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Roucas déprogrammé

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alkoolik

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Membre, Pas cavalier mais grand amateur de Cheval Blanc, 57ans Posté(e)
alkoolik Membre 5 672 messages
57ans‚ Pas cavalier mais grand amateur de Cheval Blanc,
Posté(e)
La décision officielle est tombée aujourd'hui : l'humoriste Jean Roucas, qui s'est rallié à Marine Le Pen, ce week-end aux universités d'été du Front national à Marseille, a été déprogrammé de la saison culturelle gardannaise. Son spectacle, qui devait être présenté à la Maison du peuple en octobre, a été retiré "en accord avec les producteurs du spectacle", indique la mairie. Les acteurs se sont désolidarisés de l'humoriste du fait de son engagement en faveur du FN. Un choix qui correspond à "la philosophie" de la municipalité, "notamment en matière de culture et de solidarité".

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Franchement ça prête à sourire. Il semble que dans ce pays quelques uns aient une conception très stalinienne de la démocratie. :smile2:

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Membre, 33ans Posté(e)
Arthur. Membre 2 858 messages
Baby Forumeur‚ 33ans‚
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Moi ce qui m'intrigue le plus c'est ceux qui croient que nous sommes encore dans une démocratie. On les entend dire "mais tout va bien, notre démocratie est le moins pire des systèmes, et il faut la préserver". Ils ont pas beaucoup du étudier la démocratie athénienne pour dire cela. Trouver que tout va bien quand il y a une mort par inanition de la bonne partie du Tiers-Monde et qu'on est sur le point d'une III° guerre mondiale...

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Membre, 56ans Posté(e)
LaurentEssonne Membre 1 334 messages
Baby Forumeur‚ 56ans‚
Posté(e)

Franchement ça prête à sourire. Il semble que dans ce pays quelques uns aient une conception très stalinienne de la démocratie. :smile2:

Tout comme Bigard et son engagement auprès de Sarkozy, ça lui avait coûté cher à l'époque.

C'est navrant.

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Membre, Marxiste tendance Groucho, 64ans Posté(e)
Alain75 Membre 27 401 messages
64ans‚ Marxiste tendance Groucho,
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Quand on joue avec le feu, on se brule........bien fait pour sa gueule. Surtout que l'humour de Roucas, franchement....thumbdown.gif

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Membre, Pas cavalier mais grand amateur de Cheval Blanc, 57ans Posté(e)
alkoolik Membre 5 672 messages
57ans‚ Pas cavalier mais grand amateur de Cheval Blanc,
Posté(e)

C'est beau le sens de la démocratie des gens de gauche. Déjà en 2002...

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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)

Franchement ça prête à sourire. Il semble que dans ce pays quelques uns aient une conception très stalinienne de la démocratie. :smile2:

C'est beau d'être fidèle à ses convictions, son humanisme et refuser de se mettre au service d'un facho.....

Bravo les artistes qui ont quitté le show de roucas.....

mais je comprends que les supporters d'une droite prête à toutes les compromissions, à toutes les trahisons, à tous les reniements ne puissent pas comprendre cette réaction......

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Membre, Pas cavalier mais grand amateur de Cheval Blanc, 57ans Posté(e)
alkoolik Membre 5 672 messages
57ans‚ Pas cavalier mais grand amateur de Cheval Blanc,
Posté(e)

Et après, ça à le culot de venir donner des leçons de démocratie. Un peu comme si tonton Adolph venait prêcher l'amour de son prochain. :smile2: :smile2: :smile2:

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Membre, forumeur révolutionnaire, 51ans Posté(e)
transporteur Membre 23 297 messages
51ans‚ forumeur révolutionnaire,
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Personne n'oblige a allé voir Roucas ou même Dieudo,il a ouvertement fait part de ses opinions politique il en paie les retombées tout simplement,il faut assumer.:sleep:

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Membre, Aux grands mots les grands remèdes, Posté(e)
Fafaluna Membre 7 395 messages
Aux grands mots les grands remèdes,
Posté(e)
Trouver que tout va bien quand il y a une mort par inanition de la bonne partie du Tiers-Monde et qu'on est sur le point d'une III° guerre mondiale...

