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Regards sur notre monde

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Annalevine

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Pour continuer ici ma remarque émise sur le fil de Guillaume et pour jeter un regard sur la France, est-ce que l’inégalité culturelle en France a des conséquences sociales graves ou pas ?
 

Après tout que de plus en plus de gens ne savent plus écrire leur langue, qu’ils ne savent pas que les sciences ont été engendrées par la philosophie grecque par exemple, ce qui signifie qu’ils ne connaissent pas l’histoire de leur civilisation, est-ce grave ?

Probablement pas sur le plan économique encore qu’une telle inégalité engendre un déficit de main d’œuvre qualifiée en France. La valeur ajoutée par le travail est plus faible en France qu’en Allemagne, qu’en Suisse, qu’ au Japon, etc. en raison de ce déficit culturel.
 

Mais l’économie libérale fonctionne aussi très bien avec cette pauvreté culturelle des lors qu’il existe une minorité compétente et pointue sur le plan culturel.

Le danger d’une telle inégalité culturelle c’est surtout sur le plan social. La pauvreté culturelle semble aller de pair avec la pauvreté économique, d’où de fortes inégalités salariales. Il est vrai que les transferts sociaux compensent cette inégalité. 

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Réflexions :

1) Lorsqu’un philosophe égrène des pensées illisibles c’est le signe qu’il n’a pas de vécu. Ce qui entraîne  cette autre constatation : certains ne font pas l’expérience de leur vécu. Ils  traversent des événements inouïs sans même les remarquer.

2) L’un des avantages des classes dominantes c’est de pouvoir se donner le luxe de faire des expériences ratées.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Il y a dans la dédicace de Gunther Anders à son père ( dans le livre : l’obsolescence de l’homme ) cette remarque concernant la psychologie. Son père voyait dans la psychologie naissante une destruction de la personne humaine en raison du caractère scientifique de l’analyse psychologique appliquée à l’homme. La science faisait ainsi de l’homme une chose. Ce fut et c’est encore mon sentiment : l’analyse psychologique, de la manière dont elle est encore parfois utilisée, tend à faire de l’homme une « chose ». En décortiquant l’individu et en le réduisant à un ensemble de causes et d’effets psychiques nous poursuivons une œuvre de déshumanisation. 
L’analyse n’a de sens que si elle vise à donner à l’individu des moyens d’agir sur lui-même, mais l’analyste doit toujours continuer de voir en l’individu un tout, non réductible à des mécanismes psychiques. L’analyste doit toujours considérer l’autre comme une totalité irréductible, digne de respect et d’amour.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Anders introduit cette idée : « la non-synchronicité entre l’homme et le monde qu’il a produit, l’écart qui les sépare, nous l’appelons le décalage prométhéen ». 
La théorie idéologique par exemple est en retard sur les rapports effectifs, la représentation est en retard sur l’action, les sentiments sont en retard sur nos actes. Exemple : nous sommes capables de détruire à coups de bombes des centaines de milliers d’hommes mais nous sommes incapables de ressentir quoi que ce soit devant ces centaines de milliers d’êtres anéantis par la bombe atomique. C’est cela ce décalage prométhéen.

Par exemple encore nous produisons des machines derrière lesquelles nous courons pour nous adapter à elles. Nous sommes désormais en retard derrière notre production.

 « Il n’est pas impossible que nous, qui fabriquons ces produits, soyons sur le point de construire un monde au pas duquel nous serions incapables de marcher; il serait absolument au dessus de nos forces de comprendre un monde qui excéderait absolument notre force de compréhension. »

Ce monde est peut être déjà construit.

Si la capacité de produire de l’homme ne connaît aucune limite en revanche l’homme lui est limité dans sa capacité d’adaptation.

« Une critique des limites de l’homme, de toutes ses facultés, me semble être ce qui manque aujourd’hui à la philosophie »

Les crimes des nazis nous pouvions encore les rattraper en y étant sensible. Nous ne pouvons toujours pas rattraper le cataclysme des bombes atomiques lâchées sur une population civile: si nous ne ressentons rien devant ces centaines de milliers de morts c’est que nous sommes dépassés. Notre capacité « sentiment » est très largement débordée par cet acte venu de produits dont les effets nous dépassent largement.

