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Innovation à travers les siécles

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SpookyTheFirst

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Membre, 57ans Posté(e)
SpookyTheFirst Membre 3 674 messages
Maitre des forums‚ 57ans‚
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Bonjour,

Je travaille à essayer de faire un processeur à base de neurones vivants. C'est un nouveau secteur de recherche qui s'appelle le biocomputing. Ces dernières années quelques autres sociétés ont commencé à soudainement travailler sur cette même idée.

Je m'interroge sur l'origine de l'innovation technologique à travers l'histoire.

L'invention de l'aviation présente des similarités: de la même manière, dans différents pays des gens ont commencé à travailler sur l'idée de faire voler un plus lourd que l'air.

Pourtant, au temps des égyptiens par exemple, je suppose que l'on pouvait réunir le bois et le tissu nécessaires. Qu'est-ce qui fait qu'il a fallu plusieurs milliers d'année pour le faire?

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Membre, 35ans Posté(e)
Virtuose_en_carnage Membre 6 689 messages
Maitre des forums‚ 35ans‚
Posté(e)
il y a 9 minutes, SpookyTheFirst a dit :

Bonjour,

Je travaille à essayer de faire un processeur à base de neurones vivants. C'est un nouveau secteur de recherche qui s'appelle le biocomputing. Ces dernières années quelques autres sociétés ont commencé à soudainement travailler sur cette même idée.

Je m'interroge sur l'origine de l'innovation technologique à travers l'histoire.

L'invention de l'aviation présente des similarités: de la même manière, dans différents pays des gens ont commencé à travailler sur l'idée de faire voler un plus lourd que l'air.

Pourtant, au temps des égyptiens par exemple, je suppose que l'on pouvait réunir le bois et le tissu nécessaires. Qu'est-ce qui fait qu'il a fallu plusieurs milliers d'année pour le faire?

Sans doute le fait qu'il soit nécessaire d'avoir un progrès scientifique uniforme dans toutes les sciences pour pouvoir avoir des innovations technologiques. Ne serait-ce que pour faire voler un avion, il faut de la chimie, de la physique, de l'électronique, etc etc.

C'est un peu là le cancer de notre génération. Être persuadé qu'en mettant tout les moyens dans un domaine spécifique, ça révolutionner le domaine où les moyens sont investis. 

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Membre, 57ans Posté(e)
SpookyTheFirst Membre 3 674 messages
Maitre des forums‚ 57ans‚
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il y a 32 minutes, Virtuose_en_carnage a dit :

Sans doute le fait qu'il soit nécessaire d'avoir un progrès scientifique uniforme dans toutes les sciences pour pouvoir avoir des innovations technologiques. Ne serait-ce que pour faire voler un avion, il faut de la chimie, de la physique, de l'électronique, etc etc.

C'est un peu là le cancer de notre génération. Être persuadé qu'en mettant tout les moyens dans un domaine spécifique, ça révolutionner le domaine où les moyens sont investis. 

Bah non, pour un planeur, il n'y a pas besoin de techno évoluée: du bois, du tissu, de la colle. Ca fait longtemps que ca existe...:D

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Membre, Obsédé textuel, 73ans Posté(e)
Gouderien Membre 38 012 messages
73ans‚ Obsédé textuel,
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il y a 30 minutes, SpookyTheFirst a dit :

Bah non, pour un planeur, il n'y a pas besoin de techno évoluée: du bois, du tissu, de la colle. Ca fait longtemps que ca existe...:D

Et même si ça a existé, si ce n'était que du bois, du tissu et de la colle, il y a bien longtemps qu'il n'en reste rien.

Nous n'avons qu'une très vague idée de l'état réel de la science et de la technologie de l'Antiquité. Nous pouvons juste soupçonner qu'elle étaient plus avancées qu'on le pense généralement. Par exemple, la découverte de la Machine d'Anticythère, calculateur astronomique sophistiqué découvert dans une épave au large de la Grèce au début du XXe siècle, a provoqué une grande stupéfaction dans les milieux scientifiques, qui n'avaient aucune idée que les Grecs étaient capables de réaliser un travail aussi avancé dans le domaine des mathématiques et de la mécanique.

Par contre on sait que la notion d'innovation technologique n'existait pas dans l'Antiquité. Pour diverses raisons, dont l'existence de l'esclavage, les choses bougeaient très lentement, même si de brillants scientifiques, très en avance sur leur temps, ont laissé leur nom dans l'Histoire, comme Archimède ou Hiéron d'Alexandrie. Il faut attendre le XVIIe ou le XVIIIe siècles pour qu'on puisse vraiment parler d'innovation technologique.

Modifié par Gouderien
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Membre, 57ans Posté(e)
SpookyTheFirst Membre 3 674 messages
Maitre des forums‚ 57ans‚
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il y a 9 minutes, Gouderien a dit :

Et même si ça a existé, si ce n'était que du bois, du tissu et de la colle, il y a bien longtemps qu'il n'en reste rien.

Nous n'avons qu'une très vague idée de l'état réel de la science et de la technologie de l'Antiquité. Nous pouvons juste soupçonner qu'elle étaient plus avancées qu'on le pense généralement. Par exemple, la découverte de la Machine d'Anticythère, calculateur astronomique sophistiqué découvert dans une épave au large de la Grèce au début du XXe siècle, a provoqué une grande stupéfaction dans les milieux scientifiques, qui n'avaient aucune idée que les Grecs étaient capables de réaliser un travail aussi avancé dans le domaine des mathématiques et de la mécanique.

