Quand on lit ou relit Zola

Lorsqu'à la lecture d'un de ses romans Zola fait plonger ses lecteurs au coeur même du populaire fruste  d'une époque au fond pas si lointaine y voit-on grande différence avec ce que nous voyons, vivons, entendons chaque jour?

Un certain progrès certes est indéniable dans bien des domaines mais au sens purement "humain" y voyez-vous une réelle différence? si vous prenez le temps d'analyser ce comportement humain-là sous toutes ses facettes.

Fruste, rustre, violent, borné, cupide, meurtrier, nous sommes chaque jour confrontés à cette vision humaine et bestiale de la part de bien de nos contemporains dans une société que l'on qualifie pourtant d'évoluée et qui ne cesse pourtant de décliner. 

Oui! la société a changé depuis le J'accuse de Zola ... à son époque les plus droitiers étaient anti-dreyfusards ... aujourd'hui les plus à gauche ont pris le relai dans la haine anti-juive.

Il y a 2 heures, Garlaban a dit :

Oui! la société a changé depuis le J'accuse de Zola ... à son époque les plus droitiers étaient anti-dreyfusards ... aujourd'hui les plus à gauche ont pris le relai dans la haine anti-juive.

Je ne réduis pas la description de la société de Zola à des positions politiques. Mais à l'instinct primaire d'une société ou plus exactement d'une partie de notre société qui s'étalait déjà dans l'oeuvre de l'écrivain et qui est toujours d'actualité.

Il y a 2 heures, MadeleinedeProut a dit :

Lorsqu'à la lecture d'un de ses romans Zola fait plonger ses lecteurs au coeur même du populaire fruste  d'une époque au fond pas si lointaine y voit-on grande différence avec ce que nous voyons, vivons, entendons chaque jour?

Un certain progrès certes est indéniable dans bien des domaines mais au sens purement "humain" y voyez-vous une réelle différence? si vous prenez le temps d'analyser ce comportement humain-là sous toutes ses facettes.

Fruste, rustre, violent, borné, cupide, meurtrier, nous sommes chaque jour confrontés à cette vision humaine et bestiale de la part de bien de nos contemporains dans une société que l'on qualifie pourtant d'évoluée et qui ne cesse pourtant de décliner. 

 

J'ai beaucoup lu Zola quand j'étais jeune, comme tout le monde ou presque, et ça fait longtemps que je me dis qu'il faut que je lise ou relise les "Rougon-Macquart", en intégralité et dans l'ordre. Un projet à long terme... Cela dit, la vision du monde de Zola est quand même très noire. Ça se comprend quand il décrit la classe ouvrière, dont la condition n'était guère florissante à l'époque, et "Germinal" ou "l'Assomoir" sont des livres durs mais réalistes. Mais cette même noirceur se retrouve presque partout; par exemple "l'Oeuvre", portrait d'un peintre, est aussi sombre que les romans cités avant. Au point que dans la saga romanesque de l'auteur, les livres optimistes sont vraiment l'exception. Zola se voulait naturaliste, mais son monde est gouverné par la misère, la folie, l'alcoolisme et la mort. Pas très loin de la réalité hélas, surtout à cette époque. Notre monde d'aujourd'hui est-il plus brillant? A peine, même si les formes d'addiction ont en grande partie changé - cela dit il y a toujours des alcooliques.

On pourrait considérer Zola comme un écrivain marxiste, ou pour le moins socialiste, car il dépeint dans la plupart de ses livres la lutte des classes qui oppose, à son époque comme maintenant, riches et pauvres. Sauf que marxistes, communistes et socialistes sont en général optimistes et croient aux "lendemains qui chantent", alors que l'univers de Zola est désespéré. Il pense que la violence est au coeur de l'homme - par exemple dans "la Bête humaine", dont le personnage principal est poussé au meurtre par ses pulsions qu'il ne maîtrise pas. Un roman d'une grande noirceur - et qui, je suppose, a dû faire scandale à son époque - mais dont la description du caractère irrationnel de la violence est très en avance sur son temps.

Depuis Zola la condition ouvrière  a beaucoup évolué. Ouvriers, employés sont protégés sur le plan financier (sécurité sociale, SMIC, congés payés...) et syndical (prud'hommes, droit de grève...)

Il y a 2 heures, PhilippeIIAuguste a dit :

Depuis Zola la condition ouvrière  a beaucoup évolué. Ouvriers, employés sont protégés sur le plan financier (sécurité sociale, SMIC, congés payés...) et syndical (prud'hommes, droit de grève...)

