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Éloge du silence

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Dompteur de mots

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  • 1 mois après...
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JeSuisPaix Membre 54 messages
Baby Forumeur‚
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GRRRR ! J'avais décidé de proposer un éloge du silence, soulagé de ne jamais le trouver, en consultant tous les messages. J'arrive sur la septième page. Je m'approche de l'option réponse. Le dernier message est de contrexemple (salut! de Rêveur). Qu'y écrit-il ? ...

Mon beau dessein est donc anéanti.

...Mais soyons honnête, et acceptons de cette source l'éloge. Car l'essentiel est que le changement qu'on souhaitait soit, et non qu'il soit de nous.

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Invité s
Invités, Posté(e)
Invité s
Invité s Invités 0 message
Posté(e)

Bonjour, quand il y a communication et qu’un silence s’installe n’est-il pas plus éloquent qu’une parole ? Les mots ont leur importance comme le silence quand ils arrivent à nous atteindre, savoir ce qui est indispensable pour l’autre ou pour nous dans telle situation. Le silence peut représenter une réflexion, une découverte, une compréhension, une ouverture, un changement qui se prépare mais il peut aussi être un mutisme, un enfermement d’où la nécessité des mots. Les mots pour celui qui les exprime, ne peut être qu’une libération de ce qu’il ressent, pas toujours utile et parfois nocif pour lui ou les autres d’où il faut des temps de pause, de silence pour que cela soit constructif.

Un silence peut être significatif que quelque chose se prépare d’où un flot de paroles peut en surgir ensuite. Un philosophe doit savoir se taire s’il pense que cela sera plus efficace pour lui ou les autres à moins qu’il ne trouve le mot, la parole qui aura plus de poids qu’un silence. Il faut savoir ce qui sera le mieux pour nous, pour l’autre et tout dépend à quel moment, un silence apportera plus à telle personne alors qu’une parole sera plus bénéfique pour une autre. Pour avancer, pour vivre, l’un ne va pas sans l’autre. Il faut laisser venir les choses, savoir écouter le silence, savoir entendre les mots et à d’autres moments, les provoquer suivant ce qui nous paraît le mieux, ce qui ne sera pas forcément le mieux pour l’autre, ni même pour nous-même d’ailleurs mais ce sont les erreurs qui nous permettent aussi d’avancer.

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  • 5 mois après...
Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Dans ce cas, je dirai qu'il n'existe aucun philosophe! Personne ne pouvant prétendre à la parfaite maturité dans ce domaine.

La maturité physique d’un homme, si on écarte les considérations liées à la plénitude du développement, ne signifie pas la fin de son évolution, mais plutôt une décélération de la vitesse de cette évolution, ou du moins un changement dans le régime de cette évolution. Lorsque l’on parle de maturité intérieure, les repères sont plus flous mais le principe demeure le même.

Je pense qu'avec l'habitude et l'expérience, sans être prétentieux, on peut aussi s'émanciper de cette retenue, suivant l'interlocuteur, car pour ma part, ce sera l'élément limitant pour l'échange, par exemple, si je saute des étapes que j'ai franchies sur plusieurs années, la personne en face, aura très certainement les plus grandes peines à acquiescer si je n'explicite pas ma réflexion jusqu'à l'aboutissement.

Je ne crois pas que le but soit de faire acquiescer l’autre, mais plutôt de cultiver la réflexion par l’échange. Et cultiver la réflexion, cela demande souvent du silence, et même du non-dit, de l’ambiguïté. C’est pourquoi l’arme privilégiée du philosophe est l’interrogation : tout en suggérant la pensée de l’auteur, elle ouvre sur un espace vierge où le lecteur ou l’interlocuteur doit se débrouiller seul. Paradoxalement, les raisonnements où les moindres enchaînements logiques sont exposés dans le détail sont souvent ceux qui marquent le moins, car l’interlocuteur, confiné à un rôle de spectateur, n’a pu s’y investir en profondeur. Peut-être sent-il d’ailleurs que l’armure logique d’un tel raisonnement risque fort de n’être qu’un artifice palliant au fond à une grande fragilité réflexive.

Ensuite, la manière de s'exprimer, pour toi importante, sera secondaire pour ma part, car mes intentions sont davantage tournées sur les idées véhiculées/exposées, que sur le moyen d'y parvenir, sans renier totalement non plus celui-ci, j'y suis sensible, mais vraisemblablement pas autant que toi, à ma manière je suis platonicien.

Mon attention, à la lecture ou à l’écriture d’un texte philosophique, porte beaucoup sur les attitudes, ou les façons de sentir les choses qui y sont véhiculées. Or, ces attitudes et ces façons de sentir les choses sont certes d’une part exprimées par le choix et l’agencement des concepts, mais aussi par la composition et la respiration du texte. S’il fallait distinguer le concept de l’idée, j’affirmerais d’ailleurs que l’idée a une plus grande ampleur, qu’elle correspond à quelque chose comme la respiration d’une pensée, alors que le concept ne peut par sa seule évocation dénoter l’entièreté de l’idée, parce que l’expression d’une idée suppose une atmosphère, suppose de l’écoulement dans le temps aussi : pour l’appréhender, le lecteur ne peut que se laisser couler dans une idée.

De manière générale, on surestime les concepts, peut-être parce qu’ils sont simples, fixes, qu’ils sont portés par une structure géométrique, alors que les idées sont plus floues, plus ambiguës, plus difficiles, plus longues à saisir.

Platon est suprêmement inséparable d’une atmosphère, d’un style, et être aveugle au déploiement théâtral qui est mis en place par ce philosophe, c’est être aveugle à au moins la moitié de son œuvre, si ce n’est plus. Mais j’hésite à employer ce mot « théâtral » parce qu’il renvoie à l'idée d'artifice. Or, le style d’un philosophe n’est pas en soi un ensemble d’artifices – c’est plutôt une atmosphère, un climat, un espace de temps – qui certes peut être constitué par les effluves tantôt nauséabondes d’artifices grossiers : les mauvais philosophes ont un style artificiel. Il faut donc entendre l’idée de théâtre ici au sens où par exemple un type comme Artaud l’entendait : au sens d’un déploiement de moyens représentatifs visant à magnifier la vie humaine ou, en l’occurrence, à magnifier le cours de la pensée, à créer un état de conscience élevé. On peut aussi lui adjoindre la notion de jeu telle que Gadamer l’a définie : le jeu (tel que celui de l’acteur) comme espace clos, comme enclave où une rencontre transfiguratrice des participants est rendue possible – l’écriture ou la parole du philosophe pouvant alors être assimilées à une sorte de jeu dont le style et la respiration font office de contours.

Je vais te dire un secret : mon attention est parfois si bien portée sur cet aspect que je décris du discours d’autrui qu’il m’arrive de devenir plus ou moins indifférent aux concepts qui s’y trouvent. Que le discours me plaise ou me déplaise, c’est comme si j’atteignais une certaine symbiose avec l’atmosphère de ce discours qui me fait face, et que je n’avais plus besoin de fixer mon esprit sur ces points de repères que sont les concepts. Sans doute à la manière des musiciens qui parviennent à jouer en oubliant leur partition. C’est comme une sorte d’état de grâce intuitive et momentanée. Momentanée, car évidemment, la réflexion nous rappelle rapidement à la nécessité d’avoir des points de repère. Je ne prétends évidemment pas que l’esprit puisse se passer des concepts et puisse ne vivre que dans un état de flottement permanent.