Par contre on sait que la notion d'innovation technologique n'existait pas dans l'Antiquité. Pour diverses raisons, dont l'existence de l'esclavage, les choses bougeaient très lentement, même si de brillants scientifiques, très en avance sur leur temps, ont laissé leur nom dans l'Histoire, comme Archimède ou Hiéron d'Alexandrie. Il faut attendre le XVIIe ou le XVIIIe siècles pour qu'on puisse vraiment parler d'innovation technologique.

Même s'il n'en reste rien, des hommes volants auraient marqués les esprits et on aurait trouvé des représentations picturales. Je pense qu'il y a une sorte de saut quantique entre rêver et réaliser. Par exemple le mythe d'Icare est bien ancien, les hommes ont révé de voler mais n'ont pas entrepris de le faire. Pendant des millénaires c'est resté un rêve alors que c'était à leur portée. C'est très étrange je trouve.

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Membre, 76ans Posté(e)
hybridex Membre 9 739 messages
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il y a 57 minutes, SpookyTheFirst a dit :

Bah non, pour un planeur, il n'y a pas besoin de techno évoluée: du bois, du tissu, de la colle. Ca fait longtemps que ca existe...:D

Ce qui a permis d'inventer le cerf-volant, auquel on aurait pu trouver des applications pratiques mais on ne l'a pas fait

De même la force de la vapeur était connue bien avant qu'on l'utilise comme force motrice

Pourquoi?

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Membre, 57ans Posté(e)
SpookyTheFirst Membre 3 674 messages
Maitre des forums‚ 57ans‚
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Il y a 8 heures, hybridex a dit :

Ce qui a permis d'inventer le cerf-volant, auquel on aurait pu trouver des applications pratiques mais on ne l'a pas fait

De même la force de la vapeur était connue bien avant qu'on l'utilise comme force motrice

Pourquoi?

Oui pourquoi? C’est tellement gros que c’est encore plus mystèrieux…

Bien vu le cerf-volant: en fait certains textes chinois le font remonter à -400 av jc… Ca veut dire que les gars ont concu un truc qui n’existait pas dans la nature mais n’ont pas envisagé de copier les oiseaux, c’est très intéressant!

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Membre, Obsédé textuel, 73ans Posté(e)
Gouderien Membre 38 012 messages
73ans‚ Obsédé textuel,
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Il y a 9 heures, hybridex a dit :

Ce qui a permis d'inventer le cerf-volant, auquel on aurait pu trouver des applications pratiques mais on ne l'a pas fait

De même la force de la vapeur était connue bien avant qu'on l'utilise comme force motrice

Pourquoi?

L'énergie qu'on pouvait tirer de la vapeur était connue dès l'Antiquité, mais on ne l'a pas utilisée car les esclaves fournissaient une force de travail gratuite et inépuisable. Et après la chute de l'Empire romain, une grande partie de la science antique a été perdue. Pendant le Moyen-Âge on a très peu innové, même s'il y a eu quelques inventions, comme les étriers ou une manière plus rationnelle d'atteler les boeufs. Il y a aussi la poudre à canon, venue de Chine, qui permet de développer l'artillerie au XVe siècle. Mais il faut attendre la Renaissance pour que la science retrouve toute la place qui lui revenait. Mais la notion de progrès, et donc de progrès technique, est bien plus récente.

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Membre, 41ans Posté(e)
cheuwing Membre 17 023 messages
Maitre des forums‚ 41ans‚
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Il y a 9 heures, Gouderien a dit :

Par contre on sait que la notion d'innovation technologique n'existait pas dans l'Antiquité. Pour diverses raisons, dont l'existence de l'esclavage, les choses bougeaient très lentement, même si de brillants scientifiques, très en avance sur leur temps, ont laissé leur nom dans l'Histoire, comme Archimède ou Hiéron d'Alexandrie. Il faut attendre le XVIIe ou le XVIIIe siècles pour qu'on puisse vraiment parler d'innovation technologique.

L esclavage n'a aucun rapport sur ce concept.  Juste la découverte et la diffusion du savoir était différente. " L'électricité "était connu depuis l'Antiquité,  c'était le fait de frotter de l'ambre à du tissu, pourtant la compréhension du phénomène commence qu'au 17 e siècle et n'est pas le produit d'innovation technologique. On a un mélange d'expérience empiriques, de prestidigitateur (qui cherchent que le spectacle), de la maîtrise du verre , du coût réduit des métaux. Il a fallu 3 siècles avant de pouvoir en faire la maîtrise.

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Membre, 41ans Posté(e)
cheuwing Membre 17 023 messages
Maitre des forums‚ 41ans‚
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il y a 4 minutes, Gouderien a dit :

La force de la vapeur était connue dès l'Antiquité, mais on ne l'a pas utilisée car les esclaves fournissaient une main-d'oeuvre gratuite et inépuisable. Et après la chute de l'Empire romain, une grande partie de la science antique a été perdue. Pendant le Moyen-Âge on a très peu innové, même s'il y a eu quelques inventions, comme les étriers ou une manière plus rationnelle d'atteler les boeufs. Il faut attendre la Renaissance pour que la science retrouve la place qui lui revenait. Mais la notion de progrès, et donc de progrès technique, est bien plus récente.

Mais faut arrêter avec cette idée de l'esclavage qui a empêcher toute innovation. Il n'y avait pas non plis de concept de science  antiques. Rien que l'exemple romain te contredit avec leur maîtrise de l'architecture et les améliorations pendant la République puis l'Empire . Ensuite il n'y a rien eu de perdu avec la chute de l'empire romain d occident et le moyen age soit disant sombre. Celui d'orient existait toujours. Rien que sur la bêtise des étriers,  ça vient des cavaliers des steppes,  est introduit en Chine vers le 3-4 e siècle et en occident via l'empire romain d'orient vers le 7e siècle. 

