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La pitié


sirielle

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Membre, 43ans Posté(e)
InstantEternité Membre 1 134 messages
Baby Forumeur‚ 43ans‚
Posté(e)
Il y a 10 heures, sirielle a dit :

L'empathie est dirigée exclusivement vers autrui

Je ne suis pas d'accord. On peut avoir de l'empathie pour soi-même : Il suffit d'avoir la capacité de pouvoir se projeter dans le futur (et il faut être un peu philosophe sur les bords pour cela...).

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Membre, 37ans Posté(e)
sirielle Membre 9 677 messages
Maitre des forums‚ 37ans‚
Posté(e)
il y a 33 minutes, InstantEternité a dit :

Je ne suis pas d'accord. On peut avoir de l'empathie pour soi-même : Il suffit d'avoir la capacité de pouvoir se projeter dans le futur (et il faut être un peu philosophe sur les bords pour cela...).

Lorsqu'il s'agit de soi on parle d'habitude de conscience/connaissance de soi. Cependant la conscience, même approfondie, des autres ou de soi-même (voire de leurs motivations fondamentales) n'implique pas forcément l'amour et peut se manifester aussi par du mépris, y compris donc à travers l'empathie. C'est pourquoi l'empathie est par exemple parfois un des outils de la manipulation.

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Membre, claniste, 107ans Posté(e)
cry baby Membre 44 061 messages
107ans‚ claniste,
Posté(e)

J ai de la pitié pour pour les cons qui se croient supérieur aux autres. 

J ai de la pitié pour les gens insensibles 

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Membre, 52ans Posté(e)
Aruna Membre 527 messages
Forumeur balbutiant‚ 52ans‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, cry baby a dit :

J ai de la pitié pour pour les cons qui se croient supérieur aux autres. 

Cette phrase me fait rigoler, désolé. Si j'en suis la logique, voici ce que j'obtiens:

Tu observes des cons.

Tu te considères supérieur à ces cons.

Ceux qui se considèrent supérieurs aux autres sont des cons.

Tu es donc un con.

Tu as donc pitié de toi-même.

(Je précise que ce n'est pas un jugement, mais une simple déduction logique.) :)

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Membre, 43ans Posté(e)
InstantEternité Membre 1 134 messages
Baby Forumeur‚ 43ans‚
Posté(e)
il y a une heure, Aruna a dit :

Cette phrase me fait rigoler, désolé. Si j'en suis la logique, voici ce que j'obtiens:

Tu observes des cons.

Tu te considères supérieur à ces cons.

Ceux qui se considèrent supérieurs aux autres sont des cons.

Tu es donc un con.

Tu as donc pitié de toi-même.

(Je précise que ce n'est pas un jugement, mais une simple déduction logique.) :)

Et toi tu n'en est pas moins "con" : tu te crois supérieur parce que tu as pu faire cette déduction logique. 

Et on peut faire cette même observation me concernant ! Jusqu'à l'infini en fait... :D

...Donc à bon entendeur ! lol...

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Membre, 36ans Posté(e)
ÈléonoreK Membre 330 messages
Baby Forumeur‚ 36ans‚
Posté(e)
Il y a 18 heures, sirielle a dit :

La pitié modère la sévérité en fonction du degré de vulnérabilité de la cible, voire de son pouvoir de séduction. Elle est à la base de la compassion. 

En quelles circonstances la pitié vous paraît-elle appropriée? Et quelles sont les caractéristiques pouvant selon vous la rendre insultante, intrusive ou au contraire flatteuse?

Dans quelles mesures la compassion vous paraît-elle superflue, voire néfaste?

J'ajoute ces citations en qualité d'illustration:

 

Vous considérez la pitié comme la base de la compassion, est-ce bien cela ?

Compassion et pité seraient donc des "choses" voisines ?

La compassion est produite dans une couche inférieure de la conscience. "Souffrir avec".

La pitié est produite par un ou une série de choix, les déterminants de ces choix n'habitent pas la même couche que celle de la pitié.

 

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Membre, 37ans Posté(e)
sirielle Membre 9 677 messages
Maitre des forums‚ 37ans‚
Posté(e)
il y a une heure, ÈléonoreK a dit :

Vous considérez la pitié comme la base de la compassion, est-ce bien cela ?

