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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 739 messages
If you don't want, you Kant...,
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Bonjour Seiyar,

Désolé d'essayer de revenir à la définition de philosophe, mais on est obligé de partir de là pour répondre à la question.

Selon moi, un philosophe est une personne qui a envie de comprendre et représenter des concepts de la même manière qu'un dessinateur pourrait représenter des paysages.

Le dessinateur va représenter un paysage en mettant en valeur les traits qu'il trouve pertinents, souvent les traits qui l'émeuvent le plus. Le philosophe, lui, cherchera non pas à transcrire une émotion mais une réalité qu'il a réussi à percevoir. Il cherche ainsi à représenter un concept de la manière la plus pertinente et la plus juste possible.

Mais il n'y a pas de mal à cela.

Un philosophe ne fait pas que brosser un portrait, ou identifier des effets ou des principes, il cherche aussi à les expliquer, à les rendre intelligibles, en même temps qui tentera de les dépasser, soit en exhibant les causes, soit en proposant une alternative, son but n'est pas de faire un instantané, comme pourrait le faire un historien, il s'engage entièrement, activement, dans ses questionnements, dans son analyse ou sa synthèse. Chaque chose mise en lumière s'insère à nouveau dans les réflexions, par les relations qu'elle peut entretenir avec le reste des connaissances, et un nouveau travail cognitif recommence, il y a une rétro-action que l'on ne retrouve pas chez le dessinateur, car si ce dernier se focalise sur un détail, celui-ci ne change pas le reste de la scène, contrairement à une idée, qui peut renverser toute une conception du monde, aussi insignifiante était-elle au départ.

N'importe qui peut être philosophe dès lors qu'il a un peu de recul, de lucidité et d'honnêteté. Un philosophe n'est pas nécessairement un "sachant", de la même manière qu'un dessinateur n'est pas nécessairement un technicien du dessin.

Un bon philosophe est celui qui a assez de recul pour adopter plusieurs points de vue, assez de lucidité pour distinguer le vrai du faux, et assez d’honnêteté pour reconnaître qu'il fait fausse piste.

Non, n'importe qui peut avoir la fibre commune à l'humanité, mais pas n'importe qui est un scientifique ou un philosophe, cela demande une activité soutenue, et un minimum de résultats, de capacités à en faire quelque chose, comme il ne suffit pas d'être grand, manuel et sportif pour être un basketeur, c'est certes un point de départ, mais ce n'est pas suffisant, il nous faut avoir affaire à une personne persévérante, motivée et active, avec une envie irrépressible doublée d'un certain don, autrement ce ne seront que quelques pensées éparses, perdues dans un flot d'autres mouvances internes, un simple passe-temps, ou une manière de se démarquer des autres le temps d'une soirée.

Un philosophe ne se mesure pas à la hauteur de son bagage culturel, mais de ce qu'il en fait, il y a bien des gens très cultivés qui sont très loin d'être des philosophes, car là n'est pas leur préoccupation première. Néanmoins, partir à la conquête de la compréhension du monde, armé de sa seule raison en poche, n'est absolument pas un gage de réussite, un dessinateur qui ne s'inspirerait pas de ses prédécesseurs, en serait à gribouiller des " grossièretés " comme on en trouve en maternelle, nous nous hissons aussi haut grâce exclusivement à nos aïeuls, ce qui demande donc un minimum de connaissances acquises, que cela nous fasse plaisir ou pas, n'importe quel individu laissé face à lui même ne se comporterait que comme une bête sauvage, il nous faut un substrat minimum, pour que l'entendement puisse s'exprimer, un éveil minimal de notre conscience.

Cette deuxième phrase est un bon embryon qui te mènera à l'idée défendue ici, il ne te reste plus qu'à faire pousser ce germe qui vient de sortir de ta tête, à pousser plus avant cette intuition, et te rendre compte, qu'un philosophe assez évolué finira par tourner son attention sur sa propre vie, sa propre existence, son propre parcours, ses propres choix, et si sa manière de penser est en phase avec son histoire personnelle, si ce n'est pas le cas, alors il aura échoué comme tant d'autres, mais il aura au moins le mérite d'avoir essayé, par contre il lui faudra reconnaitre cet échec et en tirer leçon pour lui ou d'autres, ce qui est une autre histoire...

De la même manière qu'on fait appel au talent d'un dessinateur pour représenter une caricature, une fresque ou un tableau, on fait appel au talent du philosophe pour clarifier certains concepts, notamment lors des débats de société.

La philosophie n'est pas une activité comme les autres, elle n'est pas aux services d'autrui, mais du philosophe qui la pratique.

Ce ne sont pas tant les concepts qui sont débattus sur la société qui sont médiatisés ou relayés, mais plutôt les opinions du dit philosophe, tout aussi emprisonné de la société dans laquelle il évolue, c'est pourquoi il peut commettre les mêmes erreurs, il est sans doute capable d'expliquer telle ou telle chose, mais il n'est certainement pas en mesure de comprendre ou régler toute la complexité des sociétés humaines, et il est dangereux d'en rester à ce qu'il en a retenu personnellement, nécessairement limité, et le terme de caricature est extrêmement bien adapté à la situation, or ce n'est pas ce que l'on recherche quand on s'applique à philosopher, on ne peut pas embrasser en une seule fois tous les tenants et les aboutissants d'une problématique s'étendant sur plusieurs niveaux, dans des registres fort différents, incluant des acteurs tout aussi disparates, au mieux nous ne pouvons avoir que des bribes de compréhension, qui en général touchent les centres d'intérêt du philosophe, ce qui doit assez lui convenir. Demande t-on à un mathématicien de se prononcer sur la science physique entière, ce qu'elle devrait être ou faire ? Uniquement sur un problème localisé, déterminé, de sa compétence ou qui peut le devenir.

Il n'y a, selon moi, aucun lien avec la déontologie, du moins pas plus qu'avec n'importe quelle autre activité. Qu'en penses-tu?

J'en pense que si tu développes suffisamment tes points de départ de réflexion, aidé un peu par mes pistes présentement fournies, tu pourras de toi-même te rendre compte aussi, qu'un philosophe accompli ne peut pas en rester qu'à répondre à des questions, sans qu'il en vienne à les penser en regard à sa propre personne, à l'instar du psychanalyste qui ne peut décemment pas aider les autres, si il n'a pas lui-même fait le tour de sa propre psyché inconsciente, et au même titre que n'importe quel " médecin " il se doit aussi une bonne pratique de sa discipline, comme un docteur a une déontologie vis à vis des personnes qu'il aide. Le philosophe devrait donc commencer par dégager sa déontologie avant d'assener le monde/ses lecteurs de sa philosophie, il en va de l'essence même de cet art ancestral.

Merci en tout cas pour cet échange d'idées.

Je t'en prie...

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extraterrestre Membre 59 messages
Baby Forumeur‚
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La philosophie consiste à analyser la méta-communication pour la ramener à l'état de communication.Quelque soit le sujet traité par le philosophe, il faudra toujours l'analyser avant de l'exclure ou l'approuver.

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nolibar Membre 1 194 messages
Forumeur survitaminé‚
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Un bon philosophe, me semble-t-il, est celui dont les concepts décrivent au plus près la réalité de (entre autres choses) la condition humaine au regard du reste du règne animal.

Pour cela, il doit être capable d’élever son esprit au dessus de la cohue humaine afin de prendre du recul pour observer l’Homme, et cela, avec une grande lucidité, afin d’y relever les incohérences comportementales. Cela lui permet de jauger l’intelligence qui anime l’Homme afin de la comparer, par exemple, aux autres espèces animales.

Il ne doit pas se laisser abuser par des apparences trompeuses (par exemple : la capacité qu’a l’Homme à extérioriser son intelligence grâce à ses mains qui, contrairement aux autres espèces, lui permettent de fabriquer des objets très sophistiqués, d’utiliser l’écriture pour mémoriser ses avancés scientifiques, etc.).

Pour comparer, il doit être capable d’imaginer ce que pourrait-être les comportements des dauphins, des orques, etc. si eux aussi se trouvaient munis d’organes équivalents leur donnant la possibilité, s’ils disposent d’une intelligence suffisante, de faire la même chose.

Il me semble que si l’Homme était animé par un vrai besoin de vérité et le cran et l’honnêteté intellectuelle pour le faire, il se rendrait très rapidement à l’évidence que l’écart concernant l’intelligence entre certaines espèces animales et lui est bien plus petit que ce que son hégémonie apparente lui laisse supposée.

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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)

Ne doit-il pas avoir clairement une éthique irréprochable pour que sa philosophie ait une valeur morale ?

Je ne pense pas qu'il existe systématiquement un lien entre une éthique irréprochable du philosophe et une valeur morale dans sa philosophie. La philosophie, c'est étymologiquement l'amour de la sagesse, pas de la morale. Ce sont deux choses qui peuvent se rejoindre, mais restent distinctes. La sagesse peut aller à l'encontre de la morale. Donc, associer philosophie et morale me semble une erreur. D'autre part, le philosophe ne doit pas suivre une morale, mais la disséquer, l'interroger, la mettre en perspective dans une vision d'ensemble. C'est pour lui un outil de réflexion, un instrument de travail.

L'homme peut avoir une éthique irréprochable, mais quand il philosophe, il n'y est pas soumis. Il peut choisir de s'y soumettre, mais ce n'est en aucun cas obligatoire. La philosophie n'a aucune obligation de morale...

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Membre, 44ans Posté(e)
Seiyar Membre 39 messages
Forumeur Débutant‚ 44ans‚
Posté(e)

Salut Deja-utilise,

Un philosophe ne fait pas que brosser un portrait, ou identifier des effets ou des principes, il cherche aussi à les expliquer, à les rendre intelligibles, en même temps qui tentera de les dépasser, soit en exhibant les causes, soit en proposant une alternative, son but n'est pas de faire un instantané, comme pourrait le faire un historien, il s'engage entièrement, activement, dans ses questionnements, dans son analyse ou sa synthèse. Chaque chose mise en lumière s'insère à nouveau dans les réflexions, par les relations qu'elle peut entretenir avec le reste des connaissances, et un nouveau travail cognitif recommence, il y a une rétro-action que l'on ne retrouve pas chez le dessinateur, car si ce dernier se focalise sur un détail, celui-ci ne change pas le reste de la scène, contrairement à une idée, qui peut renverser toute une conception du monde, aussi insignifiante était-elle au départ.

Pour mieux t'expliquer ma métaphore avec le dessinateur, voici comment mes 3 ingrédients fondamentaux du philosophe se retrouvent, selon moi, chez le dessinateur:

Le recul: en philosophie, sur un sujet donné, il existe souvent plusieurs points de vues. Et la vérité se compose souvent de tous ces points de vue à la fois. Donc pour représenter de la manière la plus juste possible une idée ou un concept, il faut pouvoir le représenter sous tous ses angles, et c'est là que le recul intervient. Et c'est exactement ce que fait le dessinateur en représentant un objet en perspective: si on regarde un verre d'en haut, on voit un simple cercle, et vu de coté, on voit un simple rectangle, le dessinateur va dessiner le verre en prenant en compte tous ces points de vue là de manière à le représenter de la manière la plus fidèle possible.

La lucidité: de même que le philosophe doit être lucide pour accorder plus ou moins d'importance à un point de vue sur un sujet donné, le dessinateur doit avoir le sens des proportions pour dessiner justement son objet: S'il représente un arbre avec les branches plus épaisses que le tronc, il manque alors de sens de l'observation, tout comme le philosophe manquerait de lucidité en privilégiant le point de vue mineur d'un concept.

Honnêteté: le philosophe doit être honnête car son travail est de rechercher la vérité. S'il sait qu'il fait fausse piste, il doit rectifier le tir pour se rapprocher de la vérité. Le dessinateur doit quant à lui représenter des choses qui l'émeuvent vraiment car c'est en étant inspiré qu'il représentera les dessins les plus authentiques.

Et philosophes comme dessinateurs peuvent affiner leurs représentations au cours de leur vie, en reprenant leurs analyses ou en recommençant leurs dessins, mais sous un autre angle.

Non, n'importe qui peut avoir la fibre commune à l'humanité, mais pas n'importe qui est un scientifique ou un philosophe, cela demande une activité soutenue, et un minimum de résultats, de capacités à en faire quelque chose, comme il ne suffit pas d'être grand, manuel et sportif pour être un basketeur, c'est certes un point de départ, mais ce n'est pas suffisant, il nous faut avoir affaire à une personne persévérante, motivée et active, avec une envie irrépressible doublée d'un certain don, autrement ce ne seront que quelques pensées éparses, perdues dans un flot d'autres mouvances internes, un simple passe-temps, ou une manière de se démarquer des autres le temps d'une soirée.