[…] je n'accorde pas plus de crédit à un résumé qu'à l'œuvre elle-même, mais je constate par expérience, que les idées maîtresses peuvent être retraduite sans en perdre la substance et condensée […]

Mais admettons que la substance d’une œuvre ne se mesure qu’à sa propension à nous hisser dans son jeu, dans son univers théâtral, et à nous pénétrer – non pas au sens d’une entreprise de persuasion mais au sens d’une entreprise de monstration ou de création spirituelle, alors il faut bien reconnaître qu’un résumé ne peut aucunement prétendre au degré substantiel de l’œuvre elle-même, loin s’en faut.

Non, je ne comprends pas que tu te retiennes d'écrire sur un forum de discussions, cela semble un non-sens à mes yeux, et encore moins de choisir d'avoir tort, alors même que tu défendais d'exprimer notre amour de la philosophie avec toute la force à notre disposition, en somme, sur un autre fil.

Oui, et l’amour s’exprime parfois dans le silence. Il n’est pas besoin de se déverser, ou de faire du vacarme pour aimer.

Quant à l’idée de « choisir d’avoir tort », il ne s’agit évidemment pas d’une posture masochiste où il s’agirait de se faire douleur en réfrénant son envie de s’exprimer lorsque l’on croit avoir quelque chose d’important à dire. Il s’agit d’un compromis, d’une disposition provisoire dans un contexte d’auto-éducation : je force provisoirement mon silence pour apprivoiser le territoire du non-déversement, pour en connaître les textures, et afin qu’il me soit plus facilement accessible plus tard.

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Membre, Posté(e)
CAL22 Membre 891 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Etonnamment pour moi émerge ce topic intéressant ce même jour où je découvre la publication de Tristan Garcia intitulée "La vie intense . Une obsession moderne" qui analyse la quête permanente dans nos sociétés européennes post-modernes d'une vie intense. Cette quête aurait ses origines au siècle des lumières : une vie plus intense augmenterait le bonheur.

Mais cette quête de l'intensité, quantifiant le bonheur, ferait apparaître le fléau de la dépression de nos sociétés de la quantité.

Et l'auteur lui oppose les exigences de la pensée, qui ne recherche ni l'intensité ni la quantité, et permet de stopper le flot continuel pour éprouver la vie, dans sa diversité, sa complexité et ses multiples possibles.

Un éloge de la lenteur et de l'équilibre pour être plus à l'écoute. C'est aussi ce que recherche la méditation.

Mais j'ai sûrement simplifié. Pour faire vite.

Modifié par CAL22
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  • 2 semaines après...
Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 991 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

Je ne crois pas que le but soit de faire acquiescer l’autre, mais plutôt de cultiver la réflexion par l’échange. Et cultiver la réflexion, cela demande souvent du silence, et même du non-dit, de l’ambiguïté. C’est pourquoi l’arme privilégiée du philosophe est l’interrogation : tout en suggérant la pensée de l’auteur, elle ouvre sur un espace vierge où le lecteur ou l’interlocuteur doit se débrouiller seul. Paradoxalement, les raisonnements où les moindres enchaînements logiques sont exposés dans le détail sont souvent ceux qui marquent le moins, car l’interlocuteur, confiné à un rôle de spectateur, n’a pu s’y investir en profondeur. Peut-être sent-il d’ailleurs que l’armure logique d’un tel raisonnement risque fort de n’être qu’un artifice palliant au fond à une grande fragilité réflexive.

Oui, idéalement il en irait ainsi.

Remarque bien quand je parlais d'acquiescer, ce n'était pas synonyme de convaincre ou de persuader, mais de conduire l'interlocuteur vers la compréhension de la vision exposée, autrement dit, prendre le chemin ensemble et voir les embûches sur le parcours ou en bout d'aventure, quand ce n'est pas le point de départ qui pose problème.

Tu le dis toi-même sur un autre topic, la logique elle-même n'est pas à incriminer, c'est plutôt les intentions qui se trouvent derrière qu'il convient de mettre au jour, expliquant bien mieux au lecteur ou à l'auditeur, la finalité du discours, mais je reconnais volontiers le coté lassant d'une approche trop systématiquement mécanique, tel un tapis roulant nous transportant d'un point à un autre, supprimant du même coup notre propre volonté à l'effort.

Mon attention, à la lecture ou à l’écriture d’un texte philosophique, porte beaucoup sur les attitudes, ou les façons de sentir les choses qui y sont véhiculées. Or, ces attitudes et ces façons de sentir les choses sont certes d’une part exprimées par le choix et l’agencement des concepts, mais aussi par la composition et la respiration du texte. S’il fallait distinguer le concept de l’idée, j’affirmerais d’ailleurs que l’idée a une plus grande ampleur, qu’elle correspond à quelque chose comme la respiration d’une pensée, alors que le concept ne peut par sa seule évocation dénoter l’entièreté de l’idée, parce que l’expression d’une idée suppose une atmosphère, suppose de l’écoulement dans le temps aussi : pour l’appréhender, le lecteur ne peut que se laisser couler dans une idée.

À moins que cette idée soit déjà en germe, et qu'il ne faille que pousser à prendre le temps de la contempler, de s'en saisir, de s'interroger, personnellement je penche plus volontiers vers une telle configuration, la plupart des gens sont suffisamment intelligents pour comprendre, ce qui leur manque le plus cruellement, c'est d'une part la motivation à réfléchir au-delà de l'intérêt premier, et d'autre part, savoir fouiner dans les arcanes de leur propre savoir, de leur propre fonctionnement, qui se trouvent être une mine remplie de pépites simplement recouvertes de poussières amassées depuis de très nombreuses années. Ce faisant, d'aider la personne à dépoussiérer son intérieur, et si elle est volontaire, alors elle trouvera en elle tout ce dont elle a besoin, en la guidant à faire des liens, et à lui apprendre à regarder ce qu'elle sait déjà par ignorance ou désintérêt, " l'idée " sera donc ces nouvelles relations, fraichement découvertes de ce qui les empêchait d'être vues et considérées.

Il n'est pas impossible que la façon de s'y prendre impacte sur le dévoilement de ce qui vit étouffé, et qu'à grands coups anarchiques de nettoyage, nous n'ayons fait que plonger la personne dans un plus grand désarroi qu'elle ne l'était, il faut effectivement le faire en fonction de sa sensibilité particulière, de son mode de réceptivité privilégiée, si l'on veut être un minimum efficace, ceci s'apparente plus à une approche psychologique que didactique malgré tout.

De manière générale, on surestime les concepts, peut-être parce qu’ils sont simples, fixes, qu’ils sont portés par une structure géométrique, alors que les idées sont plus floues, plus ambiguës, plus difficiles, plus longues à saisir.

Les concepts sont, il me semble, mieux définis, avec des frontières assez bien déterminées, ce qui ne parait pas être toujours le cas des idées, qui ne restent que des ébauches, des pistes, des intuitions ou des possibilités, elles sont moins formelles donc que les concepts qui ont la fâcheuse tendance à faire autorité au passage.

L'être humain ayant une sainte horreur de l'inconnu, comme la nature a horreur du vide, il préférera user de ce qu'il connait, de se remplir avec ses objets familiers, même si ce n'est pas le plus adapté à ce qu'il veut faire.

