Souvenirs de la canicule 2003

Hier soir France 3 diffusait un documentaire intéressant de la réalisatrice Morgane Courgeon, consacré à la canicule de l'été 2003 : Canicule de 2003 : radiographie d’une catastrophe (lepoint.fr)

Chacun a gardé de cette période un souvenir différent. Certains ont traversé ces 15 jours sans se rendre compte de rien, d'autres, qui ont perdu un proche, ont vécu une tragédie, renforcée par l'encombrement des services de santé et des pompes funèbres.

Ayant vécu un début d'année 2003 assez mouvementé, je n'avais pas spécialement envie de prendre des vacances, et j'avais dû quasiment me forcer pour réserver une semaine une Sicile, un pays que je connaissais déjà bien. Sans le savoir, ces vacances, prises début août, allaient m'épargner une semaine de canicule, car il faisait bien plus frais en Sicile qu'en région parisienne. Le début de l'été avait déjà été assez chaud, mais avec des interruptions; je me souviens d'une très violente averse sur Paris, vers le milieu de juillet. Ce séjour en Sicile se passa bien, sauf que je faillis m'assommer sur une branche d'arbre à Cefalu, la faute à ma sempiternelle distraction. Je m'en tirais avec un sérieux mal de tête et une bonne frousse, mais quand je regagnais Paris vers le 7 août, c'était déjà de l'histoire ancienne. La première chose qui me parut étrange fut l'air épuisé des gens dans le métro, et surtout le fait qu'une bonne partie d'entre eux avait une bouteille d'eau à la main.

Chez moi, bien entendu, il faisait très chaud, mais je m'y attendais. L'appartement était ce qu'on appelle une passoire thermique, froid en hiver, torride en été. Je n'y vis plus depuis longtemps. Quand je voulus prendre une douche, l'eau froide était tiède... Peu après, je repris mon travail. Je bossais dans une société dont les locaux étaient situés au rez-de-chaussée d'une rue étroite, ce qui fait que finalement il faisait bien plus frais que chez moi. Avant de rentrer, j'achetais des bouteilles de jus de fruit et d'eau minérale. Bon il faisait chaud, mais je ne sentais pas une si énorme différence par rapport aux autres années. Ma mère habitait Limoges, et je prenais régulièrement de ses nouvelles, mais elle allait bien. Le plus gros du reste de ma famille, vivant en Corse, était habitué à la chaleur.

Quelques mois plus tôt, je m'étais fracturé l'épaule droite, et j'étais encore en rééducation. J'allais voir un kinésithérapeute. En général, quand j'arrivais chez lui, je lui demandais d'éteindre la climatisation, mais je fis une exception ce jour-là - ça devait être vers le 14 août. J'ai un peu voyagé, et je sais ce que peut être la grosse chaleur, mais en sortant de chez lui, j'eus l'impression d'être téléporté instantanément au coeur du Sahara. C'est la période durant laquelle Patrick Pelloux, et d'autres, commençaient à tirer la sonnette d'alarme, tandis que l'ineffable Jean-François Mattei, ministre de la Santé, nous chantait, de sa propriété du Midi, le classique couplet "Tout va très bien Madame la marquise". C'est vers le 15 août, soit juste avant la fin de cette canicule, qu'on commença à réaliser l'ampleur de la catastrophe, et qu'on prit enfin les mesures adéquates - un peu tard. Je fus néanmoins très surpris quand j'appris le bilan de ces 15 jours de canicule : 15.000 morts. On a beaucoup accusé l'indifférence des gens, en particulier à l'égard des personnes âgées, mais il faut dire aussi que cette canicule tomba au pire moment de l'année : la première quinzaine d'août, une période durant laquelle la France - et surtout la région parisienne - est en grande partie à l'arrêt.

Le mariage d'une cousine de ma femme début août 2003. 35° à Brest. Et le champagne à minuit, dehors.

Je venais de commencer un boulot mi juin (celui que je viens de quitter 20 ans après). Tous les bureaux avaient la clim, sauf le mien (faute à pas de chance il est tombé en panne pile à cette période). J'étais un mollusque dans les couloirs, mais j'avais la chance de pouvoir me promener pieds nus et de porter des robes ultra légères la journée.

