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Loufiat

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
Posté(e)

La conclusion s'impose, je ne veux plus participer à ce monde. Je ne compte pas mourir car la vie reste une bénédiction et j'aime infiniment mes proches et mes semblables. Mais je dois abandonner toute forme de normalité, ce commerce tel qu'il est réglé entre nous car je refuse ce qu'il implique.

Dans quelques semaines, quelques mois au plus je partirai avec le minimum, pour parcourir ce pays et rencontrer ses habitants, les servir sans rien espérer que les conditions de la survie immédiate. Je m'illusionne certainement, auquel cas je crèverai la bouche ouverte dans la fange. Advienne que pourra : j'aurai essayé.

Au plaisir, d'ici là, de discuter principes ou préparatifs avec qui voudra.

(En philo, parce qu'il est question au fond de mettre ses actes d'aplomb avec ses idées, et aussi de ce qui est impliqué par la vie en société aujourd'hui.)

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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
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Posté(e)
il y a 2 minutes, Loufiat a dit :

La conclusion s'impose, je ne veux plus participer à ce monde. Je ne compte pas mourir car la vie reste une bénédiction et j'aime infiniment mes proches et mes semblables. Mais je dois abandonner toute forme de normalité, ce commerce tel qu'il est réglé entre nous car je refuse ce qu'il implique.

Dans quelques semaines, quelques mois au plus je partirai avec le minimum, pour parcourir ce pays et rencontrer ses habitants, les servir sans rien espérer que les conditions de la survie immédiate. Je m'illusionne certainement, auquel cas je crèverai la bouche ouverte dans la fange. Advienne que pourra : j'aurai essayé.

Au plaisir, d'ici là, de discuter principes ou préparatifs avec qui voudra.

(En philo, parce qu'il est question au fond de mettre ses actes d'aplomb avec ses idées, et aussi de ce qui est impliqué par la vie en société aujourd'hui.)

Je vous souhaite une quête positive.

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Membre, Talon 1, 79ans Posté(e)
Talon 1 Membre 23 940 messages
79ans‚ Talon 1,
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C'est de la désertion. Il ne sied pas de critiquer ce dont on use tous les jours. Vous partez ? Qui a fait le sac et ce qu'il contient ? Qui a construit la route ?

"On ne doit rien à celui qui prétend ne rien devoir à personne." JJ Rousseau

Améliorez le monde selon vos moyens.

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
Posté(e)
il y a 5 minutes, Talon 1 a dit :

C'est de la désertion. Il ne sied pas de critiquer ce dont on use tous les jours. Vous partez ? Qui a fait le sac et ce qu'il contient ? Qui a construit la route ?

"On ne doit rien à celui qui prétend ne rien devoir à personne." JJ Rousseau

Améliorez le monde selon vos moyens.

On ne saurait critiquer en connaissance de cause que ce dont on use en effet. Autrement, c'est de la justification. Le besoin de justification est le second le plus pressant chez l'être humain, tout de suite après et en proportion de l'appétit de puissance. 

Je dois tout à autrui. Au niveau familial, je prétends être le seul d'entre nous à pouvoir faire ce geste. Les autres ne le peuvent pas, mais je dois le faire aussi pour eux. C'est ainsi que j'améliorerai le monde selon mes moyens.

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Membre, Posté(e)
system3 Membre 625 messages
Forumeur expérimenté‚
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Intéressant. Tu prends des bouquins avec toi ? Si tu devais en prendre un seul ça serait lequel ?

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
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il y a 20 minutes, system3 a dit :

Intéressant. Tu prends des bouquins avec toi ? Si tu devais en prendre un seul ça serait lequel ?

Je ne pense pas en prendre non, seulement des cartes. Les bouquins, la grande majorité ira à une bibliothèque universitaire, les livres rares resteront dans la famille et puis il y aura les livres spéciaux pour telle ou tel. Toi, lequel tu me conseillerais d'emporter ? Qu'est-ce que tu prendrais toi-même, si tu devais ?

il y a 17 minutes, Virtuose_en_carnage a dit :

Nous parlons de quel monde ici? Le monde social de l'être humain?