Un philosophe ne se mesure pas à la hauteur de son bagage culturel, mais de ce qu'il en fait, il y a bien des gens très cultivés qui sont très loin d'être des philosophes, car là n'est pas leur préoccupation première

Je suis d'accord avec toi: je n'ai pas dit que n'importe qui EST philosophe dès lors qu'il a recul, lucidité et honnêteté, mais qu'il PEUT être philosophe des lors qu'il a ces 3 ingrédients qui me semblent pour ma part fondamentaux.

Mais, bien-sûr, s'il n'a pas la volonté ni l'envie de devenir philosophe, ces 3 ingrédients lui seront inutiles, un peu comme si tu avais tout les ingrédients pour faire un gateau, mais que tu detestes cuisiner.

Néanmoins, partir à la conquête de la compréhension du monde, armé de sa seule raison en poche, n'est absolument pas un gage de réussite, un dessinateur qui ne s'inspirerait pas de ses prédécesseurs, en serait à gribouiller des " grossièretés " comme on en trouve en maternelle, nous nous hissons aussi haut grâce exclusivement à nos aïeuls, ce qui demande donc un minimum de connaissances acquises, que cela nous fasse plaisir ou pas, n'importe quel individu laissé face à lui même ne se comporterait que comme une bête sauvage, il nous faut un substrat minimum, pour que l'entendement puisse s'exprimer, un éveil minimal de notre conscience.

Je ne pense pas que l'héritage des connaissances soit une condition sine qua non pour devenir dessinateur ou philosophe.

Je pense que les ingrédients fondamentaux ne sont pas herités mais plutôt innés: on aura beau étudier le dessin auprès des plus grands, on ne sera jamais vraiment un dessinateur si l'on ne possède pas les qualités fondamentales. L'héritage ne va permettre "que" d'initier et former la personne au dessin, aux différentes techniques, aux différentes écoles. C'est exactement comme pour le diamant brut enfoui sous le sol: peut-on parler de joyau? non, pas vraiment, pas encore en tout cas. Est-ce que c'est l'orfèvre qui en fait un joyau ? Oui, en le taillant et le façonnant avec son savoir-faire ancestral, mais l'orfèvre n'aurait jamais pu faire un joyau avec une pierre ordinaire, quelque soit ses compétences.

Donc, est-ce que c'est l'orfèvre qui fait le joyau finalement? Pas vraiment, il ne fait "que" le dévoiler, tout comme l'héritage ne fait "que" former un dessinateur ou un philosophe. Et le diamant brut, même s'il est mal taillé, voire pas taillé du tout, scintillera du même éclat, mais de manière moins spectaculaire il est vrai.

D'ailleurs, ce qui va dans mon sens, c'est que tous les profils se retrouvent dans toutes les nations du monde, quelque soit l'importance du savoir-faire de ces nations: même dans un village reculé du monde, tu verras toujours un philosophe, un dessinateur, un manuel, un intellectuel, etc... Leur niveau de formation sera certes plus ou moins élevé selon l'héritage dont ils disposent, mais ceux seront tous des joyaux à leur façon, peut-être pas taillés très finement par l'orfèvre, mais des joyaux quand même, du moins relativement à leur contrée.

Cette deuxième phrase est un bon embryon qui te mènera à l'idée défendue ici, il ne te reste plus qu'à faire pousser ce germe qui vient de sortir de ta tête, à pousser plus avant cette intuition, et te rendre compte, qu'un philosophe assez évolué finira par tourner son attention sur sa propre vie, sa propre existence, son propre parcours, ses propres choix, et si sa manière de penser est en phase avec son histoire personnelle, si ce n'est pas le cas, alors il aura échoué comme tant d'autres, mais il aura au moins le mérite d'avoir essayé, par contre il lui faudra reconnaitre cet échec et en tirer leçon pour lui ou d'autres, ce qui est une autre histoire...

Selon moi, la vie du philosophe est disjointe de ses réflexions. Un peu comme le député qui va voter une loi pour limiter la vitesse sur autoroute, et qui va dépasser cette même vitesse une fois en voiture. Est-ce incohérent? Pas vraiment, il vote une loi non pas pour lui mais pour le bien commun; il n'est pas au dessus des autres, il a juste les compétences requises pour créer une loi (intelligence, culture, etc.), mais à part ça, rien ne le distingue de ses concitoyens ...

La philosophie n'est pas une activité comme les autres, elle n'est pas aux services d'autrui, mais du philosophe qui la pratique.

Ce ne sont pas tant les concepts qui sont débattus sur la société qui sont médiatisés ou relayés, mais plutôt les opinions du dit philosophe, tout aussi emprisonné de la société dans laquelle il évolue, c'est pourquoi il peut commettre les mêmes erreurs, il est sans doute capable d'expliquer telle ou telle chose, mais il n'est certainement pas en mesure de comprendre ou régler toute la complexité des sociétés humaines, et il est dangereux d'en rester à ce qu'il en a retenu personnellement, nécessairement limité, et le terme de caricature est extrêmement bien adapté à la situation, or ce n'est pas ce que l'on recherche quand on s'applique à philosopher, on ne peut pas embrasser en une seule fois tous les tenants et les aboutissants d'une problématique s'étendant sur plusieurs niveaux, dans des registres fort différents, incluant des acteurs tout aussi disparates, au mieux nous ne pouvons avoir que des bribes de compréhension, qui en général touchent les centres d'intérêt du philosophe, ce qui doit assez lui convenir. Demande t-on à un mathématicien de se prononcer sur la science physique entière, ce qu'elle devrait être ou faire ? Uniquement sur un problème localisé, déterminé, de sa compétence ou qui peut le devenir.

....

J'en pense que si tu développes suffisamment tes points de départ de réflexion, aidé un peu par mes pistes présentement fournies, tu pourras de toi-même te rendre compte aussi, qu'un philosophe accompli ne peut pas en rester qu'à répondre à des questions, sans qu'il en vienne à les penser en regard à sa propre personne, à l'instar du psychanalyste qui ne peut décemment pas aider les autres, si il n'a pas lui-même fait le tour de sa propre psyché inconsciente, et au même titre que n'importe quel " médecin " il se doit aussi une bonne pratique de sa discipline, comme un docteur a une déontologie vis à vis des personnes qu'il aide. Le philosophe devrait donc commencer par dégager sa déontologie avant d'assener le monde/ses lecteurs de sa philosophie, il en va de l'essence même de cet art ancestral.

J'ai l'impression que tu mets un peu trop sur un piédestal l'activité de philosophe. Pour moi le philosophe n'est rien de plus qu'un "technicien" de la pensée si je puis dire.

Ce que je vais dire est faux, mais je pousse le bouchon volontairement trop loin pour te faire comprendre le fond de ma pensée: en gros, le jour où on découvrira l'origine de la vie et de la matière et qu'on comprendra pourquoi, il n'y aura plus besoin de philosophes ! J'exagère, bien-sûr, car il y aura toujours des débats de sociétés dont il faudra peser le pour et le contre, etc. mais si on arrive à savoir pourquoi l'existence de la vie et de la matière, alors on pourra expliquer le sens de toute chose, puisque tout découle de là ! Pour arriver à cet ultime connaissance, on aurait voulu utiliser, idéalement, nos mathématiciens, mais la vie est trop complexe pour être représenté mathématiquement, donc on fait appel aux philosophes, probablement moins logiques, mais avec plus de recul, pour trouver des "formules" de vie, faute de formules mathématiques ... Mais le jour ou on connaitra la formule ultime, tout le reste en découlera logiquement et le travail du philosophe sera globalement terminé.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 739 messages
If you don't want, you Kant...,
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Je ne pense pas qu'il existe systématiquement un lien entre une éthique irréprochable du philosophe et une valeur morale dans sa philosophie.

C'est bien là où le bât blesse !

D'autre part, le philosophe ne doit pas suivre une morale, mais la disséquer, l'interroger, la mettre en perspective dans une vision d'ensemble. C'est pour lui un outil de réflexion, un instrument de travail.

Entre autre...

La philosophie, c'est étymologiquement l'amour de la sagesse, pas de la morale. Ce sont deux choses qui peuvent se rejoindre, mais restent distinctes. La sagesse peut aller à l'encontre de la morale. Donc, associer philosophie et morale me semble une erreur.

L'homme peut avoir une éthique irréprochable, mais quand il philosophe, il n'y est pas soumis. Il peut choisir de s'y soumettre, mais ce n'est en aucun cas obligatoire. La philosophie n'a aucune obligation de morale...

Je suis content que tu en reviennes à une définition classique de la philosophie, mais je ne crois pas du tout que l'on puisse être sage tout en étant immoral.

L'inverse n'est pas vrai, on peut être très moral sans une once de philosophie en poche. Par contre, celui qui s'approche de la sagesse ne peut pas contrevenir à une éthique ou à une morale.

Je crois que tu interchanges les termes sagesse et savoir, car on peut avoir un grand savoir, de grandes compétences savantes tout en ne respectant pas de règles déontologiques, comme ce peut être le cas en science en général, mais celui qui tend vers la sagesse ne peut pas souffrir d'un écart moral ou éthique, entre son activité philosophique et sa vie d'humain, il ne peut pas se dissocier, car la sagesse n'est pas indépendante d'une position morale, ou d'une éthique, que l'on respecte. Sinon, je suis tout ouïe d'entendre un exemple où un être sage l'est au détriment de la ( d'une ) morale ou de sa propre éthique ? Le médecin qui est vu comme un " sage " respect le serment d'Hippocrate, pourquoi le philosophe qui à défaut d'être parfaitement sage, n'aurait pas une déontologie à respecter, vis à vis de lui même ( car il peut philosopher avec lui-même, alors que le médecin sait déjà implicitement ce dont il retourne en se soignant lui-même ), comme de ses lecteurs/auditeurs ?

Je n'insinue pas nécessairement que tout philosophe sans exception y soit tenu, comme celui qui travaille sur la logique, celui sur la linguistique ou celui sur l'épistémologie par exemples, mais en dehors de quelques considérations disons techniques de la philosophie, dès que l'humain est dans l'équation, on ne peut pas faire l'économie d'une considération déontologique de cette activité, très particulière.

Ce n'est pas tant que la philosophie se doit d'être morale, que le philosophe se doit d'être en adéquation entre ses réflexions sur les hommes et ses propres actions, celui qui étudie la sagesse ne peut pas faire exception d'être lui-même non sage dans son comportement, un professeur de philosophie le pourrait puisqu'il l'enseigne seulement, mais pas celui qui la pratique, sinon il y aurait antinomie, tel celui qui chercherait la vérité ( un aletheia-phile ) mais qui mentirait sciemment ou ferait des sophismes, c'est incompatible.

Je pense que la difficulté vient de la traduction ou de ce que l'on entend pas philosopher, pour ma part, elle ne se résume pas à une technique, ni à une fonction.

**********

La sagesse (du grec ancien σοφία, sophia) est un concept utilisé pour qualifier le comportement d'un individu, souvent conforme à une éthique, qui allie la conscience de soi et des autres, la tempérance, la prudence, la sincérité et le discernement s’appuyant sur un savoir raisonné1,2.

Dans le domaine de la philosophie, la sagesse représente un idéal de vie vers lequel tendent les philosophes, « amoureux de la sagesse », qui « pensent leur vie et vivent leur pensée »3, à travers le questionnement et la pratique de vertus.

Les philosophes grecs différenciaient la sagesse théorique (sophia) de la sagesse pratique (phronèsis) : la vraie sagesse serait la conjonction des deux4.

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Je suis content que tu en reviennes à une définition classique de la philosophie, mais je ne crois pas du tout que l'on puisse être sage tout en étant immoral.

L'inverse n'est pas vrai, on peut être très moral sans une once de philosophie en poche. Par contre, celui qui s'approche de la sagesse ne peut pas contrevenir à une éthique ou à une morale.

Je crois que tu interchanges les termes sagesse et savoir, car on peut avoir un grand savoir, de grandes compétences savantes tout en ne respectant pas de règles déontologiques, comme ce peut être le cas en science en général, mais celui qui tend vers la sagesse ne peut pas souffrir d'un écart moral ou éthique, entre son activité philosophique et sa vie d'humain, il ne peut pas se dissocier, car la sagesse n'est pas indépendante d'une position morale, ou d'une éthique, que l'on respecte. Sinon, je suis tout ouïe d'entendre un exemple où un être sage l'est au détriment de la ( d'une ) morale ou de sa propre éthique ? Le médecin qui est vu comme un " sage " respect le serment d'Hippocrate, pourquoi le philosophe qui à défaut d'être parfaitement sage, n'aurait pas une déontologie à respecter, vis à vis de lui même ( car il peut philosopher avec lui-même, alors que le médecin sait déjà implicitement ce dont il retourne en se soignant lui-même ), comme de ses lecteurs/auditeurs ?