Bon après ça allait, je supportais plutôt bien la chaleur à cette époque.

Raffarin  qui conseillait aux Français de boire de l'eau  !! et de passe a l'ombre ..........

Mon souvenir.....la douche improvisée que j'avais bidouillé pour mes enfants qui étaient alors petits dans le jardin avec le tuyau d'arrosage.....

Quelques observations:

1) En 2003, les réseaux sociaux étaient encore embryonnaires; sinon on aurait réalisé bien plus vite ce qui se passait;

2) La dernière canicule remontait à 1976, et n'avait pas laissé un souvenir aussi épouvantable; on avait oublié que la chaleur peut tuer, mais peut-être ne l'avait-on jamais su;

3) Plus on est jeune, mieux on résiste à la chaleur; mais on sait maintenant que la manière de s'hydrater, de s'alimenter, les vêtements, l'isolation des immeubles et des maisons, la présence de climatisation dans les appartements (et les EHPAD) jouent aussi un rôle très important.

4) Enfin, comme le souligne l'article du "Point", Paris demeure l'une des villes les plus vulnérables d'Europe face aux risques de canicule. La maire Anne Hidalgo fait hélas partie de ces personnalités politiques qui parlent beaucoup (trop) et agissent peu, et rarement dans le bon sens. En fait, depuis 2003, peu de choses ont changé à Paris, où le béton, la pierre et le macadam dominent toujours de façon écrasante la végétation.

Mais si ça peut consoler les Parisiens... Juste avant de quitter Limoges pour aller habiter à Pau, j'ai été témoin de la réfection intégrale de la vaste place de la République, sous le signe du bétonnage, sans le moindre espace vert - le genre de choses qu'on croirait impensable au XXIe siècle. Et dans le même temps, de vastes champs jusque-là non construits voyaient s'élever le siège d'une grande banque.

je supporte bien la chaleur , donc , pas de probléme !!

par contre le froid , brrr  , au secours !

il y a 58 minutes, boeingue a dit :

je supporte bien la chaleur , donc , pas de probléme !!

par contre le froid , brrr  , au secours !

Moi aussi. Chez moi, au Bénin, on a continuellement nos 35 °C. On n'en fait pas tout un plat. Actuellement, je suis en France : il me faut deux couvertures la nuit. Je ne supporte pas le froid. J'ai un chauffage électrique d'appoint. Il me faut 25 °C dans la pièce.

Une copine de soirée avec laquelle on avait un peu "dérapé" en boîte la nuit précédente s'était invitée chez moi sous prétexte d'être sur place pour le festival qui devait se tenir le lendemain. Je lui ai fait à manger et lorsque je lui ai demandé si elle voulait dormir dans mon lit ou dans le canapé-lit, elle m'a répondu dans mon lit. On avait déjà plusieurs fois dormi dans le même lit après une soirée arrosée avant de reprendre le volant en tout bien tout honneur, donc rien d'inhabituel. Dans le lit elle me dit "j'ai froid" (en pleine canicule donc ). Je lui ai demandé si c'était du cinéma, elle m'a répondu que oui . La suite de cet été 2003 a été très chaude, et pas qu'au thermomètre

Il y a 14 heures, Gouderien a dit :

Hier soir France 3 diffusait un documentaire intéressant de la réalisatrice Morgane Courgeon, consacré à la canicule de l'été 2003 : Canicule de 2003 : radiographie d’une catastrophe (lepoint.fr)

Chacun a gardé de cette période un souvenir différent. Certains ont traversé ces 15 jours sans se rendre compte de rien, d'autres, qui ont perdu un proche, ont vécu une tragédie, renforcée par l'encombrement des services de santé et des pompes funèbres.