J'évoque dans mon post la nature humaine. Pas les avancées sociales qui quand on y regarde de près n'ont pas véritablement modifié la nature profonde

Il y a 2 heures, Gouderien a dit :

J'ai beaucoup lu Zola quand j'étais jeune, comme tout le monde ou presque, et ça fait longtemps que je me dis qu'il faut que je lise ou relise les "Rougon-Macquart", en intégralité et dans l'ordre. Un projet à long terme... Cela dit, la vision du monde de Zola est quand même très noire. Ça se comprend quand il décrit la classe ouvrière, dont la condition n'était guère florissante à l'époque, et "Germinal" ou "l'Assomoir" sont des livres durs mais réalistes. Mais cette même noirceur se retrouve presque partout; par exemple "l'Oeuvre", portrait d'un peintre, est aussi sombre que les romans cités avant. Au point que dans la saga romanesque de l'auteur, les livres optimistes sont vraiment l'exception. Zola se voulait naturaliste, mais son monde est gouverné par la misère, la folie, l'alcoolisme et la mort. Pas très loin de la réalité hélas, surtout à cette époque. Notre monde d'aujourd'hui est-il plus brillant? A peine, même si les formes d'addiction ont en grande partie changé - cela dit il y a toujours des alcooliques.

On pourrait considérer Zola comme un écrivain marxiste, ou pour le moins socialiste, car il dépeint dans la plupart de ses livres la lutte des classes qui oppose, à son époque comme maintenant, riches et pauvres. Sauf que marxistes, communistes et socialistes sont en général optimistes et croient aux "lendemains qui chantent", alors que l'univers de Zola est désespéré. Il pense que la violence est au coeur de l'homme - par exemple dans "la Bête humaine", dont le personnage principal est poussé au meurtre par ses pulsions qu'il ne maîtrise pas. Un roman d'une grande noirceur - et qui, je suppose, a dû faire scandale à son époque - mais dont la description du caractère irrationnel de la violence est très en avance sur son temps.

J'ai pris l'oeuvre de Zola comme exemple, comme comparatif à ce que la société connaît à notre époque, notamment cette brutalité sous ses divers aspects.

Au jour d'aujourd'hui on n'est pas très loin de Zola dans certains milieux ...

à l’instant, Ma Poule a dit :

Au jour d'aujourd'hui on n'est pas très loin de Zola Dans certains milieux ...

Bien entendu.

Je vois. Je me demande bien quel est le nom pour ce type d'humain.

il y a 1 minute, Mak Marceau a dit :

Je vois. Je me demande bien quel est le nom pour ce type d'humain.

Quelqu'un peut me traduire le Mak Marceau? 

Il y a 4 heures, MadeleinedeProut a dit :

Je ne réduis pas la description de la société de Zola à des positions politiques. Mais à l'instinct primaire d'une société ou plus exactement d'une partie de notre société qui s'étalait déjà dans l'oeuvre de l'écrivain et qui est toujours d'actualité.

Si tu vas puiser dans la littérature antique tu t'aperçois que les émotions et la motivation des hommes restent les mêmes.

Pour ma part je trouve que Zola et Balzac offrent un instantané incroyablement réaliste de ce qu'a dû être la société du XIXeme siècle.

Il y a 1 heure, querida13 a dit :

Zola et Balzac offrent un instantané incroyablement réaliste de ce qu'a dû être la société du XIXeme siècle.

Totalement, ce sont deux auteurs captivants dont les oeuvres témoignent de leur époque. Mais celle que décrit Zola qui a un demi siècle d'écart avec Balzac me parle plus encore car le tableau qu'il dépeint de la société dans laquelle il a vécu, dont il a été témoin, peut être mis en parallèle en bien des points avec celle d'aujourd'hui. Je le souligne : au niveau des mentalités et de ce que l'humain possède de plus fruste en lui.

Il y a 1 heure, MadeleinedeProut a dit :

Totalement, ce sont deux auteurs captivants dont les oeuvres témoignent de leur époque. Mais celle que décrit Zola qui a un demi siècle d'écart avec Balzac me parle plus encore car le tableau qu'il dépeint de la société dans laquelle il a vécu, dont il a été témoin, peut être mis en parallèle en bien des points avec celle d'aujourd'hui. Je le souligne : au niveau des mentalités et de ce que l'humain possède de plus fruste en lui.

