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Le jugement


sirielle

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Membre, 37ans Posté(e)
sirielle Membre 9 353 messages
Maitre des forums‚ 37ans‚
Posté(e)

La faculté de jugement est essentielle à l'orientation réflective et fonde la Morale. Pourtant elle est couramment bannie des relations sociales par "cohésivisme" ainsi qu'au nom du libre-arbitre. Ce bannissement revendiqué (Exemple: "Je ne vous juge pas. J'apprécie que vous ne me jugiez pas."...) peut cacher un jugement défavorable, voire un blâme, (y compris potentiels), qu'on refuserait de prendre en considération, mais dont l'ombre reste donc bien perceptible. Voire aussi ce en quoi les compliments, adhésions, peuvent parfois paraître déplacés, y compris par ceux à qui ils s'adressent.

Pour illustrer je vous propose cette citation d'Emmanuel Kant tirée de l'ouvrage "Critique de la faculté de juger." (1790):

Citation

Le Goût est la faculté de juger et d'apprécier un objet ou un mode de représentation par une satisfaction ou un déplaisir, indépendamment de tout intérêt. On appelle beau l'objet d'une telle satisfaction.

Comment expliquez-vous la diabolisation du jugement?

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)

Votre citation est en effet tirée de la « Critique de la faculté de juger » mais elle ne concerne pas la morale, elle concerne l'esthétique, le Beau, etc. Elle  pourrait trouver place, votre citation, dans le fil qui traite de l’art.

La notion de «  jugement » chez Kant est d’abord neutre. Juger c’est mettre en relation deux concepts, un sujet et un prédicat en général, séparés par le verbe être. « La table est rouge » est ainsi pour lui un jugement, une mise en relation de deux concepts. Cela le conduit à écrire cette fameuse formule : penser c’est juger.

Ce dont vous voulez parler c’est du jugement moral (la morale fait l’objet de la critique de la Raison pratique, et, chez Kant, elle est fondée sur ce qu’il appelle : la liberté).

Le jugement moral, si nous sortons du monde kantien, c’est quoi ? C’est là aussi établir une correspondance entre concepts, entre un concept qui tente de définir un comportement et un autre concept, un prédicat : bien ou mal. Ceci est bien, ceci est mal.

Il me semble que le jugement moral pose la question du mal et du bien. Est-ce votre avis ?

 

 

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Membre, 37ans Posté(e)
sirielle Membre 9 353 messages
Maitre des forums‚ 37ans‚
Posté(e)
il y a 54 minutes, Annalevine a dit :

Votre citation est en effet tirée de la « Critique de la faculté de juger » mais elle ne concerne pas la morale, elle concerne l'esthétique, le Beau, etc. Elle  pourrait trouver place, votre citation, dans le fil qui traite de l’art.

La notion de «  jugement » chez Kant est d’abord neutre. Juger c’est mettre en relation deux concepts, un sujet et un prédicat en général, séparés par le verbe être. « La table est rouge » est ainsi pour lui un jugement, une mise en relation de deux concepts. Cela le conduit à écrire cette fameuse formule : penser c’est juger.

Ce dont vous voulez parler c’est du jugement moral (la morale fait l’objet de la critique de la Raison pratique, et, chez Kant, elle est fondée sur ce qu’il appelle : la liberté).

Le jugement moral, si nous sortons du monde kantien, c’est quoi ? C’est là aussi établir une correspondance entre concepts, entre un concept qui tente de définir un comportement et un autre concept, un prédicat : bien ou mal. Ceci est bien, ceci est mal.

Il me semble que le jugement moral pose la question du mal et du bien. Est-ce votre avis ?

 

 

Je souhaitais évoquer globalement la faculté de juger, pas uniquement dans le sens moral. C'est pourquoi j'ai choisi une illustration relative entre autres au jugement instinctif. L'essentiel du sujet à mes yeux réside dans la question posée plus que dans la citation, pouvant cependant éventuellement servir de référence. La porte y est donc quand-même ouverte sur une interprétation plus vaste, y compris par rapport au travail d'Emmanuel Kant sur ce thème. 

