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Ambre Agorn

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 943 messages
If you don't want, you Kant...,
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C'est excellent comme d'habitude, je me régale et délecte de tes réponses on-ne-peut-plus lucides et clairvoyantes !

 

il y a une heure, Ambre Agorn a dit :

Je ne réponds que maintenant, j'espère que tu arrives à suivre vu les temps de latence.

Je te remercie de me le rappeler: en effet j'avais justement ouvert ce topic pour permettre de dériver plus ou moins.

Aucun problème.

 

il y a une heure, Ambre Agorn a dit :

Cette parcelle d'inconnu, celle qui nous fait croire à la possibilité d'être des créateurs, me fascine et j'y reviens régulièrement. D'ailleurs d'autres se posent les même questions. Pas plus tard que ce week-end, j'en discutais avec une connaissance. Pour lui nous choisissions nos "chemins". Je lui disais presque l'inverse. Je voulais bien admettre la possibilité que, durant notre vie entière, nous puissions faire exceptionnellement un choix ou deux, mais ne pouvais clairement pas affirmer que nous choisissions régulièrement lors d'événements clés de notre vie. Il parlait d'exemples précis de sa vie pour illustrer ce qu'il disait. Il a une culture un peu différente de la nôtre vu ses origines, et donc sa représentation du monde. Il a un champ lexicale qu'il faudrait traduire dans le nôtre si je voulais redire ce qu'il disait concrètement. Je vais tenter de transcrire ce qu'il voulais signifier.

Je suis d'accord avec tes développements.

Pour faire simple, il y a une distinction à opérer entre déterminé et prévisible ! Le premier n'impliquant pas nécessairement le second, sans compter la part d'ignorance que l'on peut avoir sur tous ces déterminismes quand bien même ils existeraient en puissance ou potentiellement.

Il est vrai aussi, que suivant sur quoi on met l'accent ou de valeur, le résultat de la réflexion sera lui aussi différent, en effet, celui qui croit en son libre-arbitre aura tendance a interprété sa vie et son passé au travers de ce prisme, alors que celui qui ne lui donne que peu de crédit mettra lui l'accent sur les déterminismes ou les fatalités, on pourrait même dire que s'oppose plus volontiers une vision optimiste de l'Homme et une autre pessimiste, mais sachant que l'humain est surtout connu pour son biais d'optimisme, il est donc plus probable que celui qui fait montre d'optimisme ne soit pas par la même occasion suffisamment objectif, c'est un peu comme lors d'un procès si on n'écoutait que " la défense " et pas " l'accusation ", le procès serait inéquitable et biaisé.

 

il y a une heure, Ambre Agorn a dit :

Il disait: Certains individus ont la capacité de choisir pour eux-même, et d'influencer fortement leur entourage au point de les faire dévier de la détermination qui les dirige. Un peu comme si la rencontre avec un tel individu constituerait en soi un choc suffisant pour dévier ce qui était plus ou moins prédictible.

Tout-à-fait, les rencontres peuvent influencer la vie d'un individu, il y a pléthore de telles anecdotes dans les biographies de savants célèbres, un moment clef qui les aura fait basculer.

Mais entre constater que nous avons un tel " pouvoir " et être en mesure de prédire ce qui en suivra, c'est deux choses distinctes.

En grande partie, parce que les autres chemins qui ne se sont pas produits nous sont totalement inconnus, pourtant la moindre pichenette aurait pu nous les faire prendre, c'est ce que l'on nomme en psychologie, le biais du survivant. Dit autrement, même en rejouant l'Histoire comme on sait que les évènements se sont produits, avec les mêmes acteurs et les mêmes situations, le résultat serait divergent et ce d'autant plus, que l'on s'éloignerait du point de reprise. Il est aussi par ailleurs bien connu, que même dans un domaine aussi restreint que l'économie ou la réussite individuelle, personne n'est capable de prédire ce qui va advenir, que ce soit une crise économique ou le succès ou la faillite dans telle entreprise individuelle. ( Je vais bientôt lire " Le mythe de l'entrepreneur ", qui justement dénonce un tel préjugé largement partagé ). Tout ceci démontre plus la stratégie mise en œuvre pour contrer ses propres angoisses face à l'incertain, qu'un quelconque pouvoir de prévision, inexistant, j'appelle cela une béquille psychologie, une foi dans une croyance qui permet d'affronter l'adversité et l'inconnu de la vie.

 

 

il y a une heure, Ambre Agorn a dit :

Si je dis avoir fait un bon choix, c'est que je reconnais un événement comme étant la clé (l'élément décisif) de ce qui m'arrive par la suite, jugé favorable à mon équilibre. Mais ce n'est qu'une attitude sociale visant à responsabiliser un auteur par rapport à une situation. Nous sommes chargés par notre entourage et soi-même de la responsabilité d'événements par rapport aux conséquences visibles. Si le choix est mauvais, c'est qu'il nuit à plus ou moins grande importance à l'intégrité de celui qui est reconnu comme auteur et père du choix. S'il est reconnu qu'il n'y avait pas de choix, c'est que nous sommes déchargés socialement de la responsabilité des conséquences. Si nous nous représentions la détermination à laquelle nous sommes soumis, alors il nous serait impossible de désigner un bon ou mauvais choix, il nous serait impossible de désigner un coupable ou un juste. Ceci n'est uniquement possible qu'au sein d'un groupe, parce que dans ce contexte, nous avons des responsabilités et sommes sensés répondre de nos actes tout déterminés soient-ils.

Oui

 

il y a une heure, Ambre Agorn a dit :

C'est un peu tout ce qui fait la beauté de l'humain: l'incarnation de la détermination qui s'ignore, la représentation d'un potentiel par l'ignorance. Même avec toute une vie de recherche en accumulant toutes les connaissances possibles, jamais apparemment nous n'atteindrons un point où la décision nous appartiendrait et serait originelle de la suite. Avoir conscience de ceci et malgré tout se débattre pour qu'il en soit différemment est le seul pouvoir en nos mains: une influence aveugle sur la suite.

D'ailleurs le fait que nous pensons ce qui nous détermine est aussi une détermination, mais aussi le seul moyen de vouloir et tenter d'y remédier. Un peu comme la société qui est intérieure et extérieure à soi: elle est un système qui nous implique, mais nous sommes aussi un élément qui l'implique. L'être humain semble être une rencontre de forces contraires et qu'il est continuellement mis au défi d'y apporter l'équilibre.

Disons que lorsque l'on prend vraiment conscience de ses propres limitations, et elles sont légion, cela peut avoir quelques incidences sur nos délibérations futures, bien que ce soit nécessaire mais encore insuffisant, il faut aussi profondément le comprendre et même l'expérimenter pour se l'approprier, ainsi qu'avoir la volonté pérenne d'y sursoir... Sachant qu'on ne peut pas le faire constamment et sur tout, on ne peut au mieux qu'y tendre, dans une perspective continuelle de perfectionnement. Mais tout un chacun ne souhaite pas une telle chose, beaucoup optent inconsciemment pour la facilité, comme ça vient, se reposant sur leurs instincts, intuitions, heuristiques, préjugées, habitudes, les mœurs ou traditions locales, etc... 

 

 

il y a une heure, Ambre Agorn a dit :

Ai-je bien compris ce que tu as écrit: l'intelligence, tu la vois comme une instance psychique au même titre que la raison? Tu n'engobes pas la raison dans l'intelligence?

Tu peux le voir ainsi: L'intelligence est comme une voiture, de sport pour la haute intelligence par exemple, et la Raison en est son pilote - et la destination mue par nos émotions.

 

                                                                        ***************** 

Je reviendrais finir ultérieurement, je dois partir...

 

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 943 messages
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Étant donné que je trouve les résultats de tes analyses tout-à-fait pertinents, je n'ai pas acquiescé de manière ostentatoire à chacun, mais c'est ainsi qu'il faut malgré tout l'entendre, je n'ai fait que développer certains ou y apporter ma contribution. ( Nous avons un style cognitif assez similaire je trouve, d'où certainement ce sentiment d'être face à mon alter-ego )

Bien sûr même en l'état, je ne peux prétendre à l'exhaustivité dans ma réponse, en particulier concernant la liberté de " destinée ", il y aurait tellement de choses à en dire ! En tout cas, ce que tu as dit au sujet de la rétrospectivité de l'explication/justification après coup, cela correspond assez bien à ce que M. Gazzaniga peut en dire dans son livre " Le libre-arbitre et la science du cerveau ", le cerveau ou notre esprit se raconte des histoires en permanence pour donner du sens aux évènements, je pense que ton ami d'une culture différente est sujet - ou victime - comme tout un chacun à cette propension naturelle. Il est extrêmement difficile de déjouer nos inclinaisons naturelles/innées, que ce soit cette fonction psychique " d'Interprète " dont parle M. Gazzaniga, ou nos différents biais cognitifs, en effet, il ne suffit malheureusement pas de savoir qu'on en est l'objet/jouet pour que l'effet disparaisse pour autant, non seulement de le savoir est quasiment inefficace, mais même accompagné d'explications rationnelles ou de preuves n'est pas suffisant, y compris quand elles discréditent complètement notre croyance ! On le voit assez bien dans les travers/biais de " supérieur à la moyenne ", d'auto-complaisance, de dissonance cognitive, dans celui de compensation morale ( self-licensing ), ou encore du processus d'attribution, par exemples, mais il y en a pléthore d'autres...

Si j'ai écrit que le déterminisme ne pouvait pas conduire ipso facto à la prédictibilité, dans le sens où savoir un déterminant ou une influence ne permet pas de savoir son évolution ou impacte prochain, y compris dans des phénomènes pourtant hautement déterministes ( sensibilité aux conditions initiales et phénomènes en jeu non-linéaires en partie, ainsi que les limitations des données d'entrée et leur fiabilité/qualité/marge d'erreurs ), réciproquement, la liberté supposée de l'individu est bien souvent une ignorance plus ou moins importante des mécanismes qui le gouvernent, et ce à tous les niveaux d'organisation que l'on voudra, du biochimique au social, en passant par le neurologique et la génétique. On peut même s'en remettre le cas échéant aux expériences de Libet, où l'on y découvre que notre cerveau a " décidé " avant un choix conscient de notre part en tant que personne, autrement dit, nous ne ferions que suivre ce que notre cervelle a décrété toute seule ou spontanément ! Bref, quand on est assez au fait de ce que constitue un être humain et comment il fonctionne, y compris dans ses parties les plus intimes, on ne peut plus vraiment soutenir que nous décidons de nos vies, mais bien plutôt que nous les subissions dans tous les sens du terme. Finalement le courage serait un déterminisme qui lutte contre un autre, celui interne du devoir " au nom de " contre celui suscité par la peur, dont on désire donner plus de poids au premier qu'au second, la valorisation du premier ne serait-ce que pour l'estime de soi étant supérieure à la dévalorisation du second dans ce même but egotique, le tout renforcé par ce même jugement axiologique par la société dans son entier.

 

 

Il y a 7 heures, Ambre Agorn a dit :

Il est aussi intéressant de noter que les sociétés évoluent, mais que l'humain semble très très peu évoluer. La confusion entre les deux est quasi systématique: on amalgame l'évolution humaine à l'évolution des sociétés et leurs lois. Mais l'humain, en quoi évolue-t-il?

Oui, c'est vrai. Nous fonctionnons intrinsèquement comme nos ancêtres Cro-Magnon ni plus, ni moins, c'est seulement notre milieu de vie ou environnement immédiat qui a profondément changé, qui est certes le fruit et la résultante d'actions des générations d'Homos sapiens nous ayant précédé et celle active en ce moment et avec laquelle nous sommes en interdépendance. Le grain de sable qui se trouve dans la pierre d'un édifice comme la château de Chambord est tout-à-fait du même acabit que celui vulgaire de n'importe quel cour d'eau, la seule différence étant ce qui l'entoure, il en va de même pour n'importe quel humain.

 

 

Il y a 7 heures, Ambre Agorn a dit :

Quand nous formons une groupe ou discourrons en groupe, qu'est-ce qui est à l'œuvre? N'est-ce pas l'expression d'une intention qui essaye de se réaliser? Alors nous agissons et parlons tous en témoin sensible, et nous convoquons l'incarnation de cette intention. Mais nous ne sommes pas tous "sage", tout le temps et pour tout, alors les forces contradictoires en nous s'expriment dans les sociétés que nous construisons.

Je vais être certainement moins gratifiant sur ce genre de pratique, avec le recul de par un certain isolationnisme volontaire, je dirais qu'au-delà du verbe, c'est essentiellement la socialisation qui compte ou prime lors de n'importe quel rassemblement, que le fond soit une discussion, un repas, une fête, une soirée jeu ou cinéma, des attouchements ou autre, ce qui est avant tout recherché est soit le partage de nos états d'âme, soit de rentrer en synchronisation cérébrale ou en sympathie avec nos congénères, car cela nous rend heureux ou nous fait plaisir. En fin de compte ce qui est recherché est surtout l'évitement ou la manifestation des effets de certaines hormones en nous, entre autres de réduire le cortisol ou augmenter la dopamine, la sérotonine ou l'ocytocine, mais bien évidemment nous n'en avons nullement conscience, au mieux nous arrivons à percevoir nos états émotionnels qui en résultent.

Bien sûr, il demeure les réunions utilitaristes du quotidien. Mais en dehors de ces deux grandes catégories, que celle de l'Utile et celle de l'Hédonisme, il ne reste en général plus rien ou peau de chagrin comme qui dirait...

Ce ne sont donc bien souvent que de vains bavardages pour d'autres finalités non-reconnues en tant que telles, y compris celle de se mettre en valeur en groupe, d'avoir le dernier mot, de jouir, d'alimenter ou satisfaire sa curiosité, de voir et se faire voir, etc...

 

Peu de personnes, et tu en fais partie à mon sens, sont capables d'aller au-delà d'une superficialité, bien que ce terme soit aujourd'hui éculé, j'en suis même arrivé à la conclusion que l'humain est en général unidimensionnel, sans épaisseur, il ne fait que user, jouer ou jongler avec des idées et des concepts prêt-à-l'emploi, sans vraiment en saisir la portée, la profondeur, les subtilités, les connexions ou les complexités, bref son usage est essentiellement épidermique, jamais il ne touche du doigt le derme, parfois il le suppose et imagine l'avoir fait, mais force est de constater qu'il n'en est quasi-systématiquement rien, les pensées d'une même personne sont la plupart du temps étanches les unes aux autres, ce qui explique assez bien pourquoi les gens sont si souvent contradictoires, inconsistants ou incohérents, ils n'ont pas la moindre idée des ramifications et des réseaux complexes d'échanges qui se trouvent dessous les étiquettes et l'usage utilitariste qu'ils en font, ce sont de parfaits surfeurs, tout à l'inverse d'une personne telle que toi, adepte des profondeurs, une véritable Cousteau de la réflexion ! Cela fait du bien pour un esprit tel que le mien, d'être en " communion " avec un autre extraterrestre...

 

Le jeu démocratique, en l'occurrence discursif, est une illusion, il est extrêmement rarissime de voir quelqu'un changé d'avis ou reconnaitre ses faiblesses intellectives ( @tison2feu étant une de ces exceptions ) quels que soient les arguments rationnels ou contrefactuels mis sur la table, au mieux la personne peut laisser croire qu'elle se plie à notre avis, mais même si elle a été quelque peu sincère, elle a toutes les chances de reprendre son mauvais pli peu de temps après, autant il est connu et reconnu que notre cerveau fait preuve de plasticité, autant les préjugés et autres travers chez l'Homme sont inextirpables généralement, voire plutôt fixistes ou inflexibles; ou alors à grand mal et avec des résultats médiocres ( j'ai consulté nombre de recherches scientifiques qui montrent cette propension à la rigidité intellectuelle passée l'enfance, à l'inverse je suis tombé sur une qui mettait en évidence que les autistes ne connaissent pas ce plateau épistémique, ils continuent à se dépasser même après l'âge adulte ).

 

Il y a 7 heures, Ambre Agorn a dit :

Si nous sommes si clairvoyant des autres, pourquoi ne pas se servir de cette capacité pour s'améliorer? En général on me dit qu'il ne faut pas dire ce qu'on pense pour éviter les conflits. Quant à moi j'ai bien envie de mettre des tartes et des claques autant physiques que verbales. Cependant je me restreins parce que je n'ai pas envie d'assumer des morts... ni d'en faire partie. Parce que même si je sens l'utilité d'entendre ce que les autres voient de moi-même, je ne peux affirmer que je serai suffisamment aguerrie pour entendre, supporter et corriger le tir! Et j'imagine bien qu'on est tous avec cette peur au ventre, d'où les discours à n'en plus finir qui décrit comment on doit se comporter socialement, ce qui est autant une prison qu'un garde-fou.

Il a été montré qu'effectivement nous sommes bien plus objectifs/justes concernant les autres, leurs qualités ou compétences, que pour évaluer les nôtres. Il serait donc sage d'écouter autrui que ce soit des éloges ou des critiques quand il s'exprime à notre sujet, il n'aura certainement pas ce filtre angélique devant les yeux que nous nous sommes mis. 

Il est vrai néanmoins que c'est à partir de données récoltées venant du quidam, il n'est pas certain que ce soit systématiquement valable dans toutes les situations ou pour n'importe qui. Je te rejoins donc, étant donné que je l'ai vécu plusieurs fois au sein de mon travail, où des collaborateurs censés avoir les savoirs nécessaires à leur poste se sont avérés défaillants dans leur propre mission, et qui de surcroit se permettent de porter un jugement sur autrui alors qu'ils exhibent ce même défaut en bien pire, si tant est qu'il existait chez la personne jugée, on ne peut pas toujours prendre caution de ce que l'on peut rapporter de nous, au même titre qu'un enfant a plus de chance de se tromper sur son parent que l'inverse, certaines personnes sont mauvaises dans leurs perceptions et appréhensions des choses et des gens, dû certainement à des forces psychiques internes qui les font se fourvoyer, comme un complexe d'infériorité ou au contraire un comportement totalitaire/tyrannique d'abus de pouvoir.

Je pense qu'une fois que l'on a pris conscience de la non-résolubilité des discussions, soit on les prend pour ce qu'elles sont, des évènements de socialisation en tant que telle, soit on les fuit comme la peste car on sait déjà ce qui va s'ensuivre comme à l'accoutumée, et ce, quelles que soient les personnes présentes, en effet, le niveau d'érudition et même d'intelligence n'immunise pas contre les dérives sectaires, idéologiques, idéelles, la fausseté, l'égarement, le fourvoiement ou la mauvaise foi, ou encore les manifestations des affects et autres émotions, etc... En clair, avoir une réflexion qui tienne la route venant d'un individu lambda c'est un peu comme trouver un apprenti funambule passant d'un immeuble à l'autre sur une corde tendue invisible, sans faux-pas et donc sans tombé !

 

P.S.: Quand j'ai utilisé la métaphore de l'automobile pour l'Intelligence et du pilote/conducteur pour la Raison, je peux aussi y adjoindre un autre point, important, comme je le dis souvent à ma benjamine d'ailleurs: la Connaissance est le carburant - ou nourriture - de l'Intelligence ! Ainsi si un seul des éléments manque ou est défaillant/dysfonctionnel ou faible, le résultat sera décevant ou pire !

 

:bienvenue:

 

 

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Il y a 20 heures, Ambre Agorn a dit :

Je retiens ceci spécifiquement, parce que justement cela me pose question. Qu'est-ce qui fait ce basculement? Je n'ai pas de preuves pour ce que je dis, mais il semblerait que la notion de courage d'antan recèle une attitude socialement souhaitée et reconnue, alors que maintenant (période postmoderne) cette notion courageuse dépend presque entièrement de l'individu et sa subjectivité, sans être définie/reconnue par la société. Est-ce trop raccourcis (trop cru) que de dire que le courage était une valeur sociale, et aujourd'hui une valeur individuelle sans véritable utilité sociale?

D'ailleurs @deja-utilisedans sa façon d'en parler, décrit tout à fait bien cette façon intérieure de percevoir et vivre l'acte courageux. Moi-même quand je perçois un dévoiement de cette valeur à mes yeux, ce n'est qu'à partir de mon propre point de vue car la société ne m'en fournit aucun (ou trop)

L'ennemi intériorisé. Après avoir conquis l'espace extérieur, se pourrait-il que nous découvrions l'immensité intérieur à explorer? Après s'être bien entraîné au massacre de l'ennemi, à sa domination par les armes et la force, quel ennemi affronte-t-on en interne? N'avait-il jamais été qu'interne d'ailleurs cet ennemi projeté sur le visage du protagoniste?

Qu'est-ce qui fait ce basculement ? L'émergence de l'État comme instance régulatrice du quotidien, de la civilisation des médias et de la société de consommation, sans doute. Les individus se retrouvent soumis à une panoplie d'injonctions normalisantes, uniformisantes et dès lors, la nécessité de réaligner les valeurs sur l'affirmation individuelle s'impose. Ce que fait par exemple un Nietzsche.

L'ennemi peut être dit intériorisé dans la mesure où il n'est pas question de lutter directement contre ces instances, ce qui est chose impossible de toute façon. Et aussi dans la mesure où dans mon développement, j'intègre les pressions extérieures avant d'être en âge de me saisir comme individu. Il s'agit alors de développer une sorte de clairvoyance et de résilience intérieures.

La tradition guerrière demeure le socle de cette valeur. Seulement, auparavant, l'objet du courage était palpable (aller foutre une raclée au dragon) alors qu'aujourd'hui, dans sa version métaphorisée, il est à définir (m'affirmer en tant que quelque chose que je ne saisis pas encore et par rapport à des conditionnements intérieurs dont je ne suis pas certain où ils commencent et où ils se terminent).

Nous pourrions par ailleurs très bien considérer que le questionnement même auquel nous nous adonnons sur la signification du courage puisse faire partie intégrante de ce mouvement d'affirmation individuelle, de lutte contre les dragons uniformisants, puisqu'il s'agit notamment de se défaire de la manière dont cette valeur est cyniquement déconstruite par le discours politique, médiatique ou publicitaire.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 943 messages
If you don't want, you Kant...,
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@Ambre Agorn

Bonjour miss,

uniquement pour te donner des liens - aussi imparfaits sont-ils - vers les éléments de référence sur lesquels je m'appuie en partie pour poser mon discours:

 

Le problème de Diagoras ou biais du survivant, par Nassim N. Thaleb:

https://www.contrepoints.org/2018/08/09/322063-le-probleme-de-diagoras-pourquoi-nous-aimons-dire-parce-que

Pour un aperçu-résumé de ce qui est développé dans son libre " Le cygne noir " ( lu ), sur " l'imprévisibilité " :

https://studiapedia.com/le-cygne-noir-la-puissance-de-l-imprevisible

Au sujet de " l'Histoire " mais c'est tout aussi valable pour sa propre histoire ou celle d'autrui, sans aucune force prédictive, uniquement interprétative:

https://mikaelecanvil.com/cygne-noir/

 

 

Le " module " Interprète de l'hémisphère gauche, selon Michael S. Gazzaniga ( faire l'impasse sur les considérations/passages psychanalytiques ) :

https://blogs.mediapart.fr/christian-verdeau/blog/230615/notre-interprete-inconscient-nous-raconte-des-histoires

Dans la même veine et du même auteur, notre propension à la narration/fabulation après coup ou rétrospective, pour donner une cohérence ou une rationalité - fictive - à l'ensemble:

https://www.mindunderstandingitself.com/fr/2019/04/01/le-cerveau-narrateur-linterprete-de-lhemisphere-gauche/

 

:bienvenue:

 

 

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  • 3 semaines après...
Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 151 messages
Mentor‚ 35ans‚
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-Pourquoi tant d'hésitation?

-J'ai l'impression d'avoir été invitée à un dîner de cons!

-Mais pourquoi? Tu sais bien que ce n'est pas le cas? En tout cas, je peux t'affirmer que dans mon cas ce n'est pas du tout cette intention que j'ai. J'ai envie de faire ta connaissance, de te rencontrer.

-Pourtant nous nous sommes déjà rencontrés, et de ce fait nous en avons tout deux acquis une certaine connaissance, non?

-Il est vrai que nous nous sommes croisés. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de te rencontrer tout de même.

-Voudrais-tu dire qu'il est alors nécessaire de s'affronter, au moins verbalement, pour parler d'avoir rencontré ou connu une personne, ainsi que graduer cette connaissance par rapport aux qualités et durées de ces rencontres en lices?

-En effet, je dirai qu'il faut un minimum d'échange verbal et de présence physique pour parler de rencontre ou de faire connaissance avec un autre.

-Je pourrais être d'accord avec toi si j'étais sûre que tu ne faisais pas l'amalgame entre échange verbal de toi à moi, et échange verbal de toi au "monde". Il en va de même avec la connaissance. Pour moi, la connaissance est bien plus vaste que ce que tu décris. Celle que tu décris est la dernière étape à oser franchir dans la quête de la connaissance impossible de l'autre. Pourtant cette quête commence bien avant ces affrontements. D'ailleurs je te connais dans une certaine mesure, je l'ai savouré et y goûte parcimonieusement, je m'apprivoise moi-même avec ce qui m'est arrivé de mes sens à ta ton contact. Et je redoute le moment où nous parlerons face à face, car alors j'aurai choisi de te laisser imprimer en moi une marque que je ne peux prévoir, une marque qui se pare de l'effrayant inconnu qui modifie inexorablement ces constructions que je module en continue en moi-même pour équilibrer les forces en jeu. Je le redoute et ne peux m'y soustraire sachant que c'est une étape incontournable. Je redoute et appelle avec élan cet affrontement comme la maturation de mon être entier. Il faut donc qu'on en passe par la connaissance rationnelle, celle qui complétera un peu plus celle que j'ai déjà lovée en secret en moi-même, celle que j'ai manipulé sans la nommer ou la définir mais qui déjà dessine un nouvel équilibre des forces, équilibre qui sous-entend des ouragans de forces dans lesquelles je me suis tenue et restée vivante.

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  • 1 an après...
Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 151 messages
Mentor‚ 35ans‚
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Je suis confrontée à des problèmes sémantiques. Et je vois bien que ces problèmes se répètent un peu partout un peu pour beaucoup de personnes.

J'avais pris le parti de mettre de l'ordre dans les mots que j'utilise, alors j'ai bossé. J'ai repris l'étymologie, j'ai repris l'histoire des mots, j'ai mis mon nez dans quelques bouquins de sociologie, de journalisme, de psychanalyse, de géographie et d'histoire aussi, de littérature beaucoup, j'ai discuté avec d'autres personnes.

De tout temps les mots viennent à manquer au bout d'un moment quand on cherche à repousser les limites de notre compréhension, repousser les limites tout simplement. De nouveaux mots apparaissent et sont utilisés. Ce mécanisme qui permet de mettre dans la bouche de tous des mots nouveaux, ou des "vieux" mots auxquels on rajoutent un sens, me semble assez obscure.

J'imagine l'agora grecque avec un attroupement de citoyens plus ou moins engagés dans les questions soulevées en public, ... J'imagine le chef soucieux de l'idée d'un certain ordre, qui impose un nouveau mot avec son sens pour faire prospérer son peuple. J'imagine des groupes de chercheurs qui vont plus loin que tout le monde sur un sujet ... J'imagine aussi une personne interrogeant son propre environnement, découvrant et repoussant les limites de l'exploration de celui-ci. Il veut en faire part autour de lui. Le besoin de nouveaux mots se fait parfois ressentir, et il en invente un ou en utilise un autre en lui adjoignant un sens plus précis ou légèrement modulé, etc.

Quand cette personne, voulant témoigner ou partager sa "découverte", son "eurêka", utilise ce mot avec son sens modifié, la confusion s'installe, l'incompréhension, la frustration, voire même la brisure. Il faudrait beaucoup de temps, de patience, de bonne volonté pour mettre à niveau et expliquer les longs cheminements qui ont aboutit à cette évidence de nouveau mot ou de nouveau sens.

Sans compter qu'au final la précision des mots utilisés n'importe pas grand monde.

Je crois qu'on nage en continue dans une mer d'imprécision langagière et sémantique.

Peut-être n'est-ce qu'un symptôme d'ailleurs?

Je crois aussi que ceux qui amènent leur nouveaux mots et leurs nouveaux sens sont difficiles à supporter s'il n'ont pas une bonne dose de patience et de pédagogie! Sans doute faut-il aussi beaucoup de souplesse et de respect pour accepter un nouveau mot, un nouveau sens, ne serait-ce que le temps d'une conversation, ou pour toute une vie.

Tout ça pour dire que je me suis retrouvée à expliquer la différence entre la justice et la justesse à mes filles. Une fois cela fait, je me suis demandée si je n'avais pas fait une erreur et exagéré ou élargi le sens de la justesse.

Ce qui est juste l'est autant pour la justice que pour la justesse, alors qu'est-ce qui est injuste? Bien sûr ce qui n'est pas juste -de justesse- est faux, inexact. Mais fait-on vraiment la différence, ou sait-on vraiment contre quoi nous nous insurgeons quand, exaspéré, ulcéré ou en colère on crie à l'injustice? J'en doute tellement!!!

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 943 messages
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Bien le bonjour @Ambre Agorn,

ce que tu dis est entièrement juste ( sans jeu de mots avec ton interrogation en compagnie de tes filles ), et c'est même pire que ce que tu penses/envisages, c'est-à-dire que cela commence aussi/même avec des mots-concepts anciens/établis, simples, bien connus et disons quasiment " évidents " de prime abord - en mettant de côté ou à part les noms propres !

 

Si tu as le/du temps, je t'invite à lire, de nouveau à travers le navigateur Chrome et Google Translate, l'étude suivante ( lue en VO ) :

https://direct.mit.edu/opmi/article/doi/10.1162/opmi_a_00072/114924/Latent-Diversity-in-Human-Concepts

Extrait de la conclusion:

" Si l'on pouvait recueillir une quantité arbitraire de données, on pourrait s'attendre à trouver de légères différences entre les individus : un interlocuteur pourrait avoir des souvenirs spécifiques rendant sa représentation idiosyncrasique, voire différente de celle d'un autre. Cependant, notre approche expérimentale reposait sur l'évaluation des similitudes et des caractéristiques – et non sur un inventaire exhaustif des souvenirs ou associations de chaque personne – et nous avons néanmoins pu justifier statistiquement des représentations mesurablement distinctes, même pour les noms communs. Si des différences peuvent être détectées grâce à ces méthodes, cela indique une variation substantielle des significations lexicales au sein de la population. Cette variation existe malgré le fait que les individus utilisent le même mot pour chaque concept, et que les individus sont relativement inconscients que d'autres auront tendance à émettre des jugements de similarité différents. "

Bonne lecture éventuelle !

 

 

P.S.: Pour ce qui concerne la distinction entre justesse et justice, qui effectivement partage une base commune avec le concept de Juste et que j'utilise de temps à autres pour parler des deux simultanément, c'est que la première se réfère à ce qui est vrai ou faux, quand la deuxième renvoie à ce qui est bien ou mal en l'occurrence sur un plan légal ou moral, quant à lui plus visible dans son versant négatif: " il y a là une injustice ".

 

:bienvenue:

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Membre, Posté(e)
Neopilina Membre 3 188 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
il y a une heure, deja-utilise a dit :

P.S.: Pour ce qui concerne la distinction entre justesse et justice, ...

Dans un discours, un énoncé, etc., qui dit bien ce qui est, le vrai (même si c'est sur une erreur, un mensonge, un délire, etc., qui sont bien en tant que tels), il y a de la justesse. La Justice, c'est entre Sujets, dans le Monde subjectif. " Justesse et Justice " pourrait faire un très beau slogan.

Modifié par Neopilina
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