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Regards sur notre monde

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Annalevine

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)

Il est possible de donner des exemples concrets mettant en jeu ces deux modes de perception. 
Quand Bergson veut dialoguer avec Einstein sur le temps Einstein renonce. Il a compris que Bergson ne comprendrait jamais le temps scientifique de la relativité. 
Quand je dialogue avec un ami de culture ashkénaze il comprend tout à fait qu’il soit possible de considérer que la datation de l’origine de l’univers remonte à près de 13 milliards d’années, et que, en même temps, cette datation remonte à environ 5500 ans.  Cette juxtaposition de deux mondes semble être hors de portée de la culture française qui se veut unitaire. Seul l’un existe, soit la pensée, soit le sentiment. 
Quand Godel émet ses théorèmes et, en même temps, disserte sur le troisième  œil, c’est hors de portée de la pensée volontairement Une de la culture française. Seul Einstein, à Princeton, peut comprendre Godel, dans son discours imaginaire que le rationaliste français va taxer de : folie.

Pourtant en physique les deux modes de perception cohabitent et s’épaulent l’un l’autre chez les savants. Le concept de force par exemple relève du sentiment. Le concept énergie aussi. Mais ce que j’écris là est totalement incompréhensible au sein du village français.

La cohabitation des deux modes de perception en revanche s’impose comme une nécessité dans le domaine social et politique. Là il est impossible d’aliéner l’un des deux modes de perception. C’est d’ailleurs dans ce monde là que la philosophie donne toute sa puissance. Ce sont bien les philosophes anglais et français qui au XVII siècle puis dans le siècle suivant préparent les révolutions sociales politiques. Quand la philosophie revient à ses origines, l’art de gouverner la cité, elle s’appuie sur les deux modes de perception : le sentiment ( considération pour l’autre ) et la pensée ( rationalisation des structures).

Cette philosophie des origines semble avoir disparu. Quel philosophe encore s’occupe d’élaborer une nouvelle vision de la politique, de la gouvernance de la cité ?

Pourtant c’est bien dans le domaine de la politique que la culture française excelle. Car c’est dans ce domaine là que les esprits français les plus fins savent jongler avec et le sentiment et la pensée. 

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 482 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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il y a une heure, Annalevine a dit :

Il est possible de donner des exemples concrets mettant en jeu ces deux modes de perception. 
Quand Bergson veut dialoguer avec Einstein sur le temps Einstein renonce. Il a compris que Bergson ne comprendrait jamais le temps scientifique de la relativité. 
 

Non, ce n'est pas ce qui s'est passé.

Einstein s'est violemment opposé à Bergson en 1922.

 « Il n’y a pas de temps des philosophes. C’est à la science qu’il faut demander la vérité sur le temps, comme sur tout le reste ».

A Einstein

Je ne suis d'ailleurs pas en phase avec mon Albert qui s'est fâché tout rouge...

D'ailleurs, ce ne sont pas 2 modes de perception mais un modèle de relativité restreinte et générale qui cadre aux observations avec une théorie philosophique qui n'est qu'entièrement conceptuelle et qui ne cadre qu'avec la thèse de celui qui l'énonce et là on peut parler de perception du sujet.

Que ce soit Saint Augustin, Kant, Bergson ou même Heidegger que tu as longuement introduit, tous ces philosophes donnent au temps le statut d'un pur produit du sujet et non d'un temps en soi.

Cette distorsion entre philosophie et scientifiques est profonde, elle a notamment amené Hawking ou Feynmann à s'opposer globalement a la philosophie.

Alors que, dans le même temps si j'ose dire, des avancées scientifiques amenées par des travaux scientifique comme la gravitation quantique à boucles ou la géométrie non commutative amènent de nouvelles pistes sur la nature du temps.

Je dis que j'attends le philosophe 2.0

Et malheureusement, je suis en phase avec Hawking quand il déclare les philosophes totalement a la ramasse sur le suivi de l'avancement des connaissances.

Jamais un philosophe ne remet en cause une conception émise sur base de nouveaux éléments de connaissance lorsque ceux ci sont extrêmement sérieux.

On a des gourouphilosophes.

Cette capacité de remise en cause et de challenge de ses théories est dans l'ADN de la science donc du scientifique un peu philosophe.

Mais le philosophe un peu scientifique est, sur ces questions, largué.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)

Toutes ces réflexions me conduisent sans que je puisse en discerner la causalité, à cette autre réflexion : aujourd’hui le mot philosophie désigne dans l’imagerie commune toute activité de réflexion.

Du coup tout est philosophie dès  lors que nous sommes dans une réflexion. 

Il me semble que c’est abusif. Si nous appelons philosophie toute activité de réflexion alors bien sûr la philosophie n’est pas d’origine grecque.

Il me semble que la philosophie, si je me réfère à ses origines grecques, indique un engagement dans le monde, et plus précisément dans le monde social et politique.

