Que lisez-vous en ce moment ?

Une B.D. pour changer, j'adore cette dessinatrice, son humour.

Ursula K. Le Guin - Tehanu

J'ai commencé à lire:

Que peut-on dire, que peut-on faire sous la tyrannie ? Il est sénateur et avocat, il s’appelle Publius Cornelius, il a pour surnom Tacite. Autour de lui les gens tombent. Il n’est pas encore écrivain mais seule la littérature pourrait être à la hauteur des événements qu’il traverse. Sa femme, Lucretia, décide de se rendre au palais impérial pour plaider la clémence auprès d’un souverain qui tue comme on éternue. La scène est à Rome, au premier siècle, sous le règne de Domitien.

J'ai fini QI de Christina Dalcher (au forceps et pourtant c'est un bon bouquin). 

J'ai pris : 

Adorée Janicot et sa "mémoire du monde".. Même écriture, fluide et pourtant lourde de sens, sans lieux communs.

J'ai commencé un livre de Roberto Saviano.

Je n'en suis qu'au début mais pour le moment je suis surprise par les prises de positions de l'auteur et pas dans le bon sens. Je m'attendais à un plaidoyer pour la nature pas à ça :

Citation

serait d’arrêter tous les immigrants clandestins à la frontière, de leur donner un bon fusil et une caisse de munitions, et de les renvoyer chez eux. (...)

Si cela vous semble être une suggestion cruelle et narquoise, examinez la solution actuellement à l’œuvre, qui est de laisser nos frontières ouvertes à une immigration incontrôlée jusqu’à – cela ne prendra pas longtemps – ce que la vie sociale, politique et économique des États-Unis soit réduite au niveau de la vie que les hommes mènent à Juarez. À Guadalajara. À Mexico. À San Salvador. En Haïti. En Inde. Soit réduite à une vulgaire pénéplaine de surpopulation, de saleté, de misère, d’oppression, de torture et de haine.

ce texte date de 40 ans mais j'ai l'impression d'ouvrir le journal du jour et d'y lire un certain éditorialiste

Je vais quand même continuer la lecture

En vérité j'écoute plutôt,  un podcast sur Picasso et les femmes  https://www.telerama.fr/radio/podcast-picasso-et-les-femmes-ou-le-tableau-dun-monstre...-6917480.php

À ne plus douter de la malfaisance du "génie " et pas qu'envers les femmes. Dire que ce type a été qualifié de "résistant "....

Je prends :

Ca commence bien .. 

"Je vis dans un monde pourri, dans un immeuble pourri, entouré de gens pourris." 

Le 13/11/2021 à 10:19, January a dit :

Je prends :

Ca commence bien .. 

"Je vis dans un monde pourri, dans un immeuble pourri, entouré de gens pourris." 

Ah j'aime bien ça,  je vais regarder

J'en ai lu quelques 15 % pour l'instant et je trouve ça très bon. Style simple, décomplexé, exactement comme pourraient le raisonner et le verbaliser de grands ados, côté plume je trouve ça réussi. 