Je n'insinue pas nécessairement que tout philosophe sans exception y soit tenu, comme celui qui travaille sur la logique, celui sur la linguistique ou celui sur l'épistémologie par exemples, mais en dehors de quelques considérations disons techniques de la philosophie, dès que l'humain est dans l'équation, on ne peut pas faire l'économie d'une considération déontologique de cette activité, très particulière.

Ce n'est pas tant que la philosophie se doit d'être morale, que le philosophe se doit d'être en adéquation entre ses réflexions sur les hommes et ses propres actions, celui qui étudie la sagesse ne peut pas faire exception d'être lui-même non sage dans son comportement, un professeur de philosophie le pourrait puisqu'il l'enseigne seulement, mais pas celui qui la pratique, sinon il y aurait antinomie, tel celui qui chercherait la vérité ( un aletheia-phile ) mais qui mentirait sciemment ou ferait des sophismes, c'est incompatible.

Je pense que la difficulté vient de la traduction ou de ce que l'on entend pas philosopher, pour ma part, elle ne se résume pas à une technique, ni à une fonction.

**********

La sagesse (du grec ancien σοφία, sophia) est un concept utilisé pour qualifier le comportement d'un individu, souvent conforme à une éthique, qui allie la conscience de soi et des autres, la tempérance, la prudence, la sincérité et le discernement s’appuyant sur un savoir raisonné1,2.

Dans le domaine de la philosophie, la sagesse représente un idéal de vie vers lequel tendent les philosophes, « amoureux de la sagesse », qui « pensent leur vie et vivent leur pensée »3, à travers le questionnement et la pratique de vertus.

Les philosophes grecs différenciaient la sagesse théorique (sophia) de la sagesse pratique (phronèsis) : la vraie sagesse serait la conjonction des deux4.

Admettons tous les deux qu'une philosophie est un système de pensée, et que philosopher, c'est mettre ce système de pensée en application pratique. Que cette mise en application pratique soit ou non basée sur une morale ou une éthique, elle dépend de contingences contextuelles diverses, qui la rendent de fait difficilement applicable. Qui prône l'immoralité du meurtre peut passer outre sa morale ou son éthique confronté à l'avortement, à l'euthanasie ou à la guerre. Qui prône la vérité peut passer outre sa morale ou son éthique quand un mensonge peut sauver une vie. La sagesse commande justement de passer outre la morale ou l'éthique lors de circonstances imposées. La sagesse se conçoit donc non pas comme application d'une morale ou d'une éthique, mais aussi comme la non-application de ces principes. Parce qu'on ne peut vivre une morale et une éthique immuable dans un monde en constante évolution. La sagesse peut être perçue comme l'outil permettant de faire évoluer l'éthique et la morale pour l'adapter aux changements...

De plus, un autre aspect est à prendre en compte. Un homme peut élaborer une philosophie parfaite moralement et éthiquement et être incapable de la suivre en pratique. N'est-il pas lui aussi philosophe, ayant élaboré une philosophie que d'autres que lui pourraient suivre..?

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 739 messages
If you don't want, you Kant...,
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Admettons tous les deux qu'une philosophie est un système de pensée, et que philosopher, c'est mettre ce système de pensée en application pratique.

Que cette mise en application pratique soit ou non basée sur une morale ou une éthique, elle dépend de contingences contextuelles diverses, qui la rendent de fait difficilement applicable.

Admettons, même si ce système reste ouvert.

Remarque, on peut aussi voir les choses dans l'autre sens, que ce sont les manifestations pratiques qui forgent le système de pensées !

Si tu tiens compte de ma remarque précédente, c'est déjà beaucoup moins probable, et quand bien même, les difficultés rencontrées ne feront qu'éprouver ou renforcer notre détermination à maintenir un cap. Par exemple, si je considère que les hommes quelque soit leurs origines doivent être respectés selon les mêmes lois ou règles, voire droit, je ne vois pas en quoi des contingences viendraient perturber ma façon de voir les choses, qu'elles en changent le contenu, ce n'est pas impossible, les fameuses lois, mais cela ne remet aucunement en cause, l'idée que les individus doivent être mis sur un pied d'égalité d'un point de vue légal. Il nous faut bien distinguer les modalités d'application de l'idée sous-jacente, l'idée est toujours plus vivace que sa manifestation.

Qui prône l'immoralité du meurtre peut passer outre sa morale ou son éthique confronté à l'avortement, à l'euthanasie ou à la guerre.

Qui prône la vérité peut passer outre sa morale ou son éthique quand un mensonge peut sauver une vie.

Pour certains cela ne doit pas être un problème, mais ce ne sera pas le cas de tout un chacun, et encore moins d'un éthicien, sans qu'il n'est décortiqué et approfondi les sujets, jusqu'à en discriminer les singularités, permettant éventuellement de les classifier différemment ou identiquement, comme tu l'avais suggéré toi-même un peu plus haut.

Je suis d'accord, car la vérité est en général au service d'une cause, elle n'agit pas pour son propre compte, si je recherche la vérité, par exemple, c'est pour accéder à la connaissance, et ainsi éviter les égarements, les errements, ce qui fait que selon l'usage que l'on fait de cette quête du vrai, on peut effectivement en venir à ne plus la chérir si elle entrave la cause qui lui avait donnée naissance.

Dans ce cas, moralité et vérité ne sont pas nécessairement liés, néanmoins cela ne remet pas en cause l'idée que le sage ne peut pas s'asseoir sur l'éthique ou la morale, car si le savant ne peut faire l'économie de la vérité dans son entreprise, il n'en va pas identiquement du sage, qui a d'autres prérogatives en tête que la seule véracité des concepts, entre autres, ce qui est juste ou injuste, ce qui est légitime ou pas, les moeurs bonnes ou mauvaises, etc...

La sagesse commande justement de passer outre la morale ou l'éthique lors de circonstances imposées. La sagesse se conçoit donc non pas comme application d'une morale ou d'une éthique, mais aussi comme la non-application de ces principes. Parce qu'on ne peut vivre une morale et une éthique immuable dans un monde en constante évolution. La sagesse peut être perçue comme l'outil permettant de faire évoluer l'éthique et la morale pour l'adapter aux changements...

C'est exact, mais encore une fois, ce n'est pas parce que je change les modalités d'application, qu'ipso facto, cela remet en cause la notion derrière.

Ce qui est juste dépend de circonstances, qui peuvent en partie échapper à l'analyste, selon sa propre échelle de valeur, et suivant des évènements particuliers survenus ou dont on prend connaissance, notre vision de ce qui était juste aura possiblement changé, mais pas la notion de justesse ou de justice.

Dit autrement passer outre une morale, est en général le signe d'en appliquer une autre ! Mais la personne reste dans le cadre de la moralité, ce n'est donc pas contradictoire, contrairement aux apparences, et le sage le sait, justement.

De plus, un autre aspect est à prendre en compte. Un homme peut élaborer une philosophie parfaite moralement et éthiquement et être incapable de la suivre en pratique. N'est-il pas lui aussi philosophe, ayant élaboré une philosophie que d'autres que lui pourraient suivre..?

Là on joue sur les deux sens de mot philosophie, celui qui a trait aux philosophes et celui en lien avec une hygiène de vie, bien que l'un n'exclut pas l'autre, ce sont quand même deux idées différentes à la base.

La philosophie, ni la sagesse, ni la moralité n'a pour vocation à atteindre la perfection, puisque ceci est impossible, cela demanderait que les choses soient parfaitement immuables à minima, ce qui n'est jamais le cas.

Il est toujours possible, pratiquement, de faire en sorte d'être dans le respect de nos principes de vie, je n'ignore pourtant pas les paradoxes qui peuvent naitre, les choix cornéliens, souvent potentiels ou théoriques, mais je pense que c'est à nous de faire en sorte de déjouer les aléas malheureux de nos vies, en espérant que tous les malheurs n'arrivent pas d'un coup, ce qui serait à n'en pas douter insurmontable.

Après tout, si c'était facile, ça ne serait pas marrant, ou on serait tous des sages, et donc personne ne le serait en fin de compte ! ( la sagesse est relative à la bêtise, si cette dernière n'est plus, la première non plus )

C'est donc dans l'adversité que pourra s'exprimer l'acte sage.

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Admettons, même si ce système reste ouvert.

Remarque, on peut aussi voir les choses dans l'autre sens, que ce sont les manifestations pratiques qui forgent le système de pensées!

On pourrait, s'il n'était question de la déontologie du philosophe. Le philosophe agit donc selon une déontologie pré-établie, puisque c'est cette déontologie qui est sensée guider ses actions...

Si tu tiens compte de ma remarque précédente, c'est déjà beaucoup moins probable, et quand bien même, les difficultés rencontrées ne feront qu'éprouver ou renforcer notre détermination à maintenir un cap. Par exemple, si je considère que les hommes quelque soit leurs origines doivent être respectés selon les mêmes lois ou règles, voire droit, je ne vois pas en quoi des contingences viendraient perturber ma façon de voir les choses, qu'elles en changent le contenu, ce n'est pas impossible, les fameuses lois, mais cela ne remet aucunement en cause, l'idée que les individus doivent être mis sur un pied d'égalité d'un point de vue légal. Il nous faut bien distinguer les modalités d'application de l'idée sous-jacente, l'idée est toujours plus vivace que sa manifestation.

C'est toute la complexité de l'application d'une philosophie abstraite et objective dans un contexte pratique et subjectif. Pour reprendre ton exemple, tu peux considérer que les hommes, quelles que soient leurs origines, doivent être respectés selon les mêmes lois ou règles, voire droit, tes considérations se heurteront aux différentes contingences historiques, culturelles ou religieuses de ce monde, et ton égalité, voire ton traitement égalitaire seront, en pratique, inapplicables...

Ce qui est juste dépend de circonstances, qui peuvent en partie échapper à l'analyste, selon sa propre échelle de valeur, et suivant des évènements particuliers survenus ou dont on prend connaissance, notre vision de ce qui était juste aura possiblement changé, mais pas la notion de justesse ou de justice.

Dit autrement passer outre une morale, est en général le signe d'en appliquer une autre ! Mais la personne reste dans le cadre de la moralité, ce n'est donc pas contradictoire, contrairement aux apparences, et le sage le sait, justement.

Tu introduis la notion de justice, comme si la sagesse était liée au fait de faire ce qui est juste. Encore une fois, la sagesse me semble justement consister à être juste ou injuste, comme moral ou immoral lorsque les circonstances le demandent. Que vaut le "tu ne tueras point" devant l'agonie atroce qu'on pourrait abréger..? Si la déontologie du philosophe établit que tuer est mal, il doit assumer sa déontologie et laisser souffrir l'agonisant. S'il passe outre, il commet sciemment une injustice, le meurtre. Il n'échange pas une morale pour une autre, mais la sagesse lui indique que ses principes éthiques et moraux doivent être ignorés devant la souffrance qu'il peut abréger. Il n'applique pas une autre morale, il se place volontairement hors du cadre de la moralité...

La philosophie, ni la sagesse, ni la moralité n'a pour vocation à atteindre la perfection, puisque ceci est impossible, cela demanderait que les choses soient parfaitement immuables à minima, ce qui n'est jamais le cas.

Il est toujours possible, pratiquement, de faire en sorte d'être dans le respect de nos principes de vie, je n'ignore pourtant pas les paradoxes qui peuvent naitre, les choix cornéliens, souvent potentiels ou théoriques, mais je pense que c'est à nous de faire en sorte de déjouer les aléas malheureux de nos vies, en espérant que tous les malheurs n'arrivent pas d'un coup, ce qui serait à n'en pas douter insurmontable.

Après tout, si c'était facile, ça ne serait pas marrant, ou on serait tous des sages, et donc personne ne le serait en fin de compte ! ( la sagesse est relative à la bêtise, si cette dernière n'est plus, la première non plus )

C'est donc dans l'adversité que pourra s'exprimer l'acte sage.

Il me semble très difficile de vivre pratiquement dans le respect de nos principes de vie. Parce que si nous sommes maitres de notre philosophie, nous ne sommes pas maitre des aléas de la vie. Cette contradiction est difficilement surmontable devant l'adversité. Le sage s'exprimera en pratiquant ou passant outre sa philosophie selon les circonstances...

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 739 messages
If you don't want, you Kant...,
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Bonjour Seiyar,

Pour mieux t'expliquer ma métaphore avec le dessinateur, voici comment mes 3 ingrédients fondamentaux du philosophe se retrouvent, selon moi, chez le dessinateur:

Et philosophes comme dessinateurs peuvent affiner leurs représentations au cours de leur vie, en reprenant leurs analyses ou en recommençant leurs dessins, mais sous un autre angle.

Il n'était pas nécessaire de détailler ce que tu entendais par ces termes, dans la mesure où ce n'est pas sur eux que nous divergions.