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Membre, 41ans Posté(e)
cheuwing Membre 17 023 messages
Maitre des forums‚ 41ans‚
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Et au moyen age on a le début de la maîtrise de la verrerie et de la miroiterie. La mécanisation avec les horloges astronomiques, des scieries , des forges et des moulins qui utilisent la force de l'eau via des système d'engrenages et de courroies, les grues 

les progrès sur l'anatomie,  les découvertes empirique sur la chimie, la poudre à canon,  

 

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Membre, 57ans Posté(e)
SpookyTheFirst Membre 3 674 messages
Maitre des forums‚ 57ans‚
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il y a 36 minutes, cheuwing a dit :

 

L esclavage n'a aucun rapport sur ce concept.  Juste la découverte et la diffusion du savoir était différente. " L'électricité "était connu depuis l'Antiquité,  c'était le fait de frotter de l'ambre à du tissu, pourtant la compréhension du phénomène commence qu'au 17 e siècle et n'est pas le produit d'innovation technologique. On a un mélange d'expérience empiriques, de prestidigitateur (qui cherchent que le spectacle), de la maîtrise du verre , du coût réduit des métaux. Il a fallu 3 siècles avant de pouvoir en faire la maîtrise.

La compréhension n’est pas forcément nécessaire à l’innovation. Les Egyptiens auraient pu faire des planeurs sans maitriser la loi de Bernouulli…

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Membre, 68ans Posté(e)
pic et repic Membre 17 102 messages
Maitre des forums‚ 68ans‚
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Il y a 11 heures, SpookyTheFirst a dit :

Je travaille à essayer de faire un processeur à base de neurones vivants. C'est un nouveau secteur de recherche qui s'appelle le biocomputing. Ces dernières années quelques autres sociétés ont commencé à soudainement travailler sur cette même idée.

Je m'interroge sur l'origine de l'innovation technologique à travers l'histoire.

L'invention de l'aviation présente des similarités: de la même manière, dans différents pays des gens ont commencé à travailler sur l'idée de faire voler un plus lourd que l'air.

Pourtant, au temps des égyptiens par exemple, je suppose que l'on pouvait réunir le bois et le tissu nécessaires. Qu'est-ce qui fait qu'il a fallu plusieurs milliers d'année pour le faire?

bonjour,

j'ai lu, il y a pas de temps un bouquin ou il était question d'un ascenseur piloté par un "bio-ordinateur" ... et il s'y passait de "drôles" de choses !

pour être plus sérieux , si l'idée parait bonne, reste la réalisation et surtout comment faire en sorte que les neurones restent "vivants" ; Dans notre organisme, ils sont renouvelés ( avec une transmission de l'information ) mais ici ... ce ne sera pas le cas , donc à la mort de chacun d'eux, c'est une petite partie du système qui va être perdue et ce , jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien ( ou du moins suffisamment ) .

c'est vrai qu'il est assez remarquable que les innovations sont assez linéaires dans le temps, c'est à dire qu'elles apparaissent à peu près dans le même temps en divers points et par divers acteurs ... peut être parce que les "conditions" sont réunies pour que cela se fasse .

quant à l'avion , avoir à disposition les matériaux ne voulait par dire pour autant avoir ... l'idée !

il y a eu dans l'histoire des visionnaires ( par exemple Léonard de Vinci ) mais à chaque fois , ils se sont heurtés à l'absence de la technologie nécessaire pour concrétiser ou appliquer les idées .

et pour l'avion si l'idée était déjà là ( des planeurs ) ... il manquait , le moteur pour que cela devienne une réalité .

bonne journée et bon courage pour votre idée de bio-processeur ( nul doute que le concept a déjà été étudié ou du moins évoqué , mais le vivant est bien plus difficile à manier que l'inerte ) .

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Membre, 76ans Posté(e)
hybridex Membre 9 739 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
il y a une heure, SpookyTheFirst a dit :

Oui pourquoi? C’est tellement gros que c’est encore plus mystèrieux…

Bien vu le cerf-volant: en fait certains textes chinois le font remonter à -400 av jc… Ca veut dire que les gars ont concu un truc qui n’existait pas dans la nature mais n’ont pas envisagé de copier les oiseaux, c’est très intéressant!

Copier les oiseaux, c'est techniquement très difficile. L'oiseau est structurellement construit pour voler. Tout est fait pour l'alléger par exemple. Les tentatives de copie ont conduit à l'échec. Peut-être que cette fausse piste  a contribué à retarder la mise en oeuvre de solutions plus efficaces pour le vol humain. Il a fallu penser le problème autrement

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Membre, 76ans Posté(e)
hybridex Membre 9 739 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
il y a une heure, Gouderien a dit :

L'énergie qu'on pouvait tirer de la vapeur était connue dès l'Antiquité, mais on ne l'a pas utilisée car les esclaves fournissaient une force de travail gratuite et inépuisable. Et après la chute de l'Empire romain, une grande partie de la science antique a été perdue. Pendant le Moyen-Âge on a très peu innové, même s'il y a eu quelques inventions, comme les étriers ou une manière plus rationnelle d'atteler les boeufs. Il y a aussi la poudre à canon, venue de Chine, qui permet de développer l'artillerie au XVe siècle. Mais il faut attendre la Renaissance pour que la science retrouve toute la place qui lui revenait. Mais la notion de progrès, et donc de progrès technique, est bien plus récente.

Un esclave n'est pas gratuit. Il faut qu'il se nourrisse et son rendement énergétique n'est pas bon. La force animale est plus efficace.

