
Dans ce premier article, nous parlerons d'un criminologue qui a beaucoup apporté aux sciences criminelles, et qui révolutionna le fichage des criminels, alors qu'il n'était à la base qu'un simple employé subalterne de la préfecture. Il s'agit bien sur d'Alphonse Bertillon.
Il nait le 22 avril 1853 à Paris. Alors que son père est un statisticien brillant, le jeune Alphonse est un élève médiocre, promis à un avenir dans un emploi sous qualifié. Il parvient grâce aux relations de son père à se faire admettre à la préfecture de police, où il sera chargé de renseigner les fiches de signalement des personnes arrêtées. On crut voir dans la généralisation de la photographie le moyen de ficher efficacement les criminels, mais il n'en fut rien, les clichés étant de qualité variable, sans compter qu'une personne pouvait changer physiquement (perte ou prise de poids, longueur variable de la barbe et/ou des cheveux, etc). Bertillon, pour avoir longtemps classé et rédigé les fiches de renseignement, était au courant de l'inefficacité de ces dernières. Ayant eu de l'avancement, il se mit en tête de créer un système plus au point. Il mit au point un système de mesure des personnes, basé sur quatorze points:
la taille globale
l'envergure
la longueur du tronc
la longueur et la largeur de la tête
la longueur de l'oreille droite
la longueur du pied gauche
la longueur du majeur gauche
la longueur de la coudée gauche
etc...
Toutefois, ces mesure s'avérant insatisfaisantes pour certains cas particuliers (frères jumeaux pouvant être confondus, jeunes gens encore en période de croissance, …) Il compléta son système par « le portrait parlé », à savoir une série d'une quinzaine de mesure de la tête. (forme du crane, mesure du nez, de la bouches, espacement entre les yeux, etc) .
Mais les recherches de Bertillon ne s'arrêtent pas là. En effet, il codifie et normalise la photographie judiciaire en définissant les normes des prises de vue: à quelle distance la photographie doit être prise, sous quel angle, etc...
Quand il présente son système, le "bertillonnage", à la préfecture de police, Bertillon ne fait pas l'unanimité. Trois mois lui sont donnés, en 1883, pour faire les preuves de l'efficacité de l'anthropométrie judiciaire. Et là, les résultats sont significatifs, et le bertillonnage permet d'identifier un criminel récidiviste. À partir de ce moment là, l'anthropométrie judiciaire est adoptée dans la France entière. Le bertillonnage permet notamment l'arrestation de l'anarchiste Ravachol en 1892.
Parallèlement, au début des année 1890, on découvre que les empreintes digitales permettent l’identification des individus. En effets, celles-ci sont uniques et propres à chaque individu. Mais Bertillon reste convaincu que le bertillonage est le seul système d’identification fiable, et est pessimiste quant l'efficacité des empreintes digitales. Les empreintes digitales vinrent quand même compléter le système Bertillon . C'est l'affaire Sheffer qui vint contredire l'inventeur de l’anthropométrie judiciaire.
En 1902, le corps sans vie d'une domestique est découvert dans la maison d'un dentiste. Les seuls éléments trouvé par les enquêteurs sont l'empreinte d'un pouce sur une vitre, et de trois doigts sur sa face opposée. Faisant fi de ses réticences, Bertillon analysa les empreintes et les compara aux fichiers de la préfecture de police, ce qui lui permit d'identifier Henri-Léon Scheffer. Ce dernier fut jugé, déclaré coupable, et condamné. Paradoxalement, le plus fervent opposant aux empreintes digitales apporta la preuve de l'efficacité de la dactyloscopie.
Le bertillonnage fut néanmoins utilisé jusque dans les années 1970.
2 Commentaires
Commentaires recommandés