Compassion et pité seraient donc des "choses" voisines ?

La compassion est produite dans une couche inférieure de la conscience. "Souffrir avec".

La pitié est produite par un ou une série de choix, les déterminants de ces choix n'habitent pas la même couche que celle de la pitié.

 

La pitié peut représenter une émotion secondaire. On peut d'ailleurs ressentir de la pitié sans pour autant forcément l'intellectualiser. Et interpréter/provoquer une part de ses propres émotions en fonction de sa volonté, de son libre arbitre. Ainsi nos choix peuvent s'inspirer de nos émotions de différentes façons, ainsi que conduire volontairement ou non à certaines émotions en particulier. Cependant une émotion demeure un potentiel naturel partiellement indépendant de la volonté.

La compassion, consciente, subconsciente ou inconsciente, est un sentiment voire une attitude, et va au-delà du seul ressenti qu'est la pitié par la solidarisation. Elle est cependant corruptible dans son implication personnelle. Un acte de compassion peut éventuellement s'avérer maladroit ou inopportun par exemple en fonction de la stratégie employée. 

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Membre, 43ans Posté(e)
InstantEternité Membre 1 134 messages
Baby Forumeur‚ 43ans‚
Posté(e)
Il y a 4 heures, sirielle a dit :

Lorsqu'il s'agit de soi on parle d'habitude de conscience/connaissance de soi. Cependant la conscience, même approfondie, des autres ou de soi-même (voire de leurs motivations fondamentales) n'implique pas forcément l'amour et peut se manifester aussi par du mépris, y compris donc à travers l'empathie. C'est pourquoi l'empathie est par exemple parfois un des outils de la manipulation.

Intéressant ce que vous dites. Donc il faut croire que l'empathie, qui est à double tranchant, est en fin de compte un signe d'intelligence supérieure ! En d'autres termes, il faut être suffisamment intelligent pour pouvoir éprouver de l'empathie, alors que si je peux me permettre la pitié est à la portée de tous même si tout le monde ne choisit pas d'éprouver de la pitié.

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Membre, claniste, 107ans Posté(e)
cry baby Membre 44 061 messages
107ans‚ claniste,
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Il y a 10 heures, Aruna a dit :

Cette phrase me fait rigoler, désolé. Si j'en suis la logique, voici ce que j'obtiens:

Tu observes des cons.

Tu te considères supérieur à ces cons.

Ceux qui se considèrent supérieurs aux autres sont des cons.

Tu es donc un con.

Tu as donc pitié de toi-même.

(Je précise que ce n'est pas un jugement, mais une simple déduction logique.) :)

Et pitié des ahuris aussi 

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Membre, 52ans Posté(e)
Aruna Membre 527 messages
Forumeur balbutiant‚ 52ans‚
Posté(e)
il y a une heure, cry baby a dit :

Et pitié des ahuris aussi 

Ne sois pas si rigoureux avec moi, mon ami!

Je ne t'ai pas traité de con; j'ai juste mis en évidence le fait que tu te traitais toi-même de con. Et franchement, je te trouve trop sévère envers toi-même. ☺️

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Membre, 37ans Posté(e)
sirielle Membre 9 677 messages
Maitre des forums‚ 37ans‚
Posté(e)
Le 05/12/2019 à 18:18, Spontzy a dit :

Et pour compléter, la pitié est appropriée lorsque le recevant en attend. Je ne crois pas que ce soit souvent le cas.

La victimisation se doit d'être modérée, sinon mieux vaut ne pas l'encourager, voire au contraire.

Bien sûr si on éprouve de la pitié le mieux est parfois de la garder pour soi. A chacun ses responsabilités.

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Membre, 37ans Posté(e)
sirielle Membre 9 677 messages
Maitre des forums‚ 37ans‚
Posté(e)
Il y a 11 heures, cry baby a dit :

J ai de la pitié pour pour les cons qui se croient supérieur aux autres. 

J ai de la pitié pour les gens insensibles 

Il faut d'ailleurs avoir assez d'estime pour les gens ou autre pour pouvoir s'apitoyer sur leurs tristes sorts, voire vouloir leur épargner autant que possible la souffrance ou la misère. Considérer donc qu'ils méritent mieux, y compris malgré leurs éventuels défauts, ne serait-ce que par fraternité. 