"L'obscurantisme" moyenâgeux en opposition à une science antique relève pour une bonne part de la légende. Lorsque les conceptions évoluent, il est de bon ton d'assombrir les images du passé. Les cathédrales gothiques en sont un parfait exemple. Ce sont des exploits techniques affublées sur le tard d'un qualificatif dévalorisant (à une certaine époque)

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Membre, scientifique, Posté(e)
Répy Membre 24 013 messages
scientifique,
Posté(e)

Dans toute innovation, il y a d'abord une réflexion pour contourner un obstacle ou bien réaliser quelque chose qui facilite la vie.

Ainsi la brouette est le fruit d'un fainéant génial qui utilise deux "objets" simples : la roue pour diminuer les frottement et la loi des leviers qui diminue la force à appliquer pour soulever une charge.

Au final cela se traduit par une grosse baisse de la fatigue musculaire et une plus grande productivité.

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Membre, Obsédé textuel, 73ans Posté(e)
Gouderien Membre 38 012 messages
73ans‚ Obsédé textuel,
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il y a 54 minutes, hybridex a dit :

Un esclave n'est pas gratuit. Il faut qu'il se nourrisse et son rendement énergétique n'est pas bon. La force animale est plus efficace.

"L'obscurantisme" moyenâgeux en opposition à une science antique relève pour une bonne part de la légende. Lorsque les conceptions évoluent, il est de bon ton d'assombrir les images du passé. Les cathédrales gothiques en sont un parfait exemple. Ce sont des exploits techniques affublées sur le tard d'un qualificatif dévalorisant (à une certaine époque)

L'obscurantisme moyenâgeux n'est pas du tout une légende, sauf que le Moyen-Âge c'est long, ça s'étend sur environ un millier d'années. Durant cette période il y a effectivement des "âges sombres" et des périodes beaucoup plus évoluées (ce que l'on appelle le "beau" Moyen-Âge). Les progrès scientifiques viennent pour une bonne part des contacts avec les autres civilisations. C'est ainsi que l'on récupère une partie de la science antique perdue par l'intermédiaire des Arabes. D'autres inventions viennent des Chinois. La religion fait peser une chape de plomb sur la société, pourtant certains progrès viennent de là : par exemple les premières horloges sont crées pour permettre aux moines de mieux respecter les heures de prière.

Pour en revenir à l'Antiquité, on ne saura jamais vraiment tout ce que l'on a perdu de la science de cette période, puisque par définition nous n'en avons pas connaissance. Ce que l'on sait, c'est que l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie, puis la destruction de nombreux manuscrits antiques par des chrétiens avides d'anéantir tout ce qui relevait du paganisme, furent des catastrophes. Même à propos de l'Égypte, dont la civilisation est relativement bien connue, d'épaisses zones d'ombre subsistent quant à la technologie dont disposaient les anciens Égyptiens (sans aller jusqu'à voir dans la Pyramide de Chéops une centrale électrique, comme le font certains:p). En fait notre ignorance à propos de ces époques lointaines est telle, que cela devrait nous inciter à un peu de modestie, sous peine de voir nos certitudes remises en cause à l'occasion de nouvelles découvertes.

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Membre, Obsédé textuel, 73ans Posté(e)
Gouderien Membre 38 012 messages
73ans‚ Obsédé textuel,
Posté(e)
il y a 14 minutes, Répy a dit :

Dans toute innovation, il y a d'abord une réflexion pour contourner un obstacle ou bien réaliser quelque chose qui facilite la vie.

Ainsi la brouette est le fruit d'un fainéant génial qui utilise deux "objets" simples : la roue pour diminuer les frottement et la loi des leviers qui diminue la force à appliquer pour soulever une charge.

Au final cela se traduit par une grosse baisse de la fatigue musculaire et une plus grande productivité.

L'influence de la religion sur l'innovation technologique est énorme. Ainsi, on a dit que les civilisations précolombiennes ne connaissaient pas la roue; en fait elles la connaissaient (on a retrouvé des jouets d'enfant comportant des roues), mais ne l'utilisaient pas pour des raisons religieuses. Donc, pas de brouette (ou de chariots) pour les Incas ou les Mayas!

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Membre, 35ans Posté(e)
Virtuose_en_carnage Membre 6 689 messages
Maitre des forums‚ 35ans‚
Posté(e)
Il y a 12 heures, SpookyTheFirst a dit :

Bah non, pour un planeur, il n'y a pas besoin de techno évoluée: du bois, du tissu, de la colle. Ca fait longtemps que ca existe...:D

Je pense que ça peut s'expliquer par plein de facteurs. Par exemple:

-La vie était dure et on n'avait pas que ça a foutre de faire des choses qui ne servent à rien pour survivre.

-Les interdits religieux et sociétaux. C'est peut-être con, mais il y a tout un tas de choses qui sont réservés aux Dieux ou des interdits qui se sont enracinés comme des interdits a priori. Par exemple, on suppose que les vikings ont fini par disparaitre au Groenland mort de faim car ils refusaient de ... manger des poissons. Et la conjecture la plus probable, c'est que c'était un interdit culturel (cf le book de Jared Diamond "Collapsing").

 

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 578 messages
Mentor‚ 34ans‚
Posté(e)
Il y a 17 heures, SpookyTheFirst a dit :

Bonjour,

Je travaille à essayer de faire un processeur à base de neurones vivants. C'est un nouveau secteur de recherche qui s'appelle le biocomputing. Ces dernières années quelques autres sociétés ont commencé à soudainement travailler sur cette même idée.

Je m'interroge sur l'origine de l'innovation technologique à travers l'histoire.

L'invention de l'aviation présente des similarités: de la même manière, dans différents pays des gens ont commencé à travailler sur l'idée de faire voler un plus lourd que l'air.

Pourtant, au temps des égyptiens par exemple, je suppose que l'on pouvait réunir le bois et le tissu nécessaires. Qu'est-ce qui fait qu'il a fallu plusieurs milliers d'année pour le faire?