Effectivement, je crois aussi que le jugement moral peut s'inspirer de l'opposition entre bien et mal et de leurs différents degrés respectifs, comme d'autres formes de jugements. Il représente en tout cas un outil nécessaire au concept de l'optimisation comportementale cadrée et ses règles induites (Voire donc aussi ses interdits.). Et selon moi beauté et morale peuvent être liées.

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Membre, Talon 1, 79ans Posté(e)
Talon 1 Membre 23 966 messages
79ans‚ Talon 1,
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Tout est acquis. La morale est possible parce que nous sommes capables de faire des projets, et de nous observer nous mêmes. C'est la conscience de soi. La beauté est hypnotique. Elle abolit le jugement raisonnable.

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Membre, 43ans Posté(e)
InstantEternité Membre 1 134 messages
Baby Forumeur‚ 43ans‚
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Pour pouvoir juger l'autre, il faut déjà en être apte ! Un juge ne se trouve pas dans la nature, je me donne le droit de juger l'autre si j'ai déjà fait mes preuves sur le sujet en question, ou du moins je m'y connais en la matière. Cela paraît évident mais impossible à appliquer dans la réalité.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)
Il y a 3 heures, sirielle a dit :

Je souhaitais évoquer globalement la faculté de juger, pas uniquement dans le sens moral. C'est pourquoi j'ai choisi une illustration relative entre autres au jugement instinctif. L'essentiel du sujet à mes yeux réside dans la question posée plus que dans la citation, pouvant cependant éventuellement servir de référence. La porte y est donc quand-même ouverte sur une interprétation plus vaste, y compris par rapport au travail d'Emmanuel Kant sur ce thème. 

Effectivement, je crois aussi que le jugement moral peut s'inspirer de l'opposition entre bien et mal et de leurs différents degrés respectifs, comme d'autres formes de jugements. Il représente en tout cas un outil nécessaire au concept de l'optimisation comportementale cadrée et ses règles induites (Voire donc aussi ses interdits.). Et selon moi beauté et morale peuvent être liées.

Si nous sortons du cadre moral le jugement est la faculté de relier entre eux des concepts et cette faculté définit même la connaissance. Je n’ai pas ici ( là où je suis présentement ) les références mais je me souviens que Deleuze définissait ainsi la connaissance ( dans son petit ouvrage sur Kant) : la capacité à relier entre eux deux concepts. De mémoire toujours je me rappelle aussi Weil, la philosophe, qui partait dans le même sens. Le jugement, acte d’unifier ensemble deux concepts est ensuite analysé et divisé en deux familles, le jugement analytique (le prédicat est contenu dans le concept sujet) et le jugement synthétique ( le prédicat apporte une information supplémentaire sur le sujet). Il est possible que cette réflexion générale vous intéresse.

Je ne comprends pas ce que voulez dire dans cette locution : «  le jugement instinctif ». Pourriez vous m’affranchir ?

Je ne comprends pas non plus ce que vous voulez dire quand vous écrivez : « optimisation comportementale cadrée et ses règles induites ». Je vous  « force » à m’instruire !

Le lien entre beauté et le bien ( morale) est suggéré dans la philosophie grecque ( qui va jusqu’ à relier le beau, le bien et le vrai) mais là aussi ce lien m’echappe.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 947 messages
If you don't want, you Kant...,
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Il y a 9 heures, sirielle a dit :

Comment expliquez-vous la diabolisation du jugement?

Par la peur d'entendre une vérité qui fâche ! Et conséquemment, les implications sociales qui en découlent ou l'image de soi plus immédiatement.

Je m'aperçois de plus en plus distinctement aujourd'hui, que la bienséance, la complaisance, la flatterie, le faire semblant, la séduction, la ruse, l'enfumage ou le paraitre sont bien plus importants que les faits ou le vrai, la raison ou la connaissance juste. Il faut croire que le bichonnage de l'ego est un sport omniprésent, comme son contraire, le dénigrement à tour de bras... Le jugement est donc l'avers et le revers de la médaille qui se nomme socialisation !

