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Peut-on faire la généalogie de la science ?


Invité Quasi-Modo

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Bonjour à vous, philosophes en herbe ;)

Je remarque à quel points il est courant dans des discussions quotidiennes de rembarrer voir d'ignorer les propos d'une personne sous prétexte qu'on pourrait exhiber les causes personnelles affectives profondes qui sont à l'origine de sa pensée. Par exemple quelqu'un qui dirait que la chanson de Bilal Hassani ("Roi") serait nulle verrait aussitôt sa critique ignorée du seul fait qu'on s'aperçoive (ou qu'on pense s'apercevoir) qu'il est homophobe et tiendrait donc ce discours pour cette seule raison uniquement. Idem si une personne est considérée comme jalouse et exprime son regret des injustices sociales. Selon des penseurs tels que Nietzsche, ce type de réduction est général et porte à l'annulation de la valeur de vérité de la pensée dont on exhibe les causes affectives profondes.

Ma question est simple : jusqu'où peut-on étendre cette logique généalogique, et peut-on l'étendre aux découvertes scientifiques qui, fortes de leur rationalité ont en plus des applications concrètes. Qu'une découverte scientifique aux conséquences prometteuses ait pour origine un état d'esprit psychologique affectif inavouable dont elle serait la conséquence est une chose, mais on ne peut décemment ignorer que les sciences sont efficaces et fonctionnent. Mieux, parfois diraient-elles la vérité sur notre monde ! Donc à moins de supposer que faire la généalogie d'une pensée n'annule pas sa valeur par rapport à la vérité, je trouve ce dilemme insoluble. La question est donc de savoir si la démarche généalogique est pertinente pour celui qui veut déconstruire l'idée de vérité ?

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Membre, 42ans Posté(e)
InstantEternité Membre 1 134 messages
Baby Forumeur‚ 42ans‚
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Une pensée est différente d'une découverte scientifique. Puisque la première est de l'ordre théorique alors que la deuxième est de l'ordre pratique. Je pense qu'on peut bien sûr faire la généalogie de toute pensée comme par exemple la généalogie de la morale (Nietzsche). Alors qu'à mon avis cela n'a pas de sens de vouloir la faire à propos d'une découverte scientifique.

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Invité Quasi-Modo
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Il existe un domaine dit de la "sociologie des sciences" qui m'est inconnu mais qui semble vouloir étudier les rapports de la psychologie ou de la sociologie avec les découvertes scientifiques en mettant en exergue les conditions économiques, sociales, psychologiques des découvertes scientifiques majeures. C'est plutôt troublant car cela porte à reconsidérer notre concept de vérité, voir à le rendre caduc ou faire paradoxalement de la sociologie/psychologie le paradigme explicatif de tout le reste (sociologisme/psychologisme).

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Membre, Talon 1, 78ans Posté(e)
Talon 1 Membre 22 880 messages
78ans‚ Talon 1,
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L'Humanité a connu l'ère de la "Pensée Magique." Ayant acquis "la conscience de soi", les humains ont attribué des causes aux phénomènes qu'ils observaient. Chaque chose était dirigée par un génie, de l'arbre au fleuve en passant par l'orage. La science s'est développée en parallèle, ayant le même dessein. Comment ?

"Vivre, c'est acquérir, à partir de l'environnement, non seulement de l'énergie, mais aussi de l'information."

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moch niap Membre 236 messages
Baby Forumeur‚
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vivre, c'est se retrouver là, propulsé par les contractions d'un corps vivant, au milieu de l'univers et cela jusqu'à la mort. Est-ce que cela nécessite de l'énergie et de l'information ? sans doute, mais cela ne rend pas la chose ni plus claire ni plus évidente même si l'information va m'aider à trouver un peu de bien être, il y a des moments où le bien être est volatilisé par l'angoisse, non ?

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Invité Quasi-Modo
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Il y a 18 heures, InstantEternité a dit :

Une pensée est différente d'une découverte scientifique. Puisque la première est de l'ordre théorique alors que la deuxième est de l'ordre pratique. Je pense qu'on peut bien sûr faire la généalogie de toute pensée comme par exemple la généalogie de la morale (Nietzsche). Alors qu'à mon avis cela n'a pas de sens de vouloir la faire à propos d'une découverte scientifique.

Finalement, ton propos aussi soulève des questions : par quel tour de passe-passe la pensée scientifique échapperait-elle à la critique du généalogiste si notre élan vers la vérité n'est jamais tout à fait sincère et que les émotions sont toujours au début de nos pensées ? Comment bien conduire sa pensée pour échapper au fameux marteau nietzschéen ? Peut-on établir des critères, des méthodes, permettant de juger objectivement et qu'est ce qui dans ces méthodes rend le jugement plus sûr ?

Il semble que Nietzsche dans le Gai Savoir n'était pas très enjoué quant aux succès des sciences.

