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Reo

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  1. Reo
    Interlude
     
     Dans cette troisième partie, l’auteur présente la trame de la pièce : l’ordre contre le stress.
     Nous avons vu combien ce dernier, dans le deuxième acte, s’étend et s’amplifie avec l’angoisse nouvelle du lendemain et les conflits de territoire qui se multiplient.
    L’angle d’attaque commun pour les apaiser est le recours à la coopération. Et pour y parvenir, il est nécessaire de trouver un terrain d’entente entre les parties.

     Dans notre histoire, plusieurs types d’ordres se sont peu à peu imposés, en tant qu’ensembles de prescriptions concernant :

     - les échanges, le commerce _ c’est l’ordre économique reposant sur la monnaie comme référence,
     - les relations entre personnes, le vivre-ensemble _ d’où le droit et le politique,
     - la spiritualité, la religion _ avec les cultes.
      Ce sont encore des contraintes, mais adaptées, calibrées selon les attentes du plus grand nombre, qui libèrent en nous rassurant sur le futur immédiat, l’avenir, voire l’intemporel.
      Pour faciliter cette quête, la recherche d'ordre va s’appuyer sur la création de mythes communs _ cultes, institutions, droit _ tout en s'adossant à des techniques mémorielles nouvelles qui rendent possible l'interconnexion des données, comme le calcul et la langue, symbolisés sur des supports matériels de plus en plus complexes.
     Cette complexité, en entraînant la spécialisation des tâches et la hiérarchisation des postes, jointe à l'accélération de l'expansion, aboutit à un enchaînement conflictuel qui entrave l'exercice de la coopération et en révèle la fragilité.

     Face à des changements qui apportent la confrontation, le besoin d'ordre se renforce pour maintenir la culture tout en apaisant les conflits venus de l'extérieur.
    Cet ordre doit pouvoir se fonder sur un arbitrage acceptable par le plus grand nombre, en relation avec les besoins généraux de tout un chacun : matériels, relationnels, spirituels :
      - pour le matériel, l'ordre économique représenté par une monnaie, qui organise les échanges,
      - pour le relationnel, l'ordre politique que représente un empire qui fédère, avec une idéologie d'ouverture unitaire et des principes juridiques compatibles avec la diversité,
      - pour le spirituel, une légitimité surhumaine infaillible qui s'impose à chacun avec des valeurs qui engagent la personne _ avec toute la gamme de nuances, de la tolérance au prosélytisme, de l'intégration à l'exclusion.

     Mais l’ordre, qu’il soit imposé ou librement accepté, ne saurait épouser ni la diversité des cultures, ni la plasticité des événements, de sorte qu’il ne peut éviter les crises : selon ses critères, il classe autant qu’il rassemble, ouvrant des portes, en refermant d’autres.
     Pour autant, à mesure que se dégagent des éléments d’une culture transnationale, se dessine peu à peu l’unification de l’humanité.
  2. Reo
    Acte II- La révolution agricole
     Il y a environ 12000 ans, l'expansion démographique crée des pressions intertribales qui poussent à l'organisation de bases nourricières, aboutissant à terme à la sédentarisation.

    En effet la limitation du territoire de prédation développe le souci du lendemain; la quête dans l’étendue fait place à l’anticipation dans la recherche de subsistance :
     l’exploitation du sol devient le principe conducteur de la survie communautaire.

      Plusieurs conséquences sont induites par ce nouveau mode de vie.
    Pour les sociétés humaines :
     - le régime alimentaire devient moins diversifié du fait de la restriction de l’espace exploité,
     - le temps devant être consacré à la culture et à l’élevage dépasse de beaucoup la durée des épisodes de chasse ou de cueillette,
     - un surcroît d’énergie est nécessaire dans la recherche de compensations pour tenter de rattraper les pertes de jouissance qui en résultent,
     - cette demande d’énergie se répartit entre
       .- l’exploration de divers procédés de plus en plus sophistiqués pour satisfaire un besoin de confort croissant,
       .- l’accroissement des moyens de défense, ou d’attaque, afin de maintenir, voire d’élargir le périmètre occupé pour assurer la descendance,
       .- les affrontements guerriers qui en résultent, avec pertes immédiates pour des bénéfices incertains,
     - enfin cette diversification incessante entraîne la création de nombreuses spécialisations, génératrices de défauts de compréhension et de communication, d’où le besoin correspondant d’un ordre sociétal.
    Pour l’environnement, les espaces forestiers font place à des aires cultivées ou enherbées, à d’autres débarrassées de toute végétation pour être édifiées ou revêtues, amorçant ainsi une modification «anthropocentrée» systématique et pérenne du monde vivant.

     A l’opposé de la phase précédente, durant laquelle évoluaient des groupes réduits sans impératif horaire, sans contrainte soutenue, cette manière d’habiter le monde engendre la dépendance dans l'espace et dans le temps ainsi que des besoins de plus en plus diversifiés pour la perpétuer : une situation stressante, chronophage.

     C'est déjà la "tyrannie du quantitatif" qui se traduit désormais par une exploitation oppressive pour les personnes et destructrice pour l'environnement, voire le monde vivant.
     
  3. Reo
    C’est une pièce en trois actes qui se joue sur la scène terrestre.
     Y.N. Harari lève le rideau sur un apprenti bipède que semble handicaper le poids de son cerveau ; mais c’est un leurre. L’action débutant il y a 70000 ans, on excusera l’auteur de prendre quelques raccourcis pour en souligner les moments forts.
     La résistible ascension d’un acteur voué, semblait-il, aux utilités : brusquement projeté devant le trou du souffleur, d’abord hésitant sur son texte, voilà qu’il improvise et retrouve son assurance, brûle les planches et prend une nouvelle dimension, pour finir par éclipser le décor.
     
     Acte I - La révolution cognitive

     Sans surprise, c'est le cerveau de cet Homo qui lui permet d’effectuer ce premier bond dans le développement, avec les étapes de la marche bipède, de l'observation-exploration, de l'innovation _ le conduisant à la maîtrise du feu, l'emploi d'outils, la domestication d'autres espèces, l'assistance interindividuelle, le langage, les métissages….
     Ce qui lui vaut, non seulement d’escalader rapidement les échelons dans la hiérarchie des espèces pour accéder au statut de prédateur dominant, mais bientôt de s’approprier l’un après l’autre la plupart des écosystèmes de la planète.

     Dès lors, l’absence de confinement _ dans un biotope attitré _ de cette espèce prépondérante, risque de prendre en défaut les mécanismes de régulation du monde vivant.
     En effet celui-ci, dans tous ses écosystèmes, ne perdure que grâce à des limitations sur les accroissements ou les réductions d’effectifs, adaptées aux variations d’ambiance climatique.
    Cependant, dans un premier temps, la faible démographie des «chasseurs-cueilleurs» leur évite de se démarquer d’autres espèces vivantes dans la responsabilité d’éventuels déséquilibres locaux.
     Mais, avec le temps, l'association des cerveaux, grâce aux échanges d'informations et au recours à l'abstraction, les amène à progresser en technique, en organisation, et par là-même à intensifier leur impact sur les environnements qu’ils fréquentent.
     Phénomène se renforçant encore avec la croissance continue des effectifs des communautés, de la bande à la tribu, et au-delà, vers des formations plus importantes, par la sédentarisation liée à la phase suivante….
  4. Reo
    J’ai toujours cru à la pluralité des mondes habités. Par des êtres vivants. Intelligents ou doués de raison…quelle que soit la signification qu’on puisse donner à ces termes. Je pense en effet que la vie, avec tous les mécanismes qu’elle implique dans son évolution _ pensée évidemment incluse _ est un événement naturel de l’univers physique, dans les conditions locales particulières et diverses que recèle son immensité.
      Qui s’en tient à ce regard à longue portée, pourrait sans doute être amené à relativiser nos points de vue résolument anthropocentriques, en observant que, si l’évolution, considérée à cette échelle, ne nous garantit pas l’exclusivité de l’avenir, elle nous conserve l’espoir de grandes aventures par procuration pour des cousins…éloignés.
      Mais n’apaise nullement nos angoisses actuelles sur le futur de nos enfants et descendants.
      Dans un ouvrage extrêmement documenté, Yuval Noah Harari, l’auteur de « Sapiens », présente « une brève histoire de l’humanité » qui nous amène à mieux l’appréhender dans son ensemble, sans toutefois totalement expliquer l’inflexion qui l’a conduite au seuil de l’autodestruction, et de l’effacement accéléré du monde vivant auquel nous continuons imperturbablement à apporter une contribution décisive.
      Commentaires dans un prochain billet.
  5. Reo
    Si la situation de crise, renforcée par l’absence de consensus quant à une issue, laisse redouter l’échec, le potentiel représenté par le progrès technique, encore présent, par l’organisation, largement perfectible, et avant tout, par l’être humain lui-même, évoquerait plutôt des lacunes à combler.

