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Le rapport: la propension pour certaines populations allogènes à systématiquement recourir au viol. Ce qui se voit à Cologne, ou à Malmö, ou à Calais, et qui ira en empirant lorsque la population de ce camp sera repositionnée dans diverses villes et villages. Les parents de jeunes filles vont vite comprendre. Quant aux mineurs de Calais rejoignant l'Angleterre, ceux ayant une famille seront, je l'espère, sauvés; les autres se retrouveront peut-être dans l'un de ces réseaux de prostitution pédocriminelle dont ces mêmes populations raffolent.
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Frunobulax le cynique. On dégaine des chiffres sans les accepter s'ils ne vont pas dans le bon sens (*) et on exige des cas un par un de ses adversaires. Bâillonnez donc les opposants, ça ira plus vite! (*) par exemple sur ce vieux sondage prouvant l'existence du racisme anti-français (anti-français et non pas anti-blanc!) et auquel vous n'avez toujours pas pu répondre.
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Si les personnes du camp de migrants de Calais étaient toutes de bonne foi, ils ne se comporteraient pas comme ils le font. Ils ont beaucoup de chance d'arriver à cet endroit et à cette époque; car en d'autres lieux ou en d'autres temps, il aurait fallu bien moins de ces 'incivilités' de 'sauvageons' pour que le camp soit démantelé d'une toute autre façon... Le terme-même de "migrants" est une illustration de la bien-pensance. Ce sont des immigrés illégaux. Certains ne seraient que de passage, tout du moins en théorie: voulant rejoindre l'UK. Celle-ci, évidemment, refuse. Il y aurait sans doute moins de problèmes à Calais si les frontières avec l'Angleterre étaient ouvertes, il ne faudrait pas croire pour autant qu'une fois là-bas, ces illégaux n'auraient pas causés de problèmes. Et c'est bien pour cela que l'UK refuse, elle qui s'aperçoit que l'Europe voudrait lui imposer des peuplades importées et barbares. Vos prédictions pour demain? Est-ce que les migrants répartis dans les petits villages vont y rester et y continuer leur barbarisme? Est-ce qu'ils vont re-migrer petit à petit vers Calais, laissant des traces sur leur passage? Combien d'agressions et de viols seront cachés, parce que commis par des gentils migrants?
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Gurdjieff y voyait l'illustration du fait que nous ne soyons pas un unique Je, mais une multitude de Je qui co-habitent et co-existent sans s'apercevoir de cette présence d'autres Je. Ainsi un "Je" fait la vaisselle et se promet qu'il fera la lessive demain; en attendant, un autre "Je" rêvasse, et le lendemain c'est encore un autre "Je", qui lui n'a pas du tout envie de faire cette lessive, qui prend le contrôle, etc. Comme aucun des "Je" ne se souvient de lui-même, chacun est ponctuel, insignifiant, manipulé par des envies et besoins inconscients. — Parfois, lorsque l'on se retrouve comme malgré soi à prendre une très mauvaise décision, l'on s'aperçoit un bref instant qu'un autre "Je" était aux commandes: que "Je est un Autre". (D'un certain côté on pourrait faire aussi le rapprochement avec Hume, le fait que chaque instant de conscience en précède un autre mais qu'il n'y a pas de continuité entre les deux: à chaque instant, un "Je" qui n'existera plus jamais passe la balle à un autre de ces "Je" éphémères) Enfin... je préfère la manière dont Dompteur de mots, fidèle à son pseudonyme, en parle. :)
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Ah mais je suis bien d'accord. C'est bien pour cela que ça fait rire de voir quelqu'un snober Paulo Coelho ou Fred Vargas et insister sur le fait que lui/elle, préfère de loin les Mystères de Paris d'Eugène Sue. Sans se douter...
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Tout à fait d'accord. Et puis, la basse littérature d'une époque peut acquérir ses lettres de noblesse avec le temps. On l'a vu avec le fantastique (Kafka), on l'a vu avec le roman-feuilleton (Dumas, Eugène Sue), et tant d'autres. Pour mes dernières lectures... je viens de finir le livre-témoignage d'Ouspensky sur Gurdjieff et son système (In Search of the Miraculous). Ce sont les montagnes russes: il y a des parties superbes et profondes, et d'autres qui sont du délire; dans l'ensemble on sent le côté bien bateleur de G. — J'ai également lu Les Dossiers X: ce que la Belgique ne devait pas savoir sur l'affaire Dutroux. Fascinant et inquiétant. C'est tout simplement incroyable que l'enquête se soit refermée. Je commence Der Wehrwolf de Hermann Löns.
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Tu griffonnais dans ton coin pendant des heures. La soirée passait comme ça; le soleil avait déjà disparu, on voyait les lueurs orangées des lampadaires au-dehors. Les minutes s'étendaient, je les entendais qui craquent, comme le vieux bois de la maison. Tu ne me regardais pas... Tes yeux étaient rivés sur les lignes pressées les unes contre les autres, illisibles, des mots barrés; cryptiques, codés, dont l'on ne devinait que quelques lettres. Tu y mettais des expériences dans des petites cases, des jeux solitaires... Tu écrivais avec mon sang. Chaque vers, une déchirure — chaque veine, une éraflure. De longues journées de printemps à regarder la pluie par la fenêtre, au loin, repensant à la petite fille qui avait voulu se suicider dans les champs... Le vieux château en ruine avait encore de profondes douves. Tu avais toi aussi entendu parler des grandes pierres, cachées dans les sous-bois, sur lesquelles il fallait poser l'oreille à des heures choisies – pour y entendre chanter des cloches infernales... Tu riais et c'était le rire du diable. Pour un sourire je te donnais un bouquet de fleurs, pour un rire un bouquet de larmes. Tes mots étaient étonnants, imprévus. Tes gestes prévenants à des heures malvenues. Et puis dans la Nuit nous épions les hiboux. Complices un instant, et c'étaient les délices...; jusqu'à ce que les minutes ne s'étendent à nouveau sous les néons fatigués. Tu gribouillais. Même l'odeur du feu de bois ne parvenait plus à te troubler, lorsque tu aspirais les réelles volutes. Moi je partais au Brocken, toi tu ne rêvais déjà plus. — Où es-tu? Je te vois assis dans un large fauteuil de cuir, trois objets sur le bureau: un coupe-papier très long, très tranchant; un tas de feuilles volantes, à l'écriture très serrée, maladive; et un large flacon rempli du breuvage. Te croyant des Esseintes, comme lui seul et ancien — écho acéré, Monsieur le Rémouleur; - Tu étais le Vampire.