Jacques Ellul a fait un énorme travail de clarification et d'analyse sur ce sujet. Voici un topo sur le topo qu'il en a fait dans La Technique (1960) :

Le phénomène technique, au sens de "la recherche du meilleur moyen dans tous les domaines", prend son élan dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Chez les Grecs anciens, malgré que la science culmine, la recherche technique aurait été compensée par l'amour de l'équilibre et de l'harmonie (la technique comportant un élément de démesure, de monstruosité). Chez les Romains, c'est en particulier l'économie des moyens et leur subordination à la cohérence de la société qui, malgré que les premières techniques d'organisation y soient inventées - le droit -, ne permettent pas le développement du phénomène technique ("En toutes choses le romain est économe"). Le Christianisme (jusqu'au XIIe siècle) conduit à déconsidérer l'existence ici-bas pour se concentrer sur les finalités dernières, "la cité de Dieu". En outre, quand les positions Chrétiennes s'atténuent, après le XIIe siècle, reste un "grand fait chrétien en face du développement des techniques (...), c’est le jugement moral sur toutes les activités humaines." S'observe, depuis le XIIe jusqu'au XVe siècle, une intensification de l'activité technique (invention et surtout, application). Il y a la boussole, l'imprimerie, la poudre à canon, mais, "à côté de ces grandes inventions [toutes en relation avec la navigation], nous constatons durant cette période une multitude de découvertes et d’applications nouvelles au point de vue de la banque, des armements, des machines, de l’architecture (…), de l’agriculture, du mobilier. Le XVe siècle est, en outre, remarquable par une quantité de manuels techniques, en Allemagne du Sud, en Italie du Nord, écrits au début du siècle, imprimés et diffusés à la fin, et qui manifestent un intérêt collectif pour ces problèmes, une intention technique préoccupant les hommes." "L’on a pu dire que les grands voyages sont une conséquence et non une cause de ce progrès technique." "Mais cet essor s’amortit pendant le XVIe, qui devient de plus en plus pauvre en technique – et cet affaissement se poursuit au XVIIe et au début du XVIIIe siècle." Affaissement dû notamment à l'humanisme, à l'affirmation de la suprématie de l'homme sur les moyens. "Il y a ici un refus permanent de l’homme à se plier à une loi uniforme, même pour son bien. Ce refus se retrouve à cette époque à tous les degrés de la société : de la façon la plus complexe lorsque ce sont les maîtres des finances ou les conseillers au Parlement qui refusent d’entrer dans les techniques nouvelles et univoques de la comptabilité ou de la suprématie législative ; - de la façon la plus sommaire lorsque les paysans refusent les nouveaux modes rationnels de recrutement de l’armée." "Il faut en réalité attendre le XVIIIe siècle pour voir éclater brusquement, dans tous les pays et dans tous les domaines de l’activité, le progrès technique dans toute sa splendeur."

Nous voici à l’aube de la révolution industrielle. "En fait, la révolution industrielle n’est qu’un aspect de la révolution technique."

"""C’est l’apparition d’un État véritablement conscient de lui-même, autonome, à l’égard de tout ce qui n’est pas la raison d’état, et produit de la révolution française. C’est la création d’une technique militaire précise avec Frédéric II et Napoléon 1er sur le plan stratégique comme sur le plan organisation, ravitaillement, recrutement. C’est le début de la technique économique avec les physiocrates, puis les libéraux.
Sur le terrain de l’administration et de la police, c’est aussi le moment des systèmes rationalisés, des hiérarchies unifiées, des fichiers et rapports réguliers. Il y a, avec Napoléon particulièrement, cette tendance à la mécanisation que nous avons déjà signalée  comme le résultat de l’application technique à un domaine plus ou moins humain.
C’est en même temps l’effort et le regroupement de toutes les énergies nationales ; il ne faut plus d’oisifs (on les met en prison sous la Révolution), il ne faut plus de privilégiés, il ne faut plus d’intérêt particulier : tout doit servir selon les règles de la technique imposée de l’extérieur.
Au point de vue juridique, c’est la grande rationalisation du droit avec les codes Napoléon, l’extinction définitive des sources spontanées du droit, comme la coutume ; l’unification des institutions sous la règle de fer de l’État, la soumission du droit au politique. Et les peuples stupéfaits d’une œuvre si efficace abandonnent dans toute l’Europe, sauf la Grande-Bretagne, leurs systèmes juridiques au profit de l’État.
Et ce grand travail de rationalisation, d’unification, de clarification se poursuit partout, aussi bien dans l’établissement des règles budgétaires et l’organisation fiscale, que dans les poids et mesures ou le tracé des routes. C’est cela, l’œuvre technique. Sous cet angle, on pourrait dire que la technique est la traduction du souci des hommes de maîtriser les choses par la raison. Rendre comptable ce qui est subconscient, quantitatif ce qui est qualitatif, souligner d’un gros trait noir les contours de la lumière projetée dans le tumulte de la nature, porter la main sur ce chaos et y mettre de l’ordre.
Dans l’activité intellectuelle, c’est le même effort. Création de la technique intellectuelle pour l’histoire et la biologie en particulier. (...) Tout cela se situe très loin des "sources d’énergie" [référence à Mumford] ; que l’on ne dise pas, d’autre part, que c’est la transformation mécanique qui a permis le reste. En réalité, l’essor mécanique global provenant de l’usage de l’énergie est postérieur à la plupart de ces techniques. Il semblerait même que ce soit l’ordre inverse et que l’apparition des diverses techniques ait été nécessaire pour que puisse évoluer la machine. Et celle-ci n’a certes pas plus d’influence sur la société que l’organisation de la police par exemple."""

