Mai 68, tel que je l'ai vécu

Il y a 7 heures, Gouderien a dit :

Un autre problème se posait : comme les banques étaient fermées et qu'à l'époque personne ne payait par carte, l'argent s'accumulait, et il fallait le cacher. On a eu de la chance de ne pas être cambriolés. Je n'allais plus manifester (ma mère trouvait que c'était trop dangereux)

A quoi ça tient, les Révolutions, tout de même.

Face à cela un Bakounine aurait fini clerc de notaire et Ravachol membre de la SPA.

il y a 1 minute, azad2B a dit :

A quoi ça tient, les Révolutions, tout de même.

Face à cela un Bakounine aurait fini clerc de notaire et Ravachol membre de la SPA.

Personne n'a jamais dit que mai 68 était une révolution (sauf dans la tête de quelques illuminés).

En tous cas la pénurie je m'en souviens très bien, avec les gens qui paniquaient de ne plus rien avoir à manger, et qui donc venaient acheter... tout ce qu'ils pouvaient. Bizarrement, c'est un aspect des choses dont personne n'a l'air de se rappeler.

Et pour cause ! Vilipender les bourgeois, la finance et le patronat tout en sauvegardant son propre pécule, ça ne peut que finir en eau de boudin.

il y a 39 minutes, aliochaverkiev a dit :

Je reprends. 

Les signes avant coureurs.

Lycée Henri 4. 

Alexis Golovine, 16 ans, fils d'immigrés russes se lève, prend la parole en pleine classe, cours de français, première classique (maths, physique, chimie, latin, grec) :

"Monsieur votre enseignement n'a aucun sens, vous nous parlez d'amour mais je n'ai jamais fait l'amour, alors de quoi parlons-nous ? Vous nous parlez du prolétariat mais je n'ai jamais travaillé en usine, alors de quoi parlez-vous ? Vous nous parlez des ressorts de la tragédie, l'horreur, l'admiration entre autres, mais je n'ai jamais éprouvé l'horreur, et je ne vous admire pas. Alors à quoi rime votre enseignement ? Vous nous invitez à devenir des singes, à mimer les vivants ? Non Monsieur, faites nous sortir, libérez-nous, laissez nous expérimenter.

Quoi, qu'est-ce à dire ? Je vais donc grâce à vous parler savamment de Rimbaud sans jamais avoir rien éprouvé de ce qu'il a, lui, éprouvé ? Quelle est cette culture  ? Sinon une culture du vent ? Sinon une culture de l'apparence, pourquoi ? Pour volez aux souffrants leur parole et la leur priver ? Pour me targuer de connaître des sentiments que je ne jamais vécus, ainsi les dérober, dans leur expression, au peuple qui, lui, vit la réalité ? Dois-je mépriser sa parole maladroite pour lui substituer la mienne, frelatée bien que bellement tournée ? Non Monsieur je ne serai pas de ceux qui voleront au peuple sa parole, je ne serai pas le maitre, le salopard qui construira sa vie sur la sueur du peuple que vous méprisez.

Alexis fut l'un des premiers, c'était en 1965. Ce garçon, doué en maths, auréolé par les prix d'excellence du célèbre lycée, fut pourtant hué par les autres lycéens. Il partit sur la route, on the road, il vécut de petits boulots avant de revenir à Paris desceller les pavés pour donner sa plage à la capitale. Il était l'avant garde. Il retrouva sur les barricades les lycéens de 1965 qui l'avait pourtant sifflé.

Ça me fait penser à ce roman que j'avais adoré :

https://www.babelio.com/livres/Rochefort-Encore-heureux-quon-va-vers-lete/113284

il y a 3 minutes, Gouderien a dit :

Personne n'a jamais dit que mai 68 était une révolution (sauf dans la tête de quelques illuminés).

En tous cas la pénurie je m'en souviens très bien, avec les gens qui paniquaient de ne plus rien avoir à manger, et qui donc venaient acheter... tout ce qu'ils pouvaient. Bizarrement, c'est un aspect des choses dont personne n'a l'air de se rappeler.

Nous les jeunes, nous avions louer une camionnette pour aller chercher des patates en Bretagne pour les familles nombreuses qui ne vivaient qu'avec des bons de la mairie pour avoir de la nourriture, papas faisant grève, travailleurs chez Renault et drapeaux rouges aux balcons!