Je refuse le monde qui s'avance, qui progresse et fait sauter tous les verrous depuis un demi-siècle. C'est un monde de nécessités que nous transformons en vertus, ce qui fait de nous des hypocrites. En cela, nous sommes constants. Mais en réalité, ce n'est pas le monde social de l'être humain, car ceci est encore sauvage, insaisissable, contrairement à la réalité qui est en train de phagocyter ce monde social de l'être humain, qui s'en nourrit et le transforme, à l'intérieur, en un vaste camp de concentration, et à l'extérieur en un désert aride.

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Membre, Posté(e)
system3 Membre 625 messages
Forumeur expérimenté‚
Posté(e)
il y a 32 minutes, Loufiat a dit :

Je ne pense pas en prendre non, seulement des cartes. Les bouquins, la grande majorité ira à une bibliothèque universitaire, les livres rares resteront dans la famille et puis il y aura les livres spéciaux pour telle ou tel. Toi, lequel tu me conseillerais d'emporter ? Qu'est-ce que tu prendrais toi-même, si tu devais ?

De toute façon les livres tu peux les avoir en version numérique sur une tablette. 

Moi je te conseille "Ainsi parlait Zarathoustra" de Nietzsche, mais je dirais que c'est à double tranchant si t'arrives à  entrer en communion avec le livre car soit ça va te permettre de devenir un Über-homme soit ça te fera la même chose que ça a fait à Nietzsche vers ses 40 ans... il faut avoir les reins solides.

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
Posté(e)
il y a 4 minutes, system3 a dit :

De toute façon les livres tu peux les avoir en version numérique sur une tablette. 

Oui mais la tablette est exclue. De toute façon, j'ai déjà beaucoup lu et n'en suis sorti réellement moins bête qu'à de très rares exceptions. "A l'impossible nul n'est tenu." Si vraiment il fallait en emporter un, mon choix porterait sur les sagesses antiques, voire un dictionnaire.   

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Membre, 156ans Posté(e)
Don Juan Membre 2 916 messages
Mentor‚ 156ans‚
Posté(e)
Il y a 4 heures, Loufiat a dit :

La conclusion s'impose, je ne veux plus participer à ce monde. Je ne compte pas mourir car la vie reste une bénédiction et j'aime infiniment mes proches et mes semblables. Mais je dois abandonner toute forme de normalité, ce commerce tel qu'il est réglé entre nous car je refuse ce qu'il implique.

Dans quelques semaines, quelques mois au plus je partirai avec le minimum, pour parcourir ce pays et rencontrer ses habitants, les servir sans rien espérer que les conditions de la survie immédiate. Je m'illusionne certainement, auquel cas je crèverai la bouche ouverte dans la fange. Advienne que pourra : j'aurai essayé.

Au plaisir, d'ici là, de discuter principes ou préparatifs avec qui voudra.

(En philo, parce qu'il est question au fond de mettre ses actes d'aplomb avec ses idées, et aussi de ce qui est impliqué par la vie en société aujourd'hui.)

Si je comprends bien, il ne s'agit pas d'un voyage sur les routes, il ne s'agit pas d'un déplacement de l'être, même si ça en a toutes les apparences. Il doit s'agir du plus long voyage, de celui qui ne finit jamais, peu importe les directions, peu importe les paysages, peu importe même le goût de l'eau et de la terre, rencontrer les autres n'est qu'un prétexte à la rencontre de soi, non ?

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Membre, 35ans Posté(e)
Virtuose_en_carnage Membre 6 610 messages
Maitre des forums‚ 35ans‚
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il y a une heure, Loufiat a dit :

Je refuse le monde qui s'avance, qui progresse et fait sauter tous les verrous depuis un demi-siècle. C'est un monde de nécessités que nous transformons en vertus, ce qui fait de nous des hypocrites. En cela, nous sommes constants. Mais en réalité, ce n'est pas le monde social de l'être humain, car ceci est encore sauvage, insaisissable, contrairement à la réalité qui est en train de phagocyter ce monde social de l'être humain, qui s'en nourrit et le transforme, à l'intérieur, en un vaste camp de concentration, et à l'extérieur en un désert aride.

Le monde réel peut-il être autre chose que coercitif? N'idéalise-t-on pas les mondes passés?