 

Comme les gens affectionnent tout particulièrement les choix qu'ils ont fait - pour des raisons bien souvent irrationnelles - y compris quand c'est une erreur ou un fourvoiement, plus qu'une vérité non choisie, désirée ou encore que d'autres voies rejetées, ils n'aiment donc pas entendre ce qui vient contredire ou affaiblir leur propre système de représentations, leurs goûts, leurs convictions et/ou leurs idéaux. À l'inverse, ils aiment surenchérir quand cela abonde dans leur sens, conduisant dans un cas comme dans l'autre, à la polarisation, c'est-à-dire au rejet ou à l'accueil plus ou moins intense, sans discernement.  

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Il y a 9 heures, sirielle a dit :

La faculté de jugement est essentielle à l'orientation réflective et fonde la Morale. Pourtant elle est couramment bannie des relations sociales par "cohésivisme" ainsi qu'au nom du libre-arbitre. Ce bannissement revendiqué (Exemple: "Je ne vous juge pas. J'apprécie que vous ne me jugiez pas."...) peut cacher un jugement défavorable, voire un blâme, (y compris potentiels), qu'on refuserait de prendre en considération, mais dont l'ombre reste donc bien perceptible. Voire aussi ce en quoi les compliments, adhésions, peuvent parfois paraître déplacés, y compris par ceux à qui ils s'adressent.

Pour illustrer je vous propose cette citation d'Emmanuel Kant tirée de l'ouvrage "Critique de la faculté de juger." (1790):

Comment expliquez-vous la diabolisation du jugement?

Dans le monde du libéralisme démocratique, la priorité est en quelque sorte accordée aux individus, et non plus à la collectivité. Aussi les normes morales, qui ne sont jamais que collective, s'y effritent-elles en faveur d'un cadre éthique flexible et aux contours ambigus, permettant ainsi la reconnaissance de la différence d'autrui. Le comportement qui est décrit ici, celui de ne pas "juger" l'autre, va dans ce sens: l'individu, bien que par exemple empli d'un sentiment de désapprobation par rapport à un comportement donné, s'efforce de ne pas sauter aux conclusions, de ne pas condamner l'autre, de laisser la porte ouverte afin de reconnaître sa différence. C'est un comportement qui est aussi motivé par la connaissance moderne de l'homme, de sa complexité, de l'enchevêtrement parfois insaisissable de ses motifs.

Le jugement n'est pas diabolisé, il est suspendu. L'homme moderne s'efforce de ne plus baser ses jugements moraux sur des préférences spontanées mais plutôt d'atteindre à des fondements abstraits et universels, tel que celui de l'impératif catégorique, du même Kant que vous citez.

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Membre, 37ans Posté(e)
sirielle Membre 9 353 messages
Maitre des forums‚ 37ans‚
Posté(e)
Il y a 6 heures, Annalevine a dit :

Je ne comprends pas ce que voulez dire dans cette locution : «  le jugement instinctif ». Pourriez vous m’affranchir ?

Le jugement en tant que caractéristique inhérente à la nature humaine, indépendamment du libre arbitre.

Il y a 6 heures, Annalevine a dit :

Je ne comprends pas non plus ce que vous voulez dire quand vous écrivez : « optimisation comportementale cadrée et ses règles induites ». Je vous  « force » à m’instruire !

Il s'agit pour moi d'orientation existentielle en fonction de la sensibilité morale, ce à quoi la conscience la fait adhérer plus particulièrement, ce à quoi elle la fait s'opposer, y compris au point de vue méthodes absolue/contextuelle et objective/subjective.

Il y a 6 heures, Annalevine a dit :

Le lien entre beauté et le bien ( morale) est suggéré dans la philosophie grecque ( qui va jusqu’ à relier le beau, le bien et le vrai) mais là aussi ce lien m’echappe.

cf la partielle indissociabilité/association entre mental et matière. (Voire par extension par exemple la concrétisation du mental, la symbolique de la matière, en mouvement ou pas.) Le bien représentant la perfection au point de vue sensitif (y compris mental), il peut inclure à la fois ou isolément le beau, le vrai mais aussi le juste, le sage, l'agréable, etc... (Le beau étant lui aussi perceptible, et parfois créable, modelable, grâce à différentes aptitudes sensorielles, éventuellement associées à, voire dépendantes de la linguistique, de l'imagination, des représentations mentales et leurs influences, leurs qualités. Et la morale intellectualisant méthodiquement les sensations et leurs objets vers un idéal.)