Ayant vécu un début d'année 2003 assez mouvementé, je n'avais pas spécialement envie de prendre des vacances, et j'avais dû quasiment me forcer pour réserver une semaine une Sicile, un pays que je connaissais déjà bien. Sans le savoir, ces vacances, prises début août, allaient m'épargner une semaine de canicule, car il faisait bien plus frais en Sicile qu'en région parisienne. Le début de l'été avait déjà été assez chaud, mais avec des interruptions; je me souviens d'une très violente averse sur Paris, vers le milieu de juillet. Ce séjour en Sicile se passa bien, sauf que je faillis m'assommer sur une branche d'arbre à Cefalu, la faute à ma sempiternelle distraction. Je m'en tirais avec un sérieux mal de tête et une bonne frousse, mais quand je regagnais Paris vers le 7 août, c'était déjà de l'histoire ancienne. La première chose qui me parut étrange fut l'air épuisé des gens dans le métro, et surtout le fait qu'une bonne partie d'entre eux avait une bouteille d'eau à la main.

Chez moi, bien entendu, il faisait très chaud, mais je m'y attendais. L'appartement était ce qu'on appelle une passoire thermique, froid en hiver, torride en été. Je n'y vis plus depuis longtemps. Quand je voulus prendre une douche, l'eau froide était tiède... Peu après, je repris mon travail. Je bossais dans une société dont les locaux étaient situés au rez-de-chaussée d'une rue étroite, ce qui fait que finalement il faisait bien plus frais que chez moi. Avant de rentrer, j'achetais des bouteilles de jus de fruit et d'eau minérale. Bon il faisait chaud, mais je ne sentais pas une si énorme différence par rapport aux autres années. Ma mère habitait Limoges, et je prenais régulièrement de ses nouvelles, mais elle allait bien. Le plus gros du reste de ma famille, vivant en Corse, était habitué à la chaleur.

Quelques mois plus tôt, je m'étais fracturé l'épaule droite, et j'étais encore en rééducation. J'allais voir un kinésithérapeute. En général, quand j'arrivais chez lui, je lui demandais d'éteindre la climatisation, mais je fis une exception ce jour-là - ça devait être vers le 14 août. J'ai un peu voyagé, et je sais ce que peut être la grosse chaleur, mais en sortant de chez lui, j'eus l'impression d'être téléporté instantanément au coeur du Sahara. C'est la période durant laquelle Patrick Pelloux, et d'autres, commençaient à tirer la sonnette d'alarme, tandis que l'ineffable Jean-François Mattei, ministre de la Santé, nous chantait, de sa propriété du Midi, le classique couplet "Tout va très bien Madame la marquise". C'est vers le 15 août, soit juste avant la fin de cette canicule, qu'on commença à réaliser l'ampleur de la catastrophe, et qu'on prit enfin les mesures adéquates - un peu tard. Je fus néanmoins très surpris quand j'appris le bilan de ces 15 jours de canicule : 15.000 morts. On a beaucoup accusé l'indifférence des gens, en particulier à l'égard des personnes âgées, mais il faut dire aussi que cette canicule tomba au pire moment de l'année : la première quinzaine d'août, une période durant laquelle la France - et surtout la région parisienne - est en grande partie à l'arrêt.

Celle de 1976 n'a pas été triste non plus, mais il est vrai qu'elle n'a rien de comparable avec ce qu'il se passe aujourd'hui.

C'est là que l'impôt sécheresse a été créé.

Il y a 11 heures, boeingue a dit :

je supporte bien la chaleur , donc , pas de probléme !!

par contre le froid , brrr  , au secours !

D'expérience, je peux dire que le froid est bien plus facile à supporter que la chaleur - même s'il n'est pas très agréable, évidemment. Quand tu as froid, tu as toujours la ressource de te couvrir plus, tandis que pour la chaleur, quand tu as tout enlevé et que la climatisation fonctionne déjà, qu'est-ce que tu peux faire? 

il y a 35 minutes, lafeeclochette a dit :

Celle de 1976 n'a pas été triste non plus, mais il est vrai qu'elle n'a rien de comparable avec ce qu'il se passe aujourd'hui.

C'est là que l'impôt sécheresse a été créé.

Oui, la canicule de 1976 fut assez impressionnante, même si elle est bien oubliée aujourd'hui. Deux mois et demi de chaleur en continu - mai, juin et le début de juillet -, ce qui ne fut pas le cas en 2003. Par contre on n'atteignit pas les sommets de température de 2003.

il y a 5 minutes, Gouderien a dit :

même si elle est bien oubliée aujourd'hui

Perso, je m'en souviens comme si c'était hier. Nous étions obligées de laisser les portes des chambres des malades pour avoir de l'air. Il n'y avait pas de clim à la clinique.