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
Posté(e)
il y a 33 minutes, Don Juan a dit :

Si je comprends bien, il ne s'agit pas d'un voyage sur les routes, il ne s'agit pas d'un déplacement de l'être, même si ça en a toutes les apparences. Il doit s'agir du plus long voyage, de celui qui ne finit jamais, peu importe les directions, peu importe les paysages, peu importe même le goût de l'eau et de la terre, rencontrer les autres n'est qu'un prétexte à la rencontre de soi, non ?

J'aimerais que ce soit aussi clair, je voudrais pouvoir dire "oui !". Mais je ne suis pas sûr de ce que tu appelles la rencontre de soi ? Et à contrario quelle expérience, quelle vie ne serait pas, ou éloignerait de la rencontre de soi. Soi, j'ai l'impression que c'est ce que je trouverai dans tous les cas, où que se tourne mon regard. Au contraire il s'agit bien d'un exil, d'un départ et d'une rupture. Une rencontre avec un autre soi alors, peut-être.

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Membre, 8ans Posté(e)
bouddean Membre 11 480 messages
Maitre des forums‚ 8ans‚
Posté(e)
Il y a 6 heures, Loufiat a dit :

La conclusion s'impose, je ne veux plus participer à ce monde. Je ne compte pas mourir car la vie reste une bénédiction et j'aime infiniment mes proches et mes semblables. Mais je dois abandonner toute forme de normalité, ce commerce tel qu'il est réglé entre nous car je refuse ce qu'il implique.

Dans quelques semaines, quelques mois au plus je partirai avec le minimum, pour parcourir ce pays et rencontrer ses habitants, les servir sans rien espérer que les conditions de la survie immédiate. Je m'illusionne certainement, auquel cas je crèverai la bouche ouverte dans la fange. Advienne que pourra : j'aurai essayé.

Au plaisir, d'ici là, de discuter principes ou préparatifs avec qui voudra.

(En philo, parce qu'il est question au fond de mettre ses actes d'aplomb avec ses idées, et aussi de ce qui est impliqué par la vie en société aujourd'hui.)

Hello, 

Qu'est ce que tu sais faire de tes mains ? 

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
Posté(e)
il y a 45 minutes, Virtuose_en_carnage a dit :

Le monde réel peut-il être autre chose que coercitif?

Pas toujours de la même façon. (Et il n'est pas besoin d'idéaliser les mondes passés, je laisse ça de côté.) Il y a un mal qui sévit en Occident, qui coïncide avec l'urbanisation et la modernisation. Il touche surtout, en tout cas de façon plus évidente la jeunesse. C'est flagrant depuis les années 60-80 dans toute l'Europe, le monde occidental en général. La jeunesse devient triste, elle est habitée par un malaise diffus qu'elle a le plus grand mal à dire, circonscrire et à combattre. Mais pourquoi sont-ils tristes, se demandent les adultes ? "Vous avez tout ! Vous faîtes des études, vous voyagez, vous avez la sécu, etc. etc. : vous êtes pourris gâtés !" Ils disent à cette jeunesse prise d'un mal incompréhensible, une véritable épidémie dans tout l'Occident.

Je crois que ce mal n'est pas si difficile à comprendre, mais dans son innocence même il est porteur d'une telle contestation que nous ne pouvons pas l'admettre, parce qu'il ferait exploser notre monde. Pour en prendre conscience, on peut partir de la différence simple entre les milieux naturels et le milieu urbain. Ce qui caractérise le milieu urbain c'est la fonctionnalité. Non pas que tout fonctionne parfaitement, au contraire ; mais tout y est rapporté à cette norme. Faisons un tour en ville  : d'abord il y a le petit appartement tout confort, dans notre barre d'immeuble plutôt agréable, avec son petit parc fleuri. Tu sors de chez toi : le couloir, l'ascenceur si t'es au top. Le parking et le trottoir qui marque où tu dois marcher. Le feu est rouge ou vert, tu passes ou t'attend. Puis le bus t'attrape, enfin le métro et puis le centre ville. Tu vas bosser, tu fais les boutiques, que sais-je.

