Eloge de l'erreur

Bonjour,

J'aime les fautes que je commets parce qu'elles montrent qui je suis. Celui qui n'aime pas ses erreurs ne s'aime pas lui-même.

Elles sont la limite par laquelle je peux comprendre ce qui se passe, en observant les déviations par rapport au comportement attendu, en interprétant la différence entre mes attentes et le résultat obtenu, et en m'ajustant éventuellement.

Les maladies mentales/neurologiques permettent de mieux comprendre l'être humain pour la même raison : parce qu'ils sont des cas limites qui permettent de mieux comprendre le cas général.

Cependant notre système tout entier se base sur l'éradication et la condamnation des fautes et sur une normativité accrue.

Et si la vie était une faute les gens la condamneraient-ils quand même ? La vie n'est-elle pas une accumulation d'erreurs de recopie de l'ADN ?

Si mes fautes sont le produit de l'expression de mon individualité, alors vouloir supprimer les fautes revient à vouloir fusionner les individualités dans les normes, à vouloir tout rendre impersonnel, mécanisé, déshumanisé.

Et si finalement c'était ce que faisait notre système : condamner la vie (nihilisme) ?

L'informatique n'est-elle pas inhumaine en ce que pour elle le bug est à éradiquer, alors qu'il est l'essence même de la vie, de l'expression de soi, de l'individualité, qui est au coeur de l'art notamment ?

Pourquoi est-ce si grave de se tromper ? Avez-vous souvent peur de vous tromper ? Comment réagissez-vous alors ? Quel est votre rapport à vos propres erreurs/fautes ?

L'erreur est humaine, c'est persister dans l'erreur qui devient diabolique .

à l’instant, bouddean a dit :

L'erreur est humaine, c'est persister dans l'erreur qui devient diabolique .

Pourquoi serait-ce diabolique ?

Dans le fond est-ce que nous changeons vraiment ? Est-ce que nous renonçons vraiment ? N'apprenons-nous pas plutôt à trouver d'autres dérivatifs lorsque la réalité nous déçoit ?

Ne sommes nous pas tous à l'intérieur d'éternels enfants qui adoptent des postures de combat, qui surjouent leur maturité et leur statut social, alors que nous sommes, tous autant que nous sommes, des bugs dans la matrice des normes au sens où la névrose (définie comme l'écart entre le désir individuel et la norme sociale) est l'état naturel de l'être humain (nous sommes tous névrosés) ?

Une plus grande tolérance à l'erreur rendrait notre système plus juste, plus humain.

Aimer quelqu'un n'est autre qu'aimer la façon qu'il a de se tromper.

Celui qui pointe sans arrêt vos moindres failles ou erreurs est ainsi simplement parce qu'il ne vous aime pas.

Dis-moi quelles fautes tu as commises et je te dirai qui tu es.

Nous sommes la somme de nos erreurs.

il y a 47 minutes, Quasi-Modo a dit :

Pourquoi serait-ce diabolique ?

Bon, j'ai vachement envie de te répondre, mais je vais faire deux choses avant, une, c'est faire ce que j'ai d'autre à faire, l'autre, c'est réfléchir à ce que je vais te dire ... 

Il n'y a rien d'anormal de faire des erreurs. Ça arrive à tout le monde.

Le tout est d'apprendre de son erreur, la rectifier (dans la mesure du possible) et de savoir ce qu'il fallait faire au lieu de cette erreur. Il faut transformer ses erreurs en expérience.

Citation

 

Ou alors ne pourrait-on considérer l'erreur ou la faute comme un obstacle à l'expression de soi ?

Si je fais une faute d'orthographe ou de grammaire, je risque de rendre mon propos incompréhensible.

Le fait de répondre aux attentes des autres, qui par ailleurs me construisent en retour, ne permet-il pas d'accéder à plus de vérité, plus de sens, plus d'avenir ?

 

Le faute de grammaire ou d'orthographe exprime qui je suis tout si on en comprend la provenance.

