La solitude

il y a 9 minutes, Auger a dit :

Ah, le sujet tabou par excellence : plutôt crever qu'admettre éprouver un sentiment de solitude...

pourquoi donc ? le sentiment de solitude n'a rien de honteux. C'est parfois quelque chose qui s'impose. 

Je ne sais pas : honte, douleur trop forte pour être exprimée, sentiment d'être le seul à éprouver cela, désintérêt pour sa vie intérieure comme si ça ne servait à rien et renvoyait à des tourments adolescents...

il y a 1 minute, Auger a dit :

Je ne sais pas : honte, douleur trop forte pour être exprimée, sentiment d'être le seul à éprouver cela, désintérêt pour sa vie intérieure comme si ça ne servait à rien et renvoyait à des tourments adolescents...

 

J'imagine que tout le monde a ressenti ça au moins une fois dans sa vie. Pour certains c'est plus fréquents que d'autres et même pire... pour certains c'est aussi une réalité bien éloignée des tracas d'adolescence.

Il y a 8 heures, Globure a dit :

Quel est votre rapport à la solitude ?

Je détesterais la solitude. Je me sentirais alors inutile; oui c'est cela, inutile.

J'ai un besoin viscéral de contacts humains (faire de nouvelles rencontres est pour moi un grand bonheur), même si j'apprécie d'avoir des moments rien qu'à moi quand le besoin s'en fait sentir; des moments où je n'ai aucune envie de parler, où j'ai besoin de silence et non de bruit, où j'ai envie de réfléchir tranquillement sans turbulence autour de moi.

Randonner seule, aller au restaurant seule, etc... je n'y trouverais aucun intérêt. J'aime le partage d'émotions lors d'une randonnée, par exemple et tous ces moments vécus avec des personnes dont j'apprécie grandement la compagnie ou des personnes que j'aime.

Ceci étant, je préfère être seule que mal accompagnée; très sélective je suis, j'avoue.

il y a 2 minutes, Auger a dit :

Je ne sais pas : honte, douleur trop forte pour être exprimée, sentiment d'être le seul à éprouver cela, désintérêt pour sa vie intérieure comme si ça ne servait à rien et renvoyait à des tourments adolescents...

 

vous avez l'air de souffrir beaucoup aujourd'hui. c'est ce que je ressens en vous lisant.

Il y a 9 heures, Globure a dit :

Quel est votre rapport à la solitude ?

Comment la vivez vous, est elle choisie ou contrainte ?

J'ai généralement une vie de solitaire mais je ne suis pas misanthrope. La solitude a très vite été une compagne de choix, au début rejetée mais très rapidement devenue essentielle par l'inconfort né du frottement avec mes semblables.

Pourtant je ne suis pas misanthrope. Parois j'apprécie la compagnie des autres homo sapiens, quand je les trouve opportuns  pour de multiples raisons et quand leur présence est très limitée dans le temps.

J'aimerais de temps en temps réduire la distance avec plaisir mais je suis devenu convaincu que notre solitude est essentielle, soulagée, et seulement parfois, par la communication.

je ne suis pas seule, mais j'ai été seule en tant qu'enfant unique et ce n'était pas la famille classique, papa maman et petite fille, c'était arrière grand mère, grand mère et parents, vivant dans un grand appartement, a 2 tortues et d'abord le chien de ma mère, qui est mort le jour de mes 7 ans, et ensuite la chienne que j'ai demandé pour être moins seule, si je passais directement au lycée en 6ième.  je n'avais pas vraiment de camarades et ensuite d' amis, parce que je me suis souvent fait virée.

et je remercie mon compagnon d'avoir compris que je pouvais être mutique pendant des heures quand je lis, chaque jour. Une fois un mec m'a demandé de choisir entre la clope et lui, j'ai choisit la clope. Là si mon mari m'avait demandé de choisir entre lui et les livres... Je ne l'aurais pas épousé, parce que pour moi, les livres, c'est ce qui m'a sauvée.