Tout ce temps, tu es l'objet de cet environnement, il attend de toi certains comportements précis. Tu es "usager" dans un univers fonctionnel. Ce n'est pas un gros mot, simple constat. C'est le métro qui te prend autant que tu prends le métro. Pour que le métro fonctionne, il faut que les usagers adoptent un certain comportement : ils sont libres dans cette limite. Si certains descendent sur les rails parce que "pourquoi pas", tout est en vrac. De la même façon, cet environnement dans son ensemble et ses détails attend constamment de toi quelque chose, des comportements bien déterminés, appelés par cet environnement et qui sont sanctionnés (ainsi l'ordinateur par excellence ! tu es libre de faire à condition de respecter scrupuleusement son fonctionnement). Les espaces de "créativité" sont circonscrits dans les limites de cette fonctionnalité. Et ils deviennent "vitaux". Cf. les espaces dits "verts" dans toute la réflexion de l'urbanisme qui est la science de cet environnement.

Comparons ceci au milieu naturel. Le milieu naturel n'attend rien de toi. Il se dresse face à toi dans une royale indifférence. Il n'est pas du tout fonctionnel ! Bien sûr tous les intelligents t'expliqueront que l'homme façonne son environnement depuis toujours, comme s'il n'y avait aucune différence, une parfaite continuité. Mais précisément. Le milieu naturel demande de notre part une action créatrice. C'est comme un défi. Tu dois tracer un chemin et ce chemin est essentiellement fragile, il risque à tout moment d'être englouti dans le chaos et l'indifférence du milieu qui l'environne. Tu dois "ordonner" ce chaos (symbolisme, langage), l'apprivoiser, le soumettre. Exactement comme si demain tu partais vivre en forêt, tu créerais bientôt ton organisation, tes chemins, tes repères, tes manières de faire au milieu de cette forêt. 

Je pense que l'être humain vient encore au monde adapté aux conditions du milieu naturel dans lequel il a grandi et évolué depuis toujours, sauf très récemment. Lorsqu'il grandit dans un univers fonctionnel de part en part, ceci constitue pour lui une violence inouïe, c'est comme s'il était délesté de lui-même : il n'a plus de raison d'être. Cette violence bien sûr demeure cachée dans la mesure précisément où il n'y a pas d'autre horizon que cet univers. Et il faut qu'elle demeure cachée, il faut que l'enfant, puis l'adolescent se soumette. S'il parvient à intégrer cette fonctionnalité, il peut redevenir viable et retrouver une solidarité avec le monde par l'intermédiaire du travail. Il a trouvé sa place dans le camp de concentration, il peut décorer sa cellule.

Sinon, ce sera un rebus comme notre société en produit à la pelle. Parce qu'en dehors du camp, il n'y a plus rien.

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
Posté(e)
il y a une heure, bouddean a dit :

Hello, 

Qu'est ce que tu sais faire de tes mains ? 

Hello !

J'apprends plutôt vite, j'ai fait pas mal de chose, de la menuiserie, manutentions de toutes sortes, restauration... et monté une petite boîte qui se porte pas trop mal.

Pourquoi ?

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Membre, Posté(e)
le merle Membre 21 605 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

bonsoir

tu n'est le premier ni le dernier à vouloir faire cela .les raisons sont multiples , aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs ?

il me semble que tu n'à trouvé t'à place dans ce monde et peut-être reviendra tu plus riche d'espoirs ou déçu car ailleurs , cela est souvent pire ?

comme l'à dit un précédent intervenant , ce que tu

 cherche est peut-être déja en toi mais tu ne le sait pas ? partir à l'aventure est passionnant mais dangereux . les valeurs qui t'on étés enseignées , non peut-être pas cour ailleurs ? il faut que tu le comprenne bien car tu mettrais t'à vie en danger ?

bonne chance et bonne soirée

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Membre, 35ans Posté(e)
Virtuose_en_carnage Membre 6 610 messages
Maitre des forums‚ 35ans‚
Posté(e)
il y a 9 minutes, Loufiat a dit :

Pas toujours de la même façon. (Et il n'est pas besoin d'idéaliser les mondes passés, je laisse ça de côté.) Il y a un mal qui sévit en Occident, qui coïncide avec l'urbanisation et la modernisation. Il touche surtout, en tout cas de façon plus évidente la jeunesse. C'est flagrant depuis les années 60-80 dans toute l'Europe, le monde occidental en général. La jeunesse devient triste, elle est habitée par un malaise diffus qu'elle a le plus grand mal à dire, circonscrire et à combattre. Mais pourquoi sont-ils tristes, se demandent les adultes ? "Vous avez tout ! Vous faîtes des études, vous voyagez, vous avez la sécu, etc. etc. : vous êtes pourris gâtés !" Ils disent à cette jeunesse prise d'un mal incompréhensible, une véritable épidémie dans tout l'Occident.