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Membre, 45ans Posté(e)
Marzhin Membre 640 messages
Baby Forumeur‚ 45ans‚
Posté(e)

Il me semble que compatir, c'est souffrir avec autrui par solidarité, mais que l'empathie, c'est d'éprouver comme si on était l'autre toutes formes d'émotions voire de pensées, sans solidarité nécessaire. La pitié, elle, est quasi-synonyme de compassion, sinon qu'elle semble pouvoir se passer de solidarité, tout en étant fort charitable. C'est qu'à éprouver de la pitié, on trouve atroce l'objet ou le sujet d'apitoiement, et qu'on peut chercher à y remédier sauvagement : il y a des crimes qui ont lieu au nom de la pitié, pour la faire cesser. Mais la compassion me semble déjà plus tendre, encore qu'elle puisse être aussi inutile que la pitié, et comme la pitié, qu'elle puisse paralyser le jugement, la décision et la dynamique derrière.

Quoiqu’il en soit, dans la pitié comme dans la compassion, bien des religieux semblent voir "la bonté-même", ce que reprennent à leur compte bien des travailleurs sociaux, et en général toute une morale sociale humanitaire contemporaine largement partagée. Ce partage peut n'être que déclaratif, quand on est soûlé par toutes les sources potentielles de pitié ("on a déjà donné !"), il reste néanmoins présent et sanctionnant, dans nos expressions : quelqu'un qui n'exprimerait pas cette morale piteuse de l'humanitarisme ou, pire, qui la critiquerait, serait ostracisé comme spécieux, même s'il était tactiquement plus aidant que toutes les cliques plaintives qui ne font que se plaindre de la souffrance du monde.

Au final, il me semble bien que, comme toute émotion, la pitié rende subjectivement attentif au besoin de soin. La colère rend subjectivement attentif au besoin de respect et de justice, la joie rend attentif à ce qui subjectivement nous exalte, la peur à ce qui subjectivement nous défie, etc. Nous naviguons en pleines relativités caractérielles et socioculturelles, où une collectivité se définit politiquement comme plus ou moins égotiste, plus ou moins endurante, plus ou moins miséricordieuse, plus ou moins fringante, plus ou moins solidaire, plus ou moins rebouteuse, plus ou moins courageuse, plus ou moins rude, etc. sachant que s'apitoyer peut être source de mollesse comme de réassurance, d'égotisme comme de solidarité, ou à l'inverse le manque de pitié peut être source d'effondrement comme d'amitié, de méchanceté comme de camaraderie, etc. tout cela selon les relativités caractérielles et socioculturelles.

Parfois une moue attristée nous fait comprendre qu'on n'est pas seuls, et suscite notre résilience - d'autres fois une bonne tarte dans la gueule. Mais qui peut le savoir, hors contexte, et à supposer qu'on le prenne bien en compte, ce contexte, sans appliquer des principes à la noix ? du type : il faut toujours rester gentil, ou il faut (se) secouer. Dans l'absolu, ils ne font pas sens, et il faudrait toujours avoir la lucidité de comprendre l'enjeu à chaque fois - ce qui n'est pas possible, mais qui y rend sensible. A mon avis.

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Membre, claniste, 107ans Posté(e)
cry baby Membre 44 061 messages
107ans‚ claniste,
Posté(e)
Il y a 12 heures, sirielle a dit :

Il faut d'ailleurs avoir assez d'estime pour les gens ou autre pour pouvoir s'apitoyer sur leurs tristes sorts, voire vouloir leur épargner autant que possible la souffrance ou la misère. Considérer donc qu'ils méritent mieux, y compris malgré leurs éventuels défauts, ne serait-ce que par fraternité. 

oui,voila,encore une fois ,tu as su lire dans mes pensées (écrits)

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Membre, 37ans Posté(e)
sirielle Membre 9 677 messages
Maitre des forums‚ 37ans‚
Posté(e)
Le 05/12/2019 à 17:09, Jane Doe a dit :

J'aime la compassion qui est une implication même minime à la souffrance d'autrui

Je hais la pitié qui ressemble plus à "regardes comme moi je suis heureux et toi une pauvre merde". Il n'y a pour moi aucune bienveillance dans la pitié, aucune aide

La compassion peut parfois s'avérer dangereuse, par maladresse ou par orgueil par exemple. Aider les autres nécessite certaines qualités. Aucun de nous n'est dans une situation parfaite, ne serait-ce que parce que nous sommes plus ou moins liés les uns aux autres. Et toute difficulté individuelle ne nécessite pas systématiquement une aide, ou pas forcément de n'importe qui ni n'importe comment. 