@Ooos’insurge du fait que certains de ses sujets sont supprimés. Mais il identifie pensée réflexive et philosophie. Je pense qu’il fait erreur.

La philosophie, si nous nous référons à l’historique grecque, implique un engagement dans le monde dans son ensemble, pour paraphraser Heidegger. Ce ne peut pas être une simple activité réflexive.

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 482 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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il y a 30 minutes, Annalevine a dit :

La philosophie, si nous nous référons à l’historique grecque, implique un engagement dans le monde dans son ensemble, pour paraphraser Heidegger. Ce ne peut pas être une simple activité réflexive.

La réflexion est nécessaire à la philosophie.

Alors qu'on peut-être dans la réflexion sans philosopher.

Les grecs ne definissaient pas...tous.. la philosophie autour de l'action...

C'est épicurien comme approche.

Ils s'entendaient tous en revanche sur l'utilisation de la rationalité pour comprendre le monde et son rapport au monde et aux autres.

Heidegger aurait gagné à lire wittgenstein pour qui, philosopher, c'est essentiellement clarifier sa pensée et non pondre du concept.

En tout cas, pour agir, c'est ce qu'il aurait mieux vallu faire Herr Heidegger...

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Membre, Posté(e)
nolibar Membre 1 217 messages
Forumeur survitaminé‚
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« Regards sur notre monde »

J’ai l’impression, contrairement à ce que je pensais par le passé, que les découvertes scientifiques et technologiques sont dues beaucoup plus à la sérendipité qu’à une puissante intuition gouvernée par une grande intelligence… ?

Finalement, l’Homme est peut-être beaucoup moins intelligent que le laisse accroire ses avancées technoscientifiques ?

Sa supériorité, sur les autres espèces animales, résiderait surtout dans sa capacité, grâce à ses mains, à manipuler avec dextérité une grande variété d’objets de son environnement. Cela lui permet de les triturer dans tous les sens afin de les modifier, les assembler,… Ce qui permet ainsi à la sérendipité de s’exprimer avec force….

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Pour parvenir à une représentation finie du monde, achevée, il faudrait aussi vivre dans un monde fini. Par exemple faire comme les moines se retirer dans un monde fini. Ou faire comme nombre de personnes : s’évertuer à vivre dans un monde quotidien répétitif.

Mais, dés lors que l’on s’ouvre au monde, et que l’on accepte de faire sans cesse de nouvelles expériences engagées, je dis bien : engagées ( et là nous reprenons contact avec le sentiment, dans sa dimension précisée  dans la culture germanique) nous ouvrons aussi nos représentations à de nouvelles considérations vécues, senties ( et non pas seulement pensées) qui nous portent à sans cesse modifier nos représentations. Si la recherche est la stabilité finale de nos représentations il faut alors « finir » la réalité, en vivant sans cesse dans la même réalité et les mêmes actions. Sans doute est- ce pour cela que nombre de penseurs ne réfèrent jamais à l’action engagée. Ils se gardent de telles actions qui pourraient les exposer à l’effondrement possible de leurs représentations.

 

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Membre, Posté(e)
nolibar Membre 1 217 messages
Forumeur survitaminé‚
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« Regards sur notre monde »

Le système communiste d’organisation est l’épouvantail que l’on brandit, à tours de bras, pour effrayer le bon peuple afin de le maintenir résigné sous le joug du libéralisme capitaliste…

Mais quand n’est-il vraiment de tout cela ?

Il me semble que, le système communiste d’organisation est déjà à l’œuvre dans le système libéral ; il est tout simplement au service du capitalisme et est utilisé, entre autres, dans l’organisation des entreprises pour la production des biens de consommation…

Alors que dans un système purement communiste, il est étendu à l’organisation de l’ensemble de la Société…

Dans un système communiste bien pensé, c'est-à-dire rationnellement et pragmatiquement organisé, l’organigramme (ou agenda commun à tous) devrait-être la pièce maîtresse de l’organisation. Et cela, parce que, bien pensé, il indiquerait à tout un chacun, en prenant en compte ses capacités intellectuelles et physiques sanctionnées par des diplômes adaptés, ce qu’il doit faire précisément pour participer équitablement et de manière efficace à la production des biens de consommation nécessaires à tous…

Dans un tel système, l’utilisation des ressources de notre Planète peut-être parfaitement contrôlée et permettre ainsi d’éviter les gaspillages de toutes sortes…

Fini l’organisation bordélique actuelle qui nous envoie droit dans le mur…

C’est certainement ainsi que des êtres d’une grande intelligence et dotés, de ce fait, d’une forme de penser évoluée s’organiseraient…

Dans un tel système, tout un chacun, de manière équitable, doit participer à la production des biens de consommation pour l’ensemble de la Société et cela, en fonction de ses capacités intellectuelles et physiques et juste ce qu’il faut, rien que ce qu’il faut, ni plus ni moins …

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Le 18/02/2020 à 01:31, zenalpha a dit :

Mais ce que je regrette un peu, c'est une partie de la philosophie, en lien avec la nature, en lien avec notre représentation du monde, la nature de l'être, de l'homme, du cerveau...qui jette son dernier spasme de protection sur son propre périmètre de réflexion, purement idéaliste, sans lien à la vérification et surtout sans s'enrichir des vastes questions philosophiques nouvelles et passionnantes posées par l'avancée des nouvelles connaissances.