Un germanophone dira par exemple : "J'attends sur mon collègue." et non pas "J'attends mon collègue." parce que les allemands utilisent l'expression "Ich warte auf mein Kollege."

Pour celui qui a suffisamment de sensibilité, qui ressent les gens, il se rend compte que l'erreur, la faute, le bug, est la nature même de l'être humain. Que c'est dans le fond ce qui nous caractérise.

Là où je manque d'objectivité, là où le déroulement des faits ne permet plus d'expliquer mon point de vue, alors je commets les fautes qui ne seront autre que le reflet de leur auteur.

Nous voyons d'ailleurs cela souvent dans la section actualités et débats qui se transforme ainsi en arène et échanges d'invectives à mots couverts (et encore pas toujours).

Mais encore faut-il être compris des autres.

Il y a 1 heure, bouddean a dit :

L'erreur est humaine, c'est persister dans l'erreur qui devient diabolique .

Et la faute est volontaire.

il y a 7 minutes, Talon 1 a dit :

Et la faute est volontaire.

Chez une personne bien intentionnée, voir pour l'humanité elle-même, la faute et l'erreur se confondent.

Socrate affirmait que nul ne fait le mal volontairement.

Il y a 2 heures, Quasi-Modo a dit :

J'aime les fautes que je commets parce qu'elles montrent qui je suis. Celui qui n'aime pas ses erreurs ne s'aime pas lui-même.

"je me trompe donc je suis"... Descartes doit se retourner dans sa tombe.

Telle erreur, tel auteur.

Tes erreurs sont tes oeuvres d'art.

Fais de ta vie une oeuvre d'art et tu seras libre.

Imparfait, libre et quelque fois même heureux.

Il y a 4 heures, Quasi-Modo a dit :

 

Pourquoi est-ce si grave de se tromper ? Avez-vous souvent peur de vous tromper ? Comment réagissez-vous alors ? Quel est votre rapport à vos propres erreurs/fautes ?

Il y a des moments où l'on pense se tromper. Il y a des moments où l'on est sûr qu'on ne se trompe pas.

Mais en vérité on ne peut rien faire d'autre que se tromper, ne pas se tromper est impossible, nous n'en n'avons pas les moyens.

Bien-sûr, entre une tromperie et une autre il y a des degrés, de la distance, mais aveugles et inconscients comme nous le sommes, car c'est notre vraie condition, il y aura toujours un sens à chercher de se tromper le moins possible.

La vie est une erreur, une magnifique erreur, tout ce qu'il m'est offert de toucher, de voir, etc, est le produit d'une somme mirobolante d'erreurs.

C'est le cadre du jeu, la règle est d'apprendre à jongler avec les erreurs, les assembler comme le fleuriste compose ses bouquets aux mille reflets, et une fois composé le bouquet d'erreurs, toutes plus belles que les autres, il faut les offrir comme unique rançon de notre soif d'aimer.

C'est Alain Connes qui m'a fait connaître cette citation de Grothendieck dans "Récoltes et Semailles" 

C'est la pensée la plus profonde que j'ai lue sur ce sujet

"Craindre l’erreur et craindre la vérité est une seule et même chose.

Celui qui craint de se tromper est impuissant à découvrir.

C’est quand nous craignons de nous tromper que l’erreur qui est en nous se fait immuable comme un roc.

Car dans notre peur, nous nous accrochons à ce que nous avons décrété “vrai” un jour, ou à ce qui depuis toujours nous a été présenté comme tel.

Quand nous sommes mûs, non par la peur de voir s’évanouir une illusoire sécurité, mais par une soif de connaître, alors l’erreur, comme la souffrance ou la tristesse, nous traverse sans se figer jamais, et la trace de son passage est une connaissance renouvelée.”

Le 07/01/2023 à 07:51, Quasi-Modo a dit :

J'aime les fautes que je commets parce qu'elles montrent qui je suis. Celui qui n'aime pas ses erreurs ne s'aime pas lui-même.