La petite épicerie du coin commençait à manquer du nécessaire!

Pas de grande surface à l'époque, petit commerce sans trop d'avance pour remplir les rayons!

il y a 16 minutes, Morfou a dit :

Nous les jeunes, nous avions louer une camionnette pour aller chercher des patates en Bretagne pour les familles nombreuses qui ne vivaient qu'avec des bons de la mairie pour avoir de la nourriture, papas faisant grève, travailleurs chez Renault et drapeaux rouges aux balcons!

La petite épicerie du coin commençait à manquer du nécessaire!

Pas de grande surface à l'époque, petit commerce sans trop d'avance pour remplir les rayons!

Il y avait Prisunic ..

Je me souviens que le sucre et l'huile étaient particulièrement convoité, provoquant ( déjà ) une pénurie artificielle et qu'il y a eu -aussi - quelques bagarres... de mégères !

il y a une heure, aliochaverkiev a dit :

Les catho sont populationnistes. En marche vers les 30 milliards d'habitants. Dieu a dit : pas de préservatifs, pas de contraception, allez et peuplez la terre et même le sous-sol.

A l'époque dont on parle, le coco de l'appart du dessus avait 10 enfants, le dernier tout bb!

Et ceux d'au-dessus en avait 9! jusqu'à preuve du contraire, ils n'étaient pas religieux!

Chez nous, nous n'étions que 5!

La famille n'avait pas prospéré et multiplié avant, n'a pas prospéré et multiplié après, à part moi!

Greve générale, la CGT rentre dans la danse. Tout s'arrête. Les entreprises ont embauché à tour de bras quantité de jeunes à la fin des années 60. Ces jeunes ouvriers et employés prennent le pouvoir, beaucoup décident d'occuper leur entreprise.

C'est le matin, tôt. Une jeune femme, 30 ans sonne à la porte d'un grand établissement financier de la place de Paris, dirigé par un gouverneur. 

Derrière elle un jeune homme, 20 ans, mince, habillé en noir.

Plus loin une dizaine de cégétistes, la trentaine aussi. Encore plus loin des cégétistes historiques, pas très à l'aise, une occupation ca ne leur plait pas.

Les pompiers qui commandent la porte interrogent. La jeune femme dit  : "je viens chercher des affaires que j'ai oubliées".

La porte s'ouvre, le jeune homme fonce derrière la femme et pénètre avec elle dans la cour. Elle lui désigne le local des pompiers "Tiens-les à l'œil". Il rentre, face à lui 4 pompiers maousses. Il est tendu, près à se battre. Ils hésitent, s'avancent puis reculent devant la détermination du jeune homme. Lui est prêt à tout. Pendant ce temps la femme fait rentrer les cégétistes trentenaires. Les autres, les plus âgés renoncent. 

Ils sont une quinzaine seulement dans la place. Ils s'organisent. Ils tiennent toutes les entrées, empêchent quiconque de rentrer.

Ils veulent bloquer tout reprise de travail, engager des négociations sur tous les sujets possibles. Mais il n' y a encore personne avec qui négocier, il faut attendre les responsables.

La jeune femme dit au jeune homme, laisse tomber les pompiers ils sont ok, ils acceptent de rester neutres. Va à la porte d'entrée, filtre les gens qui rentrent, demande-leur la carte de l'entreprise, faut faire gaffe aux provocateurs.

Lui s'exécute. Quand il voit arriver le chef du personnel qu'il ne connait pas, il lui demande sa carte. Le cadre ne l'a pas. Le jeune homme :

 - Vous ne rentrez pas

- Qui êtes-vous ? s'emporte l'homme

- Que vous importe

- Je vous reconnais, demain vous serez viré

- Moi je ne vous reconnais pas, vous ne rentrez pas.

- Je suis le chef du personnel, laissez-moi rentrer.

- Qui me prouve que vous êtes ce que vous prétendez être ?

L'homme le bouscule, le jeune homme  l'envoie bouler au sol.

L'homme est en rage.

- Je vous casserai.

- C'est toi qui va te casser.

