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Ambre Agorn

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Ambre Agorn Membre 2 084 messages
Mentor‚ 34ans‚
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Le 23/01/2024 à 12:23, tison2feu a dit :

La question que je me posais, Ambre, c'était de savoir si la valeur dont il est question ici, en l'occurrence le courage, restait au fil du temps toujours la même (comme tu l'écrivais supra). 

Que la définition du mot courage ait pu évoluer, c'est évident - puisque tous les mots évoluent - mais pas au point, me semble-t-il, de signifier autre chose. Pour preuve, ton intuition de départ selon laquelle ce mot "courage" est galvaudé, dans notre société postmoderne, à un point tel que l'aspect hors norme, si caractéristique de l'action courageuse, s'en trouve complètement éludé. Cela tend à prouver que même si l'action courageuse est en forte baisse sur le marché des valeurs, elle n'en a pas disparu pour autant. Restée en veille dans nos esprits, elle ne demande qu'à être ravivée lorsque le contexte est favorable.

A défaut de guerre - grande pourvoyeuse d'actions courageuses - la flamme continue malgré tout d'être entretenue deci delà en France depuis bientôt 80 ans, grâce à quelques belles actions d'éclat individuelles. Mais la demande de héros serait plus pressante, à n'en pas douter, si une nouvelle calamité venait à s'abattre sur le pays. Tel fut le cas avec la pandémie de covid où des milliers d'infirmières, engagées en première ligne, devinrent soudainement ces nouvelles héroïnes de l'ombre.

Exit donc la part de virilité ayant pu servir à définir en partie et fort anciennement tout comportement courageux dans des sociétés patriarcales, faites par des hommes et pour des hommes. 

(Le mot "humble" vient également du latin humus, ce qui laisse à penser que "homme" est à prendre au sens de terrien, par opposition au dieux).

Je dirais que le mot a forcément évolué au fil du temps.

On pourrait en effet dire que le courage est galvaudé. Cependant, s'il est utilisé de cette façon aujourd'hui dans notre société, c'est qu'il est le reflet de quelque chose.

Confronter sa propre réalité, et donc celle de ses propres représentations liées aux mots, à celle qui est courante est un exercice intéressant.

Il y a encore une chose que je trouve intéressante, c'est tout de même la grande différence de mots entre celui qui se rapporte à la virilité (virilia acte de courage) et celui d'aujourd'hui qui se rapporte au cœur. A quel moment cette différence se fait? Pourquoi cette notion s'est tout d'abord rapporté à la valeur du guerrier pour ensuite signifier quelqu'un ou quelque acte se rapportant au cœur?

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Membre, 64ans Posté(e)
Carnéade Membre 371 messages
Forumeur accro‚ 64ans‚
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C'est vrai que ce rapprochement est fréquent et intéressant. Mais je ne crois pas qu'il y ait une priorité. C'est en même temps que le courage signifie à la fois la vertu du guerrier et la qualité de ceux qui ont du cœur. Chez Platon par exemple, le courage est la vertu du guerrier et la vertu du cœur. Et quand dans le Cid Corneille fait dire à Don Diègue : "Rodrigue, as-tu du cœur?", cela veut dire "Es-tu capable de te battre sans trembler?" (Rodrigue étant encore un tout jeune homme, il n'a pu encore faire ses preuves). 

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Membre, 34ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 084 messages
Mentor‚ 34ans‚
Posté(e)
Le 24/01/2024 à 13:52, tison2feu a dit :

(Suite :))

Puisque j'ai tenté de remonter à l'essence du courage en tant que valeur guerrière, j'aimerais creuser davantage à partir d'une autre de tes bonnes intuitions, Ambre, portant cette fois-ci sur la question de la recherche d'un "certain équilibre faisant intervenir des contraires".

Depuis Aristote, le courage a été considérée comme un sommet entre deux excès: témérité et lâcheté. Attardons-nous davantage sur cette notion de "témérité", toujours dans un contexte de guerre afin de mieux donner du poids aux mots et découvrir tout ce que ce terme peut recéler d'excès et d'hybris dans le comportement: rage, fureur, furie, acharnement, déchaînement, colère, haine, frénésie, fanatisme, folie, inconscience, barbarie, férocité, brutalité, cruauté, bestialité. L'excès de courage conduit au summum de l'inhumanité, au vice des vices. C'est le faux courage du salopard.

Une façon originale / géniale de pousser beaucoup plus loin le juste milieu aristotélicien consisterait à faire intervenir des contraires, non pas en opposant deux vices (témérité et lâcheté), mais en opposant deux vertus. Quelle peut bien être la vertu opposée et complémentaire du courage ? Puisque nous venons de voir que l'inhumanité est le pire vice dans lequel on peut tomber par excès de courage, nous pouvons déduire aisément que la vertu d'humanité (bonté) est la vertu opposée et complémentaire du courage.

Depuis Platon, nous savions déjà que le courage devait s'ouvrir aux "idées de justice, afin d'éviter que l'âme ne tombe dans une férocité un peu bestiale". Il y avait l'idée qu'un homme possèdant une vertu dans toute sa perfection, en l'occurrence le courage, ne pouvait être admiré que s'il possèdait en même temps une autre vertu permettant d'atteindre un certain équilibre. J'ai tenté, pour ma part, de montrer la nécessité de s'ouvrir aux idées d'humanité, terme pouvant englober plusieurs vertus dont celles de bonté, justice et rectitude.

Tout un travail de réflexion en amont sur la notion de courage, basée sur le raisonnement et intériorisée en soi, est donc nécessaire. Je choisis librement, en amont, de me fixer à grands traits des limites à ne pas franchir (excès par manque ou par défaut). Au moment d'agir, vient s'ajouter un processus de délibération extrêmement rapide, voire fulgurant, associant intelligence de la situation, résolution de risquer (après évaluation ultime de la prise de risque et la prise de précaution, résultant à nouveau d'un choix libre) et émotion de peur.

Pourquoi opposer émotion et raison, étant donné que l'évaluation cognitive joue un rôle déterminant dans le phénomène de l'émotion ? (cf. Traité de Psychologie des émotions, Psycho Sup).

Intéressant!

Pourquoi opposer émotion à raison? Je ne sais pas. Peut-être parce que, petit, on nous apprend à contrôler ses émotions et à raisonner?

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tison2feu Membre 3 042 messages
Forumeur alchimiste ‚
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Il y a 5 heures, Ambre Agorn a dit :

Je dirais que le mot a forcément évolué au fil du temps.

On pourrait en effet dire que le courage est galvaudé. Cependant, s'il est utilisé de cette façon aujourd'hui dans notre société, c'est qu'il est le reflet de quelque chose.

Confronter sa propre réalité, et donc celle de ses propres représentations liées aux mots, à celle qui est courante est un exercice intéressant.

Il y a encore une chose que je trouve intéressante, c'est tout de même la grande différence de mots entre celui qui se rapporte à la virilité (virilia acte de courage) et celui d'aujourd'hui qui se rapporte au cœur. A quel moment cette différence se fait? Pourquoi cette notion s'est tout d'abord rapporté à la valeur du guerrier pour ensuite signifier quelqu'un ou quelque acte se rapportant au cœur?

Dans une multitude de langues, le coeur (mais aussi le foie) est le siège des émotions. Cela doit remonter à la nuit des temps. Le rapport à la virilité que j'ai mentionné est beaucoup plus rare, mais sûrement également très ancien. Tout cela renvoie à la préhistoire et il semble alors impossible d'en savoir davantage.

  • Merci 1
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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 042 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Le 28/01/2024 à 14:04, deja-utilise a dit :

Bonjour Tison, merci pour ta réponse

Il y a à mon sens quelque chose d'illogique en désignant des termes " neutres " de part et d'autre des deux vertus et en voulant les garder distincts, en effet la propension à prendre des risques " neutre " devrait coïncider avec la propension à ne pas prendre de risques " neutre ", il y a selon moi équivalence ou égalité dans cette neutralité !

Simplement, comme je le soupçonne mais dont je ne t'ai pas parlé, en particulier ces deux vertus prises en exemple, quoique ce serait valable pour d'autres couples " complémentaires " ou non, sont tout bonnement dans des dimensions différentes, d'où ma référence aux sens(!) précédemment ( on pourrait l'appliquer à des caractéristiques somatiques aussi, comme la taille et le poids par exemple ), disons pour fixer les idées dans un repère cartésien, que l'origine c'est-à-dire le zéro ou l'élément neutre serait commun aux deux axes que sont les ordonnées ( l'horizontale X ) et les abscisses ( la verticale Y ), où la première vertu " s'étale " sur l'axe des X en ayant son élément neutre en " 0 ", et l'autre vertu aurait quant à elle son déploiement sur l'axe des Y, tout en ayant elle aussi son élément neutre en " 0 ", elles se déploient donc dans des directions différentes ( j'oserais même dire orthogonales au sens mathématique du terme ) et non pas opposées stricto sensu, que l'on ne devrait donc pas appeler " opposées " contrairement à ce qui se passe sur chaque ligne et donc pour chaque vertu elle-même, par exemple la lâcheté étant opposée à la fois au courage et/ou à la témérité, qui elles se trouvent à un autre bout ou un autre " côté ", la partie " milieu " pouvant être vu aussi comme un côté relativement - et localement - à une des extrémités !

 

 

Cela je pense que je l'ai très bien assimilé, c'est le dualisme avec la notion " d'opposition " que je réfute ou rejette, puisque je n'y vois ni contraire ni " conflit " en soi, mais seulement la résultante ou conséquence d'une situation précise le cas échéant, tout comme l'inverse dans le cas contraire.

 

Je suis heureux de le lire, mais je ne suis pas sûr que tu mesures - pleinement - la problématique profonde que j'ai antérieurement soulevée et que je rappelle une nouvelle fois un peu différemment juste au-dessus ? Synthétiquement:

La valence dans le dualisme des vertus - ou des vices - serait toujours médiate à la situation, en somme, et non directe ou immédiate !

 

Bon dimanche...

 

Je n’ai hélas aucune compétence en logique et encore moins en mathématiques, pour appréhender les questions que tu soulèves, cher D U. Tout ce que je peux dire, c’est que dans la description de sa matrice de concepts, P. Franceschi est parfaitement conscient des nombreux problèmes que soulève sa théorie et qu’il formule sous forme de questions laissées sans réponse.