Oui. Clairement, c'est quelque chose qui te préoccupe beaucoup.

La pensée moderne étant très axée sur la rationalité dite objective, soit celle des sciences, je suppose que nombre de philosophes essaient de rallier les consciences aux préoccupations philosophiques - c'est-à-dire essentiellement à ce qui se rapporte au sens de l'aventure humaine - en se drapant de cette rationalité. Une erreur fatale s'il en est une, puisque la philosophie peut à bon droit s'élever au-dessus de la science. Non pas parce qu'elle pourrait fermer les yeux sur ses enseignements, mais plutôt parce la rationalité objective n'est finalement que l'une des provinces de la pensée et que la philosophie a pour tâche d'unifier, de diriger, d’œuvrer à ce qu'il puisse se dégager un sens de notre sempiternel fourmillement intérieur.

Une autre erreur est celle du recul métaphysique. Certains philosophes interprètent ce droit dont j'ai parlé de la philosophie à s'élever au-dessus de la science comme un droit de spéculer à la manière de la science sur de chimériques généralités de l'existence.

À défaut de mieux, ma solution passe usuellement par la philosophie à coups d'épingle d'Adorno, le retour au petit, à l'ordinaire. Il s'agit de plonger dans le trivial, dans le banal de l'existence pour faire jaillir l'intensité qui se cache derrière le voile des choses. Mon idéal est de faire disparaître jusqu'à la notion même d'objectivité et de subjectivité, de faire passer l'esprit dans une danse, un jeu qui transcende le seul alignement des mots, de nous faire tâter de ce que Kierkegaard appelait le don poétique de l'existence.

Le 18/02/2020 à 01:31, zenalpha a dit :

Je ne partage pas la conception de Bruce a propos d'Arisrote, mais cette conception "je pense donc ... c'est vrai" est un biais cognitif puissant pour moi en philosophie existentialiste.

Heidegger va déboucher sur une dissociation vérité de l'être / vérité de l'étant..qui me fait penser au chien qui marque son territoire ou au pape qui prévient Hawking qu'avant le big bang, c'est SON domaine.

Personnellement, je suis complètement indifférent au bloc principal de la philosophie de Heidegger, où les choses ont une teneur plus systémique. Mais dans ses petits essais, ses conférences, ses chemins qui ne mènent nulle part, il brille souvent.

Mais la philosophie existentialiste ne se résume pas à Heidegger, loin s'en faut. Il me semble que tes reproches ne s'appliquent que très mal à Camus, Kierkegaard, Jankélévitch ou Nietzsche. Pourquoi je ne cite pas Sartre ? Parce qu'il est complètement surévalué, sans doute à cause de l'importance qu'a revêtu sa vie mondaine.

Le 18/02/2020 à 01:31, zenalpha a dit :

Je regrette que l'existentialisme soit peut-être le courant majeur du 20eme siècle car c'est encore un spasme insuffisamment digéré pour se distinguer des sciences et qu'elle contient en ses propres fondements ses limites 

Je trouve au contraire que l'existentialisme fut un superbe effort de la philosophie pour ressaisir l'état spirituel de l'homme dans l'aventure de la modernité. L'existentialisme demeure une source formidable d'outils pour tenter de comprendre les tenants et aboutissants du malaise, du mal-être qui habite tant de gens.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)

Il est impossible de continuer l’étude de Heidegger sans s’informer de ce que signifie le sentiment dans la culture allemande. Jung dans «  les types psychologiques » donne une intéressante synthèse de la culture germanique à ce propos mais son ouvrage est en définitive assez complexe et demande une étude sérieuse.

Si dans le village francais seule existe la pensée ( concepts et idées) qui plus est extravertie, dans le village allemand nous découvrons, avec Jung, quatre fonctions psychiques et non pas une, toutes fonctions mises sur un même pied d’importance, ces fonctions déterminant quatre types psy distincts.

Il y a donc la pensée, fonction considérée  comme unique dans le village francais, il y a le sentiment, fonction subalterne voire dépréciée  dans le village francais, mais il y a en plus la sensation et l’intuition. 
 

Jung emploie le même vocabulaire que celui de Heidegger, ce qui confirme une certaine homogénéité dans la culture allemande.

Je ne peux pas faire l’économie d’étudier l’étude de Jung si je veux comprendre Heidegger.