Mais j’hésite à employer ce mot « théâtral » parce qu’il renvoie à l'idée d'artifice. Or, le style d’un philosophe n’est pas en soi un ensemble d’artifices – c’est plutôt une atmosphère, un climat, un espace de temps – qui certes peut être constitué par les effluves tantôt nauséabondes d’artifices grossiers : les mauvais philosophes ont un style artificiel. Il faut donc entendre l’idée de théâtre ici au sens où par exemple un type comme Artaud l’entendait : au sens d’un déploiement de moyens représentatifs visant à magnifier la vie humaine ou, en l’occurrence, à magnifier le cours de la pensée, à créer un état de conscience élevé. On peut aussi lui adjoindre la notion de jeu telle que Gadamer l’a définie : le jeu (tel que celui de l’acteur) comme espace clos, comme enclave où une rencontre transfiguratrice des participants est rendue possible – l’écriture ou la parole du philosophe pouvant alors être assimilées à une sorte de jeu dont le style et la respiration font office de contours.

Je n'en doute pas, et je peux le comprendre.

Tout dépend de l'usage et de tes intentions à l'égard de l'art de philosopher en fin de compte.

Il est évident que pour toi, la part de littérature en chaque oeuvre que tu lis est tout aussi importante que son contenu, cela te parle, peut-être même t'inspire, ou en tout cas, ne te coupe pas dans tes élans philosophiques. Je ne dis pas que cela n'a aucune influence sur ma façon de lire l'auteur, mais cela renvoie à des considérations qui n'ont pas trait directement à ce que j'attends de la philosophie, à savoir la compréhension la plus entière possible, de dévoiler ou dégauchir ce qui l'est, de briser les illusions, déceler les opinions flottantes ou sans appui, prendre conscience des rouages internes de nos réactions, bref devenir lucide à ce qui a poussé de manière cancéreuse ou de ce qui gangrène insidieusement, ou encore de démêler le fantasme individuel ou collectif de ce qui est objectif, plus proche de la réalité, etc...

Encore une fois, je suis très porté sur ce qui concerne la connaissance et la compréhension, non que la philosophie n'aurait que ces dimensions, mais ce sont celles qui m'intéressent au plus haut point, le reste n'étant que de l'habillage, à l'instar du cadeau de noël, pour moi ce qui compte c'est le présent lui-même, non le paquet cadeau aussi beau soit-il, car il est massivement plus répandu de bien emballé le cadeau que de savoir en faire un qui compte vraiment, quitte à ce que sa présentation ne paye pas de mine, finalement c'est un peu comme les gens, et l'objet de ton topic, soigner les apparences, se déverser en actes ou en paroles pour camoufler ce qui a pourtant le plus de valeur, le plus noble: ce que l'on est réellement, sans théâtralisation, sans jeu de rôle ! C'est certes plus fade, moins stimulant, mais tellement plus vrai, sincère et touchant.

Je vais te dire un secret : mon attention est parfois si bien portée sur cet aspect que je décris du discours d’autrui qu’il m’arrive de devenir plus ou moins indifférent aux concepts qui s’y trouvent. Que le discours me plaise ou me déplaise, c’est comme si j’atteignais une certaine symbiose avec l’atmosphère de ce discours qui me fait face, et que je n’avais plus besoin de fixer mon esprit sur ces points de repères que sont les concepts. Sans doute à la manière des musiciens qui parviennent à jouer en oubliant leur partition. C’est comme une sorte d’état de grâce intuitive et momentanée. Momentanée, car évidemment, la réflexion nous rappelle rapidement à la nécessité d’avoir des points de repère. Je ne prétends évidemment pas que l’esprit puisse se passer des concepts et puisse ne vivre que dans un état de flottement permanent.

Je ne suis pas certain de bien saisir ce dont il s'agit, je vais tenter de le retraduire, voudrais-tu dire qu'une sorte d'ambiance t'habite et c'est ce qui te plait, " tu te sens bien ", comme ce peut être la cas à une soirée, à un spectacle ou au cinéma ?

Ce qui se rapproche le plus de ce que je crois comprendre de mon coté, c'est quand le philosophe que je lis, écrit ce que j'ai déjà pensé/envisagé/supputé/spéculé par mes propres moyens, sans être narcissique ou sans fatuité, car cela corrobore ce que j'ai trouvé, réfléchi, déduit avec pour seul outil mon esprit faiblard et vacillant, et ceci conforte mon être que tout n'est pas complètement relatif, qu'il y a bien des essences à extraire, qui ne se donnent à voir que très difficilement, mais pas impossiblement, procurant une certaine joie de les découvrir ou de me conforter.

Mais admettons que la substance d’une œuvre ne se mesure qu’à sa propension à nous hisser dans son jeu, dans son univers théâtral, et à nous pénétrer – non pas au sens d’une entreprise de persuasion mais au sens d’une entreprise de monstration ou de création spirituelle, alors il faut bien reconnaître qu’un résumé ne peut aucunement prétendre au degré substantiel de l’œuvre elle-même, loin s’en faut.

En ce sens, c'est évident, le résumé ne le peut pas.

Dans mes expectatives propres, ça l'est, convenablement.

Oui, et l’amour s’exprime parfois dans le silence. Il n’est pas besoin de se déverser, ou de faire du vacarme pour aimer.

D'accord pour ce qui est de la retenue, du non déversement, du mûrissement, de la prise de recul, du temps de la réflexion, etc...

Quant à l’idée de « choisir d’avoir tort », il ne s’agit évidemment pas d’une posture masochiste où il s’agirait de se faire douleur en réfrénant son envie de s’exprimer lorsque l’on croit avoir quelque chose d’important à dire. Il s’agit d’un compromis, d’une disposition provisoire dans un contexte d’auto-éducation : je force provisoirement mon silence pour apprivoiser le territoire du non-déversement, pour en connaître les textures, et afin qu’il me soit plus facilement accessible plus tard.

De ne pas rétorquer, ou de ne pas " réactionner " ( agir -> réagir, action-réaction -> réactionner ) sur tout ce qui se présente à nous, je le pratique également, mais jamais, oh grand jamais, je ne choisis d'avoir tort, au sens littéral, de laisser le faux, le mensonge me recouvrir ou déteindre sur moi, et je m'éreinte à mettre tout en oeuvre pour que cela ne se produise pas, quelque soit les circonstances, quitte à ce que ça me coûte ! Dans ce cas, on ne peut pas remettre à plus tard. Mais finalement si je te lis bien, ce n'est pas de cela qu'il s'agissait, uniquement de savoir brider ses ardeurs, ne pas céder au besoin exutoire, pour le rendre constructif.

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Voici un humain avec qui tu peux parler; tu ne lui parles pas: tu perds un humain.

Voilà un humain avec qui tu ne dois pas parler; tu lui parles: tu perds une parole.

Ainsi, l'humain de bien est celui qui ne perd ni un humain, ni une parole.

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  • 2 semaines après...
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Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
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Les concepts sont, il me semble, mieux définis, avec des frontières assez bien déterminées, ce qui ne parait pas être toujours le cas des idées, qui ne restent que des ébauches, des pistes, des intuitions ou des possibilités, elles sont moins formelles donc que les concepts qui ont la fâcheuse tendance à faire autorité au passage.