     Qu’en est-il ?
     Lorsqu’un individu présente des virtualités d’adaptation sociale, mais joue avec sa santé et ne se soucie pas de son entourage, c’est qu’il veut vivre comme bon lui semble, sans s’occuper du lendemain.
    Cependant, à l’occasion d’un sérieux revers, il n’est pas impossible qu’il revienne sur cette attitude et décide de se donner une règle de vie ou au moins, des repères pour son jugement.
    Sur cette prise de conscience, en recouvrant de la lucidité, il peut reprendre le contrôle de lui-même et, s’il le désire, parvenir à exercer quelque maîtrise sur son comportement.

    Il lui suffit, pour cela, d’utiliser son cerveau.

     Mais, problème : l’ensemble comprenant le monde vivant et son substrat terrestre, auquel nous participons, n’est pas aujourd’hui doté d’un dispositif global de régulation ou de référence, tel le cerveau de l’être humain.
    Dans ces conditions il est impossible à la communauté mondiale, bien qu’elle soit pourvue d’une multiplicité de mécanismes technologiques et sociaux, de s’adapter autrement que par réaction aux évènements, sans pouvoir les anticiper _ et cela devient, faute d’un contrôle approprié de ces mécanismes, de plus en plus difficile à réaliser.
     C’est ce qui la distingue d’une personne, ou d’une organisation unifiée ou fédérée qui, l’une disposant de son  cerveau, l’autre, d’un gouvernement ou d’un directoire, sont susceptibles d’une adaptation autre que réactive, dans les limites qui leur sont propres, sinon dans celles qu’elles sont susceptibles de s’assigner collectivement.

     La question posée par la crise concerne les évolutions respectives de ces deux catégories de limites et la manière dont peut s’en trouver affectée la répartition des contraintes pour tous :
    Vers plus de stress ou vers plus d’autonomie ?

     Si l’on s’en tient au statu quo, où le monde ne peut se réguler seul et que, à l’instar des individus, chaque structure de la société _ en panne de dialogue _ ne cherche alors qu’à évacuer des contraintes en recourant systématiquement au déni, le stress ne cessera de s’accumuler partout et la crise de s’enrichir de conflits et de s’amplifier.

     La crise générale présente est bien une crise du développement de notre monde. Comment éviter la panne ?

     
  6. Reo
    Ce texte et le suivant sont déjà parus en 2011
     Nous avons affaire à une crise globale, mondiale.
    Ce qui signifie qu’il y a, dans la plupart des secteurs d’activité et sur la quasi-totalité des territoires, des problèmes qu’on connaît les plus grandes difficultés à aborder, des conflits qu’on n’arrive pas à aplanir.

     En effet :
      - d’une part, il existe un déséquilibre socio-économique et écologique général,
    car des millions de gens ici et là rencontrent les plus grandes difficultés pour se nourrir, se loger, se soigner, élever les enfants _ parce qu’il n’y a pas assez d’argent pour ça _ alors que par ailleurs, on en dépense abondamment, et au-delà, afin de trouver des consommateurs pour une profusion de produits (ou de services) que les êtres vivants de la planète _ la biosphère elle-même _ éprouvent de plus en plus de difficultés à absorber (ou à tolérer) tels qu’ils ont été réalisés et associés (puis disséminés) ;
      - d’autre part, les diverses tentatives de conciliation et/ou de coopération internationales engagées pour la résolution de problèmes communs, récurrents ou persistants depuis des décennies (embrasements géopolitiques, drames humanitaires, réchauffement climatique, crise(s) financière(s)…) n’ont livré jusqu’à présent aucune véritable perspective de solution, les intérêts à court terme de chacune des parties demeurant _ de façon tacite et reconductible _ privilégiés par rapport à leurs intérêts à long terme, tant respectifs que partagés.


       L’entrée de la société humaine dans notre ère de modernité correspond, avec l’essor des techniques qui a précédé, puis accompagné la mondialisation, à une véritable transformation «organique», caractérisée par l’accélération sans précédent de ses rythmes de production et de distribution, notamment  grâce à la mise en œuvre d’un «appareil circulatoire» diversifié et d’un «système nerveux» réactif, organes de nature à améliorer ses chances d’adaptation.

     Néanmoins, force est de constater que le fonctionnement de ces «appareils» est extrêmement perturbé.
    En effet, la distorsion, apparue depuis lors,
     entre
      - l’accroissement très important des capacités de traitement de l’information et de son débit de circulation, l’instantanéité et la multiplicité des transactions _ avec ou sans contrôles associés _ étendues à l’ensemble du globe
      et
      - les difficultés grandissantes pour tous les États, face à cette complexité croissante, à prendre des décisions politiques adéquates pour garantir services et revenus aux citoyens et aux collectivités,
    n’a fait, notamment en contribuant à la crise financière, qu’aggraver les déséquilibres évoqués ci-avant.
     La métamorphose en cours ne serait-elle pas sur le point d’avorter ?
  7. Reo
    Couramment, pour tenter d’expliquer le divorce entre les potentialités individuelles et cette faillite collective de l’humanité (même s’il est possible de retenir des avancées, il subsiste et malheureusement s’étend, de par le globe, une prépondérance de barbarie et d’incurie), c’est l’agressivité qui est stigmatisée, avec des motivations comme la convoitise ou la vengeance.
    Cependant, l’usage de ces termes ne donne pas la clé du mécanisme et des processus qui conduisent à ces dérives dans les relations humaines.
     
     Nous sommes obligés, pour d’indispensables éclaircissements, de remonter à la source, c’est-à-dire à l’exigence pour notre espèce de s’adapter, sous peine de voir les situations de stress se prolonger et s’intensifier.

     Le terme de stress désignant indifféremment
     - un syndrome d’inconfort organique et/ou psychosomatique lié à la perception d’un assortiment de contraintes ou de menaces, ou
     - un épisode banal constitutif de notre vie relationnelle,
    plutôt que de considérer qu’il s’agit de deux phénomènes distincts, il me semble plus juste d’y voir des manifestations de même nature intervenant avec plus ou moins d’intensité.

     Le processus est le même : un événement survient qui implique notre personne, nos affects, ou intéresse notre organisme, puis une réaction, d’abord spontanée, qui évolue plus ou moins rapidement selon l’expérience acquise et l’importance de l’impact, et ensuite, sauf sérieux dommages, un «débriefing» des sentiments et des pensées qui nous permet d’enchaîner, avec ou sans modification immédiate de notre conduite.

     En haut de l’échelle se situe l’urgence vitale, où toute notre énergie est dépensée à lutter pour échapper au pire.
    Puis, en descendant les échelons, des situations de souffrance qui laissent peu de place à l’accommodement ; celles dans lesquelles la douleur ou la colère nous privent plus ou moins durablement de lucidité et d’objectivité.
    Enfin, les plus courantes, qui sont le lot de tout un chacun, avec la grille de lecture de son éducation et de son vécu, avec un répertoire de recettes plus ou moins limité. Auxquelles nous ne consacrons généralement que le strict nécessaire.

     Dans tous ces cas, le curseur de notre énergie spontanément disponible parcourt la gamme de l’agressivité, avant même que nous soyons capables d’en déterminer la cible. Et, le plus souvent, nous n’allons guère plus loin, soit par insuffisance, soit par économie.

     Toutefois, la vie en société, en nous libérant des préoccupations basiques de survie au jour le jour, et en nous alimentant de motivations non égocentrées, nous a conduits à affiner nos conduites et orienter notre énergie _ vers l’élaboration commune de processus adaptatifs plus performants que des comportements individuels non socialisés.