Bien que je reconnaisse leur utilité dans le domaine de l' "amélioration de soi" je ne les aime pas, je les honnis tout au contraire, m'en voulant de les avoir commises et je m'emploie à ne surtout pas les reproduire.

Le 07/01/2023 à 07:51, Quasi-Modo a dit :

(...) Si mes fautes sont le produit de l'expression de mon individualité, alors vouloir supprimer les fautes revient à vouloir fusionner les individualités dans les normes, à vouloir tout rendre impersonnel, mécanisé, déshumanisé.

Le fait que nous soyons des êtres faillibles nous confère notre humanité et nous sommes loin d'être clones les uns des autres, chacun commettant ses propres erreurs et ayant ses propres forces et faiblesses, ses propres qualités et défauts.

Le 07/01/2023 à 07:51, Quasi-Modo a dit :

Pourquoi est-ce si grave de se tromper ?

Ce peut être grave pour soi-même (échecs que l'on vivra mal car étant les preuves de sa faiblesse) et parfois pour ceux qui en subiront les conséquences.

Le 07/01/2023 à 07:51, Quasi-Modo a dit :

Avez-vous souvent peur de vous tromper ?

Je me suis parfois trompée et me tromperai sûrement encore et ce, malgré ma vigilance.

Le 07/01/2023 à 07:51, Quasi-Modo a dit :

Comment réagissez-vous alors ? Quel est votre rapport à vos propres erreurs/fautes ?

Je les analyse et en tire un enseignement constructif.

Le 07/01/2023 à 12:54, Don Juan a dit :

C'est le cadre du jeu, la règle est d'apprendre à jongler avec les erreurs, les assembler comme le fleuriste compose ses bouquets aux mille reflets et une fois composé le bouquet d'erreurs, toutes plus belles que les autres, il faut les offrir comme unique rançon de notre soif d'aimer.

Pour ma part, quant à cette image du "bouquet" dont vous parlez, je le vois certes composé de belles fleurs (ses réussites, ses victoires, ses batailles gagnées, ses qualités) mais hélas aussi de chardons piquants (ses erreurs, ses défauts, ses fautes).

A soi de faire en sorte d'avoir le "bouquet" le plus beau possible, avec le plus de belles "fleurs" possible.

Le 07/01/2023 à 08:13, Quasi-Modo a dit :

Dans le fond est-ce que nous changeons vraiment ?

A condition de le vouloir vraiment oui, nous changeons; l'important étant de changer en bien et non en mal.

Le 07/01/2023 à 08:13, Quasi-Modo a dit :

Est-ce que nous renonçons vraiment ?

Lorsque on est attentif à ne pas commettre les mêmes erreurs oui, il y a une forme de renoncement bénéfique pour soi et une envie de se parfaire.

Le 07/01/2023 à 08:55, Quasi-Modo a dit :

Nous sommes la somme de nos erreurs...

... et de nos réussites, pas QUE de nos erreurs.

Le 07/01/2023 à 12:37, Quasi-Modo a dit :

Telle erreur, tel auteur.

Tes erreurs sont tes oeuvres d'art.

Fais de ta vie une oeuvre d'art et tu seras libre.

Imparfait, libre et quelque fois même heureux.

Ce sont mes réussites que je considère être mes oeuvres d'art.

Mes erreurs sont des taches sur le tableau que je m'emploie à faire disparaître afin de rendre sa beauté au tableau.

Le 07/01/2023 à 08:28, Quasi-Modo a dit :

Celui qui pointe sans arrêt vos moindres failles ou erreurs est ainsi simplement parce qu'il ne vous aime pas.

Ou bien au contraire parce que nous aimant, il aimerait que nous nous améliorons (comme des parents envers leur enfant, par exemple) mais il est important de féliciter les réussites, ce qui a été bien fait, les qualités car une personne est ce "tout".