Je crois que ce mal n'est pas si difficile à comprendre, mais dans son innocence même il est porteur d'une telle contestation que nous ne pouvons pas l'admettre, parce qu'il ferait exploser notre monde. Pour en prendre conscience, on peut partir de la différence simple entre les milieux naturels et le milieu urbain. Ce qui caractérise le milieu urbain c'est la fonctionnalité. Non pas que tout fonctionne parfaitement, au contraire ; mais tout y est rapporté à cette norme. Faisons un tour en ville  : d'abord il y a le petit appartement tout confort, dans notre barre d'immeuble plutôt agréable, avec son petit parc fleuri. Tu sors de chez toi : le couloir, l'ascenceur si t'es au top. Le parking et le trottoir qui marque où tu dois marcher. Le feu est rouge ou vert, tu passes ou t'attend. Puis le bus t'attrape, enfin le métro et puis le centre ville. Tu vas bosser, tu fais les boutiques, que sais-je.

Tout ce temps, tu es l'objet de cet environnement, il attend de toi certains comportements précis. Tu es "usager" dans un univers fonctionnel. Ce n'est pas un gros mot, simple constat. C'est le métro qui te prend autant que tu prends le métro. Pour que le métro fonctionne, il faut que les usagers adoptent un certain comportement : ils sont libres dans cette limite. Si certains descendent sur les rails parce que "pourquoi pas", tout est en vrac. De la même façon, cet environnement dans son ensemble et ses détails attend constamment de toi quelque chose, des comportements bien déterminés, appelés par cet environnement et qui sont sanctionnés (ainsi l'ordinateur par excellence ! tu es libre de faire à condition de respecter scrupuleusement son fonctionnement). Les espaces de "créativité" sont circonscrits dans les limites de cette fonctionnalité. Et ils deviennent "vitaux". Cf. les espaces dits "verts" dans toute la réflexion de l'urbanisme qui est la science de cet environnement.

Comparons ceci au milieu naturel. Le milieu naturel n'attend rien de toi. Il se dresse face à toi dans une royale indifférence. Il n'est pas du tout fonctionnel ! Bien sûr tous les intelligents t'expliqueront que l'homme façonne son environnement depuis toujours, comme s'il n'y avait aucune différence, une parfaite continuité. Mais précisément. Le milieu naturel demande de notre part une action créatrice. C'est comme un défi. Tu dois tracer un chemin et ce chemin est essentiellement fragile, il risque à tout moment d'être englouti dans le chaos et l'indifférence du milieu qui l'environne. Tu dois "ordonner" ce chaos (symbolisme, langage), l'apprivoiser, le soumettre. Exactement comme si demain tu partais vivre en forêt, tu créerais bientôt ton organisation, tes chemins, tes repères, tes manières de faire au milieu de cette forêt. 

Je pense que l'être humain vient encore au monde adapté aux conditions du milieu naturel dans lequel il a grandi et évolué depuis toujours, sauf très récemment. Lorsqu'il grandit dans un univers fonctionnel de part en part, ceci constitue pour lui une violence inouïe, c'est comme s'il était délesté de lui-même : il n'a plus de raison d'être. Cette violence bien sûr demeure cachée dans la mesure précisément où il n'y a pas d'autre horizon que cet univers. Et il faut qu'elle demeure cachée, il faut que l'enfant, puis l'adolescent se soumette. S'il parvient à intégrer cette fonctionnalité, il peut redevenir viable et retrouver une solidarité avec le monde par l'intermédiaire du travail. Il a trouvé sa place dans le camp de concentration, il peut décorer sa cellule.

Sinon, ce sera un rebus comme notre société en produit à la pelle. Parce qu'en dehors du camp, il n'y a plus rien.

Je vais avoir du mal à te détromper sur le malaise qu'éprouve la jeunesse moderne, étant moi même toujours dans une lente agonie qui vire à la dérive. Oui, nous sommes une génération qui avons tout, mais qui n'avons rien. Nous sommes dans la vacuité métaphysique. Nos besoins physiques sont comblés sans aucune action. Nos besoins psychologiques, sociaux, humains et moraux en revanche... On erre sans but. Certains en arrivent à prendre l'écologie ou le féminisme pour Dieu, mais l'illusion ne trompera pas les âmes les plus fines que ce ne sont qu'un ersatz palliatif peu convainquant.

En effet, on est prisonnier d'un monde capitaliste qui nous assigne à une place et qui nous oblige à nous y conformer. Mais j'ai du mal à saisir en quoi l'état de nature serait différent. On y est asservi de la même façon, mais à cela près que le tyran est son corps et les besoins primaires qui en découlent comme dormir et manger. L'être humain est-il plus satisfait dans la nature? Tu me diras sans doute que oui, il accompli des taches simples dont il voit l'intérêt et dont il peut jouir de la satisfaction immédiate. Il a pour désagrément d'être toujours dans l'incertitude de ce que sera demain, mais cela avec un but fixe. Dans les cas, il y a peut-être des jougs plus satisfaisant que d'autres. Ou des jougs que certains arrivent à mieux supporter que d'autres. En espérant que cela soit ton cas dans l'entreprise dans laquelle tu te lances!

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
Posté(e)
il y a 14 minutes, Virtuose_en_carnage a dit :

En effet, on est prisonnier d'un monde capitaliste qui nous assigne à une place et qui nous oblige à nous y conformer. Mais j'ai du mal à saisir en quoi l'état de nature serait différent. On y est asservi de la même façon, mais à cela près que le tyran est son corps et les besoins primaires qui en découlent comme dormir et manger. L'être humain est-il plus satisfait dans la nature? Tu me diras sans doute que oui, il accompli des taches simples dont il voit l'intérêt et dont il peut jouir de la satisfaction immédiate. Il a pour désagrément d'être toujours dans l'incertitude de ce que sera demain, mais cela avec un but fixe. Dans les cas, il y a peut-être des jougs plus satisfaisant que d'autres. Ou des jougs que certains arrivent à mieux supporter que d'autres. En espérant que cela soit ton cas dans l'entreprise dans laquelle tu te lances!

Je me permets deux précisions, au risque d'être trop bavard : je n'ai pas parlé d'état de nature ni de monde capitaliste. Il me semble que la réalité de ce monde, ce n'est plus le capitalisme. Le capitalisme marchand, décrit par Marx, c'était un tout autre monde. Aujourd'hui, quelque soit le régime, ce qui demeure inébranlable c'est le système technicien (J. Ellul). Un exemple : tous les pays du monde adoptent aujourd'hui les mêmes stratégies face au virus, à quelques différences mineures prêt. A ce sujet, deux remarques. D'abord le virus n'est pas une réalité indépendante. Bien sûr il y a un phénomène "naturel", c'est indéniable. Mais ce phénomène naturel nous le connaissons seulement à travers nos "outils", nos institutions au sens le plus large. Et ceci reste vrai, que le virus soit né d'un laboratoire ou non. Dans le phénomène "covid", on ne peut pas départager une réalité qui serait indépendante de la réalité sociale pour laquelle ce virus "est", et est perçu comme réalité naturelle. Les deux vont ensemble, sont solidaires et indissociables. Il y a deux cents ans, personne n'aurait remarqué "le covid". Aussi, le virus est un phénomène technique... c'est un effet involontaire, imprévu du système des techniques, "concrétisé" à travers elles. Second point : tous les pays, peu ou prou, adoptent les mêmes attitudes contre cette menace, indépendamment des régimes. Ceci devient flagrant,ainsi flagrant, mais c'est le cas depuis quasiment 50 ans en fait : les alternatives ne sont plus politiques. La politique est surdéterminée. Elle n'est qu'une caisse d'enregistrement des nécessités techniques. Et c'est très clairement assumé maintenant. C'est ça, le "précédent" que crée cette crise du covid : ce qui était caché, est désormais assumé et accepté par la vaste majorité. Il y a encore dix ans, on faisant semblant d'avoir le choix. Aujourd'hui on assume clairement : c'est ça ou rien. Donc, nous ne sommes plus dans un régime capitaliste. Les mesures prises en Europe, aux US le démontrent encore. Nous sommes dans des économies dirigées mais éminemment chaotiques. Là encore les deux réalités sont solidaires et se résolvent finalement dans le système des techniques, qui permet d'expliquer les deux caractères apparemment opposés.