La volatilisation de centaines de milliers d’hommes ne nous parle plus. Nous avons largement dépassé les nazis, nous ne ressentons plus rien, car il est impossible de ressentir quoi que ce soit devant la manifestation puissante de nos produits. L’homme a atteint ses limites. Et la production qu’il engendre, les machines qu’il engendre engendre un monde auquel l’homme ne peut plus s’adapter 

Parce  que ses aptitudes de compréhension, de représentation, etc. sont dépassées.

Modifié par Annalevine
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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)

Cette réflexion d’Anders est intéressante car elle dit aussi quelque chose sur l’action de l’homme en général. L’homme d’action, celui qui fait le monde, lance devant lui des actes devant les conséquences desquelles il doit s’adapter. Toute action est suivie d’une adaptation aux conséquences de cet acte. Cela a toujours été. 
Lorsque les hommes franchissent l’isthme de Suez pour sortir d’Afrique et conquérir le monde ils lancent une action qui va entraîner d’intenses adaptations ( même physiques). 
Mais aujourd’hui nous lançons des actions, notamment des actions créatrices de produits dont les conséquences sont telles que nous ne pouvons plus nous adapter. Nous avons atteint nos limites. 
Par exemple même si nous sommes conscients de l’impact de notre production sur notre environnement naturel cette conscience là même ne nous permet pas de « sentir », ressentir, l’impact prévisible du changement climatique. C’est trop énorme, nous avons atteint notre limite. Même une prise de conscience est insuffisante. C’est pourquoi nous allons prendre de plein fouet les conséquences  de la modification de notre environnement naturel. L’étendue des conséquences de ce changement dépasse notre imagination. C’est parce que notre imagination est dépassée qu’une prise de conscience est insuffisante. En produisant des actes auxquels nous ne pouvons plus nous adapter nous avons perdu le contrôle. Nous allons devoir affronter le pire.
 

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Membre, 69ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 498 messages
Forumeur expérimenté‚ 69ans‚
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il y a 7 minutes, Annalevine a dit :

Lorsque les hommes franchissent l’isthme de Suez pour sortir d’Afrique et conquérir le monde ils lancent une action qui va entraîner d’intenses adaptations ( même physiques). 

Et voilà où conduit la fameuse citation de Socrate, "La seule chose que je sais, c'est que je ne sais rien" : à vivre et à penser des non-sens tel que celui-ci : l'homme né en Afrique est parti à la conquête du monde. 

Suivra de près un autre fantasme absolument incohérent, celui des Aryens: des fous-furieux issus du Caucase vont ravager l'Europe et l'Asie par le feu et le sang et apporter la civilisation, notamment en Inde. 

Ce genre de croyances, infondées, forment le socle de la spéculation et des théories-vérités occidentales. Hommes et femmes ne savent plus penser autrement que par ces dogmes. 

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Anders nous parle d’un homme qui, après avoir fait la guerre, après avoir bombardé des populations civiles, se retire et tente de comprendre. Il n’y arrive pas. Il se retire dans un monastère. Il n’arrive pas à comprendre ce qu’il a fait. Il tente de devenir ce qu’il était quand il a agi en tant de guerre. Il ne s’agit plus du « deviens c’est que tu es » mais de « deviens ce que tu étais ». Il ne s’agit pas de donner du sens, il ne s’agit pas de culpabilité. C’est autre chose. C’est le décalage prométhéen : le sentiment est en retard sur l’action. Mais ce décalage devient tellement grand aujourd’hui que le sentiment ne pourra pas rattraper l’action. L’homme a atteint ses limites. L’homme ne peut plus rattraper son action. Nous avons perdu tout contrôle. Parce que nous avons dépassé nos limites de compréhension.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)

Pendant que les forêts brûlent dans l’autre hémisphère, pendant que l’eau se raréfie ici et qu’elle emporte dans sa furie des hommes là, pendant que les oiseaux disparaissent, pendant que la terre s’assèche et que les maisons lentement se fissurent, pendant que des terres devenues définitivement stériles chassent ses habitants, pendant que les anciens meurent dans des maisons closes, pendant que les pères et les mères pensent que la transmission se fait par les gènes et non par la mémoire spirituelle, chacun courant vers les bons gamètes, pendant ce temps là...tous dansent près de la fracture sans voir les SIGNES. L’Etre fait signe, mais les humains cramponnés à leurs dieux ou à leur philosophie ne voient rien. Ne veulent rien voir. Car les limites de leur compréhension ont été dépassées.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Depuis quand nous n’avons plus les moyens de comprendre le monde ? Depuis les analyses marxistes ? Peut-on dire que le libéralisme offre une compréhension du monde ?