Le sentiment de supériorité que ressent alors éventuellement une personne apitoyée par le sort de quelqu'un d'autre, peut contribuer au principe du nivellement par le haut. Mais quoi qu'il en soit il est possible par exemple de s'apitoyer sur la situation de quelqu'un relativement à un détail et au-delà de ce détail être admiratif, voire être encore davantage apitoyé par sa propre situation, pour des raisons différentes ou similaires.

Mais effectivement la pitié étant une émotion elle ne conduit pas forcément à l'assistance, c'est selon l'interprétation que celui qui la ressent en fait dans le contexte. Et il est vrai qu'elle peut paraître mesquine dans le cadre d'un mépris excessif. D'autant plus qu'elle peut n'être que feinte vaniteusement.

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Membre, 45ans Posté(e)
Marzhin Membre 640 messages
Baby Forumeur‚ 45ans‚
Posté(e)

Oui, le plus sombre vandalisme de la pitié, c'est qu'au nom du victimisme, elle joue de confusionnisme entre l'apitoyé et le pitoyable. Le pitoyable peut non seulement ne pas se ressentir comme tel, ce qui déchirera encore plus l'apitoyé clamant à l'ignorance, mais en plus l'ingérence/interventionnisme de l'apitoyé peut effectivement être hors de propos et créer ou accentuer le problème, en coupant l'herbe sous les pieds du potentiel pitoyable. Rien que cette notion de pitoyable, mais aussi celle de piteux, portent avec elles des charges extrêmement dédaigneuses et dégénérescentes.

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Membre, 29ans Posté(e)
Maelys13 Membre 1 185 messages
Baby Forumeur‚ 29ans‚
Posté(e)

Bonjour ! À mon avis, avoir de la pitié envers autrui est l’un des éléments qui font de nous des êtres civilisés et sociaux. Toutefois, certaines personnes abusent de la compassion des gens à leur propre avantage. C’est bien de faire preuve de bonté et de miséricorde, mais il faut aussi se méfier des profiteurs.

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Membre, 37ans Posté(e)
sirielle Membre 9 677 messages
Maitre des forums‚ 37ans‚
Posté(e)
Le 10/12/2019 à 20:22, Maelys13 a dit :

Bonjour ! À mon avis, avoir de la pitié envers autrui est l’un des éléments qui font de nous des êtres civilisés et sociaux. Toutefois, certaines personnes abusent de la compassion des gens à leur propre avantage. C’est bien de faire preuve de bonté et de miséricorde, mais il faut aussi se méfier des profiteurs.

Effectivement, mais en même temps cette éventuelle mesquinerie est justement pitoyable. Il y a pitié par serviabilité au premier degré, et pitié par la valorisation de l'accomplissement personnel.

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Membre, 45ans Posté(e)
Marzhin Membre 640 messages
Baby Forumeur‚ 45ans‚
Posté(e)
Le 10/12/2019 à 20:22, Maelys13 a dit :

Bonjour ! À mon avis, avoir de la pitié envers autrui est l’un des éléments qui font de nous des êtres civilisés et sociaux. Toutefois, certaines personnes abusent de la compassion des gens à leur propre avantage. C’est bien de faire preuve de bonté et de miséricorde, mais il faut aussi se méfier des profiteurs.

Il y a 15 heures, sirielle a dit :

Effectivement, mais en même temps cette éventuelle mesquinerie est justement pitoyable. Il y a pitié par serviabilité au premier degré, et pitié par la valorisation de l'accomplissement personnel.

Il est important de bien définir les notions Maelys13, car vous utilisez indifféremment pitié et compassion en en parlant en soi, avant que de les dialectiser avec ce qu'on peut appeler la politique des relations ou, si vous préférez, les jeux avec les conventions dont on se sert à diverses fins (manigance).