Euh......

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Membre, 33ans Posté(e)
Arthur. Membre 2 858 messages
Baby Forumeur‚ 33ans‚
Posté(e)

Personne n'oblige a allé voir Roucas ou même Dieudo,il a ouvertement fait part de ses opinions politique il en paie les retombées tout simplement,il faut assumer.:sleep:

Je ne sais pas si adhérer aux idées du front national est un motif suffisant à une déprogrammation.

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Membre, 52ans Posté(e)
Crabe_fantome Membre 47 126 messages
Maitre des forums‚ 52ans‚
Posté(e)

C'est juste crétin de sa part (en même temps on parle de Jean Roucas :o° )...

Quand tu bosses dans le spectacle il y a une chose qu'on doit bien se dire c'est qu'à moins de pratiquer un art engagé tu joues devant 50% de gens à droite et 50% de gens à gauche... Si tu décides d'un coup de t'engager politiquement tu perds la moitié de son auditoire. Roucas fait fort si effectivement il se rallie au FN parce qu'il perd 90% de son auditoire... de là il n'y a plus de raison de le programmer.

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Membre, Un petit Socrate, 110ans Posté(e)
frédifrédo Membre 1 555 messages
110ans‚ Un petit Socrate,
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Franchement ça prête à sourire. Il semble que dans ce pays quelques uns aient une conception très stalinienne de la démocratie. :smile2:

Et bien dans la mesure où je considère moi aussi que le Front National, dans ses fondements, est anti-démocratique, anti-humanisme, et anti-paix sur Terre, dans ses principes d'action même s'il l'ignore, je pense moi aussi qu'il est juste d'exclure l'égaré Jean Roucas sur la scène culturelle.

Quand on est désabusé par la façon dont les choses se passent en France, on fait partie des gens qui intéressent le Front National : c'est ce genre d'états d'âme, ce "ras le bol" qui est à la nourriture du sentiment qu'il faut mettre de grands coups de pieds et détruire pour que la vraie vie se mette en place.

Mais c'est une grave erreur... les solutions radicales proposées par les extrêmes français, les deux extrêmes français, sont dans de graves erreurs... Jean Roucas s'est tout simplement gouré dans ses raisonnements, comme des millions d'autres de français !

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Membre, 47ans Posté(e)
g_pu_rien Membre 5 344 messages
Baby Forumeur‚ 47ans‚
Posté(e)

Personne n'oblige a allé voir Roucas ou même Dieudo,il a ouvertement fait part de ses opinions politique il en paie les retombées tout simplement,il faut assumer.:sleep:

Désolé mais non.

En France, le soit-disant pays des DDHC, on a pas à être discriminé pour n'importe quelles raisons que se soit, dont les opinions politiques en font parties.

C'est une pratique dictatoriale qui a été faite là :

"Article 10 - Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi."

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Membre, 60ans Posté(e)
alcina Membre 5 752 messages
Baby Forumeur‚ 60ans‚
Posté(e)

Des qu'un artiste dit qu'il est de droite ou d'extrême droite il est de suite soit et ou boycotté ou vilipendé par des gens votant à gauche. je n'ais pas encore entendu parlé d'un artiste disant voter à gauche ayant eu à en subir les conséquences.

On comprend alors pourquoi il y en à autant qui disent être à gauche même si une fois seul devant leur bulletin de vote je suis pratiquement sur qu'il y en à parmi eux qui votent à droite.

Je trouve dommage que les gens ne puissent pas dire ouvertement sans qu'il y est de répercussion à leur encontre pour qui ils votent, ça ne les empêchera pas au final de voter pour qui ils veulent mais c'est dommage d'obliger les gens à mentir sur leurs idées politique.

Et puis en même temps je me dis que pour certaines personnes ce que disent les vedettes est parole d'évangile, ces vedettes se servent de leur notoriété pour influencer les gens les plus faibles ou les plus "fanatiques" et du coup je pense que ce qu'ils auraient de mieux à faire c'est de se taire tout simplement mais tous se taire qu'ils soient de droite ou de gauche.

Merci.