La jeune femme revient :

- T'es fou c'est le chef du personnel ! Avec qui va-t-on négocier si tu empêches tout le monde de rentrer ?

L'homme rentre.

Finalement le personnel arrive avec les cadres. 

Les cégétistes haranguent les employés :

- Nous allons occuper les locaux et stopper le travail.

Les salariés, dans leur majorité acceptent. Chacun va dans son bureau mais ne travaille pas. 

Maintenant les responsables cégétistes historiques arrivent. Ils refoulent les activistes. "Maintenant que vous avez fait le travail, laissez-nous négocier, nous savons faire".

La quinzaine d'occupants s'exécutent, ils n'ont pas de mandat électif. Ils décident de s'installer dans la cour. Ils s'assoient, se mettent à manger des sandwichs, l'un d'entre eux va chercher une bouteille de vin. Dans cette cour austère et chargée d'histoire ils détonnent, ils le savent.

il y a 34 minutes, apis 32 a dit :

Il y avait Prisunic ..

Je me souviens que le sucre et l'huile étaient particulièrement convoité, provoquant ( déjà ) une pénurie artificielle et qu'il y a eu -aussi - quelques bagarres... de mégères !

En ville, oui, nous, nous habitions à quelques km du Mans et il nous fallait des bus pour y aller, mais z'étaient en grève et quand ils ne l'étaient pas, les gars de chez Renault, qui surveillaient le trafic, leur bloquait le passage et les vidaient!

Mon père continuait à travailler (militaire), mais l'essence coûtait 5frc du litre, donc très cher! il avait une traction! ces moteurs étaient énergivores...

Il faisait les courses au mess des sous officiers, mais tout le monde n'avait pas ce genre de facilité!

il y a une heure, apis 32 a dit :

Il y avait Prisunic ..

Je me souviens que le sucre et l'huile étaient particulièrement convoité, provoquant ( déjà ) une pénurie artificielle et qu'il y a eu -aussi - quelques bagarres... de mégères !

https://www.nouvelobs.com/societe/le-quotidien-de-1968/20080307.OBS3967/j-ai-vecu-mai-68-au-lycee.html

Ca devrait vous intéresser...

il y a 11 minutes, Morfou a dit :

https://www.nouvelobs.com/societe/le-quotidien-de-1968/20080307.OBS3967/j-ai-vecu-mai-68-au-lycee.html

Ca devrait vous intéresser...

merci !  en effet !

Il y a 10 heures, Gouderien a dit :

Entre autres, la salle informatique avait été complètement saccagée.

La salle informatique dévastée ?

Bref disait Pépin .... mai 68 est bien derrière nous mais Glandu est toujours là :

https://actu.orange.fr/politique/soyez-tres-ferme-avec-tous-ces-gauchos-un-veteran-interpelle-macron-en-pleine-ceremonie-du-8-mai-magic-CNT0000012BhWi.html

https://www.marianne.net/societe/numero-special-le-mai-68-de-marianne

Très bien fait

Mai 68  si je m'en souviens ah là là ... je mettais au monde mon second enfant .....

il y a 52 minutes, ouest35 a dit :

Bref disait Pépin .... mai 68 est bien derrière nous mais Glandu est toujours là :

https://actu.orange.fr/politique/soyez-tres-ferme-avec-tous-ces-gauchos-un-veteran-interpelle-macron-en-pleine-ceremonie-du-8-mai-magic-CNT0000012BhWi.html

https://www.marianne.net/societe/numero-special-le-mai-68-de-marianne

Très bien fait

Mai 68  si je m'en souviens ah là là ... je mettais au monde mon second enfant .....

Pas abonnée...

Dommage, le début était prometteur!

J'avais 34 ans, et la révolution j'étais prêt de la faire, hélas personne en voulait, juste un peu de boxon pour affoler le bourgeois peureux. 

Il y a 2 heures, Promethee_Hades a dit :

J'avais 34 ans, et la révolution j'étais prêt de la faire, hélas personne en voulait, juste un peu de boxon pour affoler le bourgeois peureux. 

mai 68 en dehors du boxon :

http://mai68.typepad.fr/mon_weblog/2008/05/lapport-de-mai.html

https://www.scienceshumaines.com/mai-1968-et-la-liberation-des-moeurs_fr_22190.html

Il y a 6 heures, Morfou a dit :

Pas abonnée...