Par exemple, la notion de pitié vient du mot piété, figurez-vous. La pitié est intimement relayable à la religiosité, c'est-à-dire à une forme de foi en l'amour - ce qui n'est pas la même chose que l'amour, qui d'ailleurs n'est pas nécessairement la même chose ni que la bonté, ni que la miséricorde, puisque vous y faîtes référence. Mais c'est justement parce que vous y avez fait référence (à la bonté et la miséricorde) que je suis obligé de remarquer le lien entre pitié et piété. La pitié peut être un devoir, où alors l'amour, la bonté et la miséricorde se tressent dans la charité, il me semble. C'est une phrônesis (une prudence, sagesse pratique) extrêmement religieuse dans l'idée. D'ailleurs, beaucoup d'athées ou agnostiques proclamés, ne font que perpétuer cette religiosité sous forme d'humanitarisme laïc (droits-de-l'hommisme ou autres).

Je m'attarderai à définir-distinguer les notions d'amour, de bonté et de miséricorde évoquées. Mais avant, j'introduirai, rapport au propos de sirielle, d'autres notions, telles que la tendresse, l'affection et l'attachement, qui me semblent encore distinguibles, mais qui - je crois - ressortent potentiellement et diversement de la serviabilité dont elle a parlé, au plan (é)motionnel intrinsèque.

Vous savez bien que l'amour est un terme très vaste en français, que je ne me bornerai pas à définir, sinon de façon englobante. C'est en fait le terme catégoriel englobant tous les autres termes du débat, même s'il est possible d'y inclure encore d'autres termes, tels que le désir, l'attrait, l'attraction (mais qui ne semblent pas avoir de rapport spécifique avec la pitié, en dehors de la notion de passion par ambiiguïté sexuelle/mystico-religieuse). Ceci dit, tout en notant qu'un certain mésusage de la pitié telle qu'intuitionnée par ses défenseurs, maintes fois évoqués déjà sur ce topic, nous nous accorderions volontiers à dire qu'il échappe à l'amour. Quant à l'amour, donc, j'aime beaucoup cette idée de l'actuel philosophe français Christian Wolff, selon laquelle l'amour est toutes ces notions à la fois, tendanciellement (tout est selon lui dans le tendanciel composite). Bien.

Ensuite, la bonté est une déclaration ambiguë elle aussi, puisque le Bon dont elle dépend, dépend lui-même autant de la morale, de l'éthique et du personnel. Il y a : faire le bien (morale), être bienfaiteur (éthique) et faire du bien (personnel). Ces trois Biens impliquent chacun différents Bons, et la bonté se perd indistinctement entre les termes de cette analyse, en casuistique. Par exemple, si je tombe sur un billet de vingt voletant près d'un clochard, et que je le lui remets, je conjugue probablement les trois termes, selon une morale de la charité. Mais si je garde le billet en vue de manger un bon dessert en famille acheté au pâtissier devant lequel mendie le clochard, la morale de la charité m'en voudra ou sera obligé de dénier ma démarche, pour continuer de me sourire sans oublier. Et pourtant, je ne suis peut-être pas très riche, et mes filles sortent peut-être d'un coup dur suite à la maladie de leur mère - ceci dit pour faire pitié dans l'ordre de la morale de la charité. Reste enfin, que je suis peut-être tout simplement adepte d'une morale hédoniste, et que dans son cadre peu importait que je tende le billet au clochard ou que je m'en serve afin de manger un bon dessert en famille, quelle que soit ma situation par ailleurs. Et ainsi de suite, sur ce que l'on peut appeler en démocratie libérale ... le marché des valeurs sociales. Que je sois donc le bienfaiteur du clochard ou de ma famille ne change rien, et quand bien même je serai adepte de la charité, le marché me laisse bien faire ce que je crois bon de faire de l'argent. La raison commerciale est relativiste, et nie toutes formes de raisons en dehors de ses bonnes raisons (égotisme intrinsèque postulé chez chaque agent du marché).