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 947 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)
Il y a 4 heures, Annalevine a dit :

Si nous sortons du cadre moral le jugement est la faculté de relier entre eux des concepts et cette faculté définit même la connaissance. Je n’ai pas ici ( là où je suis présentement ) les références mais je me souviens que Deleuze définissait ainsi la connaissance ( dans son petit ouvrage sur Kant) : la capacité à relier entre eux deux concepts. De mémoire toujours je me rappelle aussi Weil, la philosophe, qui partait dans le même sens. Le jugement, acte d’unifier ensemble deux concepts est ensuite analysé et divisé en deux familles, le jugement analytique (le prédicat est contenu dans le concept sujet) et le jugement synthétique ( le prédicat apporte une information supplémentaire sur le sujet). Il est possible que cette réflexion générale vous intéresse.

Si je ne m'abuse pas, je crois que la forumeuse fait plutôt référence aux acceptations D.2. et D.3. plutôt qu'au D.1.:

https://www.cnrtl.fr/definition/jugement

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)
Il y a 1 heure, sirielle a dit :

Le jugement en tant que caractéristique inhérente à la nature humaine, indépendamment du libre arbitre.

Il s'agit pour moi d'orientation existentielle en fonction de la sensibilité morale, ce à quoi la conscience la fait adhérer plus particulièrement, ce à quoi elle la fait s'opposer, y compris au point de vue méthodes absolue/contextuelle et objective/subjective.

cf la partielle indissociabilité/association entre mental et matière. (Voire par extension par exemple la concrétisation du mental, la symbolique de la matière, en mouvement ou pas.) Le bien représentant la perfection au point de vue sensitif (y compris mental), il peut inclure à la fois ou isolément le beau, le vrai mais aussi le juste, le sage, l'agréable, etc... (Le beau étant lui aussi perceptible, et éventuellement créable, modelable, grâce à différentes aptitudes sensorielles, éventuellement associées à, voire dépendantes de la linguistique, de l'imagination, des représentations mentales et leurs influences, leurs qualités. Et la morale intellectualisant méthodiquement les sensations et leurs objets vers un idéal.)

Je pense que ce que vous appelez le jugement instinctif est ce que j’appelle le jugement spontané.

Pour le reste vous me surprenez : pour vous comprendre je suis obligé de traduire votre langage dans mon langage, je ne parviens pas à vous comprendre « instinctivement ».  Du coup je pourrais avoir envie de vous juger ! En attaquant votre « façon » d'écrire. Pourquoi je renonce à vous juger alors ? Parce que vous juger ne résulterait en fait que de mon incompréhension ou de ma compréhension difficile de votre expression.

J’ai suivi votre fil sur la jalousie et là encore j’ai failli émettre un jugement en vous reprochant de traduire le ressenti ( de la jalousie) en termes conceptuels. Puis j’ai là encore renoncé car je me suis demandé si je ne transformais pas mon incompréhension ( de votre expression) en jugement d’humeur contre vous. 

Conclusion : le jugement est à double tranchant. De la part du juge il peut en fait révéler chez lui quelque incompréhension, quelque « faiblesse » émotionnelle.

Mais parfois le jugement peut résulter d’un code de valeur personnel. Alors il me semble que, dans ce cas là, le jugement est légitime ( du point de vue du juge, lequel s’appuie alors sur son code de valeur). Mais doit on alors exprimer son jugement ? Tout dépend du but poursuivi. Si je veux conduire le « jugé » à changer, une opposition trop frontale peut être maladroite et ne pas permettre d’atteindre les fins visées.