Néanmoins je trouve intéressante cette matrice parce qu’elle permet de générer des concepts duaux complémentaires, parfois antinomiques (par exemple courage + et lâcheté - , ou encore prudence + et témérité -), laissant prévoir des conflits à la clé qu’il faudra parvenir à résoudre au moment d’agir, c'est-à-dire en contexte bien évidemment, dans une quête d’harmonie.

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Membre, 34ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 084 messages
Mentor‚ 34ans‚
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Bonjour Déjà-Utilisé

 

Le 26/01/2024 à 12:05, deja-utilise a dit :

On peut certes envisager les choses ainsi, quoique j'ai bien peur que cela ressemble plus à l'élaboration d'un mythe, un peu comme avec J.J. Rousseau et " l'état de nature bonne " de l'Homme avant sa compromission avec la " société ".

Le courage, comme toute autre affection interne peut se révéler à n'importe qui, quelle que soit sa condition d'existence et/ou sa place au sein d'un groupe, personne n'en ayant le monopole, même si des individus seront placés ou se placeront dans un environnement plus propice pour en faire preuve/usage éventuellement, e.g. le pompier ou le mineur de fond versus l'ingénieur en bureau d'étude ou la secrétaire, la différence étant au niveau des " occasions " qui peuvent conduire à l'éprouver. Autrement dit, le nombre d'opportunités n'a trop rien à voir avec le fait de pouvoir ontologiquement en faire preuve potentiellement, de manière latente ou en puissance ! Tout comme n'importe qui peut susceptiblement tomber amoureux, mais que les occasions peuvent être rares, voire même jamais se présenter suivant le mode d'existence, ou tout à l'inverse, apparaitre à tour de bras, ce que les nouvelles générations appellent le poly-amour.

Je suis assez d'accord avec toi.

Mais.... Pourquoi quelqu'un qui aurait moult occasions de tomber amoureux ne tombe pas amoureux, comment quelqu'un qui a plein de revers arrive à garder patience, comment là où la peur est attendue il peut y avoir autre chose?

En fait, ce n'est pas vraiment le sujet, je laisse tomber ces questions

 

Le 26/01/2024 à 12:05, deja-utilise a dit :

Ça ressemble assez à ce que j'en ai dit antérieurement, je rajouterai que ce " quelque chose " doit être intrinsèque et non extrinsèque pour que l'on puisse l'appeler " courage ", dans le cas contraire, c'est de la contrainte, du forçage, de la stimulation ou de l'incitation par quelqu'un ou quelques autres, bref, c'est une force extérieure à nous-même qui nous pousse à agir, alors que le courage est un combat avec soi-même à partir de ses propres ressources.

Bien sûr, on peut se poser la question, de savoir si par exemple une peur plus grande doit être comprise comme faire preuve de courage face à une situation perçue comme dangereuse en premier lieu, surmonter un obstacle qui nous fait peur présentement à cause ou grâce à un état de terreur plus grand anticipé/envisagé/futur, n'est sans doute pas à considérer comme du courage. Est-ce qu'une autre stimulation interne, peut aussi être interprétée comme tu le fais sceptiquement ? Disons par la curiosité, comme cela semble être pour ton anecdote ? J'aurais tendance à répondre comme toi, par la négative également. Je pense que l'acte de courage vise à dépasser notre état de peur en lui-même, de surpasser notre élan de fuite ou de tétanisation, d'y remédier, non pas tant en terme de finalité ou d'objectif ( je l'ai fait quand même ), mais dans le processus en cours ( il est hors de question que je me laisse mener par le bout du nez par mes réactions animalesques/instinctives ). Car au même titre que si j'y suis enjoint par mon entourage du moment, ce n'est pas le résultat d'y être parvenu en lui-même qui prime pour parler d'acte courageux, mais comment j'y suis arrivé finalement et qu'est-ce que je cherchais réellement à éteindre ou à surmonter: mon état ou l'objectif ?! J'ai du mal à voir pour la curiosité si elle peut être utilisée pour l'un ou pour l'autre ou exclusivement l'un, en revanche je pense que d'arriver à se mettre en colère, par une sorte d'effet d'emballement de nos pensées contraires/antagonistes à la peur, est à ranger dans la manifestation du courage puisque résultant d'un choix, celui de refuser notre condition présente dictée par le sentiment de peur.

Ce sont des pistes de réflexion, ma pensée n'est pas figée sur ces points, je n'ai pas encore tranché définitivement. 

Il y a visiblement plusieurs aspect quant à cette notion de courage. Et j'en vois deux: il y a l'aspect social, et l'aspect intime de soi à soi.

Ici tu abordes de façon très intéressante l'aspect intime. Nous parlons de peur et alors il me semble assez facile de suivre la notion du courage qui est un combat interne où va résulter quelque chose d'inédit, c'est à dire quelque chose qui ne peut être prédit, soit quelque chose qui peut s'inventer en soi malgré tout ce qui visiblement pousserait à des réactions prédéterminées et inscrites dans notre biologie. Je dis ceci, même si j'ai conscience que ce n'est pas tout à fait exact, c'est à dire que ce qui nous détermine est sans aucun doute beaucoup plus immense que la partie visible qu'on peut appréhender. Cependant, il y a des peurs beaucoup plus diffuses, plus piégeuses. Je pense par exemple aux injonctions morales, sociales et autres. Pouvoir s'ériger et faire autrement que ce qui est attendu de soi, peut représenter une peur tétanique pour la quasi totalité des humains. Je ne parle pas de caprices de type "soyez vous-même et laissez parler votre vraie nature", parce que là on est en plein dans la manipulation sociale. Je parle sans doute d'un mélange harmonieux de différentes ingrédients qui fait d'une personne un adulte sobre et responsable. Alors, on touche aussi à l'intime, car les combats internes ne sont sans doute pas visibles. Les combats internes de non laisser-aller, l'arrêt des sentences (je n'aime pas dire l'arrêt du jugement, parce que ça ne peut pas être bon d'arrêter de juger, mais bien d'arrêter de distribuer des sentences), etc. Le courage ici est un peu une capacité à se rebeller, mais peut-être avant tout à voir et ne pas accepter ce qui n'est pas compatible avec l'image méliorative que l'on se fait de soi (ou de l'humain).

Avoir la force (courage?) de ne pas s'écarter de son propre code de conduite, pourrait être perçu comme admirable et optimum. Mais il manquerait pour cela l'intelligence pour modifier ce code si de meilleures options sont découvertes, l'humilité d'en reconnaître les erreurs quand on en rencontre une, etc. Effectivement, le courage seul ne peut pas être enviable s'il n'est pas accompagné d'autre "vertus" qui en baliseraient les excès.

Le 26/01/2024 à 12:05, deja-utilise a dit :

Disons que lorsqu'il est question de morale dans la première action, une fois que l'on se voit soi-même avoir cédé, c'est comme une digue qui lâche, point de retour en arrière, on ne peut effacer ces manquements, il y a une part d'irréversibilité, qui nous pousse alors à baisser les armes, la lutte ayant été manifestement perdue dès la première bataille, il y a comme une capitulation de notre esprit, et pour faire suite et se rasséréner, on a vite fait en suivant d'avoir recours à la rationalisation !

Dans un autre registre, celui de la dissonance cognitive, il a été montré par exemple à des sujets, à qui l'on demandait de lire à haute voix à un public un discours contraire à leur idéologie politique, quand bien même on leur avait dit en amont que cela ne signifiait pas qu'il devait souscrire aux idées dedans, juste de les lire sans partie pris, ils ont été ensuite de leur propre chef conduit à défendre ces mêmes idées pourtant opposées à leur position politique, par le simple fait qu'ils les avaient malgré tout tenues face à d'autres, pourtant sans aucune conviction au moment de la diction, cette dissonance étant insupportable, il fallait rendre compte de nos actes et de nos pensés, et d'une manière ou d'une autre les harmoniser entre eux.

Ho oui, ça c'est terrible. C'est là qu'on s'aperçoit que nos convictions sont très souvent faibles et pas vraiment reliées à quelque chose. C'est là aussi qu'on voit à quel point quand on dit "je" ça fait référence à quelque chose d'assez diffus et pas très palpable!

 

Le 26/01/2024 à 12:05, deja-utilise a dit :

D'ailleurs la sagesse populaire le sait, puisqu'elle considère souvent que les " vieux " redeviennent des enfants capricieux, bornés et entêtés ! La décrépitude n'est pas que corporelle, elle est aussi intellective.

Pourtant en certains lieux et époques, les vieux étaient considérés comme des sages, ou en tout cas comme des référents pour les jeunes générations. Cela voudrait dire qu'ils avaient cristallisés tout au long de leur vie ce qui, socialement, représentait une référence et une direction humaine honorable, non?

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 790 messages
If you don't want, you Kant...,
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Il y a 22 heures, tison2feu a dit :

Je n’ai hélas aucune compétence en logique et encore moins en mathématiques, pour appréhender les questions que tu soulèves, cher D U. Tout ce que je peux dire, c’est que dans la description de sa matrice de concepts, P. Franceschi est parfaitement conscient des nombreux problèmes que soulève sa théorie et qu’il formule sous forme de questions laissées sans réponse.

Néanmoins je trouve intéressante cette matrice parce qu’elle permet de générer des concepts duaux complémentaires, parfois antinomiques (par exemple courage + et lâcheté - , ou encore prudence + et témérité -), laissant prévoir des conflits à la clé qu’il faudra parvenir à résoudre au moment d’agir, c'est-à-dire en contexte bien évidemment, dans une quête d’harmonie.

Bonjour Tison, et merci pour la sincérité de ta réponse, qui me coupe quelque peu l'herbe sous le pied, comme qui dirait, m'attendant à ce que tu " défendes " ce que tu avais exposé. Nevermind !

 

Mon but n'était néanmoins pas de redonner une énième justification de ma réfutation ou contestation, non, je voulais simplement attirer ton attention, mais je vois dans ta réponse que tu le pressens, sur l'antinomie prévisible entre " l'approche dualiste " quasi-ontolgique des vertus/vices et " la morale contextualisée " de M. Hunyadi que tu avais aussi introduite !