Encore une fois, ce n'est pas sur les points communs, mais sur ce qui les distingue qu'il faut que tu te penches, autrement dit si un philosophe fait au moins ce qu'un dessinateur fait, le dessinateur ne fait pas autant qu'un philosophe ! ( en restant dans la veine que le recul, l'honnêteté et la lucidité soient les critères retenus ), au mieux dans tes explications le dessinateur est un photographe spectateur ( voir ), quand le philosophe est un expérimentateur observateur ( comprendre ).

Un exemple basé sur une autre idée, mais qui illustrera où j'en suis, comme la distinction entre un professeur par exemple de physique et un chercheur physicien, les deux connaissent les lois premières des sciences physiques, ont une rigueur intellectuelle et sont rationnels dans leur domaine, pourtant il y a aussi des choses qui les démarquent et qui sont essentielles. Ou encore la différence entre celui qui utilise les mathématiques et celui qui les crée.

Est-ce que tu vois l'inclusion qui existe ?

Je suis d'accord avec toi: je n'ai pas dit que n'importe qui EST philosophe dès lors qu'il a recul, lucidité et honnêteté, mais qu'il PEUT être philosophe des lors qu'il a ces 3 ingrédients qui me semblent pour ma part fondamentaux.

Mais, bien-sûr, s'il n'a pas la volonté ni l'envie de devenir philosophe, ces 3 ingrédients lui seront inutiles, un peu comme si tu avais tout les ingrédients pour faire un gateau, mais que tu detestes cuisiner.

Oui.

Je ne pense pas que l'héritage des connaissances soit une condition sine qua non pour devenir dessinateur ou philosophe.

Je pense que les ingrédients fondamentaux ne sont pas herités mais plutôt innés: on aura beau étudier le dessin auprès des plus grands, on ne sera jamais vraiment un dessinateur si l'on ne possède pas les qualités fondamentales. L'héritage ne va permettre "que" d'initier et former la personne au dessin, aux différentes techniques, aux différentes écoles. C'est exactement comme pour le diamant brut enfoui sous le sol: peut-on parler de joyau? non, pas vraiment, pas encore en tout cas. Est-ce que c'est l'orfèvre qui en fait un joyau ? Oui, en le taillant et le façonnant avec son savoir-faire ancestral, mais l'orfèvre n'aurait jamais pu faire un joyau avec une pierre ordinaire, quelque soit ses compétences.

Donc, est-ce que c'est l'orfèvre qui fait le joyau finalement? Pas vraiment, il ne fait "que" le dévoiler, tout comme l'héritage ne fait "que" former un dessinateur ou un philosophe. Et le diamant brut, même s'il est mal taillé, voire pas taillé du tout, scintillera du même éclat, mais de manière moins spectaculaire il est vrai.

D'ailleurs, ce qui va dans mon sens, c'est que tous les profils se retrouvent dans toutes les nations du monde, quelque soit l'importance du savoir-faire de ces nations: même dans un village reculé du monde, tu verras toujours un philosophe, un dessinateur, un manuel, un intellectuel, etc... Leur niveau de formation sera certes plus ou moins élevé selon l'héritage dont ils disposent, mais ceux seront tous des joyaux à leur façon, peut-être pas taillés très finement par l'orfèvre, mais des joyaux quand même, du moins relativement à leur contrée.

Que le moteur, la source soit innée, je te le concède, mais tu admettras, que sans un minimum de bagages, d'outils pour faire le lien avec ton analogie, autrement dit sans apprentissage de base, ou de conditions de vie clémentes, il est impossible que l'esprit puisse se focaliser sur une activité " ludique "/optionnelle, c'est à dire non vitale, c'est une fois la sociabilisation acquise que nous pouvons nous lancer seul dans la jungle de l'inventivité ou de la créativité, le symbolisme n'est pas une prérogative tant que la survie n'est pas assurée, il lui est conditionné, et puisque nous sommes des êtres sociaux interdépendants pour notre survie, nous ne pouvons pas faire autrement que d'acquérir ses outils ( aussi rudimentaires soient-ils ) si nous voulons vivre, notre héritage est donc inévitable, ce qui fait qu'au moment où nous prenons conscience de nos acquis et de notre inné, il est tout bonnement impossible de faire la part des choses, c'est bonnet blanc ou blanc bonnet, puisque nous sommes les deux au moment de cette prise de conscience, et il en sera ainsi jusqu'à la fin de notre existence.

Ce qui veut dire, que si nous étions privés de l'un ou de l'autre ( ce qui nous pousse à agir/les fondamentaux et la connaissances/les apprentissages minimaux ) au cours de notre développement, nous ne pourrions pas nous lancer dans la taille d'un cristal, le dessin, ou le questionnement, car sans socialisation personne n'aurait l'idée de tailler une pierre de parement ou à offrir, puisque l'autre n'existe pas, et sans source de motivation à dépasser la survie, nous ne serions pas enclins à créer du superflu, comme des objets de valeurs symboliques, comme le diamant.

N'oublions pas les croisements, les rencontres et les origines plus ou moins communes/partagés de tous les Hommes, il n'est donc pas étonnant ou surprenant de retrouver les mêmes caractéristiques ailleurs, sinon nous serions des espèces distinctes. Le dessin viendrait de l'art pariétal des hommes préhistoriques, et le questionnement philosophique depuis les premières sépultures je pense, où la peur de la mort a joué un rôle primordial à ses débuts ( la toute première question existentielle qui en appellera bien d'autres par la suite ), largement oublié depuis, lorsque l'on vit dans l'opulence, le déni et la facilité.

Si nous n'avons pas trace physique de toutes nos origines culturelles, il suffit de voir comment on réagit nous même, pour reconnaitre les motivations héritées de nos ancêtres, et donc de ce vers quoi nous tendons.

Selon moi, la vie du philosophe est disjointe de ses réflexions. Un peu comme le député qui va voter une loi pour limiter la vitesse sur autoroute, et qui va dépasser cette même vitesse une fois en voiture. Est-ce incohérent? Pas vraiment, il vote une loi non pas pour lui mais pour le bien commun; il n'est pas au dessus des autres, il a juste les compétences requises pour créer une loi (intelligence, culture, etc.), mais à part ça, rien ne le distingue de ses concitoyens ...

Et c'est justement là où je ne suis absolument pas d'accord, il n'y a pas de commune mesure entre un politicien et un philosophe, ce n'est pas lié à une fonction, ni à une ambition ou à un but déterminé, même si en fin de compte, on peut aboutir aux mêmes types d'antinomies.

Que le politicien soit assez bête pour demander aux autres ce qu'il ne fait pas lui même, ça n'a malheureusement rien d'un scoop, même si j'estime que cela ne devrait pas être le cas, quand on représente le peuple, on se doit de montrer l'exemple, ce devrait être un minimum, il en va de même lorsque l'on représente la loi, une autorité, on se doit d'être exemplaire, mais force est de constater qu'également, c'est la foire d'empoigne.

Que la bêtise humaine gagne tous les niveaux, tous les ordres, toutes les instances, soit, mais pas le bastion de ce qui s'oppose à l'absurdité sapiens: la philosophie.

Le philosophe n'impose rien, n'a pas de pouvoir particulier, n'a pas de fonction attitrée, d'objectif à atteindre, de compte à rendre à une entité, il n'est pas censé rechercher la gloire ou le prestige pour se valoriser aux yeux de qui que ce soit.

Par contre, dans ses réflexions, en tant que penseur, en tant que critique du monde, il en arrive parfois à voir ce qui est vertueux de ce qui vicieux, une fois ce constat fait, en tant qu'apprenti dans la sagesse, il ne peut pas, ou ne peut plus, céder aux mêmes travers que les autres, qui ne se revendiquent pas dans une quête de la sagesse, du comportement adapté à chaque situation. N'importe qui peut faire des erreurs, surtout que la cupidité des hommes les pousse plus vers leurs plaisirs et intérêts premiers, mais notre philosophe, une fois qu'il sait, qu'il a identifié ce qui est juste ou bon, ne peut plus l'ignorer, sans tomber dans une contradiction s'il est sincèrement " l'ami de la sagesse ", un être sage ne peut pas persévérer dans ce qu'il a remarqué/admis comme nuisible !

De même qu'un logicien ne peut pas feindre de ne pas connaitre les règles de la logique, tout en prétendant en faire, si il se donne le titre de logicien, alors on attend de lui, mais a priori lui même en premier ressort, qu'il respecte ce qu'il est/prétend, sinon il est en contradiction, alors soit il n'est pas logicien, soit c'est un imposteur, dans tous les cas, il perd sa crédibilité. Il en va de même, du philosophe, qui ne peut pas aller à l'encontre de ce qui est sage, d'autant plus s'il est l'auteur de la trouvaille qu'il piétine allégrement, c'est simplement incompatible, ce qui conduit à la bonne application de la philosophie à l'usage des philosophes, c'est à dire à une déontologie du philosophe que chacun doit s'évertuer à respecter.

J'ai l'impression que tu mets un peu trop sur un piédestal l'activité de philosophe. Pour moi le philosophe n'est rien de plus qu'un "technicien" de la pensée si je puis dire.

Ce que je vais dire est faux, mais je pousse le bouchon volontairement trop loin pour te faire comprendre le fond de ma pensée: en gros, le jour où on découvrira l'origine de la vie et de la matière et qu'on comprendra pourquoi, il n'y aura plus besoin de philosophes ! J'exagère, bien-sûr, car il y aura toujours des débats de sociétés dont il faudra peser le pour et le contre, etc. mais si on arrive à savoir pourquoi l'existence de la vie et de la matière, alors on pourra expliquer le sens de toute chose, puisque tout découle de là ! Pour arriver à cet ultime connaissance, on aurait voulu utiliser, idéalement, nos mathématiciens, mais la vie est trop complexe pour être représenté mathématiquement, donc on fait appel aux philosophes, probablement moins logiques, mais avec plus de recul, pour trouver des "formules" de vie, faute de formules mathématiques ... Mais le jour ou on connaitra la formule ultime, tout le reste en découlera logiquement et le travail du philosophe sera globalement terminé.

Je ne place pas en honneur le philosophe, au contraire, j'ai écrit qu'il était limité dans son entreprise justement. Il n'est pas plus un technicien de la pensée, que le psychologue est un technicien de la psyché ou le curé le technicien de l'âme, nous ne sommes pas des machines, ni biologiquement, ni cognitivement, ni spirituellement !

Mais même si l'on connait la raison de tout ceci un jour, et puisque nous avons la faculté de choisir, car ceci demeurera, nous aurons toujours besoin de savoir quelle ligne de conduite tenir, et juger de celles des autres, de la société où l'on s'insère, celle d'un peuple, des humains en général, d'appréhender le savoir, l'usage des techniques, mais qu'un But soit éventuellement déterminé, ne change pas le fait que le chemin utilisé pour y parvenir est primordial ! C'est ce que le philosophe, comme tout un chacun, essaie de faire, disons que le philosophe le fait avec une plus grande perception, avec plus de raffinement, de plus de déclinaisons, plus de perspectives, avec bien plus de paramètres, parce qu'il y consacre beaucoup de son temps et d'énergie, tout comme un artiste confirmé sera plus aguerri que l'individu lambda qui se lance dans une telle aventure à l'occasion, ou comme le sportif mondial plus à l'aise que le sportif du dimanche, ce qui ne veut pas dire que l'on ne peut pas échouer aussi, mais que l'on optimise, maxime, améliore les chances de mieux faire, et c'est déjà en soi, une sacrée avancée

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Seiyar Membre 39 messages
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Salut Deja-utilisee,

La sagesse (du grec ancien σοφία, sophia) est un concept utilisé pour qualifier le comportement d'un individu, souvent conforme à une éthique, qui allie la conscience de soi et des autres, la tempérance, la prudence, la sincérité et le discernement s’appuyant sur un savoir raisonné1,2.

Dans le domaine de la philosophie, la sagesse représente un idéal de vie vers lequel tendent les philosophes, « amoureux de la sagesse », qui « pensent leur vie et vivent leur pensée »3, à travers le questionnement et la pratique de vertus.

Les philosophes grecs différenciaient la sagesse théorique (sophia) de la sagesse pratique (phronèsis) : la vraie sagesse serait la conjonction des deux4.

Ok, je crois que je commence maintenant à mieux comprendre le sens du débat. Voici mon avis.

Effectivement, quand on est sage, de la même manière qu'on pèse le pour et le contre dans un débat théorique pour cerner au mieux la vérité, on va de la même manière adopter plusieurs points de vue dans une situation banale du quotidien afin de déterminer la meilleure façon d'agir, et on pourra alors parler d'éthique dans le sens où on n'agira pas seulement pour son propre bien, mais aussi pour le bien d'autrui puisqu'on aura aussi pris en compte le point de vue d'autrui dans notre décision.

Aujourd'hui, l'éthique devient de plus en plus un comportement standard, attendu de tous. De nos jours, un comportement qui ne serait pas éthique, même au plus bas de l'échelle sociale, ne serait pas considéré comme "normal".