La miséricorde, comme son nom l'indique, consiste à s'accorder à la misère. Il ne me semble pas qu'elle ait particulièrement besoin de pitié, mais c'est certainement une forme d'affection parmi la misère (la bonté ne se tenant jamais que devant). Le miséricordieux ne me semble en réalité pas forcément religieux, ni même voire surtout pas humanitaire (bonté). Le miséricordieux, tant évidemment que sa miséricorde ne se mélange pas à la pitié, est pour moi une personne cordiale, pour qui la misère d'autrui n'est pas un critère de pertinence en termes d'affinités/sociabilités. Au contraire, le miséricordieux s'accorde à la misère comme une lettre à la poste. Mais, en tant qu'il faut pourtant le nommer miséricordieux, il a une forme de prédilection pour la misère : il est quelque chose, aussi pervers que cela puisse devenir, de misérophile, de telle sorte qu'il puisse - en tout cas - s'abandonner au déclin social sans inquiétude. Pour un religieux, c'est certainement une qualité, dans la mesure où il doit faire confiance au plan divin.

La tendresse, c'est autant une disposition à s'attendrir, qu'un trait de personnalité par lequel autrui nous sent tendre (vulnérable dans notre tendresse, autant que chaleureux). Par excellence, c'est la qualité des parents qui éduquent un enfant "dans l'amour", comme on dit. Et les amants, dans leur sexualité, peuvent s'avérer tendres autant que sauvages, mais de toute évidence ils aiment à passer de tendres moments, pas forcément romantiques d'ailleurs bien qu'on fasse souvent le lien. Ce qui est sûr, c'est que lorsque la passion du désir, de l'attrait et de l'attraction point, les amants peuvent faire preuve d'une tendresse absolue, irréfléchie et spontanée, manifestement dans le coup de foudre - quand il a le subtil et rare bonheur d'être réciproque.

L'affection, c'est à vrai dire le mécanisme - pour le dire crûment - par lequel nos personnes (corps, cœurs et crânes) affectent des (é)motions çà et là alentour, envers autrui. C'est bien pour cela qu'elle n'est ni bonne ni mauvaise en soi, car on peut affecter du ressentiment. On parle bien d'affection maladive, en pathologie, dont la notion même vient de pathos, qui désigne l'affection autant que le pathétique. Cela dit, quand on pense à l'affection, on pense régulièrement à l'attachement.

C'est ainsi que l'attachement est physiologiquement fort dans une parentèle (pour le meilleur et pour le pire), tandis qu'il est de même physiologiquement fort entre amants (et doit le rester dans une vie de couple heureuse, malgré ses bas et ses hauts). Au-delà, l'attachement est socialement le plus fort avec l'ami, jusqu'à le considérer comme un membre de notre famille quand on a partagé des moments physiologiquement engageants (un même toit, une même chambre, de même affaires, une colocation parfois, etc.), et la force décroît avec le copain, la fréquentation, le collègue, la connaissance, le quidam. Et notez à quel point nous éprouvons de l'attachement étrange pour ceux qui nous répugnent, que l'on déteste, que l'on combat voire que l'on hait : d'une manière ou d'une autre, ils prennent sur nous, et régulièrement ils nous confrontent à des sentiments en nous que nous préférerions ignorer de nous-mêmes (ce qu'on appelle notre propre part d'ombre, faire notre autocritique).

...

Mais enfin, il me semble important de faire remarquer que la pitié, donc, peut se résumer à un devoir. Or, si c'est un devoir, ce n'est pas forcément qu'elle est civilisatrice, mais qu'une civilisation la prescrit. Et évidemment, la prescrivant, la pitié devient une forme de processus civilisateur, civilisatrice par elle-même automotrice ... sans pour autant que, comme sentiment, la pitié y perde, prescrite ou non, devoir ou pas. Cette piété ! ... autant vous dire qu'elle est fortement relayée au monde monothéiste qui certes a quasiment régné sur toute la planète, et qu'elle court désormais à travers les humanitarismes laïcs - morales de la pitié sans pitié pour le dieu.

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Membre, 29ans Posté(e)
Maelys13 Membre 1 185 messages
Baby Forumeur‚ 29ans‚
Posté(e)
il y a une heure, Marzhin a dit :

Il est important de bien définir les notions Maelys13, car vous utilisez indifféremment pitié et compassion en en parlant en soi, avant que de les dialectiser avec ce qu'on peut appeler la politique des relations ou, si vous préférez, les jeux avec les conventions dont on se sert à diverses fins (manigance).

