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Tu(eries).


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Tu griffonnais dans ton coin pendant des heures. La soirée passait comme ça; le soleil avait déjà disparu, on voyait les lueurs orangées des lampadaires au-dehors. Les minutes s'étendaient, je les entendais qui craquent, comme le vieux bois de la maison. Tu ne me regardais pas... Tes yeux étaient rivés sur les lignes pressées les unes contre les autres, illisibles, des mots barrés; cryptiques, codés, dont l'on ne devinait que quelques lettres. Tu y mettais des expériences dans des petites cases, des jeux solitaires...

Tu écrivais avec mon sang. Chaque vers, une déchirure — chaque veine, une éraflure.

De longues journées de printemps à regarder la pluie par la fenêtre, au loin, repensant à la petite fille qui avait voulu se suicider dans les champs... Le vieux château en ruine avait encore de profondes douves. Tu avais toi aussi entendu parler des grandes pierres, cachées dans les sous-bois, sur lesquelles il fallait poser l'oreille à des heures choisies – pour y entendre chanter des cloches infernales... Tu riais et c'était le rire du diable. Pour un sourire je te donnais un bouquet de fleurs, pour un rire un bouquet de larmes.

Tes mots étaient étonnants, imprévus. Tes gestes prévenants à des heures malvenues.

Et puis dans la Nuit nous épions les hiboux. Complices un instant, et c'étaient les délices...; jusqu'à ce que les minutes ne s'étendent à nouveau sous les néons fatigués. Tu gribouillais. Même l'odeur du feu de bois ne parvenait plus à te troubler, lorsque tu aspirais les réelles volutes. Moi je partais au Brocken, toi tu ne rêvais déjà plus.

Où es-tu?

Je te vois assis dans un large fauteuil de cuir, trois objets sur le bureau: un coupe-papier très long, très tranchant; un tas de feuilles volantes, à l'écriture très serrée, maladive; et un large flacon rempli du breuvage. Te croyant des Esseintes, comme lui seul et ancien — écho acéré, Monsieur le Rémouleur; - Tu étais le Vampire.

1 Commentaire


Commentaires recommandés

Monsieur le tzigane blanc, s'essaierait-il à l'univers de Lovecraft avec un zeste de stéganographie ? En tout cas j'ai pensé à Penny Dreadful en voyant Des Esseintes, ce fameux Dorian Gray dont je suis amoureusement effrayée. Il faut dire que ce monde me fait écho malgré moi car après lecture, il ne reste plus qu'à se tirer un coup de revolver ou aller se jeter en repentir au pied de Dieu...

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