Aller au contenu

L'individualisme et la démocratie du client


Thugville

Messages recommandés

Membre, 43ans Posté(e)
Marzhin Membre 640 messages
Baby Forumeur‚ 43ans‚
Posté(e)
Il y a 18 heures, Thugville a dit :

Votre distinction communauté/corporatisme/strate a vraiment grande portée heuristique (je ne sais pas si elle vient de vous, sinon je veux bien une référence de bibliographie !). Et vous avez compris le point que je vise : en effet, quelles valeurs communes ?! Et comment penser la République aujourd'hui !

J'ai inventé cette distinction au moment de répondre, mais je ne réclame aucun droit dessus, ou bien je la laisse sous Creative Commons avec désire de référentialité voire, comme vous pour l'article, de citation. Peu importe. J'interviens sur les forums en connaissance de cause.

Il y a 18 heures, Thugville a dit :

Votre imbrication élitisme/populisme me semble aussi intéressante mais je ne choisirais pas nécessairement cette voie. J'ai tendance à considérer que le populisme est une voie de l'illibéral, qui pour reprendre vos termes s'ancre profondément dans la croyance selon laquelle le peuple est un corps (le peuple-organiciste pour vous citer), et est dépendant d'une volonté générale à INCARNER (non plus représentée). Je pense qu'il est possible d'avoir des élites conscientes d'elles-mêmes, technocratiques qui savent représenter un peuple qui au fond est différent d'eux. Lorsque ces élites évitent la technique des fake news, sont dans la discussion et jouent au jeu médiatique de bon coeur sans diatribes, savent rassembler sans rassembler (c'est-à-dire conquérir un électorat majoritaire sans avoir la prétention d'incarner la volonté du peuple) je crois qu'on peut les dire non-populistes. Bien qu'en effet, je ne suis pas dupe du jeu populiste, d'incarnation d'autorité qui est nécessaire à tout projet politique démocratique. Je ne suis pas non plus dupe des institutions "démocratiques" de représentation qui au fond trahissent tout de même l'idéal démocratique. Je ne suis pas non plus dupe de cette technocratie du lobbying, du clientélisme-corporatisme et du népotisme ! 

Il y a beaucoup de corruption (détournements d'usages publics, de biens communs, etc.) et tout un être-corrompu ontologiquement, à l’œuvre. Le fait est qu'il ne faudrait pas seulement "couper la tête d'un roi" aujourd'hui, et ça pleuvrait du haut en bas de l'échelle sociale, au national comme à l'international, du moins pour ce qui concerne les défauts de gestion français et assimilables.

Je suis d'accord sur le fait que les entrées populisme/élitisme ne soient pas forcément pertinentes. Mais, dans la mesure où l'entrée populisme est une dégradation du mot peuple, et qu'elle est employée à telle fin par certaines gens relayables à une certaine élite ou prétendue telle (élite, non seulement au sens de strate dirigeante, mais de notabilité programmatique), il me semble équitable d'opposer à populisme la notion d'élitisme, de façon aussi dégradante. L'élitisme, ce serait la dynamique de qui s'imagine distinct des troupes, à devoir même faire sans elles, au nom de son élitisme - c'est un autocentrisme doublé d'un autotélisme, en vérité.

Il y a 18 heures, Thugville a dit :

Définitivement, vous visez juste... Pour la question de l'universalité... Les valeurs de la République sont-elles universalisables ? D'où le fait que les questions d'identités, d'enracinement et de communautés me semblent tout à fait pertinentes et manquent encore d'être (sérieusement) investies. Elles doivent être repensées, bien qu'elles aient mauvaises presses et nous cataloguent de fait dans le champ de la pensée diabolique du nationalisme étroit et dangereux (pour ne pas employer le terme fasciste)...

Oui, oui, trois fois oui. Mais d'abord :

La Constitution française est nationaliste, dans la mesure où elle veut la France une et indivisible. C'est du moins un nationalisme administratif, fondé en territorialisme inévitable. La nationalisme culturel, alors, ne me semble pas une option insensée : la préférence nationale n'est pas illogique, nous faisons tous pareils avec les nôtres : nous privilégions nos proches, nos familiers, nos amis, sur tout autre, évidemment quand dans le besoin, mais aussi à l'ordinaire. La vérité, c'est qu'il n'y a pas de société réelle (notamment à travers ses communautés) sans de telles préférences, et c'est sur la base des préférences communautaires que surgit la variable culturelle globale, la globalité culturelle, d'un peuple.

En vérité, les opposants à la préférence nationale n'ont rien à lui opposer, en dehors de leur sentiment de ne pas être dans le besoin et de pouvoir être universellement humanitaires, ce qui est franchement présomptueux, il ne faut pas se le cacher.

Quant au fascisme, le fascisme est un étatisme militariste ou un militarisme étatiste. Je crains que les véritables fascistes soient derrière nous, milieu vingtième. Il n'y en a jamais vraiment eu avant l’État moderne, et il n'y en a plus aujourd'hui, en dehors de quelques groupuscules largement sur-estimés, sur la base de rares exactions par lesquelles tous les milieux s'illustrent. Tous les milieux ont leurs intégristes, même LREM actuellement, qui fait un usage corrompu de la police.

Bref, les notions de nationalisme, etc. sont galvaudées, pour le pire. Actuellement sont rangés à l'extrême droite le marxiste islamophile Alain Soral (antijuif), la capitaliste islamophobe Marine Le Pen (neutre à l'égard des juifs), le nationaliste identitaire Eric Zemmour (juif), le républicaniste libéral Alain Finkielkraut (juif), l'anticapitaliste européen Alain de Benoist (néopaïen, neutre à l'égard des autres religions), lesdits groupuscules sur-estimés, etc. Autant vous dire que la notion d'extrême-droite ne fait aucun, mais strictement aucun sens.

L'extrême-droitisation, c'est le complot des "bien, bonnes et justes gens" contre tout ce qui les effraient, de ne pas avoir à se penser elles-mêmes substantiellement. Ce qui est leur erreur la plus grave, en dehors d'un vide à venir nommé "progressisme" pourtant largement acté dans les lois ... Comme si, par ailleurs, la notion de progrès leur appartenait, ce qui est franchement présomptueux, il ne faut pas se le cacher.

Le véritable problème, donc, c'est que pour bien des personnes, la frime tient lieu de pensée, et cela nous corrompt.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×