En effet, la première ( le dualisme bien que l'on pourrait aussi envisager non plus un binôme mais un trinôme, qui ferait d'ailleurs bien plus sens à travers ma représentation algébrique du repère cartésien, pluridimensionnel ) est avant tout indépendante de tout cadre/contexte/situation - ce qui est quelque part un non-sens, seuls sont pris en compte les concepts en eux-mêmes et comparer entre eux sans référence extérieure, alors que la seconde insiste pour montrer que le contexte ou la situation est déterminante et prépondérante en l'occurrence pour des considérations morales, il y a cette fois-ci forte dépendance entre l'un et l'autre, il y a donc une sorte d'aporie - en l'état - à endosser/s'approprier ces deux approches simultanément/conjointement en un seul et même être, que tu représentes en particulier ! J'ai de mon côté essayé de - te - montrer l'issue ou le dénouement de cette contradiction, en introduisant le médiateur qu'est la situation, pour comprendre le sentiment ou l'impression que l'on pouvait avoir sur l'harmonie ou l'opposition entre des vertus distinctes de prime abord, mais en redonnant la place à cet intermédiaire dans l'appréhension des vertus prises deux-à-deux plus spécifiquement, quoique rien n'empêcherait de les prendre par trois ou plus suivant le modèle que j'ai exposé, généralisant d'une part l'apport de Paul Franceschi ( que je n'ai pas lu ) et Aristote(?) ( que j'ai lu mais dont je n'ai pas retenu grand chose ) tout en prenant sérieusement en considération/compte ce qu'a mis en évidence Mark Hunyadi par ailleurs, un mariage selon moi des plus heureux...

 

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 790 messages
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Chère Ambre,

 

Le 01/02/2024 à 11:11, Ambre Agorn a dit :

Mais.... Pourquoi quelqu'un qui aurait moult occasions de tomber amoureux ne tombe pas amoureux, comment quelqu'un qui a plein de revers arrive à garder patience, comment là où la peur est attendue il peut y avoir autre chose?

En fait, ce n'est pas vraiment le sujet, je laisse tomber ces questions

Quel dommage que tu laisses filer ces questions dans ton propre Topic " libre de sujet ", il y avait je pense matière à réflexion, bien que je n'en détienne pas toutes les clefs.

Ce que je peux globalement malgré tout en dire succinctement, c'est que si les humains sont des créatures assez déterminées, dans le sens où les réactions suivent des " lois ", ils n'en demeurent pas moins une bonne partie du temps imprédictibles, en effet il suffit d'être ignorant d'une partie des facteurs d'influence, ou encore de l'ampleur des impacts de petites perturbations du type " un battement d'aile de papillon au Brésil peut déclencher une tornade au texas ". C'est donc le fruit de cette complexité difficilement maîtrisable en entrée/amont que nous pouvons être surpris par les résultats, les comportements résultants ou en sortie/aval. Bien évidemment l'humeur, les émotions et la situation du moment modulent grandement les " outputs " ou le déroulement du phénomène, parfois exhibant un extrême ou l'autre pourtant avec les mêmes algorithmes en jeu, que l'on peut par exemple retrouver dans l'effet de halo et celui d'effet de halo inverse.

 

 

Le 01/02/2024 à 11:11, Ambre Agorn a dit :

Le courage ici est un peu une capacité à se rebeller, mais peut-être avant tout à voir et ne pas accepter ce qui n'est pas compatible avec l'image méliorative que l'on se fait de soi (ou de l'humain).

Oui je pense aussi, d'ailleurs il n'est pas impossible, à la volée, de penser que le courage a quelque chose à voir avec le libre-arbitre ou la liberté, où j'estime justement que sa première et la plus évidente manifestation se situe dans le refus ou dans la force de s'empêcher ou de se retenir !

Je rajouterai aussi, qui plus est, que l'influence sociale n'est pas toujours quelque chose qui est très extérieure à nous, comme des éléments de la société génériquement, mais la plupart du temps plus prosaïquement, au contraire, de quelque chose de proximale, à travers nos " proches ", que ce soit la famille, nos amis, les voisins ou les collègues, ce sont certainement eux qui nous influencent le plus directement, par conformisme ou mimétisme ou " synchronisation " ou encore par contagion émotionnelle, ou via l'autorité/légitimité, etc...

 

Le 01/02/2024 à 11:11, Ambre Agorn a dit :

Avoir la force (courage?) de ne pas s'écarter de son propre code de conduite, pourrait être perçu comme admirable et optimum. Mais il manquerait pour cela l'intelligence pour modifier ce code si de meilleures options sont découvertes, l'humilité d'en reconnaître les erreurs quand on en rencontre une, etc. Effectivement, le courage seul ne peut pas être enviable s'il n'est pas accompagné d'autre "vertus" qui en baliseraient les excès.

Une certaine prise de conscience semble nécessaire effectivement.

L'intelligence sera ici convoquée uniquement pour trouver un moyen de le mettre en application, mais c'est une autre instance psychique qui nous intimera, en notre for intérieur, de déroger à un programme, réflexe ou automatisme inné ou acquis.

Il faudra en passer par l'entendement ou une délibération et donc la Raison.

 

Le " courage " peut conduire à la mort en connaissance de causes, et donc à une forme d'excès, si on en a accepté les conséquences néfastes possibles et même prévisibles au préalable, la témérité fait référence justement à ce manque de discernement par une sorte de naïveté ou d'optimisme béat comme ce fût le cas lors de l'envoi des soldats pour la première Guerre Mondiale - d'où l'expression " partir la fleur au fusil ", du moins avant l'enlisement du conflit ou même des premières hostilités morbides, et une reconnexion brutale à la réalité. 

 

Le 01/02/2024 à 11:11, Ambre Agorn a dit :

Pourtant en certains lieux et époques, les vieux étaient considérés comme des sages, ou en tout cas comme des référents pour les jeunes générations. Cela voudrait dire qu'ils avaient cristallisés tout au long de leur vie ce qui, socialement, représentait une référence et une direction humaine honorable, non?

Ce n'était pas une règle bien évidemment absolue, disons que toute chose humaine suit une Loi de répartition statistique, la fameuse courbe en cloche gaussienne la plupart du temps, où l'essentiel et la très grande majorité des individus va se retrouver confiner entre + ou - deux écart-types, comme c'est le cas pour le QI par exemple 2.5% des personnes auront une intelligence très inférieure à la moyenne <70 et parallèlement autant avec une intelligence très supérieure à la moyenne >130, il en irait de même avec la Sagesse, une poignée de vieillards pourraient sans doute y prétendre, là où l'immense et écrasante majorité seraient littéralement médiocres ou plutôt en voie de régression plus probablement, faute déjà d'entrainement/stimulation/pratique, au même titre que n'importe quel muscle, il finit par s'atrophier si peu ou pas assez sollicité !

Bien sûr, il ne suffit pas d'avoir pris une fois une bonne décision ou avoir fait un choix heureux pour se voir qualifier de sage, il faut que cela se produise disons pour la plupart de nos actions ou engagements, dans tous les cas, bien mieux que le simple hasard, c'est-à-dire plus souvent qu'une fois sur deux en moyenne ou que dans 50% des cas totaux, sinon, on peut simplement appeler ça de la chance et non de la sagesse... En effet, le souci c'est que l'humain étant un très grand affabulateur inné il aura tôt fait de construire une histoire rationalisant son action, après coup, et très rarement avec mûres réflexions et délibérations rationnelles au préalable, ce que Michael Gazzaniga appelle - le module - Interprète de notre cerveau, c'est un processus automatique et inconscient, et même irrépressible comme il l'a montré avec les personnes ayant une callosotomie ( dissociation neuronale entre l'hémisphère droit et celui de gauche du corps calleux dû souvent à son sectionnement pour raison " médicale ", du type épilepsie récalcitrante ).

 

Il est quand même intéressant de noter je trouve, que la plupart du temps, les Hommes se mettent assez facilement d'accord sur ce qui est bien de faire s'agissant des autres, donc dans une perspective collective/sociale, mais que s'agissant de soi, il en aille très différemment, autrement dit, on attend d'autrui qu'il fasse preuve de grandeur sociale consensuelle, pendant que nous optons, chacun, pour nos propres penchants et intérêts peu ou prou égoïstes si l'occasion se présente, et d'autant plus si il y a peu de chances d'un jugement moral des autres quelle qu'en soit la cause/raison: de ne pas se faire prendre ou identifier, tolérance tacite/traditionnelle, etc... Sera donc perçu comme sage celui qui répond à ce dictat à vocation/terminaison sociale mais pas celui qui vise sa propre satisfaction quand bien même il ne nuit à personne...

 

:bienvenue:

 

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Membre, 34ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 084 messages
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Le 27/01/2024 à 20:13, Dompteur de mots a dit :

"Cet acte est courageux."

Le réflexe qui nous vient à la lecture ou à l'audition d'une telle phrase est d'assumer qu'il s'agit d'une proposition énonciative, c'est-à-dire une proposition qui dit ce qui est. Et c'est normal puisqu'elle en emprunte tous les codes: le sujet, le prédicat, le copule. Parce que nous faisons cette assomption, nous nous donnons tout le loisir d'en questionner les zones d'être. En nous demandant par exemple ce qu'est très précisément le courage, de quelle glande il émane, à partir de quel processus psycho-physiologique on peut le situer.

Mais en fait, cette assomption ne résulte que d'une illusion d'optique qui découle du fait que nous jouons constamment à cache-cache avec nos intentions éthiques. Et d'un certain point de vue, cela est parfaitement compréhensible puisque le propre des intentions éthiques est de tendre vers l'être. Une proposition éthique, c'est une proposition normative, une proposition qui dit ce qui devrait être, qui tente donc d'influer le cours des choses afin de le ramener à ce qu'elle valorise très précisément. Dire de cet acte qu'il est courageux est donc en fait une proposition éthique déguisée. L'on aurait tout aussi bien pu dire "voilà comment tu dois agir", "voilà comment il convient que tu agisses". C'est à la fois une marque de reconnaissance et un défi. C'est comme quand l'on dit à un cancéreux qu'il est courageux, après avoir entendu le récit de ses aventures en chimiothérapie. Bien entendu qu'il n'a fait que ce qu'il n'avait pas le choix de faire, qu'il ne s'est que laisser porter par le manège médical. Mais l'intention éthique derrière consiste à rendre les faits et gestes du cancéreux plus aisés en les augmentant d'une sorte de dignité morale.

Évidemment, pour qu'une proposition éthique sur le courage ait un sens, il faut qu'elle réponde minimalement au schéma sémantique traditionnel du courage, à son contexte d'émergence primitif. Mais justement, il ne s'agit que d'un schéma et non pas d'un cadre rigide. Le langage est jazz, il n'est pas baroque: on lui donne un thème et après, il s'agit d'improviser à l'intérieur du territoire défini par le thème, en essayant de ne pas perdre l'auditeur. Ou alors est-il plutôt devenu jazz ? Il en va peut-être après tout de langage comme de la musique: plus les normes morales sont strictes et plus les formes musicales le sont également.