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Membre, 104ans Posté(e)
l ombre d un doute Membre 20 029 messages
Baby Forumeur‚ 104ans‚
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C'est beau d'être fidèle à ses convictions, son humanisme et refuser de se mettre au service d'un facho.....

Bravo les artistes qui ont quitté le show de roucas.....

mais je comprends que les supporters d'une droite prête à toutes les compromissions, à toutes les trahisons, à tous les reniements ne puissent pas comprendre cette réaction......

Je trouve cela un peu fort tout de même . Supposons que dans l'entreprise où tu bosses quelqu'un raconte à ton directeur qui est FN que tu es de gauche . Le Directeur va alors , et pourquoi pas , te pousser un peu afin de te virer . Qu'en penserais-tu ?

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Membre, In girum imus nocte et consumimur igni , 52ans Posté(e)
PASDEPARANOIA Membre 27 326 messages
52ans‚ In girum imus nocte et consumimur igni ,
Posté(e)

Alerte sur la politique culturelle locale du Front national. Le Syndeac dénonce, entre autres, la coupure des subventions municipales au Centre culturel d'Orange.

l faut alerter les élus et l'ensemble des formations politiques sur

les dangers du populisme et de la régression culturelle.» C'est une conférence de presse en forme d'appel à la mobilisation civique qu'avait convoquée hier Didier Thibaut, président délégué du Syndicat national des directeurs d'entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), qui regroupe essentiellement des organismes publics. «Sous l'influence du Front national, on assiste à une contagion, à un déplacement des frontières idéologiques. Même dans des villes qui se situent en principe dans la continuité républicaine, des élus reviennent en force pour dicter des choix de programmation ou de politique culturelle...»

Sans rentrer dans les détails de ces dérapages, l'orateur du Syndeac a rapidement centré la réunion sur deux cas extrêmes de modification de la donne culturelle locale, liés à l'avènement du FN à la tête d'une municipalité: Toulon et Orange.

Extrêmes, mais cependant différents. A la tête du Théâtre national de la danse et de l'image de Châteauvallon, Gérard Paquet a décidé de lui-même de renoncer, dès le lendemain de l'élection de Jean-Marie Le Chevallier, à la subvention de «quelque 5 millions de francs» de la mairie de Toulon. Cette somme, a-t-il expliqué, représentait environ 40% du budget de subventions de Châteauvallon, qu'il espère trouver à compenser. «Toulon, Orange, Marignane ne sont pas des épiphénomènes a-t-il commenté. Il y a un vrai danger néofasciste dans ce pays, contre lequel il faut cesser d'être en situation de négociation pour mener une lutte frontale. Je ne crois pas à une réponse politique contre le FN, je crois à une réponse culturelle.»

Aux côtés de Gérard Paquet, tenant du refus, Liberto Vals, du Centre culturel Mosaïques d'Orange, incarnait un tenant du maintien... réduit à l'échec. Manquait à ses côtés Thierry Mariani, député RPR et président des Chorégies d'Orange, qui s'était fait excuser. On n'eut donc pas le dernier état des difficultés (ou des négociations) entre les Chorégies et le maire FN d'Orange, Jacques Bompard. Vainement candidat à la présidence des Chorégies cet été, ce dernier dispose, dans son conflit avec elles, d'éléments de pression budgétaires (les Chorégies touchent 5% de subvention de la mairie sur un budget d'environ 1,8 million de francs) et surtout logistiques (disposition du théâtre antique).

Mais, sur le Centre culturel, en revanche, nulle ambiguïté: le conseil municipal du 26 septembre, expliqua Liberto Vals, «a en effet dénoncé la convention triennale signée avec la municipalité précédente». Suppression donc de toute subvention pour 1996 (1,5 million de francs), mais aussi des sommes restant dues sur le budget 1995. En quatre ans, Liberto Vals se prévaut pourtant d'avoir impulsé «44 spectacles par an, ayant amené 13.000 spectateurs dans une salle de 260 places». La décision de couper les vivres à Mosaïques, témoigne, selon Paquet, «du refus du FN d'assurer la continuité républicaine du fonctionnement des villes». Des recours devant le tribunal de grande instance et le tribunal administratif vont être engagés, mais ces procédures qui demandent au moins un an. Sans la solidarité financière des autres instances publiques, le centre Mosaïques semble condamné et «ni de l'Etat, ni de la région, ni du département ne nous sont pour le moment parvenues de réactions officielles».

