Un long et déchirant adieu

Une rubrique nostalgique ouverte par Querida, afin de dire adieu à la terre avant le grand saut dans l'inconnu ou le néant! (je sais c'est pas drôle, mais ça aura le mérite d'être original!)

 Lettre 1/

Je sens depuis un certain temps déjà , une fatigue profonde s'installer dans mon corps. Rien ne m'a été épargné: les veilles, les longues marches, les ennuyeuses démarches, les courses , le ménage, la cuisine, la gestion du linge,  les voyages, la pratique des sports, les trajets, la double journée, les vacances qui n'en sont pas (je déteste le farniente qui m'ennuie ou m'impatiente), l'incroyable défilé des autres dans ma vie, la gestion des équipes, les visites chez le garagiste, les dîners mondains ou amicaux, les célébrations familiales, les deuils, les chagrins, les renoncements, le règlement des affaires, l'élévation de mes enfants (et des enfants des autres),  les déménagements, la décoration, la gestion de mon look, la gestion de mes ressources, le management  de ma santé, qui n'a guère été ménagée et celle de mon couple. 

Me voilà  donc à la retraite, certains le voient comme du temps libre où l'on fait ce que l'on veut, mais je sais que c'est un peu l'antichambre de la mort et l'on est comme la petite chèvre de monsieur Seguin qui voit approcher la nuit et le loup et on se dit :"déjà"!...Ce n'est pas gai, je le sais d'autant plus que si je vis comme les grands centenaires comme Jeanne Calment morte à 122 ans, je ne suis qu'à la moitié de ma vie et pas encore au bout de mes peines!  Mais que voulez-vous: La Camarde nous fauche quand elle veut mais elle semble en oublier certains, parfois!

Avec l'âge, certaines douleurs s'installent. Hier, j'ai fait un tour à la foire de Marseille; J'ai vu beaucoup de belles et  et bonnes choses , j' en ai acheté quelques unes, la balade a été longue et à la fin de la sortie, ma vieille ennemie la souffrance s'est rappelée à mon souvenir. Un jour, mon coeur ne la supportera plus et s'arrêtera de battre. Et j'aurai terminé de faire ce qui me semblait normal d'exécuter depuis tant de temps.

Autrefois, le moribond faisait de longs adieux au soleil, astre flamboyant qui avait éclairé chacun de ses jours. Mais voilà, dire adieu au soleil ne m'intéresse guère car c'est la terre qui m'a tout appris et apporté tant de bonheurs et de malheurs, tant de boire et de déboires . Alors voilà...Un vibrant hommage , comme un chant du cygne...

il y a 7 minutes, querida13 a dit :

Me voilà  donc à la retraite, certains le voient comme du temps libre où l'on fait ce que l'on veut, mais je sais que c'est un peu l'antichambre

Ouais je le vois également comme toi. Ca me donne pas du tout envie. Surtout si je suis toujours célibataire à cette époque.
Bon que dire sinon, bon courage.

Faites donc preuve d' optimisme et envisagez plutôt ce grand saut dans l'inconnu comme une ultime séance de benji, certes sans élastique pour une fois, mais ce qui en fera une expérience d'autant plus excitante ...

il y a une heure, querida13 a dit :

si je vis comme les grands centenaires comme Jeanne Calment morte à 122 ans, je ne suis qu'à la moitié de ma vie

Attend, tu n'as que 61 ans ? Et depuis tout ce temps tu te fais passer pour une vieille , tu te fous de la gueule du monde 

Deuxième lettre/

Cependant, dans les rubriques nécrologiques qui passent parfois devant mes yeux, je vois bien des gens qui passent devant moi  et qui font le grand saut (sans élastique) dans le plus grand des désordres: des nourrissons qui, à peine nés quittent la vie, des petits enfants, des jeunes gens, des matures plus jeunes que moi et surtout des gens de ma décennie de naissance, comme Priscilla Presley, morte à 54 ans. ou comme Whitney Houston morte à 49 ans. ou comme Lady Diana à 36 ans ...Des plus beaux, des plus frais, des plus célèbres, des plus riches,  mais des plus moches, des plus usés, des inconnus, des plus pauvres aussi...C'est à n'y rien comprendre! On peut dire qu'on en a vu, des  macchabées défiler au musée des horreurs , au journal de 20 heures, aux éditions spéciales, dans les films d'horreur, aux spectacles et dans la vie courante.

 En attendant, en ce qui nous concerne tous, quand on vieillit, (et dites vous bien que ce n'est pas donné à tout le monde!) c'est le corps qui dicte sa loi: les cheveux blanchissent, on ne sort plus sans ses lunettes, les dents deviennent des chicots, la main  et les avant bras se tachent, on découvre chaque jour une ride nouvelle sur son visage, les hormones se débinent, les bras se vident, les doigts deviennent noueux,  les articulations deviennent douloureuses, on s'essouffle, on devient un peu plus distrait, plus fatigable,  il y a des jours qui vous rendent las comme un vieillard de cent ans et d'autres qui vous rendent aussi dynamique qu'un jeunot de 20 ans, de toute évidence vous ne récupérez pas aussi vite  que dans votre jeunesse....Bienvenue dans le monde  des seniors!

Il y a 1 heure, querida13 a dit :

Une rubrique nostalgique ouverte par Querida, afin de dire adieu à la terre avant le grand saut dans l'inconnu ou le néant! (je sais c'est pas drôle, mais ça aura le mérite d'être original!)

 

 Lettre 1/

Je sens depuis un certain temps déjà , une fatigue profonde s'installer dans mon corps. Rien ne m'a été épargné: les veilles, les longues marches, les ennuyeuses démarches, les courses , le ménage, la cuisine, la gestion du linge,  les voyages, la pratique des sports, les trajets, la double journée, les vacances qui n'en sont pas (je déteste le farniente qui m'ennuie ou m'impatiente), l'incroyable défilé des autres dans ma vie, la gestion des équipes, les visites chez le garagiste, les dîners mondains ou amicaux, les célébrations familiales, les deuils, les chagrins, les renoncements, le règlement des affaires, l'élévation de mes enfants (et des enfants des autres),  les déménagements, la décoration, la gestion de mon look, la gestion de mes ressources, le management  de ma santé, qui n'a guère été ménagée et celle de mon couple. 

Me voilà  donc à la retraite, certains le voient comme du temps libre où l'on fait ce que l'on veut, mais je sais que c'est un peu l'antichambre de la mort et l'on est comme la petite chèvre de monsieur Seguin qui voit approcher la nuit et le loup et on se dit :"déjà"!...Ce n'est pas gai, je le sais d'autant plus que si je vis comme les grands centenaires comme Jeanne Calment morte à 122 ans, je ne suis qu'à la moitié de ma vie et pas encore au bout de mes peines!  Mais que voulez-vous: La Camarde nous fauche quand elle veut mais elle semble en oublier certains, parfois!

Avec l'âge, certaines douleurs s'installent. Hier, j'ai fait un tour à la foire de Marseille; J'ai vu beaucoup de belles et  et bonnes choses , j' en ai acheté quelques unes, la balade a été longue et à la fin de la sortie, ma vieille ennemie la souffrance s'est rappelée à mon souvenir. Un jour, mon coeur ne la supportera plus et s'arrêtera de battre. Et j'aurai terminé de faire ce qui me semblait normal d'exécuter depuis tant de temps.

Autrefois, le moribond faisait de longs adieux au soleil, astre flamboyant qui avait éclairé chacun de ses jours. Mais voilà, dire adieu au soleil ne m'intéresse guère car c'est la terre qui m'a tout appris et apporté tant de bonheurs et de malheurs, tant de boire et de déboires . Alors voilà...Un vibrant hommage , comme un chant du cygne...

 

Un coup de Calgon , ça va se passer 

Alors avec le temps on aime plus ?

Lettre 3/

Si l'on considère que la mort est l'extinction de tous les sens, d'un système nerveux , d'un cerveau et d'un coeur, si avec la vie nous avons eu accès à la jouissance de tout un monde, avec la mort, nous y renonçons. 