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Nous étions assises à la terrasse, sous un large parasol. Il nous abritait du soleil; une sorte de haie fleurie nous abritait des passants. La journée était véritablement belle; au point que de multiples surfaces, reflétant les rayons, nous auraient aveuglées si nous ne portions pas toutes deux de grandes lunettes noires. Nous sirotions de grands verres de jus de fruits. De temps en temps l'homme de la table d'à côté nous observait, ne se doutant pas que je pouvais aisément m'en apercevoir, derrière mes lunettes. Il devait nous voir plongées dans une conversation intense. Nous parlions. — Parlions-nous? J'avais surtout l'impression que c'était Kate - en face de moi - qui monologuait. Cela faisait un moment que mon rôle de conversation était de ponctuer certaines phrases avec choix: expression de visage bien choisie, mouvoir les joues comme-ci, les sourcils comme-ça, les yeux... Ne pas oublier les yeux! Et ci, et ça. Et puis un mot. Il faut y mettre le ton adéquat. Je peux amorcer des sourires mais il m'est difficile de rire, alors j'esquisse des mouvements de lèvres en espérant que le masque convienne — et que je n'aie pas l'air d'une cruche. Cela fait longtemps que je n'écoute plus les mots de Kate. Il paraît qu'une zone du cerveau stocke les mémoires d'actions automatiques. Je dois y puiser abondamment. En revanche, j'observe avec soin les traits de son visage. Chaque mouvement, chaque action... ses lèvres bougent et je me concentre si bien que je n'entends plus aucun son. Pourtant, est-ce que je ne l'écoute plus? Je lis chaque ligne dans ses yeux comme dans un livre ouvert. Page après page. Je lis en elle et je lui porte grande attention. C'est qu'avec elle, comme avec beaucoup de monde, mais elle plus particulièrement, il faut savoir une chose: — aucun mot de ce qu'elle dit ne compte. Ils ne sont que les manifestations d'un état d'esprit temporaire, si temporaire que l'image me vient d'un sable très fin qui s'écoulerait tranquillement une fois attrapé et tenu dans le poing... glissant entre chaque doigt comme un liquide. Ainsi, chacun de ses mots glisse, et ne signifie rien. — Elle agira autrement. Certains disaient d'elle qu'elle agissait "à sa guise". Mais ce n'était pas vrai. Ceux-là commettaient l'erreur de l'écouter; de l'écouter à travers ses mots, et non pas à travers ses actes. Si l'on oubliait chaque phrase et observait chaque acte, tout semblerait à nouveau logique — toutefois ce serait une toute autre personne qui ainsi apparaîtrait! C'est que, parfois, nos mots et nos actes divergent tant... Que l'on en est deux personnes différentes. — Est-ce que vous comprenez? Ce n'est pas une manière de parler, une image, une métaphore. Beaucoup de choses acquièrent soudain plus de sens lorsque l'on admet la réalité matérielle de deux personnes cohabitant dans le même corps, et n'ayant accès qu'à certaines de ses capacités, au point que chacune soit presque inconsciente du pouvoir de l'autre. Leur manifestation, toute pleine de contradictions, jusqu'à devenir cette "Kate", évoquait cette sorte de dysharmonie qui caractérise certains couples. En fait, elle n'existait pas. Il y avait le premier alter, qui parlait et parlait, dans une certaine mesure contrôlait certaines actions simples, et un second qui apparaissait derrière d'autres actions, parfois impulsives et parfois très réfléchies. Ce mélange ne sautait aux yeux que lorsque l'on y prêtait expressément attention, comme je le faisais depuis notre première rencontre; mais alors, j'avais l'impression qu'elle n'existait pas, et que la fille que j'avais en face de moi n'était qu'une machine. — Le voisin nous observe, sans doute nous écoute-t-il de temps en temps, se demandant si le moment idéal surviendrait, une transition ou une pause, pour qu'il se présente et joigne la conversation. Chasseur de kairos... J'épiais sur les traits de Kate la survenue de quelque nouvelle expression, de quelque geste inédit. Si je ne pouvais pas dire que je buvais ses paroles, je buvais ses masques. Et j'avais besoin de l'une comme de l'autre Kate. Pour des raisons bien différentes. Machinalement, je triturais l'une de mes mèches. Parfois je me demandais si je n'étais pas, moi aussi, une machine. (Peut-on redescendre si facilement dans la 'uncanny valley'?) Malheureusement, il n'y avait pas beaucoup de personnes auxquelles je pouvais poser la question. Les gens utilisent les mêmes mots mais pas les mêmes sens. Et si je commençais à expliquer tout cela à quelqu'un, je ne sais pas s'il chercherait à comprendre, ou à y couper court en proposant une solution — qu'avais-je besoin de ça? — ...s'il ne me dirait pas carrément que j'étais une fille particulièrement calculatrice. — "Mesdemoiselles, vous avez du feu?" Il avait bondi sur l'instant propice: une pause, Kate posant sur la table son briquet, un petit paquet de tabac, et commençant à préparer une roulée. Elle acquiesça, l'air neutre; quant à moi, je me demandais encore si l'interruption était bienvenue ou pas. Parfois, vous avez l'impression qu'en fait, tout va dépendre de sa première phrase... ... — "Vous travaillez pour les services secrets?", pointant nos lunettes. Je ne sais plus pourquoi, mais ça m'a fait beaucoup rire.
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Partie 1 — Je me réveille en sursaut. L'horloge indique, en grandes lettres vertes dans la nuit: 4 heures. Silence complet. Pourtant, dans l'air flotte ce quelque chose, indéfinissable, qui instinctivement évoque une menace. Une épée de Damoclès; une forme que l'on ne percevrait qu'aux extrêmes rebords de la vision, plus devinée que perçue. Je connais déjà cette sensation, la poussée d'adrénaline qui l'accompagne — il faut agir vite. Je me lève aussitôt, me vêts le plus rapidement possible. Deux voies de sortie: la porte de la chambre d'hôtel, ou la fenêtre. Je colle mon oreille à la porte; le silence... et pourtant, je sens que la menace vient de là, et s'approche. Ce sera la fenêtre. — Quatrième étage. L'air frais me saisit le visage. Les balcons sont trop éloignés d'une chambre à l'autre; seul un intrépide athlète négocierait le saut pour aller à la 403 ou à la 405. — En revanche la balustrade semble robuste... Aucune hésitation: je passe de l'autre côté, négocie fermement la descente jusqu'à ce que mes mains ne s'agrippent qu'au rebord... Dans le vide, mes jambes pendent et cherchent dans la pénombre la petite surface du balcon inférieur. Un petit mouvement de bascule... Je saute! — Aussi vite que possible, je répète l'opération jusqu'au premier étage. En contre-bas, il y a une petite surface de verdure; le dernier saut sera un peu plus périlleux, mais il est possible. Il n'y a plus le temps d'hésiter. — Ça y est. En bas, je balaie du regard l'avenue; rien à signaler, il n'y a personne; toutes les fenêtres de chaque côté de la rue sont sombres et muettes. L'issue la plus proche est une rue connexe, de l'autre côté. Je m'y rue. — Au moment