     Une première civilisation de proximité, rudimentaire pour les gens de la glèbe, un peu mieux dégrossie chez leurs protecteurs et donneurs d’ordre.
  8. Reo
    Beaucoup de commentateurs s’inquiètent de la difficulté de traiter la masse énorme de données qui devront être extraites du débat national. En effet, on a du mal à imaginer qu’il suffise d’une seule séance aux parlementaires et/ou au gouvernement pour en tirer des propositions.

     D’autant qu’un grand scepticisme prévaut quant à la nouveauté des suggestions émises. C’est peut-être justement qu’en parlant de débat, on penserait plutôt à un simple tour de table. Si on omet de rapprocher, pour les considérer, des questions qui ne sont indépendantes que dans un répertoire, rien de surprenant à ce qu’il n’en sorte aucun verdict susceptible de fournir une issue à cette crise de gouvernance.

     Gouverner, c’est réaliser, et conduire dans la durée, une synthèse pour faire face à la complexité grandissante des contraintes multiples que subit _ et aussi s’impose _ le monde humain. Cette synthèse, pour être réellement opérante, doit s’effectuer au plus près de la vie quotidienne des gens. Par conséquent, les propositions qu’ils seraient amenés à présenter, doivent, avant d’être soumises à l’échelon national, avoir déjà été travaillées, fût-ce sommairement : cela relève d’un débat local, indispensable pour une écoute productive.

     Alors, bon(s) débat(s) !
  9. Reo
    La gravité des événements que nous vivons inspire à l’un de mes amis la réflexion que nous revenons à l’âge de pierre de notre préhistoire.
     Comme un peu partout en Europe, où le populisme réapparaît avec son cortège de violences.
     Blocage du dialogue, blocage de la rue, blocage de l’économie.

     A chaque fois qu'une situation se bloque, l'action tend à prendre le pas sur la réflexion. De ce fait l’absence de lucidité dans l’action, la privant d’un nécessaire contrôle, l’entraîne du brouillon au désordre, puis du désordre à la violence, et le blocage perdure.
     Quand on se trouve «au pied du mur», il nous arrive, faute de moyens ou faute de patience, de renoncer à la réflexion; et voilà la démarche simplificatrice, qui consiste à s'isoler «dans sa bulle» et à nier ou minimiser les problèmes du voisin.
     Le mérite des gilets jaunes _ ceux qui ne veulent pas de la violence _ est d'autant plus grand. Il leur faut calmer tous les extrémistes, et ce n'est pas une mince affaire quand les institutions se révèlent impuissantes à faire barrage à cette violence.

     Pour ma part, j'incline à penser que si l'être humain, individuellement, est l'être vivant le plus intelligent, il est collectivement l'un des plus stupides, car, face à ce double handicap _ social et écologique _ qu’il s’est à lui-même infligé, il se révèle incapable d'assurer sa propre conservation, alors même que, bien tardivement, il commence à se rendre compte de cette fatale lacune.
     L'intelligence ne consiste pas uniquement dans d'exceptionnelles facultés de compréhension et de création individuelles, mais bien au-delà, dans la faculté de nous organiser et surtout de savoir faire évoluer le mode d'organisation dans la pleine conscience de notre propre évolution.
  10. Reo
    S’adapter, c’est pouvoir disposer de plusieurs options pour accéder à plus de confort _ ou moins de stress _ dans notre existence : en somme, arriver à échapper à l’alternative immobiliste et, à terme, destructrice, entre le recours à l’agression et le repli sur soi.
    C’est donc savoir, d’abord s’appuyer sur la mémoire des événements, ensuite sur la faculté d’en tirer des leçons _ être capable d’anticiper, de s’organiser, non seulement dans la conjoncture mais aussi dans la durée.
     C’est vrai pour la personne ; c’est vrai pour la société, dans son ensemble comme dans ses parties.


     Et justement, que découvrons nous quotidiennement à ce sujet?
    L’obligation permanente des décisionnaires de choisir entre
      le maintien d’emplois, de bassins d’activités, de la croissance économique, et
      la sauvegarde de la biodiversité, du bilan carbone, et jusqu’à des exigences de santé publique.
     De fait, des alternatives binaires conduisant à léser gravement l’une des parties pour préserver les chances de l’autre.
    Où la décision, quelle qu’elle soit, équivaut à une agression, clairement ressentie comme telle par la partie adverse.
    Où l’absence de décision conduit au marasme, où tout le monde est perdant.

    Ce qui s’observe également en géopolitique, où les multiples menaces de déstabilisation se dissolvent dans un statu quo infernal, qui condamne des populations entières à l’errance misérable ou au confinement meurtrier.

     Un constat sans appel de la perte de capacité du monde humain d’aujourd’hui à s’adapter et, bien au-delà d’une régression largement entamée, d’une involution désormais programmée.
  11. Reo
    Le  texte ci-après, déjà paru fin novembre 2017, est plus que jamais d'actualité. Il permet de se rendre compte que nous n'avons en rien progressé, depuis sa parution, dans la recherche d'une solution qui ne peut être que concertée, compte tenu de l'emprise de l'utilisation des carburants fossiles sur tous les secteurs économiques.

    30/03/2010
    Contre-exemple
     Si ce blog a une raison d’être, c’est bien d’affirmer la conviction que rien d’essentiel, en ce monde désormais globalisé, ne peut être bâti sans intelligence _ au sens premier du terme _ c’est-à-dire en se dispensant de comprendre les problèmes du voisin et les intérêts de chacun, sans omission ni discrimination.
     C’est pourquoi, tout au long des messages, je me suis efforcé de montrer que seule une approche globale des différentes crises, résultant de conflits sans recherche sincère de solutions, serait de nature à éclairer les démarches à effectuer, pour en espérer des solutions durables, parce que rationnelles.

     Un contre-exemple parmi les fréquentes tentatives (simulacres ?) d’arbitrages entre les exigences socio-économiques et celles de l’écosystème planétaire : la proposition dite «taxe carbone». Basée sur le principe du pollueur-payeur, c’est un prélèvement d’argent, sur les particuliers comme sur les entreprises, à effectuer en raison directe de la quantité de dioxyde de carbone dégagée par la consommation de combustibles fossiles, dans la mesure où son accumulation représente un risque de déstabilisation du climat.

     L’augmentation du coût de tout service incite en effet à en user au plus juste, et il est équitable qu’aucun utilisateur n’en soit exonéré : en l’occurrence, nul n’est censé y échapper, puisque nous consommons tous des énergies issues de ces combustibles, que ce soit pour le chauffage, les transports ou la production.
     Cependant, l’organisation de notre société est telle qu’il subsiste de par le monde, d’un continent ou d’un État à un autre, de grandes différences entre les lois et règlements, et de plus, dans chaque pays, de très importantes disparités de situations entre ménages et entre entreprises.

     Il en résulte que :
    - la mesure, quelle qu’en soit la forme, a une très faible probabilité de réussite sans un consensus effectif au plan réglementaire, comme en attestent les échecs  renouvelés depuis celui de Copenhague,
    - dans l’hypothèse d’un tel consensus, les disparités économiques existantes en rendent l’efficacité hautement improbable.

     On n’imagine pas en effet se restreindre ceux qui ne font pas d’abus, sans pénaliser, pour les uns leurs conditions de vie, pour les autres (voire les mêmes) la compétitivité de leur entreprise et l’emploi de leurs salariés.
     De même, on ne voit pas se limiter ceux, particuliers ou sociétés, qui en ont les moyens, en tant que cibles de toutes les sollicitations et de toutes les incitations à préserver de l’étouffement le moteur de la croissance.

     Dans un pareil contexte, l’application de cette taxe risque de s’avérer à la fois économiquement (et socialement) contre-productive et insuffisamment dissuasive écologiquement, pour poursuivre l’objectif revendiqué, à plus forte raison pour l’atteindre.
  12. Reo
    Le monde actuel fait penser à un établissement de jeux, où les joueurs seraient les États et les multinationales, engagés dans une perpétuelle surenchère. Il leur faut donc continuellement miser de plus en plus et user de tous les moyens pour se maintenir à flot.
     C’est le lot du joueur invétéré qui, avant d’en venir à jouer sa propre chemise, aura bradé tous ses biens, jusqu’à dépouiller sa famille, son épouse, ses enfants, les abandonnant à la mendicité et à l’errance.

     Ainsi va la finance, laquelle abuse l’économie en détournant la totalité de ses ressources vers un jeu stérile et dévastateur, lui laissant croire à un retour d’investissement, sans cesse différé.
     Car il ne peut jamais y avoir de fin, les chances de survie des participants étant liées à leur poursuite inconditionnelle de la compétition, en jetant pêle-mêle armes et bagages, toutes leurs forces vives dans une guerre sans merci.