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Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 164 messages
Mentor‚ 35ans‚
Posté(e)
il y a une heure, Annalevine a dit :

Il est impossible de continuer l’étude de Heidegger sans s’informer de ce que signifie le sentiment dans la culture allemande. Jung dans «  les types psychologiques » donne une intéressante synthèse de la culture germanique à ce propos mais son ouvrage est en définitive assez complexe et demande une étude sérieuse.

Si dans le village francais seule existe la pensée ( concepts et idées) qui plus est extravertie, dans le village allemand nous découvrons, avec Jung, quatre fonctions psychiques et non pas une, toutes fonctions mises sur un même pied d’importance, ces fonctions déterminant quatre types psy distincts.

Il y a donc la pensée, fonction considérée  comme unique dans le village francais, il y a le sentiment, fonction subalterne voire dépréciée  dans le village francais, mais il y a en plus la sensation et l’intuition. 
 

Jung emploie le même vocabulaire que celui de Heidegger, ce qui confirme une certaine homogénéité dans la culture allemande.

Je ne peux pas faire l’économie d’étudier l’étude de Jung si je veux comprendre Heidegger.

Je lirai bien volontiers ce que vous en direz, parce que ça me rappelle la vision d'une autre culture. Du coup, je suivrai avec intérêt votre étude sur ce fameux carré de fonctionnements psychiques.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, Ambre Agorn a dit :

Je lirai bien volontiers ce que vous en direz, parce que ça me rappelle la vision d'une autre culture. Du coup, je suivrai avec intérêt votre étude sur ce fameux carré de fonctionnements psychiques.

Et bien je vais vous prendre comme interlocutrice !

Jung distingue quatre fonctions psychologiques fondamentales.

Commençons par la pensée. Ce qu’il appelle : pensée, est l’acte mental par lequel le sujet se saisit de l’objet. Dans cet acte le sujet disparaît à lui-même et ne s’intéresse qu’à l’objet. C’est en fait la pensée scientifique mais aussi, aujourd’hui, la pensée philosophique, puisque nous appelons philosophie toute activité de pensée. Cette fonction est connectée au langage si j’en crois Dehaene. Cette fonction est considérée comme la fonction dont découlent toutes les autres dans le village francais. Du coup les trois autres fonctions mentionnées par Jung sont dépréciées dans la province française.

C’est une fonction adaptée au monde industriel, puisque ce monde est totalement centré  sur l’objet, sur la production d’objets, et même sur la transformation en objet de l’individu. Le village français est donc excellemment placé dans la compétition actuelle dite libérale.

La pensée procède par jugement. « Penser c’est juger » selon Kant dans la Critique de la raison pure. Attention ici le jugement n’a pas de contenu de valeur. Le jugement est l’acte qui consiste à relier un concept à un prédicat. 

« Paris est la capitale de la France » est un jugement. Il y a deux sortes de jugement, le jugement analytique ( Paris est une ville, qui n’apporte aucune connaissance puisque le prédicat, ville, fait partie de la définition même de Paris) et le jugement synthétique qui apporte une information sur le sujet non comprise dans la définition du sujet. Par exemple : une table est un plateau posé sur un certain nombre de pieds est un jugement analytique, cette table est jaune est un jugement synthétique.

Je pense avoir été exhaustif. Passons au sentiment.

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 482 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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Il y a 23 heures, Dompteur de mots a dit :

Oui. Clairement, c'est quelque chose qui te préoccupe beaucoup.

La pensée moderne étant très axée sur la rationalité dite objective, soit celle des sciences, je suppose que nombre de philosophes essaient de rallier les consciences aux préoccupations philosophiques - c'est-à-dire essentiellement à ce qui se rapporte au sens de l'aventure humaine - en se drapant de cette rationalité. Une erreur fatale s'il en est une, puisque la philosophie peut à bon droit s'élever au-dessus de la science. Non pas parce qu'elle pourrait fermer les yeux sur ses enseignements, mais plutôt parce la rationalité objective n'est finalement que l'une des provinces de la pensée et que la philosophie a pour tâche d'unifier, de diriger, d’œuvrer à ce qu'il puisse se dégager un sens de notre sempiternel fourmillement intérieur.

Une autre erreur est celle du recul métaphysique. Certains philosophes interprètent ce droit dont j'ai parlé de la philosophie à s'élever au-dessus de la science comme un droit de spéculer à la manière de la science sur de chimériques généralités de l'existence.

À défaut de mieux, ma solution passe usuellement par la philosophie à coups d'épingle d'Adorno, le retour au petit, à l'ordinaire. Il s'agit de plonger dans le trivial, dans le banal de l'existence pour faire jaillir l'intensité qui se cache derrière le voile des choses. Mon idéal est de faire disparaître jusqu'à la notion même d'objectivité et de subjectivité, de faire passer l'esprit dans une danse, un jeu qui transcende le seul alignement des mots, de nous faire tâter de ce que Kierkegaard appelait le don poétique de l'existence.