dès la naissance, j'ai été seule. Direct en couveuse pour un certain temps, parce que pas finie... Et après, j'ai été étouffée par leur peur que je meurs, à tous ces gens de différentes générations qui vivaient avec moi... pas le droit de faire du vélo, pas le droit de sortir quand il neigeait, parce que j'étais fragile des bronches etc... J'ai su lire jeune, et du coup, plutôt que les bouquins débiles pour mômes de l'époque, j'ai attaqué la bibliothèque de la famille à 6 ans

cette chanson résume bien ma pensée et ma vie 

Il y a 14 heures, Axo lotl a dit :

vous avez l'air de souffrir beaucoup aujourd'hui. c'est ce que je ressens en vous lisant.

Je te remercie - sincèrement - de ta sollicitude.

Mais, au-delà de mon cas personnel qui est de peu d'importance - je souhaitais surtout (modestement j'espère) lever un tabou sur la solitude, réelle ou "ressentie".

Alors, je sais bien, nous sommes tous heureux, nous débordons tous d'amour partagé, les vacances se passent super bien, les dimanches sont remplis d'activités et de rencontres : bref, nos vies doivent être pleines comme des œufs durs.

Du coup, celui (celle) qui arrive en proclamant que sa vie n'est pas tout à fait comme ça, il nous renvoie à une forme de réalité niée ou cachée, alors on le rejette, on ne l'écoute pas, ou on se demande pourquoi il semble souffrir autant...

C'est contre ça que je voudrais me battre (et contre lequel je me bats humblement tous les jours), contre ce déni de réalité de nos vies quotidiennes, et on a le droit d'évoquer l'ennui, la frustration, le désamour, la... solitude... sans être, au fond, si différent des autres. Ces autres qui n'osent peut-être pas exprimer qu'ils ressentent la même chose : alors peut-être qu'en libérant sa propre parole, on peut aider à libérer la parole d'autrui.

Sur ces bonnes paroles : bonne journée !

il y a 2 minutes, Auger a dit :

Je te remercie - sincèrement - de ta sollicitude.

Mais, au-delà de mon cas personnel qui est de peu d'importance - je souhaitais surtout (modestement j'espère) lever un tabou sur la solitude, réelle ou "ressentie".

Alors, je sais bien, nous sommes tous heureux, nous débordons tous d'amour partagé, les vacances se passent super bien, les dimanches sont remplis d'activités et de rencontres : bref, nos vies doivent être pleines comme des œufs durs.

Du coup, celui (celle) qui arrive en proclament que sa vie n'est pas tout à fait comme ça, il nous renvoie à une forme de réalité niée ou cachée, alors on le rejette, on ne l'écoute pas, ou on se demande pourquoi il semble souffrir autant...

C'est contre ça que je voudrais me battre (et contre lequel je me bats humblement tous les jours), contre ce déni de réalité de nos vies quotidiennes, et on a le droit d'évoquer l'ennui, la frustration, le désamour, la... solitude... sans être, au fond, si différent des autres. Ces autres qui n'osent peut-être pas exprimer qu'ils ressentent la même chose : alors peut-être qu'en libérant sa propre parole, on peut aider à libérer la parole d'autrui.

Sur ces bonnes paroles : bonne journée !

Votre témoignage est important, ce que vous ressentez aussi.

Je suis d'accord avec vous. En ce qui me concerne cete injonction au bonheur, au courage, a la résilience est devenue insupportable. Toutes ces injonctions sont devenues encore plus pesantes depuis le premier confinement. Le sentiment de honte, d'être inapte, d'être à la ramasse et sans valeur augmente proportionnellement.

C'est un peu comme lorsque des gens se noient, certains appuient sur la tête du voisin pour survivre. J ai parfois l'impression que ceux qui se disent "forts" le sont parce qu ils appuient sur la tête de ceux qui osent se dire en souffrance. 

Bonne journée à vous.