     Le précédent des guerres mondiales pourrait laisser espérer la venue d’un accord de paix, pour autant qu’il puisse être respecté. Mais on peut en reconnaître la difficulté, dès lors que cette guerre financière connaît une durée bien plus longue, incluant plusieurs générations.
      C’est pourquoi, lorsque l’on supporte la situation, même tant bien que mal, plutôt que de l'envisager, on préfère généralement soutenir la croissance, en dépit des dégâts croissants _  pour les perdants, de plus en plus nombreux _ qui en résultent.
      En espérant, malgré des démentis quotidiens, pouvoir repousser indéfiniment l’instant fatidique du burn-out général… qui ne nous laisserait aucune option pour reprendre le chemin du développement.
  13. Reo
    Les oubliés du pouvoir d’achat, les invisibles du service au public, ont pu se faire voir et entendre de tout le monde avec :
    - leurs protestations multiples et croisées sur le net,
    - le gilet jaune comme symbole commun de protection individuelle,
    - leur présence sur les lieux publics d’accès obligé pour circuler ou se ravitailler.
     Et aussi des manifestations en ville ayant débouché sur des confrontations violentes.

     La durée des blocages qui en ont résulté a contraint le pouvoir à infléchir sa politique sociale, sans toutefois renoncer au cap économique qu’il s’était fixé pour la durée de son mandat.
     Au-delà d’une prise de conscience et d’une reconnaissance de ces personnes, ménages, entrepreneurs, en grande difficulté, cela a amené des décisions, d’application à court terme, et l’entame publique d’un dialogue.

     Beaucoup de commentateurs, y compris dans le mouvement, préconisent de le personnaliser dans une représentation nationale, admise à la discussion selon le schéma classique du parti ou du syndicat. L’aspect paradoxal de cette invitation à instaurer le débat est d’ignorer le rejet, par la grande majorité des revendicants, de ce mode de représentation …qui confirme pourtant le rejet du corps électoral vis-à-vis des partis, aboutissant à la victoire du rassemblement «En marche» _ lui-même mis en cause aujourd’hui, après 18 mois d’exercice.

     Il devrait être possible de mieux comprendre ce paradoxe eu égard à la grande diversité
    - des revendications, sur les thèmes communs de la précarité et de la reconnaissance,
    - des opinions politiques déclarées ou écartées par leurs porte-parole.
     Sans doute en s’appuyant sur le fait que chaque parti _ ou syndicat _ s’éloignait le plus souvent de l’électorat de par :
     1- sa ligne politique trop étroite pour retenir les aspirations communes au plus grand nombre,
     2- la gestion de son appareil, ayant tendance à l’absorber dans des préoccupations exclusives, au détriment de sa mission de service.

     De sorte que les électeurs se sont peu à peu détachés de leurs représentants nationaux, au point de renouveler la quasi-totalité de l’Assemblée. Ce qui a eu pour effet de substituer à un lien très affaibli un «greffon» qui tarde à prendre. Et ce qui les a confortés, semble-t-il définitivement, dans la conviction de l’inadaptation de ce mode de représentation à l’expression de leur souveraineté.

     C’est pourquoi, indépendamment de la mise en place d’une forme de dialogue _ à définir _ avec le gouvernement, il est indispensable de renouer le lien au plus près pour reconstruire une représentation mieux débattue des questions qui touchent les citoyens.
     Après les contacts sur le net prolongés par les rencontres sur le terrain, voire le soutien des élus locaux, nul doute que cette phase révélatrice de la détresse sociale _ et sociétale _ parvienne et cède la place à une étape constructive salvatrice.
  14. Reo
    28/08/2010
    Addiction

     Que signifie l'expression "Moraliser le capitalisme ?

     S'agit-il vraiment d'appliquer des préceptes moraux ?
    Censés s'adresser à des personnes libres d'y adhérer ou non _  de s'engager ainsi au nom de leur philosophie, de leur patriotisme ou de leur religion, ou de s'en abstenir _  ces préceptes n'ont aucune prise sur des activités concertées et/ou réglementées, auxquelles est convié tout groupe, tout individu, avec sa propre éthique pour défendre ses intérêts spécifiques.
     La véritable préoccupation, en l’occurrence, est bien, en s'assurant de la sécurité des échanges, de préserver la pérennité d’une économie mondiale tributaire de son édifice financier, récemment fragilisé par des dérapages inquiétants. Il semble toutefois qu’aucun consensus ne se dégage actuellement, entre les experts comme entre les autorités, sur les mesures à préconiser, sur les décisions à prendre pour définir des repères, voire des normes de comportements, susceptibles de prévenir tout débordement.

     Qu’en est-il aujourd’hui ? En l’espèce, c’est le défaut de pilotage qui est incriminé. Mais l’incertitude sur le traitement renvoie à une absence réelle de diagnostic. S’agissant d’un symptôme isolé, il suffirait d’approfondir dans cette direction.
     Cependant, la persistance de graves déséquilibres mondiaux peut donner à penser que la «maladie» ne se réduit pas à cela et, qu’en conséquence, la «moralisation» du capitalisme comme thérapie pourrait bien s’avérer inopérante : quand une machine se grippe, avant de proposer un protocole et des procédures de remise en état, il importe de bien identifier et localiser les défaillances, d’en rechercher les origines, d’en comprendre le mécanisme, pour situer le domaine et les conditions d’une intervention, curative si possible.
     Affaire de (bonne) volonté.

     Deux logiques président actuellement aux destinées des populations de la planète :
     - celle de l’écologie, dans le cadre des lois du monde physique, qui régit les équilibres et les rythmes biologiques, domestiques et territoriaux, impliquant les êtres vivants et leur environnement, et s’inscrivant dans leur évolution,
     - celle de l’économie, qui s’est progressivement organisée dans le cadre du droit, pour régler les échanges entre personnes, non seulement «physiques» (les gens) mais aussi «morales» (les institutions publiques ou privées).

     L’instauration  de cette dernière juxtapose, aux objectifs individuels et collectifs humains _ d’équilibre et d’autonomie _ ceux des sociétés commerciales, réputées telles ou assujetties, qui leur permettent, en réalisant un profit, d’atteindre leur équilibre propre, dit «comptable».
    A priori, aucune incompatibilité dans la poursuite de ces différents objectifs d’équilibre. Mais pourtant...     
     Naguère complémentaires dans les objectifs d’un développement, spontané pour l’une, organisé pour l’autre, ces deux logiques aujourd’hui divergent, au point de se trouver de plus en plus fréquemment en opposition frontale. Le chômage et la pollution sont des indices marquants de cette dérive.
     Que s’est-il passé ?