Combien y a-t il eu de ...ismes depuis le marxisme ? Des dictionnaires de ...ismes !!! Mais des ...ismes qui prétendent comprendre le monde mais qui ne permettent pas d’agir sur le monde, des ...ismes savants qui n’ouvrent sur aucune action sont-ils des compréhensions du monde ?

Si la philosophie ce n’est plus que réfléchir sans jamais agir est-il encore important de réfléchir ? Pour soi-même sans doute, pour piloter sa propre vie. Mais au-delà de soi ?

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Il est probable que les hommes n’ont jamais su où ils allaient. Il est probable qu’ils ont dû toujours courir derrière leurs actes pour s’adapter. La révolution néolithique n’a jamais été planifiée. Que l’agriculture ait fini par engendrer les États est d’ailleurs toujours incompréhensible. Les ethnologues se battent entre eux et ne comprennent toujours pas. Ainsi même l’origine de notre civilisation demeure énigmatique. Les certitudes d’hier sont sans cesse brisées par de nouvelles découvertes archéologiques. Ça n’en finit pas. Nous pensions enfin tout savoir du néolithique, nous ne savons plus rien.

Aussi Anders affirme une opinion sur notre monde actuel que nous pouvons émettre sur les anciens mondes aussi. Personne n’a jamais compris l’évolution du monde. Chacun se bricole une représentation qui lui permet d’agir. Avec plus ou moins de bonheur. Chacun crée sa compréhension du monde dont il fait souvent une grotte au sein de laquelle il s’efforce de vivre. Chacun sait. Chacun en fait décide de savoir mais ne sait rien.

 Nous sommes bel et bien pilotés soit par un être aux yeux crevés, soit par un être qui va son chemin, et qui de toute façon ne dépend en rien de l’humanité.

Du coup il n’est possible de déterminer sa vie que sur des intuitions, des fulgurances, des choix  inspirés. La raison ensuite n’entre en mouvement que pour mettre en acte les choix retenus.

Alors qu’est ce qu’Anders dit de nouveau ? Que notre incompréhension du devenir du monde est devenue telle que nous ne pouvons même plus nous adapter au monde que nous créons.

Si cela est vrai alors que reste t il à faire que de faire  des choix totalement inspirés, intuitifs ? 
 

C’est en vérité ce que je fais.

Mais qu’est ce qui borde tout de même mes choix inspirés ? Sinon une certaine vision du monde issue d’une inclination mystique ? 
 

La mystique slave. Faite d’une religiosité sans dieu nécessaire. La nouvelle mystique ashkénaze faite aussi d’une mystique  qui elle aussi peut s’affranchir de tous dieux. 
 

Les  mystiques slaves et juives s’appuient sur l'histoire. 
 

Et la philosophie dans tout cela ? Il y a longtemps que la philosophie ne s’intéresse plus aux hommes.  Il y a longtemps qu’elle n’a plus rien à dire. 
 

La philosophie occidentale est un îlot culturel sclérosé qui ne sait plus rien du monde. Les grands auteurs ont disparu. Ceux qui restent ne sont plus que des moralistes. Même Sartre n’était plus qu’un moraliste. Des moralistes qui cherchent un socle qui s’est depuis longtemps évanoui.

La philosophie survit en France comme vestige d’une gloire passée. Elle n’est plus que vestige. Comme Dieu elle est morte mais nombreux sont ceux qui viennent se recueillir sur son tombeau.

Les braves gens veulent philosopher en pensant trouver une valorisation à philosopher. Mais la cathédrale n’est plus que ruine.

Les braves gens qui tentent de se valoriser en philosophant me font penser aux nabatéens poussant leurs chèvres dans Jérusalem dévastée et vidée des Judéens. Mais le temple a été détruit. Il est trop tard pour venir philosopher.

Le temps des troubles est arrivé.

