Aller au contenu

Ethique : le problème de la non identité

Noter ce sujet


ashaku

Messages recommandés

Membre, 44ans Posté(e)
ashaku Membre 585 messages
Forumeur alchimiste ‚ 44ans‚
Posté(e)

Derek Parfit théorise ce problème, selon lequel on ne peut pas faire de mal à quelqu'un qui n'existe pas. Il faut comprendre en introduction que si vos parents vous avaient conçu un mois plus tard ou dans des conditions différentes, l'enfant qui serait né ne serait pas vous et vous n'existez pas.

Par exemple, une femme enceinte narcissique qui conçoit l'idée de modifier son fœtus avec une pilule magique pour le rendre handicapé de naissance (et obtenir plein d'attention personnelle pour elle-même) ne fait pas de mal, car l'enfant sain qui aurait pu naître à la place ne naîtra jamais. Pas de victime, pas de crime. Parfit évalue en outre que l'enfant né handicapé n'est pas victime non plus de ce traitement mais doit au contraire être reconnaissant à sa mère qui l'a fait exister, lui spécifiquement plutôt qu'un enfant sain.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Problème_de_la_non-identité

Un autre exemple met en scène notre société avec deux routes possibles : la préservation des ressources ou leur épuisement. La préservation permet aux futurs humains de prospérer tandis que leur épuisement nous donne un bonus à court terme avant de laisser nos descendants se débrouiller avec les restes. Parfit suggère qu'il vaut mieux choisir l'épuisement des ressources car il donne un bonus directement visible sur des gens qui existent vraiment et ne donne un malus qu'à des gens qui n'existent pas donc il n'y a aucun acte immoral qui est commis puisqu'il n'y a personne de lésé.

Il y a d'autres exemples comme par exemple la grossesse adolescente. Faut-il la prévenir ?

Je me suis fait ma petite idée sur ce concept mais j'aimerais tout de même lire l'opinion des philosophes du forum avant de l'aborder. Connaissiez-vous ce problème éthique ? Quelles conclusions en tirez-vous ?

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Membre, 55ans Posté(e)
MadameRosa Membre 479 messages
Forumeur expérimenté‚ 55ans‚
Posté(e)

Ce type nous explique tout simplement comment un esprit psychopathe pense.

L'absence de remords, car absence de sentiments envers autrui puisque pour le psychopathe autrui n'existe pas. Mais il s'agit d'une maladie mentale. 

Ce n'est en rien un concept philosophique. 

Ceux qui pourraient adhérer ont sans doute besoin de se déculpabiliser de quelque chose . ce cheminement de pensée va les rendre à minima névrosés.^^

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Grégairophobe..., Posté(e)
Mite_Railleuse Membre 41 777 messages
Grégairophobe...,
Posté(e)

Je ne suis pas une "philosophe", mais ça m’inspire un blanc-seing pour se dédouaner de toutes responsabilités, implications quelles qu’elles soient. Faire ce que bon nous semble sans se soucier de que dalle. Une hypocrisie et un mépris XXXXXXXL.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 57ans Posté(e)
SpookyTheFirst Membre 4 007 messages
Maitre des forums‚ 57ans‚
Posté(e)
Il y a 3 heures, ashaku a dit :

Derek Parfit théorise ce problème, selon lequel on ne peut pas faire de mal à quelqu'un qui n'existe pas. Il faut comprendre en introduction que si vos parents vous avaient conçu un mois plus tard ou dans des conditions différentes, l'enfant qui serait né ne serait pas vous et vous n'existez pas.

Par exemple, une femme enceinte narcissique qui conçoit l'idée de modifier son fœtus avec une pilule magique pour le rendre handicapé de naissance (et obtenir plein d'attention personnelle pour elle-même) ne fait pas de mal, car l'enfant sain qui aurait pu naître à la place ne naîtra jamais. Pas de victime, pas de crime. Parfit évalue en outre que l'enfant né handicapé n'est pas victime non plus de ce traitement mais doit au contraire être reconnaissant à sa mère qui l'a fait exister, lui spécifiquement plutôt qu'un enfant sain.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Problème_de_la_non-identité

Un autre exemple met en scène notre société avec deux routes possibles : la préservation des ressources ou leur épuisement. La préservation permet aux futurs humains de prospérer tandis que leur épuisement nous donne un bonus à court terme avant de laisser nos descendants se débrouiller avec les restes. Parfit suggère qu'il vaut mieux choisir l'épuisement des ressources car il donne un bonus directement visible sur des gens qui existent vraiment et ne donne un malus qu'à des gens qui n'existent pas donc il n'y a aucun acte immoral qui est commis puisqu'il n'y a personne de lésé.

Il y a d'autres exemples comme par exemple la grossesse adolescente. Faut-il la prévenir ?

Je me suis fait ma petite idée sur ce concept mais j'aimerais tout de même lire l'opinion des philosophes du forum avant de l'aborder. Connaissiez-vous ce problème éthique ? Quelles conclusions en tirez-vous ?

Merci pour ces réflexions intéressantes, je ne connaissais pas du tout cet angle d’approche mais il a indiscutablement une logique interne difficile à contredire rationnellement.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 55ans Posté(e)
MadameRosa Membre 479 messages
Forumeur expérimenté‚ 55ans‚
Posté(e)

" On ne peut pas faire de mal à quelqu'un qui n'existe pas " 

Sur le sujet de la préservation ou non des ressources, il est évident que les générations futures n'existent pas dans notre présent. C'est donc dans notre présent qu'en agissant ainsi nous ne leur faisons pas de mal. 