Personnellement, je suis complètement indifférent au bloc principal de la philosophie de Heidegger, où les choses ont une teneur plus systémique. Mais dans ses petits essais, ses conférences, ses chemins qui ne mènent nulle part, il brille souvent.

Mais la philosophie existentialiste ne se résume pas à Heidegger, loin s'en faut. Il me semble que tes reproches ne s'appliquent que très mal à Camus, Kierkegaard, Jankélévitch ou Nietzsche. Pourquoi je ne cite pas Sartre ? Parce qu'il est complètement surévalué, sans doute à cause de l'importance qu'a revêtu sa vie mondaine.

Je trouve au contraire que l'existentialisme fut un superbe effort de la philosophie pour ressaisir l'état spirituel de l'homme dans l'aventure de la modernité. L'existentialisme demeure une source formidable d'outils pour tenter de comprendre les tenants et aboutissants du malaise, du mal-être qui habite tant de gens.

Hello.

Merci pour ce bel écrit structuré comme toujours avec toi.

Non, ça ne me préoccupe pas mais c'est un grand regret que j'ai pour les philosophes et pour la Philosophie.

Il y a eu un temps où la science était la fille de la philosophie, où le philosophe était connecté aux savoirs de son temps.

Et en effet, certains philosophes inscrivent la science comme une 'province' de la philosophie et je dois dire qu'il y a deux conséquences 

Soit que cette province soit du type personae non grata et que la Philosophie entende dresser des murailles pour empêcher le scientifique d'aborder des sujets sur lesquels il a des éclairages à donner.

Soit que cette province soit de type Terra incognita et que l'ensemble des débats interpretatifs ouverts par les sciences soient vides de Philosophes afin de d'éclairer les discours voire les influencer 

Sur ce point, notons les efforts d'un Etienne Klein, d'un Olivier Barau ... qui ont quasiment tous la compétence scientifique en double référence de leurs énormes bagages philosophique.

En dehors de cette 'province' et de cette double friction, plus l'écart à la science et ses méthodes sont grands moins je vois de problème 

Si ce n'est l'immense continent du pur concept ou une thèse et son inverse se collectionnent dans un herbier d'idées sans possibilité de classer la pertinence de ses idées, sans jamais les revisiter au détour de l'avancement des connaissances

L'existentialisme est un courant historiquement intéressant où les points de convergence et de divergence est dans cette optique du grand marché des idées

Oui, il y a un intérêt à lire et comprendre ces différentes versions de l'être et de l'existence en redonnant à l'homme une place centrale dans SA philosophie personnelle.

Mais le grand biais du philosophe est de rapidement verser SA philosophie dans un bain d'absolu.

Et sur ce point il est...intéressant...de revisiter l'espace et le temps de Kant au regard de théories qui fonctionnent.

Donc oui, je trouve un air de grandeur aux théories selon le nom de celui qui les porte bien en retrait de ce qu'on en retire pour tous.

Si ce n'est pour SA philosophie 

C'est pas si mal...

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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À côté de la fonction psychique « pensée » Jung mais aussi Heidegger mais aussi quantité d’autres personnes identifient la fonction « sentiment ». Moi même issu de la culture provinciale française je découvre seulement aujourd’hui à quel point cette fonction est tout aussi importante que la fonction « pensée » grâce surtout à la saga de mes enfants et de mes petits enfants. De les voir vivre à l’étranger me permet de mieux voir le côté provincial français.

Comment définir la fonction psychique «  sentiment » ? Avant d’en venir à Jung je tente de définir ce qu’elle est pour moi. La fonction « sentiment » réfère au « senti » voire au « ressenti ». Certains la définissent comme une perception interne.

Il s’agit bien d’une perception mais d’une perception qui m’affecte, qui nous affecte.
 

Dans cette fonction, la perception engage le sujet au contraire de la fonction « pensée ».

Cette perception, qui engage le sujet, qui m’affecte, est bien entendu consciente. Mais la mobilisation de la conscience n’entraîne pas la mobilisation du langage. Le langage n’est pas en connexion avec  la conscience du « senti ».  

Le senti ou ressenti n’est pas la pensée, et le langage n’est pas l’expression du senti ou du ressenti. 

Cette fonction psychique totalement méconnue en France est  une découverte pour moi en cela qu’elle est tout aussi essentielle au développement cérébral que la fonction pensée.

Mais en cela aussi que le sentiment ne signale pas une subjectivité singulière, comme le croient les Français, mais une subjectivité propre à tout être humain, une subjectivité au sens : mobilisation du sujet, une subjectivité universelle.