où je jette un dernier regard en arrière juste avant que je ne disparaisse, là-haut, la fenêtre de la 404 soudainement s'éclaire. Ils sont là! — Soit M. m'a trahi et a révélé mon point de chute, soit les hommes de Paul Bismuth ont été plus "informés" que ce que je supposais. Quelques intersections plus loin, j'arrive à un quartier festif. Le long de la rue du Commerce, l'on trouve cinq kebabs de suite. Orcan, qui ouvre jusqu'à 6 heures du matin (réouverture à 8 heures), va encore me raconter son histoire favorite : il s'agirait d'une conspiration du maire, qui n'accepterait d'accueillir des kebabs qu'ici, afin qu'ils soient forcés à se faire concurrence. Je sais par ailleurs que c'est vrai (des mails du chef de cabinet le prouvent); ça ne les empêche pas pour autant de s'arranger entre eux pour blanchir quelques euros. — "Salade, tomate, oignon?" — Lorsque l'adrénaline retombe, j'ai remarqué deux choses: pendant encore un certain temps, les gens autour le "sentent" instinctivement. Et par ailleurs, une faim soudaine. À une table que l'on ne voit pas depuis la devanture, je dévore le petit déjeuner de ce qui sera un jour long. €€€ En 2009, un certain Monsieur Pratico contacte le service gestion de la PETEK et s'enquiert au sujet de certains mouvements de fonds. Un par un les dominos alors tombent — certains mails, habilement contrefaits et allant jusqu'à ré-utiliser des éléments de langage propres à la société-mère, ne laissent plus de doute; quelqu'un s'est fait passer pour le DG et a manœuvré des investissements non-autorisés, vers l'étranger. Cette personne — ou ces personnes — ont manifestement étudié le coup avec soin. On commence par vérifier les statuts, récupérer le K-bis au Registre; puis il faut étudier chaque procès-verbal d'assemblée générale, pister sur les réseaux sociaux professionnels les noms, coordonnées et fonctions de chaque partie de l'organigramme. Parfois, il est incroyablement facile de compléter l'étude en flânant dans les environs: dans nos villes denses, le réseau wifi d'une entreprise est parfois convenablement accessible depuis le café de la place. Or, la sécurité informatique des entreprises étant souvent reléguée au niveau des plantes vertes — ni l'une ni l'autre n'ayant été arrosées depuis longtemps — il est alors simple de convaincre le serveur que nous nous connectons avec une adresse MAC bien connue... Une petite analyse de trafic pour récupérer les paquets correspondant à du trafic SMTP (dont le cryptage n'est toujours pas standard — et le TLS contournable aisément) et l'on peut lire dans le texte un fort nombre de mails internes. L'équivalent moderne de la fameuse fouille des poubelles en fin de journée. Les anciens regretteront l'aventure. — En 2010, le phénomène se reproduit chez la CERPMA. Puis c'est le tour de certaines officines politiques, juste avant avril 2012... Nul doute que certains amateurs aiguisent leurs outils en prévision de la seule élection qui compte: 2022. — C'était donc pour cette raison que des documents préparatoires s'étaient retrouvés mêlés à un capharnaüm de vieux papiers, une petite partie pourtant de la collection de Monsieur Tarbache, qui avait la manie de rédiger des actes sous seing privé pour tout. Et n'importe quoi. Ce qu'il entreprenait, entre autres. Ajoutons à cela que celui-ci collectionnait de plus objets et appartements. Ses deux fils et trois filles, moins portés vers les possessions matérielles mais beaucoup plus vers la solvabilité de leurs comptes, avaient déchirés la famille à peine le doyen passé de vie à trépas. — Les lots (et les poubelles) avaient été hâtivement remplis. La politique "populaire" paraît de plus en plus tournée vers le court-terme. Peut-être n'est-ce là qu'une déformation due aux battues médiatiques. En effet, en 2012 ont été préparées des stratégies de long-terme, évidemment plus secrètes. Qu'on en juge avec ce seul fait : la réintégration de la France dans l'OTAN en 2007 n'a pas été critiquée avec la même verve en public qu'en privé... — On imagine donc le désarroi des officines lorsque la "fuite" discrète — d'autres ont dit "la contamination du fond du fonds Tarbache" — fut repérée (ironiquement, par un membre du cabinet de Manuel Valls, que beaucoup de français n'avaient découvert qu'en 2009). — Je vérifie machinalement le revers de ma veste du bout des doigts. Connaître quelques bases en couture s'avère décidément bien utile; l'on peut affixer à un endroit discret quelques bouts de papier. Sur l'un d'entre eux, les 168 petits points de M.; sur l'autre, 400 petits points que Monsieur Tarbache ne reconnaîtrait pas.
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Arrive l'heure à laquelle la nuit n'est pas encore tombée, mais toutes les voitures allument déjà leurs phares. Il bruine. Sans doute l'une des pires conditions pour conduire... En alternance, tantôt l'on est aveuglé par les phares, tantôt l'on discerne dans la pénombre des silhouettes traverser la rue çà et là. Il faut freiner tout le temps, pour ne pas percuter une ombre. Heureusement, je n'ai pas à traverser le centre; il suffit de remonter l'avenue, quelques tournants, et j'arrive dans le quartier de la Butte. Il n'y a plus personne. Grandes maisons, espacées, la plupart endormies; les propriétaires doivent se trouver à New York, à Barcelone, à Berlin... C'est le calme des quartiers riches, le calme des résidences secondaires. Je ralentis et cille pour suivre les numéros des demeures... 18h35. — Arrivé au 18, je laisse stationner la voiture; aussitôt, la portière s'ouvre, et M. prend place dans le siège passager. Nous nous éloignons prestement. — "C'est fait?" — "Je ne savais pas jusqu'à présent que certains vases du XVIIIe puissent déceler de tels trésors... Si vous voyez ce que je veux dire!", répond M. en ajustant la ceinture et le siège. — "Ainsi notre ami a opté pour une cache de seconde main!" — "Tout à fait". Nous arrivons, en périphérie de la ville, à un quartier typique de certaines petites villes du Nord: un mélange de campagne et de banlieue, avec d'un côté de la voie quelques maisons aux toits en tuiles rouges, de l'autre côté de grand immeubles. En bas de ceux-ci, quelques groupes de jeunes discutent et commencent leur soirée. Il y a peu de trafic; certains jettent un coup d'œil vers chaque voiture passant à proximité. Nous nous arrêtons à l'extrémité du quartier, dans un espace éclairé se trouvant à côté de terrains de tennis. Ici, l'on peut discerner de loin toute personne ou tout véhicule s'approchant. Moteur et phares éteints, on ne pourrait plus nous voir dans la voiture. M. me tend une feuille de papier, d'aspect vierge. Il faut porter une attention particulière au coin inférieur gauche pour y découvrir une zone couverte de petits points, disposés en grille. D'une main, j'éclaire le document à la lueur de mon portable; de l'autre, je pose une pièce de 2 euros dessus. Celle-ci présente quelques "modifications" qui lui permettent de faire office de loupe de