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Par-delà la volonté de puissance


InstantEternité

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Membre, Posté(e)
Boutetractyxreqs Membre 5 959 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Il y a 11 heures, InstantEternité a dit :

« Vivre, c’est essentiellement dépouiller, blesser, dominer ce qui est étranger et faible, l’opprimer, lui imposer durement sa propre forme, l’englober, et au moins, au mieux l’exploiter » disait Nietzsche.

Je traduis cela par le fait que nous voulons « toujours avoir raison » dans la vie et que nous ne supportons pas d’observer que nous pouvons aussi nous tromper : Il s’agit là d’une manifestation naturelle de notre volonté de puissance.

Dans ces conditions, je m’intéresse à l’action de « prise de recul » ou le fait de regarder les choses sous un autre angle. L’exemple ultime serait le cas de quelqu’un qui pour se suicider monte sur un toit, étant décidé de se jeter, au dernier moment avant de passer à l’acte, il s’arrête « lucidement » et ne passe pas à l’acte…

Que fait-il penser de cet exemple ? On pourrait croire que si cette personne voulait avoir toujours raison, exprimer coûte que coûte sa volonté de puissance, alors il aurait dû passer à l’acte, et pourtant en s’arrêtant au dernier moment par une sorte de « clairvoyance » ou de prise de recul il s’affirme dans la vie et dans son existence d’une manière beaucoup plus intense que si en fin de compte il avait laissé manifesté sa volonté de puissance jusqu’au bout.

Je m’intéresse précisément à cet instant, l’instant où nous avons le choix de passer à l’acte (quel qu’il soit) et pourtant de manière tout à fait conscient et réfléchie (et non par un instinct de survie) on ne le fait pas, on recule. Il s’agit là d’un acte qui dépasse notre volonté de puissance « élémentaire », mais si la vie est volonté de puissance, ne faut-il pas voir dans cette lucidité là qui s’affirme, quelque chose par-delà la volonté de puissance elle-même ?

Ne jamais avoir tort, toujours avoir raison c'est ne jamais se tromper, ne jamais faire d'erreur négative de par la douleur.

C'est pourquoi il ne saute pas car ne pas aimer se tromper quant a la douleur c'est aussi ne pas mourir douloureusement soit en sautant d'un immeuble.

La volonté de puissance de ne jamais avoir mal n'est en fait que la puissance involontaire d'avoir le choix pour faire le bon en ayant pas de choix si ce n'est faire le bon. Comme quoi il n'y a qu'une décision possible l'indolore quand au bon choix, il n'y a pas d'autres choix signe de puissance involontaire qui n'est que la volonté de puissance.

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Membre, 42ans Posté(e)
InstantEternité Membre 1 134 messages
Baby Forumeur‚ 42ans‚
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Il y a 2 heures, Boutetractyxreqs a dit :

La volonté de puissance de ne jamais avoir mal...

Mais je pense au contraire que la volonté de puissance induit une prise de risque donc l'acceptation de l'idée de devoir supporter un certain degré de douleur. Il y a comme un paradoxe de parler de "volonté de puissance indolore"...

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Membre, 42ans Posté(e)
InstantEternité Membre 1 134 messages
Baby Forumeur‚ 42ans‚
Posté(e)
Il y a 5 heures, hell-spawn a dit :

Oui il affirme la toute puissance de sa volonté en accomplissant l'acte ultime de façon purement gratuite.

Enfin de compte c'est l'idée que j'ai avancé dans ce topic à savoir : Le fait de se suicider relève de l’accomplissement d'une certaine volonté de puissance d'où peut-être l'idée "absurde" (à mon avis) d'un dépassement de soi en se suicidant !

Ce dont à quoi je m'intéresse dans ce topic c'est justement le fait de prendre la décision de ne pas se suicider et donc quelque part de freiner sa volonté de puissance. Mais en freinant ainsi la volonté de puissance par notre "lucidité" nous accomplissons un acte que je ne sais nommer mais qui est d'après moi un acte qui dépasse la volonté de puissance.

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Membre, Posté(e)
Boutetractyxreqs Membre 5 959 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
il y a 8 minutes, InstantEternité a dit :

Mais je pense au contraire que la volonté de puissance induit une prise de risque donc l'acceptation de l'idée de devoir supporter un certain degré de douleur. Il y a comme un paradoxe de parler de "volonté de puissance indolore"...

Si la douleur est supportée ce n'est plus la douleur.

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Membre, 42ans Posté(e)
InstantEternité Membre 1 134 messages
Baby Forumeur‚ 42ans‚
Posté(e)
à l’instant, Boutetractyxreqs a dit :

Si la douleur est supportée ce n'est plus la douleur.

Oula... donc ce que vous appelez douleur c'est la mort en fait ??

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Membre, Posté(e)
Boutetractyxreqs Membre 5 959 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
il y a 11 minutes, InstantEternité a dit :

Enfin de compte c'est l'idée que j'ai avancé dans ce topic à savoir : Le fait de se suicider relève de l’accomplissement d'une certaine volonté de puissance d'où peut-être l'idée "absurde" (à mon avis) d'un dépassement de soi en se suicidant !

Ce dont à quoi je m'intéresse dans ce topic c'est justement le fait de prendre la décision de ne pas se suicider et donc quelque part de freiner sa volonté de puissance. Mais en freinant ainsi la volonté de puissance par notre "lucidité" nous accomplissons un acte que je ne sais nommer mais qui est d'après moi un acte qui dépasse la volonté de puissance.

Il ne se suicide pas car pour lui avoir toujours raison c'est ne jamais faire d'erreur négative de par la douleur et que en sautant il risque de mourir par la douleur du choc contre le sol.

Et enfin de compte s'il se suicide c'est sous l'impulsion de la volonté de puissance de ne plus être malheureux et si ne plus être malheureux est d'être heureux ce n'est pas obligatoirement significatif de mort ou de vie. 

Puisque c'est les deux pour celui qui se préoccupe de ne jamais se tromper quant à la l'erreur negative de par la douleur.

il y a 6 minutes, InstantEternité a dit :

Oula... donc ce que vous appelez douleur c'est la mort en fait ??

Non le choc de la chute car le plus terrible n'est pas la chute mais l'atterrissage.

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Membre, 50ans Posté(e)
Aruna Membre 526 messages
Forumeur balbutiant‚ 50ans‚
Posté(e)
Le 08/12/2019 à 03:05, InstantEternité a dit :

« Vivre, c’est essentiellement dépouiller, blesser, dominer ce qui est étranger et faible, l’opprimer, lui imposer durement sa propre forme, l’englober, et au moins, au mieux l’exploiter » disait Nietzsche.

Je traduis cela par le fait que nous voulons « toujours avoir raison » dans la vie et que nous ne supportons pas d’observer que nous pouvons aussi nous tromper : Il s’agit là d’une manifestation naturelle de notre volonté de puissance.

Dans ces conditions, je m’intéresse à l’action de « prise de recul » ou le fait de regarder les choses sous un autre angle. L’exemple ultime serait le cas de quelqu’un qui pour se suicider monte sur un toit, étant décidé de se jeter, au dernier moment avant de passer à l’acte, il s’arrête « lucidement » et ne passe pas à l’acte…

Que fait-il penser de cet exemple ? On pourrait croire que si cette personne voulait avoir toujours raison, exprimer coûte que coûte sa volonté de puissance, alors il aurait dû passer à l’acte, et pourtant en s’arrêtant au dernier moment par une sorte de « clairvoyance » ou de prise de recul il s’affirme dans la vie et dans son existence d’une manière beaucoup plus intense que si en fin de compte il avait laissé manifesté sa volonté de puissance jusqu’au bout.

Je m’intéresse précisément à cet instant, l’instant où nous avons le choix de passer à l’acte (quel qu’il soit) et pourtant de manière tout à fait conscient et réfléchie (et non par un instinct de survie) on ne le fait pas, on recule. Il s’agit là d’un acte qui dépasse notre volonté de puissance « élémentaire », mais si la vie est volonté de puissance, ne faut-il pas voir dans cette lucidité là qui s’affirme, quelque chose par-delà la volonté de puissance elle-même ?

Si la volonté de puissance nous semble être la force motrice qui anime le monde, si nous la voyons s'exprimer dans chaque  petit phénomène observé comment le simple report d'un geste suicidaire pourrait il la suspendre en aucune manière ?

Le monde "réel" n'est pas apprehendable en tant que tel, il demeure le lieu du mystère, nous ne le touchons qu'à travers des prismes représentatifs. Or ce que nous appelons "volonté de puissance" est un de ces prismes. 