BOUZET Ange-Dominique

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Membre, In girum imus nocte et consumimur igni , 52ans Posté(e)
PASDEPARANOIA Membre 27 326 messages
52ans‚ In girum imus nocte et consumimur igni ,
Posté(e)

MEDIAPART - Le FN en ses mairies: la démolition de la culture

« Rassurer la population en montrant que nous ne sommes pas de dangereux nazis comme l'affirment nos adversaires et s'initier à la gestion municipale. » C'est ainsi qu'un dirigeant du Front national résumait, en 1995, l'objectif des maires frontistes fraîchement élus : Jacques Bompard à Orange, Jean-Marie Le Chevallier – ex-directeur de cabinet de Le Pen – à Toulon, Daniel Simonpieri à Marignane, puis, en 1997, les Mégret à Vitrolles (lire notre boîte noire). Dix-sept ans plus tard, la même consigne pourrait être soufflée aux deux députés frontistes ou aux candidats du parti susceptibles de remporter, en 2014, des villes de plus de 30 000 habitants comme Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).

À quoi ressemblerait une gouvernance Front national ? Se plonger dans les expériences municipales du FN en fournit un bon aperçu. Certes, « en 1995, les compétences des communes étaient extrêmement réduites et les maires disposaient de peu de moyens d’action sur les grands thèmes du FN (immigration, sécurité) », explique à Mediapart Gilles Ivaldi, chercheur au CNRS, spécialiste des populismes européens et du Front national (lire notre boîte noire). Mais « deux modèles de gestion se dégagent », selon lui.

Un premier, « très idéologique », à Vitrolles et Toulon. « À l’époque délégué général en charge de la propagande, Bruno Mégret veut faire de Vitrolles un laboratoire des idées du FN et démontrer que ce parti, qu’on décrit comme purement protestataire, peut gouverner avec son programme (préférence nationale, baisse de la fiscalité, sécurité, discours anti-corruption). » L’autre modèle, celui d’Orange et Marignane, est « beaucoup plus pragmatique et désidéologisé », estime le chercheur, évoquant une logique de « notabilisation locale » : « On gomme les étiquettes et on gère, au moins dans l’apparence, la ville de manière plus modérée, en se rapprochant de la droite provençale traditionnelle. On s’occupe de l’aménagement des centres-villes, des bacs à fleurs, des petits commerces, on donne l’impression d’une “gestion père tranquille”. »

« Le premier modèle a conduit à l’impasse, le second n’a pu se prolonger qu’en quittant les habits de l’extrême droite, souligne-t-il. Mégret et Le Chevallier ont disparu de la vie politique, tandis que Simonpieri est passé au MNR, puis à l’UMP (en 2004) et Bompard au MPF (qu'il a quitté en 2010 pour fonder sa Ligue du Sud). » En dépit de ces différences, on retrouve dans les quatre villes « toutes les caractéristiques de l’extrême droite, notamment sur la question de la pluralité », estime Gilles Ivaldi : « une volonté d’affaiblir les milieux culturels et alternatifs, une gestion clientéliste, un pouvoir touché par les affaires et des condamnations, une politique sociale marquée par la préférence nationale, une gestion financière calamiteuse, un renforcement de la sécurité ».

À l'époque, le FN faisait mine de se féliciter de ses mairies. « La mer baigne toujours dans la rade à Toulon, les avions continuent de se poser à Marignane et le théâtre antique est toujours debout à Orange », ironisait Jean-Yves Le Gallou, secrétaire national aux élus du FN, en 1996. En février 1997, peu avant la victoire de sa femme aux municipales partielles, Bruno Mégret jugeait que la gestion de Toulon, Marignane et Orange était « bonne » et promettait que Vitrolles poursuivrait le « même objectif », même si sa « situation très différente » imposait « des solutions un peu différentes ».