Après, tout n'est peut-être qu'une question de dosage. À trop jazzer, on perd parfois la force, la densité évocative du thème, comme dans certaines pièces de free jazz qui n'ont ni queue ni tête. On prend alors goût d'écouter une bonne vieille cantate de Jean-Sébastien Bach.

Bonjour Dompteur de mots

Justement, il m'intéresse de percevoir cette proposition éthique déguisée! Qu'est-elle aujourd'hui lorsqu'une telle assertion est prononcée? Qu'est-elle dans mon propre schéma sémantique? Qu'entends-je vraiment, et est-ce raccord avec ce qui est ébauché, contourné lorsque je l'entends dans la bouche d'un autre?

Rechercher la proposition traditionnelle de la notion de courage est un peu comme tenter de rechercher les accords de base pour s'y intégrer. Ensuite il faudra arriver à épouser le rythme swingué et peut-être arriver jusqu'à oser l'interprétation de son ressenti. Mais je suis bien d'accord qu'un retour à un certain cadrage ordonné fait aussi bien plaisir.

Je n'ai pas compris tous vos mots, mais ne m'en voulez pas: je n'ai pas encore toute la souplesse attendue

Modifié par Ambre Agorn
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tison2feu Membre 3 042 messages
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Il y a 13 heures, deja-utilise a dit :

Bonjour Tison, et merci pour la sincérité de ta réponse, qui me coupe quelque peu l'herbe sous le pied, comme qui dirait, m'attendant à ce que tu " défendes " ce que tu avais exposé. Nevermind !

 

Mon but n'était néanmoins pas de redonner une énième justification de ma réfutation ou contestation, non, je voulais simplement attirer ton attention, mais je vois dans ta réponse que tu le pressens, sur l'antinomie prévisible entre " l'approche dualiste " quasi-ontolgique des vertus/vices et " la morale contextualisée " de M. Hunyadi que tu avais aussi introduite !

En effet, la première ( le dualisme bien que l'on pourrait aussi envisager non plus un binôme mais un trinôme, qui ferait d'ailleurs bien plus sens à travers ma représentation algébrique du repère cartésien, pluridimensionnel ) est avant tout indépendante de tout cadre/contexte/situation - ce qui est quelque part un non-sens, seuls sont pris en compte les concepts en eux-mêmes et comparer entre eux sans référence extérieure, alors que la seconde insiste pour montrer que le contexte ou la situation est déterminante et prépondérante en l'occurrence pour des considérations morales, il y a cette fois-ci forte dépendance entre l'un et l'autre, il y a donc une sorte d'aporie - en l'état - à endosser/s'approprier ces deux approches simultanément/conjointement en un seul et même être, que tu représentes en particulier ! J'ai de mon côté essayé de - te - montrer l'issue ou le dénouement de cette contradiction, en introduisant le médiateur qu'est la situation, pour comprendre le sentiment ou l'impression que l'on pouvait avoir sur l'harmonie ou l'opposition entre des vertus distinctes de prime abord, mais en redonnant la place à cet intermédiaire dans l'appréhension des vertus prises deux-à-deux plus spécifiquement, quoique rien n'empêcherait de les prendre par trois ou plus suivant le modèle que j'ai exposé, généralisant d'une part l'apport de Paul Franceschi ( que je n'ai pas lu ) et Aristote(?) ( que j'ai lu mais dont je n'ai pas retenu grand chose ) tout en prenant sérieusement en considération/compte ce qu'a mis en évidence Mark Hunyadi par ailleurs, un mariage selon moi des plus heureux...

 

:bienvenue:

Bonsoir D U,

Je te réponds à chaud tant il me semble nécessaire d'apporter bon nombre de rectificatifs et de précisions. Mon intention était en effet de te couper l'herbe sous le pied, humblement, parce que mon daïmon m'a rappelé à l'ordre au sujet de la mission que je me suis fixé, comme tu sais, dans un tout autre domaine que la philosophie - là où je me sens plus à l'aise (l’important dans la vie, c’est de trouver ce pour quoi l’on est doué !). Et puis je ne voulais pas plomber le topic d’Ambre. C’est réussi ! 

Lorsque je parle d'antinomie, c'est seulement à propos de la relation entre deux concepts tels que courage + et lâcheté - , ou encore prudence + et témérité -. La présence de ces exemples montre que la relation antinomique dont je parle n’a donc rien à voir avec ce qui, à tes yeux, est antinomique, à savoir la dimension théorique d'une telle approche et son éloignement supposé de tout contexte. Et lorsque j’ai signalé l’existence de « problèmes » que pouvait soulever cette théorie, ce n’est pas mon avis personnel que je donne mais celui de P. Franceschi en personne, lequel recense à plusieurs reprises des questions de logique formelle.

Sinon, en effet, dans l'élaboration de cette matrice, l'intuition joue un très grand rôle. L'intuition de départ de P. Franceschi, c'est que les discussions relatives aux contraires polarisés ont porté jusqu'à présent sur des concepts usuels, lexicalisés, c'est-à-dire pour lesquels il existe un mot correspondant dans le langage propre à une langue donnée; cette manière de procéder n’est pas sans engendrer de nombreux inconvénients: ces concepts peuvent varier d'une langue à une autre, ils peuvent être connotés avec des degrés de nuances difficiles à apprécier, etc.; il y a même des concepts qui, dans une langue, ne sont pas lexicalisés du tout (nous n’avons pas de mot en français pour dire « temps relatif au climat », contrairement à l’anglais qui a weather). Si bien que P. Franceschi s'est proposé de construire des concepts de manière abstraite, sans considération du fait que ces concepts soient lexicalisés ou non. Et je comprends que cela puisse te chagriner, cher D U. Mais poursuivons.

A noter d’abord qu’il est question de « matrice de concepts », et j'attire ton attention sur le mot "concepts" qui est bien plus large que celui de vertus/vices. Le travail de P. Franceschi porte en effet sur des classes de concepts philosophiques/ scientifiques, aussi bien abstraits que concrets, même s'il donne de nombreux exemples relatifs aux principes comportementaux.

On peut concevoir cette matrice de concepts comme une alternative au paradigme actuel de la philosophie enseignée en France aux élèves de première et terminale (plan dialectique du type thèse-antithèse-synthèse). Si l’élève est convié à disserter sur le courage en suivant le paradigme traditionnel, cela ne signifie en rien qu’il doive porter sa réflexion sur des abstractions hors contexte sans jamais se référer à des expériences concrètes et personnelles. Eh bien avec la matrice de P. Franceschi, conçue comme un plan dialectique, il en va exactement de même. Cette matrice de concepts n’est rien d’autre qu’une sorte de plan de travail, et tu peux apporter tous les exemples concrets ou personnels que tu veux lorsque tu « philosophes » sur le courage.

J’ajouterai que chaque fois qu’une question philosophique porte sur un seul concept - comme c’est le cas bien souvent dans le mode de pensée occidental -, cette matrice laisse toujours entrevoir la possibilité d’une dualité conceptuelle à la lumière de laquelle vont s’ouvrir de nouveaux horizons. Cette matrice peut aussi être d’un grand secours pour analyser toutes sortes de maximes, proverbes, etc.

Avec ton repère cartésien, j’ai comme l’impression, sauf erreur de ma part, que cela ne reflète pas vraiment la réalité de la matrice de concepts. Je m’étais aussi amusé à procéder comme toi, mais à l’aide d’un cône, etc ! Etant donné que cette matrice de concepts m’apparaît comme un assemblage de deux justes milieux aristotéliciens, la schématisation qui me semble la plus simple et la plus parlante est la suivante (à l’aide de l’exemple du courage):

                    Prudence                    &                   Courage                                    

                        △                                                   △

        Lâcheté  △△△△ Témérité             Témérité  △△△△ Lâcheté        

Si tu souhaites en savoir plus sur cette matrice de concepts, voici deux articles de P. Franceschi:

"Une classe de concepts" : https://shs.hal.science/halshs-00003159/file/Une_classe_de_concepts.pdf

"Le plan dialectique : pour une alternative au paradigme" : https://web-archive.southampton.ac.uk/cogprints.org/7163/1/Le_plan_dialectique.pdf

Bien à toi, Tison

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 790 messages
If you don't want, you Kant...,
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Bien le bonjour Tison,

Le 02/02/2024 à 23:12, tison2feu a dit :

 

Je ne reprends pas ce que tu as dit en me répondant, d'une part j'entends bien que tu as d'autres préoccupations et occupations que d'entretenir une disputatio avec moi, et d'autre part je crois que je me suis très certainement très mal exprimé au vu de ce que tu m'as répondu, que je ne conteste nullement cela dit en passant, il y a eu un malentendu entre nous, qui plus est j'ai le sentiment que je ne me suis manifestement pas du tout fait comprendre de toi, je me suis laissé emporter par mon engouement et ai desserré un peu trop les freins, te conduisant a priori dans une zone distale de développement pour toi dissonante ou inconfortable. Je te prie donc de m'excuser pour la gêne occasionné, involontaire ou non délibérée et même non souhaitée, là n'étaient pas mes intentions.

 

Ceci étant dit, à la lecture du document fourni par tes soins, je réponds finalement " tout seul " à mes objections, qui sont soit soulevées effectivement par l'auteur lui-même, du moins pour ce que j'en comprends étant donné son lexique/symbolisme propre ( ce qui m'est toujours difficile quand il y a un nouveau vocable en jeu: trop de nouveaux mots/sigles avec un usage spécifique ), ou soit y abondent purement et simplement en particulier envers ma réticence première liée à " l'opposition " des concepts duaux qui ne peut/pouvait être systématique, comme je l'avais dit/exprimé ! ( D'ailleurs les exemples qu'il donne au début du document, sont je pense suffisamment éloquents pour je puisse affirmer que " courage " et " prudence " ne sont pas opposés ou contraires selon sa propre acceptation :

Analytique/Synthétique, Animé/Inanimé, Exceptionnel/Normal, Antécédent/Conséquent, Existant/Inexistant, Absolu/Relatif, Abstrait/Concret, Accessoire/Principal, Actif/Passif, Aléatoire/Certain, Discret/Continu, Déterministe/Indéterministe, Positif/Négatif, Vrai/Faux, Total/Partiel, Neutre/Polarisé, Statique/Dynamique, Unique/Multiple, Contenant/Contenu, Acquis/Inné, Beau/Laid, Bien/Mal, Temporel/Intemporel, Etendu/Restreint, Précis/Vague, Fini/Infini, Simple/Composé, Attiré/Repoussé, Egal/Différent, Identique/Contraire, Supérieur/Inférieur, Interne/Externe, Individuel/Collectif, Quantitatif/Qualitatif, Implicite/Explicite ) :

[ Relations entre les pôles canoniques

Parmi les combinaisons de relations existant entre les 6 pôles canoniques (A+, A0, A-, +, 0, -) d'une même dualité A/ , on retiendra les relations suivantes (outre la relation d'identité, notée I).