Par exemple, la notion de pitié vient du mot piété, figurez-vous. La pitié est intimement relayable à la religiosité, c'est-à-dire à une forme de foi en l'amour - ce qui n'est pas la même chose que l'amour, qui d'ailleurs n'est pas nécessairement la même chose ni que la bonté, ni que la miséricorde, puisque vous y faîtes référence. Mais c'est justement parce que vous y avez fait référence (à la bonté et la miséricorde) que je suis obligé de remarquer le lien entre pitié et piété. La pitié peut être un devoir, où alors l'amour, la bonté et la miséricorde se tressent dans la charité, il me semble. C'est une phrônesis (une prudence, sagesse pratique) extrêmement religieuse dans l'idée. D'ailleurs, beaucoup d'athées ou agnostiques proclamés, ne font que perpétuer cette religiosité sous forme d'humanitarisme laïc (droits-de-l'hommisme ou autres).

Je m'attarderai à définir-distinguer les notions d'amour, de bonté et de miséricorde évoquées. Mais avant, j'introduirai, rapport au propos de sirielle, d'autres notions, telles que la tendresse, l'affection et l'attachement, qui me semblent encore distinguibles, mais qui - je crois - ressortent potentiellement et diversement de la serviabilité dont elle a parlé, au plan (é)motionnel intrinsèque.

Vous savez bien que l'amour est un terme très vaste en français, que je ne me bornerai pas à définir, sinon de façon englobante. C'est en fait le terme catégoriel englobant tous les autres termes du débat, même s'il est possible d'y inclure encore d'autres termes, tels que le désir, l'attrait, l'attraction (mais qui ne semblent pas avoir de rapport spécifique avec la pitié, en dehors de la notion de passion par ambiiguïté sexuelle/mystico-religieuse). Ceci dit, tout en notant qu'un certain mésusage de la pitié telle qu'intuitionnée par ses défenseurs, maintes fois évoqués déjà sur ce topic, nous nous accorderions volontiers à dire qu'il échappe à l'amour. Quant à l'amour, donc, j'aime beaucoup cette idée de l'actuel philosophe français Christian Wolff, selon laquelle l'amour est toutes ces notions à la fois, tendanciellement (tout est selon lui dans le tendanciel composite). Bien.

Ensuite, la bonté est une déclaration ambiguë elle aussi, puisque le Bon dont elle dépend, dépend lui-même autant de la morale, de l'éthique et du personnel. Il y a : faire le bien (morale), être bienfaiteur (éthique) et faire du bien (personnel). Ces trois Biens impliquent chacun différents Bons, et la bonté se perd indistinctement entre les termes de cette analyse, en casuistique. Par exemple, si je tombe sur un billet de vingt voletant près d'un clochard, et que je le lui remets, je conjugue probablement les trois termes, selon une morale de la charité. Mais si je garde le billet en vue de manger un bon dessert en famille acheté au pâtissier devant lequel mendie le clochard, la morale de la charité m'en voudra ou sera obligé de dénier ma démarche, pour continuer de me sourire sans oublier. Et pourtant, je ne suis peut-être pas très riche, et mes filles sortent peut-être d'un coup dur suite à la maladie de leur mère - ceci dit pour faire pitié dans l'ordre de la morale de la charité. Reste enfin, que je suis peut-être tout simplement adepte d'une morale hédoniste, et que dans son cadre peu importait que je tende le billet au clochard ou que je m'en serve afin de manger un bon dessert en famille, quelle que soit ma situation par ailleurs. Et ainsi de suite, sur ce que l'on peut appeler en démocratie libérale ... le marché des valeurs sociales. Que je sois donc le bienfaiteur du clochard ou de ma famille ne change rien, et quand bien même je serai adepte de la charité, le marché me laisse bien faire ce que je crois bon de faire de l'argent. La raison commerciale est relativiste, et nie toutes formes de raisons en dehors de ses bonnes raisons (égotisme intrinsèque postulé chez chaque agent du marché).