Suspendre la volonté de puissance, supposerait de "stopper le monde", c'est-à-dire de "neutraliser", ne serait ce qu'un instant, notre prisme de représentations.

Mais là, ça dépasse mes compétences.

Hé oh! Là dedans ! Il y a quelqu'un qui sait comment on fait pour "stopper le monde"?  

@Guillaume_des_CS? ...trop utopiste.

@Marzhin?....trop intello.

@Zerethoustre?...trop jeune.

@Blaquière?...trop vieux.

@Annalevine?....non, elle l'aime trop la volonté de puissance.

@ÈléonoreK? ...trop impulsive.

@Maroudiji?...trop religieux.

Non, vraiment.... là comme ça, je vois pas... 😉

 

 

 

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Membre, Posté(e)
Guillaume_des_CS Membre 1 420 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Le 08/12/2019 à 03:05, InstantEternité a dit :

« Vivre, c’est essentiellement dépouiller, blesser, dominer ce qui est étranger et faible, l’opprimer, lui imposer durement sa propre forme, l’englober, et au moins, au mieux l’exploiter » disait Nietzsche.

Je traduis cela par le fait que nous voulons « toujours avoir raison » dans la vie et que nous ne supportons pas d’observer que nous pouvons aussi nous tromper : Il s’agit là d’une manifestation naturelle de notre volonté de puissance.

Dans ces conditions, je m’intéresse à l’action de « prise de recul » ou le fait de regarder les choses sous un autre angle. L’exemple ultime serait le cas de quelqu’un qui pour se suicider monte sur un toit, étant décidé de se jeter, au dernier moment avant de passer à l’acte, il s’arrête « lucidement » et ne passe pas à l’acte…

Que fait-il penser de cet exemple ? On pourrait croire que si cette personne voulait avoir toujours raison, exprimer coûte que coûte sa volonté de puissance, alors il aurait dû passer à l’acte, et pourtant en s’arrêtant au dernier moment par une sorte de « clairvoyance » ou de prise de recul il s’affirme dans la vie et dans son existence d’une manière beaucoup plus intense que si en fin de compte il avait laissé manifesté sa volonté de puissance jusqu’au bout.

Je m’intéresse précisément à cet instant, l’instant où nous avons le choix de passer à l’acte (quel qu’il soit) et pourtant de manière tout à fait conscient et réfléchie (et non par un instinct de survie) on ne le fait pas, on recule. Il s’agit là d’un acte qui dépasse notre volonté de puissance « élémentaire », mais si la vie est volonté de puissance, ne faut-il pas voir dans cette lucidité là qui s’affirme, quelque chose par-delà la volonté de puissance elle-même ?

Un petit texte que j'avais écrit, il y a maintenant quelques années...

Je crois qu'il répond à ta question...

Cependant, je considère de mon côté que la volonté est un concept vide de sens. C'est un mot qui dès qu'on l'invoque signifie sa propre absence...

