai aimé te lire. Et la première phrase me reste à l'esprit, tant résonne cette image - "Des gens ont transité par wagons dans ma vie". -
Bonjour les chevelus. Pour ma part, ce sera surtout du black metal avec beaucoup de bruit. Découverte d'aujourd'hui: Nécropole.
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:) Ces secrets du Midi Se révèlent à Minuit; Brouhaha sur la place, Se remplissent les terrasses. Les amis se rencontrent, les amants se remontent, Tantôt à gorge déployée, Tantôt en chuchotements égarés. Espantés et repus, Raï, Elle aura le dessus: — La Nuit.
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heureusement qu'Israel existe pour les occuper
Criterium a répondu à un(e) sujet de christine974 dans International
De rien, je n'aime pas les insultes non plus et l'on peut parfaitement discuter sans cela. :) 1) Je ne nie pas que certains veulent l'annexion pure et simple de Gaza et de la Cisjordanie/Judée-Samarie. Ce n'est toutefois pas le Grand Israël de la pièce que tu montrais à côté de l'article, c'est donc un sujet différent — Mais : en l'occurrence, lorsque l'on déclare une guerre et que l'on la perd, comme en 1967, l'on assume les responsabilités de cette perte, comme la perte de territoire historique ou stratégique (des villages juifs existaient avant 1945 sur ces territoires, et d'autre part ces territoires ont été utilisés pour attaquer Israël par des forces armées ennemis, par exemple des roquettes tirées du Golan). Une lecture intéressante (anglais) 2) Certains pays arabes ont de gros problèmes intérieurs. Or un sport régulièrement mis en avant et sur lequel s'accordent à la fois des paysans illettrés et des hommes politiques, est d'invoquer comme cause des échecs une multitude de conspirations. Le méchant récurrent de ces conspirations, qui manipule dans l'ombre, c'est le juif; de nos jours, on dit le sioniste car on invoque a posteriori une justification de cette accusation de part Israël (ce qu'il dit, ce qu'il fait, ce qu'il pense) — mais le méchant reste le juif car bien avant qu'Israël ne revive, ces conspirations se chuchotaient déjà, comme par exemple avec l'affaire de Damas en 1840. Cela donne un terreau fertile pour l'idéologique de groupes terroristes, anti-sémites et racistes — ces forces-là, motivées par la haine, ne construisent pas mais détruisent. Le premier ennemi cité par ceux-ci sont souvent les muslims "alliés secrètement aux sionistes". Le fait qu'effectivement certains de ces mêmes pays arabes aient des accords économiques discrets avec Israël (justement parce que ce dernier est une grande force économique et technologique, indépendamment des fonds étrangers) contribue encore à ce terreau, et l'on aboutit au final à des guerres civiles: c'est ce qui arrive lorsque l'on tente de rassembler non pas par un projet constructif commun (comme pourrait l'être un islam mutazili et pratique) mais par la haine de l'ennemi juif. Tu diras peut-être "donc au final, ce travail de sape profite à Israël!" — et la boucle sera bouclée. Ce n'est pas parce que tu te tires une balle dans le pied, en accusant le juif de l'avoir fait, et qu'effectivement cela permet au juif d'être engagé dans un job pour lequel il faut avoir deux pieds valides, que tu n'es pas responsable de cette balle tirée par toi-même (en fermant les yeux pour laisser la possibilité que le juif l'aie quand même fait). -
heureusement qu'Israel existe pour les occuper
Criterium a répondu à un(e) sujet de christine974 dans International
Tout d'abord, un Grand NomDePays est un terme polysémique (polysémite?) ou plutôt vague, car il peut référer à la force du pays (force sociale, force militaire, etc) — ou alors à une version physiquement élargie de celui-ci. Pour s'en apercevoir il suffit de l'imaginer avec un autre nom de pays, et l'on aboutit à des slogans pouvant aussi bien aller à un parti politique de gauche que de droite, expansionniste ou souverainiste: "Tous ensemble pour la Grande France" — "Le rôle décisif de la Grande Madagascar dans l'Histoire" — "Le Grand Canada de ses origines à nos jours", etc. — Il s'agit donc de trouver non pas des personnes parlant d'un Grand Israël - ce petit pays étant déjà plus Grand que beaucoup d'autres - mais des personnes parlant d'un Grand Israël au sens où l'entend contrexemple? (Avec preuves à l'appui) Objectivement, les artisans d'une éventuelle conquête des pays avoisinants sont les conspirationnistes comme toi; car ce travail de sape n'a que des influences néfastes sur ces pays, tout en fournissant un terreau propice aux fauteurs de troubles et terrorismes divers. Or ces choses-là détruisent à feu doux un pays de l'intérieur. D'une certaine manière, tu es plus responsable de la guerre civile syrienne qu'Israël - quel ironie, tout cette fitna. -
heureusement qu'Israel existe pour les occuper
Criterium a répondu à un(e) sujet de christine974 dans International
Vous tentez donc d'éviter la honte en ne parlant plus de la pièce mais plutôt avec deux articles se contentant pour l'un de dire que ce monsieur est de droite et pour l'autre que ce monsieur est favorable aux colonies en Cisjordanie/Judée-Samarie — ce qui d'une part n'a rien à voir avec la pièce de monnaie — et d'autre part c'est quand même un autre "Grand Israël" donc il est question que celui que vous vouliez malhonnêtement attribuer à la pièce de monnaie, ou ailleurs situer entre le Nil et l'Euphrate. — Avec en cerise sur la gâteau une reductio ad absurdum en sous-entendant que mon post accuse le JDD de conspiration. Voilà donc un parfait exemple de tentative de manipulation de votre part. Hchouma... -
heureusement qu'Israel existe pour les occuper
Criterium a répondu à un(e) sujet de christine974 dans International
Pour répondre au sujet de cette pièce de monnaie que l'on voit repostée sans cesse, il ne s'agit pas des frontières du Grand Israël mais de la forme reproduite de la pièce antique portant les symboles reproduits également sur celle-ci. La preuve ici (Google Books) avec quelques explications supplémentaires. Ce mensonge éhonté était l'un des tours favoris de prestidigitation de Yasser Arafat, qui portait sur lui ce type de pièce afin d'expliquer à qui voulait l'entendre le plan machiavélique des juifs pour voler le Moyen-Orient, etc. — En fait il s'agit du contour d'un morceau de métal d'il y a 2050 ans, qui d'ailleurs montre bien qu'il y a eu des juifs là-bas jadis. Toute ressemblance avec des frontières réelles ou imaginées relève de la paréidolie. Mais tous les prétextes sont bons pour critiquer Israël, surtout les pires manipulations et tours de passe-passe. Si vous voulez acquérir cette monnaie, vous trouverez deux versions, la pas chère de 10 agorot et la chère de 100 shkalims par exemple là-bas. -
Beaucoup de sang dans une vie de vampire.