à l’instant, lafeeclochette a dit :

Perso, je m'en souviens comme si c'était hier. Nous étions obligées de laisser les portes des chambres des malades pour avoir de l'air. Il n'y avait pas de clim à la clinique.

Les portes ouvertes.

il y a 14 minutes, Gouderien a dit :

Oui, la canicule de 1976 fut assez impressionnante, même si elle est bien oubliée aujourd'hui. Deux mois et demi de chaleur en continu - mai, juin et le début de juillet -, ce qui ne fut pas le cas en 2003. Par contre on n'atteignit pas les sommets de température de 2003.

En 2003 ... pas de souvenir "cuisants" !!!! J'habitais le bord de mer et avait un jardin !!!

En 1970 on a déploré la mort dans notre jardin de l'époque d'un cèdre du Liban quasi centenaire ... grillé par le mitan ! Ce mastodonte n'a pas résisté !!!

Très bon millésimes pour les bandol rouge de Pibarnon.

On retiens ce qu’on veut au fond.

il y a 25 minutes, Jim69 a dit :

Très bon millésimes pour les bandol rouge de Pibarnon.

On retiens ce qu’on veut au fond.

Ça c'est sûr...

j'étais en vacances, en face de Fort de France, j'ai découvert la canicule en rentrant

Ce fût une période de vie perso plutôt compliquée… la canicule était le moindre de mes soucis. Je me rappelle avoir sangloté comme jamais je n’aurais pu l’imaginer à m’en épuiser. Bref… 

J’étais en vacances et tout le temps dans la piscine. Étant en plus une Méditerranéenne, la canicule, à dire vrai je ne l’ai pas vraiment ressentie hormis à travers les actus de l’époque qui nous rabâchaient de s’hydrater : on aurait dit l’apocalypse !

Des annonces anxiogènes particulièrement concernant les personnes d’un certain âge… 

j'étais en Auvergne , en vacances avec ma mère , 85 ans , que je surveillais comme le lait sur le feu , ce qui ne l'a pas empêchée de faire un coup de chaleur , je ne m'en suis aperçue que très tard mais nous l'avons sauvée  ; elle avait Alzheimer et était incapable de dire si elle avait  chaud ou froid ....combien de personnes âgées sont-elles parties sans qu'on s'en rende compte ? 

il y a 10 minutes, Ximène a dit :

j'étais en Auvergne , en vacances avec ma mère , 85 ans , que je surveillais comme le lait sur le feu , ce qui ne l'a pas empêchée de faire un coup de chaleur , je ne m'en suis aperçue que très tard mais nous l'avons sauvée  ; elle avait Alzheimer et était incapable de dire si elle avait  chaud ou froid ....combien de personnes âgées sont-elles parties sans qu'on s'en rende compte ? 

Ma mère - morte début 2020 à 96 ans - n'avait plus du tout la sensation du chaud et du froid. Mais en fait, elle avait toujours froid. En pleine canicule, et alors qu'il faisait déjà 30 ° chez elle, elle mettait les chauffages électriques à fond (à la grande joie d'EDF, à qui elle payait une véritable rente). Une aberration. Et elle n'avait même pas l'excuse d'avoir Alzheimer. Quand elle est partie en EHPAD, en 2016, je me suis senti un peu plus tranquille, et encore! Il m'est arrivé de trouver le chauffage fonctionnant à fond dans sa chambre, où il faisait étouffant, et ce n'était pas elle mais l'employé chargé du chauffage qui s'était gouré dans les réglages.

En période de canicule - 41, 42° - elle était quand même mieux dans son EHPAD, où il existait une pièce climatisée - ce qui signifiait tout de même que le reste de l'établissement ne l'était pas. Je me souviens être allé la voir - ce qui représentait déjà un effort - et l'avoir trouvée dans cette pièce rafraîchie, avec les autres pensionnaires, me disant "J'ai froid" et me demandant d'aller lui chercher un gilet dans sa chambre.