L'être humain ayant une sainte horreur de l'inconnu, comme la nature a horreur du vide, il préférera user de ce qu'il connait, de se remplir avec ses objets familiers, même si ce n'est pas le plus adapté à ce qu'il veut faire.

Tout à fait. Il est assez facile de comprendre la définition du concept de Volonté chez Schopenhauer par exemple. L’appréhension d’une telle définition peut se faire assez rapidement, comme par le truchement d’un article Wikipédia. En revanche, il est beaucoup plus difficile de saisir l’idée qui se cache derrière ce concept et derrière l’œuvre schopenhauerienne. Cela demande du temps, de l’investissement, cela demande certainement de s’attaquer aux ouvrages qui sont de la main même du philosophe, cela demande bien des moments de silence, de décantation, de fermentation, de digestion de l’œuvre, etc.

Il ne serait peut-être pas impertinent ici d’évoquer la distinction que faisait Kierkegaard entre la mémoire et le souvenir. Pour Kierko (je me permettrai cette familiarité), la mémoire a une nature géométrique si l’on veut, ou objective. Je peux avoir mémoire de faits détachés issus des événements de mon passé. Par contre, le souvenir a une nature plutôt intuitive : il consiste en mes réminiscences du passé en tant qu’elles sont liées à mon vécu, en tant qu’elles font partie de moi. Je peux avoir mémoire que le chat de mon ami d’enfance était gris. Cela est un fait détaché faisant partie de mon passé. Et je peux aussi me souvenir des moments passés à m’amuser avec ce chat, etc. Le souvenir ne s’énonce pas comme un fait, mais plutôt comme une série d’impressions, certes entremêlées avec des faits. En fait, le souvenir n’est possiblement pas épuisable par le langage. Cette conception ne nous amène également pas très loin de la distinction bergsonienne de la pensée intuitive versus la pensée géométrique. Mais bref, mon point était de faire valoir que la distinction entre concept et idée que je tente d’apporter ici est à rapprocher de ces conceptions, le concept s’apparentant bien sûr à la mémoire ou à la pensée géométrique, et l’idée au souvenir ou à la pensée intuitive. Je ne dirai pas toutefois que j’endosse toutes les précisions de la pensée bergsonienne, ni même celles de Kierko.

Je ne dis pas que cela n'a aucune influence sur ma façon de lire l'auteur, mais cela renvoie à des considérations qui n'ont pas trait directement à ce que j'attends de la philosophie, à savoir la compréhension la plus entière possible, de dévoiler ou dégauchir ce qui l'est, de briser les illusions, déceler les opinions flottantes ou sans appui, prendre conscience des rouages internes de nos réactions, bref devenir lucide à ce qui a poussé de manière cancéreuse ou de ce qui gangrène insidieusement, ou encore de démêler le fantasme individuel ou collectif de ce qui est objectif, plus proche de la réalité, etc...

Encore une fois, je suis très porté sur ce qui concerne la connaissance et la compréhension, non que la philosophie n'aurait que ces dimensions, mais ce sont celles qui m'intéressent au plus haut point, le reste n'étant que de l'habillage, à l'instar du cadeau de noël, pour moi ce qui compte c'est le présent lui-même, non le paquet cadeau aussi beau soit-il, car il est massivement plus répandu de bien emballé le cadeau que de savoir en faire un qui compte vraiment, quitte à ce que sa présentation ne paye pas de mine, finalement c'est un peu comme les gens, et l'objet de ton topic, soigner les apparences, se déverser en actes ou en paroles pour camoufler ce qui a pourtant le plus de valeur, le plus noble: ce que l'on est réellement, sans théâtralisation, sans jeu de rôle ! C'est certes plus fade, moins stimulant, mais tellement plus vrai, sincère et touchant.

Ce que tu appelles mes « considérations littéraires » répondent pourtant d’exigences fort sérieuses de compréhension et de connaissance. Je peux lire une œuvre suivant une pensée géométrique, c’est-à-dire en veillant à comprendre l’enchaînement des concepts, des raisonnements. C’est cette approche que tu privilégies, pour ne pas dire que c’est la seule que tu aperçois manifestement. Mais, parallèlement à cette lecture géométrique, je vais aussi mener une lecture plus intuitive; je vais m’efforcer de me laisser couler dans l’atmosphère de l’auteur afin de me faire une compréhension non pas seulement d’où mène le raisonnement de l’auteur, mais plutôt du pourquoi l’auteur a voulu exposer ce raisonnement. – Je dis « pourquoi », mais je ne suis pas certain que cela soit adéquat. Il ne s’agit pas forcément d’expliciter la causalité du travail de l’auteur, même s’il y a de cela aussi.

Tiens par exemple, il est assez facile de comprendre l’enchaînement du raisonnement cartésien qui part du cogito et qui nous amène jusqu’au déploiement de la réalité, de Dieu et de tout l’attirail cartésien. Plus difficile est la tâche qui consiste à se représenter ce petit bonhomme de Descartes, perdu dans son XVIIe siècle, affalé à son bureau, et à comprendre pourquoi il s’est mis à réfléchir au cogito et à toutes ces idées étranges. Je te connais Déjà : avec ton esprit géométrique, tu es probablement déjà en train de songer à des causes historiques : « parce que tel courant de pensée, parce que tel contexte socio-historique, etc. ». Mais non : ce n’est pas aussi simple. Un être humain est davantage qu’une somme de contextes. Il s’agit plutôt de se demander quel genre de forme de vie une telle philosophie peut bien supposer, avec toute la complexité et l’ambiguïté qui peuvent accompagner une telle tâche. Et pour parvenir à une telle connaissance, il est nécessaire de s’y projeter soi-même et de chercher à se connaître du coup…

Or, une telle recherche ne peut certainement pas être effectuée à partir d’un simple résumé. Il faut plutôt se pencher sur l’œuvre même du philosophe pour y arriver. Il faut non seulement se faire une compréhension de la partie logique de l’œuvre – de l’enchaînement des raisonnements – mais aussi de sa partie stylistique, car c’est le style qui exprime la respiration de l’auteur. Un raisonnement énoncé selon deux styles différents pourra avoir des significations « vitales » complètement différentes. Bien sûr que du point de vue logique le style ne change rien à la substance du propos. Mais justement, cette ségrégation du fond et de la forme ne vaut que sous la perspective logique.

Je ne suis pas certain de bien saisir ce dont il s'agit, je vais tenter de le retraduire, voudrais-tu dire qu'une sorte d'ambiance t'habite et c'est ce qui te plait, " tu te sens bien ", comme ce peut être la cas à une soirée, à un spectacle ou au cinéma ?

Tout le problème de répondre à cette question vient de ce que nous semblons avoir un rapport à l’art qui est très différent, pour le moins qu’on puisse dire. – Il y a une sorte d’exaltation à être saisi par une œuvre d’art mais cela ne se traduit pas forcément en plaisir. Les œuvres tragiques par exemple nous font souvent mal, nous triturent, nous empêchent de dormir, nous chavirent. Et le rapport avec l’œuvre continue après la représentation : on y repense des jours, des semaines, des mois, des années après, on en rêve, on en intègre des éléments dans notre vie, dans notre façon de sentir les choses et de réfléchir, etc. – Le moment de grâce dont je parlais surgit sans doute lorsque, pendant l’exposition à l’œuvre, on sent tout d’un coup, pour utiliser une image mièvre, son cœur battre à l’unisson avec l’œuvre. Non parce que cela corrobore quoi que ce soit, et non parce que cela nous fait oublier les problèmes de la vie, ni même parce que ce que nous percevons nous plaît – puisque parfois c’est par la répulsion que nous sommes le plus touchés – mais parce que nous sentons l’importance de ce qui se passe en nous.

Ce qui se rapproche le plus de ce que je crois comprendre de mon coté, c'est quand le philosophe que je lis, écrit ce que j'ai déjà pensé/envisagé/supputé/spéculé par mes propres moyens, sans être narcissique ou sans fatuité, car cela corrobore ce que j'ai trouvé, réfléchi, déduit avec pour seul outil mon esprit faiblard et vacillant, et ceci conforte mon être que tout n'est pas complètement relatif, qu'il y a bien des essences à extraire, qui ne se donnent à voir que très difficilement, mais pas impossiblement, procurant une certaine joie de les découvrir ou de me conforter.

En somme, tu aimes être conforté dans tes certitudes.

Soit dit en passant, tu exprimes assez bien un aspect de l’idée constructiviste en parlant « d’essences à extraire très difficilement ». Le constructivisme est en effet un dogmatisme subtil et hypocrite.

Mais finalement si je te lis bien, ce n'est pas de cela qu'il s'agissait, uniquement de savoir brider ses ardeurs, ne pas céder au besoin exutoire, pour le rendre constructif.

Il y a certainement de cela. Mais il y a aussi davantage. Si tu me lis bien, je dis carrément que les normes qui balisent notre besoin exutoire sont désormais trop permissives. Nous nous laissons aller. Nous nous sommes habitués à trop dire, à trop raisonner. Nous croyons faire preuve de continence là où nous faisons allègrement dans notre froc. C’est pour cela que je prescris que nous choisissions d’avoir tort, que nous entrions en contradiction avec nous-mêmes, que nous nous déréglions au moins provisoirement afin d’acquérir une solidité nouvelle, en deçà de ce à quoi nous nous sommes habitués.

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
"Mieux valent quelques notes de musique mûrement choisies au milieu du silence qu'une cacophonie permanente."

Génial ! tu viens d'inventer le tweet !

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Membre, 158ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 158ans‚
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Le constructivisme est en effet un dogmatisme subtil et hypocrite

Ça fait la trois ou quatrième fois que tu dis ça. On attend toujours quelque chose qui l'étaye, à defaut d'une démonstration...

(sans parler du fait que je suis dubitatif sur ta définition du constructivisme mais peu importe).

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  • 3 semaines après...
Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 991 messages
If you don't want, you Kant...,
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Ce que tu appelles mes « considérations littéraires » répondent pourtant d’exigences fort sérieuses de compréhension et de connaissance. Je peux lire une œuvre suivant une pensée géométrique, c’est-à-dire en veillant à comprendre l’enchaînement des concepts, des raisonnements. C’est cette approche que tu privilégies, pour ne pas dire que c’est la seule que tu aperçois manifestement. Mais, parallèlement à cette lecture géométrique, je vais aussi mener une lecture plus intuitive; je vais m’efforcer de me laisser couler dans l’atmosphère de l’auteur afin de me faire une compréhension non pas seulement d’où mène le raisonnement de l’auteur, mais plutôt du pourquoi l’auteur a voulu exposer ce raisonnement. – Je dis « pourquoi », mais je ne suis pas certain que cela soit adéquat. Il ne s’agit pas forcément d’expliciter la causalité du travail de l’auteur, même s’il y a de cela aussi.

Je peux le comprendre, même si pour moi ça reste secondaire, quoique à un moment sur un autre topic, j'ai aussi fait référence au fait, que ce qui pouvait m'intéresser c'est ce que me suscite ma lecture, autrement dit, ça dépasse la stricte compréhension que l'auteur veut faire passer, et en cela, il peut se produire plus que ce qui est montré, une découverte, ou une inspiration indirecte. Bon certes, ce n'est pas exactement ce que tu m'expliques, mais c'est aussi une facette possible de lire un ouvrage.

Tiens par exemple, il est assez facile de comprendre l’enchaînement du raisonnement cartésien qui part du cogito et qui nous amène jusqu’au déploiement de la réalité, de Dieu et de tout l’attirail cartésien. Plus difficile est la tâche qui consiste à se représenter ce petit bonhomme de Descartes, perdu dans son XVIIe siècle, affalé à son bureau, et à comprendre pourquoi il s’est mis à réfléchir au cogito et à toutes ces idées étranges. Je te connais Déjà : avec ton esprit géométrique, tu es probablement déjà en train de songer à des causes historiques : « parce que tel courant de pensée, parce que tel contexte socio-historique, etc. ». Mais non : ce n’est pas aussi simple. Un être humain est davantage qu’une somme de contextes. Il s’agit plutôt de se demander quel genre de forme de vie une telle philosophie peut bien supposer, avec toute la complexité et l’ambiguïté qui peuvent accompagner une telle tâche. Et pour parvenir à une telle connaissance, il est nécessaire de s’y projeter soi-même et de chercher à se connaître du coup…

Et oui, effectivement je ne peux m'en empêcher !

Si un être humain est plus qu'une somme d'expériences et de stimuli-réponses, cela rejoint ce que je te disais par le passé du libre-arbitre, ses mouvements de libertés sont extrêmement pauvres, je vois et conclue que nous sommes le plus souvent dans une simple réaction, basée sur un passif particulier avec des attributs communs, ce qui fait grandement notre individualité, le caractère n'étant qu'accidentel, et sauf exception, nous sommes plus volontiers stimulés, par l'entremise de nombreuses entrées, que dans une démarche réellement contemplative ou de compréhension intellective, ou même intuitive, j'en ai bien peur.

Je crois que toute expérience est propice/prétexte à nous faire philosopher, elle n'est pas exclusive à une écriture philosophique, loin s'en faut, le questionnement de soi n'est ni tributaire, ni conditionné à l'examen attentif et/ou intuitif d'un livre, bien au contraire, ce n'est qu'une aide marginale, qu'une béquille dont il nous faut nous délivrer tôt ou tard, un moyen de faire notre chrysalide, avant notre renaissance spirituelle, si je puis dire. En clair, il faut s'émanciper de nos aïeuls...

Or, une telle recherche ne peut certainement pas être effectuée à partir d’un simple résumé. Il faut plutôt se pencher sur l’œuvre même du philosophe pour y arriver. Il faut non seulement se faire une compréhension de la partie logique de l’œuvre – de l’enchaînement des raisonnements – mais aussi de sa partie stylistique, car c’est le style qui exprime la respiration de l’auteur. Un raisonnement énoncé selon deux styles différents pourra avoir des significations « vitales » complètement différentes. Bien sûr que du point de vue logique le style ne change rien à la substance du propos. Mais justement, cette ségrégation du fond et de la forme ne vaut que sous la perspective logique.

Cette démarche de compréhension dirigée vers l'auteur en particulier, ne peut certes pas se faire autrement qu'en s'y livrant, pour sûr. Mais tel n'est pas mon attrait, ni mon intérêt en quelque sorte, me focaliser sur une pensée unique, alors qu'il y a tant de choses à voir, à reconnaitre ou à identifier.

Ta démarche ( de lecture ), et j'espère ne pas t'offusquer outre mesure, me fait songer en quelque sorte, à celui qui voudrait donner une délimitation extrêmement précise du pourtour d'un pays par exemple, alors qu'il ne sait pas où se trouve la chose ( la véracité même de l'objet ) qu'il recherche à l'intérieur de cet État, autrement dit l'infinie précision de circonscription me semble inutile si on n'est pas certain de ce qui se trouve vraiment à l'intérieur, j'ai vu/lu des auteurs décrire avec un raffinement sans commune mesure, ce qui pourtant était complètement farfelue, loufoque, irréaliste, mais à quoi bon, si ce n'est vendre du rêve, ou s'illusionner ? Dans ce cas autant lire un roman, non ?

Tout le problème de répondre à cette question vient de ce que nous semblons avoir un rapport à l’art qui est très différent, pour le moins qu’on puisse dire. – Il y a une sorte d’exaltation à être saisi par une œuvre d’art mais cela ne se traduit pas forcément en plaisir. Les œuvres tragiques par exemple nous font souvent mal, nous triturent, nous empêchent de dormir, nous chavirent. Et le rapport avec l’œuvre continue après la représentation : on y repense des jours, des semaines, des mois, des années après, on en rêve, on en intègre des éléments dans notre vie, dans notre façon de sentir les choses et de réfléchir, etc. – Le moment de grâce dont je parlais surgit sans doute lorsque, pendant l’exposition à l’œuvre, on sent tout d’un coup, pour utiliser une image mièvre, son cœur battre à l’unisson avec l’œuvre. Non parce que cela corrobore quoi que ce soit, et non parce que cela nous fait oublier les problèmes de la vie, ni même parce que ce que nous percevons nous plaît – puisque parfois c’est par la répulsion que nous sommes le plus touchés – mais parce que nous sentons l’importance de ce qui se passe en nous.

Ce que tu décries ici, comme sur le topic de la musique dernièrement par ailleurs, sonne pour moi, comme la définition même de la beauté, avec les sensations qu'elles procurent, et même quelque chose évoquant la peur, la violence, la noirceur peut être beau malgré tout, renforçant par la même son mystère, son attirance, en plus de notre sensibilité accrue envers le risque, le danger, les signaux d'alerte en tout genre. J'imagine que la tragédie peut être " cruellement " belle à nos yeux.

Ce que l'on ressent, tu me l'accorderas peut être provoqué par des moyens ou des substances qui seront différentes pour chacun de nous, toi ce sera disons par l'atmosphère produite par l'auteur, moi ce sera plus particulièrement par les implications tangibles de telle ou telle pensée et son rapport à la réalité, mais dans les deux cas, il sera bien question d'émotions, elles ne seront pas issues du même point, de la même focalisation, pour le même réceptacle en nous.

En somme, tu aimes être conforté dans tes certitudes.

Soit dit en passant, tu exprimes assez bien un aspect de l’idée constructiviste en parlant « d’essences à extraire très difficilement ». Le constructivisme est en effet un dogmatisme subtil et hypocrite.

Pas sûr que ce soit précisément de cela qu'il s'agisse, mais bien plutôt de s'émerveiller, que des esprits différents, dont un au moins est considéré par une communauté comme grand, de valeur, convergent, en arrivent indépendamment aux mêmes types de conclusions, aux mêmes constats, aux mêmes résultats, c'est remarquable, voire même stupéfiant, et cela par le seul usage de notre intellect. Et accessoirement me dire que je ne suis pas si neuneu, béotien, inculte, bête, ignare, niais dans la conduite de ma raison, ce qui est encourageant pour persévérer dans le même sens, serait sans doute plus proche de ce qu'il faut retenir.

Mais je me proclame, si tu as cerné un peu ma personnalité, de toutes les branches de la philosophie, sceptique, humaniste, stoïque, rationnel ( péripatéticien ), intuitionniste, sensualiste, constructiviste, positiviste, etc... Rappelle-toi, le topic sur la méta-philosophie ! ( méta-n'importe quoi, dans ta bouche )

Il y a certainement de cela. Mais il y a aussi davantage. Si tu me lis bien, je dis carrément que les normes qui balisent notre besoin exutoire sont désormais trop permissives. Nous nous laissons aller. Nous nous sommes habitués à trop dire, à trop raisonner. Nous croyons faire preuve de continence là où nous faisons allègrement dans notre froc. C’est pour cela que je prescris que nous choisissions d’avoir tort, que nous entrions en contradiction avec nous-mêmes, que nous nous déréglions au moins provisoirement afin d’acquérir une solidité nouvelle, en deçà de ce à quoi nous nous sommes habitués.

Et ce n'est certainement pas Internet qui permettra cette retenue !

Je dirai quant à moi, que notre souci est plus l'activisme à tout prix, saupoudré à outrance d'apparat en tout genre, qui empêche de prendre le temps du recul, de la méditation, d'être à l'écoute de soi-même, bien qu'en réalité ce ne soit que des prétextes de la fuite à cette confrontation intérieure qui fait peur, qui donne le vertige, cet immense vide que l'on cherche à combler ou à étouffer par tous les moyens à disposition.

J'ai par chance le temps à cet exercice de réflexion, d'introspection et d'observation, et ça n'a pas de prix !

Espérant de ne pas m'être trop déversé, ou dispersé sur ce sujet, crdlt, D-U

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  • 2 mois après...
Invité Quasi-Modo
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Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
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Je dirais pour avoir mûrement réfléchi cette réponse que de mon points de vue de non-philosophe ce qu'il manque souvent aux néophytes ce sont les bons mots ou les bonnes catégories pour penser, bien qu'elles soient sous-jacentes lors du débat. La justesse des catégories est ce qu'il y a de plus important si on veut penser juste et loin : et c'est très certainement l'enjeu de la gymnastique philosophique que de devenir précisément conscient des enjeux sous-jacents lors d'un débat : le philosophe c'est celui qui peut écouter une conversation en silence, engranger les informations par une analyse rigoureuse et synthétiser par la suite les points de vue associés selon des catégories pertinentes et permettant une dialectique

Celui qui se déverse fait précéder la synthèse à l'analyse, mais c'est l'inverse qu'il faudrait pratiquer : analyser et ensuite synthétiser. D'où pour le philosophe un travail nécessaire de digestion, d'appropriation de la pensée de chacun, fût-ce dans un autre langage que celui employé par l'interlocuteur (puisqu'il s'agit de trouver des catégories pertinentes qui chapeautent la discussion et consisteraient en une sorte de classe d'équivalence à priori de toutes les discussions possibles sur le sujet). Philosopher c'est en quelque sorte factoriser la pensée humaine (avec donc la recherche des facteurs communs) de sorte à rendre plus limpide une réflexion sur le sujet.

Si un individu affirme qu'untel a tort contre untel qui a raison, alors nous pouvons être sûr qu'il n'est pas un bon philosophe, et certainement pas un philosophe du tout.

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Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
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Je dirais pour avoir mûrement réfléchi cette réponse que de mon points de vue de non-philosophe ce qu'il manque souvent aux néophytes ce sont les bons mots ou les bonnes catégories pour penser, bien qu'elles soient sous-jacentes lors du débat. La justesse des catégories est ce qu'il y a de plus important si on veut penser juste et loin : et c'est très certainement l'enjeu de la gymnastique philosophique que de devenir précisément conscient des enjeux sous-jacents lors d'un débat : le philosophe c'est celui qui peut écouter une conversation en silence, engranger les informations par une analyse rigoureuse et synthétiser par la suite les points de vue associés selon des catégories pertinentes et permettant une dialectique

Celui qui se déverse fait précéder la synthèse à l'analyse, mais c'est l'inverse qu'il faudrait pratiquer : analyser et ensuite synthétiser. D'où pour le philosophe un travail nécessaire de digestion, d'appropriation de la pensée de chacun, fût-ce dans un autre langage que celui employé par l'interlocuteur (puisqu'il s'agit de trouver des catégories pertinentes qui chapeautent la discussion et consisteraient en une sorte de classe d'équivalence à priori de toutes les discussions possibles sur le sujet). Philosopher c'est en quelque sorte factoriser la pensée humaine (avec donc la recherche des facteurs communs) de sorte à rendre plus limpide une réflexion sur le sujet.

Si un individu affirme qu'untel a tort contre untel qui a raison, alors nous pouvons être sûr qu'il n'est pas un bon philosophe, et certainement pas un philosophe du tout.

C'est une réponse fort intéressante Quasi, pleine de perspectives. Je me tais pendant un moment, le temps de trouver quelque chose d'intelligent à dire et je reviens.

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Invité Orbes claire
Invités, Posté(e)
Invité Orbes claire
Invité Orbes claire Invités 0 message
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Éloge du silence

Un philosophe (...)

C’est pourquoi un philosophe doit savoir se taire. Il doit parfois savoir ne pas écrire ce qu’il a si envie d’écrire, ne pas développer l’argument qu’il tient du bout des doigts; il doit parfois savoir le laisser aller cet argument, relâcher son étreinte, peut-être même choisir d’avoir tort, ne serait-ce que pour ne pas être condamné à avoir raison. Il ne doit pas se précipiter sur ses pensées comme on se précipite sur les jeunes gens d’un pays pour les envoyer au front. Il faut plutôt les laisser mûrir doucement, quitte à parfois choisir le mutisme, comme quelque chose de beau, de noble, de plus parlant que la parole, et la retenue, la pudeur, comme quelque chose de plus manifeste que le déversement. Il faut redécouvrir la beauté simple de n’avoir rien à dire, quitte à en forcer d’abord la posture, quitte à choisir d’abord de n’avoir rien à dire. Redécouvrir la douceur de laisser s’immerger une pensée sous l’eau de l’inconscient, afin qu’elle puisse faire son chemin à notre insu, et peut-être réapparaître en d’autres temps, d’autres lieux, riche d’aventures, un sillon émanant des profondeurs accroché à sa poupe…

Bonsoir Dompteur de mots,

Très beau sujet ! … on a peine à y répondre tant on adhère à son contenu !

Au risque de paraphraser d’autres interventions que je n’ai pas pris le temps de lire, je prends cette liberté de faire part de mon ressenti, et je choisis ce dernier terme tout à fait à propos. Car le silence nous renvoie justement à un ressenti émotionnel, physique et autre.

Lorsqu’on est dans une discussion avec une autre personne, le silence donne du poids à ce qu’on vient de dire, mais comme vous le dites, la pensée poursuit aussi d’elle-même son existence et devient en cela une création propre à elle-même tout en faisant ‘grandir’ les deux interlocuteurs.

De même, commencer un entretien par un silence, plus ou moins long, permet de se centrer sur la relation et de s’ouvrir pleinement à l’autre : c’est faire là grand place à l’authenticité.

Le silence laisse le temps d’évoluer à son rythme. Le silence laisse la place nécessaire à chacun. Le silence peut de ce fait engendrer une belle énergie.

Toutefois, pour parvenir à goûter à ce silence, il faut avoir atteint une bonne connaissance et acceptation de soi.

belle soirée à vous,

Silence lumineux :)

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Membre, Posté(e)
nolibar Membre 1 217 messages
Forumeur survitaminé‚
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La parole du sage est de diamant et son silence est navrant, car il permet à la bêtise de prendre le pouvoir.

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Membre, Posté(e)
Plumoo Membre 36 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Prendre le temps d'apprécier le silence, c'est commencer à arrêter de consommer.

Finalement c'est réduire le flot d'information qui nous parasite.

C'est prendre le temps de s'écouter respirer.

Un silence qui nous libère.

Du temps libre.

()

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)

La parole du sage est de diamant et son silence est navrant, car il permet à la bêtise de prendre le pouvoir.

Non. Le terreau le plus propice au développement de la bêtise est constitué par un bruit de fond qui maintient la pensée dans un état semi-végétatif et la fait se déverser nonchalamment. Exemple: le bruit de fond de tes idées préconçues, qui t'a empêché de réaliser que je ne dis nulle part qu'il faut se taire à tout prix.

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Membre, 65ans Posté(e)
Gattaca Membre 1 757 messages
Forumeur en herbe ‚ 65ans‚
Posté(e)

:) Superbe texte de Dompteur de mots. S'épargner la jubilation du dialogue , du discours, éviter la dynamique de la controverse, c'est peut-être se confronter à l'épreuve la plus grande pour des primates sociaux bavards. Le défi de la communication qu'avec soi, la quête d'une transcendance dans le mutisme, plutôt que de rechercher la reconnaissance avec ou sans polémiques, vaste programme en fait ,dont la finalité est potentiellement bénéfique au misanthrope .Toujours est-il que le silence, lui, ne recèle ni ne révèle aucune catastrophe.

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  • 1 mois après...
Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Le 18/07/2016 à 14:57, deja-utilise a dit :

Si un être humain est plus qu'une somme d'expériences et de stimuli-réponses, cela rejoint ce que je te disais par le passé du libre-arbitre, ses mouvements de libertés sont extrêmement pauvres, je vois et conclue que nous sommes le plus souvent dans une simple réaction, basée sur un passif particulier avec des attributs communs, ce qui fait grandement notre individualité, le caractère n'étant qu'accidentel, et sauf exception, nous sommes plus volontiers stimulés, par l'entremise de nombreuses entrées, que dans une démarche réellement contemplative ou de compréhension intellective, ou même intuitive, j'en ai bien peur.

J’ai déjà largement exprimé ma position là-dessus dans ton topic portant sur le libre-arbitre, à savoir que liberté et déterminisme sont en quelque sorte les deux facettes d’une même médaille, aussi paradoxal que cela puisse paraître au premier abord.

On peut charcuter le personnage de Descartes autant qu’on le veut pour extraire les multiples causes qui ont participé à le façonner mais de la sorte, on ne parviendra jamais à l’appréhension intuitive dont je parle. C’est la même chose qu’apprendre à connaître quelqu’un : je peux me renseigner à son sujet, accumuler les informations sur son historique, sur sa provenance sociale, sur les conditions familiales et éducatives au sein desquelles il s’est développé; supposons aussi, pour le bien de l’exemple, que je puisse accéder à un portrait psychologique de cette personne – et bien tout cela me la fera assurément connaître, mais d’une connaissance qui n’a aucun équivalent avec celle que je puis me faire en rencontrant la personne, en tissant une relation dans laquelle je m’investis personnellement, au sein de laquelle il y a un échange.

De plus, j’affirme que cette connaissance intuitive ne se ramène pas à une connaissance factuelle qui serait tout simplement plus vaste que celle que je puis me faire sans rencontrer la personne. La pensée intuitive n’est pas réductible à une pensée factuelle, peu importe le degré de complexité que puisse atteindre cette dernière. Et ce qui fait que la pensée intuitive n’est pas réductible de la sorte, c’est qu’elle inclut une composante d’engagement. Lorsque je pense intuitivement, je me vis comme être-engagé-dans-le-monde, ce qui suppose un abandon au moins partiel de moi-même dans la fluidité du temps. Alors que lorsque je charcute la trame des choses pour en extraire des schémas causaux, je me place dans une sorte d’état de suspension; je me vis comme être-devant-le-monde. Or, peu importe l’ampleur et l’acuité de ma vision, je ne peux pas reconstituer mon engagement dans le monde si je reste dans la position d’observateur.

La pensée intuitive, au sein de laquelle l'on se vit comme être-engagé-dans-le-monde, permet précisément l'accès à la teneur de l'engagement d'autrui. Au contraire, en me renseignant sur autrui, en n’accumulant que des informations factuelles sur son compte, je n'arrive seulement à me figurer que sa situation d'être-devant-le-monde.

Comme lorsque l’on fait l’amour – du moins pour ceux qui s’abandonnent pour le faire : il y a alors un passage dans la fluidité du temps. Ou devrais-je plutôt dire la fluidité du désir ? Enfin, peut-être les deux sont-ils intimement liés. La tension aiguë propre au désir sexuel révèle bien la pauvreté et la tristesse qu’il y a à faire l’amour sans s’abandonner, sans s’y engager. L’amant sérieux doit parvenir à se glisser entre les lignes du texte de sa relation, afin de parvenir jusqu’à son souffle premier. Et peu importe les moyens mis en œuvre pour pallier à cette absence d’abandon – accessoires, produits aphrodisiaques, mises en scène, etc., cet abandon n’est justement pas réductible à quelque mécanique que ce soit, aussi imaginative soit-elle.

Un autre exemple fort éloquent à ce sujet est celui de la musique. On peut apprendre par cœur une partition, on peut s’informer quant à sa signification, quant à ce qu’elle véhicule, on peut écouter des enregistrements pour développer son oreille à son sujet, mais si au moment de jouer le musicien ne s’engage pas totalement dans son interprétation, qu’il ne s’y abandonne pas, alors le miracle n’aura pas lieu. Encore là : impossible de ramener le souffle propre à un interprète à des données factuelles. Certains concepteurs de logiciels de musique, toujours soucieux de démocratiser la manière de faire de la musique, essayent parfois d’intégrer des fonctions d’ « humanisation », censées donner à une partition électroniquement conçue les accents impondérables qui sont propres à une interprétation humaine. Mais cela est peine perdue, car ces accents sont justement impondérables, tout comme le sont les accents de la performance sexuelle de l’amant sérieux, de même que ceux de la réflexion du philosophe sérieux.

La relation au silence est importante ici : autant l’amant, que le musicien et le philosophe doivent savoir se taire afin de parvenir à s’extirper des vicissitudes propres à leur labeur ordinaire et de plonger dans la fluidité du temps qui leur confère cette puissance supérieure que l’on appelle amour, beauté esthétique et sagesse, selon les cas.

Les hommes d’aujourd’hui ont en général une habileté formidable à saisir la technicité des choses qui les entourent. Mais ils ont en revanche oublié l’art de s’engager dans le monde.

 

Citation

Cette démarche de compréhension dirigée vers l'auteur en particulier, ne peut certes pas se faire autrement qu'en s'y livrant, pour sûr. Mais tel n'est pas mon attrait, ni mon intérêt en quelque sorte, me focaliser sur une pensée unique, alors qu'il y a tant de choses à voir, à reconnaitre ou à identifier.

Ta démarche ( de lecture ), et j'espère ne pas t'offusquer outre mesure, me fait songer en quelque sorte, à celui qui voudrait donner une délimitation extrêmement précise du pourtour d'un pays par exemple, alors qu'il ne sait pas où se trouve la chose ( la véracité même de l'objet ) qu'il recherche à l'intérieur de cet État, autrement dit l'infinie précision de circonscription me semble inutile si on n'est pas certain de ce qui se trouve vraiment à l'intérieur, j'ai vu/lu des auteurs décrire avec un raffinement sans commune mesure, ce qui pourtant était complètement farfelue, loufoque, irréaliste, mais à quoi bon, si ce n'est vendre du rêve, ou s'illusionner ?

Pour moi, celui qui n'habite un discours philosophique que dans sa dimension logique est semblable au touriste qui vit son voyage au travers de la lentille de son appareil-photo. Il se fait une image du pays qu'il visite – au demeurant fort agréable, tout à fait valable et destinée à occuper longtemps ses souvenirs, mais il ne se laisse pas glisser dans les silences qui lui permettraient de saisir ce pays dans son intériorité. Se taire – non pas seulement arrêter de parler, mais faire taire sa conscience, faire taire cette hyper-excitabilité du touriste qui veut tout voir. Rater son voyage, tiens. Peut-être même s'ennuyer. Bouder le musée Uffizi pour aller se perdre dans un village de la Toscane qui n'en vaut pas la peine.

Mais pourquoi se livrer à de telles contorsions? Peut-être pour que le voyage n'ait pas seulement été une diversion destinée à faire oublier le cours habituel des choses dont on aurait accepté la fatalité, mais pour l'inscrire, ce voyage, dans le cours même de son existence. Et quelle meilleure façon de le faire que de déballer de ses bagages sa propre trivialité, sa solitude, son insignifiance propres et aller la porter fièrement au milieu d'autres solitudes, d'autres trivialités.

 

Citation

Dans ce cas autant lire un roman, non ?

Pourquoi pas? Il y a des romans qui réfléchissent beaucoup mieux que des traités de philosophie. Il n'y a rien de plus puissant (désolé HD) qu'un discours philosophique qui allie la profondeur de l'intériorité avec la précision de l'extériorité. En revanche, le roman qui manifeste de l'intériorité – et c'est la tâche d'un roman que de la manifester – est plus puissant que n'importe quel traité de philosophie qui n'a pas la profondeur de l'intériorité

 

 

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Invité Orbes claire
Invités, Posté(e)
Invité Orbes claire
Invité Orbes claire Invités 0 message
Posté(e)

Bonjour Dompteur,

lorsque vous dites "J’ai déjà largement exprimé ma position là-dessus dans ton topic portant sur le libre-arbitre, à savoir que liberté et déterminisme sont en quelque sorte les deux facettes d’une même médaille, aussi paradoxal que cela puisse paraître au premier abord." ... je fais le lien avec une discussion intéressante que j'ai eue avec une personne dernièrement à propos de la citation de Lavoisier "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" ... je verrais le déterminisme dans ce qui est à notre disposition et le libre arbitre (la liberté) dans la capacité que chacun a de créer et recréer à partir de ce qui est là (un "là" non nécessairement matériel il va de soi). Le libre arbitre ne serait alors qu'à partir d'un 'matériau'/contexte spatio-temporel déterminé et donné à un moment T.

la musique me paraît être une belle image de cela : seulement 7 notes et pourtant tant de mélodies différentes qui se renouvellent à l"infini !

est-ce dans ce sens que va votre propos ?

Modifié par Orbes claire
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