     En fait, il apparaît que l’équilibre comptable ne puisse désormais être assuré qu’au prix d’une surenchère _ vendre ou mourir _ exigeant de produire toujours plus, de dépenser toujours moins : ces exigences deviennent alors prioritaires, provoquant de plus en plus de déséquilibres.
     D’un ajustement naturel de la production à la consommation de produits et de services, nous avons en effet évolué, pour garantir l’ensemble des revenus, à une prolifération sauvage de la production, qui conduit à un détournement systématique de la consommation :
     - d’une part, vers des insuffisances drastiques dans les secteurs de moindre rentabilité du fait du manque de solvabilité des besoins de base,
     - d’autre part, vers les excès et les abus de toute sorte (gaspillages, pollutions,…) entraînés par une recherche effrénée des clientèles solvables, de plus en plus sollicitées de par leur raréfaction.
    De ce fait, toute gouvernance, fondée sur la prévision et la mesure, devient impossible.
    Comment guérir de cette addiction ?
  15. Reo
    On a affaire à une crise mondiale et globale. Ce qui signifie qu’il existe dans tous les secteurs des obstacles qu’on a les plus grandes difficultés à aborder, des conflits qu’on n’arrive pas à aplanir.
     L’intérêt qu’il y a à s’organiser, c’est de faciliter l’adaptation individuelle aux difficultés de la vie, physique et sociale. L’élimination des obstacles et la réduction des conflits diminuent les risques de violences; il s’ensuit que l’agressivité, base du dynamisme, est alors acceptée comme telle et trouve plus facilement ses limites.
     Mais l’organisation elle-même doit s’adapter à l’évolution et le constat de crise apporte un doute sérieux sur son adaptation actuelle. On peut comparer son fonctionnement à celui d’un véhicule, d’une installation industrielle ou domestique : plus il y a de frottements, plus il y a de pertes de rendement et d’usure d’organes. Réduire les frictions, récupérer la chaleur, c’est bien, mais, en même temps, si on ne veut pas ou ne peut pas changer de modèle, il est préférable de se pencher sur les erreurs de conception et/ou les dérives d’utilisation.
     Lorsque nous nous apercevons que des centaines de millions de gens connaissent les pires difficultés à se nourrir, se loger, se soigner, parce qu’il n’y a pas d’argent pour ça, mais que par ailleurs, on en dépense énormément afin de trouver des consommateurs pour des produits que tous les êtres vivants de la planète  et la biosphère elle-même, rencontrent de plus en plus de difficultés à absorber, nous ne pouvons pas nous dire qu’il suffit d’attendre que les mécanismes se remettent en place d’eux-mêmes; c’est le genre de confiance aveugle qu’on retrouve à l’origine de comportements irrationnels, dangereux parce que non maîtrisés.
     Chercher l’origine de ce déséquilibre dans une approche de la pratique économique me paraît donc logique dans la mesure où les difficultés se situeraient au niveau de l’échange plutôt qu’à celui des techniques de production. Cela ne veut pas dire que pour moi l’économie est la source de tous nos maux, mais que comme tout passe par elle, on est bien obligé d’entreprendre le «démontage» par là.
     Ayant mis en parallèle d’une part, ménage et entreprise, d’autre part personnes physiques et personnes morales, je crois que c’est dans leurs oppositions et leurs convergences qu’il faudrait rechercher les premiers indices de dysfonctionnement.  Et, en tout premier lieu, de s’interroger sur ce renversement des objectifs et des charges qui nous a conduits, sans qu’on y prenne garde :

       _de
           _ l’institution des personnes morales, dans le but de faciliter les missions d’appui propres à garantir
     .la  satisfaction des besoins (relationnels autant que biologiques) des personnes tout court, comme
    une meilleure gestion de leurs contraintes,
     .par là  même, l’amélioration et l’enrichissement de leurs relations mutuelles,
     
      _ à
           _ l’alourdissement progressif de la charge imposée, comme priorité absolue, aux individus et aux collectivités humaines pour pérenniser _ sans réelles garanties en retour _ les revenus des personnes morales qui les représentent,…
    …les revenus et services destinés aux gens n’étant dorénavant, quant à eux, créés ou maintenus qu’à proportion de la sauvegarde des objectifs comptables, naguère garants d’un équilibre des prestations _ en qualité comme en répartition _ ce qui, à l’évidence, n’est plus le cas.
  16. Reo
    L’objectif de cette étude est de rechercher pourquoi notre espèce, si riche en potentialités individuelles, demeure à ce jour incapable de maîtriser collectivement sa propre destinée.
    Certes, les défaillances individuelles peuvent entraîner des ratages collectifs et vice-versa, avec des diagnostics divers généralement bien étayés, mais si comme moi, on est conduit à penser qu’ils recouvrent une raison profonde inhérente à nos modes de fonctionnement, alors il paraît indispensable de mettre en cause le phénomène de stress.
     Avec lui, on tient le processus élémentaire de l’adaptation individuelle, soit l’impact d’un événement sur une personne, suivi de la réaction de cette dernière, qui comporte :
     - une résonance interne sur son organisme et son psychisme,
     - une réponse en direction de la source de l’événement.

     Cependant, si la réponse est inadéquate, les effets internes de l’impact subsistent avec elle, accroissant le risque de non-adaptation; il ne reste alors, pour les réduire _ c’est-à-dire supprimer ou amoindrir une partie des contraintes subies _ que l’alternative suivante:
     - éviter ou atténuer l’impact (fuite, évasion, déni de la réalité),
     - en effacer l’origine (intervention non négociée, agression).

     Dans ce cas, le seuil d’inadaptation est atteint, puisque les options d’accommodement ou de négociation n’ont pas pu être considérées, et surtout parce que la conduite à tenir dans l’avenir face à une telle situation n’a pu être définie.

     Il est évident que ce seuil dépend, d’une part, du type d’événement, d’autre part de la personne et de son vécu. Et que tout un chacun peut, le cas échéant, y trouver ses limites de résistance ou d’endurance.

     Dans une certaine mesure, grâce à la vie en société, l’implication mutuelle ou collective des individus leur a permis d’élever le niveau de performance adaptative de chacun pour un nombre sans cesse croissant de situations.
     Mais, a contrario, la persistance de nombreuses réponses inappropriées peut compromettre la bonne adaptation de l’ensemble des personnes impliquées dans les situations qu’elles doivent gérer, en communauté ou en solo.

     Ce qui signifie que, si la vie sociale apporte indéniablement des avantages adaptatifs, elle peut aussi introduire des contraintes supplémentaires _ génératrices de stress _ en raison de l’interaction des relations mutuelles de dépendance, matérielles ou affectives.
     Cela implique également que les effets négatifs de situations non maîtrisées collectivement soient susceptibles de s’étendre au groupe impliqué, voire de se propager à d’autres groupes également concernés.

     Le problème de toute insuffisance d’adaptation collective, c’est qu’elle efface les possibilités d’accommodement ou de négociation et que les situations qui en sont entachées ne puissent être tranchées que par la force ou l’autorité, cette dernière fût-elle collégialement consentie.

     Comme lorsqu’il s’agit d’adaptation  individuelle, la réussite de l’adaptation collective repose essentiellement sur l’expérience, vécue ou transmise : l’éventail des options qu’elle peut offrir avec la connaissance des contraintes, subies ou à venir, permet d’en préciser l’objectif, l’ampleur et le délai de réalisation.
    Il faut donc en revenir à la conclusion du billet «Etude - I» :
      «D’où l’importance capitale de l’information et de l’éducation pour s’adapter.»
  17. Reo
    L’être humain est actuellement la plus aboutie des créatures évoluant sur notre globe : c’est nous qui l’affirmons, et nos arguments paraissent assez solides, d’après l’analyse des individus et de leur filiation tout au long des âges. Ce qui pose problème, et qui pèse de plus en plus sur notre devenir, c’est la médiocrité de notre intelligence collective, laquelle, au-delà de notre créativité et de nos savoir-faire, repose d’abord sur nos aptitudes à nous organiser ensemble, et c’est là que le bât blesse ; sur ce dernier point l’Histoire, et particulièrement la plus récente, l’a abondamment démontré _ et n’a jamais cessé depuis de nous en administrer les preuves, accessibles à qui veut bien les appréhender.

     Non qu’il n’existe, partout et continuellement, de très nombreux contre-exemples de réussites bien construites, au premier rang desquelles des entreprises, et aussi toutes sortes de communautés, territoriales ou associatives. Mais c’est justement leur durabilité, leur existence même, qui est à tout moment remise en cause, du fait de l’instabilité désormais persistante du monde humain dans sa généralité.
    Comment préjuger que l’adaptation des personnes _ et celle du genre Homo lui-même _ puisse se poursuivre dans un tel contexte ? Et comment souffrir que ce qui est possible et faisable à différents échelons de la société soit perçu comme irréalisable à l’échelle de l’humanité ?
     D’où l’exigence de rechercher les causes de ce hiatus entre l’achèvement organique et l’épanouissement collectif, de nature à compromettre notre maturation psychologique, chaînon fondamental de la viabilité de notre espèce.
     A l’origine de notre adaptation se trouve en chacun la conscience de sa propre fragilité face au monde, la perception des menaces précises ou diffuses qu’il recèle, induisant le stress, et donc la nécessité impérative de réagir ; d’utiliser tous nos moyens, au premier rang desquels notre cerveau, qui nous permet d’analyser les éléments d’une potentielle agression à notre encontre, et en fin de compte de l’anticiper : d’imaginer la mise en œuvre de dispositifs d’évitement ou de défense, voire d’accommodement.
     Tout cela ne se fait pas sans dépense d’énergie, d’abord pour éliminer ou atténuer les contraintes subies, ensuite pour organiser le quotidien afin de récupérer au plus tôt l’équilibre, de le maintenir coûte que coûte. Suivant le bilan de cette opération, celle-ci se traduit par une sensation de confort ou de stress plus ou moins marquée.
     