Citation

J'ai tout préparé soigneusement. Le cutter, avec sa lame neuve, les trois boîtes de somnifères et les douze Leffes, tout est prêt, bien aligné, juste à portée de main sur le rebord de la baignoire. Je suis déjà bourré. D'ailleurs, il y a des semaines, des mois que je ne débourre plus... Le problème, c'est la lucidité. Je n'arrive plus à l'atténuer. Même avec quatre ou cinq litres d'affilée, il n'y a plus que le corps qui trinque. Tout se passe comme si les vapeurs s'arrêtaient à la gorge et n'atteignaient plus le cerveau. 
Des guiboles, je ne suis plus trop sûr d'en avoir. Je ne les sens plus. Quelques fourmillements... En tout cas, je ne peux plus compter sur elles. Quand je me retrouve allongé, ou à genoux, c'est par un savant calcul que je bascule mon centre de gravité vers le buste pour prendre appui sur les bras, et me redresser. Je dois longtemps réfléchir à chaque étape pour réaliser ce mouvement complexe, et cela ne marche pas toujours... Les bras, eux-aussi, commencent à me trahir ! Je vais finir en tronc, je crois. Un tronc oppressé qui pue la bière et le tabac froid du matin au soir, et du soir au matin...
"Couper dans la longueur de la veine", c'est la consigne essentielle ; il faut que je garde cela en tête. Peut-être devrais-je l'écrire sur un papier et mettre le papier à côté du cutter ? Non. Inutile. J'ai l'esprit clair, et quelques bibines de plus n'y changeront rien... 
Je me demande combien de temps cela va prendre. Combien de temps vais-je rester conscient ? Trois minutes ? Trente minutes ? J'ai peur de paniquer. Le pire serait la panique, l'angoisse du vide, la peur de la mort... Je ne suis pas vraiment déterminé ; c'est plutôt... inéluctable. Quel autre choix me reste-t-il ? Tout me semble si dérisoire... Tout.
Il doit être deux heures. Le soleil est au zénith et la chaleur étouffe l'atmosphère. Le silence est absolu. Le néant est partout, lourd, immobile, définitif. La vie, absente. Je la vois comme une abstraction la vie ; une pure construction intellectuelle. Je ne la sens plus. Il y a longtemps qu'elle m'a quittée. Y renoncer maintenant n'est pas un acte ; c'est au mieux une formalité... Fuir l'horreur de la souffrance permanente est l'acte, le choix. Mon choix ? Je dois encore vérifier cela, je le sais, mais je suis épuisé. Penser, et même respirer me coûtent. La seule chose que je fasse encore sans effort, c'est pleurer, me vider, me liquéfier dans le néant.
Écrire ? Lui laisser une lettre ? Une trace ? Un remord ? L'accabler... Au moins elle serait forcée de penser à moi. Au moins j'existerais encore un peu pour elle. Au moins... Au moins quoi ? De toute façon, c'est foutu ! Je me suis mis à nu. À poil, complètement à poil que je me suis mis pour elle. Ou était-ce pour moi ? Je n'ai plus rien, mais alors plus r-i-e-n à lui faire découvrir de moi ; elle s'en fout de moi, elle s'en contrefout ! Je suis sorti de la photo...
Et "l'Autre", l'autre en moi, là, s'en donne à cœur joie évidemment : "Dégage ! Et arrête d'emmerder le monde une bonne fois pour toutes ! Non mais, regarde-toi, tu ne peux même plus porter une fourchette à ta bouche tellement tu trembles ! Il te faudrait une sonde pour t'alimenter. T'es prostré en permanence ; faire trois mètre te prend trois plombes ! t'arrives même plus à tenir debout... Et ta tête ! On dirait une fosse septique, ta tête ! Tu te fais pitié à toi-même ; comment veux-tu ne pas l'écœurer ? Pour elle, te vomir est devenu une question de survie. C'est légitime. Et tu le sais bien. Arrête de te raconter des histoires..." 
Il se gave, quoi...
Non. Pas de lettre. Le mieux serait un roman, mais je n'ai plus le temps. Sans parler du talent. Un poème peut-être... C'est quand même la poésie qui nous a réunit. Au début en tout cas. Enfin, un peu... Je n'en suis plus très sûr. Peut-être qu'elle trichait déjà. Difficile d'être sûr... Je ne l'ai jamais entendue la lire, ma prose. Jamais. Pas une fois en quatre ans. Pas une... Encore moins la réciter de mémoire évidemment. Pas même un haïku... Je ne me souviens pas non plus qu'elle m'ait jamais complimenté. J'ai dû lui écrire une bonne centaine de poèmes pourtant. Oui, au moins cent. Faut croire qu'ils étaient nuls ; comme le reste... 
De son côté, elle ne m'en a jamais écrit qu'un seul de poème : celui de la bulle de savon. C'était un truc érotique. On prenait une douche chaude et la bulle glissait lentement de mon aisselle à mon bas-ventre, pour finir dans la cambrure de ses reins. On n'avait pas encore fait l'amour quand elle l'a écrit. Enfin si, mais seulement en échangeant des photos intimes sur Internet. J'ai découvert qu'elle l'avait envoyé aux suivants, son poème qu'elle avait écrit pour moi. Ses photos aussi ; les mêmes... Sur le coup, cela m'a déchiré un peu plus ; mais maintenant, je comprends. Je ne lui en veux plus. J'aimerais la maudire, la haïr, mais je l'ai dans la peau. Je l'aime jusque dans ses trahisons. Totalement.
Ni lettre ni poème, donc. Je l'aime trop pour la faire souffrir davantage. En finir, c'est mon choix ; mon problème. Elle n'y est pour rien. J'ai tout inventé, tout imaginé. Même elle, c'est moi qui l'ai créée ! Je l'ai rêvée, sublimée avec une telle conviction, une telle force, qu'elle n'avait d'autre choix que d'essayer de se hisser jusqu'à mon délire pour me rejoindre sur mes nuages. Maintenant que mes nuages sont pourris, maintenant qu'ils craquent et s'écrasent sur la réalité dure des fantasmes déchus, je la rendrais responsable de tout ? Et quoi encore ? C'est un peu court... 
J'ai le droit de me flinguer, mais c'est un droit individuel, en user ne doit impliquer que soi-même. On possède tous ce droit fondamental. Aujourd'hui, je le sais. J'ai longtemps cru le contraire pourtant. J'affirmais, encore il n'y a pas si longtemps, que sa propre naissance est le seul fait sur lequel l'individu n'ait eu aucune prise ; j'en déduisais qu'il ne pouvait attenter à la vie qui en résultait. Magnifique sophisme ! Je l'ai vendu au monde entier pendant 40 ans ! Au monde entier... sauf à elle. Il a fallu qu'elle m'explique que les neurosciences montraient qu'on pouvait en quelque sorte décider de ne pas naître ! Dingue ! Même mon respect sacré de la vie, il aura fallu qu'elle le piétine...
Mais c'est comme j'ai dit : je ne lui en veux pas. Elle m'a ouvert le droit à la mort. D'ailleurs, tuer l'animal qu'on habite provisoirement n'est pas tuer la vie. La vie, elle, elle s'en fout ; elle continue sans lui, comme si de rien n'était. Elle récupère la carcasse et la transforme. C'est comme ça qu'elle fait les ânes ; et les cons aussi. Le plus drôle, le plus absurde, c'est quand un âne-con comme moi décide de faire la nique à la vie en retournant le processus contre elle ! Que va-t-elle faire de moi la vie ? Hein ? Que va-t-elle faire de moi après ma mort ? Un super con ? Impossible. J'ai déjà battu tous les records. Je ne suis pas comme les autres, moi ; je mérite un traitement spécial. Je suis éligible à la vraie mort : je vais disparaître, finir, m'abîmer dans le néant. Non seulement je ne vais plus vivre, plus souffrir, même plus exister... mais je ne vais laisser aucune trace ! Je vais m'effacer rétroactivement ! 
Et c'est bien ce que je suis en train de faire... Tout est prêt. Il y a juste ces deux questions mineures qu'il me reste à adresser : comment être sûr que c'est bien mon choix ? et surtout, comment ne pas lui laisser la culpabilité, à elle ? Car en même temps, elle serait trop contente de pouvoir se victimiser une énième fois ! Mais là, trop c'est trop ; j'ai mes limites, mon point de rupture, moi aussi. Et la victime, c'est bien moi, non ? Celui qui, livré tout vif aux flammes de la jalousie, aux affres de la solitude extrême, de l'abandon, du rejet, de l'injustice et de la trahison... finit par se saigner ou par se pendre, c'est bien la victime, non ? Je ne me suis pas trompé de script ? 
Cela dit, je suis un peu forcé d'admettre qu'un double doute s'immisce en moi, peu à peu. Pour le choix d'abord, je sens bien que même si j'ai toute ma lucidité, je n'en suis pas moins devenu une outre à bière ces derniers mois. Comment pourrais-je mesurer objectivement ce degré de lucidité que je revendique ? Est-ce bien moi qui décide ? Librement ? Que reste-t-il de moi ? Pas ce que je vois dans la glace en tout cas... Et quand j'entends "l'Autre" ricaner... Pour la culpabilité, c'est encore pire, il exulte : "Décidément, tu vas te la jouer jusqu'à ton dernier souffle ! Te flinguer chez elle, dans sa baignoire, et en même temps avoir l'outrecuidance de prétendre ne pas vouloir la culpabiliser ? Whaoou... ! Tu ne manques pas de souffle ! Encore un peu, je te prenais au sérieux. T'es vraiment le dernier des hypocrites ! Tout fait ventre, hein ? T'es en train de te faire un chantage au suicide à toi-même ? T'es trop fort mec ! Whaoou... ! Chapeau l'artiste... Etc. Etc." 
Même si je ne l'écoute plus, je dois convenir que pour le lieu du sacrifice, c'est difficile de lui donner tort. Remarque, je ne l'ai pas vraiment choisi non plus ; si ça ne tenait qu'à moi,  mon sale coup je le ferais sur la Promenade des Anglais, au Négresco. Seulement voilà, en plus d'être jeté, je suis fauché ! Je ne dis pas qu'il y a une relation de cause à effet mais quand même, cela devient difficile d'avoir une suite dans un 5 étoiles quand on s'est déjà fait plumer. Supposons un instant, je dis bien "supposons" et je dis bien "un instant", supposons que je renonce à mon exécution faute de Négresco : je fais quoi ? Continuer à subir l'ostracisme inhumain dans lequel elles m'ont enfermé, elle et sa fille, est impossible ; je deviendrais fou. Partir ? Bien sûr, partir... mais comment ? Pour aller où ? J'ai tellement cru à son amour que j'ai tout misé sur Nous, notre histoire, notre "relation fécondante" ! Ah, oui, voilà bien le grand mot, le grand dessein : une relation fécondante ! C'était l'idée, je m'en souviens, et même si je ne parviens plus à m'en faire une représentation mentale, je sais encore qu'il était question d'une troisième entité. En gros, on participait d'un processus de création, rien que ça ! Un peu comme quand on fait un gosse, quoi... Dans ce cas, la troisième entité, c'est le gamin. C'est juste que pour les couples stériles ou ceux qui n'en veulent plus, des gosses, c'est plus difficile la troisième entité... Pour nous, c'était une entreprise innovante la troisième entité. Des fringues intelligentes qu'on avait inventées. Mais on s'est mangés...