Je rebondis aussi sur votre lien entre matière et mental. Mais j’exprimetai autrement cette association en associant les mots mental et neural, plutôt que mental et matière ( ça revient au même). C’est bien sûr un autre sujet mais le fait qu’il soit absolument impossible de »réduire » le mental au neural est très curieux. En tout cas ça exaspère semble t il nos scientifiques du  cerveau.

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Membre, 37ans Posté(e)
sirielle Membre 9 353 messages
Maitre des forums‚ 37ans‚
Posté(e)
Il y a 15 heures, deja-utilise a dit :

Par la peur d'entendre une vérité qui fâche ! Et conséquemment, les implications sociales qui en découlent ou l'image de soi plus immédiatement.

Je m'aperçois de plus en plus distinctement aujourd'hui, que la bienséance, la complaisance, la flatterie, le faire semblant, la séduction, la ruse, l'enfumage ou le paraitre sont bien plus importants que les faits ou le vrai, la raison ou la connaissance juste. Il faut croire que le bichonnage de l'ego est un sport omniprésent, comme son contraire, le dénigrement à tour de bras... Le jugement est donc l'avers et le revers de la médaille qui se nomme socialisation !

 

Comme les gens affectionnent tout particulièrement les choix qu'ils ont fait - pour des raisons bien souvent irrationnelles - y compris quand c'est une erreur ou un fourvoiement, plus qu'une vérité non choisie, désirée ou encore que d'autres voies rejetées, ils n'aiment donc pas entendre ce qui vient contredire ou affaiblir leur propre système de représentations, leurs goûts, leurs convictions et/ou leurs idéaux. À l'inverse, ils aiment surenchérir quand cela abonde dans leur sens, conduisant dans un cas comme dans l'autre, à la polarisation, c'est-à-dire au rejet ou à l'accueil plus ou moins intense, sans discernement.  

Au-delà de la politesse que j'affectionne, j'ai l'impression que les jugements vis-à-vis d'autrui sont si couramment grossiers, déplacés, hautains, simplistes, trompeurs, voire diffamatoires ou mesquins, qu'en conséquence le fait de juger en a obtenu mauvaise réputation. Je crois d'ailleurs que les gens cherchent souvent à s'en protéger par un illusoire conformisme apparent. Mais effectivement il me semble que lorsque la façon de juger n'est pas assez méthodiquement mesurée, voire si elle est plus intéressée que scrupuleuse, elle tend à l'excès aussi bien dans l'éloge que le dénigrement.

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Membre, claniste, 107ans Posté(e)
cry baby Membre 44 061 messages
107ans‚ claniste,
Posté(e)
Le 27/09/2019 à 09:48, sirielle a dit :

 

Comment expliquez-vous la diabolisation du jugement?

car les gens aiment juger les autres ,mais faut surtout pas les juger! sinon c'est le desespoir!

et souvent on juge vite,sans vraiment connaitre les faits  ou les personnes!

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Membre, Posté(e)
Boutetractyxreqs Membre 5 959 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Le 27/09/2019 à 09:48, sirielle a dit :

La faculté de jugement est essentielle à l'orientation réflective et fonde la Morale. Pourtant elle est couramment bannie des relations sociales par "cohésivisme" ainsi qu'au nom du libre-arbitre. Ce bannissement revendiqué (Exemple: "Je ne vous juge pas. J'apprécie que vous ne me jugiez pas."...) peut cacher un jugement défavorable, voire un blâme, (y compris potentiels), qu'on refuserait de prendre en considération, mais dont l'ombre reste donc bien perceptible. Voire aussi ce en quoi les compliments, adhésions, peuvent parfois paraître déplacés, y compris par ceux à qui ils s'adressent.

Pour illustrer je vous propose cette citation d'Emmanuel Kant tirée de l'ouvrage "Critique de la faculté de juger." (1790):

Comment expliquez-vous la diabolisation du jugement?

http://www.lifestyle-conseil.com/quatre-accords-tolteques/

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Membre, Posté(e)
nolibar Membre 1 217 messages
Forumeur survitaminé‚
Posté(e)
Le 27/09/2019 à 09:48, sirielle a dit :

Comment expliquez-vous la diabolisation du jugement?