Tu juges en fonction de ton culturel de femme du XXI eme siècle. Tu es une femme éduquée, certainement entourée de tout un confort moderne, correctement soignée, qui es en mesure de contrôler le nombre de ses grossesses, qui es environnée d'hommes plus ou moins policés. 

Dans Zola,  tu es dans un univers social  essentiellement rural qui se rapproche plutôt de celui de la petite maison dans la prairie, (la Terre) de Docteur Quinn, (le docteur Pascal)  et qui commence à se mécaniser (la bête humaine) une société qui tourne grâce à l'exploitation du charbon par les hommes , les femmes et les enfants (germinal). La description que Zola fait de Nana est celle d'une femme peu éduquée qui vit de galanterie et se fait entretenir par plusieurs hommes. A l'époque, le nombre de femmes qui signent leur acte de mariage avec une croix est phénoménal. Songe qu'une fille de l'époque n'a pas le droit ni de passer le baccalauréat  ni d'aller à l'université! L'éducation des filles est très négligée! (Lois de Ferry  votées en 1881/1882, -seulement!- sur l'instruction primaire obligatoire et gratuite pour tous!)

 Ce qui est intéressant c'est qu'au travers de la famille Rougon Macquart, l'auteur nous fait rencontrer toutes les couches sociales de la société de l'époque (ouvriers, artistes- dans l'oeuvre-, médecins, propriétaires terriens, filles de joie, blanchisseuse, médecin. politiciens , banquiers et boursicoteurs -dans l'argent-, vendeuses de magasin et patron de galeries de mode -dans au bonheur des dames-,) avec ses tares (l'alcoolisme dans l'assommoir/le sexe, dans nana, l'avidité dans au bonheur des dames et l'argent)

Autre temps, autres moeurs, certes ...Mais les ambitions humaines et les caractères et les vices sont toujours les mêmes au travers les âges et extraordinairement d'actualité. Toute l'oeuvre de Zola est une photo instantanée de la société française du XIXeme. 

il y a une heure, querida13 a dit :

Mais les ambitions humaines et les caractères et les vices sont toujours les mêmes au travers les âges et extraordinairement d'actualité.

C'est à cela que je faisais allusion. Malgré un bouleversement social global....

il y a 9 minutes, MadeleinedeProut a dit :

C'est à cela que je faisais allusion. Malgré un bouleversement social global....

Et pourtant, Zola  décrit tout cela pour en combattre l'injustice.

Il y a 1 heure, Atipique a dit :

Et pourtant, Zola  décrit tout cela pour en combattre l'injustice.

Il semble défendre la thèse de prédispositions génétiques.

J'en ai lu quelques-uns. Je ne sais pas trop pourquoi en fait, mais mon meilleur souvenir est " Le ventre de Paris ". Grand écrivain (" Bon ", des fois faut 20 pages pour y " entrer ") et prodigieux témoin de son temps.

chez Zola c'est assez inégal, certains romans sociaux sont très bien, d'autres sur la finance et cie sont rasoirs... le roman de zola que j'ai préféré ne fait pas partie des Rougon Macquart c'est Thérèse Raquin.

zola était quand même je pense un grand bourgeois, mais avec des idées nobles, ce qui l'honore

Le 08/04/2025 à 11:40, MadeleinedeProut a dit :

Je ne réduis pas la description de la société de Zola à des positions politiques. Mais à l'instinct primaire d'une société ou plus exactement d'une partie de notre société qui s'étalait déjà dans l'oeuvre de l'écrivain et qui est toujours d'actualité.

Plus que jamais d'actualité !

Car que font s'autre les boutiques politiques populistes aujourd'hui, sinon de convoquer et exacerber les plus bas instincts de leurs électorats et sympathisants respectifs?

On ne peut pas dire que Zola fut précurseur dans ce domaine, il ouvrait juste une porte dans laquelle s'engouffrèrent les politiciens marchands de soupe plus que jamais prospères et florissants actuels.

Il y a 3 heures, versys a dit :

On ne peut pas dire que Zola fut précurseur dans ce domaine, il ouvrait juste une porte dans laquelle s'engouffrèrent les politiciens marchands de soupe plus que jamais prospères et florissants actuels.

??

Zola était conteur d'une société bourgeoise, comme il était conteur de ce qu'on appelait la "populace". Les miséreux, les "sans dents" comme aurait dit Hollande