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Magique :)
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l'arabe est devenue la seconde langue parlée en Suède
Criterium a répondu à un(e) sujet de christine974 dans International
Salam hanss, je proposerais plutôt la fusha car elle permet un accès plus facile aux textes fondamentaux. -
Bonsoir Padawan, Plutôt que de débattre de si tu as tort ou pas, mon post va se limiter à te proposer des pistes et de la technique. — À chacun de prendre ou jeter! :) La libido — et d'une manière générale les désirs — ne viennent pas tout seuls, ils sont l'expression d'un terrain, le moment où l'on met un mot sur une suite difficilement verbalisable d'émotions et de circonstances. Lorsque ce terrain revient, il fait surgir à nouveau les mêmes désirs. Refouler ce désir équivaut à se boucher les oreilles, et n'aide en rien justement parce qu'il ne s'agit que d'ignorer un symptôme. Anéantir ce désir n'est que la conséquence d'un remaniement particulier de ce terrain. La première étape, c'est de comprendre ta libido en profondeur. Par là je n'entends pas seulement ce que tu ressens, mais le chemin largement inconscient qui t'y mène petit à petit. Cela se démarque de la méditation au sens où là il ne s'agit pas de faire le vide mais d'aiguiser tes perceptions et de te forcer à mettre des mots (ou tout du moins des idées et des symboles) sur tes processus subconscients. - Cela te demandera - plutôt que des résolutions peu tenables et peu tenues - une forte auto-observation. Tu peux t'aider d'un journal dans lequel tu écris le plus précisément possible pensées, émotions, et faits objectifs en rapport avec ton état mental, ce désir et ses émotions et sentiments apparentés. Relire un tel journal avec du recul peut te faire soudainement découvrir des motifs récurrents. Ceux-là te permettront de comprendre le terrain d'une manière plus concrète. Il existe d'autres techniques; tu récolteras à la mesure de la finesse d'observation que tu y sèmeras. La seconde étape, une fois identifiées les énergies qui donnent de l'influx à ta libido, est d'agir sur elles. Tu ne peux nier une énergie; en revanche, tu peux la re-diriger. J'insiste sur le fait que tu ne la tais pas - en revanche, tu peux manipuler tes émotions et ton inconscient (lui seul étant capable de ce travail) afin de l'investir différemment. Certaines soifs s'étanchent de multiples manières. Plus tu as compris le terrain, plus tu peux savoir comment le manier. Le mot "manipuler" n'est pas choisi au hasard: il s'agit effectivement d'infléchir ton subconscient comme tu te jouerais de quelqu'un d'autre que tu voudrais convaincre. Que tu le fasses par persuasion ou par tromperie importe peu ici. En langage plus terre-à-terre: je ne te dis pas "dès que tu veux baiser, fais plutôt un peu de peinture" mais plutôt "dès que tu ressens x, y et z, qui sont les prémices à ressentir l'envie de baiser à court ou moyen-terme, détourne l'un des facteurs. x pourrait effectivement être résolu par une action - de la peinture - mais y et z plutôt par une émotion ou un exercice mental concret qui rembobine ton esprit". Plutôt que de t'empêcher de progresser sur ta voie bouddhiste, cette libido te donne une clef de compréhension qui justement te permet d'aller plus loin sur celle-ci... Il y a des textes sacrés classiques qui abordent précisément différents exercices de méditation adaptés aux diverses personnalités, dont les dispositions sensuelles. En d'autres termes, ce n'est pas un obstacle, c'est un grand panneau indicateur. — Je ne te donne qu'un mot-clé, et à toi de creuser: patikkulamanasikara (dont les dix asubha).
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heureusement qu'Israel existe pour les occuper
Criterium a répondu à un(e) sujet de christine974 dans International
Bienvenue dans la nouvelle France cher Marin. :) Bientôt ce sera pire. -
Tu n'as pas du lire mon post avec les deux yeux :)