Non mais je suis en train de ressasser là, replonger dans l'histoire... Faut arrêter. Focaliser, prioriser qu'il faut. Se concentrer sur l'objectif. Avant, c'était facile ; avec la picole, la difficulté c'est que l'objectif n'arrête plus de bouger. Des fois, il tremble ; des fois, il danse ; souvent, il devient flou, insaisissable... Mais aujourd'hui, ça n'a pas d'importance. C'est un jour spécial : c'est le dernier. J'ai l'esprit clair. Il peut toujours faire le mariole l'objectif, je sais ce que je veux. Je sais ce que je fais. Je suis étrangement serein, froid à l'intérieur, sans espoir. Totalement rationnel, et pas du tout passionnel que je suis. 
Mais "l'Autre" a raison quand même : peinturlurer sa baignoire avec mes globules rouges ne serait pas cool. Je dois faire autrement. Définitivement. 
Avec la concentration, j'arrive à imaginer un scénario idéal : elle découvre, par hasard, dans douze ans - je ne sais pas pourquoi douze... -, que je suis mort il y a longtemps. D'ici là, il y aura eu la vie. Sa vie. Pleine d'amour, pleine d'enfants, pleine de vieux, de parents, d'amis, et pleine de chats aussi, sa vie ! Les vieux, c'est à cause qu'elle les aime ; c'est comme ça que j'ai eu ma chance... Quant à la mienne de vie, elle aura disparue. Volatilisée, tombée dans le vide, pulvérisée dans l'oubli la mienne... 
Rien, aucune tristesse, pas le moindre regret, pas la plus infime culpabilité, c'est l'idée du scénario : elle n'éprouvera rien ! Ou alors juste un peu d'étonnement : "Tiens, comment cela a-t-il pu arriver sans que je m'en rende compte ?" se dira-t-elle. Mais, passé cet instant de surprise, elle se regroupera très vite pour se recentrer sur le rythme infernal des péripéties de sa propre existence, sur toutes ces responsabilités, ces devoirs et ces servitudes qui l'ont toujours accablée, et qui l'accableront encore. Elle sera rassurée : le souvenir de moi sera impuissant à l'atteindre, impuissant à déranger toutes ces choses qui la gouvernent et dont elle a tant besoin. Tout pourra continuer... Oui, continuer, c'est l'essentiel ; la vie est un continuum... Il faut être vraiment fou pour vouloir sortir d'un continuum : par définition, il n'y a pas d'issue ! 
Mais pour le réaliser mon scénario idéal, je dois partir en catimini. Sans bruit, sans salissures qu'il me faut disparaître... Un peu comme j'ai vécu avec elle : à sa discrétion. Car c'est bien ainsi que cela s'est passé : elle m'a activé, mais sous réserve de discrétion. Je n'étais que pour elle. Elle ne voulait me partager avec personne. Ni ses enfants, ni sa famille, ni ses amis... personne ! Au début, je trouvais cela un peu étrange, mais comme je suis d'un tempérament plutôt solitaire, au final, cela me convenait bien. 
Le grain de sable qui a tout bloqué, c'est qu'elle passait beaucoup de temps avec moi. Les autres là, ses enfants, sa famille et ses amis, cela ne leur convenait pas. Quand ils ont commencé à le lui faire payer, elle m'a désactivé à peu près aussi facilement qu'elle m'avait activé. 
La désactivation, c'est ce qui a fait que je me retrouve à la poubelle, maintenant. C'est normal dans la société de consommation. C'est l'usage qu'on fait d'un consommable. Si tu n'es pas d'accord avec ça, tu n'es pas forcé d'être un consommable ; en tout cas de n'être que cela. C'est du masochisme. L'union par symbiose psychique qu'on appelle ça. Le plus souvent, c'est déséquilibré. Quand ça ne l'est pas, tu es tantôt masochiste, tantôt sadique, mais c'est par rapport à des personnes différentes. Dans un couple, il n'y a pas d'alternance. Tu es l'un, ou tu es l'autre. Moi j'ai préféré être le premier pour deux bonnes raisons : et d'une, c'est son côté "garçon manqué", sa virilité, son tempérament casse-cou qui m'avaient d'abord séduit ; et de deux, ma mère ne m'a jamais aimé. En devenant son jouet, je gagnais une compagne, un amant et une mère ! J'étais conscient des risques de conséquences d'une telle transgression, même si je ne me les représentais pas très clairement. Je sentais que cela pourrait bien finir par une énorme souffrance ; je devrais même dire : je savais. 
Ceux qui n'aiment pas la souffrance et qui choisissent de vivre autrement te disent que pour l'éviter, il suffit de faire les choses avec modération, tempérance... Avec raison, quoi. Mais c'est difficile d'aimer raisonnablement. Il y a ceux qui peuvent, et il y a les autres, comme moi. Ceux-là sont incapables de vivre l'amour comme une expérience raisonnable. Pour eux, aimer, c'est fleurter avec le feu, la passion, l'angoisse, la trahison, l'abandon et la mort. Toujours. Et c'est ce qu'ils veulent. En tout cas ce qu'ils croient vouloir. Ils ne peuvent pas comprendre, pas même imaginer l'expérience amoureuse en dehors de ces turbulences, de ces déchirements. Ou alors c'est juste de l'amitié. Et l'amitié ne leur suffit pas. Elle est trop pleine de conformisme, l'amitié. Il faut toujours la préserver ; la compromission n'est jamais très loin...
Heureusement, moi, je comprends toute cette complexité de l'amour. Ce qui est absurde, ce qui me met en rogne, c'est d'agir comme si je ne la comprenais pas... Faut dire qu'avec "l'Autre", on ne fait qu'un ; et je ne lui résiste plus autant qu'avant. C'est un cercle vicieux : plus je m'imbibe, plus il prend le dessus ; plus il prend le dessus, plus je m'imbibe... Je ne vois plus trop comment en sortir. J'ai bien commencé à penser à un truc, mais comme je me flingue, cela n'a plus d'importance puisqu'il y passera avec moi ! Il doit le sentir d'ailleurs que je lui prépare un mauvais coup... Là, ce matin par exemple, il a carrément pété les plombs et il m'a fait agir en contresens de ma compréhension supérieure : au moins quarante messages qu'il m'a forcé à lui laisser sur sa boîte vocale ! Au moins quarante. Je me suis laissé faire ; je sais qu'elle ne les écoutera pas. Il perd son temps. Et pour moi, le temps, ça ne veut plus rien dire. C'est devenu des paquets de vide qui s'écroulent les uns sur les autres, le temps. Alors ses conneries, je m'en fous.
Mais quand même, il a fait fort... Dès 7 heures. Peut-être même avant. Dès que le soleil a réussi à passer la colline pour laisser tomber quelques rayons froids sur les restes du jardin, qu'il a démarré. Il faut dire que depuis trois jours, je le tenais à distance ; je l'étouffais, le taisais avant même qu'il pense seulement à l'ouvrir ! Trois jours sans dormir. Trois jours avec des bulles de houblon pour toute nourriture... L'idée, c'était de voir jusqu'où je pouvais tenir. Seul aussi. Totalement, carcéralement seul pendant 72 heures. Le cachot ! Même les rats qui vivent dans le lierre de la terrasse ne se sont pas montrés. Ou alors je ne les ai pas vus ; c'est possible, car j'ai dû somnoler quand même. On ne peut pas tenir aussi longtemps sans dormir... Oui, j'ai dû somnoler sans m'en rendre compte. En plus, tout à l'heure, je ne savais pas que c'était le matin ; c'est bien la preuve qu'il y a eu perturbation cachée. Je ne faisais plus la différence entre le jour et la nuit, le soir et le matin, le début, la fin, moi... tout, ou rien... Lui non plus, et je crois que c'est ce qui l'a affolé. Il n'arrivait plus à se situer dans l'espace-temps. Perdu, qu'il était. Se perdre dans l'espace-temps, c'est se diluer dans le néant. En conscience, c'est impossible ; il faut renoncer à soi pour y parvenir ; c'est-à-dire : mourir. Point. Il n'y a pas d'autre mot. Pas d'autre voie... Il a pigé, il a eu l'intuition la nuit dernière, je pense, qu'on allait y passer ; d'où cette crise téléphomaniaque d'appels au secours...
Pour m'y contraindre, il a sorti le grand jeu, l'arme fatale, la machine à s'écrouler sur soi-même ! Toute sa science de la torture qu'il a mobilisée pour me mettre à genoux... J'ai eu beau lire dans son jeu, anticiper, analyser, simuler... rien n'y a fait. La lâcheté, l'apitoiement, l'hypocrisie, la fourberie, la vanité... il est allé remuer tout ce qu'il y de dégoûtant dans les replis obscurs de cette éponge qui me sert encore de cerveau pour me le faire cracher sur le smartphone. Moi, j'ai fait le gros dos. J'ai surtout fait ce qu'il voulait. Je n'y suis pour rien. Ce n'est pas ma dignité qui est en cause ; c'est la sienne. Je ne l'aurais jamais fait sans lui, c'est donc bien à lui d'en assumer la responsabilité. D'autant qu'il m'a forcé : la poupée vaudou, pour me priver de mon corps, et les électrodes pour cramer mes résistances mentales et m'achever moralement ; il n'a pas lésiné sur les moyens ! 
Il s'en est d'abord pris au thorax. Jamais l'oppression n'avait été aussi intense ! Avec la poupée, ce n'est plus seulement tes côtes qui te triturent le corps en l'enserrant comme le ferait un serpent géant, c'est une aspiration, un étirement vers l'intérieur ! Tes poumons s'emplissent de vide ; un vide comprimé qui t'écrase l'estomac, te laboure le foie, te compresse les intestins... Très vite, le vide se transforme en une boule qui va et vient du ventre à la gorge au rythme de ta respiration ; et la boule se dilate quand elle passe les poumons, comme pour les faire gicler dehors, tout en accentuant son poids sur l'estomac ; ta respiration devient haletante ; elle ne se fait plus que par la bouche, et tu souffles davantage que tu n'inspires ; l'oxygène te manque, tu t'épuises... À ce stade, ton champ visuel se réduit et les objets commencent à se dandiner comme des ombres...
Ton cœur, il se mure dans une cage de plomb, et la cage rétrécit à chacun de ses battements. Il devient si lourd, si fatigué à la tâche de cogner, ton cœur, que l'angoisse te prend : et s'il s'arrêtait ? Découragé, broyé dans sa prison de plomb, il pourrait renoncer... déclarer forfait ? Ce qui rend cette angoisse insupportable n'est pas la mort qui s'ensuivrait ; non, ce qui te panique est ton impuissance sur le moment, sur l'instant. Cela peut arriver à chaque seconde... Tu ne choisis pas, tu n'es pas prêt... et c'est terrifiant de clamser sans rendez-vous ! Terrifiant. C'est d'ailleurs le seul vrai problème que nous pose la mort.