Ainsi, "Le grand phénomène n’est pas l’usage du charbon, mais le changement d’attitude de toute une civilisation à l’égard des techniques. Et nous atteignons ici une des questions les plus difficiles : pourquoi, alors que depuis des centaines de siècles le progrès technique est si lent, en un siècle et demi y a-t-il cette brutale efflorescence ? Pourquoi à ce moment historique là, a été possible ce qui ne semblait pas l’être auparavant ? (...) Il est évident, et il faut le dire tout de suite, que la cause dernière nous échappe. Pourquoi les "inventions" ont-elles brusquement jailli de toutes parts dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle ? Voilà une question à laquelle il est impossible de répondre."

Néanmoins, Ellul dégage cinq facteurs qui n'avaient jamais été réunis mais se conjuguent au moment de l'épanouissement technique :

- une très longue maturation ou incubation technique, sans à-coups décisifs, avant l'épanouissement ;

- l'accroissement démographique ;

- la situation du milieu économique ;

- une plasticité presque parfaite de la société, malléable et ouverte à la propagation de la technique ;

- une intention technique claire qui unit toutes les forces à la poursuite de l'objectif technique.

 

La maturation technique :

"Le premier fait n'est pas à négliger : chaque application technique moderne a eu des ancêtres.
L'intérêt de travaux comme ceux de Vierendeel ou de M. Mumford est de montrer cette préparation. Chaque invention a sa racine dans une période technique précédente, et chaque période porte en elle "le résidu insignifiant autant que les survivances valables des technologies passées, et les germes importants des nouvelles". Ce qui apparaît alors comme essentiellement nouveau, c'est la formation d'un "complexe technique". Celui-ci est formé d'après Mumford de séries d'inventions parcellaires se combinant pour former un ensemble, en activité à partir moment où le plus grand nombre de ses parties sont assemblées, et qui a pour tendance de se perfectionner sans cesse. Ainsi, dans cette longue période de 1000 à 1750 environ, il y a eu tout un travail très lent, sans conséquences immédiates, mais qui accumulait en quelque sorte des matériaux dans tous les domaines où il n'y a eu qu'à puiser pour que le miracle technique s'accomplisse. Cette filiation a été particulièrement mise en lumière par Vierendeel ; de même M. Wiener souligne : "il est intéressant de réfléchir sur le fait que chaque outil possède une généalogie et qu'il est issu des outils qui ont servi à le construire." Cette somme gigantesque d'expériences, d'appareils, de recherches a été brusquement utilisée, au terme de cette évolution qui s'est poursuivie à peu près dix siècles sans catastrophe sociale. Cette continuité a certainement joué un grand rôle, car il n'a pas été nécessaire de faire passer le legs technique d'une civilisation à une autre, opération pendant laquelle il se perd toujours une partie des expériences et surtout une partie des forces sociales qui s'appliquent à autre chose qu'à l'invention technique. Or cette continuité se retrouve ans tous les domaines de la technique, aussi bien pour les finances que pour les transports. Si le progrès technique n'apparaît pas à ce moment, c'est que le milieu social n'est absolument pas favorable. Il se fait alors souterrain, mais il se perpétue même pendant des siècles de sommeil, comme le XVIIe. Il fallait cette longue préparation comme support, comme soubassement de la construction qui s'élèvera au XIXe siècle."

 

L'accroissement démographique : "Mais un autre facteur matériel était également nécessaire : l'expansion démographique. Là encore, nous nous trouvons en présence d'un problème bien connu. Depuis deux décennies, les études de démographie, par rapport au développement de la civilisation, ont parfaitement expliqué les relations entre la technique et la population : l'accroissement de celle-ci entraînait un accroissement des besoins qui ne pouvaient être satisfaits que par le développement technique. Et en considérant les choses sous un autre angle, la progression démographique offrait un terrain favorable à la recherche et à l'expansion technique, en fournissant non seulement le marché mais le matériel humain nécessaire."

 

L'aptitude du milieu économique : "La troisième condition est bien mise en lumière par M. Vincent. Pour qu'il y ait progrès technique, le milieu économique doit présenter deux caractères contradictoires : il doit être à la fois stable et en changement. La stabilité concerne les bases de la vie économique, de façon que la recherche primaire technique puisse s'attacher à des objets et des situations bien définies. Mais en même temps, ce milieu économique doit être apte à de grands changements, de façon que les interventions techniques aient la possibilité de s'insérer dans le concret, et que la recherche soit stimulée, alors que la rigidité économique entraîne une régularité d'habitudes qui émousse la faculté d'invention. Or, si nous nous référons aux études sur l'économie de la seconde moitié du XVIIIe siècle, nous constatons qu'elle présentait exactement ces deux caractères contradictoires. Mais, étant donné que tout cela est bien connu, je me contenterai de m'attarder sur les deux autres facteurs habituellement négligés."

 