Sapiens : une brève histoire de l'humanité

Très intéressant, plus pour le pourquoi du livre que pour le livre lui-même. On ne comprends pas Zemmour si on n'a pas cette clé de lecture intime : il veut être Jacques Bainville. Jacques Bainville voyait tout, comprenait tout. Zemmour veut tout voir et comprendre, comme son idole. Mais Jacques Bainville avait cette qualité rare, la stricte objectivité. Il ne partait que de l'avéré pour aboutir à l'inévitable. C'est cette stricte objectivité qui fait défaut à Zemmour. Son grand remplacement, si avéré qu'il soit, est pour lui le fruit d'une volonté d'éradication de la France telle qu'on l'a connue, de sa culture, de ses valeurs. Son maitre a pourtant dit que c'était une conséquence inévitable de l'universalisme républicain, que la qualité ne peut que subir la quantité, et que plus que la nature, l'histoire ne souffre pas le vide. Que le péché originel de la République c'est d'avoir éradiqué le christianisme et sa culture colonisatrice non pour libérer les peuples, mais pour remplacer la colonisation spirituelle par la colonisation politique. Le catholicisme vous enfermait, la démocratie vous libèrera. La grande faute de la Révolution Française, que la France paye aujourd'hui, c'est d'avoir, sous couvert d'universalisme bienveillant, voulu imposer ses valeurs à l'univers. De s'être posée en libératrice, quand elle éradiquait des cultures. Bref, pour le dire comme on parle aujourd'hui, elle a repris le business laissé vacant. C'est là, pour placer un mot d'esprit facile, l'aveuglement des Lumières. Elles ont combattu ce qu'elles considéraient comme un obscurantisme pour le remplacer par un autre. Elles l'ont appelé Lumière. La lumière démocratique a remplacé la lumière spirituelle. Hors l'Eglise point de salut était obscurantiste. Hors la démocratie point de liberté est émancipatoire. Pourtant c'est la même chose. Si imposer sa conception spirituelle comme seule salvatrice est intrinsèquement dictatorial, imposer sa conception politique comme seule source de liberté l'est aussi. L'avis des peuples, leur propre culture..? Ils ne peuvent qu'acquiescer à la liberté. Il se peut. Il se peut aussi qu'ils aient une autre idée de la liberté, ou qu'ils n'en veuillent pas. Tous les hommes sont égaux, mais pas identiques. Tous n'ont pas les mêmes aspirations. C'est en vertu du principe universaliste républicain, et de son principe de liberté d'expression que cohabitent en France des cultures, des mœurs, des aspirations, des religions différentes, qui remplacent l'unicité antérieure de notre culture. Culture Judéo-chrétienne, nous dit Zemmour. Baptême de Clovis à l'appui. Il lui faut relire Bainville. La France s'est fondée sur le principe monarchique autant que sur le principe spirituel. L'un et l'autre sont indissociables. La République l'a bien compris, qui ne s'est pas contentée de couper la tête au roi, mais a chassé aussi le catholicisme du débat politique. La culture française a déclinée avec Louis XVI et la loi de 1905 sur la laïcité. Pour qu'elle survive, il faudra revenir sur les principes républicains. Jacques Bainville le savait, lui qui voyait, comprenait tout. Et qui était monarchiste. Zemmour lui veut sa guerre. Elle ne sera pas militaire, concrète, mais de civilisation. Guerre perdue d'avance, puisque menée sans armes, tout en ayant fourni les nôtres à l'"ennemi". L'ennemi n'en est pas un, Eric Zemmour n'est pas Jacques Bainville. L'histoire suit son cours...

Gran Balan de Christiane Taubira 

Le 15/11/2021 à 10:11, Henri. a dit :