     La réponse au stress est orientée grâce à l’identification des contraintes subies, limitée par contre par le niveau de l’énergie disponible et par le degré d’urgence requise.
    Il est clair qu’une erreur d’orientation ou d’ajustement, un retard, peuvent la rendre inadéquate.

     La pertinence de cette réponse repose essentiellement sur l’expérience, vécue ou transmise : l’éventail des options qu’elle peut offrir avec la connaissance des contraintes, subies ou à venir, permet d’en préciser l’objectif, l’ampleur et le délai de réalisation.

      D’où l’importance capitale de l’information et de l’éducation pour s’adapter.
  18. Reo
    Lorsque tout va mal, ou du moins, que nous nous trouvons dans une situation critique, nous sommes souvent tentés d'accuser la malchance, d'invoquer la fatalité. Tant il est vrai, qu'au fil des luttes quotidiennes, une personne, une famille, une communauté, ne peuvent prétendre garder constamment la maîtrise de leur devenir.
     L'excuse prête toutefois le flanc à la contestation quand il s'agit d'un Etat, d'une puissance internationale, de l'œuvre humaine même, comme il en est question aujourd'hui. Comment comprendre ce moment de l'Histoire où nos grandes institutions se voient réduites, de l'une à l'autre et d'année en année, à espérer un signe du Marché pour ranimer leurs projets, recouvrer leurs forces vives ? Le progrès n'est-il pas là pour attester de la ténacité de l'être humain dans son combat _ éternel _ contre un sort précaire, de sa volonté _ toujours présente _ de construire en commun un avenir moins fragile ?
      Dès lors, si l'importance et la répétition des insuccès actuels des politiques nationales ou locales ne saurait être imputée au hasard, ou tout bonnement à la "nature humaine", elle ne peut être attribuée désormais qu'à une défaillance de notre organisation collective.
     Autrement dit, ce qui avait réussi hier n'aboutit plus qu'à l'échec.

     Pour en sortir, il faut d'abord en prendre conscience, ensuite avoir la volonté d'y mettre fin. S'il est vrai qu'une multitude de combats sont engagés pour parer aux menaces diverses qui pèsent sur la planète humaine, encore faut-il, pour prétendre les surmonter, appréhender leur cohérence en tant que conséquences d'une réelle dérive.
     Peut-on croire en effet que, dans un laps de temps de quelques décennies, la survenue de deux guerres mondiales, de débâcles financières réitérées, le dérèglement du climat, l'empoisonnement récurrent des cours d'eau, l'accumulation régulière de polluants atmosphériques, la constitution de nouveaux continents uniquement avec des déchets, l'appauvrissement continu de la biodiversité, la mise en danger répétée _ et diversifiée _ de la santé publique, l'exclusion par le chômage et le mal logement, l'existence _ voire l'accroissement _ en dépit d'un progrès technique exponentiel, de populations dépourvues de ressources vitales, la montée parallèle des violences sociétales et des idéologies populistes, ne soient que fâcheuse coïncidence ?
     Pour autant, si dans ces événements, la responsabilité des êtres humains est pleinement engagée, la nature du phénomène qui les relie n'est pas clairement perçue.
    Sauf l'évidence d'un grand désordre, qui écarte la thèse de la mise en œuvre d'un projet délibéré, par quelque personnage ou quelque organisation que ce soit : pas de mobile logique, pas de moyens suffisants. A contrario, c'est plutôt d'une insuffisance ou d'une incohérence qu'il serait question.
     Donc, ce monde est en proie à de grandes perturbations écologiques et sociétales _ déséquilibres, dysfonctionnements _ qui ne correspondent à aucun projet sensé.
    Bien au contraire, leur évolution échappe à toutes les velléités de contrôle.
     Si l'on se réfère à la structure organique des sociétés humaines, on peut évoquer ici et là des déficiences de "nutrition", l'élimination insuffisante de déchets, des défaillances de l'"appareil circulatoire" ou du "système nerveux".
     Dans un schéma purement mécanique, il sera question de mauvaise répartition des contraintes; et c'est bien de cela qu'il s'agit : la "machine" est grippée, la distribution des ressources et des moyens n'assurant plus aujourd'hui la viabilité de l'écosystème planétaire, dont l'humanité est devenue en quelque sorte le "noyau" actif.
    Que faut-il mettre en cause ?
  19. Reo
    S’adapter pour un être vivant, c’est d’abord acquérir et entretenir son aptitude à se nourrir et à assimiler _ c’est-à-dire transformer ses aliments en énergie pour se construire et se dépenser.
     
    De même pour toute personne, toute collectivité humaine, à propos desquelles on emploie couramment le terme de «richesses». 
    Cela passe donc par la quête de ressources.
    Ce sont tous les biens matériels _ objets manufacturés ou ressources naturelles _ susceptibles, sans délai ou à terme, directement ou par voie médiate, de procurer des jouissances, de satisfaire des besoins et, de ce fait, convertibles en propriétés individuelles ou collectives.
     Peuvent être rattachés à cette vaste catégorie tous les articles propres à en faciliter l’acquisition ou la confection : outils, armes, monnaie, etc. Au-delà des outils proprement dits _ machines ou prothèses _ les moyens fournis par la vie elle-même : ressources humaines et animales, leurs énergies et leurs savoir-faire.
     Il s’ensuit que les richesses sont définies :
     - soit par leur pouvoir de satisfaire immédiatement à une exigence de jouissance,
     - soit, le plus souvent, par leur utilisation pour réaliser des prestations reconnues (ou estimées) adéquates à la satisfaction d’un certain nombre de besoins répertoriés (sinon identifiés).
    Avec comme objectif subsidiaire d’écarter tout stress _ objectif atteint si le résultat recherché est réellement obtenu.

     Aussi toute modification importante de stratégies dans la satisfaction des besoins sera-t-elle susceptible d’amener, par la révision des objectifs poursuivis, au niveau collectif comme à l’échelon individuel, à reclassifier _ éventuellement, à redéfinir _ ce que l’on entend par «richesses».
     Ces stratégies, pour fonctionner dans notre société, sont connectées entre elles par l’échange, base de notre économie, fondé sur deux éléments :
     - la prestation d’un service, qui offre une réponse, voulue et/ou revendiquée comme appropriée, à l’exigence de satisfaire la plupart des besoins, quelles qu’en soient la nature et l’origine;
     - la jouissance d’un revenu, qui rémunère le prestataire de services et constitue pour celui-ci le moyen d’accès quasi-universel à toute la gamme de prestations proposées sur le marché.
    En effet, sauf dans quelques communautés traditionnelles, de plus en plus rares et réduites, l’échange a presque totalement supplanté l’accès direct de l’individu et de sa famille à la consommation par le moyen exclusif de leur propre travail, y compris pour satisfaire à leurs besoins vitaux (d’où l’on considère le revenu comme un besoin, en tant qu’objectif incontournable).

     Cependant les richesses d’un ménage, d’une entreprise, leur donnent la faculté, via l’échange, d’assurer au mieux leur autonomie :
     - pour le ménage, par la satisfaction de l’ensemble de ses besoins, pour vivre et préparer l’avenir des enfants : ce qui nécessite de bénéficier de différents services (ou articles), donc d’en rémunérer les prestataires _ sous réserve de jouir d’un revenu suffisant pour couvrir ces dépenses;
     - pour l’entreprise, par la consolidation de sa pérennité en droit : ce qui exige qu’elle réalise des bénéfices, lesquels ne peuvent être obtenus qu’à condition qu’elle puisse vendre des services (ou des articles) en quantité suffisante _ et suffisamment rémunérés _ pour demeurer compétitive.