Après avoir ainsi réduit mes organes à ce magma explosif et douloureux, après avoir faussé ma perception des choses pour me faire vaciller, isolé, compressé et commencé à débrancher mon palpitant pour me foutre bien la trouille, il s'est attaqué aux membres de la Dagide. Il y a déversé un milliard de fourmis carnivores ! En quelques minutes, et les bras et les jambes avaient disparu. Et moi, je me suis retrouvé le cul sur le tabouret, comme accoudé sur le front au bar de la cuisine. Le nez collé à la planche, la puanteur de la bière renversée dans la nuit m'a vaguement réveillé. Dans un effort pénible, j'ai réussi à faire remonter ma main jusqu'à la nuque pour la masser. Je l'ai massée longuement... Intérieurement, je souriais à l'idée que je me donnais une contenance vis-à-vis de moi-même. Je crois qu'en fait j'avais seulement besoin d'être caressé... Me sentir vivant sous la caresse. Vivant pour quelqu'un, même si ce n'était que moi. 
Ce regain de désir vital pouvait être fatal à son projet macabre ; c'est le moment qu'il a choisi pour m'asséner le coup de grâce : la boule de vide s'est coincée juste derrière le cœur, les deux mâchoires d'un étau imaginaire se sont resserrées sur mes tempes comme des électrodes ; j'étais prêt. Il a pu enfin balancer... 
La première décharge a été d'une violence inouïe ! Elle m'a fait l'effet d'une bombe explosant dans ma boîte crânienne ! Et l'onde de choc s'est propagée vers le tronc en un temps si infime... qu'il n'y avait plus de temps ! Tout s'est passé comme si le vide était d'un coup soufflé par une orgie chaotique d'images, de souvenirs, de sensations extrêmes... Je voyais chaque détails de chacune de ces images, mais n'en voyais aucune ; toutes se superposaient. Je rentrais dans l'intimité de chacun de ces souvenirs, mais ils se mélangeaient ; cela les rendaient... irréels, étrangers. J'éprouvais, dans ce chaos sensoriel, mille émotions ! mais chacune étant contradictoire de chacune, pour finir, je n'éprouvais rien. Ou plutôt si : un profond malaise ; j'étais submergé par la lave insaisissable d'un volcan furieux ! Ces images, ces souvenirs et ces émotions m'envahissaient, mais je ne pouvais ni les voir, ni les ressentir vraiment... Ils étaient en moi et j'étais en eux, mais nous restions séparés. Nous en devenions... improbables...
C'est dans ce plasma furieux qu'il a saisi la première preuve venue de ma turpitude pour me dicter le message du premier appel. J'ai posé l'index sur sa miniature et l'iPhone a composé son numéro. Je ne savais pas ce que j'allais dire. J'ai espéré qu'elle ne répondrait pas, et elle n'a pas répondu ; au moins, cela m'a permis de trouver un peu de courage dans la colère du désespoir. En m'ignorant - car j'étais sûr qu'elle m'ignorait délibérément -, elle me donnait une raison légitime de m'appitoyer un peu plus sur mon sort... J'étais au bord du précipice, tout mon être basculait dans les abysses de la solitude suprême, j'allais  - certainement - mourir dans quelques heures, et la seule personne au monde qui comptait réellement pour moi ne répondait plus à mes appels ! Pire injustice était impossible. 
Le vécu de l'abandon, du déni de soi par l'être aimé, ce n'est pas seulement un effondrement sur soi-même ; c'est un déchirement, un arrachement de soi-même à soi. La souffrance psychique qu'on en éprouve est moins tolérable que la plus haute douleur physique concevable ; en fait, elle devient physique avec en plus cette terrible puissance de saisir l'être tout entier ! J'aurais préféré la brûlure aiguë et profonde d'une lame qui me découpe la chair à cette torture mentale ! J'ai formé, dans cet instant, l'image de celle du cutter qui coupe la veine sur 3 ou 4 centimètres, et cela m'a paru anodin. 
Quand l'automate a eu fini , j'ai répété stupidement ce que "l'Autre" me soufflait : "Baby-Love... j'ai vraiment besoin de te parler... c'est vital... je ne tiendrai pas... tu ne peux pas me laisser comme ça... ce n'est pas toi Baby... c'est pas toi ça, Baby... Rappelle-moi je t'en supplie. C'est vraiment urgent... Je ne pourrai pas tenir longtemps..." Bien sûr, il m'a fait travailler ma voix, ma diction, et les silences ; surtout les silences... C'est très important les silences. Les mots puisent leur pouvoir dans les silences qui les séparent. 
Cinq ou six minutes plus tard, comme elle n'avait pas rappelé, il m'a fait remettre ça. Cette fois, j'ai espéré qu'elle aurait vu le premier appel et qu'elle répondrait. J'en étais tellement plein de cet espoir, que la chute en a été d'autant plus cruelle quand j'ai eu de nouveau le disque inlassable de l'opérateur. Et cela a duré ainsi pendant trois longues heures ! Des dizaines de messages qu'il m'a fait enregistrer ; tous plus lamentables les uns que les autres. Certains même avec des sanglots ! De vrais sanglots pas feints. Des pleurs qui venaient du fin fond de moi-même. Du fin fond... Avec des vraies larmes de vraie douleur.
Même si je ne pouvais voir les images, elles défilaient mentalement tout en m'éclatant l'abdomen. J'avais retrouvé l'usage de mes mains sans même m'en rendre compte ; non, pas l'usage, seulement la sensation, les tremblements permanents... A chaque tremblement, c'était un peu plus de vide qui rentrait à nouveau en moi. Un peu plus d'épuisement aussi... Et puis il fallait recommencer à respirer. Continuer... Attendre son appel qui n'arriverait pas. Attendre encore... Espérer. Et puis s'interdire d'espérer davantage. Et respirer encore... Malgré le vide, malgré le dérisoire, le non sens de cette existence sans elle, sans sa joie de vivre, son sourire complice, ses arguments toujours si pertinents, ses enlacements spontanés, impromptus, ses baisers fougueux... Il fallait continuer, survivre encore un peu dans les ténèbres de son absence, au milieu des cendres incandescentes de Nous... 
Elle ne répondrait pas. C'était d'autant plus douloureux que je me la représentais, regardant son téléphone s'allumer toutes les deux ou trois minutes, et pensant quelque chose comme : "encore lui... fait chier..." ; en tout cas, c'est ce que je voulais croire. Accepter l'idée qu'elle ait pu laisser son mobile quelque part pour ne pas avoir à se soucier de moi m'était totalement insupportable. Y ajouter qu'elle pouvait s'occuper d'un autre me rendait fou ! Ma vie ne tenait qu'à un fil ; un fil de téléphone sans fil...
Il suffisait pourtant qu'elle effleure l'écran tactile pour que j'entende sa voix. C'était possible. Tout était encore possible... Tout. Même un miracle. Il me fallait croire à ce miracle. Croire à ce miracle, ou commencer la cérémonie étaient mes seuls choix. Je savais qu'une fois commencée, elle aboutirait, la cérémonie. Faire marche arrière serait impossible. Mais je ne l'avais prévue que pour le soir, vers 17 heures. Je voulais mourir de nuit je crois. Je ne sais pas pourquoi... Un pressentiment, ou peut-être l'idée d'un endormissement plus naturel, plus facile.
Je me balançais d'avant en arrière dans une sorte de mouvement perpétuel et j'avais le mal de mer. Mon ventre me semblait écrasé par la tension des muscles abdominaux, mais je ne les contrôlais plus. Mes jambes pendaient le long du tabouret, comme tirées vers le sol par le poids de leurs mollets... Sans réelle intention, je m'interrogeais sur le sens de tout ce que mon regard balayait en traînant... Ces tommettes rougeâtres sur lesquelles tombaient mes pieds, quel sens avaient-elles ? Ce bar, cette fourmi qui lui courait sur le dos, ce portable dans ma main, quels sens avaient-ils ? Ce soleil brûlant, ce ciel si bleu, et si blanc en même temps, ce soleil et ce ciel qui se laissaient deviner derrière la terrasse ombragée par les Actinidia qu'elle avait plantés, à quoi servaient-ils si je ne pouvais plus en jouir ? s'ils me laissaient froid, indifférent, inerte ? J'étais ailleurs, dans un autre univers déjà, un monde où elle n'était pas, n'avait jamais été et ne serait sûrement jamais... J'étais seul. Définitivement, mortellement seul. L'insignifiance de toute chose, toute pensée, toute sensation, toute action, m'apparaissait d'une telle évidence que je ne pouvais éluder la question plus longtemps : "Étais-je encore ?". Car si tout avait perdu tout sens, qu'en était-il de moi ? Le moment était-il venu ? 
Je suis allé chercher la première des douze bières dans la salle de bains et je l'ai décapsulée. Je l'ai bue en deux ou trois gorgées, en deux ou trois minutes, machinalement. Je suis allé chercher la deuxième, et j'ai fait de même. Et ainsi jusqu'à la cinquième ou la sixième... L'alcool s'est très vite diffusé dans le sang et je me souviens d'avoir éprouvé une sensation de vertige quand les vapeurs m'ont congestionné la tête ; j'ai eu peur de perdre mon libre arbitre. Le plus important était de me souvenir que rien n'était encore vraiment décidé... Me rappeler que je devrais peut-être changer de lieu et de temps. Qu'il ne fallait pas l'incriminer elle ; pas lui faire porter le chapeau... Garder aussi l'image d'une baignoire propre. Là, c'était une clé majeure, je ne savais déjà plus très bien pourquoi, mais il fallait une baignoire blanche et propre... Et la baignoire devrait rester ainsi. Je voulais en finir, c'était décidé, mais je devais me faire violence et reporter l'exécution à plus tard. Moi, je ne voulais pas reporter, mais j'en savais la nécessité. Ce savoir, il ne fallait plus le questionner... J'étais écartelé. J'étais coincé, enfermé, condamné à osciller sans pouvoir décider... 
"L'Autre" était déchaîné ! Il dansait autour de moi comme un pantin électrifié. Et juste pour me donner tort, il voulait ce report quand je le refusais, et le rejetait quand je m'y soumettais. Il raillait ma lâcheté dans les deux cas, mais au fond, il crevait de peur ! Je ne comprenais plus son jeu ; ni le mien. Il me fallait me protéger de moi-même, et de lui... C'est là que l'idée m'est venue de  m'en remettre au sort, de m'abandonner au sort. C'était commode. Je me débarrassais de la responsabilité, et je pourrais ainsi me concentrer sur les points clés... 
Le sort, il m'a fait composer le 18. 