Je ne pense pas que l'éthique soit aussi répandue il y a de ça 2000 ans, où la grande majorité des gens n'avaient aucune instruction.

Sous-éduqués, les gens devaient nécessairement être plus intuitifs, plus instinctifs, posséder moins de recul, et donc devaient agir en pensant selon leur propre point de vue et pas selon celui d'autrui. Dans un tel contexte, la personne sage qui pensait en terme de bien commun et d'éthique détonnait probablement fortement avec le reste de la société. Plus le déséquilibre est grand, et plus on est tenté de rétablir l'équilibre, donc les philosophes, qui avaient des lumières bien plus importantes que le reste de la population, ne serait-ce que parce qu'ils savaient lire ou qu'ils avaient voyagé, avaient probablement envie de montrer et faire partager leur immense savoir auprès d'autrui, leur savoir-vivre, leur savoir-être et ressentaient peut être même aussi un peu le devoir d'éduquer le reste d'une population si ignorante à leurs yeux, d'où la notion de déontologie (devoir implicite de bonne conduite).

Mais aujourd'hui, est-ce toujours le cas? Les philosophes ont-ils toujours des lumières bien plus grandes que le reste des gens? Rien n'est moins sûr. L'imprimerie, l'éducation de masse, Internet ont permis d'offrir au commun des mortels un savoir minimal probablement supérieur au savoir maximal des grands philosophes de l'époque.

Les gens ont donc acquis de facto du recul, et deviennent tous un peu philosophes à leur échelle (comme je disais au début, l'éthique est même devenu un comportement standard). Le philosophe contemporain n'a donc plus grand chose à apprendre à autrui, sinon éclaircir, préciser ou contredire certains raisonnements approximatifs auxquels le commun des mortels n'a pas le temps de penser ou qui n'en n'aurait pas l'envie ou les capacités.

Imaginons un philosophe qui aujourd'hui comprendrait bien plus de choses que le reste de la population, un peu comme à l'époque de la Grèce antique; supposons par exemple qu'il découvre, grâce à une réflexion exceptionnellement approfondie, la raison pour laquelle l'Homme est sur Terre; il se sentirait alors probablement obligé de faire partager cette découverte, car une telle vérité est trop importante pour être ignorée du reste du monde. Et dans son comportement quotidien, ce philosophe, connaissant la raison pour laquelle il est sur Terre, va pouvoir agir en ayant pleinement conscience de cette nouvelle vérité, et risque alors de modifier son comportement en conséquence, et inciter les autres à en faire de même.

Conclusion: d'après moi, vivre selon ses principes et promouvoir ses principes auprès d'autrui a surtout du sens lorsqu'il existe un réel décalage de connaissance et de culture. A mesure que ce décalage diminue, les "sachants" se sentent moins tentés de partager un savoir qui ne va pas apporter grand chose à autrui, et se retrouvent du coup dans une position moins légitime pour éduquer (par l'exemple comme par le transfert de connaissance) une population de plus en plus autonome, philosophiquement parlant.

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deja-utilise Membre 5 739 messages
If you don't want, you Kant...,
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On pourrait, s'il n'était question de la déontologie du philosophe. Le philosophe agit donc selon une déontologie pré-établie, puisque c'est cette déontologie qui est sensée guider ses actions...

Non pas pré-établie, mais qui s'est forgée par la confrontation à la réalité. Il y a eu d'abord un travail de mûrissement préalable, car j'ai en tête un philosophe qui se trouve déjà bien engagé dans son activité, non d'un disciple, qui vole en partie de ses propres ailes, qui s'est émancipé, dès lors, il a eu tout loisir de développer et conforter ses positions au regard et en rapport au monde réel, tant qu'on est en formation, l'erreur est pardonnable.

Ce travail en amont est nécessaire pour dégager les lignes directrices de sa conduite à tenir, au même titre que le jeune enfant doit être éduqué avant qu'il discerne le bien du mauvais, l'utile de l'inutile, le nécessaire du suffisant, etc, à la différence près que notre philosophe doit trouver seul, ou du moins par lui même, ce qui lui semble être la voie à emprunter et les principes à suivre pour son entreprise de philosophe.

C'est toute la complexité de l'application d'une philosophie abstraite et objective dans un contexte pratique et subjectif.

Pour reprendre ton exemple, tu peux considérer que les hommes, quelles que soient leurs origines, doivent être respectés selon les mêmes lois ou règles, voire droit, tes considérations se heurteront aux différentes contingences historiques, culturelles ou religieuses de ce monde, et ton égalité, voire ton traitement égalitaire seront, en pratique, inapplicables...

La philosophie n'a pas à être abstraite et objective comme le serait la mathématique, en revanche elle doit être cohérente, c'est à dire ne pas se contredire, tant dans les idées dégagées que vis à vis de son praticien. La philosophie se vit, au quotidien, ce n'est pas une activité isolée, interne, au contraire elle est pleine de vie, empreinte d'une énergie qui filtre jusqu'au pragmatisme de tous les jours.

Que nous soyons confrontés à des difficultés, n'est pas une excuse pour remettre en cause les principes moteurs de notre tentative, de même qu'il est impossible d'atteindre la perfection, cela n'a jamais empêcher les hommes de s'en approcher toujours davantage, et non de baisser les bras. Un philosophe n'est ni un journaliste ni un sociologue, qui voit une fatalité à ses constats, la problématique doit être prise à l'envers, ce ne sont plus les activités humaines qui produisent la normalité, mais l'éthique mûrie qui donne le jalon quand bien même les individus se comporteraient autrement, la référence ne serait pas obsolète pour autant. Il n'est pas question de tendre vers un idéal ou une idéologie, mais de trouver les moyens de mettre en application des concepts trouvés par la réflexion, en tenant compte de la diversité des cultures, si besoin, ce ne sont que des modalités d'application, mais le principe sous-jacent demeure, comme ce pourrait être le cas de l'inceste, tabou dans de nombreuses contrées, même si il y eu des dérapages par ci par là, ce principe est universellement partagé à travers les ages et les lieux.

Tu introduis la notion de justice, comme si la sagesse était liée au fait de faire ce qui est juste. Encore une fois, la sagesse me semble justement consister à être juste ou injuste, comme moral ou immoral lorsque les circonstances le demandent. Que vaut le "tu ne tueras point" devant l'agonie atroce qu'on pourrait abréger..? Si la déontologie du philosophe établit que tuer est mal, il doit assumer sa déontologie et laisser souffrir l'agonisant. S'il passe outre, il commet sciemment une injustice, le meurtre. Il n'échange pas une morale pour une autre, mais la sagesse lui indique que ses principes éthiques et moraux doivent être ignorés devant la souffrance qu'il peut abréger. Il n'applique pas une autre morale, il se place volontairement hors du cadre de la moralité...

Oui, ce qui est juste ou vertueux, font partie intégrante de la sagesse, dans le sens où on cherche à savoir ce qui l'est et ce qui ne l'est pas, non dans un absolu, mais relativement à la situation, en revanche la justice n'est pas contestée, c'est bien son application qui pose problème, ce qui est juste ou non.

Dans ton exemple tu en restes justement au niveau " inférieur ", mais au lieu de se contenter d'appréhender la vie comme précieuse par sa perduration, on peut aussi l'aborder dans son respect vis à vis des individus et de leurs volontés, de leurs intentions, si la vie n'a plus de sens pour celui agonisant, et qu'il constate qu'il souffre atrocement et qu'il fait souffrir son entourage, il peut être conduit à demander à faire cesser toute cette souffrance, l'euthanasie ne contrevient pas à la sacralité de la vie, au contraire elle l'a respecte au plus haut point, par ceux par qui elle s'exprime, se manifeste, si l'être vivant décide qu'il est préférable de ne plus vivre, et sauf pathologie, nous devons être plus attentif à sa volonté vivante, qu'à un principe arbitraire de garder en vie coûte que coûte les gens, le plus grand respect de la vie est encore d'être à l'écoute de ceux qui exprime leur anima, il est donc plus juste de ne pas aller à l'encontre de la volonté d'un individu, que de lui imposer celle collective, surtout quand cela concerne son intégrité la plus intime, toujours sous condition qu'il soit conscient/lucide.

En changeant de perspective, on ne sort pas du cadre de la moralité, on échange une morale relative contre une autre avec des préceptes différents, soit étendus, soit en opposition avec d'autres, dès qu'il est question de comportements sociaux, on ne peut pas s'exclure de considérations morales, sauf à être inconscient, malade mental, totalement irresponsable, dépossédé de sa volonté, totalement privé d'agir librement, ce qui ne concerne qu'une minorité, et donc certainement pas notre philosophe, a fortiori aux antipodes de telles privations de ces facultés.

Il me semble très difficile de vivre pratiquement dans le respect de nos principes de vie. Parce que si nous sommes maitres de notre philosophie, nous ne sommes pas maitre des aléas de la vie. Cette contradiction est difficilement surmontable devant l'adversité. Le sage s'exprimera en pratiquant ou passant outre sa philosophie selon les circonstances...

Il n'est pas question de gérer la vie des autres hommes, mais la sienne, et il est notoire que des gens sont morts pour des principes/choix, parfois l'issue d'un positionnement n'est pas toujours heureuse, mais si c'est le prix à payer pour être cohérent avec ses principes de vie que l'on place au-dessus de tout, je ne vois pas d'antinomie, mieux vaut refuser d'agir mal et subir des courroux, que de s'y soumettre quelle que soit la raison et se trouver en contradiction avec nos propres valeurs.

Le sage n'est pas un lâche, ni un téméraire, mais il ne peut pas outrepasser ses convictions issues de ses réflexions antérieures sous la contrainte, uniquement par une approche humaniste, sage elle-même, l'intelligence ne cède pas devant la brutalité, la violence brutes, elle cherche une autre voie que l'affrontement qui ferait le jeu de la barbarie, mais malheureusement l'humanité n'en est qu'à l'adolescence, dans un état instable où la moindre pichenette la fait basculer sur un mode émotif, bestial, mais ici, il ne s'agit d'engager que la philosophe digne de ce nom, non le genre humain entier.

Je n'ai pas dit que c'était aisé, c'est sans doute aussi pour cela que la philosophie n'a pas bonne presse, n'attire pas les foules, car elle demande un tribut que peu sont prêt à débourser, à consacrer à une telle activité dispendieuse en temps, en énergie et en volonté. Au même titre qu'une hygiène physique est importante, l'hygiène intellectuelle l'est tout autant, dans le sens que tout le monde prend soin de son corps, en se soignant, en faisant attention aux blessures, en étant vigilant sur son alimentation, par exemples, car nous percevons directement notre intérêt, mais que la psyché est négligée parce que l'on ne se rend pas compte qu'il est primordial de ne pas maltraiter/blesser/négliger son âme, alors qu'elle mérite tout autant notre attention, et notre investissement sincère/profond/inconditionnel.

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Seiyar Membre 39 messages
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Salut Deja-utilisee,

Merci pour ton commentaire de post. Je réagis sur un point essentiel.

mais notre philosophe, une fois qu'il sait, qu'il a identifié ce qui est juste ou bon, ne peut plus l'ignorer, sans tomber dans une contradiction s'il est sincèrement " l'ami de la sagesse ", un être sage ne peut pas persévérer dans ce qu'il a remarqué/admis comme nuisible !

Je crois qu'il y a, selon moi, une confusion dans ta définition de sagesse.

La sagesse, ça veut dire prendre du recul. Le comportement non-sage, c'est agir sans recul, c'est a dire ne pas tout prendre en considération, en l’occurrence l'avis d'autrui. Le comportement sage, c'est prendre du recul: c'est peser le pour et le contre, donc adopter plusieurs points de vues (en l’occurrence celui d'autrui).

"sagesse" = "prise de recul" donc "aimer la sagesse" (autrement dit "philosopher") = "aimer la prise de recul".

Ce qu'aime le philosophe, ce n'est donc pas le juste ou le bon qu'il a réussi à percevoir, mais d'avoir simplement réussi à percevoir ce qui est juste et bon. Le philosophe est un "ami de la sagesse" car celle-ci l'aide uniquement à distinguer le juste du faux, le bon du mauvais, etc... mais ne lui impose pas d'adopter le juste (au lieu du faux) ou le bon (au lieu du mauvais) car cette sagesse n'est, encore une fois, purement et simplement, qu'une prise de recul froide sur les événements, rien de plus. Prendre du recul, c'est comme se positionner au sommet d'une montagne pour observer le paysage dans le but d'en avoir un aperçu complet pour mieux en cerner la réalité ("mon village me paraissait plus grand que le village voisin, mais je me rend compte, vu d'ici, que c'est l'inverse, je m'étais donc trompé"). Ce qui intéresse le philosophe, c'est donc au final, comme je disais depuis le début, de se positionner dans un endroit "haut perché" pour mieux dépeindre une réalité, de la manière la plus juste possible (pour reprendre la métaphore avec le dessinateur, une fois "haut perché" le philosophe élabore une analyse intellectuelle quand le dessinateur élabore une analyse visuelle - contrairement à ce que tu dis, il y a bien une notion d'analyse chez le dessinateur, mais à un niveau bien moindre je te l'accorde).