joaillier... Il suffit alors de poser l'œil dessus pour que chaque point révèle son texte caché. Chacun est une micro-photographie. Il y a 14 rangées de 12 points, correspondant à 168 documents discrètement photocopiés. — "Très satisfaisant". Tout en parcourant les quelques premiers, je reprends: "...avez-vous jeté un premier coup d'œil?" — "Vers #24, vous apprécierez sans doute de retrouver sa version... quelque peu modifiée... des reçus de la fameuse vente aux enchères à Drouot". Ma curiosité piquée, je déplace la loupe vers cet endroit; effectivement, quelques sommes avaient été inexplicablement ajustées. La signature du notaire semble authentique. Étant donné la différence de chiffre, il s'agit soit d'un stratagème assez grossier pour blanchir des sommes d'argents relativement limitées — soit d'un faux préparé pour un tout autre but. La simple possession de ce document serait compromettante pour le bénéficiaire; il le cachait toutefois bien mal. Nous savons tous les deux qu'il doit y avoir quelque manigance là-dessous. €€€ Je sonnai à l'interphone. Gravées sur une petite plaque dorée, les lettres en imposaient: "Maître RENAUDIN – Notaire"Derrière la grande porte cochère, un épais tapis vermeil accueillait le visiteur jusqu'à une cour intérieure, où quelques portes vitrées amenaient aux escaliers de plusieurs appartements qui s'étaient imbriqués les uns dans les autres au fil des rénovations. Je n'eus pas de mal à trouver le bureau du notaire; le petit homme, dont les cheveux blancs étaient étonnamment frisés, m'accueillit dans l'antichambre de son cabinet. Je m'étais présenté sous un nom alternatif, mettant en avant quelques relations communes; ainsi l'accueil fut cordial. — Enfin, il prit place à un confortable fauteuil de cuir, derrière son bureau. Celui-ci était immaculé; les étagères de la bibliothèque supportaient une impressionnante série de dossiers, classés alphabétiquement. Dans l'air flottait une odeur de bois, de l'acajou, et de vernis.— "Que me vaut l'honneur?", demanda-t-il alors en prenant un ton plus grave. J'exposai petit à petit mon problème; grand amateur d'art, je poursuivais avec passion des recherches qui m'amenaient à acquérir çà et là de larges lots de livres anciens. J'avais donc tôt appris les dessous de ce monde à-part, dans lequel chaque centimètre supplémentaire de marges possède une valeur en dollars; le papier vélin ou vergé, le découpage, la numérotation des exemplaires hors-série, étaient autant de facteurs à prendre en compte — parfois une erreur d'impression se révélait une qualité plutôt qu'une tare. J'avais surtout appris qu'il existe différents types de livres: ceux avec lesquels l'on travaille, tout d'abord; ceux que l'on achète et revend; et ceux que l'on garde précieusement toute une vie — dont l'investissement concerne plus qu'une seule génération d'homme... Maître Renaudin m'écoutait patiemment, et il était manifeste qu'il connaissait quelque peu le milieu des bibliophiles. Il me confia que lui-même y dévouait un certain intérêt, et me montra un bel ouvrage duodecimo dont la reliure avait dû être refaite au XIXe: A Guide to Grand Iury Men, diuided into Two Bookes, &c, Londres, 1627 — référence juridique en Nouvelle-Angleterre à l'époque où John Hathorne et Jonathan Corwin eurent à s'occuper de sorcellerie... — ainsi que me prouva par quelques remarques qu'il comprenait tout à fait le problème que posaient certains lots trop "hétéroclites". Je me surprenais à parfois observer le tracé de son nez et de son visage, me demandant presque quels masques ces traits devaient revêtir, comme par exemple à l'occasion de certains ballets roses auxquels je savais qu'il prenait part de l'autre côté de la frontière... Toutefois, notre conversation n'en fit rien transparaître, et notre entrevue exposa que la collaboration était possible; nous convînmes que je revinsse dans deux jours, avec certains documents relatifs au lot problématique dont je m'occupais. En ressortant de l'immeuble, j'avais acquis deux plaisantes convictions: — Notre ami était sans doute l'une des parties que nous recherchions quant aux légères "libertés" prises avec certains documents notariés relatifs à des ventes d'objets rares; — La minuscule tête d'épingle que j'avais affixée sous son bureau de travail, et qui n'était autre qu'un microphone sous-miniature, promettait de nous apporter quelques informations intéressantes dans les prochains jours.
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Traduction: (approximative, paraphrasée) """Dans la première moitié 2016 ont été enregistrés 142.500 actes délinquants commis par des réfugiés, ce qui ferait 300.000 pour toute l'année, auquel il faut ajouter les chiffres "sombres" c'est-à-dire les actes de délinquance non rapportés — parce que fréquemment personne ne peut les établir, bien que la description des délinquants y soit sans équivoque. Ou pour l'exprimer autrement: il n'y a pas d'intérêt politique prononcé pour fournir de réelles statistiques sur les peines des réfugiés. Dans ce remue-ménage il est parfois oublié de tenir compte de tel ou tel [aspect] dans les statistiques, pour pouvoir venir fièrement proclamer que les actes de délinquance ont baissé de 36%. (...) Dans la première partie de l'année, la Bundeskriminalamt a ainsi enregistré 142.500 actes de délinquance commis par des réfugiés, mais en se référant à certains mois précis l'on peut cependant discerner une claire baisse: "Le nombre de cas est de janvier à juin descendu de 36%", a dit le président du BKA, Holger Münch, au "Rheinischen Post" (~"Journal du Rhin", édition de mercredi). Comme cause de cela, Münch a parlé des efforts augmentés pour favoriser l'intégration et le séjour moins fréquent dans des logements de masse, ce qui marche "certainement de manière moins conflictuelle". Les atteintes contre les biens et les falsifications (faux et usage de faux) restent inchangés à environ 30% des actes délictuels, et comprennent les délits de "voyage sans ticket"."""
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Article (en français) Des policiers belges amenaient 17 migrants en France; ils disent que l'ordre venait de la hiérarchie et que ce n'est pas la première fois qu'ils effectuent un tel trajet. C'est comme un bateau européen qui prend l'eau, l'on prend vite le seau pour tout refiler aux pays en assez mauvaise posture, comme la France. Plus de 10.000 migrants dans la jungle de Calais : Artikel der Zeit (en allemand)
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Il y a une différence entre dissolution simple et dissolution suivie d'arrestations; nous sommes d'accord pour dire que l'arrestation de ces radicaux a été une bonne chose, ce qui n'aurait pas été le cas s'il n'y avait eu que dissolution, sans suite. — Pour reprendre ton image : une fois la boutique fermée et le tenancier derrière les barreaux, cela n'empêche pas de se réunir dans le parking et de continuer à faire du tourisme guerrier pour les clients intéressés.