On a tous nos problèmes, nos difficultés, c'est certain, même les plus chanceux, mais tout le monde ne souffre pas de trop de solitude pour autant. Et il est possible aussi d'ailleurs de souffrir d'être au contraire trop "étouffé.e" par des personnes de notre entourage, ou d'avoir trop peu de temps pour soi. Ce n'est certainement pas très rare non plus.

Mais d'après l'étude jointe environ 20% de la population souffre ou ressent souvent plus ou moins de solitude en 2022, soit une personne sur 5, qu'elle soit ou non dans une situation d'isolement social. Ceci dit l'ampleur du besoin ou de l'envie de compagnie varie d'une personne à l'autre.

Citation

En 2022, une personne sur cinq se sent régulièrement seule

Autre enseignement de l’étude : si l’isolement recule, le sentiment de solitude est ressenti par 20 % de la population des plus de 15 ans, un chiffre qui ne baisse pas malgré la fin de la pandémie. L’existence d’une vie sociale ne protège pas du sentiment de solitude : 17 % des personnes objectivement entourées, disposant de deux réseaux de sociabilité ou plus, affirment se sentir seules « tous les jours ou presque » ou « souvent ». Le sentiment de solitude fait souffrir 80 % de ceux qui l’éprouvent, soit 9 millions de personnes en France.

https://www.fondationdefrance.org/fr/les-solitudes-en-france/solitudes-2023

Il y a 1 heure, Auger a dit :

Du coup, celui (celle) qui arrive en proclamant que sa vie n'est pas tout à fait comme ça, il nous renvoie à une forme de réalité niée ou cachée, alors on le rejette, on ne l'écoute pas, ou on se demande pourquoi il semble souffrir autant...

C'est contre ça que je voudrais me battre (et contre lequel je me bats humblement tous les jours), contre ce déni de réalité de nos vies quotidiennes et on a le droit d'évoquer l'ennui, la frustration, le désamour, la... solitude... sans être, au fond, si différent des autres. Ces autres qui n'osent peut-être pas exprimer qu'ils ressentent la même chose : alors peut-être qu'en libérant sa propre parole, on peut aider à libérer la parole d'autrui.

Bien sûr que l'on a le "droit" d'en parler, qu'il FAUT en parler car elle existe bel et bien la solitude, pour un grand nombre de personnes et notamment pour de nombreuses personnes âgées.

La solitude, non la mienne mais celle des autres, j'y suis confrontée chaque jour dans mon boulot d'auxiliaire de vie auprès de personnes âgées (dans le cadre du maintien à domicile), tant de vieilles gens en souffrant, arrivées à la fin de l'hiver de leur vie (de nombreux nonagénaires parmi nos bénéficiaires) et elle est terrible, la solitude dont elles souffrent; elle leur fait dire cette parole terrible: "je n'ai plus L'envie", l'envie de rien et pourtant il leur faut continuer à se lever chaque matin, à se nourrir, à se laver...

Être présente auprès d'elles lors de ces moments-là et prendre le temps de les écouter (même quand elles radotent, répétant toujours un peu les mêmes choses) leur permet de se sentir moins seules, surtout celles n'ayant que de rares visites de leurs proches et chacun "y gagne", si je puis dire; ces personnes en se sentant moins seules lors de "nos" (celles de mes collègues et les miennes) interventions souvent journalières et moi, en me rendant auprès d'elles.

La solitude, on peut la ressentir à tout âge mais parfois elle n'est que ponctuelle fort heureusement, lorsque l'on ressent "un moment de grande solitude" quand on se sent incompris à des moments donnés par exemple, ou bien quand on est en compagnie de personnes auprès desquelles on ne se sent pas à l'aise ou que l'on n'apprécie pas.

Chez certaines personnes (dont toi, d'après ce que tu nous as donné à lire), elle est plus profonde et éprouvante à vivre au quotidien. La solitude, vaste sujet... si vaste sujet, chacun ayant la sienne propre juste ponctuellement ou bien persistante et découlant sur un mal-être existentiel.