Deux pôles canoniques α1(A/ , c1, p1) et α2(A/ , c2, p2) d'une même dualité sont duaux ou antinomiques ou contraires si leurs composantes contraires sont opposées et leurs polarités sont opposées.

Deux pôles canoniques α1(A/ , c1, p1) et α2(A/ , c2, p2) d'une même dualité sont complémentaires si leurs composantes contraires sont opposées et leurs polarités sont égales.

Deux pôles canoniques α1(A/ , c1, p1) et α2(A/ , c2, p2) d'une même dualité sont corollaires si leurs composantes contraires sont égales et leurs polarités sont opposées.

Deux pôles canoniques α1(A/ , c1, p1) et α2(A/ , c2, p2) d'une même dualité sont connexes si leurs composantes contraires sont égales et la valeur absolue de la différence de leurs polarités est égale à 1.

Deux pôles canoniques α1(A/ , c1, p1) et α2(A/ , c2, p2) d'une même dualité sont anti-connexes si leurs composantes contraires sont opposées et la valeur absolue de la différence de leurs polarités est égale à 1 ]

 

De même, quand je disais que son approche était réduite à une vision essentiellement décontextualisée, je ne m'étais pas non plus trompé/fourvoyé:

[ On commencera ici en effet par construire des concepts de manière abstraite, sans considération du fait que ces concepts sont ou non lexicalisés. ]

 

Selon mon point de vue, tout ce que j'ai explicité ou tenté d'expliquer - peut-être de manière maladroite - reste valide et fondé en raison, plus global et général, tout en étant mieux calqué ou plus fidèle à la réalité elle-même - de la vie concrète ou de tous les jours. ( Ce qui ne nuit en rien à la qualité de son travail, ni ne fait l'objet d'un dénigrement de ma part, il est plus question ici de quantité que de qualité, et/ou pragmatique versus théorique. Un peu si l'on veut comme la différence entre une considération uniquement fondée sur les nombres entiers versus celle sur les nombres réels confrontées au monde réel, tout dépend de ce que l'on cherche à faire ).

 

 

Bien à toi, D-U

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Membre, 33ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 296 messages
Mentor‚ 33ans‚
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Le courage force l'admiration. Ca ne veut pas dire que vous renoncez à vous montrer courageuse, que d'admirer un comportement paraissant courageux (même éventuellement aux yeux de son auteur, surpris par son propre comportement). Il se passe quelque-chose en nous de précieux et d'étonnant chaque fois qu'un être se dépasse sous nos yeux. A la fois ça met en évidence les limites qui s'imposent à nous ou que nous nous imposons, et le fait que ces limites sont des bornes qui peuvent être dépassées, sans que ça signifie toujours, tout le temps.

Je crois que nous faisons fausse route quand nous cherchons une sorte d'essence du courage. Soit pour dire que ça n'existe pas, soit pour dire que c'est ceci ou cela. Il faut accepter la fluctuation du sens, qu'il puisse nous surprendre, qu'il soit comme l'acte courageux, une possibilité arrivée à son point d'incandescence, à la factualité (ou pas, la plupart du temps). C'est là que nous avons à vivre et non dans les méthodes.

Modifié par Loufiat
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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 042 messages
Forumeur alchimiste ‚
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Le 04/02/2024 à 12:20, deja-utilise a dit :

Bien le bonjour Tison,

 

Je ne reprends pas ce que tu as dit en me répondant, d'une part j'entends bien que tu as d'autres préoccupations et occupations que d'entretenir une disputatio avec moi, et d'autre part je crois que je me suis très certainement très mal exprimé au vu de ce que tu m'as répondu, que je ne conteste nullement cela dit en passant, il y a eu un malentendu entre nous, qui plus est j'ai le sentiment que je ne me suis manifestement pas du tout fait comprendre de toi, je me suis laissé emporter par mon engouement et ai desserré un peu trop les freins, te conduisant a priori dans une zone distale de développement pour toi dissonante ou inconfortable. Je te prie donc de m'excuser pour la gêne occasionné, involontaire ou non délibérée et même non souhaitée, là n'étaient pas mes intentions.

 

Ceci étant dit, à la lecture du document fourni par tes soins, je réponds finalement " tout seul " à mes objections, qui sont soit soulevées effectivement par l'auteur lui-même, du moins pour ce que j'en comprends étant donné son lexique/symbolisme propre ( ce qui m'est toujours difficile quand il y a un nouveau vocable en jeu: trop de nouveaux mots/sigles avec un usage spécifique ), ou soit y abondent purement et simplement en particulier envers ma réticence première liée à " l'opposition " des concepts duaux qui ne peut/pouvait être systématique, comme je l'avais dit/exprimé ! ( D'ailleurs les exemples qu'il donne au début du document, sont je pense suffisamment éloquents pour je puisse affirmer que " courage " et " prudence " ne sont pas opposés ou contraires selon sa propre acceptation :

Analytique/Synthétique, Animé/Inanimé, Exceptionnel/Normal, Antécédent/Conséquent, Existant/Inexistant, Absolu/Relatif, Abstrait/Concret, Accessoire/Principal, Actif/Passif, Aléatoire/Certain, Discret/Continu, Déterministe/Indéterministe, Positif/Négatif, Vrai/Faux, Total/Partiel, Neutre/Polarisé, Statique/Dynamique, Unique/Multiple, Contenant/Contenu, Acquis/Inné, Beau/Laid, Bien/Mal, Temporel/Intemporel, Etendu/Restreint, Précis/Vague, Fini/Infini, Simple/Composé, Attiré/Repoussé, Egal/Différent, Identique/Contraire, Supérieur/Inférieur, Interne/Externe, Individuel/Collectif, Quantitatif/Qualitatif, Implicite/Explicite ) :

[ Relations entre les pôles canoniques

Parmi les combinaisons de relations existant entre les 6 pôles canoniques (A+, A0, A-, +, 0, -) d'une même dualité A/ , on retiendra les relations suivantes (outre la relation d'identité, notée I).

Deux pôles canoniques α1(A/ , c1, p1) et α2(A/ , c2, p2) d'une même dualité sont duaux ou antinomiques ou contraires si leurs composantes contraires sont opposées et leurs polarités sont opposées.

Deux pôles canoniques α1(A/ , c1, p1) et α2(A/ , c2, p2) d'une même dualité sont complémentaires si leurs composantes contraires sont opposées et leurs polarités sont égales.

Deux pôles canoniques α1(A/ , c1, p1) et α2(A/ , c2, p2) d'une même dualité sont corollaires si leurs composantes contraires sont égales et leurs polarités sont opposées.

Deux pôles canoniques α1(A/ , c1, p1) et α2(A/ , c2, p2) d'une même dualité sont connexes si leurs composantes contraires sont égales et la valeur absolue de la différence de leurs polarités est égale à 1.

Deux pôles canoniques α1(A/ , c1, p1) et α2(A/ , c2, p2) d'une même dualité sont anti-connexes si leurs composantes contraires sont opposées et la valeur absolue de la différence de leurs polarités est égale à 1 ]

 

De même, quand je disais que son approche était réduite à une vision essentiellement décontextualisée, je ne m'étais pas non plus trompé/fourvoyé:

[ On commencera ici en effet par construire des concepts de manière abstraite, sans considération du fait que ces concepts sont ou non lexicalisés. ]

 

Selon mon point de vue, tout ce que j'ai explicité ou tenté d'expliquer - peut-être de manière maladroite - reste valide et fondé en raison, plus global et général, tout en étant mieux calqué ou plus fidèle à la réalité elle-même - de la vie concrète ou de tous les jours. ( Ce qui ne nuit en rien à la qualité de son travail, ni ne fait l'objet d'un dénigrement de ma part, il est plus question ici de quantité que de qualité, et/ou pragmatique versus théorique. Un peu si l'on veut comme la différence entre une considération uniquement fondée sur les nombres entiers versus celle sur les nombres réels confrontées au monde réel, tout dépend de ce que l'on cherche à faire ).

 

 

Bien à toi, D-U

Salut D-U

J’avoue être parfois beaucoup trop long à la détente. Cela a l’inconvénient de m’empêcher de voir venir les dangers aussi vite que toi ou @FROD à la seule vue de cette matrice. Alors oui, en y regardant de plus près, je suis bien obligé de reconnaître qu’il y a un réel problème lié à la contextualisation (ou plutôt à sa quasi absence), et aussi par le fait de recourir à des valeurs de vérité pour décrire des phénomènes aussi subjectifs que les principes comportementaux et moraux. D’où l’aspect forcément réducteur d’une telle approche philosophique dite « analytique ».

De toute façon, ce recours au formalisme logique et mathématique me donne le vertige et je me sens aux antipodes d’une telle tournure d’esprit philosophique. Mais comme il en faut pour tous les goûts, je laisse le dernier mot à Paul Franceschi : « Pour ma part, j’ai découvert pour la première fois les problèmes de la philosophie analytique à travers les articles de Jean-Paul Delahaye publiés dans la revue Pour la Science. Je me souviens encore avec quel émerveillement j’ai découvert alors une façon d’appréhender la philosophie jusque-là ignorée, qui correspondait à la tournure d’esprit qui, de manière naturelle, était la mienne ».

Bien à toi, Tison

Modifié par tison2feu
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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Le 02/02/2024 à 12:32, Ambre Agorn a dit :

Justement, il m'intéresse de percevoir cette proposition éthique déguisée! Qu'est-elle aujourd'hui lorsqu'une telle assertion est prononcée? Qu'est-elle dans mon propre schéma sémantique? Qu'entends-je vraiment, et est-ce raccord avec ce qui est ébauché, contourné lorsque je l'entends dans la bouche d'un autre?