La plasticité du milieu social

"Car la quatrième condition est peut-être la plus décisive : la plasticité du milieu social qui implique deux faits : la disparition des tabous sociaux et la disparition des groupes sociaux naturels.
Le premier fait se présente sous des formes très diverses selon les sociétés ; dans la civilisation occidentale du XVIIIe siècle, on pouvait en représenter deux grandes catégories : les tabous issus du Christianisme et les tabous sociologiques. Aux premiers se rattachent toutes les idées religieuses et morales, les jugements sur l'activité, la conception de l'homme, les buts proposés à la vie humaine. Nous avons déjà vu que cela s'opposait en fait et en théorie au développement de la technique. Mais lorsque la foi se transforme en préjugé et en idéologie, lorsque l'expérience religieuse personnelle se transforme en institution sociale, alors un durcissement des positions morales se produit qui correspond à la création de véritables tabous. Il ne faut pas toucher à l'ordre naturel et tout ce qui est nouveau est soumis à un jugement d'ordre moral, qui est un préjugé défavorable en réalité. C'est la mentalité populaire créée par le Christianisme au XVIIe siècle en particulier. - A côté, les tabous sociologiques et en particulier la conviction qu'il existe une hiérarchie naturelle, que rien ne peut modifier. La situation de la noblesse et du clergé, et celle du roi surtout, ne peuvent être remises en question. Lorsque l'on commence à le faire au milieu du XVIIIe siècle, on a l'impression de commettre un sacrilège, et la stupeur qui accompagne la mise à mort de Louis XVI est une stupeur religieuse : en réalité le régicide apparaît comme un déicide. Or cette constitution sociale crue et reconnue inconsciemment par tous comme seule possible est un obstacle à la technique : celle-ci est fondamentalement sacrilège, comme nous le verrons. La hiérarchie naturelle fait que l'on ne peut pas s'intéresser à ces arts mécaniques, n'apportant de commodités que pour les classes inférieures. Celles-ci croyant à la hiérarchie naturelle ne sauraient être que soumises et passives ; elles ne cherchent pas à améliorer leur sort. L'important ici n'est pas la réalité des faits : ce n'est pas l'existence de cette hiérarchie, mais la croyance à son caractère naturel et sacré, croyance qui est obstacle à la technique.
La structure même de la société par groupes naturels est aussi un obstacle : les familles sont fortement organisées, les corporations et les groupes d'intérêt collectif, comme Université, Parlement, Confréries et Hôpitaux, sont très individualisés et autonomes. Cela veut dire que l'individu trouve son moyen de vivre, sa protection, sa sécurité, et ses satisfactions intellectuelles ou morales dans des collectivités suffisamment fortes pour répondre à tous ses besoins et suffisamment étroites pour qu'il ne s'y sente pas noyé et perdu. Or ceci suffit à satisfaire l'homme moyen qui n'ira pas chercher la satisfaction de besoins imaginaires alors qu'il a une situation assez stable. Il est réfractaire aux innovations dans la mesure où il vit dans un milieu équilibré, même s'il est matériellement pauvre. Ce fait, qui éclate dans les trente siècles d'histoire que nous connaissons, est méconnu de l'homme moderne qui ignore ce qu'est un milieu social équilibré et le bien que l'on peut en recevoir.
L'homme ressent moins la nécessité de changer sa condition, mais, en outre, l'existence de ces groupes naturels est aussi un obstacle à la propagation de l'invention technique. Il est bien connu, pour les peuples primitifs, que l'invention technique se répand dans certaines aires géographiques selon les liens sociaux à l'intérieur des groupes, mais la diffusion extérieure, le passage d'une frontière sociologique est extrêmement difficile. Ce phénomène subsiste dans toute la société : le fractionnement en groupes fortement constitués est un obstacle à la propagation des inventions. Il en est ainsi dans les corporations. D'ailleurs celles-ci agissaient non seulement spontanément et comme groupe sociologique, mais encore de façon tout à fait volontaire et par leur règlementation. Mais c'est aussi vrai des groupes religieux : par exemple les secrets de fabrication jalousement gardés par les protestants en France au XVIIe siècle. Toute la technique est freinée par ces fractionnements sociaux. Or, on constate la disparition de tous ces obstacles de façon très brutale et simultanée au moment de la Révolution de 1789.
La disparition des tabous religieux et sociologiques correspond à des faits : création de nouvelles religions, affirmation du matérialisme philosophique, suppression des hiérarchies, régicides, lutte contre le clergé. Ces faits agissent puissamment sur la conscience populaire et contribuent à faire effondrer en elle la croyance en ces tabous. Or, au même moment, - et c'est le second événement indiqué plus haut, - nous assistons à la lutte systématique contre tous les groupes naturels sous le couvert de la défense de l'individu ; lutte contre les corporations, contre les communes et le fédéralisme (les Girondins), lutte contre les ordres religieux, lutte contre les libertés parlementaires, universitaires, hospitalières : il n'y a pas de liberté des groupes, mais seulement de l'individu isolé. Mais lutte aussi contre la famille : il est certain que la législation révolutionnaire a provoqué la destruction de la famille, déjà fortement ébranlée par la philosophie et les ardeurs du XVIIIe siècle. Les lois sur le divorce, sur les successions, sur l'autorité paternelle sont ruineuses pour le groupe au profit de l'individu. Malgré tous les retours en arrière, le travail fait ne pourra être réparé. En réalité, nous avons une société atomisée et qui s'atomisera de plus en plus : l'individu reste la seule grandeur sociologique, mais on s'aperçoit que bien loin de lui assurer sa liberté, cela provoque le pire des esclavages.
Cette atomisation confère à la société la plus grande plasticité possible. Et ceci est aussi, du point de vue positif, une condition décisive de la technique : c'est en effet la rupture des groupes sociaux qui permettra les énormes déplacements d'hommes au début du XIXe siècle qui assurent la concentration humaine qu'exige la technique moderne. Arracher l'homme à son milieu, à la campagne, à ses relations, à sa famille, pour l'entasser dans les cités qui n'ont pas encore grandi à la mesure nécessaire, accumuler des milliers d'hommes dans des logements impossibles, dans des lieux de travail insalubre, créer de toutes pièces dans une condition humaine nouvelle un milieu nouveau (on oublie trop souvent que la condition prolétarienne est une création du machinisme industriel), tout cela n'est possible que lorsque l'homme n'est plus qu'un élément rigoureusement isolé ; lorsqu'il n'y a littéralement plus de milieu, de famille de groupe qui puisse résister à la pression du pouvoir économique, avec sa séduction et sa contrainte ; lorsqu'il n'y a déjà presque plus de style de vie propre : le paysan est contraint de quitter sa campagne parce que sa vie y a été détruite.
Voilà l'influence de la plasticité sociale. Sans elle, pas d'évolution technique possible. Dans cette société atomisée, en face de l'individu, il n'y a plus que l'État, qui est fatalement l'autorité suprême, et qui se change aussi bien en autorité toute puissante. Ceci nous donne une société parfaitement malléable et d'une ductilité remarquable au point de vue intellectuel comme au point de vue matériel. Le phénomène technique y a son milieu le plus favorable depuis le début de l'histoire humaine."