Dommage, le début était prometteur!

Euh .... vous mordez dans quel morceau là Mis Péronelle ?

il y a 3 minutes, ouest35 a dit :

; mai 68 en dehors du boxon :

http://mai68.typepad.fr/mon_weblog/2008/05/lapport-de-mai.html

https://www.scienceshumaines.com/mai-1968-et-la-liberation-des-moeurs_fr_22190.html

Euh .... vous mordez dans quel morceau là Mis Péronelle ?

Oui de la bagatelle, aucune véritable révolution prolétarienne, de type trotskiste, ni maoïste à la rigueur, simplement un hochet pour calmer l'enfant. 68 l'occasion loupé d'une véritable révolution prolétarienne, bannissant à tout jamais l'égalité, la misère. On vois ce que ça donne aujourd'hui, la domination totale de la finance, l'ultra libéralisme, etc... 

Si certains s'en sont contenté, bien tant mieux pour eux. Pour moi c'est toujours a bas l'État, plus d'État, tout État est une dictature . 

Il y a 10 heures, azad2B a dit :

A quoi ça tient, les Révolutions, tout de même.

Face à cela un Bakounine aurait fini clerc de notaire et Ravachol membre de la SPA.

Il y a 9 heures, apis 32 a dit :

Il y avait Prisunic ..

Je me souviens que le sucre et l'huile étaient particulièrement convoité, provoquant ( déjà ) une pénurie artificielle et qu'il y a eu -aussi - quelques bagarres... de mégères !

Bonjour Apis, bisous

Pas partout, je me souvient certaines personnes âgées alors qui avaient connu la guerre, avait fait des réserves. Dans les années 90 je dois aider une amie pour déménager de chez sa mère qui venait de mourir, nous avons trouver 750 kg de sucre 400 litre d'huile et une tonnes de conserves diverses, tant en boites, que celle qu'elle avait faite, avec des pot de confitures diverses. Elle avait aménager tout ça dans une dépendance de sa vieille ferme, mais j'en ai connu d'autres qui avait aussi de belle réserves.  Par ce que les vieux ça pense à sois, aux enfants , aux petit enfants, bref à toute leur smala. Demain il y a plus rien à croûter faite un tour chez les vieux il y a à bouffer. 

Bonjour,

En 1968 j'étais étudiant à l'Ecole d'Ingénieurs de Chimie de Strasbourg (qui a donné ensuite 4 prix Nobel de Chimie  : Hoffmann, Jean-Marie Lehn et mon collègue de promo Jean Paul Sauvage en 2016 mais c'est un autre sujet).

Je souhaite informer d'un évènement spécial en 1967 (un an avant mai 1968) les étudiants de Strasbourg avaient pris démocratiquement la direction de L'AFGES et diffusaient des pamphlets très originaux tels que "de la misère en milieu étudiant avec illustration de dialogues de brosses à dents voir :

https://fr.wikipedia.org/wiki/De-la-misere-en-milieu-etudiant

Ces représentants de "l"international situationniste" a été ensuite en mai 1968 très influents dans les facultés (Lettres en particulier) professants de longs discours en français parfait et riche mais peu compréhensible pour la majorité des étudiants. Curieusement ses auteurs étaient en partie issus de la faculté de théologie protestante de Strasbourg, avaient des noms souvent de connotation hongroise. Certains historiens affirment que ce mouvement a influencé les évènements de mai 1968 à Paris, Nanterre, Sorbonne.

Mouvement contre la société de spectacle, anticommuniste (le PCF était qualifié de Parti Conservateur Français) proches de certains  Maoïstes mais différents°

Globalement cette période, malgré quelques échauffourées avec la police sur le pont Colbert,  a été non violente mais intense en débats.

Pour ce qui me concerne les cours et travaux pratiques, laboratoires et examens se sont poursuivis sans interruption.

Le futur prix Nobel Jean Marie Lehn avec quelques collègues avaient disposé des bombonnes d'azote liquide afin de protéger l'entrée de notre Ecole de l'éventuelle arrivée de casseurs, mais il n'y en pas eut.