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Non pas pré-établie, mais qui s'est forgée par la confrontation à la réalité. Il y a eu d'abord un travail de mûrissement préalable, car j'ai en tête un philosophe qui se trouve déjà bien engagé dans son activité, non d'un disciple, qui vole en partie de ses propres ailes, qui s'est émancipé, dès lors, il a eu tout loisir de développer et conforter ses positions au regard et en rapport au monde réel, tant qu'on est en formation, l'erreur est pardonnable.

Ce travail en amont est nécessaire pour dégager les lignes directrices de sa conduite à tenir, au même titre que le jeune enfant doit être éduqué avant qu'il discerne le bien du mauvais, l'utile de l'inutile, le nécessaire du suffisant, etc, à la différence près que notre philosophe doit trouver seul, ou du moins par lui même, ce qui lui semble être la voie à emprunter et les principes à suivre pour son entreprise de philosophe.

Une déontologie qui se forge par la confrontation à la réalité est une déontologie en constante évolution, puisque c'est l'essence même de la réalité que d'être changeante. Agir selon des principes établis ne tient pas en compte cette évolution. C'est donc la réalité qui forge la déontologie du philosophe. Vivre selon des principes dans la réalité s'avère donc quasi-impossible quand cette réalité évolue. On verra dimanche des gens vivant selon des principes politiques socialistes aller voter contre leurs convictions pour tenter de déjouer ce que la réalité leur impose. La déontologie du philosophe peut s'appliquer quand ce philosophe réduit à minima son contact avec la réalité...

La philosophie n'a pas à être abstraite et objective comme le serait la mathématique, en revanche elle doit être cohérente, c'est à dire ne pas se contredire, tant dans les idées dégagées que vis à vis de son praticien. La philosophie se vit, au quotidien, ce n'est pas une activité isolée, interne, au contraire elle est pleine de vie, empreinte d'une énergie qui filtre jusqu'au pragmatisme de tous les jours.

Que nous soyons confrontés à des difficultés, n'est pas une excuse pour remettre en cause les principes moteurs de notre tentative, de même qu'il est impossible d'atteindre la perfection, cela n'a jamais empêcher les hommes de s'en approcher toujours davantage, et non de baisser les bras. Un philosophe n'est ni un journaliste ni un sociologue, qui voit une fatalité à ses constats, la problématique doit être prise à l'envers, ce ne sont plus les activités humaines qui produisent la normalité, mais l'éthique mûrie qui donne le jalon quand bien même les individus se comporteraient autrement, la référence ne serait pas obsolète pour autant. Il n'est pas question de tendre vers un idéal ou une idéologie, mais de trouver les moyens de mettre en application des concepts trouvés par la réflexion, en tenant compte de la diversité des cultures, si besoin, ce ne sont que des modalités d'application, mais le principe sous-jacent demeure, comme ce pourrait être le cas de l'inceste, tabou dans de nombreuses contrées, même si il y eu des dérapages par ci par là, ce principe est universellement partagé à travers les ages et les lieux.

Quand les principes sous-jacents d'une éthique demeure malgré sa non-application, on a affaire à une philosophie abstraite et objective. Si on veut l'appliquer dans la réalité, il faudra compromettre ces principes avec la réalité, quand cette réalité l'exige. Sinon, philosophie devient idéologie...

Oui, ce qui est juste ou vertueux, font partie intégrante de la sagesse, dans le sens où on cherche à savoir ce qui l'est et ce qui ne l'est pas, non dans un absolu, mais relativement à la situation, en revanche la justice n'est pas contestée, c'est bien son application qui pose problème, ce qui est juste ou non.

Dans ton exemple tu en restes justement au niveau " inférieur ", mais au lieu de se contenter d'appréhender la vie comme précieuse par sa perduration, on peut aussi l'aborder dans son respect vis à vis des individus et de leurs volontés, de leurs intentions, si la vie n'a plus de sens pour celui agonisant, et qu'il constate qu'il souffre atrocement et qu'il fait souffrir son entourage, il peut être conduit à demander à faire cesser toute cette souffrance, l'euthanasie ne contrevient pas à la sacralité de la vie, au contraire elle l'a respecte au plus haut point, par ceux par qui elle s'exprime, se manifeste, si l'être vivant décide qu'il est préférable de ne plus vivre, et sauf pathologie, nous devons être plus attentif à sa volonté vivante, qu'à un principe arbitraire de garder en vie coûte que coûte les gens, le plus grand respect de la vie est encore d'être à l'écoute de ceux qui exprime leur anima, il est donc plus juste de ne pas aller à l'encontre de la volonté d'un individu, que de lui imposer celle collective, surtout quand cela concerne son intégrité la plus intime, toujours sous condition qu'il soit conscient/lucide.

En changeant de perspective, on ne sort pas du cadre de la moralité, on échange une morale relative contre une autre avec des préceptes différents, soit étendus, soit en opposition avec d'autres, dès qu'il est question de comportements sociaux, on ne peut pas s'exclure de considérations morales, sauf à être inconscient, malade mental, totalement irresponsable, dépossédé de sa volonté, totalement privé d'agir librement, ce qui ne concerne qu'une minorité, et donc certainement pas notre philosophe, a fortiori aux antipodes de telles privations de ces facultés.

Nous sommes d'accord, mais nous l'exprimons différemment. Pour moi, quand la déontologie commande de ne pas tuer et que je tue dans des circonstances que la réalité m'impose, je passe outre la déontologie. Pour toi, tu l'adaptes. Il n'en demeure pas moins que la déontologie commande de ne pas tuer. Pas de ne pas tuer sauf en des circonstances exceptionnelles imposées par la réalité. Donc, une déontologie ne peut s'appliquer dans la réalité qu'en compromettant ses principes. Qu'on appelle ça passer outre ou l'adapter, c'est une question de point de vue. Je te concède qu'on peut parler d'adaptation...

Il n'est pas question de gérer la vie des autres hommes, mais la sienne, et il est notoire que des gens sont morts pour des principes/choix, parfois l'issue d'un positionnement n'est pas toujours heureuse, mais si c'est le prix à payer pour être cohérent avec ses principes de vie que l'on place au-dessus de tout, je ne vois pas d'antinomie, mieux vaut refuser d'agir mal et subir des courroux, que de s'y soumettre quelle que soit la raison et se trouver en contradiction avec nos propres valeurs.

Le sage n'est pas un lâche, ni un téméraire, mais il ne peut pas outrepasser ses convictions issues de ses réflexions antérieures sous la contrainte, uniquement par une approche humaniste, sage elle-même, l'intelligence ne cède pas devant la brutalité, la violence brutes, elle cherche une autre voie que l'affrontement qui ferait le jeu de la barbarie, mais malheureusement l'humanité n'en est qu'à l'adolescence, dans un état instable où la moindre pichenette la fait basculer sur un mode émotif, bestial, mais ici, il ne s'agit d'engager que la philosophe digne de ce nom, non le genre humain entier.

Je n'ai pas dit que c'était aisé, c'est sans doute aussi pour cela que la philosophie n'a pas bonne presse, n'attire pas les foules, car elle demande un tribut que peu sont prêt à débourser, à consacrer à une telle activité dispendieuse en temps, en énergie et en volonté. Au même titre qu'une hygiène physique est importante, l'hygiène intellectuelle l'est tout autant, dans le sens que tout le monde prend soin de son corps, en se soignant, en faisant attention aux blessures, en étant vigilant sur son alimentation, par exemples, car nous percevons directement notre intérêt, mais que la psyché est négligée parce que l'on ne se rend pas compte qu'il est primordial de ne pas maltraiter/blesser/négliger son âme, alors qu'elle mérite tout autant notre attention, et notre investissement sincère/profond/inconditionnel.

Si la déontologie du philosophe est sensée gérer sa vie, il est contradictoire de le voir mourir pour elle. La sagesse commande d'adapter sa déontologie à la réalité quand c'est nécessaire plutôt que d'adapter la réalité à sa déontologie...

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deja-utilise Membre 5 739 messages
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Bonjour, désolé pour la tardivité de ma réponse:

Effectivement, quand on est sage, de la même manière qu'on pèse le pour et le contre dans un débat théorique pour cerner au mieux la vérité, on va de la même manière adopter plusieurs points de vue dans une situation banale du quotidien afin de déterminer la meilleure façon d'agir, et on pourra alors parler d'éthique dans le sens où on n'agira pas seulement pour son propre bien, mais aussi pour le bien d'autrui puisqu'on aura aussi pris en compte le point de vue d'autrui dans notre décision.

J'ajouterai aussi de prendre en considération le fait d'être à son tour l'objet d'une critique de la part d'autrui, d'où l'extrême vigilance, et l'introduction d'une ligne de conduite.

Aujourd'hui, l'éthique devient de plus en plus un comportement standard, attendu de tous. De nos jours, un comportement qui ne serait pas éthique, même au plus bas de l'échelle sociale, ne serait pas considéré comme "normal".

Je ne pense pas que l'éthique soit aussi répandue il y a de ça 2000 ans, où la grande majorité des gens n'avaient aucune instruction.

Sous-éduqués, les gens devaient nécessairement être plus intuitifs, plus instinctifs, posséder moins de recul, et donc devaient agir en pensant selon leur propre point de vue et pas selon celui d'autrui. Dans un tel contexte, la personne sage qui pensait en terme de bien commun et d'éthique détonnait probablement fortement avec le reste de la société. Plus le déséquilibre est grand, et plus on est tenté de rétablir l'équilibre, donc les philosophes, qui avaient des lumières bien plus importantes que le reste de la population, ne serait-ce que parce qu'ils savaient lire ou qu'ils avaient voyagé, avaient probablement envie de montrer et faire partager leur immense savoir auprès d'autrui, leur savoir-vivre, leur savoir-être et ressentaient peut être même aussi un peu le devoir d'éduquer le reste d'une population si ignorante à leurs yeux, d'où la notion de déontologie (devoir implicite de bonne conduite).

C'est une approche intéressante, néanmoins, à la réflexion, le relativisme que tu mets en perspective, ne tient pas, dans la mesure où déjà à cette époque un seul homme ne pouvait pas connaitre l'ensemble du savoir humain, et encore moins le maitriser, ce qui de toute manière n'est pas l'intention du philosophe.

Aujourd'hui nous sommes noyés sous un déluge d'informations, mais il n'en demeure pas moins, comme dans l'antiquité, qu'un seul homme ne peut englober le cumul de la connaissance.

Et là où j'attirerai ta vigilance, c'est sur la distinction fondamentale entre savoir et comprendre, à l'instar d'une mallette d'outils et le savoir-faire pour les utiliser correctement, c'est à dire que la connaissance est comme l'accumulation d'outils, quand la compréhension est un art consistant à l'appréhender convenablement, à être attentif à leur emploi/usage.

Mais aujourd'hui, est-ce toujours le cas? Les philosophes ont-ils toujours des lumières bien plus grandes que le reste des gens? Rien n'est moins sûr. L'imprimerie, l'éducation de masse, Internet ont permis d'offrir au commun des mortels un savoir minimal probablement supérieur au savoir maximal des grands philosophes de l'époque.

Les gens ont donc acquis de facto du recul, et deviennent tous un peu philosophes à leur échelle (comme je disais au début, l'éthique est même devenu un comportement standard). Le philosophe contemporain n'a donc plus grand chose à apprendre à autrui, sinon éclaircir, préciser ou contredire certains raisonnements approximatifs auxquels le commun des mortels n'a pas le temps de penser ou qui n'en n'aurait pas l'envie ou les capacités.

À une époque où nous sommes engorgés par l'information, les données, où justement il n'est pas aisé de faire le tri entre bonne et mauvaise connaissance, voire fausse connaissance, nous avons besoin autant qu'avant, d'un guide, d'une personne qui ne se contente pas de se laisser porter par la barque entrainée par le courant, il nous faut un individu qui prend le temps de la réflexion, pas de faire un choix par convenance personnelle, par effet de mode ou sous la contrainte, mais bien de regarder ce qui se présente, en voir la malice, les dérives, et les absurdités, qui ne sautent pas aux yeux de ceux qui sont pris dans le mouvement.

Nous courrons après le temps, nous sommes connectés, nous sommes suractifs, nous sommes constamment occupés, cela donne une certaine consistance à nos vies, mais ce n'est pas à l'heure du constat, des comptes, qu'il faudra songer à la futilité de nos choix, de nos comportements, de nos motivations ou de nos idéologies éphémères.

La vie n'est pas qu'un problème d'optimisation, mais aussi de la qualité de notre chemin de vie, et en cela, la masse de connaissances n'est pas un gage de réussite, qu'elle soit plus conséquente qu'avant est secondaire, ce qui importe est la composante vertueuse ou vicieuse de ce savoir, cela ne s'apprend pas par Internet, ou dans des livres à connotation commerciale, elle se trouve par l'introspection, la méditation, la réflexion, et ça personne d'autre peut le faire que nous même, pas plus que quelqu'un ne peut manger ou se reposer à ma place, la lucidité, la critique la plus poussée n'apparait pas spontanément à un niveau important, elle se travaille, elle se nourrit d'un long labeur, qui n'a rien à voir avec la quantité d'informations que l'on détient sur telle ou telle chose. J'ai beau savoir qu'il existe des plantes comestibles ou toxiques, j'ai beau savoir que des hommes sont capables de faire du feu à partir d'aucun ustensile moderne, ce n'est que lorsque je suis cruellement confronté au besoin d'en jouir, que je comprend que ce savoir n'est que du vent, que ce n'est qu'une enveloppe qui abrite un vide stupéfiant, finalement savoir n'est que de la poudre aux yeux, ce qui importe vraiment, c'est de comprendre, il vaut infiniment mieux bien comprendre peu de choses, que d'uniquement savoir, d'être en possession d'une foultitude de coquilles vides.

Nous avons au contraire cruellement besoin, de quelques personnes plus sensibles que le commun des mortels, sur l'art de vivre vertueusement, au beau milieu de ce maelström de technicisme, de scienticité, de la big data, de la communication à outrance et qui passe à coté de son but premier, etc... Une critique de nos modes de vie complètement débridés, une sorte d'auto-emballement, une fuite en avant où le moyen est devenu le but à poursuivre, quelle hérésie !

Imaginons un philosophe qui aujourd'hui comprendrait bien plus de choses que le reste de la population, un peu comme à l'époque de la Grèce antique; supposons par exemple qu'il découvre, grâce à une réflexion exceptionnellement approfondie, la raison pour laquelle l'Homme est sur Terre; il se sentirait alors probablement obligé de faire partager cette découverte, car une telle vérité est trop importante pour être ignorée du reste du monde. Et dans son comportement quotidien, ce philosophe, connaissant la raison pour laquelle il est sur Terre, va pouvoir agir en ayant pleinement conscience de cette nouvelle vérité, et risque alors de modifier son comportement en conséquence, et inciter les autres à en faire de même.

Il ne sert à rien de montrer à autrui ce qu'il se refuse à voir, se complaisant dans sa démarche hédoniste, nous ne sommes pas dans une ère où l'humain veut sortir de sa condition, mais au contraire s'y assouvir tout entier, il manque irrémédiablement l'envie d'avoir un regard profondément critique sur l'existence tournée toujours plus sur la prise de plaisirs, et toute l'intelligence humaine est tournée vers cet unique objectif.

On ne peut pas raisonner un être qui ne désire pas l'être, on ne peut pas faire voir les incohérences à ceux qui détournent les yeux, il faut le vouloir profondément, ardemment, ce qui est loin d'être la cas de nos jours, où la conscience/raison est mise à profit d'autres projets, plus ludiques, jouissifs ou profitables...

C'est pour cela, que la seule chose qui reste possible, c'est d'espérer un déclic, une prise de conscience, par le truchement d'une démarche irréprochable, car persuader, forcer ou manipuler les gens, ne marchent pas longtemps, le risque étant la démotivation, le détournement, il n'y a bien qu'une approche la plus exempte de buts cachés/dissimulés/inavoués, qui peut espérer sur du long terme finir par toucher les âmes suffisamment sensibles ou sensibilisées, la moindre erreur, le moindre faux pas, et c'est l'échec assuré, la patience et le pardon ne sont bien évidemment plus d'actualité, les gens se blasent, s'énervent pour un oui ou un non, il faut donc une constance indéfectible, face à tant de sollicitations plus distrayantes les unes que les autres, l'authenticité a une petite chance de percer, mais pour cela une conduite exemplaire est requise.

Conclusion: d'après moi, vivre selon ses principes et promouvoir ses principes auprès d'autrui a surtout du sens lorsqu'il existe un réel décalage de connaissance et de culture. A mesure que ce décalage diminue, les "sachants" se sentent moins tentés de partager un savoir qui ne va pas apporter grand chose à autrui, et se retrouvent du coup dans une position moins légitime pour éduquer (par l'exemple comme par le transfert de connaissance) une population de plus en plus autonome, philosophiquement parlant.

La déontologie du philosophe est plus pour montrer " patte blanche " que de révolutionner la philosophie, en ces temps de troubles multifactoriels, où chaque instance/organisation, chaque personne peut être prise en défaut, le doute assaille tout un chacun, et plus que jamais, la philosophie doit sortir les hommes de l'obscurantisme, quand bien même il est particulièrement scintillant et envoutant !

Les apparences ont toujours étaient trompeuses, seul un homme ( femme ) vertueux peut indiquer/signaler que nous faisons fausse route, que nous nous illusionnons une fois de plus, l'époque post-moderne n'échappe pas à la règle, nous en sommes juste les acteurs et donc les prisonniers, il est plus aisé de voir l'écharde dans l'oeil du voisin que la poutre dans le sien, c'est à dire que rétrospectivement nous voyons facilement les errements de nos prédécesseurs, beaucoup moins les nôtres, d'où la nécessité d'un philosophe talentueux et sincère, avec une démarche parfaitement transparente, lisible par tous.

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deja-utilise Membre 5 739 messages
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Une déontologie qui se forge par la confrontation à la réalité est une déontologie en constante évolution, puisque c'est l'essence même de la réalité que d'être changeante. Agir selon des principes établis ne tient pas en compte cette évolution. C'est donc la réalité qui forge la déontologie du philosophe.

Pas nécessairement, si notre éthique est issue de la vie inévitablement, elle peut aussi s'en libérer par la suite, prendre une indépendance, tel l'enfant qui nait par le biais exclusif de sa mère acquière une première indépendance lorsqu'on lui coupe le cordon ombilical.

La réalité nous conduit à nous faire des idées, et ces idées peuvent s'émanciper ensuite des causes qui lui ont données naissance, ainsi en va t-il par exemple des mathématiques.

De même, l'idée de vivre en paix, ne peut pas être remise en cause, ou évoluer notablement, une fois définie, c'est à dire que d'agresser gratuitement une personne ou un peuple ne peut pas être vu comme un acte de paix, l'avenir ne remettra pas cette évidence en doute, ce qui ne veut pas dire qu'il ne faille pas s'accommoder de certaines agressions pour maintenir la paix, et ça c'est le coté " mise en pratique " du concept de paix: la paix doit tolérer des écarts qui ne sont pas des actes de paix, et un acte agressif n'est pas un acte de paix, il n'y a pas de contradiction là-dedans, mais bien l'adéquation entre l'idée et sa mise en place concrètement. On a à la fois, une définition ( partielle par commodité ) qui n'évoluera pas et en même temps des modalités pratiques fluctuantes !

On verra dimanche des gens vivant selon des principes politiques socialistes aller voter contre leurs convictions pour tenter de déjouer ce que la réalité leur impose.

La déontologie du philosophe peut s'appliquer quand ce philosophe réduit à minima son contact avec la réalité...

Ce sont des considérations qui me dépassent je le crains fort, car je suis apolitique.

Dans toute activité, il y a une prise de risque, j'en conviens, mais la peur n'évitant pas le danger, il faut au contraire s'armer convenablement, et donc se confronter à la réalité, et agir en conséquence. Et pour faire ultra simple pour rester sur ton exemple au-dessus, si je considère que d'aller voter c'est comme se demander quel bras je dois me couper, on voit le choix cornélien à faire, alors que de sortir du système lui même ne pose plus ce type d'antinomie, j'en viens à critiquer les modalités d'application de la république dans notre pays, qui est en contradiction avec les préceptes qu'elle défend, pourquoi dès lors faire vivre un système que je réprouve, et qui ne changera pas de lui-même par ses membres, en conflit d'intérêts flagrants !? Je ne joue pas à un jeu que j'ai identifié comme truqué, je préfère au mieux jouer les détracteurs, quand bien même je sais pertinemment qu'aucun système ne sera suffisamment parfait pour déjouer la cupidité humaine, car le noeud du problème réside bien là, et tant que l'homme sera comme il est, ce sera une perte de temps pour moi que de m'occuper de ce genre d'activités ridicules, même si je suis conscient des conséquences que peuvent revêtir ma non action, mais comme tout stoïcien qui se respecte, je ne peux agir sur tout, et préfère le faire sur les choses qui dépendent de moi, et non sur celle que je ne peux directement ou de façon infinitésimale, en revanche dénoncer la cinquième république dans son application pratique est dans mes cordes, et est bien plus pertinent à mes yeux.

Quand les principes sous-jacents d'une éthique demeure malgré sa non-application, on a affaire à une philosophie abstraite et objective. Si on veut l'appliquer dans la réalité, il faudra compromettre ces principes avec la réalité, quand cette réalité l'exige. Sinon, philosophie devient idéologie...

Trouver une solution entre ses principes de vie et les aléas de l'existence, ne demande pas obligatoirement à changer son fusil d'épaule, ou à retourner sa veste, on peut persévérer dans l'essence même de l'idée défendue, parfois la cause qui lui a donné naissance et non sa manifestation pratique/occasionnelle.

Par exemple, défendre la vérité, si c'est dans un but de non manipulation d'autrui, de lui faire quelque chose pour moi à son insu ou contre sa volonté, et bien, si éventuellement, la véracité d'un évènement ou d'un fait devait contrevenir à cet objectif en le forçant à faire ce qui m'arrange, il m'appartiendrait par souci d'honnêteté de mettre en lumière cet échec indésirable, et il y aurait plusieurs manières de procéder, et suivant la personne en face de soi, il faudra opter pour celle la plus appropriée à la situation, afin de préserver ce qui était recherché initialement sans commettre une autre injustice. Encore une fois, je n'ai jamais clamé que c'était facile, cela demande une certaine vivacité d'esprit, une réactivité, parfois du sang-froid, une prise de risque, des dommages inévitables, un prix à payer, etc...

Certaines valeurs demandent/commandent par moment des sacrifices, et il faut pouvoir juger du bien fondé de nos prises de décisions, même si des conséquences sont prévisibles et qui vont à notre encontre ou à celle de ceux que l'on aime, n'est-ce pas ce que nous faisons dans une moindre mesure quand on éduque un enfant, nous prenons des résolutions qui ne vont pas dans l'intérêt immédiat de notre enfant, et comme on essaie de lui expliquer maladroitement que " c'est pour son bien ! ".

Nous sommes d'accord, mais nous l'exprimons différemment. Pour moi, quand la déontologie commande de ne pas tuer et que je tue dans des circonstances que la réalité m'impose, je passe outre la déontologie. Pour toi, tu l'adaptes. Il n'en demeure pas moins que la déontologie commande de ne pas tuer. Pas de ne pas tuer sauf en des circonstances exceptionnelles imposées par la réalité. Donc, une déontologie ne peut s'appliquer dans la réalité qu'en compromettant ses principes. Qu'on appelle ça passer outre ou l'adapter, c'est une question de point de vue. Je te concède qu'on peut parler d'adaptation...

Si ton principe de vie, est bien celui du respect de toute vie, tu te retrouves, que tu le veuilles ou pas, dans une situation d'échec possiblement. Mais si tu vois les choses différemment, que la vie est précieuse, certes, et que celui qui cherche à l'ôter bafoue cette valeur, qu'il prend donc le risque de subir lui-même ce qu'il cherche à faire subir, que l'irrespect qu'il éprouve envers la vie d'un autre, peut fort bien dès lors se retourner contre lui, et donc connaitre le sort qu'il avait projeter pour un autre, alors on peut reconnaitre que la vie est précieuse pour ceux qui lui reconnaissent cette valeur, pour les autres il en va autrement, nous devons donc pareillement revoir notre position envers ces personnes, leur vie sera par conséquence moins précieuse que celle à qui il tente de la prendre, il dégrade la préciosité de la vie en quelque sorte, de la leur en l'occurrence, tout comme la confiance se dégrade envers celui qui la viole, c'est à dire on fait confiance à ceux qui en sont dignes, ou qui ne montrent pas de signe contraire, la confiance est donc conditionnelle, de même la vie est précieuse conditionnellement pour ceux pour qui elle l'est également, elle l'est moins ou pas du tout pour celui ou celle qui ne la respecte peu ou pas du tout.

La contradiction apparait si on en reste à notre propre considération, elle s'efface si on inclut dans l'équation la considération de l'autre aussi, c'est un peu comme un contrat si tu veux, cela engage les deux parties et pas de façon uniquement unilatérale.