Certains autres la recherchent pour x ou y raison ne concernant qu'eux, la solitude.

il y a 16 minutes, Passiflore a dit :

 

Bien sûr que l'on a le "droit" d'en parler, qu'il FAUT en parler car elle existe bel et bien la solitude, pour un grand nombre de personnes et notamment pour de nombreuses personnes âgées.

La solitude, non la mienne mais celle des autres, j'y suis confrontée chaque jour dans mon boulot d'auxiliaire de vie auprès de personnes âgées (dans le cadre du maintien à domicile), tant de vieilles gens en souffrant, arrivées à la fin de l'hiver de leur vie (de nombreux nonagénaires parmi nos bénéficiaires) et elle est terrible, la solitude dont elles souffrent; elle leur fait dire cette parole terrible: "je n'ai plus L'envie", l'envie de rien et pourtant il leur faut continuer à se lever chaque matin, à se nourrir, à se laver...

Être présente auprès d'elles lors de ces moments-là et prendre le temps de les écouter (même quand elles radotent, répétant toujours un peu les mêmes choses) leur permet de se sentir moins seules, surtout celles n'ayant que de rares visites de leurs proches et chacun "y gagne", si je puis dire; ces personnes en se sentant moins seules lors de "nos" (celles de mes collègues et les miennes) interventions souvent journalières et moi, en me rendant auprès d'elles.

 

La solitude, on peut la ressentir à tout âge mais parfois elle n'est que ponctuelle fort heureusement, lorsque l'on ressent "un moment de grande solitude" quand on se sent incompris à des moments donnés par exemple, ou bien quand on est en compagnie de personnes auprès desquelles on ne se sent pas à l'aise ou que l'on n'apprécie pas.

 

Chez certaines personnes (dont toi, d'après ce que tu nous as donné à lire), elle est plus profonde et éprouvante à vivre au quotidien. La solitude, vaste sujet... si vaste sujet, chacun ayant la sienne propre juste ponctuellement ou bien persistante et découlant sur un mal-être existentiel.

Certains autres la recherchent pour x ou y raison ne concernant qu'eux, la solitude.

Merci pour ton témoignage.

à l’instant, Auger a dit :

Merci pour ton témoignage.

Merci à toi pour le tien ! 

@Auger, est ce qu avec votre sentiment de solitude est associée un sentiment d'exclusion ou de rejet  ?

Évidemment ne vous sentez pas obligé de répondre.

il y a 2 minutes, Axo lotl a dit :

@Auger, est ce qu avec votre sentiment de solitude est associée un sentiment d'exclusion ou de rejet  ?

Évidemment ne vous sentez pas obligé de répondre.

 

Il n'est pas trop dans mon tempérament de tourner autour du pot, aussi vais-je te répondre franchement : oui, à 100 % ! 

il y a 1 minute, Auger a dit :

Il n'est pas trop dans mon tempérament de tourner autour du pot, aussi vais-je te répondre franchement : oui, à 100 % ! 

Vous faites comment vous pour supporter tout ça ?

il y a 3 minutes, Auger a dit :

Il n'est pas trop dans mon tempérament de tourner autour du pot, aussi vais-je te répondre franchement : oui, à 100 % ! 

Il y a 2 heures, Auger a dit :

C'est contre ça que je voudrais me battre (et contre lequel je me bats humblement tous les jours)

Comment ?

solitude = rejet , quelque part c'est automatique 

Rejet car different dans ses façons d'être , de pensées , son mode de vie 

La différence fait toujours peur et une personne solitaire passe souvent pour un ours 

Même si cette personne préfére rester solitaire 

Quelqu'un de solitaire peut être quelqu'un qui s'est renfermé justement a cause de l'exclusion systématique .

Sortir de cette solitude fait prendre des risques alors pourquoi sortir de sa zone de confort ?