Une voix féminine, assez jeune, m'a immédiatement répondu. Étonnamment, mon discours était prêt. J'ai donné mon nom, mon adresse précise, et j'ai ajouté : "j'ai besoin d'aide ; j'ai décidé de mourir et je ne contrôle plus rien". La jeune femme m'a écouté, et j'ai entendu ses doigts tapoter sur un clavier. Trois ou quatre secondes de silence ont suivi, puis elle m'a expliqué qu'une équipe de secours allait se mettre en route dans les deux ou trois prochaines minutes. J'étais un peu surpris qu'elle ne questionne pas la crédibilité de ma déclaration car je l'avais faite si calmement qu'elle aurait pu croire à un canular...  Elle m'a ensuite posé beaucoup de questions sur moi ; je crois qu'elle voulait surtout gagner du temps, mais cela me faisait du bien qu'on parle de moi, même si c'était juste professionnel. Malgré l'énorme quantité d'alcool que j'avais ingérée, je parlais posément, sans accrocs, et mon discours était parfaitement structuré. J'avais rouvert une porte sur le monde et je m'y engouffrais instinctivement, en toute conscience. J'ai pensé "Ce doit être ça, l'instinct de conservation." J'ai aussi pensé que je n'étais pas insensible à la féminité de mon interlocutrice ; j'ai même envisagé l'idée de séduction... et je me suis haï ! Je me détruisais, je me suicidais, j'étais aux abois et je criais "au secours !", et en même temps je pensais encore à séduire ! C'était un abus de confiance, une escroquerie, et j'en étais l'auteur. Ou était-ce "l'Autre" ? Je ne le voyais plus ; je ne l'entendais plus. Je l'imaginais assis en tailleur au sommet de mon crâne, en train d'y enfoncer des tournevis... J'avais la migraine. Tout s'entremêlait dans une violence, une colère et une rage incompréhensibles... 
Une bouffée d'impuissance, de lâcheté, de pitié mêlée à la haine de moi-même me donna la nausée... J'aurais voulu dormir... me coucher, me noyer dans un sommeil sans fin, m'absenter totalement.
La voix féminine, elle, a continué : "Monsieur G., vous êtes toujours là ?". J'ai dû répondre "Oui", et elle a repris : "Avez-vous pris des médicaments avec l'alcool Monsieur G. ?
- Non ; pas de médocs... c'est pas mon truc, que j'ai répondu.
- Comment vous sentez-vous maintenant Monsieur G. ? 
- Paradoxalement, je me sens plutôt bien..."
Ce "paradoxalement", je ne sais pas d'où il tombait. Il m'a fait peur... Comment allait-elle l'habiter ? Aurait-elle le sens des nuances au point de me comprendre ? Paradoxe, opposition, dualité... les mots sont parfois si proches et pourtant si différents. Aussi ai-je très vite enchaîné pour préciser...  
"Je suis alcoolisé mais j'ai l'impression d'être sobre, d'avoir toutes mes facultés intellectuelles... C'est une illusion, je le sens : je ne pourrais pas me déplacer sans m'appuyer sur les meubles. Je tremble aussi, mais bon, cela fait des mois que je tremble... Ça fait du bien parler à quelqu'un... J'ai un peu faim..."
Je ne mentais pas. En dépit des infirmités motrices qui limitaient ma présence au monde, j'étais là. Comme avant. Presque joyeux... 
"Avez-vous quelque chose de sucré à avaler ? Une compote ? Un peu de confiture ?
- Non... Plus fait de courses depuis deux semaines... Et je vis seul. Trois mois déjà que je vis seul...
- Voilà, l'ambulance est partie Monsieur G. ; ils devraient être chez vous dans une dizaine de minutes... Avez-vous un chien ?
- Non. Le chien est mort."
La mauvaise question, quoi... Elle m'a fait penser à Voyou. Son agonie, son enterrement ; j'ai eu l'impression que c'était hier... "L'Autre" en a profité pour me balancer un grand coup derrière la tête, en traître, et j'ai tout revécu à la puissance mille !
Elle et moi, enlacés dans la douleur... Elle et moi creusant la tombe, en bas du champ de vignes, au bord de la rivière. Le drap dans lequel elle l'avait enveloppé ; linceul blanc du beauceron de quarante kilos que nous avions porté ensemble pour le déposer délicatement dans la brouette. Cette brouette-corbillard que j'avais poussée lentement jusqu'à la niche ultime... Tout ce que j'avais pleuré - et j'avais beaucoup pleuré. Ces heures, toutes ces heures où j'étais dévasté... Elle, qui ne s'était abandonnée que pour quelques minutes, mais si intensément... Elle, qui avait sangloté silencieusement en se collant très fort contre moi ; en me serrant très fort dans ses bras... Nous, qui avions alors échangé nos souffles, mélangé nos larmes, fusionné nos énergies vitales dans un même bouquet de désespoir. En tout cas je le croyais... Je ne sais plus... 
Je sais maintenant qu'elle n'aime pas comme j'aime. Elle adorait ce compagnon de longue date, mais elle acceptait sa mort. Comment accepter l'inacceptable ? Ça, c'est sûr, je sais que je ne le sais pas. Peut-on réellement vivre en deçà d'une totale vulnérabilité émotionnelle ? Doser, mesurer, compter l'abandon que l'on fait de soi-même à la vie ? à l'amour ? Non. Ou alors c'est seulement exister. Et l'existence, même si elle en est proche, n'est pas la vie ; la différence pourrait être l'humanité... Mais vivre en deçà d'une totale vulnérabilité émotionnelle, c'est forcément mourir à la première séparation. C'est donc tout aussi inacceptable. Tout aussi impossible, irréalisable, ...inhumain ? La différence n'est donc pas l'humanité. C'est pourtant ma croix cette dilapidation sentimentale à chaque séparation... C'est pourtant ce qui m'a forcé à renaître, à revivre chaque fois... Que suis-je dès lors ? 
"Ce que tu es ? Mais c'est simple : tu es un monstre ! Une anomalie ! Une divergence abominable ! Même ce moment de faiblesse auquel elle succombait, tu le lui as volé ! À quoi pensais-tu quand elle se pressait contre toi ? Hein ? À quoi pensais-tu quand sa joue humide et chaude se collait à la tienne ? Quand tes yeux caressaient la peau blanche de sa nuque ; quand tu t'enivrais d'elle en respirant la racine de ses cheveux ; en t'imprégnant de son odeur animale que tu guettais à l'échancrure de son corsage ! Et tes bras serrés sur son dos, et la paume de tes mains posée comme un baiser sur ses omoplates, et tes doigts plongeant dans la moiteur de ses aisselles, à quoi pensaient-ils ? N'es-tu pas allé - dans ton délire et dans ce moment sacré !-, jusqu'à imaginer ta langue à la place de ces doigts ! N'as-tu pas gonflé les muscles de tes cuisses dans la promiscuité des siennes ? Et ton sexe, ta queue, ne s'est-elle pas raidie quand tu as sentis la chaleur et la fermeté de ses seins nus sous la fine mousseline ? La femme de ta vie, "l'être aimé" comme tu dis si bien, avait besoin d'affection, de soutien, d'empathie réelle ! Plus que jamais et au delà de tout il lui fallait une épaule amie, désintéressée... Et toi, la seule chose dont tu étais capable, c'était d'une érection ! Ce que tu es ? Tu es un pervers narcissique ! Et non, le chien n'est pas mort ; car le chien, c'est toi ! Tu es une bête répugn...
- Tu sais très bien qu'il me suffisait de la regarder pour avoir une érection...
- Pervers !
- La toucher, c'était déjà lui faire l'amour...
- Satyre !
- Tu peux continuer tes conneries, je m'en fous. J'ai ma conscience pour moi... J'aimais ce chien. Ma douleur n'était pas feinte... 
- C'est bien le problème : les fous ne savent pas qu'ils sont fous ! Tu n'es pas seulement schizophrène, tu...
- Et toi tu reprends du poil de la bête parce que tu crois que j'ai renoncé, mais tu te trompes..."
Il enrageait. Et moi aussi. C'est la petite des pompiers qui nous a séparés : "L'ambulance arrive à ... Monsieur G. ; ils seront là dans cinq à six minutes... Est-ce que ça va aller Monsieur G. ?
- Oui, ça ira ; ne vous inquiétez pas. Je vais attendre au portail..."
Elle m'a dit "Bon courage" et peut-être autre chose que je n'ai pas compris, et elle m'a laissé. Je me suis retrouvé seul avec mon téléphone muet. Pour finir, il ne s'était rien passé... Elle avait fait son boulot. J'étais encore vivant, j'allais être pris en charge par ses collègues... Tout cela se jouait sans moi, sur leur scène, mais je faisais de mon mieux pour y participer ; donner le change quoi... Après tout, c'était ma petite personne insignifiante qui les occupait ; "les aider un peu, c'est la moindre des choses" que je me disais... 
Je ne voyais plus rien. J'avais les yeux et les joues trempés. J'ai compris que j'avais dû pleurer encore, sans m'en rendre compte. C'était à cause de Voyou, probablement... Ou peut-être pas. Fondre en larmes, c'est devenu un symptôme chronique ; c'est comme les tremblements : ça n'arrête plus. J'ai même renoncé à les sécher, les larmes. À quoi bon ? Il y a longtemps que la notion même de dignité m'a quitté, elle aussi. De toute façon, je ne suis plus bon qu'à ça : être quitté, laissé, largué, abandonné et même, délicatesse suprême... nié ! Effacé !
L'ambulance s'est garée juste un peu plus haut sur la route de Pignans, devant la porte des voisins. J'ai pensé que c'était imprudent. C'est une petite route, étroite et passagère. Bordée de pins qui chantent comme des cigales, semée de puits de lumière, elle court à travers les talus rouges... Mais quand elle défile sur ton pare brise, elle se fait sirène et t'envoûte... 
Mon portefeuille à la main, sans que je puisse me souvenir de l'avoir cherché, j'ai traversé le jardin. La barrière était ouverte. Un homme jeune, de type méditerranéen, attendait à l'entrée, immobile, un talkie-walkie crépitant accroché à la ceinture. Dès qu'il m'a vu, il a compris qu'il était là pour moi et il m'a demandé : "Qu'est-ce qui vous arrive Monsieur G. ?
- Bonjour, que j'ai dit. Et j'ai ajouté, sans réfléchir : Voilà, j'ai besoin d'aide... Je ne contrôle plus là... Je voudrais pouvoir dormir... Enfin, je crois que je vais faire une connerie si je reste seul...
- Attendez, faites attention, venez..." 
C'est vrai que le jardin est plein de pièges... Et moi, avec mes tongues pour toutes godasses et les vapeurs d'alcool en guise d'oreille interne... Il m'a pris par le bras et on s'est dirigés vers l'ambulance. Elle était propre. Toute blanche et toute neuve, l'ambulance. Genre un jouet, une Majorette géante... Lui et son collègue portaient un uniforme impeccable. J'ai pensé qu'ils devaient être neufs aussi... Couleur bleu nuit qu'ils étaient, comme pour les pompiers, mais eux n'étaient pas des pompiers. D'ailleurs l'ambulance n'était pas rouge non plus... Et celles des pompiers, toujours rouges, sont plus grandes... Son collègue a ouvert la porte arrière et il a répété la même question avec d'autres mots. Lui n'était pas un gars du sud mais plutôt de l'est, et plus âgé. Une petite cinquantaine. "C'est sûrement le chef" que je me suis dit. J'ai fait un effort de concentration pour mieux répondre...
"Voilà... euh... je suis dépressif et ça fait des semaines que je prépare mon suicide ; là, je pensais être prêt mais j'ai changé d'avis je crois... C'est comme ça que j'ai appelé le 18... C'est comme ça que vous êtes là...
- je comprends, ne vous inquiétez pas, on va vous aider... Asseyez-vous là, allongez-vous si vous préférez... 
- nan, assis c'est mieux... 