Rechercher la proposition traditionnelle de la notion de courage est un peu comme tenter de rechercher les accords de base pour s'y intégrer. Ensuite il faudra arriver à épouser le rythme swingué et peut-être arriver jusqu'à oser l'interprétation de son ressenti. Mais je suis bien d'accord qu'un retour à un certain cadrage ordonné fait aussi bien plaisir.

Je pense que les propositions éthiques déguisées sont multiples.

Le trait commun que l'on pourrait peut-être leur trouver est de correspondre au réalignement démocratique des valeurs. Tocqueville avait d'ailleurs remarqué le glissement: "Le courage est une vertu qui n'a guère d'éclat au sein des peuples chez lesquels l'égalité des conditions prévaut; elle s'entend à mépriser la mort, mais le mépris de la mort est un degré inférieur de la fierté."

Avec un soupçon de cynisme, comme lorsque le courage du travailleur ordinaire est vanté de la bouche des élites, il peut par exemple s'agir d'une injonction à persévérer dans son rôle de subordonné: "tu es un valet admirable alors il n'y a aucune raison d'aspirer à un autre rôle".

Il me semble aussi que la notion est parfois subvertie dans un dessein féministe. L'acte viril et guerrier n'étant pas naturellement l'apanage du féminin, le courage peut être par exemple jazzé vers les tonalités du care.

Si on zoome sur la période postmoderne, on peut certainement voir la notion de courage se reterritorialiser quelque peu vers le narcissisme social: le courage n'est plus alors d'affronter les dragons de la nature, les obstacles extérieurs mais, par exemple, d'affirmer son identité en dépit des pressions uniformisantes de la société de consommation. C'est dire que l'ennemi s'est intériorisé. Ce faisant, il s'est subjectivisé et la notion de courage devient logiquement plus ambiguë. Parce qu'elle est plus ambiguë, elle ne s'en prête que mieux à l'improvisation jazzante dont je parlais plus haut mais aussi aux récupérations convenues ou encore cyniques.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 790 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)
Le 05/02/2024 à 11:45, tison2feu a dit :

Salut D-U

J’avoue être parfois beaucoup trop long à la détente. Cela a l’inconvénient de m’empêcher de voir venir les dangers aussi vite que toi ou @FROD à la seule vue de cette matrice. Alors oui, en y regardant de plus près, je suis bien obligé de reconnaître qu’il y a un réel problème lié à la contextualisation (ou plutôt à sa quasi absence), et aussi par le fait de recourir à des valeurs de vérité pour décrire des phénomènes aussi subjectifs que les principes comportementaux et moraux. D’où l’aspect forcément réducteur d’une telle approche philosophique dite « analytique ».

De toute façon, ce recours au formalisme logique et mathématique me donne le vertige et je me sens aux antipodes d’une telle tournure d’esprit philosophique. Mais comme il en faut pour tous les goûts, je laisse le dernier mot à Paul Franceschi : « Pour ma part, j’ai découvert pour la première fois les problèmes de la philosophie analytique à travers les articles de Jean-Paul Delahaye publiés dans la revue Pour la Science. Je me souviens encore avec quel émerveillement j’ai découvert alors une façon d’appréhender la philosophie jusque-là ignorée, qui correspondait à la tournure d’esprit qui, de manière naturelle, était la mienne ».

Bien à toi, Tison

Très cher Tison, je ne prends connaissance de ton message que maintenant, et je t'avoue être agréablement surpris par ta réponse ( c'est tout à ton honneur ) ! Pessimiste défensif de nature, je m'attendais à une " attaque " en règle en retour, j'avais donc élaboré différentes réponses à tes éventuelles contestations prévisibles/probables, par une sorte d'intériorisation du personnage Tison2feu comme antagoniste dans mes pensées, je me retrouve donc une nouvelle fois avec l'herbe coupée sous le pied, et des idées développées à l'écart devenues en quelque sorte inutiles ou non-nécessaires !

 

Permets-moi alors de me libérer de ces pensées coincées et qui m'obstruent la cervelle, en les exposant ici, à défaut qu'elles te fassent vibrer plus que ça, peut-être qu'un autre lecteur en tirera quelque chose, je-ne-sais-pas, en tous les cas, je me sers de mes écrits présents surtout à des fins exutoires... Ne te sens donc aucunement visé par ce qui va suivre, ou pire incriminé.

 

 

J'aurais donc pu faire remarquer si tu m'avais contredit en utilisant les " matrices ", que l'on ne peut pas justifier un Système en utilisant les éléments ontiques du système lui-même, car c'est tautologique ou bien plutôt un raisonnement circulaire, un peu comme on peut le trouver dans les croyances religieuses: je crois en Dieu de par les saintes-écritures, en oubliant que l'on donne crédit en ces saintes-écritures de par la foi en Dieu. Ou d'une autre manière, quand il n'y a pas si longtemps en sciences physique et médicale, on invoquait la théorie des quatre humeurs ou des quatre éléments Terre-Feu-Eau-Air, tant que l'on restait dans le système concerné, point d'amélioration possible, le monde se comprenait et été interprété exclusivement selon ces théories - et leurs critères respectifs - bon an mal an, il aura fallu attendre de proposer un autre système physique et médical, autrement dit d'en sortir ou le dépasser, pour en voir les limitations et surtout son éloignement/dévoiement d'avec la réalité objective.

 

Je ne sais pas si tu as eu l'occasion de lire ce que j'avais écrit également à Ambre dernièrement, concernant le courage et son excès, en effet, il y a en quelque sorte un excès " positif " ou congru selon ma terminologie, et un autre " négatif " ou incongru, que l'on appelle justement la témérité. C'est-à-dire que pour une même situation, avec les mêmes protagonistes en jeu et les mêmes résultats intermédiaires et finaux, un observateur n'ayant pas accès aux états d'âmes de l'acteur principal verra la même chose, là où cet acteur, lui, pourra la comprendre différemment et donc faire une distinction selon l'état d'esprit dans lequel il était, soit sous l'impulsion d'une émotion, sous couvert d'ignorance répondant à une sorte d'envie ( => expression de la témérité ), soit sous la délibération d'un jugement, ayant pris suffisamment note et conscience des tenants et aboutissants, et conséquences et implications de son choix, démontrant cette fois-ci un devoir ( => expression du courage ), ainsi le même évènement peut être perçu différemment selon qui porte le jugement, pour quelqu'un d'extérieur ou pour le protagoniste principal, alors même que l'excès en jeu constaté est le même, par exemple par la mort du concerné, ce n'est donc pas tant l'excès qui caractérise la témérité en soi, mais de - la nature/typologie de - l'intentionnalité de celui qui a agi, comme en discute @Ambre Agorn dans ce sujet. 

 

De même, si Courage et Prudence devaient être contraires, conceptuellement, je ne devrais pas pourvoir trouver d'exemple montrant que c'est possible de les avoir en même temps, à l'opposé de vide/plein, animé/inanimé, vrai/faux, allumé/éteint, etc... ces pairs de concepts étant par construction incompatibles l'un avec l'autre, ou l'un à l'exclusion de l'autre. Or il n'y a pas ontologiquement incompatibilité entre la prudence et le courage, je peux fort bien avoir l'un et l'autre, comme je l'avais exprimé avec deux exemples, on pourrait presque ici invoquer la différence essentielle qui existe entre le " ou " exclusif et le " ou " inclusif, bien qu'il soit plus juste de parler du " et ".

 

Le contexte, la situation ou le cas-par-cas est donc de rigueur, plus que de construire une abstraction conceptuelle déconnectée, qui est par nature simplificatrice et donc déformante, et même falsifiante de la complexité de la Réalité, un peu comme ce fût le cas avec le behaviorisme en Psychologie, en faisant abstraction/l'impasse des pensées/idées de l'individu, et en ne retenant que les comportements stricto sensu, on ne pouvait que manquer ce que l'on cherchait pourtant à faire, i.e. rendre compte des actions des Hommes, hormis dans des cas d'école ou de laboratoire aseptisés ! Et sur un plan mathématique, cela rappelle la catastrophe de l'irrationalité de la racine-carrée de 2 - ou de la diagonale du carré-unité - pour les Pythagoriciens, ne jurant que par les nombres entiers et leurs rapports, cela leur était à la fois insupportable et incompréhensible !

 

:bienvenue:

 

 

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Ambre Agorn Membre 2 084 messages
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Le 05/02/2024 à 16:33, Dompteur de mots a dit :

Si on zoome sur la période postmoderne, on peut certainement voir la notion de courage se reterritorialiser quelque peu vers le narcissisme social: le courage n'est plus alors d'affronter les dragons de la nature, les obstacles extérieurs mais, par exemple, d'affirmer son identité en dépit des pressions uniformisantes de la société de consommation. C'est dire que l'ennemi s'est intériorisé. Ce faisant, il s'est subjectivisé et la notion de courage devient logiquement plus ambiguë. Parce qu'elle est plus ambiguë, elle ne s'en prête que mieux à l'improvisation jazzante dont je parlais plus haut mais aussi aux récupérations convenues ou encore cyniques.

Je retiens ceci spécifiquement, parce que justement cela me pose question. Qu'est-ce qui fait ce basculement? Je n'ai pas de preuves pour ce que je dis, mais il semblerait que la notion de courage d'antan recèle une attitude socialement souhaitée et reconnue, alors que maintenant (période postmoderne) cette notion courageuse dépend presque entièrement de l'individu et sa subjectivité, sans être définie/reconnue par la société. Est-ce trop raccourcis (trop cru) que de dire que le courage était une valeur sociale, et aujourd'hui une valeur individuelle sans véritable utilité sociale?

D'ailleurs @deja-utilisedans sa façon d'en parler, décrit tout à fait bien cette façon intérieure de percevoir et vivre l'acte courageux. Moi-même quand je perçois un dévoiement de cette valeur à mes yeux, ce n'est qu'à partir de mon propre point de vue car la société ne m'en fournit aucun (ou trop)

L'ennemi intériorisé. Après avoir conquis l'espace extérieur, se pourrait-il que nous découvrions l'immensité intérieur à explorer? Après s'être bien entraîné au massacre de l'ennemi, à sa domination par les armes et la force, quel ennemi affronte-t-on en interne? N'avait-il jamais été qu'interne d'ailleurs cet ennemi projeté sur le visage du protagoniste?

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Ambre Agorn Membre 2 084 messages
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Le 29/01/2024 à 09:55, chekhina a dit :

J'ai pensé que je ne parviendrais pas à vous répondre comme je le désirais. Que, entrainée par une "gravité" propre à la manière de philosopher ici, je ne pourrais que céder à cette inclination.