     Les deux termes de l’échange revenu/service sont complémentaires :
     - le revenu, dans la mesure où sa valeur, déterminée en espèces monétaires, est purement quantitative _ donc susceptible d’être comparée et ajustée sur une base objective _ et revêt un caractère universel, entériné dans la pratique ; la diversité des services offerts, à laquelle seul il permet ainsi d’accéder, est d’autant plus étendue que son niveau est plus élevé ; les possibilités de choix qui en découlent constituent un élément capital de garantie d’autonomie ;
     - le service, jaugé selon le type d’exigences, est spécifique par nature; aussi son évaluation ne peut-elle être quantifiée en termes entièrement objectifs ; c’est lui qui répond _ sous réserve de disponibilité et d’accessibilité_ au besoin exprimé ; à noter que cette réserve ne devrait pas s’appliquer aux besoins de base, notamment biologiques (qui réclament _ objectivement et quantitativement _ des réponses sous forme de services) sous peine de nuire à l'équilibre des personnes et de la société _  en tant que fondement de leur développement et comme finalité primale de toute organisation.
      L’échange est la conséquence directe de la distribution des rôles qu’exige la diversité des services proposés aux personnes, physiques et morales.
    Sa généralisation permet à la société _ à l’instar d’un organisme vivant _ d’accéder, en principe, à un équilibre
     - «diététique», grâce à des apports «nutritifs» en quantité (repérable par le volume des revenus) comme en qualité (appréciable par l’efficacité des services),
     - «métabolique», par une «assimilation» correcte de ces «nutriments», afin de maintenir l’intégrité de toutes ses fonctions…ce qu’il faut là où il faut, sans manque ni abus.
     
    Mais il se trouve actuellement que cet équilibre n’est pas atteint, car :
     - la disponibilité de beaucoup de services courants demeure insuffisante, l’offre ne pouvant en être suffisamment rémunérée,
     - l’accessibilité de beaucoup de services également nécessaires reste difficile à assurer en raison de leur coût, d’où l’insatisfaction de la demande,
     - une pléthore de propositions de prestations débouche sur la disqualification des produits (prix trop élevés, concurrence trop forte) et les pertes financières qui l'accompagnent.
     Ainsi s’expliquent les inégalités et les gaspillages de ressources de la société mondiale d’aujourd’hui.
  20. Reo
    Pour apprécier le niveau de développement d’un pays, d’une région, trois types de situations peuvent être observées :

     1 - Les moyens d’un pays ne suffisent pas à assurer protection et ressources vitales à l’ensemble de la population : il n’est pas surprenant d’y constater des inégalités.
     2 - Le potentiel technique est suffisant pour atteindre ces objectifs basiques, mais il y subsiste en la matière d’importantes disparités : vraisemblablement, une partie de la population a pu s’organiser pour bénéficier, au détriment des autres citoyens, d’un confort incomparable en abondance comme en qualité.
     3 - Si, de plus, à l’échelle de la planète :
    a) Les situations 1 et 2 perdurent,
    b) Une grande partie de la population se trouve au chômage,
    c) Il y a pléthore de produits obsolescents (ou non consommés) et de ressources dilapidées,
    d) Il existe, en même temps, une prolifération planétaire de diverses nuisances,
    il est difficile de s’en tenir à cette simple hypothèse du point 2 pour expliquer la persistance et l’extension des conflits sociaux et géopolitiques.
     Comment imaginer, en effet, tout en reconnaissant l’animosité que peuvent se manifester entre elles différentes catégories ou communautés, qu’un tel désordre ait pu être concerté à cette échelle et durablement mis en œuvre à travers le monde, à seule fin de maintenir certaines d’entre elles dans la pauvreté, le dénuement ?
     Comment comprendre, surtout, la coexistence
     d’avancées exceptionnelles dans les techniques et certaines formes d’organisation
     avec une perte manifeste des fondamentaux de la société, la menaçant de régression ?
    Clairement, la maîtrise du développement mondial échappe à tous les intervenants, les plus puissants y compris.

    Ce qu’on peut observer, c’est un glissement progressif de schéma de la société mondiale :
    - d’un modèle de souveraineté des États et d’autonomie des ménages et des entreprises
    - vers un modèle de dépendances mutuelles _ souvent de dépendances tout court _ entre les un(e)s et les autres.
    En effet :
    - d’une part, la notion d’États souverains est fortement battue en brèche, au point que leur indépendance _ dans l’Union Européenne, par exemple _ vienne à être de plus en plus mise en question, notamment sur le plan financier,
    - d’autre part, se multiplient les mises en œuvre de plans d’assistance, tant pour les entreprises, y compris bancaires, que pour de nombreux ménages, voire des populations entières.
      Rien d’étonnant à ce que se fassent entendre des revendications d’autonomie, voire d’indépendance et que se développent des économies parallèles.

     Quant au marché, sa "bonne santé" s'appuie en principe sur l'abondance et la diversité des investissements engagés et des transactions réalisées, garantes de la fluidité de circulation des biens. Sur le maintien de l'équilibre entre offre et demande.
     Par ailleurs, l'existence de conflits nombreux et répétés est de nature à lui porter atteinte, en fragilisant les entreprises et les collectivités, en dissuadant les investisseurs.

    Malheureusement, force est de constater :
    1) la réalité des déséquilibres entre offre et demande dans différents secteurs et territoires, essentiellement parce que l'une au moins des deux conditions favorables à cet équilibre n'est pas réalisée :
    - la disponibilité suffisante de services basiques _ publics ou non _ pour couvrir la demande correspondante (compte tenu de perspectives de rendement limitées),
    - l'accessibilité des demandeurs potentiels à nombre de services ou produits disponibles _ limitée qu'elle est par leur faible solvabilité _ (cette offre se trouve donc pénalisée);

    2) l'évolution régulièrement conflictuelle des confrontations sur le terrain :
    - d'une part,
      .entre la logique écologique, celle des exigences biologiques des animaux, des plantes, des êtres humains qui tous en vivent
    et la logique économique, celles des exigences éthiques de responsabilité comptable des personnes morales représentant les différents acteurs économiques,
    - d'autre part,
     .entre ces mêmes acteurs économiques, la réussite des uns reposant _ selon les critères de la responsabilité comptable _ sur la liquidation des autres, en fonction du rapport des forces, seul autre élément constitutif du marché.

     En soi, il n'y a rien d’anormal à ce qu'apparaissent des conflits entre différentes exigences, particulièrement entre besoins biologiques _ au sens le plus large _ et nécessités économiques. Le fait qu'ils soient de plus en plus fréquents et étendus _ n'est-ce pas ce qu'on observe ? _ tend à démontrer que les arbitrages sont de plus en plus difficiles à réaliser, ce qui signifie que soit les uns, soit les autres, selon les cas de figure, voire les deux, ne peuvent plus être tempérés.

     Si, malgré cela, on postule qu'il n'est pas réalisable _ ou pas souhaitable _ de réviser significativement projets et objectifs, tels qu'ils sont définis et déterminés, il est clair que les acteurs économiques poursuivront leurs périlleuses surenchères....
    Sans égards particuliers pour les personnes physiques (leur personnel, celui des fournisseurs ou sous-traitants, voire les "utilisateurs finaux") qu'ils sont censés représenter : en effet, dans une compétition sans limites ni répit, leurs objectifs demeurent prioritairement concentrés autour des créneaux de rentabilité les plus recherchés.
     Il s’ensuit que les secteurs les moins rentables sont délaissés : services non disponibles, emplois supprimés, revenus, notamment salariaux, comprimés, d'où prestations de base non accessibles pour une part grandissante de la population...ce n'est pas de la fiction. D’où les déséquilibres désormais structurels entre offre et demande.
    A part revoir mondialement les objectifs économiques, définis sans concertation préalable, quel autre chemin ?
    Nous sommes aujourd’hui prisonniers d’un système dans lequel les moyens et les objectifs sont inversés.
    Nous produisons d’abord pour constituer des revenus ; la destination des produits est devenue secondaire devant cette finalité, leur justification résidant essentiellement dans les bénéfices retirés de leur vente et les salaires qu’ils procurent _ le cas échéant….

    Cependant la vocation primordiale des entreprises, des établissements publics ou privés, est de fournir des services et des biens consommables pour les personnes dans leur vie quotidienne.
    Si cette fonction, l’une des fondatrices de la société, n’est plus assurée, les garanties individuelles deviennent illusoires et les relations sociales se détériorent.
    Dans le projet apparemment insurmontable, utopique, de restaurer cette vocation, le plus gros défi n’est-il pas, à l’heure où s’installe la défiance vis-à-vis de la classe politique _ ainsi que de la finance actuelle qui perturbe gravement l’économie réelle _ de retrouver la confiance en nous-mêmes et entre nous ? 