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Question sur la dissolution des mosquées radicales: — Si celles-ci se forment par la rencontre d'un nombre de croyants radicaux, dissoudre la mosquée ne dissoudra pas les hommes qui en sont à l'origine; ils continueront à se voir — et même s'ils ne devaient plus se rencontrer, cela ne changera pas leur radicalisme. En revanche, des personnes qui n'étaient pas radicales et qui auraient été susceptibles de le devenir par une mauvaise rencontre, pourraient en principe éviter de l'être. Sauf que ces personnes étant susceptibles ne vont-elles pas alors se radicaliser au contact non pas de la mosquée, mais d'individus? Il est très difficile d'estimer a priori la proportion de personnes "sauvables" par cette mesure, et elle est probablement faible. — Tout cela signifie-t-il que cette mesure serait essentiellement symbolique, et donc politique? S'attaquer à un symptôme plutôt qu'à la cause? (Et puis, évidemment, il y a toujours la question de qu'est-ce qui est "radical" — quand on compare avec l'islam mutazili d'antan, tout semble radical)
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Donc: 1 million de réfugiés, majoritairement musulmans. Plus sont attendus. Environ 2000 devant être déportés; à peine 30 le sont. Certains estiment à 7900 le nombre de djihadistes en Allemagne. Les incivilités et violences, en particulier à caractère sexuel, qui inondent déjà le monde musulman, augmentent en flèche libre et vont frôler celles de la Suède (le pays le plus édifiant en Europe sur ce sujet). Si l'on estime que le sondage sur les musulmans français donnerait un résultat similaire en Allemagne — ce que, je l'admets, je ne crois pas — on aurait donc 28% contre la République, proportion montant à 50% des plus jeunes. En d'autres termes, pas des terroristes mais des personnes en fournissant le terreau idéal (l'équivalent de "civils"). Potentiellement 280.000 personnes donc. 40% des allemands — dans un sondage deux fois plus grand que ce qui se fait habituellement en France — ne veulent désormais plus de réfugiés musulmans, un chiffre inimaginable il y a quelques années. Il y a évidemment un problème. Pas seulement parce que, comme le dit matth: "Les mêmes causes produisent les mêmes effets" — un adage que nous allons vérifier de plus en plus — mais parce que derrière cela, soit le gouvernement est complètement aveuglé pour des raisons idéologiques et désespérées, soit il y a une réelle volonté politique de noyautage de l'Europe. Celle-là est-elle elle-même aveugle? - S'il s'agit de patrons souhaitant de la main d'œuvre à bas-prix, peu éduquée, à forte natalité, ils risquent de s'apercevoir que c'est un calcul à assez court-terme : quid de l'aspect technologique, pour n'en citer qu'un seul? - S'il s'agit d'une puissance extérieure, laquelle? (Je ne crois personnellement pas du tout aux coupables idéaux classiques des théories de la conspiration, c'est-à-dire USA et Israël) Il y a donc un autre problème. Comment rembobiner ces événements? Mais c'est là, malheureusement, une question qui est pratiquement illégale à poser de nos jours (une autre illustration de l'aspect très variable de notre "démocratie"). Il suffit de se rappeler les réactions face à ce qu'en disait Eric Zemmour, il n'y a pas si longtemps. Or, sans doute a-t-il mentionné la solution la plus douce. — Alternativement, peut-être que nos services laissent prospérer un certain extrémisme en espérant favoriser la hijra?
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Un doute étrange m'assaillit alors. — Il était tard dans la nuit; j'étais à mon bureau, et d'humeur méditative. Par la fenêtre ouverte, l'on n'entendait que les sons des insectes et des grenouilles — à cette heure, tout le monde dormait. Je n'avais pas réussi à me coucher. L'humeur avait germé depuis le matin pour lentement me posséder entièrement; ainsi, j'avais passé la soirée à relire des vieux carnets — les "Carnets Rouges", dans lesquels je consignais ma vie depuis sept ans. Ils étaient, comme le sont d'habitude les journaux intimes, mal écrits et difficiles à relire; çà et là pointaient pourtant des mots qui faisaient encore écho. Mais, pour leur majorité, j'avais l'impression depuis de m'être débarrassé de quelque chose. Comme un oignon que l'on pèle petit à petit, pour s'approcher du cœur. Un verre de bourbon — Antiquarian, 20 ans d'âge — complétait le tableau nocturne. Pourtant, la nostalgie avait petit à petit cédé le pas au mystère: et c'était pourquoi il planait maintenant une atmosphère incrédule. Voilà ce qui était étrange: j'avais retrouvé des notes, parsemées çà et là, remontant à plus de trois ans, à une personne qui n'était identifiée que par son initiale — E. — Et cette personne, je n'avais plus aucune idée de qui elle était. Parfois, l'on conserve un souvenir vaporeux de quelqu'un, et quelques indices ramènent alors aussitôt toute une suite de vagues impressions petit à petit à la surface; il ne suffit parfois que d'un mot. Mais là, il n'y avait rien; comment cela pouvait-il être possible? Avais-je vraiment perdu la mémoire? Ainsi, au lieu de me perdre dans une stérile contemplation d'anciennes années, avec leur lot de choix bons et mauvais, de joies et de peines, je m'attelais désormais à comprendre cette énigme. Recherchant partout d'autres références à cette initiale, je reparcourais dans la nuit tous les carnets un par un. — Il n'y avait que quelques notes, avec à peu près un an entre la plus ancienne et la plus récente. J'avais manifestement rencontré cette personne au moins deux fois et communiqué avec elle pendant cette période de temps : et pourtant, aucune note ne m'évoquait un quelconque souvenir! C'était le noir complet. – Incroyable! Je devinais qu'un ami proche, Jawad, avait été présent. — Malgré l'heure, je lui envoyai un message. "Est-ce que l'initiale E. te dit quelque chose? Il y a trois-quatre ans. Ami(e) commun(e)?". Un vent soudain fit bruire les feuillages au-dehors. Je me mis à songer qu'il y avait un parallèle entre ce courant d'air et celui qu'avait fait cette initiale dans ma vie; E. avait fait bruire un instant les feuilles de mes carnets, avant de s'éclipser. Aucun trait de visage, aucun caractère de personnalité ne me revenait. Je me dis que c'était une qualité que devaient développer certains espions; peut-être est-ce quelque chose qui se travaille? Certaines personnes semblent dotées de cette capacité étonnante de ne laisser aucune impression, ni positive, ni négative, parmi les groupes qu'ils croisent. De vrais "transparents". – Pourtant, comme j'avais eu ce rôle pendant longtemps lors de mes études, je pensais ne pas y être autant susceptible; et, de fait, beaucoup de mes amis avaient été de ceux-ci. Des années après, je me souvenais d'eux, alors que d'autres membres du groupe n'avaient jamais dû connaître leur prénom. Non, il s'agissait là d'un tout autre niveau d'invisibilité. C'était plutôt... comme si mes souvenirs avaient été effacés. Est-ce seulement possible? — Il paraît qu'il est très naturel de réprimer un souvenir pénible; on l'enferme dans une petite boîte noire, cachée dans un coin de cerveau. Ça concerne surtout des expériences négatives, traumatiques. Là, aucune note ne laisser songer que ce quelque chose de ce type se soit passé. — Je savais que c'était impossible, et pourtant... je ne pouvais réprimer, surtout à cette heure perdue de la nuit, la sensation irrationnelle que ce n'était pas moi qui avait effacé ces souvenirs, mais quelqu'un. — (E.?) Je savais qu'il existait certaines drogues qui provoquent des amnésies sélectives — rohypnol, acide gamma-hydroxybutyrique, certaines benzodiazépines... — mais elles n'auraient sans doute pas pu être aussi spécifiques. Dans certains livres et films, on utilise des petits appareils, souvent lumineux, et essentiels à l'intrigue. Ceux-là n'existent pourtant pas... ou alors? J'en étais à ce point de mes réflexions, me disant qu'il faudrait que je m'informe plus en profondeur à ce sujet, lorsque mon téléphone fit un bruit. Message. C'est Jawad. Il devait être en train de faire la fête. "Aucune idée! Eric? Estelle?" — Deux connaissances communes, avec la bonne initiale, mais dont je me souvenais très bien: ce n'était pas eux. J'avais d'ailleurs retrouvé leurs noms à quelques endroits des carnets; il n'était jamais abrégé. Était-ce possible que mon ami eût lui aussi perdu sélectivement la mémoire de ce E. mystérieux? — Un peu de méthode. Rationnellement, je pouvais rassembler toutes les informations qui transparaissaient des notes retrouvées. Irrationnellement, je pouvais tenter d'apprendre des techniques d'auto-hypnose, ayant lu dans le passé qu'elles permettent à des souvenirs réprimés de refaire surface. — Je relus tous les carnets, en diagonale, recopiant sur une grande feuille blanche les passages concernés. Cela ne prit pas beaucoup de temps. Je rangeai le journal intime, remis un peu de bourbon dans le verre, et m'absorbai dans la contemplation de la feuille. — — Au milieu, E. À gauche, les personnes avec qui elle a dû être en contact: moi, Jawad, peut-être A. En haut, les lieux mentionnés: Vincennes et München. En bas, des sujets de conversation: l'ésotérisme et la musique nationaliste. À droite, le temps — un an — et la mention rapide d'une terrasse de café la nuit. — — Plus je regardais la feuille, plus je sentais la présence d'un trou noir dans mon esprit; d'une abysse là où il n'y aurait pas dû en avoir; d'une sensation dévorante que quelque chose ne tournait pas rond. Comme trahi par moi-même, j'avais découvert une erreur système, un phénomène étrange — je comprenais maintenant toute la portée de l'expression anglaise: "a glitch in the matrix". — Comme quelqu'un s'apercevant qu'il a été hypnotisé, ou drogué, à son insu. Réalisant lentement la puissance de la dose. Au-dessus de tout cela planait une constante atmosphère d'étrangeté. — L'énergie me revint. Avait-on voulu me cacher quelque chose? Ôter E. de ma mémoire? Cela n'avait pas entièrement marché! - J'avais encore ces notes. Et elles étaient certes peu nombreuses, mais chaque information comptait. J'irai à Vincennes avec Jawad demain. J'allais enquêter.