 


 

 

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Membre, 65ans Posté(e)
pila Membre 18 571 messages
Baby Forumeur‚ 65ans‚
Posté(e)

Annalevine a dit : " Le temps des troubles est arrivé."

Oui, et les gens ne s'en rendent pas compte. Informatisation à outrance, disparition des PME-PMI pour intégration dans grands groupes planétaires, assommage par une "culture" visuelle stupide (télévision) etc...

Les gens qui ont vécu une époque plus "posée" atteignent les 60 ans et ne sont pas écoutés.

 

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Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 164 messages
Mentor‚ 35ans‚
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Il y a 11 heures, Annalevine a dit :

Pendant que les forêts brûlent dans l’autre hémisphère, pendant que l’eau se raréfie ici et qu’elle emporte dans sa furie des hommes là, pendant que les oiseaux disparaissent, pendant que la terre s’assèche et que les maisons lentement se fissurent, pendant que des terres devenues définitivement stériles chassent ses habitants, pendant que les anciens meurent dans des maisons closes, pendant que les pères et les mères pensent que la transmission se fait par les gènes et non par la mémoire spirituelle, chacun courant vers les bons gamètes, pendant ce temps là...tous dansent près de la fracture sans voir les SIGNES. L’Etre fait signe, mais les humains cramponnés à leurs dieux ou à leur philosophie ne voient rien. Ne veulent rien voir. Car les limites de leur compréhension ont été dépassées.

Ces mots ont eu sur moi un impact pur, froid et réconfortant! Tout les mots que vous avez mis en majuscule, sont pour moi des déclencheurs. Mais déclenchent-ils la même chose chez vous et moi?

Je serai curieuse de savoir ce que vous entendez par "ETRE"?

Votre dernière phrase me laisse une interrogation cependant: à quel moment la compréhension des humains n'a pas été dépassée? J'ai l'impression, sur ce point, qu'aujourd'hui n'est que la continuité d'hier.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)

Ce décalage prométhéen dont parle Anders, c'est à dire ce retard entre l’exécution (nos actes) et la prise de conscience des conséquences de nos actes [un peu comme le décalage temporel de perception entre l'éclair de l'orage que nous voyons et le son, associé au même orage, que nous entendons] nous pouvons donc le vérifier avec les bombes Hiroshima et de Nagasaki. Là nous sommes définitivement largués : jamais nous ne pourrons prendre conscience de ce qui a été fait. Nous n'en avons pas les moyens. Avec ces bombes nous avons franchi des limites que même les nazis n'avaient pas franchies ou n'ont pas eu le temps de franchir. Nous ne pouvons plus nous émouvoir, nous sommes largués. Les centaines de milliers de morts civils ne nous émeuvent pas. Nous ne pouvons plus nous émouvoir, nous avons dépassé les bornes de l'humain. Ce n'est pas une question de mal ou de bien, ce n'est pas une question de culpabilité. C'est une question de capacité à prendre conscience de. Nous ne pouvons pas prendre conscience de.

Qu'est ce qui nous empêche de prendre consciece de. ?

L'imagination. Nous ne pouvons prendre conscience que de ce que nous pouvons imaginer. Tout ce qui dépasse notre imagination reste hors champ de notre conscience. Nous pouvons certes en prendre une conscience formelle, verbale, mais une conscience vécue, ressentie, non.

Tout ce qui dépasse notre imagination reste hors champ de la prise de conscience. Camus écrit : Dieu n’existe pas car il dépasse mon imagination. Telles sont nos limites biologiques.

La catastrophe climatique a toutes chances d'arriver car cette catastrophe possible dépasse notre imagination. Certes nous avons des angoisses, Greta par exemple, peut-être parce que Greta a un cerveau différent et qu'elle parvient à imaginer, mais le cerveau banal de la majorité des humains ne parvient pas à imaginer.