 

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Blaquière Membre 18 822 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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il y a 20 minutes, Aruna a dit :

Si la volonté de puissance nous semble être la force motrice qui anime le monde, si nous la voyons s'exprimer dans chaque  petit phénomène observé comment le simple report d'un geste suicidaire pourrait il la suspendre en aucune manière ?

Le monde "réel" n'est pas apprehendable en tant que tel, il demeure le lieu du mystère, nous ne le touchons qu'à travers des prismes représentatifs. Or ce que nous appelons "volonté de puissance" est un de ces prismes. 

Suspendre la volonté de puissance, supposerait de "stopper le monde", c'est-à-dire de "neutraliser", ne serait ce qu'un instant, notre prisme de représentations.

Mais là, ça dépasse mes compétences.

Hé oh! Là dedans ! Il y a quelqu'un qui sait comment on fait pour "stopper le monde"?  

@Guillaume_des_CS? ...trop utopiste.

@Marzhin?....trop intello.

@Zerethoustre?...trop jeune.

@Blaquière?...trop vieux.

@Annalevine?....non, elle l'aime trop la volonté de puissance.

@ÈléonoreK? ...trop impulsive.

@Maroudiji?...trop religieux.

Non, vraiment.... là comme ça, je vois pas... 😉

 

 

 

:pap: Petit garnement !

 

 

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Invité sera-angel
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Le 08/12/2019 à 03:05, InstantEternité a dit :

« Vivre, c’est essentiellement dépouiller, blesser, dominer ce qui est étranger et faible, l’opprimer, lui imposer durement sa propre forme, l’englober, et au moins, au mieux l’exploiter » disait Nietzsche.

Je traduis cela par le fait que nous voulons « toujours avoir raison » dans la vie et que nous ne supportons pas d’observer que nous pouvons aussi nous tromper : Il s’agit là d’une manifestation naturelle de notre volonté de puissance.

Dans ces conditions, je m’intéresse à l’action de « prise de recul » ou le fait de regarder les choses sous un autre angle. L’exemple ultime serait le cas de quelqu’un qui pour se suicider monte sur un toit, étant décidé de se jeter, au dernier moment avant de passer à l’acte, il s’arrête « lucidement » et ne passe pas à l’acte…

Que fait-il penser de cet exemple ? On pourrait croire que si cette personne voulait avoir toujours raison, exprimer coûte que coûte sa volonté de puissance, alors il aurait dû passer à l’acte, et pourtant en s’arrêtant au dernier moment par une sorte de « clairvoyance » ou de prise de recul il s’affirme dans la vie et dans son existence d’une manière beaucoup plus intense que si en fin de compte il avait laissé manifesté sa volonté de puissance jusqu’au bout.

Je m’intéresse précisément à cet instant, l’instant où nous avons le choix de passer à l’acte (quel qu’il soit) et pourtant de manière tout à fait conscient et réfléchie (et non par un instinct de survie) on ne le fait pas, on recule. Il s’agit là d’un acte qui dépasse notre volonté de puissance « élémentaire », mais si la vie est volonté de puissance, ne faut-il pas voir dans cette lucidité là qui s’affirme, quelque chose par-delà la volonté de puissance elle-même ?