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Il y a beaucoup de vidéos prises de dashcams, pour ceux voulant voir ça sans se déplacer: Le gouvernement nous disait qu'il s'agissait de familles — et absolument pas seulement de jeunes hommes en âge de se battre —, de futurs médecins et autres chances pour l'Europe; on nous disait aussi qu'ils venaient tous de Syrie; qu'il était impossible que s'y cachent des terroristes... Ça devient un peu plus difficile à soutenir depuis un an. On dit "migrant" pour ne plus dire "clandestins" ou "étrangers en situation irrégulière", "immigrés illégaux". — Pourtant, le gouvernement leur accorde une sorte de laissez-faire et l'on se demande s'il s'agit seulement de la dictature de la bien-pensance et du politiquement correct, ou d'une partie d'un certain plan européen...
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L'horloge cliquète. — Elle accueille, imposante, les deux hommes venant d'entrer dans la vieille maison. Le sol en parquet est recouvert de poussière; on en voit des particules qui virevoltent dans l'air, au gré des faisceaux de lumière. L'on dirait que tout a été laissé à l'abandon. La haute horloge murale, une comtoise, peut-être en merisier, continue pourtant de marquer le temps — le balancier poursuit un monotone va-et-vient. Seul semblant de vie dans cette demeure morte. Placée devant la grande porte, dans ce hall desservant toutes les pièces de la maison — cuisine à droite, salle à manger à gauche, large salon au devant, ainsi qu'un escalier menant aux chambres, à l'étage — elle occupe le point focal, trône entre les deux entrées du salon. Elle semble encore vouloir régler et diriger la vie de la bâtisse, qui n'en a pourtant plus. Après un instant de contemplation devant ce contraste, les deux hommes reprennent leurs esprits. Ils portent des masques sur le visage, pour ne pas respirer la poussière; tous deux sont en treillis militaires et se meuvent d'une manière à la fois rapide et leste. Sans hésitations. L'un se dirige vers la salle à manger et parcourt du regard chaque meuble, comme pour jauger du terrain qu'il aura à fouiller, surface par surface. L'autre homme observe chaque étagère du salon, et les longues rangées de livres de l'imposante bibliothèque... Celle-ci occupe un mur entier de la pièce. Les tranches et les reliures sont parfois lisibles; toutefois la majeure partie a été salie par la poussière et l'abandon. Certains livres semblent déjà avoir été abîmés du temps où ces pièces étaient habitées; beaucoup de vieux bouquins brochés s'étalent le long des rayons. Puis le premier homme sonde, une par une, les marches de l'escalier du hall. Systématiquement, il ré-inspecte chacune également par en-bas, à la recherche d'une cavité quelconque. Pendant ce temps-ci, l'autre homme a repoussé les tapis du salon sur le côté et observe chaque latte. Plus tard, les deux hommes se rejoignent à nouveau, au bas de l'escalier. — "Ça devrait être quelque part dans la maison". — "Est-ce que la maison était déjà en 1950?", demande l'autre. "Je pensais que les consignes étaient de faire attention à choisir des éléments de décor qui ne risquaient pas de changer sur le long-terme, comme des montagnes, plutôt que des habitations ou que des arbres". — "Nous avons des informations selon lesquelles le groupe A2 a relocalisé la ressource dans cette maison en 1977". L'autre homme se tait; il sait que de nouvelles questions seraient sans réponse, de par le fait de la compartimentation de l'accès à l'information: l'on n'est dit que ce que l'on a besoin de savoir. Si cela ne se trouve pas au rez-de-chaussée, il s'agit maintenant d'explorer les chambres à l'étage. En haut de l'escalier dont les marches grincent, le palier en bois est tout aussi poussiéreux et pas très engageant; certaines planches pourraient céder. Tout l'étage se trouve au niveau des combles. Un corridor central amène à deux chambres et à une salle de bains. Celle-là est baignée de lumière; le rideau de douche a été enlevé — ou a-t-il été mangé par le temps? — et les surfaces en céramique ne reflètent plus le soleil tant elles sont recouvertes de poussière. L'un des hommes se dirige directement vers la chasse d'eau, une cache classique. Cela fait longtemps que l'eau a été coupée, tout est sec; et il n'y a rien. L'homme vérifie derrière chaque installation — lavabo, baignoire, petite commode — à la recherche de quelque indice. Rien. — Dans les chambres, les lits sont encore parfaitement faits. Les deux pièces sont très similaires: grande armoire en bois; matelas et draps blancs posés sur des bases en lit en bois massif; petit bureau. Dans celui-ci, un bric-à-brac d'objets et de papiers ayant appartenu au dernier propriétaire. Il y a là des notes sur l'histoire de la région, des cartes postales de monuments proches; une carte topographique et un compas... L'on devine à quelques dates écrites çà et là que la maison doit être abandonnée depuis le début des années 80. Époussetant les bords du grand lit, le premier homme hésite soudain, comme saisi d'une intuition que quelque chose n'y était pas tout à fait normal. Il contemple le bois de longs instants. — Quelques aspérités dissimulées dans des recoins de la structure, et qui seraient difficiles à apercevoir même sans la poussière, trahissent la présence d'un compartiment; en fait, le lit lui-même est une caisse secrète. L'endroit est inhabité, il n'y a pas besoin de prendre de précautions et de trouver la clef adéquate: les hommes décident donc de forcer l'objet. De son sac à dos, l'un d'eux sort divers outils: pied-de-biche, cric... Le vieux bois devrait pouvoir se détruire, dans le pire des cas. Le matelas et la literie sont repoussés sur le côté de la pièce; les outils placés - ou plutôt, forcés - dans les minuscules interstices, et de plusieurs coups secs et violents, le bois craque assez rapidement. Soudain, le panneau latéral cède; l'air est épais et étouffant. Finir l'ouverture de la cache en faisant sauter les tenons de la face du dessus prend quelques minutes supplémentaires, éreintantes, au pied-de-biche. — Le travail est fait en force: le meuble est détruit; mais le seul but a été d'ouvrir le coffre caché. Lorsque ce panneau est lui aussi repoussé sur le côté, le contenu se révèle. Un dossier contenant des documents jaunis par le temps, tapés à la machine à écrire. Toutes les feuilles sont codées, par séries de cinq lettres et chiffres: RG78C EZIK2 AZJAZ TY8UC GEICX... En en-tête, cette formule cryptique: "Eyes Only - Group A.˙." À côté, une douzaine de fusils-mitrailleurs. Il y a des FG42 et des Sten. Étrangement, ceux-ci semblent en parfait état de marche; pas de poussière, un bel éclat le long des canons... Ces armes avaient l'air neuves. Un grand nombre de boîtes de munitions tapissaient le fond de la cache; 7.92mm et 9mm. Il doit y avoir des milliers de balles. — "Il va falloir faire quelques voyages jusqu'à la voiture", constate l'un des hommes après un instant de silence.