La miséricorde, comme son nom l'indique, consiste à s'accorder à la misère. Il ne me semble pas qu'elle ait particulièrement besoin de pitié, mais c'est certainement une forme d'affection parmi la misère (la bonté ne se tenant jamais que devant). Le miséricordieux ne me semble en réalité pas forcément religieux, ni même voire surtout pas humanitaire (bonté). Le miséricordieux, tant évidemment que sa miséricorde ne se mélange pas à la pitié, est pour moi une personne cordiale, pour qui la misère d'autrui n'est pas un critère de pertinence en termes d'affinités/sociabilités. Au contraire, le miséricordieux s'accorde à la misère comme une lettre à la poste. Mais, en tant qu'il faut pourtant le nommer miséricordieux, il a une forme de prédilection pour la misère : il est quelque chose, aussi pervers que cela puisse devenir, de misérophile, de telle sorte qu'il puisse - en tout cas - s'abandonner au déclin social sans inquiétude. Pour un religieux, c'est certainement une qualité, dans la mesure où il doit faire confiance au plan divin.

La tendresse, c'est autant une disposition à s'attendrir, qu'un trait de personnalité par lequel autrui nous sent tendre (vulnérable dans notre tendresse, autant que chaleureux). Par excellence, c'est la qualité des parents qui éduquent un enfant "dans l'amour", comme on dit. Et les amants, dans leur sexualité, peuvent s'avérer tendres autant que sauvages, mais de toute évidence ils aiment à passer de tendres moments, pas forcément romantiques d'ailleurs bien qu'on fasse souvent le lien. Ce qui est sûr, c'est que lorsque la passion du désir, de l'attrait et de l'attraction point, les amants peuvent faire preuve d'une tendresse absolue, irréfléchie et spontanée, manifestement dans le coup de foudre - quand il a le subtil et rare bonheur d'être réciproque.

L'affection, c'est à vrai dire le mécanisme - pour le dire crûment - par lequel nos personnes (corps, cœurs et crânes) affectent des (é)motions çà et là alentour, envers autrui. C'est bien pour cela qu'elle n'est ni bonne ni mauvaise en soi, car on peut affecter du ressentiment. On parle bien d'affection maladive, en pathologie, dont la notion même vient de pathos, qui désigne l'affection autant que le pathétique. Cela dit, quand on pense à l'affection, on pense régulièrement à l'attachement.

C'est ainsi que l'attachement est physiologiquement fort dans une parentèle (pour le meilleur et pour le pire), tandis qu'il est de même physiologiquement fort entre amants (et doit le rester dans une vie de couple heureuse, malgré ses bas et ses hauts). Au-delà, l'attachement est socialement le plus fort avec l'ami, jusqu'à le considérer comme un membre de notre famille quand on a partagé des moments physiologiquement engageants (un même toit, une même chambre, de même affaires, une colocation parfois, etc.), et la force décroît avec le copain, la fréquentation, le collègue, la connaissance, le quidam. Et notez à quel point nous éprouvons de l'attachement étrange pour ceux qui nous répugnent, que l'on déteste, que l'on combat voire que l'on hait : d'une manière ou d'une autre, ils prennent sur nous, et régulièrement ils nous confrontent à des sentiments en nous que nous préférerions ignorer de nous-mêmes (ce qu'on appelle notre propre part d'ombre, faire notre autocritique).

...

Mais enfin, il me semble important de faire remarquer que la pitié, donc, peut se résumer à un devoir. Or, si c'est un devoir, ce n'est pas forcément qu'elle est civilisatrice, mais qu'une civilisation la prescrit. Et évidemment, la prescrivant, la pitié devient une forme de processus civilisateur, civilisatrice par elle-même automotrice ... sans pour autant que, comme sentiment, la pitié y perde, prescrite ou non, devoir ou pas. Cette piété ! ... autant vous dire qu'elle est fortement relayée au monde monothéiste qui certes a quasiment régné sur toute la planète, et qu'elle court désormais à travers les humanitarismes laïcs - morales de la pitié sans pitié pour le dieu.

Je comprends tout à fait tes propos qui sont d'ailleurs très élaborés  et véridiques, mais en ce qui me concerne, je n'applique pas la pitié par devoir, car je ne suis lié à aucune doctrine ou philosiphie.

Il y a 17 heures, sirielle a dit :

Effectivement, mais en même temps cette éventuelle mesquinerie est justement pitoyable. Il y a pitié par serviabilité au premier degré, et pitié par la valorisation de l'accomplissement personnel.

Tout à fait d'accord ! 

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