1984

Le 02/09/2021 à 10:51, Gouderien a dit :

@Hell-spawn dans ses oeuvres.

Le lien que tu as donné renvoi à la page ce topic créé par Flower et non sur les oeuvres de hell Spawn.

il y a 23 minutes, goods a dit :

Le lien que tu as donné renvoi à la page ce topic créé par Flower et non sur les oeuvres de hell Spawn.

Oh, quel dommage! C'est pas grave. 

Le 02/09/2021 à 12:05, Gouderien a dit :

Hier j'entendais qu'on a réécrit tous les livres du "Club des Cinq", pour les simplifier. Pourtant c'est pas Proust, c'est Enid Blyton! Par exemple, on a supprimé tous les subjonctifs : on n'enseigne plus la conjugaison du subjonctif à l'école. La réalité dépasse l'affliction...

D'ailleurs le subjonctif disparait en tant que mode. On l'intègre à l'indicatif ! C'est les dernières directives.

Mes enfants profs de français rentre en résistance ! "On va pas leur apprendre ça !" L'écriture inclusive non plus ! Ma belle fille dit : "moi je suis LA professeur de français et ça me va très bien ! "  Il faudrait écrire "la professeur.e" ? Et "le professeur.e" ?

Le femmes sont aussi des hommes et les hommes aussi des femmes !

Question : Est-ce qu'il y a une idéologie là derrière ? Et quel serait son but ?

il y a 17 minutes, Blaquière a dit :

D'ailleurs le subjonctif disparait en tant que mode. On l'intègre à l'indicatif ! C'est les dernières directives.

Mes enfants profs de français rentre en résistance ! "On va pas leur apprendre ça !" L'écriture inclusive non plus ! Ma belle fille dit : "moi je suis LA professeur de français et ça me va très bien ! "  Il faudrait écrire "la professeur.e" ? Et "le professeur.e" ?

Le femmes sont aussi de hommes et les hommes aussi des femmes !

Question : Est-ce qu'il y a une idéologie là derrière ? Et quel serait son but ?

Oui, il y a une idéologie débile venue des USA, le fameux "woke" (à ne pas confondre avec l'ustensile de cuisine asiatique). Le but? Foutre le bazar, je n'en vois pas d'autre. Pour moi le summum de la connerie woke, c'est le "New York Times", qui écrit dorénavant "Black" avec une majuscule, et "white" sans, pour compenser les injustices faites à la communauté noire. Sûr que ça leur fait une belle jambe, aux Noirs! Comment faire semblant de s'attaquer aux problèmes... tout en ne faisant rien.

Le woke n'est d'ailleurs que la continuation du politiquement correct, qui a pris la dimension d'un véritable terrorisme intellectuel.

Les USA sont un pays malade - on vient d'en avoir une démonstration éclatante avec la débâcle en Afghanistan. Le malheur, c'est qu'ils exportent leurs microbes chez nous.

Le 02/09/2021 à 13:16, Crève a dit :

Orwell a ouvert une voie, à sa suite, des romans comme Un Bonheur insoutenable ont vu le jour. Autre roman que je conseille. 1984 est le cauchemar de la société de contrôle intégral, d'une entité où le gouvernement surveille ses citoyens. Aujourd'hui, qui aurait pu le penser, non seulement cette société est advenue, mais en plus avec notre complicité : on étale nos informations sur les réseaux sociaux. Il est facile de suivre quelqu'un à la trace. Comme le stipule Damasio, nous vivons dans une société de traces, numériques.

 

Le monde décrit par Orwell diffère quelque peu de notre réalité : ce n'est pas seulement le gouvernement qui nous surveille, mais c'est aussi chacun, envers ses pairs. La patron va googler les candidats pour le poste, l'étudiant va googler son prof, le mari va fouiller les textos de sa femme, etc. C'est tous ces travers qui vont avec la technologie qui bafouent nos libertés, les technologies ont permis le voyeurisme. Dans Matrix, on est tous des agents Smith. 

 

1984, pour certains experts de l'anticipation, n'est pas une dystopie, mais une anti-utopie. Nuance.

 

En fait, ce n'est pas tant que tout soit interdit, que toute information soit muselée. C'est qu'au contraire, que tout soit dit, si bien qu'on vit dans un brouhaha d'informations. Ton cri de détresse n'est pas entendu. Alors que dans 1984, tout est muselé. Dans une dictature, c'est ferme ta gueule. Dans une démocratie, c'est cause toujours.

 

 

Dystopie, dystopie !

Tu m'as appris un mot là !

Je cherche et je trouve :

Citation

 

dystopie

Apprenez à prononcer

 

nom féminin

1. Récit de fiction qui décrit un monde utopique sombre.

   1984, de George Orwell, est une dystopie.

puis :

Une dystopie, également appelée contre-utopie, est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur. Une dystopie peut également être considérée comme une utopie qui vire au cauchemar et conduit donc à une contre-utopie.

il y a 41 minutes, Blaquière a dit :

Dystopie, dystopie !

Tu m'as appris un mot là !

Je cherche et je trouve :

 

 

Je cite les propos de Gérard Klein, une sommité dans le domaine de l'édition de science-fiction (qui a fait découvrir à la France des auteurs comme Frank Herbert et Dick) :

Citation

D'abord, distinguons entre dystopie et anti-utopie. Une anti-utopie est la dénonciation d'une prétention utopique, ainsi dans le Nous Autres d'Eugène Zamiatine, Le Meilleur des Mondes précisément d'Huxley, le 1984 de Georges Orwell et le trop méconnu Limbo de Bernard Wolfe qui renouvelle entièrement cette problématique.
Une dystopie est un avenir qui a mal tourné: ainsi dans le Tous à Zanzibar de John Brunner et plus généralement dans tous ses romans prospectifs. […]
De quelle utopie Huxley prend-t-il le contre-pied? Là, les choses se compliquent un peu car Huxley mêle dans la même intention Marx et Ford, le communisme et le fordisme, c'est à dire le bonheur des masses par l'électricité, l'industrialisation et la rationalisation forcenée de la société. En fait, il s'en prend à une utopie scientiste partagée par les deux courants apparemment opposés. Ne pas oublier que le terme "ingénieurs des âmes" a été forgé sous Staline et repris d'une manière ou d'une autre par B.F. Skinner, inventeur d'une autre utopie, Walden two. qui est tellement effrayante qu'elle pourrait passer pour une anti-utopie. On en trouve un écho dans Orange mécanique, le livre et le film »

Je l'ai fini, et je me demande si la résistance existe.

oui, j'ai lu, mais on en est plus là.... On a largement distancé le cauchemar de 1984 écrit en 49 par Orwell. Plus besoin de big brother, tout le monde est pisté par carte bleue, carte sécu, portable etc... Et n'importe quel hacker doué peut faire disparaître notre existence en moins de deux ou la changer en une vie cauchemardesque

Le 02/09/2021 à 17:07, Crève a dit :

Pas tout à fait. Dans Brave New World, l'ère du Nouveau monde s'appelle Notre Ford, pour rimer avec Our Lord, ainsi, c'est plus une critique du fordisme et du taylorisme que du capitalisme.

Le meilleur des mondes me fait penser à une pièce de théatre.

Agora vox nous propose de vérifier dans la France d' aujourd'hui, l' actualité de 1984 : 

https://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-france-big-brother-248350

L'audio-book, c'est bien pour s'ingurgiter tous ces "classiques" que l'on délaisse en s'endormant dessus (dessous?) via le bouquin "broché" ou la liseuse.

Par exemple, moi, je suis une promeneuse au long cours, je me charge sur mon petit lecteur tous ces bouquins un peu "fastidieux" (pour moi, hein? T'inquiète si t'es fan!) et j'ai ainsi découvert "à la recherche du temps perdu" (quel bonheur!), les Mémoires d'Outre-Tombe (Bof?) Les Rougon-Maquart ( bien!)... et plein d'autres et "1984", j'y arrivais pas... J'avais vu le film, plus jeune, et je crois bien m'être endormie devant et j'en conservais, il m'en souvient, un gros sentiment de malaise.

En fait, ça n'était qu'un prémice à mon aversion pour tous ces descriptions lourdes, pessimistes avec ce sentiment d'irréversibilité quoique fasse le "héros", cette pesanteur, que même les épisodes moins noirs n'allègent jamais longtemps.

Mais, j'ai été courageuse! Je me suis lancée : 11H d'audio-book!!!

Bah, tu sais quoi?

Je me suis fait chier (pardon! j'arrive pas à mieux traduire mon eNNNNNui!!!) Bon c'est vrai, je connaissais la fin, mais bon 11H à se farcir les descriptions des doctrines à avaler, la manière dont on caviarde et remplace des informations par d'autres pour en gaver les "oies" qui s'en engraissent sans broncher, la facilité du héros à se faire berner, sa résignation aveugle et veule devant la Victoire placide de l'adversité....

Bah non, hein? J'ai dit "ok, je l'savais" quand Winston admet au final "aimer" Big Brother et j'ai rajouté : "bien fait pour ta goule, ma Poule, grand bien te fasse"!

Ça se sent que j'ai pas aimé, hein? Pour tout dire aussi, mon "lecteur" n'était pas un "top" (des liaisons désastreuses et des dyslexies hilarantes). Je n'ai pas eu envie de "philosopher" sur ce  monument que je laisse volontiers aux spécialistes des comparaisons sociétales. Pire, que ce que nous vivons, disent certains? Tu rigoles?

Si tu penses être Bigbrotherisé, ben ne te sers pas des outils qui le permettent...

Va te promener avec ton chien et après t'être bien déprimé les neurones avec ORWELL (j'ai mieux aimé "Le meilleur des Mondes"), bah, retrouve la banane avec Louis Pergaud ou Marcel Aymé ou d'autres... Mais bon, tu fais c'que tu veux, moi ça m'va! J'ai fait ma B.A.. C'est bon!

A bientôt!

Bonjour je n'ai pas lu 1984 mais j'ai entendu beaucoup de personnes disant que c'était un super livre 

Le 04/09/2021 à 17:22, Gouderien a dit :

 

Les USA sont un pays malade - on vient d'en avoir une démonstration éclatante avec la débâcle en Afghanistan. Le malheur, c'est qu'ils exportent leurs microbes chez nous.

Je tombe sur ce que tu as dit par hasard....

Mais tu ne crois pas si bien dire en parlant de microbes ! il faut le comprendre à la lettre !

 Cet été, mon fils ainé sa femme et les petits sont allés aux USA... Le plus jeune s'est embronché sur l'Avenue aux  étoiles des stars  sur  Hollywood Boulevard...   il s'est égratigné au menton et a choppé un impétigo ! Vu que j'ai la peau sensible, il me l'a refilé il m'est venu carrément des... "bubons"  sur les jambes ! Une horreur ! J'ai tout essayé, l'eau oxygénée, l'alcool, même l'eau de Javel ! rien n'y faisait ! Il m'a fallu des antibiotiques pour que ça passe !

Là ils reviennent de Chine... je sais pas ce qu'ils m'auront  ramené ! 

Le 13/07/2024 à 17:49, Elfière a dit :

L'audio-book, c'est bien pour s'ingurgiter tous ces "classiques" que l'on délaisse en s'endormant dessus (dessous?) via le bouquin "broché" ou la liseuse.

Par exemple, moi, je suis une promeneuse au long cours, je me charge sur mon petit lecteur tous ces bouquins un peu "fastidieux" (pour moi, hein? T'inquiète si t'es fan!) et j'ai ainsi découvert "à la recherche du temps perdu" (quel bonheur!), les Mémoires d'Outre-Tombe (Bof?) Les Rougon-Maquart ( bien!)... et plein d'autres et "1984", j'y arrivais pas... J'avais vu le film, plus jeune, et je crois bien m'être endormie devant et j'en conservais, il m'en souvient, un gros sentiment de malaise.

En fait, ça n'était qu'un prémice à mon aversion pour tous ces descriptions lourdes, pessimistes avec ce sentiment d'irréversibilité quoique fasse le "héros", cette pesanteur, que même les épisodes moins noirs n'allègent jamais longtemps.

Mais, j'ai été courageuse! Je me suis lancée : 11H d'audio-book!!!

Bah, tu sais quoi?

Je me suis fait chier (pardon! j'arrive pas à mieux traduire mon eNNNNNui!!!) Bon c'est vrai, je connaissais la fin, mais bon 11H à se farcir les descriptions des doctrines à avaler, la manière dont on caviarde et remplace des informations par d'autres pour en gaver les "oies" qui s'en engraissent sans broncher, la facilité du héros à se faire berner, sa résignation aveugle et veule devant la Victoire placide de l'adversité....

Bah non, hein? J'ai dit "ok, je l'savais" quand Winston admet au final "aimer" Big Brother et j'ai rajouté : "bien fait pour ta goule, ma Poule, grand bien te fasse"!

Ça se sent que j'ai pas aimé, hein? Pour tout dire aussi, mon "lecteur" n'était pas un "top" (des liaisons désastreuses et des dyslexies hilarantes). Je n'ai pas eu envie de "philosopher" sur ce  monument que je laisse volontiers aux spécialistes des comparaisons sociétales. Pire, que ce que nous vivons, disent certains? Tu rigoles?

Si tu penses être Bigbrotherisé, ben ne te sers pas des outils qui le permettent...

Va te promener avec ton chien et après t'être bien déprimé les neurones avec ORWELL (j'ai mieux aimé "Le meilleur des Mondes"), bah, retrouve la banane avec Louis Pergaud ou Marcel Aymé ou d'autres... Mais bon, tu fais c'que tu veux, moi ça m'va! J'ai fait ma B.A.. C'est bon!

A bientôt!

 

 

Moi en 1984, j'étais troisième adjoint à la mairie de Néoules ! 

Ils voulaient que je fasse maire... heureusement que j'ai pas voulu ... J'ai tenu que 4 ans. (je suis parti avant la fin.)

à Part ça, je crois me rappeler que dans ce bouquin, il est question à un moment de tuer l'amour...

La théorie, c'est qu'ils torturent le type (avec des rats il me semble parce qu'il en a horreur) jusqu'à ce qu'il dise : "faites le plutôt à Elle".

Il en est conclu que là l'amour est détruit.

Ce n'est qu'une théorie. Peut-être fausse. Vu que par la suite la culpabilité pourrait peut-être prendre part à une restauration de l'amour ? A l'impossible nul n'est tenu.

Là la semaine dernière, j'ai eu une rage de dents terrible. (je me souvenais plus du mal que ça faisait !) Quasi insupportable. J'ai même pas pensé à refiler mon mal à qui que ce soit. Mais même si ça avait été le cas, maintenant que j'ai plus mal, rien n'a changé par rapport à avant. 

J'ai simplement pensé que quand quelqu'un souffre près de moi, il faut éviter de trop vouloir souffrir aussi par empathie pour être d'attaque pour l'aider au cas où... garder son sang froid, disons. Je pensais : si quelqu'un souffre il faut que tu te dises : "Non, moi, là, j'ai pas mal ! Il faut que je tienne !"...

Je sais pas si c'est bien ou mal de penser ça...

Le 15/11/2024 à 08:01, Engardin a dit :

Je tombe sur ce que tu as dit par hasard....

Mais tu ne crois pas si bien dire en parlant de microbes ! il faut le comprendre à la lettre !

 Cet été, mon fils ainé sa femme et les petits sont allés aux USA... Le plus jeune s'est embronché sur l'Avenue aux  étoiles des stars  sur  Hollywood Boulevard...   il s'est égratigné au menton et a choppé un impétigo ! Vu que j'ai la peau sensible, il me l'a refilé il m'est venu carrément des... "bubons"  sur les jambes ! Une horreur ! J'ai tout essayé, l'eau oxygénée, l'alcool, même l'eau de Javel ! rien n'y faisait ! Il m'a fallu des antibiotiques pour que ça passe !

Là ils reviennent de Chine... je sais pas ce qu'ils m'auront  ramené ! 

Il a du tomber sur la plaque de Trump!

On l'a bien cherchée avec mon fils; je voulais prendre une photo de son chien en train de faire ses besoins dessus. Mais d'autres chiens n'ont sans doute pas manqué l'occasion.

Lorsqu'on se penche sur un classique, je pense qu'il convient avant tout de la replacer dans son contexte.

Orwell a cette intuition géniale de l'utilisation de la caméra à des fins pernicieuses : surveiller et contrôler la population. C'était audacieux et novateur à l'époque ! Chaque membre du parti n'a pas le choix que de laisser défiler les arguties du parti.

Lorsqu'il écrit ce roman visionnaire, nous sommes en 48 (84 à l'envers), et il a cette réflexion terrible : pourquoi ce journal (et donc ce roman 1984, in fine), puisque si cette société advient, il sera interdit, et si cette société n'advient pas, il n'intéressera personne. Donc, théoriquement, il n'était pas censé avoir d'avenir, ce roman. D'où vient donc cet intérêt, dans notre réalité, pour 1984 ? Il n'est pas interdit, et pourtant nous sommes proches de cette anti-utopie.

Lorsque 1984 s'écrit, on ne voit pas un poste de télévision dans chaque foyer, ils sont rares. Mais dans son roman, ils sont omniprésents, avec cet œil, ce All-seing-eye, la caméra au-dessus. Aujourd'hui, nous en sommes là, cette petite caméra au-dessus de chaque poste de télé, chaque tablette, chaque ordinateur, chaque téléphone portable. Orwell avait 50 ans d'avance. Ne serait-ce que pour cette vision qui avait vu juste, je souligne l'intérêt de s'intéresser, de célébrer même cette performance intellectuelle !

1984, c'est l'histoire d'une dictature, LA dictature dans toute sa puissance, celle d'une botte qui écrase le visage des individus. C'est effrayant, et je pense que quiconque s'intéresse au domaine de l'Histoire du vingtième siècle, et notamment de la dictature stalinienne, ne peut rester insensible à ce roman.

Effectivement, on peut se sentir bigbrotherisé aujourd'hui, mais quelle solution ? (Se frappe le front), ah bah n'utilise pas les outils qui le permettent !, suis-je bête, où avais-je la tête ? Tiens, avec ce genre de réflexion, je vais aller voir un gros, et lui dire : tu te sens gros ? Bah arrête de manger ! Ah si c'était aussi simple que ça. Mais non.

Le techno-capitalisme qui tisse ton techno-cocon est plus pernicieux : lorsque l'ensemble d'une société utilise une technologie, une pratique, non seulement si tu es le mouton qui fait demi-tour, va être difficile, emporté dans le flot de la marche, les autres te repoussent dans le courant, mais même si tu y arrives, tu t'exclues – ou le système t'exclue, socialement.

Prenons l'exemple du smartphone, que certains ont refusé dès le début. Quand toute la société tend à son utilisation de plus en plus intensive : pour acheter ton billet de métro, pour circuler en cas de Covid avec ton pass sanitaire (QR Code), qui compile tes contacts et ta carte bancaire, les informations dont tout le monde parle, et j'en passe. Tu ne peux pas nager à contre-courant. Tu es obligé de te faire « bigbrotheriser ».

Il y a 2 heures, Crève a dit :

Lorsqu'on se penche sur un classique, je pense qu'il convient avant tout de la replacer dans son contexte.

 

Orwell a cette intuition géniale de l'utilisation de la caméra à des fins pernicieuses : surveiller et contrôler la population. C'était audacieux et novateur à l'époque ! Chaque membre du parti n'a pas le choix que de laisser défiler les arguties du parti.