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Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 164 messages
Mentor‚ 35ans‚
Posté(e)
Il y a 6 heures, Annalevine a dit :

Ce décalage prométhéen dont parle Anders, c'est à dire ce retard entre l’exécution (nos actes) et la prise de conscience des conséquences de nos actes [un peu comme le décalage temporel de perception entre l'éclair de l'orage que nous voyons et le son, associé au même orage, que nous entendons] nous pouvons donc le vérifier avec les bombes Hiroshima et de Nagasaki. Là nous sommes définitivement largués : jamais nous ne pourrons prendre conscience de ce qui a été fait. Nous n'en avons pas les moyens. Avec ces bombes nous avons franchi des limites que même les nazis n'avaient pas franchies ou n'ont pas eu le temps de franchir. Nous ne pouvons plus nous émouvoir, nous sommes largués. Les centaines de milliers de morts civils ne nous émeuvent pas. Nous ne pouvons plus nous émouvoir, nous avons dépassé les bornes de l'humain. Ce n'est pas une question de mal ou de bien, ce n'est pas une question de culpabilité. C'est une question de capacité à prendre conscience de. Nous ne pouvons pas prendre conscience de.

Qu'est ce qui nous empêche de prendre consciece de. ?

L'imagination. Nous ne pouvons prendre conscience que de ce que nous pouvons imaginer. Tout ce qui dépasse notre imagination reste hors champ de notre conscience. Nous pouvons certes en prendre une conscience formelle, verbale, mais une conscience vécue, ressentie, non.

Tout ce qui dépasse notre imagination reste hors champ de la prise de conscience. Camus écrit : Dieu n’existe pas car il dépasse mon imagination. Telles sont nos limites biologiques.

La catastrophe climatique a toutes chances d'arriver car cette catastrophe possible dépasse notre imagination. Certes nous avons des angoisses, Greta par exemple, peut-être parce que Greta a un cerveau différent et qu'elle parvient à imaginer, mais le cerveau banal de la majorité des humains ne parvient pas à imaginer.

Vous m'y avez invité, alors je m'incruste.

Je trouve votre vision du monde bien sombre et fataliste.

Nous ne pouvons pas nous émouvoir de tant de morts. Nous ne pouvons plus nous émouvoir pour ceux qui sont morts il y a longtemps, ni pour ceux qui vivaient loin. C'est une question de survie face à la sur-information. Toutes ces morts sont juste des "infos", en tout cas elles sont présentées comme telles. On nous les sert sans que nous la ayons vraiment demandées. Se faire gaver d'info est tellement différent que de chercher les infos.

J'ai du mal aussi quand vous dites:

"Nous ne pouvons prendre conscience que de ce que nous pouvons imaginer"

J'ai l'impression que, quelque part en moi, j'ai conscience de "choses" qui me dépassent, qui dépassent mon imagination, et pourtant j'en ai conscience, j'essaye par mes actes de prendre en compte ce que je n'imagine pas et qui pourtant résonne en moi (difficile à exprimer!).

J'aurai dit l'inverse de Camus: dieu n'existe pas parce que je l'imagine, je le nomme et je m'adresse à lui comme à un autre humain.

Bien sûre que la "catastrophe" va arriver! Maintenant ou plus tard, qu'importe? Nous la jugeons mauvaise, ou nous ressentons des angoisses parce que nous ne voulons pas assumer d'être ceux qui vivront cela. Quand je parle autour de moi, il y a soit les fatalistes soit ceux qui pensent qu'ils ont encore le temps. Mais mourir d'une catastrophe ou mourir de "sa belle mort", ne fait pas une grande différence au final!

Ceux qui sont puissants et pourraient éventuellement amorcer un retour en arrière ou un freinage vers cette catastrophe ne réagiront jamais car "ils ont tout prévu", et nous, nous n'avons pas les moyens de faire quoi que ce soit, à part culpabiliser. Mais culpabiliser n'a jamais fait avancer les choses, culpabiliser permet juste de cacher le problème et le repousser à plus loin.

Et ceux qui ont "imaginé une porte de sortie" ne sont juste pas visibles car nous ne voulons pas les voir ni les entendre: nous aimons notre misère, car elle nous permet de baisser les bras et de continuer comme si de rien n'était tout en nous lamentant!

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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J’ai pensé un moment ne plus venir écrire ici mais le forum est devenu pour moi une écritoire devant laquelle j’aime venir m'asseoir.

 
Il me faut en fait me détacher totalement du brouhaha insensé d’un café philo déjanté.

Ne plus les lire.

Pourtant réfléchir sur le devenir du monde n’est pas pour moi inintéressant même si ce devenir n’est manifestement pas l’objet de la philosophie occidentale continentale.
 

Alors je vais pratiquer la philo à la manière d’un nomade qui se rend compte qu’il est d’une autre civilisation que les sédentaires.

Et de temps à autre en solitaire, me reposant le soir sur un talus en surplomb du chemin, comme du temps où je sillonnais les routes avant même que le mot routard existat, écrire un billet adressé aux astres qui continuent de scintiller dans la voûte céleste.

Il existe aussi une philosophie du voyage qui ne peut pas être la philosophie casanière des personnes enracinées et immobiles.

Il y a au moins deux sujets qui vont bouleverser le monde et qui méritent qu’on s’y colle ne serait ce que pour préparer nos enfants à une adaptation qui va leur devenir nécessaire.
 

Le changement climatique et l’intelligence artificielle. Mais il y en a d’autres. Le philosophe n’a-t-il rien à dire sur la PMA, la GPA et toutes les grandes questions de société ?

Il est vrai que pour avoir un tel souci il faut encore soit avoir des enfants soit se soucier de tous les enfants qu’ils soient les nôtres ou pas. Bref il faut avoir le souci de la transmission.

Dans un monde qui ici semble s’être arrêté à soi il est bien entendu qu’il est même devenu impossible de s’entendre sur la signification même du mot philosophie.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Il apparaît de plus en plus manifeste, lorsque je lis les posts, que la philosophie est d’abord un champ d’activité relationnelle. Et que la philosophie est une recherche d’un pouvoir sur l’autre. La philosophie est exercée par des gens animés par le désir d’établir un pouvoir sur l’autre. C’est un instrument de domination avant toute chose. La recherche de la Vérité n’a pas pour but la recherche de la Vérité mais la recherche d’une  vérité que le philosophe puisse imposer à l’autre. 
C’est donc un lieu d’exercice du pouvoir.

Comprendre cela, comprendre que, dès que nous philosophons, nous rentrons dans un type de rapport déterminé avec l’autre, un rapport de force, permet de mieux cheminer dans les arcanes de la philosophie.

C’est parce que c’est un rapport de force que chacun va dire : voici ce que c’est que philosopher, voici qui ou qui est ou n’est pas philosophe, voici à quelles conditions vous avez le droit de philosopher ou pas. Chacun se positionne en fonction du rapport de force qu’il veut exercer.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Si nous oublions que philosopher c'est exercer ou tenter d'exercer un pouvoir sur l'autre alors nous risquons de nous égarer par l'inconscience dans laquelle nous sommes de nos intentions. Il est nécessaire de sans cesse informer nos puissances intérieures de la réalité de leurs intentions. Afin que l'action soit toujours adaptée. Si nous n'informons pas ces puissances, elles vont s'engouffrer dans la recherche d'une vérité qui n'est plus leur finalité. D'où égarement.Si nous voulons garder le cap, établir sur tel ou tel point une vérité, nous ne pouvons plus rentrer dans un rapport de force avec l'autre. Nous ne pouvons plus philosopher.

L'instrument du pouvoir du philosophe c'est le langage. Il suffit d'observer combien nombreux sont ici à abuser de l’emploi de mots abstraits dont manifestement ils ne maitrisent pas l’usage. Ces mots ont jadis été reçus par eux comme des instruments d'asservissement qu'ils tentent de réutiliser ensuite pour asservir l'autre. L'humilié devient humiliant.

Le langage étant un instrument utilisé par chacun d'entre nous dans la conduite de notre vie et dans le rapport à l'autre nous comprenons que tant de personnes en quête de pouvoir s'attachent à la maitrise du langage : ils cherchent à maitriser l'autre.

Néanmoins le langage n'est pas le seul instrument de pouvoir, il y a aussi l'image.

Les deux types de personnalité qui tentent d'exercer le pouvoir par le truchement du langage sont le prophète et le philosophe. Nous pourrions être tentés d’ajouter le scientifique, mais ce n'est pas tout à fait exact. Aujourd’hui le scientifique de manière tout à fait subreptice utilise aussi sa science comme instrument d’asservissement de l'autre. Mais  c'est dans la mesure où il prolonge son savoir d'un subtil et subreptice jugement de valeur, pris à la religion ou à la philosophie, qu'il devient oppresseur.