 

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Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 164 messages
Mentor‚ 35ans‚
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Il y a 4 heures, Annalevine a dit :

À côté de la fonction psychique « pensée » Jung mais aussi Heidegger mais aussi quantité d’autres personnes identifient la fonction « sentiment ». Moi même issu de la culture provinciale française je découvre seulement aujourd’hui à quel point cette fonction est tout aussi importante que la fonction « pensée » grâce surtout à la saga de mes enfants et de mes petits enfants. De les voir vivre à l’étranger me permet de mieux voir le côté provincial français.

Comment définir la fonction psychique «  sentiment » ? Avant d’en venir à Jung je tente de définir ce qu’elle est pour moi. La fonction « sentiment » réfère au « senti » voire au « ressenti ». Certains la définissent comme une perception interne.

Il s’agit bien d’une perception mais d’une perception qui m’affecte, qui nous affecte.
 

Dans cette fonction, la perception engage le sujet au contraire de la fonction « pensée ».

Cette perception, qui engage le sujet, qui m’affecte, est bien entendu consciente. Mais la mobilisation de la conscience n’entraîne pas la mobilisation du langage. Le langage n’est pas en connexion avec  la conscience du « senti ».  

Le senti ou ressenti n’est pas la pensée, et le langage n’est pas l’expression du senti ou du ressenti. 

Cette fonction psychique totalement méconnue en France est  une découverte pour moi en cela qu’elle est tout aussi essentielle au développement cérébral que la fonction pensée.

Mais en cela aussi que le sentiment ne signale pas une subjectivité singulière, comme le croient les Français, mais une subjectivité propre à tout être humain, une subjectivité au sens : mobilisation du sujet, une subjectivité universelle.

Et voila tout l'intérêt de ne pas avoir de culture conventionnelle. Non, je suis vache de dire ça et un peu opportuniste.

Je ne savais pas que la "culture provinciale française" (je suis désolée, mais je ne sais pas trop ce que cela sous-entend, alors je l'utilise tel quel) ne connaissait pas ou oblitérait complètement le "sentiment". Je vais, bien évidemment, confronter ce que vous m'apprenez. Je veux dire, le sortir du forum et le porter dans ma réalité.

Modifié par Ambre Agorn
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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)
il y a 50 minutes, Ambre Agorn a dit :

Et voila tout l'intérêt de ne pas avoir de culture conventionnelle. Non, je suis vache de dire ça et un peu opportuniste.

Je ne savais pas que la "culture provinciale française" (je suis désolée, mais je ne sais pas trop ce que cela sous-entend, alors je l'utilise tel quel) ne connaissait pas ou oblitérait complètement le "sentiment". Je vais, bien évidemment, confronter ce que vous m'apprenez. Je veux dire, le sortir du forum et le porter dans ma réalité.

Il y a bien sûr une ironie de ma part et une provocation. Je parle de la culture dominante française, celle de l’enseignement par exemple officiel. Et si je parle de province je fais allusion à cette certitude des tenants de la culture française conventionnelle  de dire l’universel. Il suffit de lire les intervenants du forum, rayon philo, pour s’apercevoir qu’ils rejettent l’importance de la fonction psychique sentiment. Je parle donc de l’idéologie dominante française. Bien entendu la fonction sentiment existe et est défendue en France ! Mais pour les tenants de la pensée dominante française, en majorité des hommes, mais aussi pour quelques femmes, cette fonction est « inférieure ». Quiconque utilise en premier cette fonction dénote pour eux quasiment une infériorité de « nature ». Cette infériorité de nature les autorise à avilir tout contradicteur qui fonde sa conduite sur cette fonction.

Souffrez que je me défende au moins avec ironie contre les insultes et menaces que je reçois même en privé !

 



 

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Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 164 messages
Mentor‚ 35ans‚
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Il y a 14 heures, Annalevine a dit :

Il y a bien sûr une ironie de ma part et une provocation. Je parle de la culture dominante française, celle de l’enseignement par exemple officiel. Et si je parle de province je fais allusion à cette certitude des tenants de la culture française conventionnelle  de dire l’universel. Il suffit de lire les intervenants du forum, rayon philo, pour s’apercevoir qu’ils rejettent l’importance de la fonction psychique sentiment. Je parle donc de l’idéologie dominante française. Bien entendu la fonction sentiment existe et est défendue en France ! Mais pour les tenants de la pensée dominante française, en majorité des hommes, mais aussi pour quelques femmes, cette fonction est « inférieure ». Quiconque utilise en premier cette fonction dénote pour eux quasiment une infériorité de « nature ». Cette infériorité de nature les autorise à avilir tout contradicteur qui fonde sa conduite sur cette fonction.

Souffrez que je me défende au moins avec ironie contre les insultes et menaces que je reçois même en privé !