 

L'intention technique : "Or, en même temps, coïncidence historique (fortuite ou non, ceci nous dépasse), s'éveille ce que nous avons appelé l'intention technique claire. Dans toutes les autres civilisations, il y a eu un mouvement technique, il y a eu un travail plus ou moins profond dans ce sens, mais on trouve rarement une intention de masse, clairement reconnue et orientant délibérément dans le sens de la technique la société entière.
De 1750 à 1850, "l'invention fait partie du cours normal de la vie. Chacun invente, tout possesseur d'entreprise songe aux moyens de fabriquer plus vite, plus économiquement. Le travail se fait inconsciemment et anonymement. Nulle part et jamais le nombre d'inventions "per capita" n'a été aussi grand qu'aux Etats-Unis dans les années 60" (Giedion).
Peut-être un phénomène semblable s'est-il rencontré aux temps préhistoriques, où par la nécessité le primat technique s'imposait. (...) Mais nous ne rencontrons presque jamais ce qui forme la caractéristique de ce temps : la vue précise des possibilités de la technique, la volonté d'atteindre ses buts, l'application à tous les domaines, l'adhésion de tous à l'évidence de cet objectif. C'est cela qui constitue l'intention technique claire.
D'où vient-elle ? Il est évident qu'un très grand nombre de causes se sont mêlées pour la produire. C'est ici que l'on peut accepter l'influence de la philosophie du XVIIIe siècle renforcée par celle de Hegel puis celle de Marx. Mais il y a eu bien d'autres facteurs, au moins aussi importants. Ce qui en réalité a provoqué ce mouvement général en faveur de la technique, c'est l'intérêt. (...) L'intérêt est le grand mobile de la conscience technique, mais non pas forcément l'intérêt capitaliste ou intérêt d'argent.
Intérêt de l'État d'abord, qui devient conscient à l'époque révolutionnaire. L'État développe la technique industrielle et politique, puis, avec Napoléon, la technique militaire et juridique parce qu'il y trouve un facteur de puissance contre les ennemis du dedans et ceux du dehors. Il protégera alors "les arts et les sciences" (en réalité les techniques), non par grandeur d'âme ou par intérêt pour la civilisation, mais par instinct de puissance.
Après l'État, ce fût la bourgeoisie qui découvrit ce que l'on pouvait tirer d'une technique consciencieusement développée. A la vérité, la bourgeoisie avait été toujours plus ou moins mêlée à la technique. C'est elle qui avait été l'initiatrice des premières techniques financières, puis de l'État moderne. Mais au début du XIXe siècle, elle aperçoit la possibilité de tirer un énorme profit de ce système. D'autant plus que favorisée par l'écrasement "de la morale et de la religion", la bourgeoisie se sent, malgré les paravents idéalistes qu'elle affirme, libre d'exploiter l'homme ; en d'autres termes, elle fait passer les intérêts de la technique, qui se confondent avec les siens propres, avant ceux des hommes qu'il est bien nécessaire de sacrifier pour que la technique progresse. C'est parce que la bourgeoisie gagne de l'argent grâce à la technique que celle-ci devient un de ses objectifs. (...).
Seulement cet intérêt de ma bourgeoisie n'est pas suffisant pour entraîner toute une société. On le voit bien aux réactions populaires contre le progrès. Encore en 1848 l'une des revendications ouvrières est la suppression du machinisme. (...).
Deux faits vont alors jouer pour transformer cette situation, qui est celle du milieu du XIXe siècle. D'une part, il y a K. Marx qui, lui, réhabilite la technique aux yeux des ouvriers. Ce qu'il annonce, c'est que la technique est libératrice. Ceux qui l'utilisent sont les esclavagistes. L'ouvrier n'est pas victime de la technique, mais de ses maîtres.
Il est le premier (non pas à avoir dit) à avoir fait pénétrer cette idée dans les masses. (...) Cette réconciliation de la technique et des masses, œuvre de K. Marx, est décisive dans l'histoire du monde. Mais elle eût été insuffisante pour aboutir à cette conscience de l'objectif technique, à ce "consensus omnium" si elle n'était arrivée juste au moment où ce que l'on appelle les bienfaits de la technique ne s'étaient aussi répandus dans le peuple. Commodités de vie, diminution progressive de la durée du travail, facilités pour les transports et la médecine, possibilités de faire fortune (les Etats-Unis, les colonies), amélioration de l'habitat. Malgré la lenteur de ses progrès, il se produit de 1850 à 1915 un bouleversement prodigieux qui convainct tout le monde de l'excellence de ce mouvement technique qui produit tant de merveilles et qui, en même temps, change la vie des hommes. Et tout cela, Marx l'explique, promet encore mieux, montre la voie à suivre : le fait et l'idée sont pour une fois d'accord. Comment l'opinion pourrait-elle résister ? A ce moment, par intérêt personnel aussi (l'idéal du confort...), les masses adhèrent à la technique ; ainsi l'ensemble de la société est converti. Il est formé une volonté commune d'exploiter au maximum les possibilités de la technique.
Des intérêts divergents (État et individus, bourgeoisie et classe ouvrière) convergent et se réunissent pour glorifier la technique."

 

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