Bah ! Peut-être que tout un chacun se complet dans l’idée qu’il a raison et qu’un jugement par trop lucide apporterait parfois, en son esprit, une instabilité, un inconfort désagréables à vivre…

Il est parfois déplaisant de se voir asséner ses quatre vérités...

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 947 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)
Le 27/09/2019 à 19:27, Dompteur de mots a dit :

Le jugement n'est pas diabolisé, il est suspendu.

 

L'homme moderne s'efforce de ne plus baser ses jugements moraux sur des préférences spontanées mais plutôt d'atteindre à des fondements abstraits et universels, tel que celui de l'impératif catégorique, du même Kant que vous citez.

Dompteur, je ne dirais pas que le jugement est suspendu, car cela ne corroborerait pas ma propre expérience pluridécennale, mais plutôt qu'il est retenu - dans la boite crânienne du jugeur !

Pour quelle raison ? Non par souci de ne pas empêcher la reconnaissance d'une quelconque valeur d'autrui, mais essentiellement pour garder la paix sociale dans un premier temps, au même titre que la politesse des salutations lorsque l'on se rencontre, un autre acte bien souvent tout aussi hypocrite pour préserver la non-agressivité entre les parties.

 

L'homme moderne a un relent identitaire soit nationaliste, soit clanique qui menace les démocraties un peu partout dans le monde aujourd'hui, si certes pour d'aucuns cela peut avoir l'utilité ou la finalité que tu abordes, pour l'écrasante majorité des primates humains, c'est très loin d'être avéré, au contraire !

 

                                                                       **********

 

" C'est fou ce que les gens aiment juger. Ça juge partout, tout le temps. Sans doute est-ce l'une des choses les plus simples qui soient données à l'humanité de faire. " M. FOUCAULT in Dits et écrits

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 947 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)
Il y a 23 heures, sirielle a dit :

Au-delà de la politesse que j'affectionne, j'ai l'impression que les jugements vis-à-vis d'autrui sont si couramment grossiers, déplacés, hautains, simplistes, trompeurs, voire diffamatoires ou mesquins, qu'en conséquence le fait de juger en a obtenu mauvaise réputation.

Il y a certainement aussi de cela, sachant qu'une chose négative imprime plus fortement notre émotivité, ce qui est connu par le biais de négativité ou d'aversion à la perte, par exemple on peut passer sa vie à se construire une réputation, avec d'innombrables actes " positifs ", mais se la voir détruite avec une seule anecdote " négative " ou erreur de conduite. Je pense que le jugement n'échappe pas à cette règle.

 

D'un autre côté, je constate que les personnes sont rarement en mesure d'opérer le distinguo entre la forme du jugement et son contenu, faisant l'amalgame entre les deux. Si on me demande comment je trouve ce nourrisson, je vais spontanément avoir envie de dire qu'il n'est pas beau si tel est mon ressenti, ce n'est pourtant que mon avis subjectif, ça n'a rien d'insultant en soi, mais la personne qui réceptionne ce message ne le perçoit pas ainsi, elle réagit comme si il y avait une attaque personnelle à visée destructrice ou blessante " gratuite ". On voit que le contenu qui est connoté négativement - par le récipiendaire - est confondu avec une insulte en tant que forme d'expression verbale représentative, tel que " sale con " par exemple. Pourtant il existe aussi la possibilité inverse, à savoir de dire les choses sous les apparences de la bienséance, mais qui est en réalité un rabaissement ou une critique péjorative, " Mais quelle allure ! " par exemple. 

 

Dit autrement, comme toute interaction sociale, cela se passe conjointement entre les deux protagonistes, cependant je suis sûr que deux personnes soucieuses authentiquement l'une de l'autre, peuvent se dire les choses qu'elles pensent sans pour autant se blesser, mais pour cela au préalable, il faut du respect et certainement une dose de confiance.