Je ne vois en effet que les batailles que vous menez ici, en public. Mais j'ai le sentiment que vous avez assez de répondant pour moucher ceux qui vous importunent en privé. Malgré cela je comprend tout à fait que, malgré une remise en place en bonne et dûe forme, il reste la perte d'énergie utilisée pour y faire face. Pour cela, pour cette perte d'énergie et celle que vous continuez d'investir sur ce forum, je vous remercie.

Quelque part j'avais bien compris l'ironie dans vos mots, j'avoue percevoir, sentir beaucoup de choses que je m'oblige à taire, parce que je ne suis pas sûre que l'autre veuille entendre qu'il est découvert.

Je ne sais jamais comment vous allez réagir, mais tout le temps je tente: vous parlez de sentiment, et laissez entendre que vous ne le considérez plus comme inférieur à la pensée (rationnelle?), alors permettrez-vous que je vous parle de sentiments, de mes sentiments? (en écrivant ceci je me rends compte de l'ambiguïté de cette formule, comme quoi vous avez bien raison de dire que le sentiment est bardé d'a priori, et d'interprétations vulgaires) Ou alors est-ce déplacé, dans un monde de raison, un forum contenant la casi totalité de ce qui se fait et pense en réel, dans le sens où tout sera mal interprété et ainsi vous et/ou moi mis à nu? Car le sentiment est vécu ainsi, au moins ici sur ce forum, le sentiment est vécu comme une mise à nu, une position qui met plus ou moins mal à l'aise autant celui qui écrit que celui qui lit. Oui c'est ça, la mise à jour du sentiment crée un malaise. J'ajouterai que pour nous, les femmes, nous n'éprouvons pas forcément cette réticence face au sentiment.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Des lors que je pose la fonction sentiment comme une fonction autonome, parallèle à la fonction pensée ( pour reprendre le vocabulaire de Jung) une fonction autonome fondée authentiquement sur une perception d’un autre type que la perception usuelle ( celle des cinq sens) je comprends beaucoup mieux le type de relation que nouent avec moi certains jeunes. Il est patent que la jeunesse a developpé et développe un rapport aux autres différent  du rapport que ma génération développait jadis avec les autres. Certains jeunes et je pense plus particulièrement à certaines jeunes filles, développent avec moi un rapport de sentiment qui m’étonne. Car chez elles le sentiment est un mode de perception et de relation en soi qui n’est absolument pas une conséquence d’autre chose, une conséquence d’une autre fonction. Le sentiment existe en soi indépendamment de tous désirs ou de tous autres supports. Du coup j’ai visionné la série YOU de Netflix. Ce que je découvre dans cette série c’est le primat et même le règne absolu de la fonction sentiment. Le sexe lui-même n’est plus qu’une activité parmi d’autres qui peut très bien ne pas être pratiqué. C’est totalement différent des modes d’être des gens de plus de quarante ans par exemple. Le sentiment est d’abord posé comme un mode de perception à partir duquel la relation est bâtie. La sexualité n’a absolument plus rien à voir avec la fonction sentiment. C’est à la fois étonnant et, je trouve, encourageant. Car le sentiment dans son expression propre permet une relation authentique entre toute personne quelque soit son genre, son âge, son ethnie, sa religion etc. Cela dit il me semble que lorsque la fonction sentiment devient exclusive de toute autre fonction elle devient un obstacle à l’action. À voir.

Modifié par Annalevine
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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)

Il m’est nécessaire de lire et relire le petit opuscule de Heidegger sur la métaphysique tant sa manière de percevoir le monde est étrangère à la manière de percevoir en France. 

Il m’avait semblé que la distinction pensée/sentiment était propre à Jung. Mais en relisant attentivement Heidegger je vois écrit ceci : ce que nous appelons sentiments n’est pas un épiphénomène fugitif du comportement de notre pensée...

Il oppose bien sentiment et pensée. Cette opposition paraît incompréhensible en France. Ici nous opposons en fait raison et passion. Nous identifions raison et pensée d’un côté, sentiment et passion de l’autre. 

Ce n’est pas du tout le cas en Allemagne. La raison, dans cette culture, est l’apanage aussi bien de la pensée que du sentiment. Néanmoins il me faut nuancer. Kant par exemple est plus proche de la culture française que de la culture allemande. Lui aussi oppose pensée et sentiment en dévaluant d’emblée le sentiment comme une passion inintéressante.

La passion n’est pas « ontologiquement » dévaluée en France mais elle n’est pas considérée comme une source de connaissance du monde. Elle est uniquement une source de connaissance sur un individu singulier. La passion, dans la culture française, n’informe que sur une singularité elle n’informe pas sur le monde dans son ensemble.

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 482 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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Il y a 3 heures, Annalevine a dit :

Il m’est nécessaire de lire et relire le petit opuscule de Heidegger sur la métaphysique tant sa manière de percevoir le monde est étrangère à la manière de percevoir en France. 