 

Lorsqu'il écrit ce roman visionnaire, nous sommes en 48 (84 à l'envers), et il a cette réflexion terrible : pourquoi ce journal (et donc ce roman 1984, in fine), puisque si cette société advient, il sera interdit, et si cette société n'advient pas, il n'intéressera personne. Donc, théoriquement, il n'était pas censé avoir d'avenir, ce roman. D'où vient donc cet intérêt, dans notre réalité, pour 1984 ? Il n'est pas interdit, et pourtant nous sommes proches de cette anti-utopie.

 

Lorsque 1984 s'écrit, on ne voit pas un poste de télévision dans chaque foyer, ils sont rares. Mais dans son roman, ils sont omniprésents, avec cet œil, ce All-seing-eye, la caméra au-dessus. Aujourd'hui, nous en sommes là, cette petite caméra au-dessus de chaque poste de télé, chaque tablette, chaque ordinateur, chaque téléphone portable. Orwell avait 50 ans d'avance. Ne serait-ce que pour cette vision qui avait vu juste, je souligne l'intérêt de s'intéresser, de célébrer même cette performance intellectuelle !

 

1984, c'est l'histoire d'une dictature, LA dictature dans toute sa puissance, celle d'une botte qui écrase le visage des individus. C'est effrayant, et je pense que quiconque s'intéresse au domaine de l'Histoire du vingtième siècle, et notamment de la dictature stalinienne, ne peut rester insensible à ce roman.

 

Effectivement, on peut se sentir bigbrotherisé aujourd'hui, mais quelle solution ? (Se frappe le front), ah bah n'utilise pas les outils qui le permettent !, suis-je bête, où avais-je la tête ? Tiens, avec ce genre de réflexion, je vais aller voir un gros, et lui dire : tu te sens gros ? Bah arrête de manger ! Ah si c'était aussi simple que ça. Mais non.

Le techno-capitalisme qui tisse ton techno-cocon est plus pernicieux : lorsque l'ensemble d'une société utilise une technologie, une pratique, non seulement si tu es le mouton qui fait demi-tour, va être difficile, emporté dans le flot de la marche, les autres te repoussent dans le courant, mais même si tu y arrives, tu t'exclues – ou le système t'exclue, socialement.

Prenons l'exemple du smartphone, que certains ont refusé dès le début. Quand toute la société tend à son utilisation de plus en plus intensive : pour acheter ton billet de métro, pour circuler en cas de Covid avec ton pass sanitaire (QR Code), qui compile tes contacts et ta carte bancaire, les informations dont tout le monde parle, et j'en passe. Tu ne peux pas nager à contre-courant. Tu es obligé de te faire « bigbrotheriser ».

C'est quand même intéressant que tu montres du doigt la dictature stalinienne quand c'est le libéralisme largement dicté par les USA qui nous construit notre Big Brother... (Orwell étant lui aussi anglosaxon... et pointait sans doute alors la société communiste...) 

On n'est pas tirés d'affaire... ni dans un sens ni dans l'autre.

Ceci dit le stalinisme était effectivement une monstruosité. je relis en ce moment "Une journée d'ivan Denissovitch" et l'année dernière j'ai dévoré l'Archipel du Goulag. Monstrueux !

Pour revenir au roman d'Orwell, je le trouve très bon (et très  sinistre) en tant que roman, mais en son temps il reposait sur une incompréhension. On s'est figuré, à partir des purges staliniennes de 1937-38 (le paroxysme), que pour arrêter autant d'"ennemis du peuple" en si peu de temps le régime stalinien devait disposer de moyens d'investigation terriblement performants et intrusifs. En fait, non, et on l'a mieux compris avec Soljenitsyne (Archipel Goulag).

En plus des dénonciations souvent intéressées, la majorité des personnes arrêtées étaient raflées pratiquement au hasard pour remplir des quotas quantitatifs d'élimination d'"ennemis du peuple", et surtout pour faire fonctionner les chantiers du Goulag, essentiels à l'économie (mines d'or de la Kolyma, déboisements, creusement de canaux, etc. etc.) et où l'espérance de vie se mesurait souvent en mois. Voir aussi https://bouquinsblog.blog4ever.com/vie-et-destin-vassili-grossman