Second point, je n'ai pas parlé d'état de nature mais de milieux naturels, que j'ai opposés au milieu urbain - au singulier. Les milieux naturels appellent la constitution de milieux sociaux. Ces réponses sont variables - mon propos n'est pas de dire que c'était mieux avant ou pas - d'après quoi ? Mais les civilisations passées étaient qualitativement différentes, incommensurables entre elles. D'ailleurs, malgré tout ce qu'on peut dire et les échanges qui sont soulignés sans cesse, elles formaient des ensembles autocentrées relativement hermétiques les uns aux autres, avec leurs logiques propres et assez peu d'échanges (du coup notables) comparés à ce dans quoi on vit aujourd'hui. A contrario, le milieu urbain est devenu universel et total (la "mondialisation" : de quoi ?). Il y en a un et un seul, qui s'étend de Paris à Shanghai en passant par le Qatar et les bidonvilles de Calcutta. C'est un organisme continu (qui rencontre des régimes différents, comme autant de freins : il "presse" en faveur d'ensembles techniques toujours plus unifiés, coordonnés, "interopérables"). Bien sûr des disparités demeurent. La variété n'est pas annulée. Mais désormais, nous sommes dans un "système monde", un seul référent totalisant - qui donc accroit la compétition : là où il y avait incommensurabilité, il y a commune mesure, c'est-à-dire possibilité de mesure, donc aussitôt compétition. (Au même moment nous célébrons la diversité des cultures, etc. etc. selon le mécanisme bien connu.) Donc dans ce raisonnement que j'esquissais, il n'y a pas vraiment d'état de nature à supposer, mais plutôt des milieux naturels qui demandaient la constitution de milieux sociaux variés grâce auxquels les êtres humains "dominaient" la nature, avant que d'entrer dans l'aventure capitaliste puis technique.

Les conclusions s'imposent : il n'y a pas d'échappatoire. L'écologie n'est pas une échappatoire : c'est vraisemblablement ce qui risque de refermer le couvercle sur le système. En effet tout "presse" pour une coordination parfaite de tous les éléments de "l'organisme" nouveau qui se nourrit de la réalité humaine. Le système des techniques produit sans cesse plus d'effets imprévus et indésirables (le covid, le dérèglement climatique) qui viennent le renforcer, et ainsi de suite (J. Ellul n'a pas été détrompé sur ce point).

Je n'imagine donc pas retourner à l'état sauvage ou que sais-je. J'aime les gens. Je compte bien les côtoyer. Simplement je ne peux plus être solidaire de ça. Donc il me faut agir sur ces constats que je suis capable de tirer maintenant avec une clarté suffisante, sinon comment me regarderais je encore dans le miroir demain, et après demain, etc. ?  

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Membre, 8ans Posté(e)
bouddean Membre 11 480 messages
Maitre des forums‚ 8ans‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, Loufiat a dit :

Hello !

J'apprends plutôt vite, j'ai fait pas mal de chose, de la menuiserie, manutentions de toutes sortes, restauration... et monté une petite boîte qui se porte pas trop mal.

Pourquoi ?

Quand tu dis que tu veux servir les gens, tu veux les aider à faire quoi ? 

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
Posté(e)
il y a 3 minutes, bouddean a dit :

Quand tu dis que tu veux servir les gens, tu veux les aider à faire quoi ?

Ce dont ils auront besoin selon où j'irai et ce que je peux offrir. Oui, ce n'est pas très précis... mais combien de personnes agées esseulées sont en galère, combien de paysans auraient besoin d'un coup de main, combien de jeunes pour construire leurs baraques... c'est à ce genre de choses que je pense. Contre un salaire minimum en nature et pas de cotisation, compte en banque, etc.

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