Je peux me dégager de cet entrainement en imaginant une autre scène. Nous ne serions pas là, séparées par un medium, mais nous serions face à face, par exemple dans un café, nous partagerions une même table.

Comment parlerions nous alors du courage ? Nous philosopherions comme il se doit ? Non. Sans doute vous entrainerais je là où je voudrais aller, je vous parlerais de mon expérience, de mon enfance, je vous dirais : tiens, là, je me souviens...Je me souviendrais d'une figure parentale, que j'aurais vu agir et qui m'aurais inspirée, suite à quoi j'aurais murmuré : quel courage ! Ma première rencontre avec le courage. Et vous m'auriez répondu de même, peut-être vous aussi un souvenir lointain, et vous vous souviendriez que vous aviez vous-même alors pensé : quel courage...En pensant à une figure d'autorité affective.

Ainsi nous parlerions de nos expériences sensibles, nous échangerions nos sensibilités, nous dirions : mais ce n'est pas pour autant que j'ai trouvé que cette autorité fut toujours courageuse ! ou bien encore : mais moi je ne me sens pas courageuse quand les autres me disent que je le suis ! 

Nous partirions pensives, rangeant nos sensibilités dans nos mémoires. Et basta la philosophie classique, nous aurions débattu en toute sincérité, ce qui est une autre façon de philosopher.

Bon, j'ai réussi à vous répondre, j'ai bien pensé que je n'y parviendrais pas.

Merci de cette attention!

Si nous avions été face à face, j'en aurai profité pour essayer de préciser mes questions. Pour ce faire j'aurais essayé de vous parler des exemples précis de ma vie quotidienne qui ont soulevé mon silence faute de réaction adéquate de ma part. Effectivement j'aurai aussi, avec vous, abordé les exemples de nos prédécesseurs ou d'acteurs de scènes où le courage ne faisait aucun doute à nos yeux. Subjectivité, sensibilité, vision du témoin.

Oui, ce n'est pas de la vraie philosophie, mais je n'ai pas été formée dans ce moule et, malgré une assez bonne volonté, je n'arrive pas bien à intégrer les codes qui la ferait reconnaître de nos pairs. Je préfère juste interroger ce qui me malmène, me pose problème et m'empêche de bien dormir, et tant pis si c'était juste une humeur!

Quand je vois un acte de courage, je ne peux empêcher un élan de tout mon être. Je ressens une grande énergie qui me pousse à être de la même trempe, à "communier" de cet état que j'ai pu percevoir. Peut-être que ce qui me désole un peu c'est de ne pas arriver à voir ce même élan naître chez un autre quand il dit voir du courage. Quand il me dit "tu es courageuse" et que je le vois se tourner et se recoucher, alors je ne crois pas à ce qu'il a vu. Je ne peux croire qu'à ce qui me traverse, que ce soit du courage ou l'ignorance.

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Ambre Agorn Membre 2 084 messages
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Le 04/02/2024 à 16:42, Loufiat a dit :

Le courage force l'admiration. Ca ne veut pas dire que vous renoncez à vous montrer courageuse, que d'admirer un comportement paraissant courageux (même éventuellement aux yeux de son auteur, surpris par son propre comportement). Il se passe quelque-chose en nous de précieux et d'étonnant chaque fois qu'un être se dépasse sous nos yeux. A la fois ça met en évidence les limites qui s'imposent à nous ou que nous nous imposons, et le fait que ces limites sont des bornes qui peuvent être dépassées, sans que ça signifie toujours, tout le temps.

Je crois que nous faisons fausse route quand nous cherchons une sorte d'essence du courage. Soit pour dire que ça n'existe pas, soit pour dire que c'est ceci ou cela. Il faut accepter la fluctuation du sens, qu'il puisse nous surprendre, qu'il soit comme l'acte courageux, une possibilité arrivée à son point d'incandescence, à la factualité (ou pas, la plupart du temps). C'est là que nous avons à vivre et non dans les méthodes.

Mon petit papa me disait toujours: "Apprends la technique, puis tord-lui le cou" Il faut apprendre la méthode pour pouvoir lui tordre le cou. Mais ce n'est que mot, n'est-ce pas? Concrètement qu'est-ce que ça signifie? Le courage n'est rien en soi. Il n'est que parce qu'une nécessité de nommer s'impose et le mot existe. Si tout est illusion, que reste-t-il, car l'illusion est le signe de quelque chose? Le courage est le signe d'une manifestation. J'interroge cette manifestation, ainsi que les remous qu'elle engendre.

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Ambre Agorn Membre 2 084 messages
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Bonjour DU

Je ne réponds que maintenant, j'espère que tu arrives à suivre vu les temps de latence.

Le 02/02/2024 à 17:29, deja-utilise a dit :

Quel dommage que tu laisses filer ces questions dans ton propre Topic " libre de sujet ", il y avait je pense matière à réflexion, bien que je n'en détienne pas toutes les clefs.

Ce que je peux globalement malgré tout en dire succinctement, c'est que si les humains sont des créatures assez déterminées, dans le sens où les réactions suivent des " lois ", ils n'en demeurent pas moins une bonne partie du temps imprédictibles, en effet il suffit d'être ignorant d'une partie des facteurs d'influence, ou encore de l'ampleur des impacts de petites perturbations du type " un battement d'aile de papillon au Brésil peut déclencher une tornade au texas ". C'est donc le fruit de cette complexité difficilement maîtrisable en entrée/amont que nous pouvons être surpris par les résultats, les comportements résultants ou en sortie/aval. Bien évidemment l'humeur, les émotions et la situation du moment modulent grandement les " outputs " ou le déroulement du phénomène, parfois exhibant un extrême ou l'autre pourtant avec les mêmes algorithmes en jeu, que l'on peut par exemple retrouver dans l'effet de halo et celui d'effet de halo inverse.

Je te remercie de me le rappeler: en effet j'avais justement ouvert ce topic pour permettre de dériver plus ou moins.

Cette parcelle d'inconnu, celle qui nous fait croire à la possibilité d'être des créateurs, me fascine et j'y reviens régulièrement. D'ailleurs d'autres se posent les même questions. Pas plus tard que ce week-end, j'en discutais avec une connaissance. Pour lui nous choisissions nos "chemins". Je lui disais presque l'inverse. Je voulais bien admettre la possibilité que, durant notre vie entière, nous puissions faire exceptionnellement un choix ou deux, mais ne pouvais clairement pas affirmer que nous choisissions régulièrement lors d'événements clés de notre vie. Il parlait d'exemples précis de sa vie pour illustrer ce qu'il disait. Il a une culture un peu différente de la nôtre vu ses origines, et donc sa représentation du monde. Il a un champ lexicale qu'il faudrait traduire dans le nôtre si je voulais redire ce qu'il disait concrètement. Je vais tenter de transcrire ce qu'il voulais signifier.

Il disait: Certains individus ont la capacité de choisir pour eux-même, et d'influencer fortement leur entourage au point de les faire dévier de la détermination qui les dirige. Un peu comme si la rencontre avec un tel individu constituerait en soi un choc suffisant pour dévier ce qui était plus ou moins prédictible.

Ce qu'il disait était acceptable. Je puis admettre la véracité de cette proposition. Cependant, je ne parvenais pas à accorder ceci: celui qui a un tel pouvoir ne peut pas, au moment des faits, réellement choisir, même s'il a une meilleure vision des déterminants qui le dirigent (je ne sais pas si je suis compréhensible?). Car ce qui est imprédictible, lié aux émotions et le cocktail environnemental/situationnel, n'est imprédictible uniquement parce que nous n'avons pas la capacité de percevoir tous les rouages qui sont à l'œuvre et qui éclaireraient inexorablement la détermination de la situation.

Dans son discours, je pensais reconnaître une confusion "sociale". Je m'explique. Là où lui parlait de choix, moi j'entendais une attitude a posteriori d'acceptation des conséquences. Pour le lui exprimer j'ai utilisé ces termes: un choix est le plus souvent vu et analysé avec un regard sur le passé. Il n'est en général pas vécu comme un choix sur le moment, même si on a eu l'impression de devoir décider quelque chose. Par contre, nous parlons de choix lorsque nous nous revivons l'événement en mémoire comme étant un moment clé et qu'il est reconnu comme tel et qu'il implique des conséquences.

Si je dis avoir eu le choix, c'est que je me sens capable d'assumer les conséquences ou, en tout cas que je me présente comme responsable. Si je dis ne pas avoir eu le choix, c'est que je ne peux raisonnablement accepter être responsable de ce qui découle d'un événement. Hors la responsabilité est une attitude face aux autres, donc sociale.

Si je dis avoir fait un bon choix, c'est que je reconnais un événement comme étant la clé (l'élément décisif) de ce qui m'arrive par la suite, jugé favorable à mon équilibre. Mais ce n'est qu'une attitude sociale visant à responsabiliser un auteur par rapport à une situation. Nous sommes chargés par notre entourage et soi-même de la responsabilité d'événements par rapport aux conséquences visibles. Si le choix est mauvais, c'est qu'il nuit à plus ou moins grande importance à l'intégrité de celui qui est reconnu comme auteur et père du choix. S'il est reconnu qu'il n'y avait pas de choix, c'est que nous sommes déchargés socialement de la responsabilité des conséquences. Si nous nous représentions la détermination à laquelle nous sommes soumis, alors il nous serait impossible de désigner un bon ou mauvais choix, il nous serait impossible de désigner un coupable ou un juste. Ceci n'est uniquement possible qu'au sein d'un groupe, parce que dans ce contexte, nous avons des responsabilités et sommes sensés répondre de nos actes tout déterminés soient-ils.

Peut-être aussi est-ce du courage que de vouloir se charger de la responsabilité, tout en se sachant non coupable de ce qui arrive sans pour autant en revendiquer un quelconque orgueil (quand le choix est bon) étant donné la fragilité de la position. Accepter les conséquence et en répondre est une attitude qui seule, à mes yeux, est la représentation de notre incapacité à "voir" les déterminants tout en sachant qu'ils sont, et défier la réalité en exprimant l'intention de devenir acteur et créateur; intention manifestée par l'attitude responsable.

La raison nous inciterait à penser que nous ne sommes coupables de rien, et le courage à revendiquer la responsabilité de nos actes.

Hou la la! J'espère avoir réussi, au moins un peu, à exprimer ce que je voulais et que ça reste compréhensible!