Aujourd'hui l’instrument du pouvoir est moins le langage que l’image. Celui qui maitrise l'image maitrise l'autre. Le philosophe a perdu le pouvoir qu'il possédait jusqu'au début du vingtième siècle. Il vit dans le souvenir de ce pouvoir perdu.

 

 

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)

Philosopher c’est bel et bien établir un rapport de force. C’est donc bien une activité sociale. Une femme ou un homme qui réfléchit seul personne ne dit : tient il philosophe. Nous disons de quelqu’un qu’il philosophe lorsqu’il entre en relation avec quelqu’un d’autre.

Le désir d’entrer dans un rapport de force inspire d’abord ceux qui viennent ici. Ce sont essentiellement des hommes : @Spontzy, @zenalpha, @Dompteur de mots, @Marzhin, @Ooo, @Maroudiji, etc. 
Ce qui précède leurs interventions c’est le désir de s’imposer. Aussi entrer en relation avec eux est impossible. Ce n’est pas le sujet qui les intéresse, le sujet est un prétexte.

Ambre l’a bien compris, qui parle de maître. Elle a bien compris qu’ils veulent d’abord être des maîtres. Ensuite ils choisissent le sujet.

Pourquoi pas d’ailleurs ? Qu’ils désirent être des Maîtres n’est pas en soi  gênant. Mais ils désirent être des maîtres brutalement  en forçant l’autre. Bref nous sommes dans un rapport sordide.

Sortons du sordide et réfléchissons sur ce désir d’établir un rapport de force. 
Les hommes sont ils toujours entrés dans des rapports de force ? Non dit tout une école d’ethnologues. Le rapport de force, tel que nous le connaissons a commencé avec la constitution des premiers États.

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Membre, 52ans Posté(e)
Aruna Membre 527 messages
Forumeur balbutiant‚ 52ans‚
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Il y a 7 heures, Annalevine a dit :

Philosopher c’est bel et bien établir un rapport de force. C’est donc bien une activité sociale. Une femme ou un homme qui réfléchit seul personne ne dit : tient il philosophe. Nous disons de quelqu’un qu’il philosophe lorsqu’il entre en relation avec quelqu’un d’autre.

Le désir d’entrer dans un rapport de force inspire d’abord ceux qui viennent ici. Ce sont essentiellement des hommes : @Spontzy, @zenalpha, @Dompteur de mots, @Marzhin, @Ooo, @Maroudiji, etc. 
Ce qui précède leurs interventions c’est le désir de s’imposer. Aussi entrer en relation avec eux est impossible. Ce n’est pas le sujet qui les intéresse, le sujet est un prétexte.

Ambre l’a bien compris, qui parle de maître. Elle a bien compris qu’ils veulent d’abord être des maîtres. Ensuite ils choisissent le sujet.

Pourquoi pas d’ailleurs ? Qu’ils désirent être des Maîtres n’est pas en soi  gênant. Mais ils désirent être des maîtres brutalement  en forçant l’autre. Bref nous sommes dans un rapport sordide.

Sortons du sordide et réfléchissons sur ce désir d’établir un rapport de force. 
Les hommes sont ils toujours entrés dans des rapports de force ? Non dit tout une école d’ethnologues. Le rapport de force, tel que nous le connaissons a commencé avec la constitution des premiers États.

Je vis au milieu d'animaux: chevaux, chiens, brebis, poules,...

Je les observe et les rapports de force sont déjà là, donc bien avant la constitution de l'Etat.

Ces rapports de force sont l'expression de notre animalité, (bien que chez nous, ils puissent prendre des formes particulièrement tortueuses).

Trouver l'exemple rare d'une relation humaine où n’apparaisse pas, sous une forme ou une autre, le rapport de force, c'est cela qui attirerait mon attention.

 

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Invité sera-angel
Invités, Posté(e)
Invité sera-angel
Invité sera-angel Invités 0 message
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La France est devenue l un des pays le plus pessimiste du monde...

Je m en rends vraiment compte ici en lisant les français alarmistes.. défaitistes..certains devraient prendre du recul et de la hauteur. Ils n arrivent plus à se projeter collectivement.. parce qu ils sont devenus nombrilistes et égoïstes.

La grandeur nationale de la France est perdue.. et l identité collective est à reconstruire d urgence.

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