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Membre, 42ans Posté(e)
InstantEternité Membre 1 134 messages
Baby Forumeur‚ 42ans‚
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il y a une heure, Quasi-Modo a dit :

Finalement, ton propos aussi soulève des questions : par quel tour de passe-passe la pensée scientifique échapperait-elle à la critique du généalogiste si notre élan vers la vérité n'est jamais tout à fait sincère et que les émotions sont toujours au début de nos pensées ? Comment bien conduire sa pensée pour échapper au fameux marteau nietzschéen ? Peut-on établir des critères, des méthodes, permettant de juger objectivement et qu'est ce qui dans ces méthodes rend le jugement plus sûr ?

Il semble que Nietzsche dans le Gai Savoir n'était pas très enjoué quant aux succès des sciences.

"Ce qui doit d'abord être démontré n'a que peu de valeur" (Nietzsche). Cela donne une idée de ce qu'il pensait à propos des sciences.

Maintenant, je pose votre questionnement dans l'autre sens :

pourquoi vouloir à tout prix faire des sciences "objectivement" (en tous cas en ce qui concerne les théories scientifiques) ? Au lieu de vouloir rapprocher la philosophie des sciences, rapprochons la science vers la philosophie ! Faisons de la science comme on fait de la philosophie. Je pense que là il y a quelque chose à creuser, par exemple j'avais créé un topic concernant la notion de la "Synchronicité" en psychologie analytique, c'est ce que certains appellent des pseudo-sciences mais qui touchent effectivement aux émotions.

La science objective et émotionnelle, d'après moi il y a là une alternative au "ralentissement" scientifique que nous subissons aujourd'hui :) 

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Le ‎05‎/‎02‎/‎2019 à 03:11, Quasi-Modo a dit :

Ma question est simple : jusqu'où peut-on étendre cette logique généalogique, et peut-on l'étendre aux découvertes scientifiques qui, fortes de leur rationalité ont en plus des applications concrètes. Qu'une découverte scientifique aux conséquences prometteuses ait pour origine un état d'esprit psychologique affectif inavouable dont elle serait la conséquence est une chose, mais on ne peut décemment ignorer que les sciences sont efficaces et fonctionnent. Mieux, parfois diraient-elles la vérité sur notre monde ! Donc à moins de supposer que faire la généalogie d'une pensée n'annule pas sa valeur par rapport à la vérité, je trouve ce dilemme insoluble. La question est donc de savoir si la démarche généalogique est pertinente pour celui qui veut déconstruire l'idée de vérité ?

On peut généalogiser la science non pour remettre en question l'efficacité des découvertes scientifiques, mais pour recadrer la place de la pensée scientifique dans l'écosystème général de l'esprit.

L'un des grands problèmes de la modernité, c'est que l'homme y tente de fonder sa vie sur la raison, et notamment sur la science. La vie y est conçue comme une immense mécanique dont il suffit d'astiquer les rouages. Avec pour résultat que la civilisation y gagne en efficacité, mais y perd en substance. Car la raison - y compris la raison scientifique - n'est jamais qu'instrumentale. Elle ne nous donne pas de finitude, de sens, de direction. Elle ne nous fait que gagner du temps sans le remplir.

C'est une perspective que j'ai souvent amenée sur ce forum à l'encontre de ceux qui se plaisent à scientifiser les problèmes philosophiques.

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Boutetractyxreqs Membre 5 959 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Le 05/02/2019 à 09:11, Quasi-Modo a dit :

Bonjour à vous, philosophes en herbe ;)

Je remarque à quel points il est courant dans des discussions quotidiennes de rembarrer voir d'ignorer les propos d'une personne sous prétexte qu'on pourrait exhiber les causes personnelles affectives profondes qui sont à l'origine de sa pensée. Par exemple quelqu'un qui dirait que la chanson de Bilal Hassani ("Roi") serait nulle verrait aussitôt sa critique ignorée du seul fait qu'on s'aperçoive (ou qu'on pense s'apercevoir) qu'il est homophobe et tiendrait donc ce discours pour cette seule raison uniquement. Idem si une personne est considérée comme jalouse et exprime son regret des injustices sociales. Selon des penseurs tels que Nietzsche, ce type de réduction est général et porte à l'annulation de la valeur de vérité de la pensée dont on exhibe les causes affectives profondes.

Ma question est simple : jusqu'où peut-on étendre cette logique généalogique, et peut-on l'étendre aux découvertes scientifiques qui, fortes de leur rationalité ont en plus des applications concrètes. Qu'une découverte scientifique aux conséquences prometteuses ait pour origine un état d'esprit psychologique affectif inavouable dont elle serait la conséquence est une chose, mais on ne peut décemment ignorer que les sciences sont efficaces et fonctionnent. Mieux, parfois diraient-elles la vérité sur notre monde ! Donc à moins de supposer que faire la généalogie d'une pensée n'annule pas sa valeur par rapport à la vérité, je trouve ce dilemme insoluble. La question est donc de savoir si la démarche généalogique est pertinente pour celui qui veut déconstruire l'idée de vérité ?

La science c'est la conséquence de la déduction donc de l'acte qui lui est causée par l'observation, la perception. Puisqu'on agit par évidence, car l'infiniment grand existe qu'il le veuille ou non, donc involontairement, puisqu'éternel, car infiniment en temps, parce qu'infiniment grand.

Ou sinon la science est la conséquence du fait qu'on déduit, agit par évidence, observation, perception du monde environnant, l'infiniment grand.

 

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Membre, 49ans Posté(e)
épixès Membre 1 815 messages
Forumeur alchimiste ‚ 49ans‚
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Sans doute peut-on faire la généalogie de la science mais il convient de savoir si on parle de la science moderne ou de la science en général. Dans tous les cas il serait bon non seulement de signaler cette transition épistémologique mais de la contextualiser, d'ailleurs une simple généalogie n'aurait guère d'intérêt sans l'inscrire dans l'histoire de la pensée qui traverse plusieurs cultures.

Si certaines découvertes majeures ou penseurs de premier plan peuvent servir de jalons au travers de cette chronologie, il me semble essentiel de rappeler qu'une telle grille de lecture introduit plus de discontinuité qu'il n'en existe en réalité. Il ne s'agit certes pas de nier qu'il y ait eu des ruptures dans la pensée mais de nous remémorer qu'avec une vision si postérieure aux faits et sans la connaissance d'un expert, nous sommes dans la position de celui qui regarderait une mosaïque de loin où tout lui semblerait net et clairement délimité et qui lorsqu'il se rapprocherait, percevrait de plus en plus de détails, l'ensemble se diluant en un flou complexe.

Il me semble difficile d'apprécier l'observation des "accidents" de la surface de la Lune ou des tâches solaires par Galilée sans connaître la théorie des sphères homocentriques pensée par Pythagore, théorisée par Eudoxe et reprise par Platon et Aristote. La perfection supposée du monde supra lunaire démentie par ces observations eut un impact considérable qu'il est difficile de se représenter aujourd'hui. De même pour le caractère elliptique des orbites des planètes calculé par Kepler ou le modèle héliocentrique de Copernic.

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Membre, 47ans Posté(e)
Fraction Membre 5 632 messages
Maitre des forums‚ 47ans‚
Posté(e)
Le 05/02/2019 à 09:11, Quasi-Modo a dit :

Bonjour à vous, philosophes en herbe ;)

Je remarque à quel points il est courant dans des discussions quotidiennes de rembarrer voir d'ignorer les propos d'une personne sous prétexte qu'on pourrait exhiber les causes personnelles affectives profondes qui sont à l'origine de sa pensée. Par exemple quelqu'un qui dirait que la chanson de Bilal Hassani ("Roi") serait nulle verrait aussitôt sa critique ignorée du seul fait qu'on s'aperçoive (ou qu'on pense s'apercevoir) qu'il est homophobe et tiendrait donc ce discours pour cette seule raison uniquement. Idem si une personne est considérée comme jalouse et exprime son regret des injustices sociales. Selon des penseurs tels que Nietzsche, ce type de réduction est général et porte à l'annulation de la valeur de vérité de la pensée dont on exhibe les causes affectives profondes.

Ma question est simple : jusqu'où peut-on étendre cette logique généalogique, et peut-on l'étendre aux découvertes scientifiques qui, fortes de leur rationalité ont en plus des applications concrètes. Qu'une découverte scientifique aux conséquences prometteuses ait pour origine un état d'esprit psychologique affectif inavouable dont elle serait la conséquence est une chose, mais on ne peut décemment ignorer que les sciences sont efficaces et fonctionnent. Mieux, parfois diraient-elles la vérité sur notre monde ! Donc à moins de supposer que faire la généalogie d'une pensée n'annule pas sa valeur par rapport à la vérité, je trouve ce dilemme insoluble. La question est donc de savoir si la démarche généalogique est pertinente pour celui qui veut déconstruire l'idée de vérité ?

Bonsoir,

Pour moi ce que vous appelez la généalogie des idées relève d'une nature plus élémentaire.

Chaque idée est tripolaire, elle a trois racines qualitativement différentes :

_ Une racine morale et affective.

_ Une racine rationnelle et analogique.

_ Une racine réaliste et expérimentale.

Le fait que l'affectivité ait une antériorité motrice dans la recherche de vérité n'incrimine pas sa validité.

Le théorème de Pythagore est censé être strictement rationnel.

Et pourtant, s'il n'avait ni application ni sens, notre mémoire aurait fini par l'oublier.

Peut-être même que Pythagore avait des motivations affectives dans sa recherche.

Et alors ? Le déterminisme de sa tautologie n'en est pas moins strictement rationnelle (enfin, malgré quelques axiomatisations).

Cordialement, Fraction

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 738 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)
Le 05/02/2019 à 11:54, Quasi-Modo a dit :

Il existe un domaine dit de la "sociologie des sciences" qui m'est inconnu mais qui semble vouloir étudier les rapports de la psychologie ou de la sociologie avec les découvertes scientifiques en mettant en exergue les conditions économiques, sociales, psychologiques des découvertes scientifiques majeures. C'est plutôt troublant car cela porte à reconsidérer notre concept de vérité, voir à le rendre caduc ou faire paradoxalement de la sociologie/psychologie le paradigme explicatif de tout le reste (sociologisme/psychologisme).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_fort

 

http://paperity.org/p/51558016/sociologie-de-la-science-et-relativisme

 

https://journals.openedition.org/traces/227

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