Dans les autres cas, c'est à dire si il n'y a pas de respect profond, il vaut mieux envisager les choses ainsi:

« Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer » https://fr.wikipedia.org/wiki/Rasoir_d'Hanlon

 

 

Il y a 23 heures, sirielle a dit :

Je crois d'ailleurs que les gens cherchent souvent à s'en protéger par un illusoire conformisme apparent.

Le conformisme et la soumission à l'autorité sont deux obstacles sérieux et fondamentaux au libre-arbitre, il suffit de prendre connaissance de l'Histoire, des faits divers médiatiques ou voire du quotidien, pour constater que l'humain est un automate biologique qui s'ignore !

Ce qui manque aujourd'hui à l'humanité, n'est pas plus d'intelligence ou plus de connaissances, mais l'élévation de sa conscience encore trop faible, au regard de son potentiel destructeur donné par les deux autres. Nous sommes dans la situation où nous avons mis la charrue avant les bœufs ou que nous coupons la branche sur laquelle nous sommes assis, faute de nous rendre compte véritablement et pleinement de ce que nous faisons, hormis le temps d'un flash lors d'une lecture ou d'un spot informationnel, passant à autre chose aussi sûrement que demain sera un autre jour. On pourrait appeler cela, une cécité cognitive comme l'a lui-même nommé D. Kahnemann. 

 

Il y a 23 heures, sirielle a dit :

Mais effectivement il me semble que lorsque la façon de juger n'est pas assez méthodiquement mesurée, voire si elle est plus intéressée que scrupuleuse, elle tend à l'excès aussi bien dans l'éloge que le dénigrement.

Je pense que nous sommes tous deux d'accord, pour soutenir que telles ne sont pas les destinées inévitables du jugement: ni d'être scrupuleux, ni d'être intéressé, mais d'être dans le vrai, la sincérité ou l'authentique.

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Membre, 37ans Posté(e)
sirielle Membre 9 353 messages
Maitre des forums‚ 37ans‚
Posté(e)
Le 28/09/2019 à 10:15, cry baby a dit :

car les gens aiment juger les autres ,mais faut surtout pas les juger! sinon c'est le desespoir!

et souvent on juge vite,sans vraiment connaitre les faits  ou les personnes!

A mon sens juger c'est aussi entre autres reconnaître les qualités d'autrui ou de soi-même, mieux les connaître en mettant des mots sur ce qu'ils représentent, ou encore favoriser le progrès, voire une réalisation de soi assez balisée. Pour ma part je me méfie de la tendance à faire du jugement un tabou. Je ne m'interdirais radicalement de juger les gens ou moi-même que si j'estimais que mes jugements sont trop stupides ou irrespectueux, voire en effet téméraires, pour mériter leurs places, ce qui représenterait quand-même tenir compte d'un jugement. Je préfère veiller à ce que mes éventuels jugements soient justes, constructifs, et qu'ils aient assez de tact et de réserve, car j'estime cependant qu'il est important de bien savoir orienter ses pensées, et pas seulement de s'assurer qu'elles soient des vérités ou considérées comme telles par ses éventuels interlocuteurs. (En dissociant aussi bien sûr pour les moduler "juger" et "partager son jugement".) Donc je suis quand même d'accord pour penser que les jugements peuvent être potentiellement superflus, parce qu'insuffisamment constructifs, même s'ils sont vrais car trop inintéressants ou intrusifs et représentant donc une perte de temps en quelque sorte.

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Membre, 156ans Posté(e)
Don Juan Membre 2 962 messages
Mentor‚ 156ans‚
Posté(e)
Il y a 17 heures, Boutetractyxreqs a dit :

Sans plus qu'un lien, comme c'est curieux....

 

Sinon, juger, dans le sens de critiquer, dans la conscience qu'il y a tant à critiquer chez soi, critiquer autrui est une façon comme une autre d'oubler les points qui mériteraient tant de criqtique chez soi.

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Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 155 messages
Mentor‚ 35ans‚
Posté(e)
il y a une heure, Don Juan a dit :

Sans plus qu'un lien, comme c'est curieux....

Je n'ai pas compris!

Dites-vous: ce n'est qu'un lien qui mène à pas grand chose? ou alors: curieux de ne répondre qu'avec un lien?...

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