Très intéressant, plus pour le pourquoi du livre que pour le livre lui-même. On ne comprends pas Zemmour si on n'a pas cette clé de lecture intime : il veut être Jacques Bainville. Jacques Bainville voyait tout, comprenait tout. Zemmour veut tout voir et comprendre, comme son idole. Mais Jacques Bainville avait cette qualité rare, la stricte objectivité. Il ne partait que de l'avéré pour aboutir à l'inévitable. C'est cette stricte objectivité qui fait défaut à Zemmour. Son grand remplacement, si avéré qu'il soit, est pour lui le fruit d'une volonté d'éradication de la France telle qu'on l'a connue, de sa culture, de ses valeurs. Son maitre a pourtant dit que c'était une conséquence inévitable de l'universalisme républicain, que la qualité ne peut que subir la quantité, et que plus que la nature, l'histoire ne souffre pas le vide. Que le péché originel de la République c'est d'avoir éradiqué le christianisme et sa culture colonisatrice non pour libérer les peuples, mais pour remplacer la colonisation spirituelle par la colonisation politique. Le catholicisme vous enfermait, la démocratie vous libèrera. La grande faute de la Révolution Française, que la France paye aujourd'hui, c'est d'avoir, sous couvert d'universalisme bienveillant, voulu imposer ses valeurs à l'univers. De s'être posée en libératrice, quand elle éradiquait des cultures. Bref, pour le dire comme on parle aujourd'hui, elle a repris le business laissé vacant. C'est là, pour placer un mot d'esprit facile, l'aveuglement des Lumières. Elles ont combattu ce qu'elles considéraient comme un obscurantisme pour le remplacer par un autre. Elles l'ont appelé Lumière. La lumière démocratique a remplacé la lumière spirituelle. Hors l'Eglise point de salut était obscurantiste. Hors la démocratie point de liberté est émancipatoire. Pourtant c'est la même chose. Si imposer sa conception spirituelle comme seule salvatrice est intrinsèquement dictatorial, imposer sa conception politique comme seule source de liberté l'est aussi. L'avis des peuples, leur propre culture..? Ils ne peuvent qu'acquiescer à la liberté. Il se peut. Il se peut aussi qu'ils aient une autre idée de la liberté, ou qu'ils n'en veuillent pas. Tous les hommes sont égaux, mais pas identiques. Tous n'ont pas les mêmes aspirations. C'est en vertu du principe universaliste républicain, et de son principe de liberté d'expression que cohabitent en France des cultures, des mœurs, des aspirations, des religions différentes, qui remplacent l'unicité antérieure de notre culture. Culture Judéo-chrétienne, nous dit Zemmour. Baptême de Clovis à l'appui. Il lui faut relire Bainville. La France s'est fondée sur le principe monarchique autant que sur le principe spirituel. L'un et l'autre sont indissociables. La République l'a bien compris, qui ne s'est pas contentée de couper la tête au roi, mais a chassé aussi le catholicisme du débat politique. La culture française a déclinée avec Louis XVI et la loi de 1905 sur la laïcité. Pour qu'elle survive, il faudra revenir sur les principes républicains. Jacques Bainville le savait, lui qui voyait, comprenait tout. Et qui était monarchiste. Zemmour lui veut sa guerre. Elle ne sera pas militaire, concrète, mais de civilisation. Guerre perdue d'avance, puisque menée sans armes, tout en ayant fourni les nôtres à l'"ennemi". L'ennemi n'en est pas un, Eric Zemmour n'est pas Jacques Bainville. L'histoire suit son cours...

 

 

Excellente critique.

Je n'ai pas encore lu le livre, mais je trouve que le "judéo-christianisme" a le "dos large"... Qu'en est-il des excès des droits-de-l'hommistes ?

Kaboul Disco : Comment je ne me suis pas fat kidnapper en Afghanistan (BD)

Journal d'un dessinateur qui a passé 2 ans, entre 2005 et 2007, à Kaboul au service d'une ONG. Entre la mise en image de la nouvelle constitution afghane et une campagne de recrutement pour l'Armée Nationale, l'auteur raconte son quotidien d'expatrié avec beaucoup d'autodérision.

ça craint ton truc... Kaboul bistrot

je n'arrive même pas à imaginer ce qu'endurent actuellement les femmes afghanes

Le 13/11/2021 à 10:19, January a dit :

Je prends :

Ca commence bien .. 

"Je vis dans un monde pourri, dans un immeuble pourri, entouré de gens pourris." 

Fini. Très bonne litté jeunesse, science-fiction.

Pour ceux qui apprécient cette catégorie, n'hésitez pas  

Le 15/11/2021 à 17:30, Auger a dit :

Excellente critique.

C'est très gentil...

Le 15/11/2021 à 17:30, Auger a dit :

Je n'ai pas encore lu le livre, mais je trouve que le "judéo-christianisme" a le "dos large"... Qu'en est-il des excès des droits-de-l'hommistes ?

Ce sont ceux inclus dans le "package" démocratique...