Mais, il y a un point qu'il oublie de mentionner, c'est que le mal c'est à nous que nous le faisons. Sauf si nous sommes des névrosés dénués de conscience et de sentiments. 

Les êtres de conscience ont une approche de la vie qui lie le passé, le présent et le futur

Pour lui, seul le présent est pris en compte...ce qui n'est pas le cas des humains sains de corps et d'esprits.

 

 

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 44ans Posté(e)
ashaku Membre 585 messages
Forumeur alchimiste ‚ 44ans‚
Posté(e)

Les gens font des enfants pour diverses raisons, personnelles et contextuelles. À l'échelle de l'humanité, "avoir un enfant" est un flou de oui et de non. Mais dans l'exemple concret d'une mère qui choisit d'avoir un enfant handicapé, la conception de cet enfant n'était pas un flou dilué dans l'humanité, c'était un fait concret qui allait se produire avec cette personne en particulier. Il y a un enfant qui arrive, et elle a le choix de le considérer handicapé ou non. Comparer « la personne handicapée sous nos yeux » et « l'enfant potentiellement sain qui n'a jamais existé » est une erreur, car l'un représente un potentiel infini et l'autre une certitude unique.

En dehors de l'exemple théorique cela arrive concrètement pour plusieurs raisons, la plus répandue (3% des raisons du choix pour fécondation in vitro aux US) est le cas des personnes sourdes, qui choisissent parmi plusieurs fœtus celui qui a le plus de chances d'être sourd. On peut comprendre, même si je ne peux me mettre à leur place et que mon analyse rationnelle trouve cela négatif.

Ce "problème de non identité" me semble être une façon malsaine de justifier l'égoïsme. La reproduction n'est pas un jeu vidéo ; elle a de lourdes conséquences sur les individus et la société, et doit être considérée comme telle. Nous avons le pouvoir de nous reproduire, cela implique la responsabilité de ne pas choisir délibérément l'inadéquation pour notre descendance.

L'exemple des grossesses adolescentes est également problématique. Ça revient à défendre l'idée que les hommes devraient mettre enceinte toutes les filles de 11 ans, sous prétexte que tous ces enfants à naître seraient lésés. Mais on est pas constamment en train de s'accoupler ! La reproduction est censée être un phénomène limité dans une vie tandis que le potentiel génétique humain recèle une infinité d'enfants à naître, et c'est très bien comme ça. Certes, l'animal humain a juste besoin d'être pubère pour se reproduire mais l'être culturel complexe que nous sommes devenus doit être mature pour élever un enfant. Il est donc juste de prévenir les grossesses adolescentes, même si cela s'est bien passé pour une ou deux personnes il ne faut pas généraliser cette pratique.

 

Pourquoi choisir l'épuisement est une erreur ? Parce que nous vivons dans un environnement aux ressources renouvelables limitées. Aussi sûrement que 2 - 1 = 1, il est certain que les générations futures auront moins de ressources. On ne connaît pas ces personnes, on ne connaît pas l'avenir, mais on sait pertinemment que cet avenir existera et que des êtres humains y vivront. Même sans les connaître, nous savons qu'ils auront besoin de ressources, précisément celles que nous épuisons aujourd'hui.

Si je laisse tomber une tasse, elle se cassera. Même si je ne peux pas prédire le nombre et la forme des morceaux, je peux déjà affirmer que c'est mauvais. Une fois de plus, la non-identité semble être un subterfuge pour justifier les pires comportements humains, en toute ignorance de faits évidents. À mes yeux, c'est plus proche du sophisme que de la philosophie.

 

 

PS: il y a cependant quelque chose qui chatouille avec cette idée de non identité. Tel que c'est présenté ce n'est même pas un problème, je ne vois pas de paradoxe à résoudre, c'est une simple construction de l'esprit pour justifier l'absence d'égard aux conséquences. Et pourtant, cette idée d'imaginer les différents humains qui n'existeront pas, d'imaginer ceux que nous aurions pu être, ceux qui seront peut-être. C'est étendre notre empathie depuis le royaume concret vers celui de l'imaginaire.

Richard Dawkins a écrit (je traduis grossièrement) : "Nous allons tous mourir. Ce qui fait de nous les plus chanceux. Beaucoup de gens ne vont jamais mourir, parce qu'ils ne vont jamais naître. Le potentiel de gens qui pourraient être là à ma place mais qui ne verront jamais la lumière dépasse le nombre de grains de sable du Sahara. Parmi ces fantômes d'humanité se trouvent de meilleurs poètes que Keats, de plus grands scientifiques que Newton. Nous le savons, car le nombre de combinaisons autorisées par notre ADN excède massivement le nombre de gens ayant jamais existé. Et dans ces probabilités stupéfiantes, ce sont vous et moi dans notre simple ordinarité qui sommes là. Nous, les rares privilégiés à avoir gagné la loterie de la naissance, comment pourrions-nous nous plaindre d'un retour inévitable vers un état primordial duquel la vaste majorité n'a jamais pu s’extirper ?"

Et c'est le genre de texte qui fait réfléchir, à cette humanité fantôme. Jean Rostand a écrit là dessus, lui aussi. Et ce "problème" philosophique de la non identité, je pense qu'il recèle plus que ce que nous découvrons de l'exploration de Derek Parfit, dont je partage l'opinion qu'il est sociopathe et dangereux pour sa famille proche.

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

Chargement
×