Ce n'est pas une question d'adaptation ici, mais bien de positionnement " logique " face à ce qui conduit à des situations paradoxales autrement, tout ce qui est asymétrique est susceptible de conduire à des inégalités, à des conflits, à des absurdités, d'où l'intérêt de prendre en compte des facteurs extérieurs à soi-même, ce qui ne contredit pas nos principes, mais ils sont modulés ou conditionnés aux faits réels, ce n'est ni une position idéologique, ni une réponse purement mécanique action-réaction, mais un conglomérat des deux, appuyé par notre intelligence. Ce n'est pas tant le principe que l'on cherche à défendre qu'il convient de garder contre vents et marées mais l'essence même de celui-ci, de ce qui lui a donné naissance/vie, ce qui le motive.

En cela, nous faisons précisément de la philosophie, nous ne nous arrêtons pas à une position fixiste, nous l'étudions de fond en combles, pour en mesurer le résistance, la résilience, et si cette idée est digne de confiance ou si elle doit être utilisée avec parcimonie, ou en fonction des circonstances, avec discernement, c'est assez subtil vu de loin, j'en conviens, mais pourtant, c'est essentiel, tout comme il y a une profonde différence entre tuer pour préserver la vie et tuer pour la détruire, même si il y a homicide dans les deux cas, les causes elles sont foncièrement opposées.

Si la déontologie du philosophe est sensée gérer sa vie, il est contradictoire de le voir mourir pour elle. La sagesse commande d'adapter sa déontologie à la réalité quand c'est nécessaire plutôt que d'adapter la réalité à sa déontologie...

Il n'est pas plus contradictoire de mourir pour la paix, ou de maintenir la vie, car parfois c'est une nécessité impérieuse, dont on ne peut pas se soustraire, sans perdre ce pour quoi on s'est tant battu toute sa vie.

Avoir une déontologie est être sage, la sagesse elle-même n'a aucun pouvoir adaptatif, puisque nous conviendrons que d'être sage c'est aussi savoir s'adapter, on n'adapte pas l'adaptation ( la sagesse qui est le fait d'être sage, devient le fait de savoir aussi s'adapter, et non, d'adapter le fait de savoir s'adapter ) , ce qui signifie, que la déontologie ne s'adapte pas, mais que l'adaptation est déjà au mieux en germe en elle.

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Seiyar Membre 39 messages
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Salut Deja-utilisee,

Avoir une déontologie est être sage, la sagesse elle-même n'a aucun pouvoir adaptatif, puisque nous conviendrons que d'être sage c'est aussi savoir s'adapter, on n'adapte pas l'adaptation ( la sagesse qui est le fait d'être sage, devient le fait de savoir aussi s'adapter, et non, d'adapter le fait de savoir s'adapter ) , ce qui signifie, que la déontologie ne s'adapte pas, mais que l'adaptation est déjà au mieux en germe en elle.

Merci pour ces réponses très complètes, mais avant d'aller plus loin, j'aurais aimé néanmoins connaître ta définition de la sagesse, car c'est un point essentiel selon moi (en partant du principe que la philosophie est l'amour de la sagesse). Comme je te disais dans le post #54, selon moi, la sagesse, c'est la prise de recul. Tu sembles dire que la sagesse, c'est "aussi savoir s'adapter". Qu'est ce que la sagesse pour toi, et qu'est ce que, par extension, la philosophie? J'ai répondu à ces deux questions dans le post #54 pour ma part. Et ne sois pas désolé pour les réponses tardives, nos calendriers n'appartiennent qu'à nous-même : ).

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deja-utilise Membre 5 739 messages
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Bonsoir Seiyar,

Merci pour ces réponses très complètes, mais avant d'aller plus loin, j'aurais aimé néanmoins connaître ta définition de la sagesse, car c'est un point essentiel selon moi (en partant du principe que la philosophie est l'amour de la sagesse). Comme je te disais dans le post #54, selon moi, la sagesse, c'est la prise de recul. Tu sembles dire que la sagesse, c'est "aussi savoir s'adapter". Qu'est ce que la sagesse pour toi, et qu'est ce que, par extension, la philosophie?

La sagesse n'est pas uniquement affaire de prise de recul, mais aussi de choix juste, raisonné ou raisonnable, ou dit autrement c'est la qualité qui appartient à quelqu'un qui sait comment bien agir ou réagir, ce qui n'est pas encore mon cas, et ne le sera certainement jamais, car je suppose qu'il faut posséder également une abnégation dont je ne dispose(rai) pas... C'est également la qualité d'une personne ayant une certaine maitrise du savoir, de la connaissance ( et qui corrélativement guidera ses choix ).

Pour ce qui concerne la philosophie, je pense qu'il est sans doute encore plus difficile d'avoir un consensus unanime, tellement il y a de ramifications, néanmoins en restant dans l'état d'esprit, qui la qualifie sans la spécialiser, sinon je risque d'en donner une approche toute personnelle, ce serait de dire, par exemple, qu'elle est l'art et la manière de se questionner, de réfléchir de manière critique, tout en y apportant des explications appropriées.

Ou d'une manière plus romancière, que la philosophie est le suc gastrique qui s'attaque à ce qui se présente non pas à notre espace stomacal mais à notre giron spirituel.

Sinon, si tu veux avoir de plus amples précisions, je t'invite à lire quelques commentaires, ici comme l'a suggéré récemment Théia à un autre forumeur sur un topic dorénavant clos.

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Membre, 44ans Posté(e)
Seiyar Membre 39 messages
Forumeur Débutant‚ 44ans‚
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Salut Deja-utilisee,

La sagesse n'est pas uniquement affaire de prise de recul, mais aussi de choix juste, raisonné ou raisonnable[...].

La notion de raisonnement entre effectivement en jeu: une fois qu'on a le recul, c.a.d une vision assez large pour considérer tous les éléments, il faut alors un minimum de logique et d'analyse pour lier ces éléments entre eux, je suis d'accord.

Mais pour moi, l'analyse, la logique, le raisonnement, ne constitue pas un ingrédient fondamental, car il est seulement la traduction directe de l'interêt, de l'envie, de la curiosité de philosopher. Il est évident que pour philosopher, comme pour toute autre matière, il faut en avoir l'envie, être curieux et se poser des questions; mais c'est de cet interêt que naîtra automatiquement et tout naturellement le raisonnement, qui sera plus étoffé et profond à mesure que l'interêt grandira. Par contre, la qualité de ce raisonnement (ce qui distinguera le bon raisonnement du mauvais) dépendra des 3 ingrédients fondamentaux de la sagesse (de la philosophie), qui sont avant tout le recul, point de départ essentiel selon moi, mais aussi, effectivement, et j'aurais dû les citer à nouveau pour être plus complet, lucidité et honneteté.

[la sagesse] est la qualité qui appartient à quelqu'un qui sait comment bien agir[...].

[...]un être sage ne peut pas persévérer dans ce qu'il a remarqué/admis comme nuisible !

Imagine le dictateur d'un pays au plus bas dans les sondages et qui souhaite se faire réelire aux prochaines elections. Une décision "non sage" (sans aucun recul) serait de faire assassiner tout bonnement ses opposants politiques, un à un, en faisant croire à un malheureux accident.

La décision "sage" serait de se rendre compte qu'en les faisant assassiner, il risque d'éveiller les soupçons et mettre en péril sa réelection. Mieux vaut alors écarter subtilement ses opposants en rendant par exemple publiques des élements compromettants pour leur candidature.

Voici l'exemple d'une personne qui a réussi à prendre une décision sage et qui pourtant persevère dans ce qu'il sait être nuisible. Voici l'exemple d'une personne qui sait "bien agir" pour arriver à ses fins, mais ses fins ne sont pas forcément justes et bonnes.

Ensuite, tu me diras peut-être: si ce dictateur était vraiment philosophe, il verrait que la décision la plus sage serait de laisser ses opposants en paix pour laisser la démocratie s'exprimer dans le but de vivre dans une société meilleure.

Le dictateur pense sûrement que cette décision est plus juste et meilleure mais va pourtant persister dans son choix car il considère son bien personnel plus important que le bien commun. Il sait qu'il privilégie son bien au mal de milliers d'autres, mais c'est son caractère, le pouvoir est comme une drogue irrésistible pour lui. Pour reprendre ta définition de sagesse, "il sait comment bien agir", donc il est sage, mais il ne va pas forcément bien agir car il juge que ce n'est pas le plus important pour lui.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 739 messages
If you don't want, you Kant...,
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Bien le bonjour,

La notion de raisonnement entre effectivement en jeu: une fois qu'on a le recul, c.a.d une vision assez large pour considérer tous les éléments, il faut alors un minimum de logique et d'analyse pour lier ces éléments entre eux, je suis d'accord.

Mais pour moi, l'analyse, la logique, le raisonnement, ne constitue pas un ingrédient fondamental, car il est seulement la traduction directe de l'interêt, de l'envie, de la curiosité de philosopher. Il est évident que pour philosopher, comme pour toute autre matière, il faut en avoir l'envie, être curieux et se poser des questions; mais c'est de cet interêt que naîtra automatiquement et tout naturellement le raisonnement, qui sera plus étoffé et profond à mesure que l'interêt grandira. Par contre, la qualité de ce raisonnement (ce qui distinguera le bon raisonnement du mauvais) dépendra des 3 ingrédients fondamentaux de la sagesse (de la philosophie), qui sont avant tout le recul, point de départ essentiel selon moi, mais aussi, effectivement, et j'aurais dû les citer à nouveau pour être plus complet, lucidité et honneteté.

Je m'exprime certainement assez maladroitement, car nous ne disons pas de choses fondamentalement différentes:

*raisonné = prudence, prévoyance

*raisonnable = modération

http://www.cnrtl.fr/...esse/substantif

Néanmoins, le sage n'est pas quelqu'un qui se retient de tout, qui est dans l'inaction totale, c'est pour cela que je parle de bien agir ( en opposition de mal agir ) ou de bien réagir, ce que les notions seules de prise de recul, honnêteté ou lucidité ne laissent pas transparaitre, au contraire, elles donnent le sentiment d'effets purement intellectuels/intérieurs.

Imagine le dictateur d'un pays au plus bas dans les sondages et qui souhaite se faire réelire aux prochaines elections. Une décision "non sage" (sans aucun recul) serait de faire assassiner tout bonnement ses opposants politiques, un à un, en faisant croire à un malheureux accident.

La décision "sage" serait de se rendre compte qu'en les faisant assassiner, il risque d'éveiller les soupçons et mettre en péril sa réelection. Mieux vaut alors écarter subtilement ses opposants en rendant par exemple publiques des élements compromettants pour leur candidature.

Voici l'exemple d'une personne qui a réussi à prendre une décision sage et qui pourtant persevère dans ce qu'il sait être nuisible. Voici l'exemple d'une personne qui sait "bien agir" pour arriver à ses fins, mais ses fins ne sont pas forcément justes et bonnes.

Ensuite, tu me diras peut-être: si ce dictateur était vraiment philosophe, il verrait que la décision la plus sage serait de laisser ses opposants en paix pour laisser la démocratie s'exprimer dans le but de vivre dans une société meilleure.

Le dictateur pense sûrement que cette décision est plus juste et meilleure mais va pourtant persister dans son choix car il considère son bien personnel plus important que le bien commun. Il sait qu'il privilégie son bien au mal de milliers d'autres, mais c'est son caractère, le pouvoir est comme une drogue irrésistible pour lui. Pour reprendre ta définition de sagesse, "il sait comment bien agir", donc il est sage, mais il ne va pas forcément bien agir car il juge que ce n'est pas le plus important pour lui.

Oui tout à fait, mais l'erreur vient d'une mésinterprétation de ma phrase précédente de bien agir, qui n'est pas synonyme d'une action ayant une issue heureuse pour le protagoniste ( bien = correctement ), mais bien dans la stricte opposition de l'expression de mal agir, qui renvoie quant elle à celle de la morale ( bien = juste ):

http://www.larousse....s/sagesse/70506

http://www.philosoph...ent.fr/sagesse/

5 notions sont dégagées de ces définitions :

  1. Notion de connaissance élargie (omniscience)
  2. Notion de modération et de tempérance dans la façon d’utiliser ces savoirs
  3. Notion d’impact futur de cette utilisation (clairvoyance, prévoyance),
  4. Notion d’orientation vers le bien (discernement, morale, sens du bien et du mal).
  5. Notion d’obéissance et de docilité.

La sagesse n'est pas uniquement affaire de prise de recul, mais aussi de choix juste*, raisonné* ou raisonnable*, ou dit autrement c'est la qualité qui appartient à quelqu'un qui sait comment bien agir ou réagir [...]

*juste = bien, moral, éthique

***********

Voilà, je pense que tout est rentré dans l'ordre cette fois-ci, à mon humble avis...

Toutefois, je ne peux décemment pas te jeter la pierre, car au-delà de l'expression mal agir, se cache sans doute des fondements à développer ;):

http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertation-mal-agir-faire-mal-100227.html

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