     
  21. Reo
    Résumé du contenu des 4 premiers billets :
    Dans « Stress et politique »,
    Ce qu’est le stress et comment il peut se propager (4), le fait que des stress individuels nombreux et prolongés entraînent la multiplication des conflits dans une population; conflits que la politique a pour rôle de gérer, d’anticiper et, autant que possible, de prévenir. (1)
    En observant que l’installation durable du stress est en grande partie due à la compétition imposée quotidiennement à chacun.e _ notamment dans sa vie professionnelle _ ce qui isole les individus en les opposant les uns aux autres, amenant de ce fait décohésion et régression de la société. (3)
    Un des critères à retenir pour apprécier le développement devrait donc être _ a contrario _ le niveau de stress des populations, caractérisé par des repères comme la fréquence des suicides, des agressions, des syndromes d’épuisement (burn out) ou de dépression (bore out) et, bien entendu, des conflits armés. (2)
     
  22. Reo
    Ci-dessous le post du 22 février dont le sujet m’oblige à revenir à l’actualité (voir le deuxième paragraphe)
    « Le leader mondial des constructeurs d'automobiles a reconnu une fraude sur 15 millions de voitures Diesel, en ce qui concerne leur niveau de pollution atmosphérique. Et le ministre des transports de l'Etat allemand d'admettre qu'il était au courant.
    Ce qui revient à officialiser le caractère institutionnel de la tricherie dans le monde du commerce transnational; ce que ne dément pas la démarche des autorités françaises de vouloir faire la lumière sur ces pratiques, tout au moins dans le secteur de l'automobile. En effet, on ne voit pas pourquoi la concurrence en serait exempte, tous les coups étant permis, tant qu'on pense avoir les moyens d'échapper à des sanctions _ pour autant qu'elles aient été anticipées.
    Alors il est logique de se demander pourquoi les groupes industriels, au plus haut niveau de la hiérarchie mondiale, dans l'énergie, l'agroalimentaire, la santé,... enfin, toutes activités confondues, n'en feraient pas de même. Ou plutôt, s’ils ne tomberaient pas déjà dans le même type d'errements pour optimiser leurs bénéfices. Ou maintenir, voire augmenter leur part du marché. Cela renvoie aux notions de base de l'économie, l'intérêt général _ ici, la santé publique _ confronté à des intérêts privés. Peut-on raisonnablement soutenir, aujourd'hui comme hier, qu'il suffit de faire la somme de ceux-ci pour réaliser celui-là ?
    La réponse est oui, si la définition de l'intérêt général se résume à un bilan comptable des bénéfices réalisés par l'ensemble des puissances économiques cotées comme telles.
    Mais comme il s'agit d'une guerre permanente entre les concurrents, il existe naturellement une énorme majorité de perdants _ entreprises et particuliers, publics ou privés _ dont les préjudices subis ne sont pas pris en compte et, par conséquent, cette définition est erronée.
    Aussi l'intérêt général ne peut-il pas être défini comme une somme _ ni comme une liste _ d'intérêts particuliers, mais comme une synthèse à réaliser et à maintenir, et cela, on le sait depuis longtemps _ c'est ainsi que sont nées les communes, qu’ont grandi les Etats. Pour sa pérennité, en constituer une à sa mesure est indispensable au monde globalisé. »
    Du moins le semble-t-il. Mais l’erreur ne serait-elle pas de privilégier le confort et la santé des personnes au détriment de l’emploi ? En effet l’application des règlements, en ce qu’elle nécessite une coûteuse mise en place de structures adéquates et l’entretien d’une armée de fonctionnaires, représente un handicap désormais insurmontable pour la compétitivité.
    Mea culpa.
  23. Reo
    "Stress" est un mot anglais qui signifie "contrainte". En français, il s'applique à la situation où l'on peut se trouver lorsque l'on vit sous la contrainte, quand s'accumulent des contraintes au point qu'on ne puisse plus les gérer. Trop nombreuses à long terme ou trop fortes à court terme, nos choix s'amenuisent, notre autonomie de décision diminue, menaçant notre équilibre.
    En effet, dans l'incapacité de trouver une solution par le dialogue, toute discussion devient pour nous polémique. Dans un déni de la réalité, nous perdons la faculté de discerner les priorités dans la poursuite de nos objectifs; de sorte que pour les atteindre, nous sommes amenés à franchir les limites qui nous préservent. A prendre le chemin le plus court : celui de l'agression contre nous-mêmes ou notre entourage.
    Ainsi le stress peut-il se propager de proche en proche, lorsque les conflits n'ont pas été résolus. Tout comme dans un matériau, une contrainte trop élevée peut entraîner le cheminement d'une fissure, puis dans la machine, la rupture d'un assemblage.
    En mécanique, en électrotechnique, dans tous les domaines technologiques, nous savons ce qu'il faut faire, en préventif ou en curatif, pour ajuster les caractéristiques techniques aux conditions de fonctionnement, et vice-versa : mise au point et suivi.
    Dans le cas d'une personne, c'est une question d'éducation et de contrôle de soi; pour la société, affaire de gouvernance. C'est bien le rôle de la politique d'assurer cette maintenance pour garantir la cohésion de la collectivité. Et pour ce faire, de réaliser en continu l'adaptation mutuelle de cette "machine" et de ses "composants".
    Cependant il existe une option qui permet de faire l’économie d’un entretien a priori fastidieux : c’est d’admettre la prévalence, voire la fatalité de la victoire de l’agressivité de l’être humain sur le génie dont il a pu faire preuve dans la conquête de la planète.
  24. Reo
    La planète apparaît devenir de plus en plus le sujet de nos inquiétudes, et de moins en moins être retenue comme l’objet de nos sollicitudes.
    Nonobstant la planète va bien, merci. Elle a, sauf accident sidéral 4 ou 5 milliards d’années devant elle, avec le Soleil et son cœur à elle pour la réchauffer et l’entretenir.
    Avec quelques siècles de flaques barbouillées, de plaques écorchées, ce n’est pas nous qui allons lui faire de l’ombre.
    De fait, si ça lui chante, pourquoi ne resterait-elle pas capable de maintenir des conditions favorables à la vie ? Envers et contre nous….
    Ou avec nous, pourquoi pas ? Offre valable jusqu’au….

    C'est nous qui voyons.
    Ou pas.
  25. Reo
    La guerre permanente entre les grands groupes mondiaux, impliquant les États comme forces d'appui, avec des armes à plus ou moins longue portée, tel le dumping fiscal ou social, avec ses offensives et ses replis, se révèle de plus en plus coûteuse en "unités" pour la "piétaille" des ménages et la "cavalerie légère" des PME, sans compter les innombrables "brèches" infligées aux collectivités territoriales.
     En l'absence d'une réelle gouvernance, c'est bel et bien d'anarchie qu'il s'agit, fragilisant les régimes démocratiques et confortant les autres options, comme les théocraties ou les dictatures, quand ce n'est pas tout simplement le retour à des situations claniques, où s'interpénètrent sectaires et mafieux.
     Notre trajectoire s'appuie essentiellement, aujourd'hui, sur le principe économique de concurrence, retenu comme repère unique de liberté _ du moins sur le plan pratique _ à travers le concept d'entreprise.
    Cependant ce dernier, né dans un espace ouvert sur un horizon lointain, propice à des envolées exaltantes, connaît à présent une maturité avancée, dans un monde désormais statique et refermé sur lui-même comme un cercle de sumo : la course de fond open a fait place à l'épreuve de force entre pros de haut niveau.
     Deux siècles d'histoire ont suffi, en effet, pour rapprocher les habitants de notre planète, plus encore par la technique que par le nombre, nouant entre des institutions, des collectivités que tout séparait, culture et géographie, d'indissolubles liens d'interdépendance. Rien d'étonnant, donc, à ce que le droit, public ou privé, constitutionnel ou international, n'ait pu, en si peu de temps, épouser ou redresser les multiples distorsions imprimées à nos règles et usages.
     Le monde est devenu un ensemble organique auquel il manque la paix et l'autorité pour obtenir la cohésion indispensable à son développement.
    Pour cela, il lui faut récupérer l'organisation et la gestion des missions de sauvegarde, que les États ne réussissent à assurer ni ensemble, ni isolément. Rien de plus, mais rien de moins.
    A nous, citoyen.ne.s de la planète, de trouver _ au plus tôt _ les outils pour que puisse s'exercer cette gouvernance.
    Excluant une fois pour toutes les errements des autocrates, pour enfin se consacrer à réduire les lacunes de nos démocraties.
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