 

Le 02/02/2024 à 17:29, deja-utilise a dit :

Oui je pense aussi, d'ailleurs il n'est pas impossible, à la volée, de penser que le courage a quelque chose à voir avec le libre-arbitre ou la liberté, où j'estime justement que sa première et la plus évidente manifestation se situe dans le refus ou dans la force de s'empêcher ou de se retenir !

Je rajouterai aussi, qui plus est, que l'influence sociale n'est pas toujours quelque chose qui est très extérieure à nous, comme des éléments de la société génériquement, mais la plupart du temps plus prosaïquement, au contraire, de quelque chose de proximale, à travers nos " proches ", que ce soit la famille, nos amis, les voisins ou les collègues, ce sont certainement eux qui nous influencent le plus directement, par conformisme ou mimétisme ou " synchronisation " ou encore par contagion émotionnelle, ou via l'autorité/légitimité, etc...

C'est un peu tout ce qui fait la beauté de l'humain: l'incarnation de la détermination qui s'ignore, la représentation d'un potentiel par l'ignorance. Même avec toute une vie de recherche en accumulant toutes les connaissances possibles, jamais apparemment nous n'atteindrons un point où la décision nous appartiendrait et serait originelle de la suite. Avoir conscience de ceci et malgré tout se débattre pour qu'il en soit différemment est le seul pouvoir en nos mains: une influence aveugle sur la suite.

D'ailleurs le fait que nous pensons ce qui nous détermine est aussi une détermination, mais aussi le seul moyen de vouloir et tenter d'y remédier. Un peu comme la société qui est intérieure et extérieure à soi: elle est un système qui nous implique, mais nous sommes aussi un élément qui l'implique. L'être humain semble être une rencontre de forces contraires et qu'il est continuellement mis au défi d'y apporter l'équilibre.

 

Le 02/02/2024 à 17:29, deja-utilise a dit :

Une certaine prise de conscience semble nécessaire effectivement.

L'intelligence sera ici convoquée uniquement pour trouver un moyen de le mettre en application, mais c'est une autre instance psychique qui nous intimera, en notre for intérieur, de déroger à un programme, réflexe ou automatisme inné ou acquis.

Il faudra en passer par l'entendement ou une délibération et donc la Raison.

 

Le " courage " peut conduire à la mort en connaissance de causes, et donc à une forme d'excès, si on en a accepté les conséquences néfastes possibles et même prévisibles au préalable, la témérité fait référence justement à ce manque de discernement par une sorte de naïveté ou d'optimisme béat comme ce fût le cas lors de l'envoi des soldats pour la première Guerre Mondiale - d'où l'expression " partir la fleur au fusil ", du moins avant l'enlisement du conflit ou même des premières hostilités morbides, et une reconnexion brutale à la réalité. 

Ai-je bien compris ce que tu as écrit: l'intelligence, tu la vois comme une instance psychique au même titre que la raison? Tu n'engobes pas la raison dans l'intelligence?

 

Le 02/02/2024 à 17:29, deja-utilise a dit :

Il est quand même intéressant de noter je trouve, que la plupart du temps, les Hommes se mettent assez facilement d'accord sur ce qui est bien de faire s'agissant des autres, donc dans une perspective collective/sociale, mais que s'agissant de soi, il en aille très différemment, autrement dit, on attend d'autrui qu'il fasse preuve de grandeur sociale consensuelle, pendant que nous optons, chacun, pour nos propres penchants et intérêts peu ou prou égoïstes si l'occasion se présente, et d'autant plus si il y a peu de chances d'un jugement moral des autres quelle qu'en soit la cause/raison: de ne pas se faire prendre ou identifier, tolérance tacite/traditionnelle, etc... Sera donc perçu comme sage celui qui répond à ce dictat à vocation/terminaison sociale mais pas celui qui vise sa propre satisfaction quand bien même il ne nuit à personne...

Il est aussi intéressant de noter que les sociétés évoluent, mais que l'humain semble très très peu évoluer. La confusion entre les deux est quasi systématique: on amalgame l'évolution humaine à l'évolution des sociétés et leurs lois. Mais l'humain, en quoi évolue-t-il?

Quand nous formons une groupe ou discourrons en groupe, qu'est-ce qui est à l'œuvre? N'est-ce pas l'expression d'une intention qui essaye de se réaliser? Alors nous agissons et parlons tous en témoin sensible, et nous convoquons l'incarnation de cette intention. Mais nous ne sommes pas tous "sage", tout le temps et pour tout, alors les forces contradictoires en nous s'expriment dans les sociétés que nous construisons.

Si nous sommes si clairvoyant des autres, pourquoi ne pas se servir de cette capacité pour s'améliorer? En général on me dit qu'il ne faut pas dire ce qu'on pense pour éviter les conflits. Quant à moi j'ai bien envie de mettre des tartes et des claques autant physiques que verbales. Cependant je me restreins parce que je n'ai pas envie d'assumer des morts... ni d'en faire partie. Parce que même si je sens l'utilité d'entendre ce que les autres voient de moi-même, je ne peux affirmer que je serai suffisamment aguerrie pour entendre, supporter et corriger le tir! Et j'imagine bien qu'on est tous avec cette peur au ventre, d'où les discours à n'en plus finir qui décrit comment on doit se comporter socialement, ce qui est autant une prison qu'un garde-fou.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 790 messages
If you don't want, you Kant...,
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Bien le bonjour à toi,

permets-moi de participer à cette partie,

Il y a 8 heures, Ambre Agorn a dit :

Je retiens ceci spécifiquement, parce que justement cela me pose question. Qu'est-ce qui fait ce basculement? Je n'ai pas de preuves pour ce que je dis, mais il semblerait que la notion de courage d'antan recèle une attitude socialement souhaitée et reconnue, alors que maintenant (période postmoderne) cette notion courageuse dépend presque entièrement de l'individu et sa subjectivité, sans être définie/reconnue par la société. Est-ce trop raccourcis (trop cru) que de dire que le courage était une valeur sociale, et aujourd'hui une valeur individuelle sans véritable utilité sociale?

D'ailleurs @deja-utilisedans sa façon d'en parler, décrit tout à fait bien cette façon intérieure de percevoir et vivre l'acte courageux. Moi-même quand je perçois un dévoiement de cette valeur à mes yeux, ce n'est qu'à partir de mon propre point de vue car la société ne m'en fournit aucun (ou trop)

il y a des qualités qui dépendent uniquement de " l'objet " et d'autres qui dépendent également et surtout de " sujet(s) ", par exemple pour la première catégorie on trouve le mensonge, dans l'autre par exemple, on trouve la politesse. 

Le courage, comme la lâcheté, la timidité, l'altruisme, le respect, la générosité, etc... ne sont pas des notions définies de manière absolue, mais de façon relative, elles dépendent d'un contexte socio-culturelle, si en dernier recours c'est le protagoniste qui sait si il en a fait preuve ou non, il n'en demeure pas moins que tout un chacun peut observer ce genre de manifestations, simplement il peut se tromper, tout comme on peut se méprendre sur le fait qu'untel soit amoureux ou non, cela ne signifie pas que l'amour n'existe pas ou qu'il n'est pas observable de l'extérieur, c'est son attribution pour/à tel sujet qui peut porter à caution/erreur.

Une personne peut paraitre lâche à un tiers, et l'être effectivement pour le jugé lui-même, ou au contraire fallacieuse pour ce dernier, car ce n'est pas la peur qui l'aurait retenu mais autre chose qui n'avait rien à voir, un autre impératif supérieur, une promesse, un effet collatéral contradictoire prévisible, le remède pire que la mal, etc... Il y a toujours une asymétrie informationnelle entre l'observateur et le sujet, le premier étant bien moins loti pour juger, il fait donc un pronostic probable avec le manque d'information, il fait à proprement parler une inférence, en partie fondée, i.e. non totalement arbitraire. 

Avec l'altruisme, c'est également très compliqué de savoir si l'acteur en a fait réellement preuve, comme pour le fait d'être généreux, il peut il y avoir des ressorts intérieurs inconnus de l'extérieur qui l'a poussé à cette action, sans lien avec l'étiquette qu'on lui aura collé sur le dos, jugement uniquement basé sur l'effet observable alors que les causes réelles sont inaccessibles.

 

Néanmoins, il y a pour faire ces jugements extérieurs des références collectives/sociétales implicites, un inconscient collectif sur ces diverses qualités et qui donnent le " La ", on le voit assez nettement avec la notion d'héroïsme, qui renvoie directement à celle de courage, en France on a pu le constater collectivement/socialement pendant la pandémie de Covid avec les premières lignes d'acteurs de la santé, tout comme dans un fait divers où un individu s'était sciemment interposé entre un agresseur armé et sa victime en devenir, c'est lui qui a été poignardé en premier. Le héro est une figure par excellence collective/sociale, elle n'existe qu'à travers cette perception du groupe, bien sûr restera à savoir si effectivement ce " héro " en est un aussi à ses propres yeux - comme je l'ai explicité à maintes reprises !

De même que le respect, il peut il y avoir des déclinaisons différentes suivant les lieux et les époques, on peut le voir avec ce qu'un Français considère comme allant de soi quand il s'adresse ou interagi un compatriote, et ce même comportement envers un Japonais dans son pays natal, qui sera là perçu comme offensant et déplacé, il y a donc des critères qui " s'imposent " aux acteurs suivant le contexte social dont ils dépendent, l'interprétation n'étant pas entièrement libre pour les protagonistes en jeu, il y a un cadre interprétatif sous-jacent et qui fixe peu ou prou le décor. Il en irait de même avec la lâcheté par exemple, ce qui était considéré comme lâche hier ne l'est peut-être plus aujourd'hui et réciproquement. Ce cadre de référence a un poids considérable sur nos interprétations, il est peu probable que de se rendre au travail ou aller chez le dentiste soit généralement perçu comme ayant quelque chose à voir avec le courage, pourtant pour certaines personnes, ce peut être le cas malgré tout, le travailleur qui se fait harcelé doit donc surmonter sa peur pour y aller malgré tout, tout comme le phobique de la " roulette " doit lui aussi surmonter sa frayeur pour se rendre au cabinet, tout comme à l'inverse se rendre sur le champ de bataille n'avoir trop rien à voir avec l'expression du courage, d'autant plus aujourd'hui avec la professionnalisation des armées.

 

J'espère avoir été clair sur ce que j'ai essayé d'exprimer dans ces quelque lignes !?

 

Bien à toi, D-U

 

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