Aujourd'hui, Marine Le Pen « ne revendique pas ces expériences municipales car elle sait que c'est un échec, explique Gilles Ivaldi. Non seulement le FN n’a pas démontré qu’il était hermétique aux affaires et au clientélisme comme l'annonçaient ses slogans de campagne, mais en matière de gestion financière, le bilan est mauvais ».

Contre la culture “Rap-tag-Lang”

Quatre municipalités frontistes, mais une cible principale : la culture. La raison est simple, « c’est dans ce domaine que les maires avaient le plus de leviers d’action pour faire valoir leur différence », explique Gilles Ivaldi. Axer le débat sur la culture permet aussi au FN de faire diversion sur sa gestion quotidienne des villes.

Cette volonté d'affaiblir les milieux culturels et associatifs se décline sous différentes formes : culture folklorique favorisée aux dépens de la création contemporaine (considérée comme « élitiste et cosmopolite »), subventions coupées à des associations ou bars, attaques contre les grands festivals culturels, contrôles des rayons dans les bibliothèques. Cette censure se fait au nom d’un prétendu « rééquilibrage », justifié ainsi par Jean-Yves Le Gallou : « Notre courant de pensée n'est généralement pas représenté dans les bibliothèques françaises. »

« Le FN donne dans le symbole. L’idée est de dire “avec nous, on revient aux vraies valeurs” », explique Gilles Ivaldi. Les maires frontistes s’appuient sur ce que Bruno Mégret appelle la culture “Rap-tag-Lang”, « un amalgame entre la jeunesse, la contestation de l’ordre établi, la lutte anti-racisme », explique le chercheur. Ils appliquent la stratégie nationale du FN, résumée par Jean-Marie Le Pen en 1996, et thème au cœur de l'université d'été du parti la même année : « gouverner les esprits par la culture ». Une « reconquête » menée par Samuel Maréchal, patron du Front national de la jeunesse (FNJ) et gendre de Le Pen, qui associe « combat politique » et « combat culturel ».

En 2002, le programme présidentiel du FN est explicite sur ce point : il déplore « le glissement du terme “civilisation” au terme “culture” » dénonce un « génocide culturel » et fustige « la culture Lang » accusée de « refuser toute idée de Beau ». Sa politique culturelle est guidée par trois principes des plus classiques – « le beau, le bien, le vrai » – et l’art est envisagé comme une « tension vers le Beau absolu ». Ce sont ces principes que vont appliquer les quatre maires frontistes.

Enracinement dans l'identité provençale

La culture version FN s'articule autour du triptyque « racines, tradition, identité » et d'un enracinement des villes dans leur « identité provençale ». À Toulon, Jean-Marie Le Chevallier célèbre régulièrement « Raimu le Toulonnais » ; à Orange, Jacques Bompard exalte le poète provençal Frédéric Mistral. À Vitrolles, Bruno Mégret parle carrément de « rupture énergique » et commence son mandat en plantant un drapeau tricolore sur le rocher qui domine la ville.

Il rebaptise la commune « Vitrolles-en-Provence » ainsi que de nombreuses rues. L’avenue Jean-Marie-Tjibaou (leader indépendantiste kanake) devient l’avenue Jean-Pierre-Stirbois (secrétaire général du FN décédé en 1988), la place Nelson-Mandela se transforme en place de Provence, l'avenue François-Mitterrand en avenue de Marseille, le square Dulcie-September (militante sud-africaine anti-apartheid assassinée) en square Marguerite-de-Provence et l'avenue Salvador-Allende devient l'avenue Mère-Térésa. L'opposition socialiste dénonce un « laboratoire » frontiste dont les habitants sont devenus les « cobayes »

À Toulon, la sculpture-fontaine contemporaine de l’artiste René Guiffrey est rasée par le FN – sans en informer l’artiste –, pour y planter... un olivier, « symbole de la civilisation provençale ».