L instinct ...et celui de survie dans ton exemple.

ily a en nous une partie héréditaire et innée de nos comportements ou mécanismes physiologiques c est notre nature profonde 

L inné est ce qui est génétiquement déterminé et l acquis ce qui a été appris.

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Il y a 17 heures, InstantEternité a dit :

Enfin de compte c'est l'idée que j'ai avancé dans ce topic à savoir : Le fait de se suicider relève de l’accomplissement d'une certaine volonté de puissance d'où peut-être l'idée "absurde" (à mon avis) d'un dépassement de soi en se suicidant !

Ce dont à quoi je m'intéresse dans ce topic c'est justement le fait de prendre la décision de ne pas se suicider et donc quelque part de freiner sa volonté de puissance. Mais en freinant ainsi la volonté de puissance par notre "lucidité" nous accomplissons un acte que je ne sais nommer mais qui est d'après moi un acte qui dépasse la volonté de puissance.

Je pense que la lucidité n intervient plus dans ce moment précis d envie de suicide... C est autre chose..de plus profond.. quelque chose qui nous transcende..et qui vient de plus profond..

Peut être une programmation?

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Membre, 35ans Posté(e)
ÈléonoreK Membre 330 messages
Baby Forumeur‚ 35ans‚
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il y a une heure, Aruna a dit :

Si la volonté de puissance nous semble être la force motrice qui anime le monde, si nous la voyons s'exprimer dans chaque  petit phénomène observé comment le simple report d'un geste suicidaire pourrait il la suspendre en aucune manière ?

Le monde "réel" n'est pas apprehendable en tant que tel, il demeure le lieu du mystère, nous ne le touchons qu'à travers des prismes représentatifs. Or ce que nous appelons "volonté de puissance" est un de ces prismes. 

Suspendre la volonté de puissance, supposerait de "stopper le monde", c'est-à-dire de "neutraliser", ne serait ce qu'un instant, notre prisme de représentations.

Mais là, ça dépasse mes compétences.

Hé oh! Là dedans ! Il y a quelqu'un qui sait comment on fait pour "stopper le monde"?  

@Guillaume_des_CS? ...trop utopiste.

@Marzhin?....trop intello.

@Zerethoustre?...trop jeune.

@Blaquière?...trop vieux.

@Annalevine?....non, elle l'aime trop la volonté de puissance.

@ÈléonoreK? ...trop impulsive.

@Maroudiji?...trop religieux.

Non, vraiment.... là comme ça, je vois pas... 😉

 

 

 

Ah vous croyez que je suis impulsive....

Mauvaise impression que voila, nettoyez tout mon cher !

Je suis directe, sans pitié, et déteste les paroles vides. Rien à voir avec l'impulsivité, je suis plus froide que la banquise. Celui qui s'y colle est cryogénisé net.

Et oui je sais comment stopper le monde. Questionnez et vous verrez bien.

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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 152ans‚
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il y a une heure, sera-angel a dit :

L instinct ...et celui de survie dans ton exemple.

ily a en nous une partie héréditaire et innée de nos comportements ou mécanismes physiologiques c est notre nature profonde 

L inné est ce qui est génétiquement déterminé et l acquis ce qui a été appris.

Ce qui est étonnant chez vous tellement c’est caricatural c’est votre faculté à balancer partout des lieux communs que votre intellect cadenassé n’a pas réussi à digérer.

il y a 16 minutes, ÈléonoreK a dit :

Ah vous croyez que je suis impulsive....

Mauvaise impression que voila, nettoyez tout mon cher !

Je suis directe, sans pitié, et déteste les paroles vides. Rien à voir avec l'impulsivité, je suis plus froide que la banquise. Celui qui s'y colle est cryogénisé net.

Et oui je sais comment stopper le monde. Questionnez et vous verrez bien.

Vous impulsive ? Je ne crois pas. En revanche il est possible que je sois animé par une certaine volonté de puissance. Mais j’ai tendance à la vivre en acte tout autant qu’en mots.

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Invité sera-angel
Invités, Posté(e)
Invité sera-angel
Invité sera-angel Invités 0 message
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il y a 2 minutes, Annalevine a dit :

Ce qui est étonnant chez vous tellement c’est caricatural c’est votre faculté à balancer partout des lieux communs que votre intellect cadenassé n’a pas réussi à digérer.

Venant de vous , c est plus que risible :D

 

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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 152ans‚
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En tout cas Sera Sera votre avatar est intelligemment choisi. Elle est mignonne cette petite rate, bien qu’un peu casse pied à s’incruster partout. Une petite caresse sur votre pelage doux.

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Invité sera-angel
Invités, Posté(e)
Invité sera-angel
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Il y a 1 heure, Annalevine a dit :

En tout cas Sera Sera votre avatar est intelligemment choisi. Elle est mignonne cette petite rate, bien qu’un peu casse pied à s’incruster partout. Une petite caresse sur votre pelage doux.

Oui un vrai petit ange.. petit cadeau de Noël en avance...c est parce que quelqu un qui a beaucoup d humour avait compris mon pseudo comme "ce rat en gel" j ai trouvé cela si drôle que je l ai adopté..

Par contre pour vos caresses ça ne va pas être possible... Ça me hérisserait trop mes petits poils :)

 

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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 152ans‚
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Sera Sera, petite souris au beau pelage, et si tu te donnais comme projet de réactualiser le Dictionnaire des idées reçues ?

D’abord cela te donnerait un os à ronger au lieu de passer ton temps à errer ici, ensuite ça te permettrait de classer tes idées et enfin et surtout tu connaîtrais un sacré succès de librairie. Penses-y. La gloire t’irait à ravir.

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Membre, 50ans Posté(e)
Aruna Membre 526 messages
Forumeur balbutiant‚ 50ans‚
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il y a 49 minutes, ÈléonoreK a dit :

Ah vous croyez que je suis impulsive....

Mauvaise impression que voila, nettoyez tout mon cher !

Je suis directe, sans pitié, et déteste les paroles vides. Rien à voir avec l'impulsivité, je suis plus froide que la banquise. Celui qui s'y colle est cryogénisé net.

Et oui je sais comment stopper le monde. Questionnez et vous verrez bien.

Ha ha!  Oui, je suis preneur. La question m'intéresse.

Si j'en ressors cryogénisé, mettez moi dans un coin. Peut-être que quelqu'un pensera à me reconstituer d'ici deux ou trois millénaires.

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Membre, 35ans Posté(e)
ÈléonoreK Membre 330 messages
Baby Forumeur‚ 35ans‚
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il y a 54 minutes, Annalevine a dit :

Ce qui est étonnant chez vous tellement c’est caricatural c’est votre faculté à balancer partout des lieux communs que votre intellect cadenassé n’a pas réussi à digérer.

Vous impulsive ? Je ne crois pas. En revanche il est possible que je sois animé par une certaine volonté de puissance. Mais j’ai tendance à la vivre en acte tout autant qu’en mots.

Nous sommes encore d'accord, des mots qui ne sauraient être le parfum des actes qui leur correspondent en un lieu ou un autre n'auraient pas plus de poids qu'un duvet de canard.

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Invité sera-angel
Invités, Posté(e)
Invité sera-angel
Invité sera-angel Invités 0 message
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Il y a 1 heure, Annalevine a dit :

Sera Sera, petite souris au beau pelage, et si tu te donnais comme projet de réactualiser le Dictionnaire des idées reçues ?

D’abord cela te donnerait un os à ronger au lieu de passer ton temps à errer ici, ensuite ça te permettrait de classer tes idées et enfin et surtout tu connaîtrais un sacré succès de librairie. Penses-y. La gloire t’irait à ravir.

Ah bon ? Vous venez ici pour avoir un "os à ronger"? Drôle de conception d un forum... vue le temps que vous y êtes et que vous passez ici... (bien plus longtemps que moi)  il ne doit plus y avoir grand chose à ronger à votre os ? 

Quelle conception de la vie et des choses ont certains... ça me dépasse !?

Finalement cette intrusion dans ce monde qui m est totalement étranger, me fait ressentir un bien être extraordinaire !

il y a une heure, ÈléonoreK a dit :

Nous sommes encore d'accord, des mots qui ne sauraient être le parfum des actes qui leur correspondent en un lieu ou un autre n'auraient pas plus de poids qu'un duvet de canard.

C est toujours normal "d être d accord" avec soi-même..c est le contraire qui serait inquiétant. ;) :)

 

 

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