Dans un film, le héros mourant disait: "adieu, monde cruel". Or, moi, non, désolée, je ne peux me résoudre à ne définir un monde, surtout celui- ci, à sa simple cruauté parce que, si cruelle que soit la mort, on ne meurt qu'une fois.

 En revanche, lorsqu'on renonce à vivre, on perd tout ce que ce monde nous a donné et l'on peut perdre peu comme l'on peut perdre beaucoup. J'imagine sans peine qu'un enfant élevé par une famille dysfonctionnelle qui l'enferme dans un placard, le torture et ne lui donne guère à manger, se laisse aller à mourir: il n'a rien à perdre...Malheureusement ce genre de faits divers réapparait de temps en temps dans les journaux à sensation. L'enfant dont le champ d'expérience est restreint, n'aura obtenu dans la vie que ce qu'il y a de pire. Mais pour beaucoup ici, la vie ne se résume pas à une existence  au fond d'une caverne sombre.

Chacun de nous a eu un champ d'expérience divers, différent, plus ou moins étendu...ou inattendu...Il faut avoir frôlé la mort, ou l'avoir vue de près pour se dire qu'un moment de votre vie, cela a failli être la fin de l'expérience que vous avez menée dans ce corps, avec cette chair, cette apparence -là, dans ce monde et que vous avez failli retourner à la case départ: à la poussière originelle, à la refonte, à la terre mère.

“On commence à vieillir quand on finit d'apprendre.”

Proverbe japonais

Eh ben c'est pas la joie...

@querida13

Que c'est beau et   bien écrit.

Je suis émerveillé par tant de lucidité.

Mais moi aussi, je peux faire trois lettres : A, B et C. Voilà. On notera qu'elles sont différentes et qu'il y a une voyelle.

Lettre 4/

Ah, la terre!

Certains la retournent, d'autres la bétonnent, d'autres la cultivent, d'autres la fouillent à la recherche de trésors, d'autres encore la bombardent pour la conquérir alors que quoi qu'on fasse, c'est toujours elle qui finit par nous avaler, vaincus!

Ah, la Terre!

Si insignifiante, petite bille bleue translucide au milieu d'un tas de poussières  et de gaz qui sont d'autres planètes, d'autres étoiles d'autres satellites et pourtant si belle, si étrange, si créative, si dangereuse, si imprévisible, si particulière, si merveilleuse!

 Ah, la terre!

 Ses forêts, ses montagnes, ses plateaux, ses plaines, ses lacs et ses rivières, ses étangs , ses marais, ses mers et ses océans! Ses créatures, ses oiseaux, ses animaux , ses insectes, ses fleurs, ses plantes, la diversité de ses roches, la beauté de ses métaux et gemmes...

 Ah, la terre!

 Ses cieux changeants, ses couchers de soleil, ses aubes laiteuses, ses nuages mouvants, son atmosphère, ses îles battues de vagues, ses pics, ces caps? que dis-je, ses péninsules, ses falaises, ses côtes , ses chemins creux bordés de fleurs, sa neige de fleurs de givre tombant du ciel...

 O oui, toi, Terre, quand mon âme sera rendue à l'univers, sais-tu à quel point  tu vas me manquer?

Sais-tu quelle gratitude j'éprouve pour avoir eu l'honneur de te connaître?

Ambiance, ambiance.

il y a 21 minutes, querida13 a dit :

 

 O oui, toi, Terre, quand mon âme sera rendue à l'univers, sais-tu à quel point  tu vas me manquer?

Sais-tu quelle gratitude j'éprouve pour avoir eu l'honneur de te connaître?

Je réitère, ce propos est magnifique.

L’être humain était issu de l’utérus de la Terre Mère mais il ne savait pas, ou n’admit pas, qu’il lui devait la vie. Dans son égotisme, il a cherché sa raison d’être dans l’infini, et de ses efforts est née la triste doctrine qu’elle n’était qu’un lieu de repos temporaire pour ses pieds méprisants et qu’elle ne représentait rien pour lui, sinon la tentation de s’avilir. Des interprètes et des prophètes surgirent, créant « l’Au-Delà » et proclamant le Ciel et l’Enfer, entre lesquels se tient le pauvre être humain tremblant, tourmenté par ce montre né prêtre, la Conscience.

Dans ce système effrayant, les dieux et les démons se faisaient une guerre éternelle dans laquelle le misérable être humain était l’enjeu de la victoire. ; et le prêtre, interprète autoproclamé de la volonté des dieux, se tenait devant le seul refuge contre le mal et exigeait, comme prix d’entrée, l’ignorance, l’ascétisme, l’auto abnégation qui ne pouvaient se conclure que par la complète soumission de l’être humain à la superstition. On lui avait dit que le Paradis, le refuge, était l’antithèse même de la Terre, source du péché. Pour gagner sa place au Paradis, l’être humain a dévasté la Terre. Pourtant elle se renouvelait, la bonne mère, et revenait chaque printemps, radieuse dans sa jeune beauté, appelant ses enfants à venir se blottir sur sa poitrine et prendre part à son abondance. Mais l’air était toujours envahi d’une obscurité méphitique et on entendait toujours une voix creuse proférant » Ne touchez pas les belles formes de la sorcière elle conduit au péché ! »

Mais si les prêtres décriaient la Terre, d’autres y trouvèrent une source de pouvoir et prirent possession d’elle. Puis il se trouva que les autocrates des portes du Paradis joignirent leurs forces aux pouvoirs qui avaient pris possession de la Terre ; et l’humanité commença sa marche monotone et erratique. Mais la bonne mère voit les pieds ensanglantés de ses enfants, elle entend leurs gémissements et elle leur rappelle toujours qu’elle leur appartient .

Éditorial de Mother Earth Vol.1 No. 1 pp. 1 Mars, 1906.

@querida13  ( J'espère ne pas polluer votre fil en publiant cela, dans le cas contraire, j'édite).

C 'est ce  que m'a inspiré votre précédent propos.

"Long et déchirant adieu" que ma soeur aînée, à seulement quelques jours de ses 85ans, a fait hier à 20h!

Comme quoi...

Il y a 20 heures, Kid_Ordinn a dit :

“On commence à vieillir quand on finit d'apprendre.”

Proverbe japonais

Exact ! Moi, j'en suis à "Bac plus 58" !

bonjour,

toute interprétation de la vie et de sa fin , est purement intellectuelle...

la vie est une pure ambition, et nôtre "animal" ne connait que l'instinct de survie.

Ce qui évoque, même pour les grands prix Nobel de la paix, nos stratégies guerrières,

conscientes ou inconscientes, pour exister.

j'ai choisi de croire que la vie est un jeu, avec ses règles, ses joies, ses peines ;

avec toutes sortes de handicapes (physiques et moraux ) ...

un voyage, avec ce que nous sommes, un pays, un univers, et notre sens de la liberté ...

Il y a 21 heures, Morfou a dit :

"Long et déchirant adieu" que ma soeur aînée, à seulement quelques jours de ses 85ans, a fait hier à 20h!

Comme quoi...

 

 Toutes mes Condoléances,  Morfou...

Il y a 4 heures, Good Venins a dit :

bonjour,

toute interprétation de la vie et de sa fin , est purement intellectuelle...

la vie est une pure ambition, et nôtre "animal" ne connait que l'instinct de survie.

Ce qui évoque, même pour les grands prix Nobel de la paix, nos stratégies guerrières,

conscientes ou inconscientes, pour exister.

j'ai choisi de croire que la vie est un jeu, avec ses règles, ses joies, ses peines ;

avec toutes sortes de handicapes (physiques et moraux ) ...

un voyage, avec ce que nous sommes, un pays, un univers, et notre sens de la liberté ...

Pour ceux qui vivent le handicap, le jeu n'est pas drôle!

Il y a 6 heures, Blaquière a dit :

Exact ! Moi, j'en suis à "Bac plus 58" !

Moi , je suis allée à l'école jusqu'à la retraite!