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Là je lis un petit livre très curieux, les Sept Têtes du Dragon Vert, de 1933, du pseudonyme Teddy Legrand. C'est un court roman à la fois d'espionnage, d'ésotérisme et d' "histoire secrète", qui jongle avec des personnages réels et troubles de l'époque; et c'est écrit dans un style assez particulier. Je ne sais pas encore ce que j'en pense, mais j'en apprécie certainement la lecture et on en devine la densité (il y a beaucoup de références historiques et ésotériques non-expliquées). Et en anglais, The Call of the Wild, de 1903, de Jack London: les aventures fantastiques d'un chien héroïque envoyé en Arctique (pendant la ruée vers l'Or du Klondike). La vision du monde d'un point de vue canin est bien faite et amusante! Et le style est vraiment bon.
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Le sel marin pique la peau. Il y a beaucoup de vent. — En fermant les yeux et en se concentrant sur les sons de la nuit, l'on distingue le bruit de la marée au-devant, les stridulations d'insectes nocturnes et le bruissement des feuilles derrière, dans la direction opposée. Parfois les sons disparaissent un instant, lorsqu'une bourrasque plus violente arrive... Il faut alors attendre. Le vent se calme et les sons reviennent. En prêtant plus d'attention, petit à petit, l'on entend au loin comme d'irréguliers sons de cloche. Ce sont sans doute des bateaux amarrés; y a-t-il donc quelque port au-delà, dans cette direction? — L'odeur de varech est forte; à cette heure, au clair de lune, l'on ne voit plus guère que des nuances de gris et de bleu sombre le long de la crique. Lorsque la marée est basse, de vastes étendues de vase sombre se révèlent; l'on a alors, sur quelques centaines de mètres, un dénivelé d'un paysage se métamorphosant : – la forêt d'abord; puis les dunes de sable, parsemées de lagures; puis la plage étroite, et la ligne des algues plus ou moins séchées et portées là au gré des vagues; au-delà, le sable devient gris et se mue en vase épaisse. Et il n'y a personne; l'endroit est désert. Là-haut, au loin, un bout de lune éclaire mes pas. Pieds nus, l'on se déplace sans un bruit. Je reconnais le vieil arbre, en face du grand rocher posé de biais. Il faudra des siècles pour que ces immenses rocs changent légèrement de position – or, cela ne faisait que trente ans. Je reconnaissais chaque interstice, chaque structure; je devinais la couleur qu'ils devaient refléter le jour. — En s'approchant, il faut passer une bande de la plage où des petits cailloux et de vieux coquillages piquent les pieds, avant d'arriver à la pierre. Deuxième pointe à gauche, passer celui en forme de fantôme, monter sur le plateau, s'arrêter et tendre l'oreille... longer le roc jusqu'à une sorte de battue, un point qui n'est accessible que rarement, lorsque la marée est aussi basse. Là, il y a une proéminence dans la roche, une sorte de parallélépipède rectangle, qui ressemble à un petit coffre. Aussitôt un vieux souvenir me revient - et je m'agenouille devant, y pose l'oreille. Il y a de vieilles légendes qui parlent de pierres magiques, enfermant cloches et trésors, qui sonnent aujourd'hui encore, certaines nuits... Je me bouche l'autre oreille avec le pouce et j'écoute. Il n'y a qu'un bruit de brossage, distant: le reflux de la mer. — Cette nuit ce trésor sera sauf. — Pourtant, parfois, l'écho de certains sons de bateaux semble résonner dans quelque interstice, et me parvient, lointain et faible... Je me relève et reprend ma recherche. Un peu plus bas, il y a une petite ouverture dans la roche; quelqu'un y avait fixé, il y a très longtemps, un pivot et une chaîne, tous les deux usés par la rouille et couverts d'algues. C'était à cette chaîne que l'on pouvait affixer une boîte secrète, ou tout autre objet que l'on arriverait à y lier. Lorsque j'avais découvert cette cachette, j'imaginais qu'elle avait dû être utilisée pour dissimuler de la contrebande au XIXe — en fait je ne le savais pas vraiment. Ç'aurait aussi pu être un point pour déposer des messages secrets dans les années de guerre... Mais depuis, plus personne n'en connaît l'existence. Au bout de la chaînette, une solide petite boîte en ferraille, maintenant couverte de bigorneaux. Il m'est impossible de délier le paquet, il a trop vieilli et la lumière est trop faible; alors, avec une pince acérée, je libère l'objet. — La marée ne va pas tarder à submerger l'endroit et à isoler ces roches du rivage; il me faut me hâter. Quelques pas rapides, je sautille de pierre en pierre; la plage est toujours aussi déserte. Devrais-je retourner à l'hôtel avec l'objet? Il sent la mer et me couvre les mains d'algues et de saleté... Devrais-je l'ouvrir ici? Vu son état, il faudra le fracasser contre une pierre... – Ainsi, j'hésite de longs instants quant à l'étape suivante - celle à laquelle je n'ai pas encore pensé... Je crois déjà à peine tenir à nouveau dans les mains la petite boîte abandonnée à dessein trente ans plus tôt... Pourquoi revenir ici? — C'est qu'il y avait des textes à l'intérieur. C'était en fait une sorte de time-capsule avant l'heure, avant que ça ne devienne une mode passagère; et je ne me souviens pas du tout des choses que j'y ai glissées. L'un des poèmes, en revanche, m'était revenu en rêve et refusait d'en repartir: des lignes écrites avec du sang, des vers qu'il me fallait détruire. — Or, seul le feu panse cette plaie. Et j'allais faire un feu – un grand feu, beau et létal. Il brûlera, il brûlera.
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Je ne l'ai pas fait.