Censure de livres

C’est à Orange, ville de Jacques Bompard depuis 1995, que le Front national a expérimenté en premier sa purification culturelle. Le maire s'entoure d'André-Yves Beck, directeur de la communication et cofondateur du mouvement fasciste Nouvelle Résistance, qui donne le ton dès le début du mandat : « Fini les spectacles pour sous-branchés. On va trouver ce qui intéresse l'Orangeois moyen. Moi, je ne suis pas comme ces cultureux de gauche qui font venir leurs copains. »

Première offensive, les livres. En juillet 1996, un rapport commandé par le ministre de la culture met en évidence le grand ménage réalisé à la bibliothèque par la mairie. Sont ainsi rayés des listes d'acquisitions : des livres taxés de « cosmopolitisme », ceux écrits par des auteurs de gauche, ou traitant de thèmes comme la Seconde Guerre mondiale, le rap et le racisme. Exemples : L’Homme qui ne mourut jamais, qui raconte la vie du prophète Élie ; Le Griot africain, poète et musicien, l’album de Catherine Dolto On s’est adopté, qui raconte l’adoption d’un enfant de couleur, ou encore Olivia à Paris, l’histoire d’une poule qui se dévergonde, va à Montmartre voir un spectacle de french cancan et revient avec une ribambelle de poussins.

Mais le maire ne s'arrête pas là. Les 35 ouvrages acquis au rayon « nouveautés » à la rentrée 1996 sont exclusivement édités par les Éditions nationales, et pratiquement tous écrits par des responsables du Front national, de Jean-Yves Le Gallou à Bruno Mégret (la liste ici).

Dans les autres municipalités frontistes, les maires, sans manifester le même zèle que Bompard, marchent dans ses pas. À Vitrolles, les bibliothécaires qui refusent de suivre la politique éditoriale de la mairie sont écartés. À Marignane, les abonnements à Libération, L'Événement du Jeudi et au quotidien local communiste, La Marseillaise, sont remplacés par les journaux d'extrême droite Présent, National Hebdo et Rivarol. Des ouvrages sont refusés pour raisons « économiques », tandis que 75 autres, tous rédigés par des membres du FN ou auteurs d’extrême droite, font leur apparition dans les rayons en janvier 1997 (la liste ici).

Même chose à Toulon. L’adjoint à la culture impose notamment un ouvrage d'Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu (le prix Nobel de médecine, vichyste, y théorise l'eugénisme et recommande l'élimination de certains délinquants et malades mentaux).

Jean-Marie Le Chevallier met aussi la main sur la traditionnelle Fête du livre de Toulon, rebaptisée « fête de la liberté du livre » et exige des stands de littérature d'extrême droite. « En l'organisant nous-mêmes, nous nous libérons de la dictature de Saint-Germain-des-Prés, qui fait la loi dans le monde de l'édition comme le faisaient Jean-Paul Sartre et les communistes dans les années 60 », justifie-t-il. Il invite « la Varoise BB » (Brigitte Bardot) et dénonce l’hommage à l'écrivain Marek Halter, français d'origine polonaise et juif, prévu par les organisateurs de la Fête du livre. Trop « internationaliste et mondialiste », juge-t-il.

Suppressions des subventions aux lieux alternatifs

Plusieurs dizaines d'associations culturelles sont liquidées par les municipalités frontistes. À Vitrolles, le Sous-Marin, un café-musiques, est la cible numéro un de la mairie, qui lui supprime sa subvention équivalant à 20 % de son budget. Le motif ? Produire du rap, « une musique de dégénérés, développant les mauvais instincts de la jeunesse », selon les Mégret. La mairie décide de récupérer les locaux du lieu, devenu le symbole de la résistance au FN, en murant l'entrée. Quitte à être condamnée en référé quatre jours plus tard pour « effraction et voies de fait ». Le lieu est soutenu dans toute la France.

Le cas du Sous-Marin n’est pas isolé : Régine Juin, directrice du cinéma Art et essai Les Lumières, géré par la mairie, est licenciée pour avoir refusé de déprogrammer « L'amour est à réinventer, dix histoires d'amour au temps du sida ». L’association Moulin à jazz voit sa subvention amputée de 70 % et résistera grâce aux aides du conseil général des Bouches-du-Rhône. À Marignane, le maire privilégie l'importante communauté pied-noir et programme un son et lumière retraçant la conquête française de l'Algérie.

Attaques contre les grands festivals

À Orange, Bompard s'attaque aux Chorégies et au centre culturel Mosaïques, organisateur des « Nuits du théâtre antique », en leur coupant les subventions et en menaçant de faire payer une lourde indemnité pour occupation du théâtre municipal. « Il faut se débarrasser de cette structure malséante, j'allais dire malodorante », explique-t-il au sujet des Mosaïques, lors d’un conseil municipal. Il envisage aussi d’organiser les Chorégies « à sa manière » pour les « rendre aux Orangeois », loin des « branchés parisiens ». Le festival, qui sera finalement subventionné par l’État, est menacé année après année.

À Toulon, c’est le TNDI (Théâtre national de la danse et de l'image) de Châteauvallon qui sera dans le viseur de la mairie. Et notamment son directeur, Gérard Paquet, qui refuse de bénéficier de subventions d’une municipalité FN pour ne pas « servir d'alibi culturel au FN ». Il décrète le site « lieu de résistance culturelle ». Le début d’un long bras de fer avec le maire. En juin 1996, Le Chevallier qualifie l’invitation du groupe de rap NTM de « faute culturelle ». Le très pasquaïen préfet du Var, Jean-Charles Marchiani, lui prête main forte. En tant que « représentant de l'État, chrétien et homme », il subordonne la subvention de l'État à l'annulation du concert de NTM, au nom de la « morale républicaine ». NTM est déprogrammé. En 1997, le maire finit par obtenir le licenciement de Paquet, avec le soutien de Marchiani.

Cette hostilité au monde de la culture, on la retrouve encore aujourd’hui au Front national. Pendant la campagne présidentielle, les attaques contre les « bobos » ont fusé. Selon Gilles Ivaldi, « Marine Le Pen a conservé cette idée qu’il existe une culture populaire, du vrai, du beau, qui n'est pas cette culture du boboisme parisien ». Son programme 2012 en matière de culture est d’ailleurs un copié-collé de celui de son père en 2007, le paragraphe sur Internet en plus. Elle estime que la culture française est « menacée par la globalisation mondialiste » et qu’elle doit « se mettre suffisamment à l’écoute des goûts et des attentes de notre peuple ». Elle prône l’application de son principe de « priorité nationale » et lie les subventions à l’audience des « structures subventionnées » qui « devront prouver qu’elles touchent un public important ».

Si Marine Le Pen et Steeve Briois conquièrent la mairie d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) en 2014, l’Escapade, le centre d’animation culturel de la ville, sera sans doute leur première cible. Première maison de la jeunesse et de la culture du département (MJC), la salle est un lieu éclectique qui brasse toutes les catégories sociales et diffuse de nombreux spectacles évoquant le vivre-ensemble en s’adressant autant aux Maghrébins qu’aux fils de mineurs (lire nos reportages en 2009 et en 2012).

Lors des municipales partielles de 2009, le tandem frontiste l’avait dit et redit : s’il prend le pouvoir, ces structures seront aidées « à condition qu’elles fassent l’effort d’élargir leurs offres culturelles afin que tous les habitants s’y retrouvent dans un souci de pluralisme culturel ».

[Lire l'article sur le site]

Publié par Mediapart - le 18/09/2012

par Marine Turchi

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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)

Je trouve cela un peu fort tout de même . Supposons que dans l'entreprise où tu bosses quelqu'un raconte à ton directeur qui est FN que tu es de gauche . Le Directeur va alors , et pourquoi pas , te pousser un peu afin de te virer . Qu'en penserais-tu ?

:smile2:......si mon directeur affichait clairement son soutien au FN............c'est de ma propre décision que je partirais.......

ce que je comprends

c'est que les artistes qui travaillent avec roucas puissent ne pas vouloir se voir étiqueté FN.......

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Membre, ONE SHOT ,ONE KILL !!!, 47ans Posté(e)
cocoy Membre 2 611 messages
47ans‚ ONE SHOT ,ONE KILL !!!,
Posté(e)

Donc nous vivons , dans un pays de censure , ou l'ont ne peu pas afficher ses idées politique !!! C'est bien ça ??? smiley_ohwell.gif

Pendant que certains peuvent montrer leurs idées religieuse en toute liberté !!! whistling1.gif

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