Il m’avait semblé que la distinction pensée/sentiment était propre à Jung. Mais en relisant attentivement Heidegger je vois écrit ceci : ce que nous appelons sentiments n’est pas un épiphénomène fugitif du comportement de notre pensée...

Il oppose bien sentiment et pensée. Cette opposition paraît incompréhensible en France. Ici nous opposons en fait raison et passion. Nous identifions raison et pensée d’un côté, sentiment et passion de l’autre. 

Ce n’est pas du tout le cas en Allemagne. La raison, dans cette culture, est l’apanage aussi bien de la pensée que du sentiment. Néanmoins il me faut nuancer. Kant par exemple est plus proche de la culture française que de la culture allemande. Lui aussi oppose pensée et sentiment en dévaluant d’emblée le sentiment comme une passion inintéressante.

La passion n’est pas « ontologiquement » dévaluée en France mais elle n’est pas considérée comme une source de connaissance du monde. Elle est uniquement une source de connaissance sur un individu singulier. La passion, dans la culture française, n’informe que sur une singularité elle n’informe pas sur le monde dans son ensemble.

J'avoue ne pas comprendre ton analyse sur la "culture française" à partir de l'introduction du sentiment dans la réflexion philosophique allemande...

D'autant que, par définition, rationaliser le mécanisme du sentiment est forcément faire appel...à la raison...non au sentiment 

C'est sûr que les allemands ont une réputation de sentimentaux...

Tu confonds l'analyse du sentiment comme source rationnelle de sa relation au monde du sentiment comme expérience personnelle puis vecteur d'information de sa relation au monde

Jamais Heidegger ne pose l'angoisse comme une source de connaissance mais comme une connexion entre l'étant et l'être.

Le sentiment ne l'intéresse pas en soi mais il l'intéresse comme une passerelle.

On apprend rien sur le monde avec l'angoisse...tu relativises tes attributs d'etant desindividualisé et anonyme à ton daisen qui est derrière cet attribut ton véritable être.

Ce n'est pas une connaissance sur le monde, sur le néant, sur le daisen...c'est une connexion qui t'en apprend sur toi même et sur la nature humaine dans ton existence....

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 132 messages
Forumeur expérimenté‚
Posté(e)
Il y a 22 heures, Annalevine a dit :

Il m’est nécessaire de lire et relire le petit opuscule de Heidegger sur la métaphysique tant sa manière de percevoir le monde est étrangère à la manière de percevoir en France. 

Il m’avait semblé que la distinction pensée/sentiment était propre à Jung. Mais en relisant attentivement Heidegger je vois écrit ceci : ce que nous appelons sentiments n’est pas un épiphénomène fugitif du comportement de notre pensée...

Il oppose bien sentiment et pensée. Cette opposition paraît incompréhensible en France. Ici nous opposons en fait raison et passion. Nous identifions raison et pensée d’un côté, sentiment et passion de l’autre. 

Ce n’est pas du tout le cas en Allemagne. La raison, dans cette culture, est l’apanage aussi bien de la pensée que du sentiment. Néanmoins il me faut nuancer. Kant par exemple est plus proche de la culture française que de la culture allemande. Lui aussi oppose pensée et sentiment en dévaluant d’emblée le sentiment comme une passion inintéressante.

La passion n’est pas « ontologiquement » dévaluée en France mais elle n’est pas considérée comme une source de connaissance du monde. Elle est uniquement une source de connaissance sur un individu singulier. La passion, dans la culture française, n’informe que sur une singularité elle n’informe pas sur le monde dans son ensemble.

Lorsque Heidegger écrit "Ce nous appelons ainsi "sentiments" n'est ni un épiphénomène fugitif du comportement de notre pensée (...) ni une simple impulsion (...) ni un état seulement donné (...)", il est à noter que ce mot "sentiment" est mis entre parenthèses afin de le distinguer des autres sens qui sont généralement attribués à ce terme. 

Nous savons en effet que le philosophe fait référence uniquement au sentiment qui n'a pas d'objet déterminé, à un sentiment qui se situe exclusivement au pôle anobjectal (comme disent les psychologues).

Donc, Heidegger aborde la question du sentiment sous le seul angle anobjectal. De même que Descartes ou Spinoza n'aborderont la question du sentiment que sous l'angle de la passion (sans doute parce que, à leur décharge, le mot "sentiment", au XVIIe s., avait de multiples sens, et non pas le sens actuel que nous pouvons lui donner).

Je me méfie de ce genre de généralisations consistant à mettre chaque culture dans une petite case, quand on sait que les exceptions à la règle sont de taille - l'exemple de Kant venant à point nommé. 

Qui plus est, au moment où la raison triomphe avec Kant, d'autres en France arrivent à la réalité du sentiment avec Rousseau (certes, né en Suisse, comme Jung, pourra-t-on m'objecter). Par conséquent, mieux vaut avancer avec un nuancier. En effet.

 

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