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Ç'avait été un hasard — il me semble que c'est toujours par hasard que ces découvertes arrivent — et je réalisai alors qu'existait réellement une communauté secrète, dont la pratique différait de tout ce dont j'avais entendu parler jusqu'alors. Qui étaient-ils? Ceux-là se baptisaient de plusieurs noms: les "changeurs de vie". Les bioswitched. Les "échangés"... Qui sont-ils? Encore aujourd'hui, un certain nombre de personnes tiennent un journal intime. Pour certains, c'est une ligne de temps en temps, chaque année peut-être, décrivant quelques nouvelles résolutions ou grandes décisions de vie; pour d'autres, c'est un roman-fleuve, un feuilleton qui chaque soir se décline sur des dizaines de pages, décrivant chacun de leurs monologues intérieurs, émotions et pensées virevoltantes. Certains disent tout, absolument tout, d'autres cachent des morceaux choisis. On révèle le sale, ou l'on prétend le propre; il y a tant de manières d'écrire l'intimité. — Toutefois, pour ces personnes, l'objet de leurs confidences — le journal intime — devient peu à peu pesant, une trace lourde du passé. Parfois littéralement, lorsqu'il s'agit d'une cinquantaine de carnets reliés, précieusement conservés dans des boîtes à chaussures. Parfois simplement en esprit, lorsque quelques phrases pèsent trop lourd et font trop mal. — C'était alors que l'idée survint: tout comme l'on est amené à brûler les lettres de ses premières amours, d'aucuns éprouvent l'envie de se séparer de souvenirs trop anciens, devenus inutiles - ou trop pesants, un boulet traîné de déménagement en déménagement. À côté de cela, l'homme a toujours eu l'envie profonde de s'imaginer dans la vie de quelqu'un d'autre — de quelqu'un ayant fait des choix différents, pris une autre route... Ces carrefours de la vie, ceux-là qui adviennent très tôt et ne sont reconnus comme tels que bien après-coup... C'est alors a posteriori: quelle minuscule décision ce jour-là ou cette nuit-là — ayant déterminé quasiment tout le reste de sa vie! Est-ce un choix d'études? Un déménagement, une ville? Est-ce le fait d'être resté en couple avec telle personne, d'avoir quitté telle autre? Ce job moins bien payé mais dépaysant? ... — Et si tout avait été différent? — Et si tout avait été à refaire? — C'est là qu'intervient le journal intime de l'Autre. Un cercle de personnes cèdent une grande partie de leur passé — des années de journaux intimes. Et chacun reçoit — complètement au hasard — l'histoire de quelqu'un d'autre. Chacun entre de fait dans cette communauté inconnue; chacun devient un "changeur de vie". Classe sociale, niveau culturel, lieu géographique, aucun facteur ne vient remplacer celui du hasard. Seule la langue est uniforme — et encore, vous pourriez hériter des trente carnets d'une adolescente dyslexique. Déjà cependant ces changeurs s'internationalisent et la société secrète s'étend. Une enquête s'imposait. — Mais tout était crypté; il n'était pas possible de déterminer qui, si vraiment il y avait quelqu'un à la tête de cet étrange groupe, jouissait de la qualité d'organisateur. Un système de clefs asymétriques: presque impossible à remonter. C'était déjà par une coïncidence étrange que j'entendis parler de ce mouvement underground — laquelle il me serait préférable de ne pas confier ici — il était donc difficile d'acquérir une vue d'ensemble du phénomène. Je n'avais que quelques contacts anonymes et secrets; beaucoup de questions - aucune réponse. Alors je réalisai qu'une seule solution existait réellement: devenir moi-même membre de la secte. Je réalisai aussitôt que je me formulai l'idée à l'esprit que cela serait difficile et douloureux. J'avais en effet tenu jusque là un journal intime. Assez irrégulièrement, je l'admets; et, s'il ne me semblait pas particulièrement intéressant — il était question de mes relations amoureuses, de mes choix professionnels, et d'écrits en "flux de conscience" à propos de questions philosophiques qui me taraudaient... — était cependant devenu une partie de moi. C'était donc comme se couper un bras. Je ressentais bien sa bivalence pour autant: les carnets me pesaient, le style me semblait malhabile et dégrossi, les questions un peu bêtes. Cependant, j'avais également lu beaucoup de contes bouddhiques ces dernières semaines, et donc je réalisai en parallèle à quel point ce 'bras' n'était en fait qu'une impermanence, plutôt une 'mue' que j'allais abandonner derrière moi. Que son double-aspect: histoire et lourdeur, n'était que deux facettes distinctes du même attachement au passé. Que je devais laisser ça derrière moi, afin de renaître une nouvelle personne. Peut-être... qu'en fait, ce procédé n'était qu'une manière de rendre tout le processus plus facile, et que la lecture de cette 'vie parallèle', celle de l'Autre, serait une manière de tous se soutenir et de réaliser — ce ne sont que des peaux mortes, du passé poussiéreux! — Que là se trouvait réellement le but de la confrérie. — Un jour, je réalisai qu'il ne fallait plus attendre et méditer: l'heure était venue de changer de peau... de vie. J'envoyai mes vieux carnets. Quelques jours plus tard. Un surplus de travail m'avait fait presque oublier cet acte; je réalisai alors que je n'avais pas tant tenu à ces carnets. Mais j'allais également découvrir une émotion nouvelle: l'excitation si étrange qu'il y a à trouver chez soi un colis, soigneusement ficelé et empaqueté, contenant la vie de l'Autre. J'ouvre la boîte. — Cinq grands cahiers, épais. On devine qu'entre de nombreuses pages ont été insérées des images, des dessins, des herbiers... Le tout est recouvert d'une écriture fine, le plus souvent au stylo bille noir, parfois bleu; une écriture d'homme. Je découvre une nouvelle vie. — Curieusement, impossible d'y retrouver son prénom; pourtant, ses amis et ses amours sont tous là, nommés, parfois de simples initiales; d'innombrables souvenirs sont soigneusement décrits en quelques mots et avec des tournures qui me paraissent d'autant plus poétiques qu'elles ont été pensées par un esprit différent, dont l'on devine qu'il associait les mots différemment. — Je lis, fasciné, happé par ces pages et ces pages. Il y a là des souvenirs d'enfance, la première cigarette, la première copine; des descriptions trop précises d'actes sexuels à côté d'envolées poétiques sur le sens de la vie et les buts que l'on s'adjoint. C'était plus qu'une autobiographie: c'était le roman vrai d'une autre vie, d'une autre mue. La lecture est captivante, fascinante; ce n'est qu'après avoir fini l'ensemble — que l'on devine correspondant à peu près à douze années de vie — que je reviens à moi, puis tombe de fatigue sur un siège. Sensations confuses: une impression, maintenant que je ne suis plus plongé dans les cahiers, d'avoir épié ces mots — mais surtout le fait que cela soit une sensation connue. Une sensation finalement très similaire à celle que j'avais eu par le passé en relisant mes propres carnets. Ces traces auraient-elles donc toutes la même valeur? L'on dit et se répète: les mots s'envolent, les écrits restent. Je n'ai jamais autant eu la sensation que ceux-là s'envolaient tout autant, que maintenant, avec cette réalisation que nous ne sommes pas nos vies.
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Tu le ressens ainsi? :happy:
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Merci! Ça me fait plaisir, en plus venant d'un esthète de l'épithète comme toi! :happy: